(BRUXELLES2) Le nombre de migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée a atteint un niveau record. Avec les deux derniers naufrages recensés jeudi faisant 239 disparus, ce sont au moins 4220 personnes qui ont péri ou ont disparu en mer Méditerranée depuis janvier. Soit largement plus que l’année précédente. Pour l’ensemble de l’année 2015, le bilan avait été de 3771 morts. Il s’agit du « bilan le plus élevé jamais enregistré », a souligné William Spindler, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR), mercredi (26 octobre).
Taux de décès multiplié par trois
Si les migrants « ont été nettement moins nombreux à tenter la traversée de la Méditerranée en 2016 » (plus d’un million de traversées en 2015, contre 327.800 passages en 2016), ils meurent plus. « Alors qu’il y a eu un décès pour 269 arrivées l’année dernière, la probabilité de mourir en 2016 est montée en flèche avec un décès pour 88 arrivées. » Le taux de décès a ainsi « été multiplié par trois ». Une multiplication qui s’explique par la réduction du trafic sur la route Est de la Méditerranée (face à la Grèce) et une augmentation sur la route Centre de la Méditerranée (face à l’Italie).
Réduction des traversées grâce à l’accord avec la Turquie
Une forte réduction des traversées vers la Grèce est observée. Elle est due notamment à l’accord conclu en mars entre la Turquie et l’Union européenne pour freiner les arrivées sur les côtes grecques.
La route libyenne, la plus mortifère
« Sur la route méditerranéenne centrale, entre la Libye et l’Italie, le taux de décès est encore plus élevé, avec un décès pour 47 arrivées ». Il s’agit de l’itinéraire le plus périlleux. Les naufrages sont plus fréquents. Car « les passeurs utilisent maintenant des embarcations de moindre qualité : des canots pneumatiques fragiles qui souvent ne résistent pas au voyage ni aux mauvaises conditions atmosphériques. » Les tactiques des passeurs changent aussi avec, en plusieurs occasions, « l’embarquement simultané de milliers de personnes », afin d’augmenter le profit. « Si cela peut correspondre à une évolution dans la manière de faire des passeurs ou vise à limiter les risques de détection, le travail des sauveteurs est également rendu plus difficile. »
Appel à renforcer les capacités
« Ce taux de mortalité élevé rappelle aussi l’importance de poursuivre de robustes capacités de recherche et sauvetage, sans lesquelles les taux de mortalité seraient très certainement plus élevés », rappelle le porte-parole du HCR.
(Leonor Hubaut)
Pour aller plus loin
(B2) La Somme, un bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) de la marine nationale (française), a rejoint pour quelques jours l’opération Sophia (EUNAVFOR Med) de l’Union européenne pour ravitailler les navires engagés dans la lutte contre les trafics (armes, êtres humains) en Méditerranée centrale (face à la Libye).
L’opération européenne dispose aujourd’hui six navires : le porte aéronef italien Guiseppe Garibaldi (551), qui est le navire amiral de commandement de la force, la frégate allemande Mecklemburg-Vorpomern (F-218), le navire de débarquement RFA Mounts Bay (L-3008), la frégate espagnole Navarra (F-85), la frégate française Courbet et le patrouilleur de haute mer Enseigne de Vaisseau Jacoubet. Elle compte deux ou trois avions : 1 Luxembourgeois, 1 Espagnol et 1 Français (par intermittence).
Le ravitailleur allemand Werra avait dû quitter, temporairement, l’opération mi-septembre pour assurer une opération nationale de récupération de deux ressortissants allemands appartenant à l’ONG « Sea-Eye » et interpellés par les garde-côtes libyens dans les eaux territoriales.
Le Werra est ensuite retourné dans l’opération. Il va être relevé dans les prochains jours par son sister ship le Main (un ravitailleur modifié pour assurer également le ravitaillement de sous-marins) parti le 17 octobre de son port d’attache d’Eckenförde.
NB : Le chasseur de mines Datteln a quitté la mission le 14 septembre. La frégate espagnole Reina Sophia a quitté la mission le 24 septembre relayé par la Navarra après 4 mois passés dans la mission. L’ITS Euro a quitté la mission le 10 octobre. La frégate britannique de type 45 HMS Diamond (D-34) a quitté le bord le 14 octobre.
(NGV)
Mis à jour avec des détails sur le navire Werra
(BRUXELLES2) Les scènes de crime n’ont plus de secret pour les sous-officiers de la Police nationale malienne. Prélèvement d’empreintes, photographie d’une scène de crime, examen des traces numériques… ont été au cœur de la formation de trois semaines organisée par la mission européenne EUCAP Sahel Mali. Les stagiaires ont obtenu le statut d’experts de la Police technique et scientifique (PTS).
Faire parler les « témoins muets »
Investigation, méthodologie, mesures sur place, prélèvements d’empreintes sur un objet ou une personne, conditionnements et stockage ont été au centre de la formation. « L’indice est un témoin muet qui ne ment pas. Il doit être correctement observé et judicieusement interprété » explique un des formateurs européens. Les stagiaires ont été chargés de l’affaire pour élucider le mystère autour du meurtre de Monsieur X, et parvenir à trouver un éventuel suspect.
L’enquête les a conduit à l’examen de trois lieux : l’appartement de la victime, un parking avec un véhicule abandonné et l’appartement d’un suspect. Ainsi, des véhicules, des armes, le corps de la victime ont été étudiés « très minutieusement ». L’exercice a permis de mettre l’accent sur la photographie de la scène de crime, le stockage des indices prélevés, et les traces numériques avec l’examen des téléphones portables, des antennes relais et du trafic internet.
… et laisser place à la justice
Les indices ayant parlé, place au procès-verbal, pièce qui servira à la justice. La bonne rédaction de ce document, absolument nécessaire afin d’éviter que la procédure ne soit invalidée, a concentré une bonne partie de la formation.
(Leonor Hubaut)
(BRUXELLES2) Le premier exercice maritime de protection des frontières, menée par la nouvelle agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes a été menée à Split (Croatie), mardi (11 octobre). L’objectif était de tester l’interopérabilité des différents services sur deux scénarios différents : le premier face à des migrants clandestins à bord du navire et le second face à un acte de terrorisme maritime. Ont participé à l’exercice le Centre des opérations de la Marine et le Centre des opérations de la Garde côtière, le Centre de sauvetage maritime de coordination (MRCC) de Rijeka, les forces spéciales de la police, la police et la navires de la Garde côtière et les avions des Forces armées croates.