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A l’occasion des élections présidentielles au Brésil qui ont vu hier, dimanche 28 octobre, la consécration du candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro, nous vous proposons de relire l’article de Joao Augusto De Castro Neves et Bruno Reis, « Brésil : plus dure sera la chute », publié dans le n° 3/2016 de Politique étrangère. Cet article est également disponible en anglais : « Brazil: The Harder They Fall ».
Le Brésil subit actuellement l’une des plus graves crises politique et économique de son histoire moderne – et certainement la plus sévère depuis le retour de la démocratie au milieu des années 1980. Enfant chéri de la mondialisation pendant une bonne partie de la dernière décennie, le pays est brutalement tombé de son piédestal. L’accès de pessimisme tient en partie à la tendance des experts en relations internationales et des commentateurs du marché à voir le monde comme inexorablement pris dans un mouvement – toujours plus rapide – de transfert de puissance d’un grand marché à un autre. Hier encore, les BRICS apparaissaient comme la pierre de touche d’un nouvel ordre mondial et un eldorado de l’investissement ; aujourd’hui, les caprices des vents de la finance veulent accorder à un autre acronyme son quart d’heure de célébrité.
Sur le plan économique, le Brésil connaît sa plus sévère dépression depuis de nombreuses décennies. Son produit intérieur brut (PIB) a baissé de près de 10 % en quatre ans, le taux de chômage a explosé et le déficit budgétaire tend à se creuser. Sur le plan politique, le pays est confronté à une procédure de destitution de la présidente, à un gigantesque scandale de corruption touchant la totalité de la classe politique et, dernièrement, à une vague de contestation dans les rues des grandes villes où des millions de citoyens ont dénoncé le manque de réactivité – et parfois de responsabilité – de la classe politique.
Ces événements ont conduit le système politique à une quasi-paralysie et manifesté l’incapacité des dirigeants à répondre aux nombreux défis auxquels le pays doit faire face. […]
Lisez gratuitement l’article dans son intégralité ici.
Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°3/2018). Rémy Hémez propose une analyse de l’ouvrage de Catherine Gegout, Why Europe Intervenes in Africa: Security, Prestige and the Legacy of Colonialism (Oxford University Press, 2018, 320 pages).
Depuis la fin des années 1980, la France est intervenue militairement en Afrique plus de trente fois, le Royaume-Uni sept fois. Alors que jusque dans les années 1990, les questions africaines de sécurité étaient peu discutées dans l’Union européenne (UE), cette dernière a conduit cinq opérations militaires sur ce continent depuis 2000. Les motivations du déclenchement de ces interventions sont sujettes à débat, mais les réponses apportées sont rarement fondées sur une étude approfondie. C’est ce à quoi s’attelle, avec succès, Catherine Gegout, professeur associé de relations internationales à l’université de Nottingham.
Le premier chapitre est dédié à la mise en place d’une typologie des motifs d’intervention, qui s’appuie sur les apports de trois théories des relations internationales – réalisme, constructivisme et post-colonialisme – et vise à pousser le chercheur à reconsidérer l’histoire et la politique du point de vue des pays en voie de développement. Le deuxième chapitre replace les interventions dans leur contexte historique, de la colonisation à aujourd’hui. Une troisième partie dresse le portrait des différents acteurs gravitant autour de ces opérations extérieures européennes, par leur présence politique ou économique : États africains, organisations régionales africaines de sécurité, Nations unies, États-Unis, Chine, etc. Enfin, cœur de la démonstration, les trois derniers chapitres de cet essai sont consacrés à l’analyse successive et détaillée des desseins poursuivis lors de chacune des interventions africaines de la France, du Royaume-Uni et de l’UE.
Catherine Gegout souligne que la recherche de sécurité (pour son territoire et ses citoyens) a été déterminante dans toutes les interventions. La problématique de la lutte contre le terrorisme qui s’est développée récemment (2008 pour la France et 2013 pour le Royaume-Uni) est venue renforcer cette prédominance. La quête de prestige est, selon l’auteur, l’autre motif majeur expliquant les actions militaires européennes en Afrique, qu’il s’agisse de prestige pour le dirigeant du moment, de celui d’une organisation internationale ou du pays hôte de l’intervention. En revanche, Catherine Gegout souligne que les pays européens ne lancent plus vraiment d’opérations extérieures sur le continent africain pour défendre ou promouvoir leurs intérêts économiques. Un seul cas est à cet égard recensé : la mission de l’UE dans le golfe d’Aden (2008). Concernant la France, c’est surtout vrai depuis 2003, avec la montée en puissance de la Chine en Afrique.
De même, entre 1986 et 2016, l’action à des fins humanitaires n’a jamais été la cause première d’une intervention. Enfin, et même si son influence diminue, les opérations extérieures demeurent partiellement conditionnées par le passé colonial : France et Royaume-Uni continuent à agir dans leurs zones d’influence historiques respectives.
Le livre de Catherine Gegout offre une grille d’analyse intéressante des interventions européennes en Afrique. La qualité et le niveau de détail de la recherche, la grande clarté de l’argumentation, une bibliographie fournie, ainsi que plusieurs tableaux clairs et utiles, font de cet essai une lecture importante pour tous ceux qui se préoccupent des questions de sécurité en Afrique.
Rémy Hémez
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A woman outside her home in the shadow of a large gated housing project away from Luanda (Photo: Joao Silva/The New York Times).
In its financing attempts that brought the resource-rich country to become indefinitely indebted for a long time, the Government of Angola sought a US$15 billion loan from China (one of many) last May. Just as this latest round of financing commenced, Standard and Poors downgraded Angola’s sovereign credit rating to B- due to concerns about “the rising debt service costs and weak economic prospects.”
The latest move is part of another debt trap through which the new government uses oil-backed loans at high interest rates, yet financed through opaque and unaccountable offshore structures. This comes at a time when Angola’s banking sector is weak and some important state banks are undergoing restructuring processes; posing contingent risks to government.
Manuel Vicente has remained a ruthless fixture of Angolan politics for over three decades. Today, as the “most wanted by Portuguese authorities” and an advisor to Joao Lourenco (who almost made it to the Presidency), Vicente has been at the forefront of the landmark exploitation of the resource-rich Portuguese colony since his appointment as Chairman of Angola’s state oil company, Sonangol EP. By the time he left his position in 2012, Vicente had proudly created complex, personally profitable, and self-rewarding mechanisms to leverage the nation’s resources for the profit of a small cartel, spanning well-known illustrious names in Africa and the world, ranging from organized crime to Wall Street. He purposely transformed the looting which decimated the West African nation during its brutal civil war into the merciless leveraging of state assets under the guise of ‘development’ for over sixteen years (and still ongoing).
Under the leadership of Vicente, or as one would call it, “Politically Exposed Person” (PEP), Sonangol gained an unusual degree of autonomy. In the world of financial regulation, PEP is a term describing someone who has been entrusted with a prominent public function and presents a higher risk for potential involvement in bribery and corruption by virtue of his/her position and the influence held. Vicente successfully resisted efforts of government institutions, such as the Ministry of Petroleum and the National Bank of Angola (BNA), by curbing their power and oversight functions; simply through instilling watchdogs that he would reward handsomely.
As the civil war ended in 2002, Angola’s relationships with the IMF and the World Bank had deteriorated serendipitously, with a golden opportunity that coincided with Chinese President Jiang Zemin’s initiation of his grand “Look to the West” strategy. Chinese interests in Angola were particularly attractive to Vicente (with the development of his own sphere of influence) as the offered funds had far fewer transparency requirements to traditional Western lenders. In June 2004, China Sonangol Asia Limited was formed as the first public-private consortium to turn the new geopolitical paradigm into private profits. It was registered in Hong Kong and owned entirely by Lo Fong Hung, Wi Yang, and, naturally, Manuel Vicente, unbeknownst to the then leadership. In the weeks following China Sonangol’s incorporation, Vicente and the 88 Queensway Group incorporated nine subsidiaries of China Sonangol, with Pierson Asia acting as its primary financial consultant. The firm would help Vicente and his Chinese partners to create a complex network of financial subsidiaries to extract, divert, and embezzle funds.
Vicente’s influence, along with Chinese capital, positioned these newly-created firms to dominate the finances of Angola and the majority of investments in the country through two small and nebulous companies: China International Fund Limited (responsible for US$2.9 billion in construction projects), and, China Sonangol International Holdings Limited (responsible for the energy sector—notably obtaining three oil blocks and establishing a joint venture with Sinopec for oil exploration in Angola).
The vehicles for the embezzlement of such funds are the product of an idea developed in the 1990s, known as “prime bank schemes,” through which Vicente and his son would set up pop-up corporations for the collection and transfer of assets. The same entities would be used for the purchase of more than US$300 million in U.S. treasury bills on behalf of Angola’s national bank, Banco Angolano de Investimentos (BAI)—formerly Banco Africano de Investimentos—and enjoyed absolute authority to manage major portions of BNA’s funds under the direct, repeated permissions of the then-governor of Angola’s central bank, Aguinaldo Jaime (1998-2002). Jaime, in his capacity as governor, signed a “letter of authority” informing HSBC that BNA “will supply, on behalf of the Angolan Government, a US$50 million treasury bill to be used as a collateral by MSA Inc” to raise funds for Angolan ‘development projects.’ Another example of the prime bank scheme was the creation of the sister bank, HSBC Equator Bank plc in 2006—nothing to do with the HSBC that we all know—which earned in excess of US$80 million from revolving short-term trade finance lines, serviced by an assignment of oil proceeds afforded through a nebulous relationship with BAI.
The central paradox for the people of Angola is the calculus of BAI in taking on such unfavourable terms and failing to execute its fiduciary duty. This paradox is resolved when we consider the true nature and ownership of BAI, which is in fact a private bank. As per a U.S. Senate Committee investigation, in March 16, 2006, HSBC received a list of BAI’s shareholders, which included three private corporations, each of which would turn out to be a special purpose shell corporation: Arcinella Assets, Sforza Properties, and Dabas Management. BAI currently has assets with a total value of over US$7.6 billion which alerted and instigated the investigation. And following the implementation of the Patriot Act, HSBC expended its efforts to determine the true owners of BAI. The subsequent disclosure, under the PEP/anti-money laundering (AML) protection, revealed that the beneficial owner of Dabas Management is Jose Paiva (former board director of Sonangol) and the beneficial owner of the shell company, called ABL, is Manuel Vicente (PEP from 1999-2012). Today, each personally owns 5% of BAI through these special purpose corporations.
Angola continued to have weak AML controls and an ongoing corruption problem. The above history shows how an Angolan PEP (like Manuel Vicente), an Angolan government official (like Aguinaldo Jaime), and an Angolan financial institution (like BAI) have used global banks to gain access to the financial system, often bypassing AML and PEP safeguards. It shows how politically powerful officials, their relatives, and close associates (referred to in international agreements as PEPs) can use the services of global professionals and financial institutions to bring large amounts of suspect funds into different jurisdictions to advance their interests. It also clarifies the need for strengthening PEP controls to prevent such corrupt figures from concealing, protecting, and utilizing their ill-gotten gains; corroding the rule of law, national economic development, and democratic principles. U.S. and EU institutions should consult with foreign officials, international organizations, financial regulators, and experts in AML and anti-corruption efforts in order to expose some of the tactics being used by PEPs and their facilitators.
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Créée en 1936, Politique étrangère est la plus ancienne revue française dans le domaine des relations internationales. Chaque vendredi, découvrez « l’archive de la semaine ».
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L’article « L’Europe entre la peur de la guerre et le désir de la paix » a été écrit par l’ancien chef d’État-major des armées Guy Méry dans le numéro 2/1983 de Politique étrangère.
Nous vivons une époque marquée, à l’évidence, par le caractère multiforme et l’aspect mondial des facteurs généraux d’insécurité. En raison de la rivalité qui oppose, sur tous les plans, le « bloc soviétique » aux pays du « monde libre » et dans laquelle les pays du
« Tiers-Monde » ne constituent — hélas — bien souvent qu’un enjeu (c’est-à-dire le terrain privilégié des luttes d’influence, des tentatives de déstabilisation, voire des affrontements), des menaces peuvent à tout moment surgir en n’importe quel point du globe, sans que l’on puisse même, parfois, prévoir leur nature.
Face à ces menaces, les faiblesses actuelles de la défense de l’Europe (objectif potentiel d’une stratégie globale soviétique, de caractère offensif) sont de plus en plus dénoncées par les Européens eux- mêmes et, en tout cas, de plus en plus ressenties. D’où viennent ces faiblesses ? Peuvent-elles être surmontées par l’organisation d’une « défense européenne », de caractère plus ou moins autonome ? Telles sont les deux questions qu’appelle immédiatement une telle situation et auxquelles il peut être intéressant d’apporter, sinon de véritables réponses, du moins quelques éléments de réflexion.
Les faiblesses de la défense de l’Europe ont des causes multiples, dont il serait prétentieux de vouloir dresser une liste exhaustive. Ces causes peuvent être toutefois, me semble-t-il, regroupées sous trois grandes rubriques.
• D’abord, bien sûr, le déséquilibre des forces existant sur le théâtre européen ; de part et d’autre de la frontière symbolique du rideau de fer, se trouvent face à face, sur ce théâtre, deux appareils militaires importants, appartenant à des systèmes socio-politiques opposés, et dont l’un (le soviétique) surclasse l’autre, aussi bien dans le domaine classique que, désormais, nucléaire.
Cependant, ce déséquilibre n’est pas, en soi, un phénomène nouveau ; il résulte à la fois de la remarquable continuité du développement militaire soviétique au cours des vingt dernières années et — simultanément — du relâchement de l’effort de défense des États- Unis après la guerre du Vietnam, accompagné de celui de la plupart des pays occidentaux. Pour prendre un exemple précis, il existait, avant l’apparition des SS-20 soviétiques, des missiles intermédiaires SS-4 et SS-5 qui menaçaient déjà toute l’Europe de l’Ouest, avec sans doute moins de précision, mais avec des charges autrement plus puissantes ; le SS-20 n’a apporté, en fait, qu’un certain degré de modernisation, autorisé d’ailleurs par les accords de 1972.
Le déséquilibre est donc réel, il existe déjà depuis d’assez nombreuses années, mais c’est surtout sa perception qui est devenue plus aiguë, à travers des déclarations politiques qui n’étaient pas toujours exemptes de préoccupations internes et qui se sont trouvées souvent amplifiées par la caisse de résonance des media.
Quoiqu’il en soit, ce déséquilibre (réel) ne m’apparaît pas tel qu’il puisse présenter, dans l’immédiat, un véritable danger d’agression de la part de l’Union soviétique. Cela, bien sûr, à condition que les États-Unis poursuivent leur volonté affichée de redressement et que, de leur côté, les États européens ne « baissent pas la garde » et soient bien conscients du seuil critique en deçà duquel leur capacité de défense cesserait d’être crédible ; cela, bien sûr, aussi, à condition que ne se posent pas, à l’intérieur même du bloc soviétique, des problèmes de cohésion interne d’une telle gravité que le seul moyen pour ce bloc d’y faire face ne soit la « fuite en avant », quels qu’en puissent être les risques.
• Beaucoup plus graves et préoccupants, par contre, m ‘apparais sent les remous et les états d’âme qui ébranlent actuellement le monde libre. Qu’il s’agisse de la détérioration de la confiance réciproque entre les États-Unis et l’Europe ; qu’il s’agisse des mouvements pacifistes, voire neutralistes, qui se sont développés dans presque toute l’Europe du Nord et ont atteint leur point culminant en République fédérale allemande ; qu’il s’agisse des discussions ou des atermoiements auxquels donne lieu le déploiement des euromissiles américains face aux SS-20 soviétiques ; qu’il s’agisse de la rivalité exacerbée entre la Grèce et la Turquie, nous enregistrons les signes d’une possible désagrégation de la solidarité occidentale, dont le bloc soviétique ne manque pas, en maintes occasions et dans beaucoup de domaines, d’exploiter les effets. Or il s’agit d’un phénomène extrêmement dangereux parce qu’il est fondé en grande partie sur la peur, parce qu’il peut conduire à une véritable démobilisation des volontés de défense en Europe et qu’à terme il pourrait entraîner dans l’opinion publique américaine une lassitude (pour ne pas dire plus) que la meilleure bonne volonté des dirigeants ne parviendrait plus à surmonter et dont ils devraient, plus ou moins, tenir compte.
Certes, un sursaut vient d’avoir lieu à Williamsburg et il est intéressant de noter que les discussions de cette conférence « économique » se soient très vite élargies aux problèmes de sécurité et aient conduit les différents participants à insister sur la nécessaire solidarité du monde libre face aux menaces soviétiques. Il reste cependant à voir ce qu’il adviendra, dans les faits, de ces intentions et de ces déclarations, obtenues non sans quelques réticences de certains.
• Dernier élément de ce sentiment de faiblesse : la stratégie de l’Alliance et les structures mêmes de l’organisation militaire chargée de la mettre en œuvre.
La stratégie de la réponse « flexible » ou « adaptée », valable sans nul doute lorsque les États-Unis disposaient d’une supériorité nucléaire incontestée, apparaît, dans les circonstances présentes, quelque peu dépassée ; de même que le principe d’une bataille
« de l’avant », conduite dans un dispositif très filiforme, ne semble plus correspondre à la disparité de volume des forces classiques en présence.
Quant à l’organisation, elle a vieilli, elle s’est alourdie, elle s’est — à certains niveaux — centralisée et automatisée d’une manière excessive ; bref, elle ne répond peut-être plus tout à fait aux phénomènes de soudaineté de déclenchement des crises et à la rapidité de leur développement, tels que l’on peut les observer dans le monde moderne.
Le moment serait donc venu, sans doute, de réfléchir aux améliorations à apporter à cette stratégie et à ces structures et cela d’autant plus que, si elles s’avèrent de moins en moins bien adaptées à une menace d’agression directe, elles sont totalement inadaptées — car ce n’était pas leur but, à l’origine — aux agressions indirectes que nous subissons dès maintenant.
En présence de ces faiblesses accumulées, des voix s’élèvent, chaque jour plus nombreuses, pour prôner la constitution d’une véritable défense « européenne ». Quelles en sont les chances ?
Certes, dans l’absolu, la formule ne manque pas d’attrait et l’Europe dispose, pour la réaliser, d’un certain nombre d’atouts. D’abord, sa démographie , soit quelque 300 millions d’habitants, qui la rendent supérieure, sur ce plan, aussi bien à l’URSS qu’aux États-Unis. Ensuite, ses capacités technologiques et industrielles qui en font un ensemble économique important, capable de dominer l’inéluctable inflation des coûts des matériels militaires, même si elle demeure assez dépendante de l’extérieur pour ce qui concerne certains de ses approvisionnements en matières premières et en produits énergétiques.
Enfin sa situation géographique, qui en fait un théâtre d’opération d’une importance capitale, au carrefour des affrontements Est- Ouest et Nord-Sud, ouvert en même temps assez largement sur le monde par les intérêts et la présence que conservent, outre-mer, certains de ses membres.
Mais ces atouts ne doivent pas occulter un certain nombre de difficultés qui sont encore à surmonter pour parvenir à l’édification d’un « ensemble européen de défense » et qu’il convient donc d’examiner avec le maximum de réalisme et d’objectivité. Sans parler de la composition même de cet ensemble sur laquelle les avis sont partagés (avec ou sans l’Espagne, avec ou sans la Grèce et la Turquie, avec ou non certains pays du Nord), toutes questions qui ne sont cependant pas secondaires, je m’en tiendrai à ce qui m’apparaît constituer les trois difficultés principales.
• D’abord et avant tout, le fait nucléaire qui suppose l’existence d’une autorité politique unique et donc une union politique de l’Europe qui, à mon sens, doit intervenir nécessairement avant l’organisation d’une défense européenne et non pas en être le résultat. Certes, l’idée de défense peut être plus « motivante » que de simples relations économiques et commerciales pour réaliser cette union ; mais c’est seulement lorsqu’une volonté politique commune se sera clairement exprimée, sans réserves, dans les plus hautes instances, que le problème pourra progresser et je ne vois pas pourquoi, dans cet esprit, une Assemblée européenne, élue au suffrage universel, serait, a priori, écartée du débat.
Il est à noter d’ailleurs que toutes les tentatives qui ont été faites, ou tous les jalons qui ont été lancés jusqu’ici, pour établir les bases d’une coopération plus ou moins poussée en matière d’armements nucléaires, se sont toujours soldés par des échecs ; il y a donc là un problème délicat, dont il ne faut pas méconnaître la réalité et qui est particulièrement sensible en ce qui concerne l’Allemagne de l’Ouest, puisque cette dernière s’est engagée — notamment vis-à-vis de l’Union soviétique — à ne pas se doter d’un tel type d’armement.
• La seconde difficulté est de caractère plus psychologique. Pour constituer une entité de défense, encore faut-il que tous les partenaires soient convaincus de la nécessité de cette défense, ne veuillent pas se reposer sur d’autres du soin de l’assurer, manifestent une très ferme volonté dans ce domaine et apprécient tous, d’une manière sensiblement analogue, l’ampleur et la nature de la menace. Or force est de constater que ce n’est pas toujours le cas pour tous les pays européens concernés et même pour ceux qui constitueraient les bases de ce système de défense. Je songe au peu d’effort de défense fait par la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark ; je songe aux mouvements pacifistes et antinucléaires dont la maîtrise est loin d’être
assurée ; je songe, aussi, au caractère toujours un peu « insulaire » de la défense britannique ; je songe, enfin, à l’attitude allemande en matière d’« Ostpolitik » ou de réunification et, d’une manière plus générale, à la grave insuffisance de perception de la menace d’agression indirecte qui me semble caractériser le comportement de la plupart des pays de l’Europe continentale.
• La troisième difficulté est de nature économique. Il n’est pas douteux que, dans une période de crise mondiale, les secousses économiques qui atteignent, sans exception, tous les pays européens, ont plutôt tendance à les séparer qu’à les unir et à conduire à une politique du « chacun pour soi » plutôt qu’à une politique du « tous pour un, un pour tous ». C’est sans doute regrettable, mais, dans ce domaine, l’intérêt prime le sentiment et nous voyons le même phénomène se produire, malheureusement, entre les États-Unis et l’Europe.
Donc il y a certainement un problème de la défense de l’Europe, qui peut aller d’ailleurs en s ‘aggravant, mais je ne pense pas, pour ma part, qu’il puisse être résolu, dans un avenir proche, par l’organisation d’une « défense européenne ». Faut-il, pour autant, « baisser les bras », « laisser aller et ne rien faire » ? Certainement pas, en raison de l’importance même du problème dont dépend peut-être, à terme, l’avenir de notre sous-continent européen. C’est pourquoi j’estime que les réflexions dans ce domaine doivent être poursuivies et approfondies, mais qu’elles devraient, pour l’essentiel, s’articuler autour de quelques idées simples et pratiques, concernant les caractéristiques mêmes du problème à régler. […]
Lisez l’article en entier ici.
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Entering adulthood is never easy. For the 1.8 billion youth in the world today– the most in history– the challenges are particularly daunting. Not only are more than one-fifth of global youth not in employment, education or training, and a quarter affected by violence or armed conflict, but the world itself is facing existential threats to global peace and security. Climate change, economic inequality, and social and political polarization are just a few of the mounting dangers that must be reckoned with in the coming years. To overcome these challenges, the current generation of leaders must better understand, engage, and empower young people as partners– and leaders– in global development efforts.
Better integrating the voices and perspectives of youth in international institutions and initiatives is itself an ambitious task. Young people today remain largely excluded from development programs, ignored in peace negotiations, and denied a voice in most international and domestic decision-making. Yet it is critical and urgent that we do so. Young people today are connected to each other like never before, and are more committed to innovation, social progress, and a sustainable future. They are using and building disruptive new technologies, global social networks, the sharing economy, and clean energy networks. They exemplify the ability of innovation and creativity to transform our world. Investing in these young agents of change is not just essential, it has the potential for a tremendous multiplier effect.
The recently released United Nations Youth Strategy is a step in the right direction, and could serve as a model for countries to begin developing and implementing their own plans. The strategy is the first attempt at an umbrella framework to guide the work of the international body with and for young people, and reaffirms the UN’s message that young people are “an essential asset worth investing in.” Within the strategy, the role of youth is incorporated in the global sustainability agenda via three key pillars: peace and security, human rights, and sustainable development. At its core, the strategy aims to provide a blueprint for joint initiatives and implementation of effective practices before it is too late.
The strategy also outlines the unique position of the UN to challenge and support States to ensure the protection and support for young people, and provides a platform through which their “needs can be addressed, their voice can be amplified, and their engagement can be advanced.” Further, it calls for the coordination, governance and operationalization of a forthcoming action plan that will be applicable through 2030, noting that it will require collaboration between all UN bodies and States in order to ensure its full objectives.
Despite its ambition, the UN’s report is lacking in many ways. The language is often without definitions or even brief substantiations of ideas its presents. It even fails to adopt a single standard age range for “youth”, offering various ranges including 10-24 years, 18-29 years, and 15-24 years. This open-ended approach leaves many more questions than answers, and is not conducive to achieving what it describes as “the realization of sustainable development in the prevention of crises and in the advancement of peace.”
At the end of the day, the UN Youth Strategy is just a first step outlining basic principles for incorporating youth in the global development and sustainability agenda. It is not yet a concrete plan of action that countries can adopt. Substantive explanations and plans for broad concepts must be provided first. For example, the UN should outline mechanisms to include youth in high-level discussions on intercultural and interreligious dialogue, and establish a youth chapter in official negotiations. In addition, the UN should elaborate on the creation and mechanism of youth-specific indicators and how directly applicable they are to pilot projects, initiatives and plans that lead to the goal of achieving the strategy by 2030. One such indicator could be a number of supported and self-sustainable youth initiatives that participate in UN decision-making and consultative bodies, both regionally and globally.
The challenges ahead of us are certainly daunting. The world will need all the innovation and energy it can find if we want to stop climate change, end poverty, and advance social justice. The world’s youth must be empowered to achieve their full potential, and they must have a meaningful role in the global decision-making process. The UN Youth Strategy has set an ambitious objective, but it is up to all of us to get behind it and work to make its vision a reality.
Ally Dunhill is a non-resident fellow working on youth & sustainable peace at TRENDS Research & Advisory, an independent and progressive think tank, based in Abu Dhabi. Emina Osmandzikovic is a researcher at TRENDS working on the intersection of human security and migration.
Ally Dunhill Bio
Ally Dunhill is a researcher, writer and consultant with a wealth of experience gained through teaching, research and leadership roles within the Education sector. She specializes in the study of human rights education, and the participation of children and young people in all aspects that impact upon their lived experiences. She is currently a Non-Resident Fellow of TRENDS Research & Advisory and is currently working as a consultant on a Youth & Sustainable Peace project. She is also an Associate of the Wilberforce Institute for the Study of Slavery and Emancipation (WISE), UK and a Visiting Researcher at the Energy and Environment Institute, University of Hull, UK. Ally was formerly Associate Dean for Student Experience in the Faculty of Arts, Culture and Education, University of Hull. Born in Scotland, Ally has worked for a range of organisations supporting children, young people and their families in the Gulf, Netherlands, Germany and the UK. She has managed and led teams in a range of organisations, including the private sector, mainstream and special schools and multi-agency teams.
Emina Osmandzikovic Bio
Emina Osmandzikovic is an expert on human rights, forced migration and displacement, and big data analysis. She is a researcher at TRENDS Research & Advisory with a focus on the intersection of human security and migration. Previously, she worked for the UNHCR Protection Unit in her home country, Bosnia and Herzegovina, where she conducted extensive field research on highly vulnerable refugee communities and returnees. She also had the opportunity to apply her Arabic skills and interview vulnerable refugees in Jordan with UNHCR/IOM. Additionally, she worked for the Council of Europe in Strasbourg (France), the United Nations Headquarters in New York and as a research assistant at New York University in Abu Dhabi on human rights and zones of security in the Middle East. She holds a Master of Philosophy (MPhil) degree in Politics and International Relations from the University of Cambridge and a BA in Political Science with honours from New York University Abu Dhabi (NYUAD). In 2017, she published her work titled “Immigrants’ Integration Experience in the European Union” in the NYUAD Journal of Social Sciences. Her regional focus includes the European Union and the Middle East.
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American writer Andy Griffith once stated, “Whether a man is guilty or innocent, we have to find that out by due process of law.” For anyone who lives in a democratic society, these basic principles are a given but following Israel’s detention of Lara Alqasem, it appears as though the international media pushed those principles aside.
After Israel detained Lara Alqasem at Ben-Gurion Airport, numerous media outlets across the globe were up in arms.
The Huffington Post called the move anti-democratic. Salon Magazine claimed that her detention goes against the “Jewish liberal tradition.” The Independent stated that detaining Alqasem was an attack on her academic freedom.
However, now since the Israeli Supreme Court has ruled in favor of Alqasem, what do such critics have to say? Do they still view Israel as an anti-democratic state fighting against the Jewish liberal tradition who attacks the academic freedom of any potential critic?
The international media did not behave fairly towards Israel. The Israeli Knesset passed a BDS Law, which barred foreigners active in the BDS Movement from coming to the State of Israel. Israel passed this law because frequently in the past, BDS supporters would come and engage in hostile actions towards the country. It was a law that was passed by a democratic government, who is presently fighting a war against terrorism. When a nation is at war, it is common to pass such laws.
Israel does not ban individuals based on religion and nationality. For Israel, all that mattered was the fact that she served as President of the Students for Justice in Palestine at the University of Florida, which supports BDS. During her tenure, she held an event in support of Palestinian terrorist Rasmea Odeh and promoted the boycott of Sabra Hummus. Given the present political situation in Israel and also the passage of the BDS Law, it was only natural that Alqasem would be detained.
However, even though Israel had every reason in the book to deport her immediately, the State of Israel gave her the right to appeal her deportation all the way to the Israeli Supreme Court and Alqasem was given legal representation. Ultimately, she was successful in her desire to study in Israel because she claimed her support of the BDS Movement was a thing of the past.
According to the Times of Israel, Alqasem erased her social media account in order to hide current support for the BDS Movement. Dr. Dana Barnett, who heads Israel Academia Monitor, a group that monitors anti-Israel activities within academia, also noted how problematic it was for Alqasem’s supporters in the Israeli Supreme Court to argue that the fact that she wished to study in Israel was proof that she was not a supporter of the BDS Movement anymore since BDS Movement co-founder Omar Barghouti studied ethics in the philosophy department at Tel Aviv University. In addition, she proclaimed that Kobi Snitz of BDS from Within, Dr. Neve Gordon, Dr. Rachel Giora and Dr. Anat Matar all advocated in favor of BDS while being part of Israeli universities: “Using Israeli products and services does not stop BDS activists from calling for BDS.”
But these facts were all ignored by the Israeli Supreme Court, who wished to give Alqasem the benefit of the doubt since she was a young student activist and not one of the main leaders of the BDS Movement. This demonstrates that Israel is a democratic country which honors the liberal Jewish tradition and respects the academic freedom of its critics.
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Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°3/2018). Céline Marangé propose une analyse de l’ouvrage de Shaun Walker, The Long Hangover: Putin’s New Russia and the Ghosts of the Past (Oxford University Press, 2018, 288 pages).
Voici un essai sur le poids de l’histoire en Russie et en Ukraine. Son auteur s’interroge sur les « fantômes du passé » (la « longue gueule de bois »…) qui hantent les mémoires et tourmentent les vivants : les ivresses idéologiques et les excès de violence du XXe siècle taraudent encore les consciences. Correspondant du Guardian à Moscou, Shaun Walker cherche moins à développer une argumentation serrée qu’à rassembler des témoignages évocateurs. D’une plume alerte, il brosse une succession de portraits qui composent un tableau d’ensemble.
La première partie explore les ambiguïtés du rapport au passé à partir de quatre événements traumatiques de l’histoire russe contemporaine. Elle montre que l’importance accordée par Vladimir Poutine à la restauration de l’État russe entrave le travail de mémoire et contribue à imposer une histoire officielle. La fétichisation de l’État empêche, en effet, de reconnaître sa nature criminelle à l’époque stalinienne.
Le premier chapitre illustre la perte de repères induite par l’effondrement du communisme et l’implosion de l’Union soviétique. Le deuxième s’intéresse à la mémorialisation de la Seconde Guerre mondiale, objet d’un réinvestissement politique croissant. En atteste la fête du 9 mai qui commémore la victoire sur l’Allemagne nazie avec toujours plus de pompe depuis l’époque brejnévienne, alors que cette journée était auparavant réservée au souvenir des morts. Le troisième chapitre évoque l’écharde tchétchène et son histoire. Il montre comment de la deuxième guerre de Tchétchénie émerge un nouveau contrat social, fondé non seulement sur l’amnistie de milliers de combattants en échange d’une loyauté quasi-féodale à l’égard du président russe, mais aussi sur deux amnésies imposées, celle de la déportation et celle des guerres récentes.
Le quatrième chapitre, sans doute le plus touchant, porte sur la mémoire des répressions staliniennes à partir de l’exemple de la Kolyma. L’auteur cherche – presque en vain – dans la région des traces de ce passé, d’abord à Magadan, puis sur la « route des os ». Il croise le chemin de personnages tragiques tout droit sortis d’un roman de Dostoïevski : Oleg le chauffeur, Panikarov le collectionneur, Olga l’Ukrainienne, déportée sans raison en 1946 et libérée en 1956 avec interdiction de rejoindre sa terre natale. Chacun à sa manière témoigne de l’extrême difficulté que les survivants et les descendants éprouvent à affronter un passé lancinant.
La deuxième partie du livre éclaire les antagonismes du présent à la lueur du passé. Elle montre que les conflits autour de l’Ukraine s’enracinent dans des expériences historiques et des visions opposées du passé. L’auteur revient sur l’histoire de l’Ukraine dans l’entre-deux-guerres puis expose comment, dans les années 2000, le président Iouchtchenko a instrumentalisé la politique de la mémoire et réhabilité des figures controversées pour conjurer sa baisse de popularité.
Particulièrement éclairant, le chapitre sur les Tatars de Crimée explique l’attitude inébranlable des dirigeants tatars après l’annexion de la Crimée à la lumière de l’histoire longue de leur peuple, floué par le pouvoir impérial russe au XVIIIe siècle et déporté par les autorités soviétiques en 1944. Les derniers chapitres décrivent la spirale de la violence et la nostalgie de l’Union soviétique qui ont conduit à la déstabilisation du Donbass.
Toute personne intéressée par la culture politique russe devrait lire ces pages qui offrent, de manière vivante et incarnée, une réflexion sur l’imbrication du passé et du présent.
Céline Marangé
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