(BRUXELLES2) C’est le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj, qui l’a annoncé dans une allocution télévisée. Les Etats-Unis ont effectué, lundi (1er août), des frappes aériennes sur la ville de Syrte, considérée comme le principal fief de Daesh en Libye. C’est une première dans l’offensive américaine contre l’organisation de l’Etat islamique présente en Libye.
Des cibles très « précises »
L’information a été rapidement confirmée par Peter Cook, le porte-parole du Pentagone, qui a pourtant refusé d’entrer dans les détails. Il parle de cibles « précises ». L’une des frappes de lundi a détruit un char de Daesh et une autre a visé deux véhicules des jihadistes, postés stratégiquement pour bloquer la reconquête d’un quartier de la ville par les forces fidèles à Sarraj.
Les frappes vont se poursuivre
Les raids sur Syrte « vont se poursuivre » a expliqué Peter Cook, tout en précisant que ce sera « toujours sur demande du gouvernement d’union nationale » (GNA). Selon nos confrères de RFI, de nouvelles frappes ont déjà eu lieu mardi 2 août, visant les positions de Daesh, cette fois-ci au cœur de la ville.
La prise de Syrte, un enjeu clé pour Sarraj
La demande libyenne ne surprend pas vraiment. Lancée le 12 mai dernier, l’offensive sur Syrte est au ralenti. Les forces du GNA, venues de Misrata et de l’ouest du pays, sont entrées dans la ville le 9 juin mais font face à une forte résistance des djihadistes, qui multiplient les attentats suicides. Les frappes ont « infligé de lourdes pertes (aux djihadistes) à Syrte. Nos forces ont ainsi pu récupéré des positions stratégiques importantes », a déclaré Fayez al-Sarraj.
US plutôt que France ?
Le Premier ministre libyen se veut ferme. Ces frappes interviennent « dans un cadre limité dans le temps » et elles « ne dépasseront pas Syrte et sa banlieue ». Aucune présence terrestre n’est acceptée. « Nous avons demandé l’appui à la communauté internationale, notamment celui des Etats-Unis. Mais nous souhaitons affirmer qu’il n’y aura aucune présence étrangère sur le sol libyen. » NB : Un petit message indirect à la France, après qu’elle ait reconnu la présence de soldats sur le territoire libyen (Lire aussi: Trois militaires français décédés en Libye, confirme le ministre. En service commandé…). « Toute aide doit être effectuée à la demande directe du GNA ».
(Leonor Hubaut)
Voir l’intervention de Sarraj ici
Lire notre dossier N°34. L’Europe face à la crise en Libye (maj1)
(BRUXELLES2) « Les Européens aiment l’Europe mais ils n’aiment pas ce qu’elle est devenue. » Eva Joly, l’eurodéputée française et ancienne candidate d’Europe Ecologie Les Verts aux présidentielles de 2012, s’est unie à la journaliste Guillemette Faure pour dénoncer « la face sombre de [ces] institutions » et les « discussions d’arrière-boutique de ses membres ». Elle parle d’une « trahison des clercs », dont Jean-Claude Juncker est l’incarnation parfaite. C’est aussi la trahison des dirigeants européens, incapables d’éviter le délitement de l’Union européenne, trahissant les espoirs de plusieurs générations. Et « si l’Europe avait fait entrer le loup dans la bergerie ? » s’interroge l’ex-magistrate.
Juncker, l’incarnation du cynisme des paradis fiscaux
Eva Joly accuse notamment l’ancien Premier ministre du Luxembourg (1995-2013) — dont elle dresse un portrait sans fard — d’incarner « le cynisme des paradis fiscaux ». « En quelques dizaines d’années, le Luxembourg est devenu le pays le plus riche au monde par tête d’habitant. Juncker a commercialisé la souveraineté luxembourgeoise pour attirer les multinationales en leur obtenant des accords dans lesquels le taux d’imposition est extrêmement faible. » Il a « dénaturé le projet européen au profit de son pays, en favorisant les pratiques les plus graves du libéralisme ».
Mister nobody devenu indispensable
Une fois débarqué à Bruxelles, Jean-Claude Juncker n’a pas fait beaucoup mieux dénonce la députée écologiste. Il a pourtant eu diverses opportunités. Dès 1991, il devient indispensable. « Il est déjà un des grands architectes du traité de Maastricht, dont il a rédigé plusieurs pages, notamment sur l’Union économique et monétaire. » En 1996, seul à parler français et allemand, il s’impose comme l’intermédiaire, le « chaperon » du couple franco-allemand formé par Jacques Chirac et Helmut Kohl. « Trente ans qu’il arpente les couloirs bruxellois, plus de cent sommets européennes derrière lui, il connait tout le monde. » Pourtant, pour l’opinion publique, « il est mister nobody » juge Eva Joly. Sa conclusion est sans appel. Sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, « il se réclame de Delors mais, à l’inverse de celui-ci, c’est un homme qui s’accommode de l’impuissance européenne, un roi fainéant. »
Un projet européen à l’arrêt
L’eurodéputée dénonce l’atonie du projet européen et la « commercialisation rampante de la souveraineté des démocraties. (…) Avec leurs mensonges et omissions publiques, les dirigeants européens ont ajouté un déni de démocratie ». Le projet européen est à l’arrêt, parce qu’il est menacé par les discussions d’arrière-boutiques de ses Etats membres. Chaque sujet est l’objet de marchandages. Les égoïsmes nationaux menacent l’ensemble de la maison commune. L’agenda politique est dicté par les crises et les scandales. Les engagements sont oubliés aussi vite que s’estompe l’attention des médias. »
Moscovici au service minimal contre l’évasion fiscale
Eva Joly ne se limite pas à croquer le portrait du président de la Commission. D’autres figures de la sphère européenne passent également à la casserole, notamment Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques. Le Français n’a fait qu’un « service minimum » pour lutter contre l’évasion fiscale, dénonce la députée. Les conditions de sa nomination sont également critiquables. « Quand François Hollande n’a pas voulu de Moscovici aux finances de la France, il a estimé qu’il pourrait se charger de celles de l’Europe. La France envoie un dilettante. »
Merkel ne veut pas d’un réformateur
Angela Merkel aussi en prend pour son grade. « La chancelière ne pouvait s’accommoder d’un Français réformateur, fut-il de droite. Mme Merkel et les dirigeants européens ont donc opté pour un homme non menaçant » qui, symbolise « une crise morale sans précédent » et est issu d’un pays qui ne serait que « le laboratoire de l’impuissance politique où l’exercice de la souveraineté est laissé aux soins d’une hyper-classe financière ». Un autre Allemand est également épinglé. L’eurodéputé allemand Elmar Brok, qu’elle rend responsable d’avoir eu l’idée de « repêcher Juncker pour être la tête de liste des conservateurs ».
Des pistes de réflexion
Au-delà des personnes, la députée européenne veut surtout ouvrir des pistes de réflexion pour rénover le « rêve » européen et plaide pour un nouveau rapport de force au sein de l’Union. « Il ne s’agit pas vraiment de lui (Jean-Claude Juncker) mais de nous, de l’Europe que nous voulons. (…) Ce n’est pas pour léguer à nos enfants la caricature de la mondialisation financière que je me suis engagée. » confie-t-elle (*) « Ce livre met les choses en perspective. L’objectif est de créer une discussion pour identifier le problème de l’Union européenne. »
(Leonor Hubaut)
« Le Loup dans la bergerie », Eva Joly, avec Guillemette Faure, édition Les Arènes, 160 pages, 15 euros.
(*) B2 a rencontré l’eurodéputée à Strasbourg notamment lors de la présentation de son livre à la Libraire Kléber, à Strasbourg, début juin
(BRUXELLES2) Juste après son lancement officiel, la nouvelle mission européenne, EUTM RCA, chargée de mettre en place la formation de l’armée, a commencé son travail.
Une première formation pour 40 officiers
Deux cours destinés à 40 officiers centrafricains, commandants de pelotons et compagnies se sont tenus dans la deuxième partie de juillet. La formation, principalement orientée vers le leadership, a permis — selon les informations recueillies par B2 — de détecter plusieurs candidats possibles pour devenir à leur tour formateur de formateurs. Ce programme — dénommé « train the trainers » — est la clé de la mission. Il faut s’ « assurer que les forces armées centrafricaines (FACA) construisent leur propre avenir » explique-t-on côté européen. Un fait positif, au vu le « faible niveau de préparation des Centrafricains ».
Transition avec EUMAM RCA en douceur
Cette rapidité de mise en place des premières formation tient à la bonne préparation avec la mission précédente, EUMAM RCA. « Nous avons défriché le terrain », explique son chef, le général Laugel, avant de passer le relais à EUTM RCA. Depuis janvier dernier, les militaires de EUMAM ont, en effet, préparé la mission suivante. Relais facilité par le fait que les mandats des missions se superposent : conseil stratégique, création d’un cursus militaire, formation des officiers et sous-officiers (Lire: La transition d’EUMAM RCA vers EUTM RCA validée par les 28).
Pas encore de calendrier pour les bataillons
Pour la formation des bataillons, il faut un peu plus de temps. Car doter les forces armées centrafricaines (FACA) de soldats « aptes au combat » ne faisait pas partie du mandat d’EUMAM. Il faut donc tout préparer depuis le début. Pour l’instant, aucun calendrier n’est avancé. Et la formation du premier bataillon ne commencera peut-être pas en septembre, comme prévu à l’origine. Mais cela n’inquiète pas outre-mesure les formateurs européens. « Le mandat prévoit la formation de deux à trois bataillons en deux ans », soit 2000 hommes, souligne-t-on à Bangui. La priorité est surtout d’établir une collaboration sur « de bonnes bases », en s’assurant de « répondre aux demandes » des Centrafricains, plutôt que d’aller trop vite.
(Leonor Hubaut)
NB : Le QG de la mission, ainsi que son camp d’entrainement, regroupant 170 Européens, sont toujours basés dans la capitale centrafricaine au sein de Ucatex. Le même camp que celui utilisé par la mission EUMAM RCA, mais avec plus de double de personnel, la mission se retrouve un plus à l’étroit que prévu.
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(B2) L’équipe de B2 – Bruxelles2 part doucettement en vacances. Et ce blog comme l’édition B2 Pro adoptent un rythme estival. Nous continuerons de publier notamment des articles de fond que nous n’avons pas eu le temps de publier tout au long de l’année. Une veille d’actualité continuera tout au long de ces semaines. L’été promet d’être agité mais la rentrée devrait l’être tout autant. Car les grands problèmes de ce monde (Syrie, Daesh, Libye, Ukraine, Sahel, Somalie…) semblent loin d’être encore réglés. Et l’Europe est désormais dans le noeud de la tourmente sous une triple pression : terrorisme, migrants et réfugiés, crise interne et existentielle avec le départ d’un Etat et les tendances rebelles de plusieurs autres (notamment à l’Est) vis-à-vis de « l’autorité de Bruxelles ».
(BRUXELLES2) Un gang de trafic de migrants, d’origine tchétchène, a été démantelé en Autriche par les polices autrichiennes et hongroises, soutenues par le centre européen contre l’immigration clandestine (CSEM) d’Europol, jeudi (21 juillet). Et 7 suspects ont été arrêtés en Autriche et un en Hongrie. Cela permet d’en savoir un peu plus sur ce réseau et leurs méthodes.
Ce groupe était composé de 25 ressortissants russes d’origine tchétchène résidant en Autriche. L’animateur clé recrutait des chauffeurs en Autriche pour les déployer ensuite en Hongrie. Il était en contact permanent avec des « recruteurs » chargés de recruter des migrants dans les camps de réfugiés en Hongrie. Le réseau criminel est ainsi soupçonné d’avoir clandestinement fait passer plus de 200 personnes.
Les migrants clandestins — de nationalité afghane, iranienne, irakienne et syrienne — payaient environ 300 euros par personne pour aller de Hongrie à Vienne, 700 à 800 euros pour aller de Hongrie en Allemagne. Afin d’éviter d’être détectés par la police, les trafiquants utilisaient des itinéraires de rechange pour entrer en Autriche, en passant par la Slovaquie.
Au moins dix cas de trafic ont ainsi été détectés en Autriche, en Allemagne, en Hongrie et en Slovaquie par les autorités dans les deux derniers mois. Et les chauffeurs arrêtés en Autriche et en Slovaquie. Dans les jours suivants, plusieurs autres suspects impliqués ont été identifiés et arrêtés à leur tour.
(NGV)