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Diplomacy & Crisis News

Hungary Passes Law Targeting Soros-Founded University

Foreign Policy - Tue, 04/04/2017 - 18:30
Central European University was meant to train democratic thinkers. Now, Hungary is moving to shut it down.

À Gibraltar, dernière colonie d'Europe

Le Monde Diplomatique - Tue, 04/04/2017 - 10:20

En votant très massivement contre le « Brexit », les habitants de Gibraltar ont montré leur attachement à l'Union européenne, qui leur accorde de nombreuses dérogations et joue les médiateurs avec l'Espagne. D'une superficie à peine plus grande que celle du 20e arrondissement de Paris, ce territoire est à la fois l'un des plus riches du monde et le dernier à décoloniser en Europe, selon les Nations unies.

Peu avant le coucher du soleil, des dizaines de voitures et de deux-roues s'agglutinent devant le poste de douane. À la sortie de Gibraltar règne une atmosphère d'angoisse et d'ennui. Les travailleurs frontaliers devront attendre jusqu'à deux heures pour gagner, à peine cent mètres plus loin, La Línea de la Concepción, la ville andalouse voisine. Vêtus de vert sombre, armés d'un pistolet et d'une matraque, les agents de la Guardia Civil — une force de police espagnole à statut militaire — contrôlent minutieusement les véhicules, vérifiant qu'ils ne transportent pas des produits de contrebande dissimulés dans un double fond. Sur le territoire espagnol, le trafic illicite de tabac est une affaire lucrative : la veille de notre passage, la police avait saisi 70 000 paquets, soit l'équivalent de 315 000 euros de marchandise. Officiellement, les habitants de la région ont droit à quatre paquets par passage, et les touristes à dix.

Colonie de la couronne britannique, Gibraltar ne fait pas partie de l'espace Schengen. Les autorités espagnoles peuvent donc renforcer les contrôles aux abords de ce port franc où les biens et les services sont exemptés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) (1). « Ces dernières années, la crise économique qui frappe l'Espagne a poussé certains chômeurs à la fraude. Une pratique qui a fait grimper les quantités de tabac confisquées », explique un membre de la Guardia Civil. Elles sont passées de 147 000 paquets en 2008 à près d'un million en 2013 avant de retomber à 330 000 en 2015, mais, précise-t-il, « l'assiduité des contrôles varie selon la couleur du gouvernement ».

L'Espagne, qui réclame la souveraineté sur la colonie, utilise à des fins politiques les inspections douanières, qui s'ajoutent à celles de la police à cette frontière de l'espace Schengen et entravent la circulation dans la zone. Alors que le contentieux s'était apaisé sous le gouvernement du socialiste José Luis Rodríguez Zapatero (2004-2011), l'accession au pouvoir, en 2011, des conservateurs du Parti populaire (PP) a ravivé la revendication de ce territoire à vocation militaire cédé à perpétuité aux Britanniques par le traité d'Utrecht, en 1713. « Jamais abandonnée, l'ambition de récupérer le Rocher [le surnom de cette colonie couronnée par un monolithe calcaire culminant à 426 mètres] a resurgi sous la dictature de Francisco Franco [1939-1975], qui est allé jusqu'à fermer la frontière à partir de mai 1968, rappelle Jesús Verdú, professeur de droit international à l'université de Cadix. Alors vue comme un ennemi, la colonie fait encore de nos jours vibrer la corde patriotique des Espagnols. Pourtant, il existe une grande méconnaissance de ce qu'est réellement Gibraltar : le moteur économique de la zone. »

La plupart des 120 000 habitants du Campo de Gibraltar, une « comarque » (division administrative espagnole) voisine de 1 500 kilomètres carrés formée par sept municipalités espagnoles, s'opposent à la restitution du Rocher. Dans cette région ravagée par un chômage de 35 %, la colonie a généré en 2013 près de 25 % du produit intérieur brut (PIB), soit deux fois plus que six ans plus tôt, d'après un rapport publié en 2015 par sa chambre de commerce. « Ceux qui, aux alentours, ont perdu leur emploi après la crise de 2008 en ont rapidement retrouvé un ici, où le chômage est pratiquement inexistant, indique M. Edward Macquisten, directeur de la chambre de commerce de Gibraltar. En 2015, on comptait environ 24 500 actifs, soit 7 500 de plus qu'il y a une décennie. Un tiers étaient des frontaliers. De surcroît, le PIB local dépasse 1,9 milliard d'euros, soit le double de ce qu'il était en 2008. » Ce « caillou » de 6,8 kilomètres carrés et 30 000 habitants est devenu l'un des territoires les plus riches du monde, en termes de revenu annuel par habitant.

Après avoir pris en 2002 des engagements visant « à améliorer la transparence et à mettre en place des échanges de renseignements en matière fiscale (2)  », le territoire n'est plus considéré comme un paradis fiscal par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pourtant, avec un impôt sur les bénéfices de 10 %, contre 30 % en Espagne, son régime fiscal très avantageux attire les entreprises, qui y élisent domicile uniquement pour réduire leurs coûts de fonctionnement, alors qu'elles exercent leurs activités dans d'autres pays. Ainsi, selon le gérant de la chambre de commerce, 20 % des véhicules du Royaume-Uni sont assurés par des compagnies domiciliées à Gibraltar, et une bonne part des Britanniques y effectuent leurs paris virtuels. Pionnière dans la légalisation du jeu en ligne, la colonie a attiré les vingt principaux casinos du Web.

Madrid ne reconnaît pas d'espace maritime au Rocher

Sous le soleil méditerranéen, la vie est bien plus agréable qu'à Londres, le stress moins palpable. Le taux de criminalité est quasiment nul. Pour un Britannique, l'électricité, le téléphone et les loyers coûtent moins cher dans cette ville fortement imprégnée de style british, équipée de boîtes aux lettres et de cabines téléphoniques du même rouge qu'outre-Manche. Mais les prix du logement restent prohibitifs pour les habitants du Campo de Gibraltar, dont un sur dix travaille sur le Rocher : un loyer peut y être jusqu'à trois fois plus élevé qu'à La Línea de la Concepción. Les frontaliers sont les premiers affectés par ce litige géopolitique. « Lorsque les autorités espagnoles font pression sur la douane pour perturber les Llanitos [surnom des habitants de Gibraltar] et limiter les flux touristiques, elles punissent surtout leurs propres citoyens », estime le gérant d'une auberge de la ville andalouse.

Première commune voisine espagnole, La Línea de la Concepción se révèle bien morne. Plusieurs commerces ont dû fermer leurs portes. D'autres ont constaté une chute d'activité de près de 50 %, et même les bistrots se vident. « Le tourisme a diminué dans la zone et par ailleurs nous, Gibraltariens, évitons désormais de nous rendre en territoire espagnol comme nous le faisions auparavant, explique Mme Gemma Vásquez, présidente de la Fédération des petites entreprises de Gibraltar. Notre argent sort moins d'ici, puisque nous hésitons à aller siroter un verre à bas prix de l'autre côté de la frontière en raison des longs contrôles de douane ainsi que des attaques contre nos véhicules, qui se sont intensifiées ces dernières années. »

Le regain de tension remonte à l'été 2013, lorsque Gibraltar a interdit physiquement la pêche au chalut en créant un récif artificiel de soixante-dix blocs de béton hérissés de piques. Cette initiative « verte » provoque l'ire de l'Espagne, qui ne reconnaît pas d'eaux territoriales à la colonie et prend des mesures de rétorsion en faisant du zèle à la frontière. « Cette dénégation de la souveraineté d'un territoire sur les eaux adjacentes est une interprétation contraire à la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, explique Jesús Verdú. Un non-sens, quand on sait qu'au XIXe siècle la discussion portait sur la délimitation des espaces maritimes entre la colonie et son voisin hispanique. »

Au litige relatif aux eaux territoriales s'est ajouté celui sur l'espace aérien. L'emplacement de l'aéroport local est contesté, car il appartient à une zone que les Gibraltariens se sont octroyée au XIXe siècle. Durant celui-ci, la fièvre jaune frappa à plusieurs reprises la colonie, et les Espagnols accordèrent à leurs voisins le droit d'installer un camp temporaire pour les valides au-delà des limites terrestres fixées par le traité d'Utrecht. Mais le camp se pérennisa après la fin de l'épidémie. À travers l'accord de Cordoue, en 2006, l'ancien gouvernement socialiste tenta un rapprochement avec les Britanniques et mit en place pour la première fois des liaisons aériennes entre l'Espagne et Gibraltar. Mais, très vite, la nouvelle administration abrogea cette convention. Depuis, aucun avion décollant de cet aéroport n'a le droit de survoler l'espace aérien espagnol. Et Gibraltar a été écarté du projet de « ciel unique européen ».

Si ses habitants ont voté massivement (à 96 %) pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, Gibraltar bénéficie d'un statut unique et déroge à de nombreuses dispositions communautaires : en plus d'être dispensée de prélever la TVA, elle n'est concernée ni par l'union douanière, ni par la politique commerciale, ni par la politique de pêche commune.

« Depuis le “Brexit”, les voisins des deux côtés de la frontière s'inquiètent. L'économie ici est très dynamique, en grande partie grâce au statut particulier de Gibraltar dans l'Union européenne, poursuit Jesús Verdú. Les entreprises qui s'y sont délocalisées pourraient chercher un nouveau siège ailleurs en Europe. En outre, Bruxelles ne jouera plus les médiateurs dans un contexte de crise politique entre Gibraltar et l'Espagne. » Cependant, on ignore pour l'instant les conséquences réelles du « Brexit », et de nombreux habitants restent confiants. « Au fil des siècles, les Llanitos ont vécu dans l'adversité et ont toujours su s'adapter, déclare M. Macquisten. Ici, on vit en communauté, on est unis, et les gens, très entreprenants, savent saisir la moindre occasion qui se présente. »

L'Espagne voit le « Brexit » comme une chance. Ainsi, son ministre des affaires étrangères, M. José Manuel García-Margallo, s'est empressé de proposer une cosouveraineté temporaire qui aurait pour finalité l'annexion espagnole du territoire. Bien qu'un tel dispositif leur permette de rester dans l'Union européenne, les résidents de Gibraltar s'y opposent fermement. En outre, le Parti populaire exclut de négocier directement avec leurs représentants et refuse de reconnaître à ce territoire un autre statut que celui de colonie, conformément à la décision de l'Organisation des Nations unies (ONU) de le classer parmi les espaces non autonomes à décoloniser. « Depuis les années 1960, l'Espagne invoque le principe d'intégrité territoriale, arguant que la tutelle britannique sur Gibraltar détruit son unité nationale. Néanmoins, l'Assemblée générale de l'ONU se contente d'inviter les gouvernements des deux pays à débattre sur Gibraltar pour mettre fin à son statut de colonie », résume Jesús Verdú. Ces discussions ne doivent toutefois pas oublier les intérêts des Llanitos. En 1967, 99,6 % d'entre eux avaient exprimé par référendum leur attachement au statut de territoire britannique d'outre-mer. L'autonomie de gestion mise en place prévoit que la Couronne n'intervienne que dans les relations étrangères et la défense.

Le « Brexit » pourrait changer la donne de la médiation mise en place après les différends de 2013. La Commission européenne avait fortement recommandé de fluidifier la circulation à la frontière, où les contrôles méticuleux provoquaient d'interminables files d'attente pouvant durer jusqu'à neuf heures — tout en faisant chuter la contrebande par voie routière de près de 50 %, selon les autorités espagnoles. Engagée dès lors dans la modernisation des accès frontaliers, l'Espagne a fait passer de deux à quatre le nombre des voies d'entrée dans le pays, dont une réservée aux travailleurs frontaliers espagnols. Elle a en outre mis en place l'utilisation de scanners, de lecteurs d'empreintes digitales et de systèmes de reconnaissance faciale, et créé un espace pour la fouille des véhicules suspects. Quelques mois avant la fin de ces travaux, achevés à l'été 2015, M. García-Margallo a toutefois refusé d'alléger les contrôles douaniers en raison de la persistance de la contrebande, qui aurait coûté à l'Union européenne 700 millions d'euros entre 2010 et 2013 (3). La méfiance reste de rigueur, comme en témoigne l'enquête de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), qui révèle des indices de trafic illicite autour de la colonie et l'implantation de mafias liées à ce commerce. Depuis le 1er janvier 2015, Gibraltar a donc été contraint de réduire l'importation de paquets de cigarettes de 110 à 90 millions.

« Notre souveraineté ne pourra jamais être négociée »

Malgré l'impact économique du Rocher sur la zone, le gouvernement espagnol peine à prendre en compte l'avis des Gibraltariens. « Notre souveraineté ne pourra jamais être négociée. Nous sommes britanniques, et il faut respecter l'existence ici d'une population installée depuis trois siècles », martèle M. Fabian Picardo, ministre en chef de Gibraltar. D'après l'ONU, la population doit statuer sur son avenir, comme elle l'a fait pour la deuxième fois en 2002 : près de 99 % des habitants avaient alors refusé par référendum leur rattachement à l'Espagne. « Pas étonnant qu'ils souhaitent rester britanniques ! », lance M. Francisco Linares, un habitant de San Roque, petite ville fondée à une dizaine de kilomètres du Rocher par les exilés de Gibraltar. Après la prise de la ville en 1704, ses habitants furent en effet forcés de quitter les lieux au profit des Britanniques. Comme M. Linares, beaucoup ici rêvent du jour où le drapeau espagnol y flottera à nouveau. « Dès qu'un Llanito met les pieds au-delà de la frontière, il se rend vite compte de la différence de niveau de vie et se demande ce que l'Espagne peut lui offrir. Nos autorités doivent arrêter de considérer le Rocher comme un ennemi et s'impliquer dans l'amélioration de la zone afin de la rendre plus attractive aux yeux des Gibraltariens. »

Pas facile, cependant, de séduire une population aisée qui croit peu en la possibilité d'un bel avenir avec ceux qui la harcèlent depuis des siècles. Dans les bistrots, les conversations en anglais intègrent de moins en moins d'emprunts hispaniques. « Alors que le bilinguisme s'impose ici, des jeunes, comme mes enfants, rencontrent de plus en plus de problèmes pour s'exprimer en espagnol, remarque M. Peter Montegriffo, avocat, ministre du commerce et de l'industrie entre 1996 et 2000. Certes en raison d'une éducation assurée en anglais, mais aussi parce qu'ils associent le castillan à un pays hostile et refusent donc de le parler. » Plutôt que de chercher à y remédier, Madrid a décidé en 2015 de fermer les portes de l'Instituto Cervantes, qui veille à l'enseignement et la diffusion de la langue et de la culture espagnoles. Effaçant ainsi un peu plus leur empreinte sur ce peuple qui revendiquait pourtant auparavant une culture métissée.

(1) Mémo de la Commission européenne, Bruxelles, 24 septembre 2013.

(2) Lettre du ministre en chef de Gibraltar Peter Caruana au secrétaire général de l'OCDE, 27 février 2002.

(3) El País, Madrid, 13 août 2014.

A Matter of National Interest

German Foreign Policy (DE/FR/EN) - Tue, 04/04/2017 - 00:00
(Own report) - In light of the drastic warnings of the EU's possible disintegration, Berlin seeks to prevent the formation of contending forces. "The European Union is drifting apart to an extent hardly imaginable 15 years ago," according to a recent analysis, written by a board member of the German Council on Foreign Relations (DGAP). The "dividing lines" between the north and the impoverishing south, as well as between western and eastern EU member countries are disquieting. To prevent the formation of a southern European bloc opposing the German austerity dictate, Berlin is particularly trying to integrate France into its EU policy. Yesterday, the German chancellor sought closer cooperation with the Czech Republic and Slovakia, to undermine an alliance of the Visegrád members against German predominance. At the same time, promotion of the EU has been intensified within Germany. German Foreign Minister Sigmar Gabriel explained how Germany ultimately profits from its net contributions to the EU budget: The success of German exports depends on "the people in the other EU countries" being able "to afford" German products - with the help of Brussels' subsidies.

Puisque Lénine ne l'a pas dit…

Le Monde Diplomatique - Mon, 03/04/2017 - 22:07

En avril 1971, le journal maoïste « Tout ! » ouvre ses colonnes à des militants du Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR). L'un des auteurs, qui se présente comme « homosexuel, sale étranger, dangereux communiste », s'interroge sur son rapport à la politique.

Comme les « normaux », on a le droit d'avoir des mythes, et moi, j'ai commencé par en avoir aussi : comme homosexuel, comme homme, comme révolutionnaire, je croyais que tous les homosexuels étaient des gars chouettes, des alliés parce que des opprimés ; que tous les révolutionnaires seraient des défenseurs, vu que, à mon avis, c'était pas ma condition et mes habitudes sexuelles qui comptaient, (…) mais mon activité possible à leurs côtés contre le capitalisme. Mes deux expériences, mes deux vies m'ont déçu. Les homosexuels ne sont pas tous des amis. Ils appartiennent et ils défendent des intérêts de classe bien définis. [Les marxistes], devant le doute et surtout l'ignorance, et parce que Lénine ne l'a pas dit (…), devant la peur de faire une bêtise, ils préfèrent expliquer cette déviation en se basant sur la morale domestiquée dont ils ont (comme tous et nous-mêmes) été abrutis.

Tout !, n° 12, Paris, 23 avril 1971.

Un œil neuf, libre, curieux, parfois rêveur

Le Monde Diplomatique - Mon, 03/04/2017 - 12:43
« Iéna », 2000, photographie de Georges Rousse.

Dans les années 1990, un escadron d'experts internationaux s'est précipité au chevet de la Russie. Vingt ans plus tard, il se rendait en Grèce. Le premier pays faillit ne pas survivre au traitement de choc qu'on lui infligea : inflation galopante, pillage des actifs publics (« privatisations »), baisse brutale de l'espérance de vie. Quant au second, sa richesse nationale a fondu d'un quart depuis 2010.

Comment une discipline universitaire aussi prestigieuse que la science économique a-t-elle pu prêter la main à des erreurs de diagnostic aussi effarantes ? Et comment parvient-elle à dégager sa responsabilité des tourments qu'elle inflige encore ? Quelques-uns des économistes les plus réputés exercent leur influence auprès du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, de la Banque centrale européenne (BCE, lire « La Banque centrale européenne, indépendante ou hors contrôle ? »), de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Or ces institutions n'ont pas seulement promu des choix – économiques, sociaux et politiques — presque toujours conformes aux intérêts du capital : elles ont étouffé les États qui s'en écartaient.

Au début de ce siècle, l'économie néoclassique (lire « Un foisonnement d'écoles de pensée ») avait brandi la théorie de l'« efficience des marchés » pour imposer des innovations financières telles que la titrisation. Celles-ci précipitèrent en 2007-2008 la crise dite des subprime, la plus grave et la plus durable depuis le « jeudi noir » d'octobre 1929. Des montagnes de dette publique et des dizaines de millions de chômeurs supplémentaires auraient pu susciter le réveil des « experts », leur examen de conscience ; il n'en a rien été. Plus l'économie se porte mal, plus ils durcissent les orientations qui ont failli. La crise des années 1930 avait en revanche ouvert la voie aux économistes keynésiens qui, à rebours des politiques déflationnistes suivies jusqu'alors, imaginèrent les stratégies économiques volontaristes des trois décennies suivantes.

Une barrière quasiment impénétrable d'équations

Pourquoi n'a-t-on rien observé de tel après 2008 ? L'une des raisons est sans doute que, avec le temps, les économistes néolibéraux se sont installés au centre du pouvoir et ont dominé l'univers des sciences sociales (1). Leur interprétation des événements s'impose donc depuis, ce qui les protège de devoir jamais admettre leurs erreurs. La faute réside toujours ailleurs.

Afin de garantir leur insularité, leur entre-soi, et de rehausser le crédit d'une discipline qui fut assez largement littéraire avant la seconde guerre mondiale, les économistes dominants ont également érigé une barrière quasiment impénétrable de chiffres et d'équations (lire « “Les chiffres sont formels” »). Peu à peu, la science de la richesse sociale est devenue aussi technique, aussi spécialisée que la mécanique ou l'hydraulique : entre 1940 et 1990, la principale revue d'économie américaine a vu son contenu mathématique multiplié par treize (2).

Une science économique dogmatique s'est mêlée de tout régenter

La victoire idéologique et politique du néolibéralisme a fait le reste. De grandes théories postulant que l'individu serait avant tout un consommateur qui recherche la meilleure utilisation du revenu dont il dispose (voir « Le bonheur est dans la courbe ») balayèrent l'observation, jugée trop empirique, presque vulgaire, de la réalité des sociétés. Quelques économistes, dont Keynes, estimaient au contraire que la recherche du beau et du vrai, les relations de solidarité, d'amitié et d'amour, constituaient des objectifs humains au moins aussi déterminants. Non seulement leur intuition fut écartée, mais le versant le plus utilitariste, le plus dogmatique de la science économique s'est imposé et s'est mêlé de tout régenter : la famille, la fécondité, le mariage, l'histoire, les votes, la psychologie… Au point qu'on se demande ce qu'un tel impérialisme intellectuel, décidé à échafauder seul une théorie générale du comportement humain, concède encore comme domaine aux autres disciplines.

Tout ça pour quel résultat ? Au lendemain de la débâcle russe de 1998, le directeur d'un institut américain de prévision récapitula quelques-uns des grands postulats néolibéraux qui venaient de sombrer sous ses yeux : « L'idéologie du nouvel ordre mondial soutenait qu'il n'y a plus de lieux différents, que les gens raisonnables se comportent tous de la même manière raisonnable et que, dans ces conditions, éclairée par les conseils de Harvard et des financiers de Goldman Sachs, l'économie russe évoluerait elle aussi. On croyait qu'avec la croissance économique tout le monde en viendrait à ressembler à tout le monde. La prospérité conduirait à la démocratie libérale. Et la démocratie libérale transformerait les Russes en membres enthousiastes de la communauté internationale. Un peu comme les habitants du Wisconsin, mais avec un régime alimentaire plus riche en betteraves (3). » Pour lucide qu'elle fût, l'observation n'empêcha pas qu'on recommence à croire et à gouverner de travers quelques années plus tard. La crise russe passée, on prépara donc les conditions de la suivante.

On peut se demander comment tant d'« experts » ont imposé l'idée extravagante que les leçons de l'histoire, de l'anthropologie, de la sociologie, de la politique aussi, avaient cessé de compter. L'idée aussi que chaque société n'était plus qu'une argile malaxée par les « lois de l'économie », une économie certes peuplée d'humains, mais assimilables à des atomes et à des molécules. L'idée enfin que la communication et le commerce allaient dissoudre les différences entre les nations, favorisant la création d'un marché mondial porteur de prospérité et de paix.

Nous n'y sommes pas tout à fait, même si, pour certains économistes, la terre pro­mise est déjà conqui­se : leur situation matérielle s'est améliorée au diapa­son de celle des business schools dans ­lesquelles ils enseignent et desbanques où ils con­seillent les 1 % les plus riches qui se régalent de leurs théories. Pour les autres, beaucoup plus nombreux, le tableau que le FMI lui-même vient de dresser n'est pas aussi réjouissant. Dans une étude parue en juin 2016, l'institution de Washington a en effet admis que les politiques néolibérales qu'elle a promues depuis tant d'années n'avaient entraîné aucun rebond de la croissance, au contraire, et s'étaient accompagnées d'un envol des inégalités (4) (voir « Aux États-Unis, les riches creusent l'écart »). Quant à la mondialisation financière, chérie elle aussi par le FMI, elle a accéléré la fréquence des krachs et en a accru le risque. Trente ans de recettes économiques flanqués par terre…

À dire vrai, les auteurs de ce manuel s'en doutaient un peu. Mais leurs lecteurs pourront profiter de cet éclair de lucidité pour tout revoir avec un œil neuf, libre, curieux, rêveur même. Au risque de décider qu'il faut tout reprendre, tout recommencer.

(1) Marion Fourcade, Étienne Ollion et Yann Algan, « The superiority of economists » (PDF), Maxpo Discussion Paper, n° 14/3, Paris, novembre 2014.

(2) Michel Beaud et Gilles Dostaler, La Pensée économique depuis Keynes, Seuil, Paris, 1993, p. 105.

(3) George Friedman, « Russian economic failure invites a new stalinism », International Herald Tribune, Neuilly-sur-Seine, 11 septembre 1998.

(4) Jonathan D. Ostry, Prakash Loungani et Davide Furceri, « Neoliberalism : Oversold ? » (PDF), Finance & Development, vol. 53, n° 2, Washington, DC, juin 2016.

The Two-State Delusion

Politique étrangère (IFRI) - Mon, 03/04/2017 - 10:37

Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Cédric Parizot propose une analyse de l’ouvrage de Padraig O’Malley, The Two-State Delusion. Israel and Palestine: A Tale of Two Narratives (Viking, 2016, 5126 pages).

The Two-State Delusion s’interroge sur la pertinence d’une solution à deux États pour régler le conflit israélo-palestinien. Amorcée en 2010 par Padraig O’Malley, cette recherche avait pour objectif initial de tirer des leçons des négociations passées pour les appliquer lors de tentatives ultérieures. Sa conclusion est sans ambiguïté : non seulement la résolution du conflit à travers la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël ne convainc plus personne, mais elle est contreproductive.

Et pour cause : les obstacles qui s’y opposent n’ont cessé de se multiplier depuis le dernier quart de siècle. Ils sont de trois types. L’auteur explique tout d’abord (chapitres 1 et 2) que la persistance de la violence depuis le premier conflit israélo-arabe (1947-1949), et sa montée crescendo depuis le lancement des négociations d’Oslo (1993-1999), ont créé une situation de stress traumatique continu, qui a contribué à enfermer les deux populations dans des récits nationaux victimaires et irréconciliables. Pire, ce processus aurait favorisé une forme d’addiction au conflit, au sens où la perpétuation du statu quo et la reproduction de modèles avérés seraient pour ces deux populations et leurs dirigeants plus rassurants que l’exploration d’autres pistes de résolution.

L’auteur analyse ensuite les obstacles liés au processus même de négociation (chapitres 3 et 4). C’est certainement une des parties les plus intéressantes de l’ouvrage. Fort de son expertise dans la résolution des conflits, il montre que les échecs des 17 tentatives de négociation ne sont pas seulement dûs aux divergences à propos de ce que devrait être le futur État palestinien, à des conceptions différentes du processus de négociation, ou à des problèmes politiques plus ponctuels, mais qu’ils résultent également de la mauvaise préparation, organisation et gestion des procédures de négociation par les Israéliens, les Palestiniens et leurs parrains.

Enfin, dans les chapitres suivants, Padraig O’Malley souligne la nécessité de prendre en compte les évolutions politiques, économiques, sociales et culturelles majeures qui ont profondément transformé le contexte depuis le lancement du processus de négociation au début des années 1990. Il évoque successivement les nouveaux défis qui ont émergé avec la montée du Hamas, et les divisions politiques au sein de la société palestinienne (chapitre 5), la question du retour des réfugiés (chapitre 6), l’accélération et l’expansion de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens occupés (chapitre 7), la dépendance de l’économie palestinienne à l’égard des bailleurs de fonds internationaux et d’Israël (chapitre 8), les transformations démographiques (chapitre 9), et enfin le processus de radicalisation des populations et leur perte de confiance dans la solution à deux États (chapitre 10 et Afterword).

Richement documentée, cette recher-che s’appuie sur des sources très diversifiées, ainsi que sur un corpus d’interviews réalisées par l’auteur avec plus d’une centaine de personnalités palestiniennes et israéliennes. Plutôt que d’apporter un éclairage véritablement nouveau sur la question, comme le laisse entendre la quatrième de couverture, ce livre offre un travail de synthèse des travaux déjà réalisés sur le conflit. Il confirme l’échec d’un projet que de nombreux universitaires, journalistes et politiques se sont efforcés de signaler déjà depuis la fin des années 1990.

Cédric Parizot

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Tout ici hurle en silence

Le Monde Diplomatique - Mon, 03/04/2017 - 10:13
Sur Babi Yar, pas de monument. Un ravin abrupt, telle une dalle grossière. L'effroi me prend. J'ai aujourd'hui le même âge que le peuple juif. Il me semble là — que je suis juif. Me voici, errant dans l'ancienne Egypte, Là agonisant, sur cette croix, Dont, jusqu'à ce jour, je porte les stigmates. Il me semble que Dreyfus, c'est moi. Les boutiquiers me dénoncent et me jugent. Je suis emprisonné. Pris dans la rafle. Poursuivi comme une bête, couvert de crachats, calomnié. Et les petites dames, en dentelles de Bruxelles, glapissent et me plantent leurs ombrelles dans le visage. Il me semble — que je suis le gamin de Bialystok. Et le sang du pogrom ruisselle. Les piliers de bistrot se déchaînent, puant la vodka et l'oignon. Et moi, jeté au sol à coups de bottes, sans force, je supplie en vain mes bourreaux. Et ils s'esclaffent : « Cogne les youpins, sauve la Russie ! » Un épicier viole ma mère. Oh, mon peuple russe ! — Je le sais — Toi — Par essence, tu es international. Mais souvent, des hommes aux mains sales ont fait de ton nom pur le bouclier du crime. Je connais la bonté de ta terre. Et quelle bassesse ! Sans le moindre frémissement, les antisémites se sont pompeusement baptisés « Union du peuple russe » ! Il me semble — que je suis Anne Frank. Transparente comme une brindille d'avril. Et j'aime. Et pas besoin de grands mots. Il faut juste que nous nous regardions en face. On voit, on sent si peu de choses ! Le ciel, les feuilles nous sont interdits. Mais nous pouvons beaucoup : Tendrement nous embrasser dans ce réduit obscur. On vient ? N'aie crainte — c'est juste le bourdonnement du printemps qui s'approche. Viens vers moi. Offre-moi vite tes lèvres. On brise la porte ? Mais non, c'est la glace qui cède... Sur Babi Yar bruissent les herbes sauvages. Les arbres regardent, terribles juges. Tout ici hurle en silence, Et moi, tête nue, je sens lentement mes cheveux grisonner. Et je suis moi-même un immense hurlement silencieux au-dessus de ces mille milliers de morts. Je suis chaque vieillard fusillé ici. Je suis chaque enfant fusillé ici. Rien en moi n'oubliera jamais cela ! Et que L'Internationale résonne quand on aura mis en terre le dernier antisémite de ce monde. Je n'ai pas une goutte de sang juif. Mais, détesté d'une haine endurcie, je suis juif pour tout antisémite. C'est pourquoi je suis un Russe véritable !

Traduction de Jean Radvanyi. Publié dans Literaturnaia Gazeta le 19 mars 1961.

Beijing Seeks to Bolster Claims to Disputed Islands

Foreign Policy Blogs - Sat, 01/04/2017 - 13:12

Vietnam reacted strongly again in response to a recent visit by a Chinese cruise ship to the disputed Paracel archipelago (Hoàng Sa to Vietnamese and Xisha to Chinese). Hanoi pressed for an end to the cruise ship visits, which since 2013 have taken hundreds of Chinese tourists on a sun-soaked holiday intended to cement Beijing’s claim to the island chain.

Vietnamese Foreign Ministry spokesperson Le Hai Binh strongly condemned China’s action, saying “Vietnam strongly opposes this and demands that China respect Vietnam’s sovereignty over the Paracel Islands and international law and immediately stop and not repeat those activities,”adding, “Those actions have seriously violated Vietnam’s sovereignty over the Paracel Islands and international law.”

China claims 90 percent of the South China Sea (or East Sea to Vietnamese) under its notorious “nine-dash line” and fought a war with Hanoi over control of the Paracels in 1974. Before the skirmish, Vietnam had control of some islands within the Paracel archipelago, China controlled others, and Taiwan also laid claim to some of the 30 islands and reefs.

According to Professor Toshi Yoshihara, of the Strategy and Policy faculty at the Naval War College, the Battle of the Paracels started as a clash between the Chinese and South Vietnamese navies. The fighting was short and intense, and “involved small, second hand combatants armed with outdated weaponry. The fighting lasted for several hours, producing modest casualties in ships and men.” The Chinese forces eventually prevailed, after three of the four Vietnamese warships had to retreat and the fourth sank with its captain on board. Dozens of southern Vietnamese sailors were killed, and China took control over the entire group of islands. Following Vietnam’s defeat, little mention of the battle has featured in Vietnamese media until 2014, some forty years later.

In 1979, Vietnam would fight another battle with China on their shared land border, with Chinese forces invading Vietnam to punish Hanoi for invading Cambodia to drive out the Chinese-backed Khmer Rouge leadership in Phnom Penh. Chinese forces would again fight the Vietnamese in 1988, after China seized six reefs and atolls of the Spratly Islands after a skirmish at Johnson South Reef.

The latest heated rhetoric from Hanoi follows a series of warming relations between the two Communist brothers, who had in recent months seemingly set aside their differences, including an effort by the Vietnamese government to silence protestors in Hanoi marking the 43rd anniversary of the China’s occupation of the Paracel Islands in January. But distrust of Chinese intentions is always present, and Hanoi has reportedly been actively fortifying its key holdings in the Spratlys, including the construction of a runway, tunnels and bunkers.

For now, there is little Hanoi can do (besides comments from diplomats) to counter Beijing’s efforts at furthering its claims through waging tourist-fare. Hanoi has established an office for the administration of the Paracels in the coastal city of Da Nang, loaded with maps, photos and historical documents to support Vietnam’s claim. And a new museum is in the works to bolster patriotism among its citizens. But beyond furthering its legal case, taking on China’s massive military strength is a daunting prospect for this much smaller nation of 90 million. Harassing civilian cruise ships will not win over the international community.

Perhaps the only safe response is tit-for-tat diplomacy, either offering Vietnamese tourists a cruise to the disputed Spratlys or turning back the hoards of Chinese tourists flocking to visit the areas in Vietnam where the Hollywood movie ‘Kong: Skull Island’ was filmed.

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Seoul Reports Beijing’s Mandarin Imperiousness to WTO

Foreign Policy Blogs - Sat, 01/04/2017 - 13:03

“We must remain committed to developing global free trade and investment, promote trade and investment liberalization and facilitation through opening-up and say no to protectionism.” – Xi Jinping – (Flickr)

Initiating a defense against Beijing’s recent economic retaliations over the deployment of THAAD, Seoul raised the issue at a meeting of the WTO’s Council for Trade in Services, held on March 18th. Such a move marks South Korea’s first state-level gesture that—if supported by evidence—could possibly develop into a formal trade dispute.

“We have notified the WTO that China may be in violation of some trade agreements,” stated Joo Hyung-hwan, South Korea’s Trade Minister, revealing this activity to the National Assembly’s Trade, Industry and Energy Committee during his attendance of the committee’s session on March 20th.

In reaction to Seoul’s move, Beijing’s spokesperson for the Ministry of Commerce, Sun Jiwen, denied the implications of retaliatory ‘policy measures’, declaring: “As responsible member of the WTO, China has consistently and will continue to respect WTO rules and relevant promises.” Beijing’s spokesperson for the Ministry of Foreign Affairs, Hua Chunying, also made remarks on the issue while answering reporters’ questions during a press conferences, stating: “We support normal business and trade exchanges between China and the ROK, but this needs a corresponding basis in public opinion. In the meantime, China’s position on opposing THAAD is consistent and clear.”

The comments appear to reckon with South Korea’s current post-impeachment politics in which liberal presidential candidate, Moon Jae-in, is emerging as a frontrunner in the current race (the election is scheduled to be held on May 9th). Moon’s ambiguous stance on the deployment of THAAD, in tandem with his incremental approach to Korean Reunification, has been perceived as a boon to Beijing’s interests.

Seoul’s appeal to the WTO is widely regarded as a symbolic lobbying gesture to exert pressure on Beijing, on one hand, and to raise his issue on the multilateral level, on the other. However, if Beijing’s myopic retaliations continue to worsen, Seoul would consider them as an opportunity to reduce excessive trade dependency on China (trade with China currently accounts for almost a quarter of all South Korean exports). Seoul would accelerate the reformulation of its trade strategies with an emphasis on trade diversification toward India and ASEAN member countries.

In 2016, both the number of subsidiaries set up by Korean corporations and the total value invested by these subsidiaries were 1.5 times greater in ASEAN member countries than they were in China. Such growing trade ties also characterize the current status of ROK-India trade relations; approximately 3% of India’s 2016 imports were South Korean shipments.

Beijing’s miscalculated retaliations generated other unintended consequences for Beijing. It propelled Seoul to strengthen its distant bilateral relations with other Asian countries such as India. Recently, Seoul has agreed with New Delhi to hold an annual ‘two plus two’ high-level meeting to bolster the two countries’ ‘strategic cooperation’ on security and political issues. Above all, Beijing’s counterproductive treatment of its eastern neighbor in the manner one would treat a ‘vassal state’ has served to provoke an anti-China sentiment in South Korea.

Beijing anticipates that such sentiment will be drained when Moon Jae-in wins the presidential election. However, Beijing underestimates Moon Jae-in’s nationalist tendencies, which overshadow his pro-China leanings; given his nationalist views, he is likely to prioritize public sentiment over Beijing’s interests once he wins the election. Unfortunately, KBS-Yonhap News’ March survey results frustrate Beijing, with more than half of the Korean people favoring the deployment of THAAD.

THAAD is a Matter of South Korea’s Sovereignty

THAAD was deployed immediately after Kim Jong-un’s four ballistic missiles landed on Japan’s exclusive economic zone (EEC) in the East Sea on March 7th. The arrival in South Korea of two THAAD launchers, along with 16 missiles, has since caused considerable damage to the already aggravated ROK-China relations (which have been impaired since last July’s U.S.-ROK agreement on the deployment of THAAD), largely attributable to Beijing’s hasty and regressive economic retaliations.

Beijing authorities deny implementation of official retaliatory ‘policy measures’ over the deployment of THAAD; however, alleged retaliatory incidents have resulted in significant economic losses to a wide range of South Korea’s industries. Media reports on, inter alia, smashed Hyundai cars and destroyed Lotte products capture the violent façade of Beijing-maneuvered anti-South Korea propaganda, which has turned Chinese consumers into offensive nationalism-driven vandals. Behind the unpleasant pictorials, Lotte, South Korea’s fifth largest conglomerate and its largest confectionary manufacturer, is expected to suffer US$102.7 billion as a result of the Beijing-imposed temporary shutdown of 90% of its department stores in China. The bare effect of providing the THAAD site in South Korea’s rural city Seongju, as part of a land swap deal with the South Korean government, has been to drag the apolitical economic entity into the THAAD imbroglio. Lotte’s case, although indicative of a high-water mark in Beijing’s economic retaliation, is merely the tip of the iceberg.

The year 2017 might prove to be a nightmare for South Korea’s tourism industry, with the annual number of Chinese tourists expected to decrease by 20%. K-Drama and K-pop stars—including those already active in China’s entertainment market as well as those attempting to enter this market—might similarly face hardship, as Beijing continues to impose visa restrictions and event cancellations. Overall, Beijing’s economic retaliation, if intensified, could shrink South Korea’s GDP by up to 0.25%.

Beijing’s growing concerns over THAAD genuinely derive from the possibility that the defense system will weaken the credibility of China’s second-strike nuclear capability. In other words, THAAD is a dagger to China’ ambitions for regional dominance. Nevertheless, Seoul does not have the luxury of encouraging such ambitions on China’s part now, as Kim Jong-un’s relentless terrorist activities continue to South Korea’s survival. Moreover, Kim Jong-un’s recent assassination of his half-brother, Kim Jong-nam, by VX nerve agent, has substantiated, beyond any reasonable doubt, the possibility that the regime could process the chemical into a WMD with the aim of conducting chemical warfare. Kim Jong-un’s ruthless mentality, exemplified in the slaughtering of his own family and his continued fireworks, amply vindicates Seoul from Beijing’s ‘arms race’ accusations.

The deployment of THAAD is an intricate issue that will ultimately be guided by the South Korean people’s will. Still, most South Korean nationalists adamantly assert that the deployment of THAAD is the country’s sovereign right to defend itself from Kim Jong-Un’s existential threats. Some of them take the threats very seriously and go further to advocate for the re-deployment of U.S.-supplied tactical nuclear weapons in the country. Others even warn that, should the Kim dynasty escalate regional tensions in Northeast Asia to the next level, the terrorist regime should fasten its safety belt for an arms race with an economy (South Korea) that boasts a GDP 40 times larger than that of the regime.

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UN agency dispatches 3.5 million doses of yellow fever vaccine to counter outbreak in Brazil

UN News Centre - Sat, 01/04/2017 - 00:02
In response to the yellow fever outbreak on-going in Brazil, some 3.5 million doses of vaccine from the emergency stockpile were deployed to the country through a United Nations-backed coordination mechanism, according to the World Health Organization (WHO).

UN calls for recognizing the rights of people with autism to make their own decisions

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 23:58
Ahead of World Autism Awareness Day, the United Nations today called for recognizing the rights of people with the spectrum neurological condition, which is believed to affect 70 million people around the world.

INTERVIEW: 'We are in a very fortunate situation since the Paris Agreement was adopted' - UNFCCC Executive Secretary

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 23:51
The Paris Agreement on climate change remains a momentous diplomatic success, universally supported by all countries when it was adopted in 2015 at a United Nations conference, and as of today, it has been ratified by 141 nations, surpassing the threshold for its entry into force.

INTERVIEW: Mark Bowden on his time in Afghanistan and on revamping international aid

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 23:13
The conflict in Afghanistan is “partially forgotten,” the former United Nations Deputy Special Representative for the country has warned, calling for more aid for displaced families and a greater focus on bridging the poverty gaps.

DR Congo: Security Council extends peacekeeping mandate, but reduces troop strength

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 22:38
The Security Council today extended the mandate of the United Nations mission in the Democratic Republic of the Congo (DRC) for another year but reduced the number of troops.

Incremental progress but ‘we’re not yet there,’ UN mediator on Syria reports

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 22:32
The latest round of the United Nations-facilitated intra-Syrian talks concluded today in Geneva where UN envoy Staffan de Mistura told journalists the discussions had been serious and the parties engaged, but “we’re not yet there.”

La paix par la redéfinition des frontières ?














Entretien pour LeMonde.fr   Lors du premier débat présidentiel, Jean-Luc Mélanchon a évoqué l'idée d'une conférence sur la sécurité en Europe en évoquant la question des frontières, en prenant exemple sur l'annexion de la Crimée par la Russie. S'achemine-t-on vers une acceptation du fait accompli russe ?
Cette idée émise rapidement, sans beaucoup de détails et tard dans le débat, a de quoi surprendre. Elle rappelle une sensibilité très datée : il s’agissait de l’époque où l’ex-URSS, dans les années 1980, promouvait la thématique d’une « maison commune européenne », et cherchait à découpler l'Europe occidentale des Etats-Unis, en misant sur le relai de mouvements écologistes et pacifistes notamment. Ensuite, cette proposition, présentée en creux comme ce qui serait une sorte d’initiative française dont on devine qu’elle trouverait un écho favorable en Russie, vient après plusieurs réquisitoires du candidat contre l'Union européenne : or on imagine mal une telle initiative sans concertation préalable entre Européens. Ce serait maladroit diplomatiquement et grave pour l’esprit de l'Union, qui reste notre principal cercle d’appartenance. Enfin, on a constaté que cette proposition a été immédiatement soutenue par François Fillon. Si un tropisme pro-russe déjà largement commenté rassemble les deux hommes, la question de la concertation entre européens aurait dû être posée, au moins par le deuxième candidat.
2. La paix passe-t-elle par une redéfinition des frontières ?
Cela dépend où, et comment. En Europe, la remise en cause des frontières est toujours un sujet délicat. Ces frontières ont trop souvent été modifiées par la force dans le passé, à l’inverse les grandes initiatives de paix ou de détente, un peu plus tard, consacraient l'inviolabilité des frontières nées de la Seconde Guerre mondiale (c’était le cas des accord issus de la conférence d’Helsinki en 1975), enfin le retour au révisionnisme et à la remise en cause des frontières, depuis 2008 (Géorgie) et 2014 (crimée, Ukraine), marque le retour des tensions et du tragique sur le continent européen. Estimer que la paix passe par la redéfinition des frontières, dans ce contexte, est donc surprenant.
3. Quels sont les litiges territoriaux à l'ordre du jour des Européens ? Des litiges interétatiques ou infraétatiques ? Et sont-ils de nature à bouleverser la stabilité européenne ?
Dans les années 1994-95, un Pacte de stabilité, promu par le Conseil de l'Europe à l’initiative de la France, visait à consolider les relations de voisinage, les problèmes de frontières et de minorités, en Europe centrale et orientale. Cette initiative avait été considérée comme un succès. Elle avait permis de dresser une liste préventive des points de tensions, et de les déminer par des accords souvent bilatéraux. Mais justement, cela a déjà été fait. Y revenir aujourd’hui, dans un contexte de montée des nationalismes et de peur, et inclure la Russie dans ce processus, pourrait rouvrir des portes dangereuses, remettre en question ce qui a été acté il y a plus de vingt ans, et transformer des tensions encore gérables en crises et revendications incontrôlables. On sait que la Russie souhaite réviser un certain nombre de processus engagés au lendemain de la chute de l’URSS, qu’elle estime préjudiciables à ses intérêts, car imposés par l’Occident dans un moment de faiblesse russe. C’est compréhensible, mais ce n’est pas une raison pour que l’on aille à ce point au-devant de ce souhait.

4. Pourquoi est-il dangereux de redessiner les frontières alors que le droit à l'autodétermination est un droit international ?
La question du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a été évoquée par François Fillon dans le débat. Dire qu’il est difficile d’éviter ce débat, quand on est une démocratie libérale, est juste. Vouloir le relancer au moment le plus difficile pour l'Europe, et sans doute le plus propice pour son voisin russe, est néanmoins étonnant.
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Crise de leadership, crise de politique étrangère : les Alliés dans la tourmente

















Chronique pour The Conversation.fr

Quels sont les liens possibles entre un leadership politique fort et une action efficace de l’État à l’étranger dans une démocratie occidentale libérale ? La force de l’exécutif, dans ce type de régime, se manifeste entre autres par l’existence d’une légitimité reconnue, une stabilité de la situation politique interne, une popularité sondagière, une perspective d’action à long terme, y compris par un renouvellement de mandat… Lorsqu’une telle solidité est observable, elle peut contribuer de plusieurs manières au développement d’une politique étrangère efficace.
Le leadership politique national, une ressource de politique étrangèreD’abord, un exécutif fort et reconnu permet de bénéficier d’un consensus interne, véritable socle de légitimité pour agir à l’extérieur au nom d’un pays tout entier, et non d’une seule vision partisane. Thème cher à la rhétorique gaullo-mitterrandienne en France, ce consensus de politique étrangère est plus souvent qualifié de « front domestique » par la science politique anglo-saxonne, par exemple dans la célèbre étude de Robert Putnam et de ses collègues sur la « double-edged diplomacy » (« diplomatie à deux faces », qui met en lumière l’importance de la construction négociée d’un accord interne sur la politique étrangère avant son déploiement sur la scène internationale.
Ensuite, et bien au-delà des seules démocraties occidentales, des dirigeants dont la position est bien assise et qui inspirent la confiance sur leur vision stratégique, parviennent mieux à réduire les doutes en cas de crise internationale, et peuvent même se permettre quelques revers ou retards temporaires dans l’action, par exemple lors d’une opération extérieure longue ou risquée. Plusieurs leaders du Sud (le roi Hussein de Jordanie, le roi Hassan II du Maroc, par exemple), mais aussi du monde occidental (George H.W. Bush dans la guerre du Golfe de 1991, le général de Gaulle en France…) avaient obtenu cette confiance de la part de la population, soit parce qu’ils étaient réputés avoir sauvé le pays (de Gaulle), soit pour jouir d’une réputation internationale d’habile diplomate (Hassan II, Hussein), soit pour avoir une longue expérience reconnue en la matière (George H.W. Bush).
Le roi Hussein de Jordanie en 1956. On trouve, enfin, des cas où le chef de l’exécutif lui-même devient une icône internationale, célébrée à l’extérieur pour sa sagesse : Obama récemment, autrefois Gorbatchev à Moscou et la « gorbimania » par lui générée. Mais c’est le cas aussi, auprès d’autres segments de la population, pour une combinaison plus cynique d’habileté et de dureté : Thatcher en son temps au Royaume-Uni, Netanyahou ou avant lui Sharon en Israël, et naturellement, dans un autre cadre politique, Poutine aujourd’hui en Russie.
Dans l’absolu, le lien entre exécutif fort et politique étrangère réussie n’est pas automatique : on se souvient d’une Union soviétique aux dirigeants âgés et malades, accumulant pourtant les avancées stratégiques dans les années 1970 (au Vietnam, en Angola, au Mozambique…) ou, à l’inverse, de leaderships forts commettant des erreurs internationales tragiques. Mais en démocratie, un exécutif fort bénéficiant du soutien populaire domestique constitue, au moins initialement, une ressource de politique étrangère importante.
L’inconnue TrumpLire la suite sur The Conversation.fr

Approval of Somalia’s new cabinet a ‘green light for action,’ says UN envoy

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 21:52
Welcoming the Somali Federal Parliament’s approval of a new cabinet, the United Nations envoy for the country expressed hope that the new Government will be able to address the challenges confronting the Horn of Africa nation.

Hubert COUDURIER, Jean-Yves LE DRIAN. Le glaive du président




H. COUDURIER, Jean-Yves LE DRIAN. Le glaive du président, Plon, 2017

Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère de la France, le directeur de l’information du Télégramme (de Brest) et de télévision Bretagne Ouest nous offre à la fois une biographie de l’homme et un panorama de la plupart des dossiers récents qu’il a eu à traiter. L’exercice est utile : rares sont les publications sur un ministre de la défense encore en exercice à l’heure de la parution. Il n’est pas trop technique, et en cela différent d’autres travaux plus volumineux (mais tout aussi indispensables) sur les opérations militaires françaises.
Le Drian le Breton, Le Drian le socialiste, Le Drian le proche de François Hollande, Le Drian l’Africain, sont ainsi racontés tout à tour. Le Mali, le Tchad, la Centrafrique, les régimes africains, les rivalités avec le Quai, l’imbroglio libyen, les exportations d’armes et leurs méandres proche-orientaux et en particulier golfiques, constituent l’essentiel de la seconde partie de l’ouvrage, celle qui traite du quinquennat. Plus rapidement, sont évoqués les relations avec l’Amérique, la gestion de la crise ukrainienne, les relations avec Poutine sur la Syrie, le lien franco-algérien si particulier. On aurait sans doute aimé un mot de plus sur l’épisode syrien de 2013 (la France qui s’apprête à frapper, l’Amérique qui recule), sur la gestion du ministère lui-même en ces temps difficiles, ou sur les discours du ministre au Shangri La Dialogue de Singapour, dans lesquels il annonça par deux fois - sans doute de façon optimiste – le retour de la France comme puissance en Asie (2012), ou des initiatives européennes en Mer de Chine du Sud (2016). Mais au final, c’est une synthèse utile des cinq années du ministre à l’hôtel de Brienne que nous tenons ici.
Quelques petites erreurs étonnantes – de relecture sans doute - parsèment le livre. La célèbre phrase polémique de Manuel Valls sur le jihadisme « Expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser », devient « expliquer c’est déjà comprendre » (p.25 – ce qui eut été moins problématique!), le malheureux chef de bataillon Damien Boiteux n’a pas été « gravement blessé » mais hélas tué dans l’opération Serval (p.127), la formule de Lionel Jospin sur l'Afrique n’était naturellement pas « mi-ingérence mi-indifférence » (mais ni-ni – p.151), Michèle  Alliot-Marie ne fut pas ministre de la défense de Nicolas Sarkozy mais de Jacques Chirac (p.201), etc. Mais le contexte est néanmoins bien resitué. Le portrait de l’homme paraît honnête, à la fois admiratif et sans masquer quelques critiques (un Le Drian qui n’aime pas l’opposition, s’en prend aux journalistes du Monde ou de Canal Plus) ; le portrait de son équipe fait peut-être preuve de moins de distance, mettant en scène les différents conseillers d’une manière qu’ils ne désapprouveraient sans doute pas (on s’éloigne alors du portrait « sans concession » promis en quatrième de couverture).
L’ouvrage de Coudurier s’inscrit dans la lignée de ces livres de journalistes utiles sur la gestion en cours ou récente de l’action extérieure. Des travaux plus universitaires devraient leur emboîter le pas. 




UN, partners warn 108 million people face severe food insecurity worldwide

UN News Centre - Fri, 31/03/2017 - 20:24
Despite international efforts to address food insecurity, around 108 million people worldwide were severely food insecure in 2016, a dramatic increase compared with 80 million in 2015, according to a United Nations-backed report on food crises that offers benchmark for action needed to avoid catastrophe.

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