(B2) Pourquoi les pourparlers de Vienne sur le nucléaire iranien sont si complexes ? Comment Iran et USA se sont éloignés aussi vite ? Pourquoi est-ce important pour les Européens ? Un des principaux acteurs du processus s’explique. Un point de vue rare, à lire avec attention, pour bien comprendre tous les enjeux de cette négociation
Dans un article publié fin avril dans Politica Exterior, revue espagnole spécialisée sur les questions diplomatiques, le directeur politique du service diplomatique européen (SEAE), Enrique Mora, décrit toute la complexité de négocier un nouvel accord là où il n’y a normalement … « rien à négocier. Tant les engagements nucléaires que les sanctions à lever sont expressément inclus dans le JCPOA. ». Le tout face aux hostilités et réticences qui existent non seulement à Téhéran et à Washington, mais aussi dans les capitales arabes. « Cette méfiance marque le format des négociations, l’impossibilité pour la partie iranienne de rencontrer physiquement la délégation américaine ».
Autre notion à prendre en compte : le temps écoulé depuis la signature de l’accord (en 2015) et les changements géopolitiques depuis. « Il est complexe de gérer une négociation dans laquelle le texte a été approuvé par les parties [et qui] maintenant, étant le même dans son sens littéral, génère des perceptions différentes. »
Une négociation sur le fil du rasoir
Deux négociations en une
En fait, il n’y a pas une négociation, mais bien « deux processus parallèles » en cours à Vienne. La première est assez « formelle », au sein de la Commission mixte, qui rassemble les six participants à l’accord (France, Allemagne, Royaume-Uni, Chine, Russie et l’Iran), plus l’Union européenne qui assure à la fois la présidence et la coordination de la réunion. C’est, en effet, le Haut représentant de l’UE, Josep Borrell, qui a été désigné comme le coordinateur de la commission. Le second processus, beaucoup plus informel, se déroule entre l’Iran et les États-Unis, par intermédiaire interposé.
Iran et USA discutent par l’intermédiaire de l’UE
C’est ce qu’on appelle « des négociations de proximité dans le jargon diplomatique », une modalité dans laquelle les parties n’ont « pas de réunions en face à face en raison de limitations politiques », mais sont dans le même espace physique. En l’espèce, ils sont « tout près », à quelques dizaines de mètres de distance, dans deux hôtels situés sur le Kärntner Ring viennois, discutant par l’intermédiaire du coordinateur de l’UE qui joue « ici le rôle de facilitateur ».
Enjeu : rétablir l’équilibre délicat d’origine
L’objectif des deux processus est le même : faire du JCPOA un accord « opérationnel et efficace ». Pour ce faire, « il est nécessaire de rétablir l’équilibre délicat sur lequel il a été fondé à l’origine : la garantie que le programme nucléaire iranien est exclusivement à des fins civiles, d’une part, et la levée des sanctions imposées par la communauté internationale, de l’autre ». Ces sanctions ont été adoptées lorsque la suspicion d’un programme militaire s’est avérée « plus que fondée ».
Les effets dévastateurs sur l’accord de la politique ‘Trump’
La politique de pression maximale a échoué
« L’équilibre s’est effondré lorsque l’administration de Donald Trump a abandonné l’accord, a réimposé les sanctions précédemment levées et en a ajouté beaucoup d’autres dans le cadre de la soi-disant ‘politique de pression maximale‘ ». Une politique qui « a échoué dans son objectif de ramener l’Iran à la table de négociations et de forcer la République islamique à accepter ce que l’administration américaine précédente considérait comme un accord plus favorable ».
L’effet négatif des sanctions extraterritoriales
Les effets sur l’économie iranienne ont été « dévastateurs ». De pair avec la nature « extraterritoriale » des sanctions américaines, elles ont conduit au « retrait de pratiquement tous les acteurs économiques internationaux et à une sécheresse prolongée des investissements ou des relations commerciales ». Malgré cela, la République islamique a « continué de respecter l’accord pendant un peu plus d’un an ». Un point souvent peu mis en avant dans les négociations.
Le dérapage nucléaire iranien
L’Iran a « finalement » commencé à prendre des décisions nucléaires qui « s’écartaient clairement » du JCPOA. Ces derniers mois, ces décisions ont été accélérées avec des décisions d’une « gravité incontestable », comme l’enrichissement à 60% ou la production d’uranium métal. Toutes ces décisions, et celles en cours, sont intégrées dans les pourparlers de Vienne en tant que « questions à résoudre ». « Ce n’est pas le moindre des problèmes que l’objectif des pourparlers évolue à mesure que l’Iran adopte de nouvelles mesures. Le but bouge pendant que le jeu est joué. »
Les principaux obstacles, politiques, de la discussion
Une série « d’obstacles » émaillent la discussion. « Dans les deux capitales, l’accord a probablement plus de détracteurs que de partisans. » Les raisons sont diverses.
Le prisme américain d’Israël et du Golfe
Aux États-Unis, à « l’hostilité historique » envers la République islamique, s’ajoute un courant de pensée « fortement influent au Congrès, plus soucieux d’adapter la politique américaine aux intérêts de son allié le plus important dans la région que d’analyser l’intérêt national américain au Moyen-Orient ». L’administration Trump a été le « paradigme de ce courant de pensée, subordonnant les relations entre les États-Unis et les pays arabes aux intérêts légitimes d’Israël ».
Le patriotisme nationaliste en Iran
En Iran, derrière l’enjeu nucléaire se reflète, une « tendance fondamentale depuis quelques années » : le remplacement de l’idéologie islamique, « beaucoup moins attrayante pour les générations suivantes par un nationalisme qui a toujours eu un impact énorme sur l’opinion publique iranienne ». De ce point de vue, « toute limitation du programme nucléaire , que personne ne prétend publiquement être militaire, » est considérée comme une « ingérence inacceptable ». « Le soi-disant ‘exemple nord-coréen’ n’échappe pas non plus à cette perception. » Cette situation de « désaffection » se traduit, « avec une force perceptible à chaque minute de la négociation, par la peur « d’aller trop loin » dans les propositions, que ce soit en termes de levée des sanctions ou de retour aux engagements nucléaires. »
Une méfiance extraordinaire entre Téhéran et Washington
Le « deuxième obstacle » est « l’extraordinaire méfiance » entre les États-Unis et l’Iran, qui « remonte à des décennies, et que l’administration Trump a considérablement aiguisée ». Cette méfiance « marque le format des négociations, l’impossibilité pour la partie iranienne de rencontrer physiquement la délégation américaine sur ordre exprès du guide suprême, et donc les pourparlers de proximité. » Mais cela pourrait aussi « marquer les résultats possible ».
L’hostilité arabe et israélienne
Troisième obstacle : « l’extraordinaire hostilité » à l’accord d’une « bonne partie des pays arabes et, bien entendu, d’Israël ». « Mais là aussi, quelque chose est en train de changer. Un bon exemple en est les déclarations de Rayd Krimly, directeur de l’analyse et des prévisions au ministère saoudien des Affaires étrangères, qui place désormais la restauration de l’accord comme une première étape et non comme quelque chose de négatif, rejetable, politique officielle du royaume jusqu’à là ». Même du côté israélien, il « existe des mouvements de personnalités prestigieuses qui ont occupé des rôles importants dans la politique étrangère et de sécurité israélienne ».
Une négociation à haut risque politique pour chacun
Participer aux pourparlers demande à chaque gouvernement « d’investir un capital politique considérable » pour les mener à bien. A cela, il faut ajouter la « parfaite asymétrie » des situations politiques. On a un président (Joe Biden) qui « débute » à Washington et un président (Hassan Rohani) qui « arrive en fin de mandat » à Téhéran.
Négocier sur quoi ?
Un élément marquant de cette négociation, est que normalement « il n’y a rien à négocier ». Tant les engagements nucléaires que les sanctions à lever sont « expressément inclus dans le JCPOA. Certaines discussions pour revenir à l’accord devraient se limiter à la prise de procès-verbaux du retour à l’accord. Et pourtant, ce n’est pas si simple. »
L’effet ‘usure’ du temps
La difficulté vient, « du temps écoulé » depuis la signature de l’accord (six ans !), « des expériences des parties, très négatives dans le cas iranien, et des perceptions que le temps a suscitées dans un contexte de profonde méfiance ». Sans parler « du changement géopolitique depuis janvier 2015 », qui se traduit également par « des attitudes différentes des autres participants » à l’accord. Il est « complexe de gérer une négociation dans laquelle le texte a été approuvé par les parties et maintenant, étant le même dans son sens littéral, il génère des perceptions différentes ».
Le retrait non prévu d’un partenaire
La première chose que le temps a apportée, était « quelque chose à laquelle, apparemment, personne ne s’attendait : le retrait de l’une des parties ». Inattendu. La preuve : à « aucun moment, il n’a été proposé d’introduire des dispositions à cet égard dans l’accord, ce qui est courant dans d’autres instruments internationaux ». Au-delà des effets immédiats sur l’accord, ce retrait a des conséquences politiques sur la négociation du retour. « Ce qui exigeait auparavant un changement de régime, maintenant un simple changement de gouvernement suffit. »
La polarisation américaine
Cette « polarisation » aux États-Unis, qui se traduit par « des virages brusques, parfois à 180 degrés, de la politique étrangère », a eu des effets « dévastateurs » pour le JCPOA. La partie iranienne cherche aujourd’hui à « avoir la garantie que cela ne se reproduira plus, qu’il n’y aura pas d’autre retraits à l’avenir, ou du moins qu’il y aura des garanties pendant plusieurs années pour les acteurs économiques ». Obtenir une telle garantie est « hautement improbable ». Difficile d’empêcher en effet « le jeu démocratique de l’alternance » en vigueur aux États-Unis.
L’acquisition d’un savoir-faire nucléaire ineffaçable
Si Téhéran a toujours été soucieux de souligner que toutes des décisions « contraires à l’accord nucléaire », étaient « réversibles » — avec l’argument ‘nous pouvons arrêter d’enrichir de l’uranium à tout moment et revenir à la limite fixée dans l’accord’ —, ses avancées scientifiques, elles, semblent peu réversibles. « Quiconque connaît la thermodynamique connaît l’irréversibilité existentielle inhérente à tout processus projeté dans le temps ». « Je crains qu’il n’y ait pas d’exception ici. Pour ne citer qu’un exemple, les connaissances acquises par les scientifiques iraniens sont irréversibles. Ils en ont donné une bonne preuve dans la vitesse et en fait, ils ont renoncé à l’accord en seulement trois mois. »
Une leçon pour l’Union européenne
Dans cette négociation, l’Union européenne accomplit deux choses à la fois. Elle coordonne les négociations multilatérales et facilite les négociations bilatérales (entre USA et Iran), et elle défend son intérêt pour la non-prolifération et la stabilité au Moyen-Orient. « Il existe peu de précédents à cette dualité. C’est un élément à ajouter au débat en cours sur la pertinence de l’UE dans un environnement géopolitique différent, beaucoup plus complexe. » « C’est une leçon pour l’Union européenne »
Propos d’Enrique Mora – traduits et mis en évidence pour plus de lisibilité par NGV – titres et intertitres sont de la rédaction.
Repris avec l’autorisation de l’auteur et de Politica Exterior
Lire aussi : Le café de Vienne meilleur pour l’esprit diplomatique ?
Cet article Remettre d’aplomb l’accord sur le nucléaire iranien. Pas facile. Six ans ont passé. La méfiance s’est installée (Enrique Mora) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
Après le conciliabule du 8 mai entre le président et ses chefs d'état-major, projeté sur écran sans le son
Plus d'infos »(B2) La formation des forces de police et des forces armées fait partie de l’ADN des missions de l’UE. Ce mois-ci encore, quelques actions notables en Irak, Libye, en Somalie. Ce que l’on connaît moins ce sont les actions menées en direction de la population, comme en Bosnie-Herzégovine ou en Ukraine…
Mariupol (Ukraine). Rapprocher la police de la population
La mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) a participé à l’aménagement du premier « Open Police Hub » de la ville de Mariupol, la deuxième plus grande ville de la région de Donetsk. L’objectif est de faciliter le dialogue entre la police et la société civile et participer à rétablir la confiance du public dans la police. Le chef d’EUAM Ukraine, le Finlandais Antti Hartikainen, était dans la région pour lancer ce projet. Détails ici
(crédit : EUAM Ukraine/B2)Bagdad (Irak). Ajuster la réaction en cas de manifestations
Alors que les manifestations sont récurrentes en Irak, « l’équilibre entre le droit de manifester pacifiquement, les impératifs de sécurité publique et le maintien de la loi et de l’ordre est essentiel au processus démocratique », rappelle la mission de l’UE de conseil à la sécurité intérieure (EUAM Iraq). Elle a pour cela organisé un atelier sur le maintien de l’ordre en cas de manifestation, avec les premiers concernés (ministère, commandement des forces de l’ordre, etc.). Détails ici
(crédit : EUAM Irak)Libye. Entrainer à réagir aux risques terroristes
Des officiers de police libyens ont participé à un cours d’expertise d’explosifs dispensé par les policiers italiens, avec le soutien de la mission de l’UE d’assistance frontalière à la Libye (EUBAM Libya). Ce cours fait partie des formations antiterroristes dispensées aux partenaires libyens. Détails ici
(crédit : EUBAM Libya)Somalie. Formations communes entre police et militaire, plus qu’un symbole
La police somalienne et l’armée nationale (SNA) ont fait formation commune, pendant six semaines, à la détection et à la destruction des engins explosifs improvisés. Une première, se félicitent les missions de l’UE de soutien aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Somalia) et aux forces militaires (EUTM Somalia), en soutien de cette initiative. « Le cours, axé sur la coopération entre l’armée et la police, devrait permettre à la SNA et aux unités Darwish de la police somalienne d’acquérir des connaissances supplémentaires pour travailler ensemble lors de manœuvres dans les zones récupérées par Al Shabab ». Détails ici
(crédit : EUCAP Somalia)Niger. Deuxième compagnie mobile de contrôle de frontières terrestres, fluviales et lacustres
La nouvelle compagnie mobile de contrôle des frontières (CMCF) devient opérationnelle en mai. C’est la deuxième mise en place par l’Etat nigérien, avec le soutien de la mission UE de soutien aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Niger), et le soutien financier de l’Allemagne et des Pays-Bas. La CMCF compte environ 250 femmes et hommes, répartis en cinq sous-unités. Détails ici
(crédit : EUCAP Sahel Niger/Andre Spangenberg)Bosnie-Herzégovine. Covid-19 oblige, la prévention contre les mines se fait en ligne
L’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) s’est associée au centre d’action contre les mines de Bosnie-Herzégovine (BH MAC) et aux forces armées de Bosnie-Herzégovine (AFBiH) pour une campagne virtuelle de sensibilisation aux dangers des mines. C’est la parade imaginée face à l’impossibilité pour les équipes d’observation de liaison d’EUFOR de se rendre dans les écoles, les associations et les clubs comme les années passées, pour sensibiliser les jeunes et moins jeunes aux risques liés aux restes explosifs de guerre et apprendre à réagir au cas où… L’avantage, c’est que tout le monde peut en profiter. Détails ici et vidéo là
Kosovo. Apporter des réponses aux pères, mères, frères et soeurs de disparus
(crédit : EULEX Kosovo)Le 27 avril marquait la Journée nationale des personnes disparues au Kosovo. L’occasion de mettre l’accent sur le laborieux travail de recherche et d’identification des 1639 personnes encore portées disparues, l’une des activités phares de la mission « État de droit » de l’UE au Kosovo (EULEX). Détails ici. À relire, le reportage de B2, dans les cimetières de Mitrovica.
Méditerranée. Une conférence au long cours
Pour l’opération de contrôle de l’embargo sur les armes vers la Libye (EUNAVFOR Med Irini), c’est l’heure de la réflexion. Principal enjeu du SHADE MED (Shared Awareness and De-confliction in the Mediterranean), la conférence annuelle destinée à partager la connaissance et la déconfliction en mer Méditerranée. Deux premiers débats en ligne ont eu lieu au mois d’avril. L’un (le 19 avril) sur ‘la politique européenne en Libye’, le deuxième (le 28 avril), sur les ‘nouveaux défis géopolitiques dans une Méditerranée en évolution’. D’autres dates sont programmées jusqu’en juin. Détails et vidéos ici
(crédit : EUNAVFOR med Irini/B2)Océan indien. Des nouvelles maritimes à partager
L’opération de lutte contre la piraterie maritime au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta) publie son premier périodique (2 pages), qu’elle espère « utile et informatif ». Il s’adresse à toute la communauté maritime. Le numéro mars-avril est téléchargeable ici et pour s’abonner c’est là.
(crédit : EUNAVFOR Atalanta/B2)Koulikoro et Bamako (Mali). Josep Borrell sur le terrain
Retour en quelques images sur la visite du camp de Koulikoro de l’EUTM Mali (détails ici) et du QG de l’EUCAP Sahel Mali (détails ici) par le Haut représentant de l’UE, le 24 avril, à l’occasion d’un déplacement au Mali, en Mauritanie et au Tchad.
(crédit : EUCAP Sahel Mali – EC – Michele Catani)(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)
NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC
Lire aussi sur le B2 Pro (parus en avril) :
Et sur le blog :
Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (avril 2021) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
(B2 – exclusif) Les ministres de la défense de l’UE ont donné jeudi le feu vert à la planification d’une mission de formation militaire au Mozambique. Le ministre portugais João Gomes Cravinho nous explique les tenants et aboutissants de cette nouvelle mission de la PSDC qui devrait être mise sur pied en 2021
La question du Mozambique figurait à l’agenda de la réunion des ministres de la Défense jeudi (6 mai), parmi d’autres points d’actualité comme le Sahel ou la Libye…
Le Haut représentant a parlé d’un sentiment d’urgence disant que les Européens devaient s’engager. Vous partagez ce point de vue ?
— Il faut agir oui. Dans la région du Cabo Delgado [au Nord du Mozambique], nous voyons à la fois des dynamiques locales particulières et des dynamiques internationales, liées à ce qui se passe en Somalie ou au Sahel. C’est toujours comme çà quand il y a des incursions terroristes : on a des raisons internationales et une alliance locale…
Si on n’agit pas, il y aurait un risque alors ?
— C’est vraiment un risque tout comme à plusieurs endroits du Sahel. Depuis un an, la ville de Mocímboa da Praia [dans le Nord près de la Tanzanie] est déjà non pas gouvernée, mais contrôlée par les groupes terroristes. Et ce pourrait être de pire en pire. Nous risquons d’avoir un territoire entièrement contrôlé par des groupes terroristes. C’est vraiment inacceptable. On ne peut pas tolérer que des portions de territoire échappent ainsi à la souveraineté du gouvernement.
Vous avez l’impression que vos collègues ministres ont bien saisi cet enjeu ?
— Tout le monde l’a bien compris.Beaucoup de ministres – trois-quart au moins de ceux qui sont intervenus — y ont fait référence lors de leurs interventions. Nous devons mettre en place une mission de formation de l’Union européenne. Elle sera dédiée aux forces spéciales. Ce qui est un peu différent des autres missions de formation de l’UE, au Sahel ou en Somalie par exemple.
Les pays vont-ils joindre le geste à la parole, et s’engager ?
— C’est encore très tôt pour dire qui sera là. Il y a des procédures internes dans chaque pays. Certains ont dit : c »est important, mais c’est difficile de participer pour l’instant ; car nous avons d’autres priorités et avons déjà fait la planification pour nos militaires cette année. Mais d’autres ont dit : ‘vous pouvez comptez sur nous ! soit pour une contribution symbolique, soit pour une contribution plus significative. C’est ce qui m’a conforté. Il y a une dynamique suffisamment forte qui est engagée. (1)
Ce sera suffisant ?
— Ce que nous prévoyons, c’est une petite mission, plus petite que celles que nous avons déjà sur le terrain, au Mali ou en Somalie. Elle devrait tourner autour d’une centaine à 120 militaires. Le Portugal s’est déjà engagé à fournir la moitié des effectifs. Ce ne devrait donc pas être trop difficile, je pense, de trouver une cinquantaine ou une soixantaine d’autres parmi les Européens. [Mais] avant, nous avons toute une série de questions à résoudre. Le service européen pour l’action extérieure envoie une mission technique ce mois de mai au Mozambique justement pour identifier le ‘comment faire’ et ‘où exactement’.
Le Mozambique ne veut-il pas plutôt des équipements que des formateurs ?
— Le gouvernement mozambicain veut former ses troupes. Bien sûr, on ne peut pas faire de la formation sans aussi équiper. Nous avons l’expérience au Mali out en Centrafrique : former des forces désarmées, cela ne sert à rien. Ce serait même absurde. Il faut avoir des forces armées. Nous avons maintenant la facilité européenne de paix. Un nouvel instrument. Cela change vraiment la donne. Nous ne sommes pas inquiets sur cet aspect là. Il y aura des solutions. L’équipement viendra en son temps.
La mission ne sera donc pas cependant rapidement sur le terrain ? On parle du deuxième semestre. Ce sera avant fin 2021 ?
— Le processus de planification est un processus technique, mais aussi politique (avec le Mozambique). Le ministre mozambicain de la défense es à Lisbonne pour trois jours à partir de lundi. Nous allons certainement en discuter. Pour répondre concrètement à votre question, la mission européenne serons sûrement sur le terrain avant la fin de l’année. Et j’espère bien avant.
Plusieurs pays ont présenté lors de cette réunion un non paper avec l’idée d’une force d’entrée en premier dans un territoire hostile ? Vous l’avez signé. Pourquoi ?
— Il faut avoir la possibilité d’utiliser l’instrument militaire très rapidement.Il faut avoir la possibilité d’utiliser l’instrument militaire très rapidement. Par exemple, ce qu’on envisage pour le Mozambique, cela prend six mois. Et on peut le faire car le Portugal commence déjà de façon bilatérale, par avance. S’il y a une urgence, une crise immédiate, on ne peut pas attendre six mois. Cela nous demande une capacité plus ou moins permanente, par rotation, pour intervenir si jamais on a besoin, dans un espace de quelques semaines.
Cette force pourrait intervenir sur quelle menace ?
— Nous n’avons pas de menace immédiate aujourd’hui. Mais je ne sais pas si, demain, nous ne pourrions pas avoir notre 11 septembre qui obligerait à une intervention immédiate. Il faut être préparé à toute hypothèse. Dans la discussion que nous avons eu sur les menaces [en novembre dans le cadre de la boussole stratégique], on voit bien émerger cette conscience collective que le monde est de plus en dangereux pour l’Europe. Cette force est une façon de s’y préparer. Cela permet aussi de changer la façon dont on est compris à l’extérieur en tant qu’acteur géopolitique.
Cela signifie la fin des battlegroups qui n’ont pas vraiment été très efficaces ?
— Oui. Je ne pense pas qu’il y ait une vision très positive de l’expérience des battlegroups. La chose positive, c’est qu’on apprend de nos expériences. On doit évoluer, avoir une version beaucoup plus agile, beaucoup plus utilisable, et à court terme. Mais nous sommes encore dans une phase très précoce des discussions. Plus va on entrer dans le concret, plus cela sera compliqué. Sur le plan théorique, c’est toujours plus facile de trouver un consensus…
(Propos recueillis par Nicolas Gros-Verheyde et Aurélie Pugnet)
NB : Trois – quatre pays déjà volontaires pour le Mozambique. Selon certains sources européennes qui l’ont confié à B2, trois ou quatre pays seraient déjà partants : l’Italie, la Grèce et la Roumanie et (peut-être) la Suède. La France pourrait être aussi de la partie. La décision est dans les mains d’Emmanuel Macron. Elle pourrait être réglée dans un entretien de ‘Chef à Chef’, comme souvent, en marge d’un sommet (peut-être ce soir à Porto). De façon concrète, l’étude d’un concept de gestion de crises (CMC) a été enclenchée, première étape de la planification militaire. Lire : Mission EUTM au Mozambique : Josep Borrell accélère le tempo. La planification commence
A suivre : L’Europe doit penser géopolitique, apprendre à se reconnaitre comme un acteur géostratégique (João Gomes Cravinho)
Entretien réalisé en tête à tête en français, à Bruxelles, vendredi 7 mai, dans les locaux de la représentation permanente du Portugal auprès de l’UEPl
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(B2) Deux officiers portugais sont arrivés à Menaka, au QG de la task-force Takuba, depuis une semaine
(crédit : Forces armées portugaises – Archives B2)Le reste du détachement portugais ne devrait cependant pas arriver avant la fin de l’année dans cette force européenne déployée dans la zone des trois frontières. Ce détachement devrait compter entre une quinzaine et une vingtaine de membres des forces spéciales, selon nos informations.
Un délai qui n’est pas dû à un manque de volonté de Lisbonne. Au contraire. Mais qui s’explique par des raisons « juridiques » (1). « La Constitution portugaise est très ferme sur le déploiement de militaires dans d’autres pays », nous a confié le ministre portugais de la Défense, João Gomes Cravinho, dans un entretien exclusif à B2 ce vendredi (7 mai)*.
« Cela exige de signer un SOFA », un accord de statut de forces, « avec chacun des pays : le Mali, Niger, Burkina Faso. C’est ce qui nous empêche aujourd’hui d’être sur place. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
* Entretien réalisé en tête-à-tête ce vendredi (7 mai) à Bruxelles en français
(1) une situation qui découle de l’histoire. La fin de la dictature de Salazar en lors de la révolution des Oeillers ne date que de 1974. Et la décolonisation portugaise a été marquée par le sang et la douleur, particulièrement en Angola et Mozambique. D’où une limitation stricte de l’emploi des forces armées hors du territoire national.
À suivre : la mission de l’UE au Mozambique : une situation d’urgence
Cet article Des Portugais dans Takuba. Quelques officiers aujourd’hui, davantage d’ici fin 2021 est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.
La Provence rapporte ce matin un bizutage hors normes, qui s'est tenu en mars 2019 sur le champ de tir
Plus d'infos »(B2) Les Alliés accélèrent le retrait de leurs troupes en Afghanistan. Suite à l’une des plus longues opérations de l’OTAN, la tâche s’annonce herculéenne et sensible
(crédit : OTAN)Le départ est acté pour les Américains
Prévu à l’origine avant le 1er mai — cela figurait dans l’accord signé entre les USA et les Taliban sous l’ère Trump — le retrait avait été suspendu le temps que la nouvelle administration américaine démocrate de Joe Biden se prononce. Deux mois après son arrivée à la Maison Blanche, la sentence est tombée : les Américains se retirent. Et tout doit être terminé au plus tard le 11 septembre 2021. Date symbolique : vingt ans après les attentats du World Trade Center à New York et sur le Pentagone. Ceux-là même qui avaient déclenché l’intervention en Afghanistan.
Les Allemands suivent
Les alliés vont, eux aussi, organiser leur départ. Le retrait du contingent allemand (deuxième plus gros contingent, fort d’environ 1100 soldats) devrait être achevé d’ici le 4 juillet, a annoncé la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, devant les membres de la commission Défense à Berlin (le 21.04). Selon notre confrère de Augengeradeaus, la date a été communiquée par le QG américain de la mission Resolute Support, pour correspondre à la fête nationale américaine.
… comme les Belges ou Suédois
Côté belge, le retrait des 72 militaires basés à Mazar-e-Sharif « sera achevé pour l’été », a indiqué mi-avril (19.04) Ludivine Dedonder, la ministre belge de la Défense. Trois jours plus tard (22.04), le chef des opérations conjointes suédoises, Michael Claesson annonçait que « le personnel militaire suédois quittera l’Afghanistan au plus tard en septembre, en étroite collaboration avec l’Allemagne et l’OTAN », sans plus de précisions. Sachant que le contingent suédois se résume à 16 personnes, principalement du personnel d’état-major, basé sur le Camp de Marmal, à l’extérieur de Mazar-e Sharif.
La logistique, ce qui sépare l’ordre du désordre
Mais le déménagement s’annonce intense. L’exemple le plus frappant est celui de l’Allemagne. Berlin doit rapatrier l’équivalent de 800 conteneurs de matériels, comme l’indique la Bundeswehr. Le transport aérien sera assuré par les plus gros avions cargo au monde : les Antonov An-124. Dans le cadre du programme SALIS (Strategic Airlift International Solution) de l’OTAN. Côté suédois, leur contribution ne comprend pas de systèmes d’équipement lourds et, donc, aucun moyen de transport spécial n’est nécessaire pour rapatrier le personnel.
Un départ sous tension
Un retrait sans vagues ne pourra donc se faire sans une logistique bien huilée. Dans cette optique, 170 spécialistes allemands de la log’ sont déployés dans le camp de Mazar-e-Sharif. L’objectif est de ne pas trop laisser traîner sur place pour éviter des attentats ou attaques (l’été y étant souvent propice). Des forces de sécurité allemandes et néerlandaises doivent justement assurer la protection de ce retrait contre d’éventuelles attaques. Un peloton de mortiers de la Bundeswehr a été déployé fin avril, avec 80 autres fantassins de la composante terrestre néerlandaise, eux aussi équipés de mortiers. Les forces de la Bundeswehr auront à leur disposition des véhicules protégés avec leurs systèmes d’armes associés et des drones Heron1 et Aladin.
Restitution des terrains
Les bâtiments et les ensembles, avec les infrastructures construites par les troupes de l’OTAN vont être remis à l’administration afghane. Le matériel non militaire qui coûte trop cher à renvoyer (mobilier, fournitures de bureau, etc..) sera, lui, vendu localement ou donné. Lors des négociations de remise, il a été convenu que le terrain de Marmal (base adjacente à l’aéroport de Mazar-E-Sharif) seraient remis « en l’état ».
L’épineuse question des interprètes
La grande inquiétude se situe du côté des interprètes, qui craignent d’être pris pour cible par les Taliban, dès le départ des troupes. Côté américain, un programme spécial existe déjà : le programme de visa d’immigrant spécial (SIV), leur permettant de rejoindre les États-Unis. Pour les 300 afghans qui travaillent pour l’armée allemande en Afghanistan, le gouvernement « offre à chaque membre du personnel local en danger et à sa famille l’admission en Allemagne ».
(Jean-Stanislas Bareth, st.)
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Avec 54 appareils, l’Egypte devient le premier client à l’export, devant l’Inde, le Qatar et la Grèce.
L'info avait fuité hier par le site Disclose : l'Egypte commande un deuxième batch de Rafale, qui
Plus d'infos »S’appuyant sur la jurisprudence le concernant, l’ancien officier de gendarmerie Jean-Hugues Matelly
L’historien Eric Deroo revient sur l’affaire de la « lettre des généraux »
Caliburn International (8500 employés, créée en 2018), maison-mère de l'ESSD Sallyport (dont deux contractors ont été blessés en Irak il y a deux semaines), a l'intention de se scinder en deux entités:
- Acuity International qui s'occupera de génie civil, de technologie et du soutien médical (Sallyport va rester dans cette entité)
- Valiance Humanitarian qui se spécialisera dans l'humanitaire et les populations déplacées et réfugiées.
Cette société sera basée à Los Fresnos, au Texas, à proximité de la frontière mexicaine où le flux de migrants s'est intensifié depuis janvier et où le nombre de mineurs non accompagnés devient assez dramatique. L'une des filiales de Caliburn International, Comprehensive Health Services, a longtemps géré un centre d'accueil pour mineurs à Homestead, en Floride. Ce centre, dont la gestion était critiquée, accueillait 1600 enfants avant sa fermeture en août 2019. Mais le Homestead Center pourrait rouvrir et un appel d'offres est attendu pour sa gestion.
L'annonce de la scission a été faite le 7 avril (lire le communiqué) et la séparation sera effective d'ici au 30 septembre prochain. Comment comprendre cette décision? Caliburn, via Comprehensive Health Services (CHS), s'est lancé dans l'accueil des migrants en 2016 en profitant de la politique de Donald Trump. On notera que l'ancien directeur de cabinet de la Maison Blanche John Kelly est au conseil d'administration de Caliburn depuis 2019. A-t-on jugé utile de prendre des distances pour sauver l'image et la réputation du groupe? C'est probable puisque dans un document fiscal de fin 2018, Caliburn reconnaissait le côté discutable de ses opérations lucratives auprès des migrants et craignait un impact sur son titre boursier.
A noter que Sallyport rempile en Irak pour 9 mois selon un avis d'attribution de jeudi soir:
"Sallyport Global Holdings, Reston, Virginia, has been awarded a not-to-exceed $240,000,000 cost-plus-fixed-fee, undefinitized contract action to provide base operations support, base life support, and security services in the support of the Iraq F-16 program. Work will be performed at Balad Air Base, Iraq, and is expected to be completed Jan. 30, 2022. This contract is the result of a sole-source acquisition and involves Foreign Military Sales to Iraq. Foreign Military Sales funds and foreign military funds in the amount of $117,600,000 are being obligated at the time of the award. Air Force Life Cycle Management Center, Wright-Patterson Air Force Base, Ohio, is the contracting activity (FA8630-21-C-6005)."
L'entreprise va poursuivre ses prestations de soutien et de sécurité sur la base de Balad où sont basés les F-16 irakiens. Pour 8 mois, l'enveloppe prévue est de 240 millions de dollars.
(B2) Il est étonnant que cette question ne figure pas – explicitement – parmi les neuf grands sujets de débat proposés aux citoyens européens à l’occasion de la Conférence sur l’avenir de l’Union. Une opinion de Jean-Guy Giraud *
Une Union à 36
En effet, le sujet de l’évolution des frontières de l’UE d’ici 2030/2035 n’a rien de théorique : six nouveaux États sont actuellement candidats (le “reste” des États balkaniques) et trois autres pourraient le devenir (ceux du partenariat oriental : Ukraine, Biélorussie et Moldavie). L’Union du “futur » pourrait ainsi passer de 27 à 36 États membres avec toutes les conséquences potentielles sur le plan politique, économique, budgétaire, institutionnel, sociétal …
Un échec de l’élargissement précédent
L’expérience du grand élargissement vers l’Est de 2004-2007 a montré que, presque vingt ans après, l’adhésion des douze nouveaux États pose des problèmes que l’UE n’est toujours pas parvenue à surmonter. À un point tel que l’on a pu parler d’un double ‘échec de l’élargissement’ : une intégration difficile de ces États dans le modèle/système européens et un affaiblissement de l’unité et de la solidarité au sein de cet ensemble. L’opinion publique, bien consciente de cette situation, en est largement perturbée et s’interroge sur la possibilité d’y remédier. La perspective d’un nouvel élargissement à un tel “paquet” d’États – encore moins bien préparés à l’adhésion que ceux du “paquet” précédent – ne fait qu’accroitre ces craintes et amener l’opinion à se détacher/désolidariser d’un projet européen dont elle ne distingue plus les tenants et les aboutissants.
Une affaire trop délicate pour être débattue ?
Dès lors, comment les organisateurs de la Conférence ont-ils pu faire l’impasse sur cette question? Comment peut-on passer sous silence la question des futures frontières de l’Europe et de la viabilité d’une UE36 s’étendant de Lisbonne à Kiev ? Sans doute a-t-on estimé, en haut lieu, que l’affaire était trop délicate – et peut-être trop polémique – pour être exposée sur la place publique. Qu’un impératif catégorique de nature géopolitique l’emportait sur toute autre considération – fut-ce au prix d’une dénaturation du projet européen poursuivi jusqu’ici. Que la résistance aux hégémonies russe et turque, la stabilisation politique et démocratique régionale, le développement du marché intérieur, etc .. imposaient, coûte que coûte, une poursuite du processus – de la “stratégie” – d’élargissement.
Cette argumentation a tout son poids et peut être défendue – à condition de démontrer qu’elle ne met pas en péril la notion même d’Europe unie et que les réformes nécessaires pour maintenir cette unité soient précisées et programmées. On le voit : un beau sujet de débat qu’il serait dommage, voire irresponsable, de passer sous silence lors d’une grande Conférence publique sur l’ ”avenir de l’Union”.
(Jean-Guy Giraud)
*Ancien administrateur du Parlement européen, secrétaire général de la Cour de Justice et directeur du Bureau du Parlement européen en France, Jean-Guy Giraud a aussi été le président de l’Union des Fédéralistes européens-France. Il édite le site des amis du traité de Lisbonne
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Pour ceux que le sujet intéresse, voici deux textes récents qui traitent du recours par l'Etat russe aux société militaires privées. Certes la littérature sur le groupe Wagner et les autres SMP russes est copieuse mais ces deux articles méritent un peu d'attention.
Le premier est paru le 27 avril dans Newsline Magazine sous la plume de Ruslan Trad. Il est titré: "The Soviet Origins of Putin’s Mercenaries Methods perfected during the occupation of Afghanistan are now in wide use among Russia’s corporate guns for hire". C'est un bon sujet sur la genèse des SMP russes et de Wagner en particulier.
Le second intitulé "The US military must plan for encounters with private military companies" a été publié par Rodrick H. McHaty et Joe Moye, le 30 mars 2021 sur le site de la Brookings. Joe Moye, un lieutenant-colonel du Coprs des marines et par ailleurs chercheur au Center for Strategic and International Studies, a été interviewé par Tom Temin du Federal News Network sur ce même sujet. L'entretien est à lire/écouter ici.
Wagner, une fausse note?
Qu'est-ce qui différencie l'activité des SMP/ESSD russes de celle des entreprises anglo-saxonnes? Toutes agissent dans le sens ou pour le compte de leurs autorités nationales.
Par ailleurs, si l'on considère l'histoire du mercenariat, qui a été pendant près de 40 siècles une norme militaire, il est clair que le recours aux mercenaires est d'abord déterminé par une sous-capacité (humaine, matérielle, technologique). Pour en atténuer ponctuellement ou durablement les effets, les pouvoirs politiques vont chercher dans le privé les effectifs et les moyens qui leur manquent.
Depuis l'Antiquité égyptienne jusqu'au XIX siècle, les mercenaires ont rempli des missions offensives, combattant en première ligne sur les champs de batailles d'Europe, d'Afrique, d'Orient et d'Asie, quitte à s'entre-tuer comme les Suisses lors de la bataille de Malplaquet (1709). C'étaient bien les mercenaires qui mettaient en oeuvre la force létale. Les exemples (condottieri, service étranger suisse, corsaires, etc.) en témoignent tous. Sur ce sujet, je renvoie vers mon livre de 2006 sur l'histoire du mercenariat paru aux éditions Ouest-France.
Depuis les années 1990, les sociétés militaires privées ont effectué un retour notable dans l'environnement immédiat des armées nationales qui externalisent de nombreuses fonctions. Mais la nature des services rendus a évolué. Les entreprises spécialisées proposent désormais des prestations qui vont de la formation au renseignement, en passant par le soutien médical, la sécurité, le déminage, la logistique et le MCO (voir Les nouveaux entrepreneurs de la guerre, mon essai sur l'externalisation en matière de défense en France, publié en 2011 chez Vuibert).
L'externalisation tous azimuts ne touche pas en revanche la mise en oeuvre de la létalité offensive et de la force armée qui restent bien du domaine quasi exclusif des agences étatiques.
Toutefois, des SMP russes, mais aussi turques, participent directement aux combat, ne se contentant plus d'intervenir en soutien des forces armées mais remplissant la mission régalienne de la mise en oeuvre de la force armée. C'est à la fois un retour à la norme et une rupture d'avec la nouvelle tendance de SMP évoluant dans les domaines de la sécurité, de la formation, du soutien, du renseignement etc, sans prendre une part effective et directe aux opérations de combat.
Joe Biden avait annoncé la fin des travaux sur le mur anti-migrants à la frontière avec le Mexique. S'était alors posée la question des travaux en cours et de ceux à venir selon les plans de la Maison-Blanche.
Le Pentagone a annoncé vendredi soir qu'il mettait un terme à tous les chantiers en cours et à venir et qu'il allait réaffecter les fonds piochés par l'administration Trump dans les poches du DoD (le ministère de la Défense) aux travaux pour lesquels ils étaient initialement prévus.
Le communiqué précise que les fonds iront à "la construction d'écoles pour les enfants des militaires, à des projet de construction à l'étranger, dans des pays partenaires, à l'équipement de la Garde nationale et de la Réserve".
Selon des médias US citant la Maison Blanche, le montant total des fonds soit fléchés vers le mur à la frontière mexicaine soit déjà versés aux entreprises s'élèverait à 14 milliards de dollars (13,27 milliards selon les chiffres du Congrès).
Ce n'est pas le montant dont le DoD disposera pour effectuer les travaux et construction initialement prévu avant la décision de Donald Trump. Mais les fonds dont le DoD va retrouver la jouissance pourraient dépasser les 11 milliards de dollars.
Des travaux de réhabilitation des sites endommagés par les chantiers du mur, la rénovation de digues contre les crues dans la vallée du Rio Grande et des travaux de lutte contre l'érosion dans le secteur de San Diego vont être lancés et financés grâce aux fonds réattribués. L'enveloppe pour ces trois projets est de 1,4 milliard$.
Sur le chantier du mur, on lira un rapport du CRS: "Funding U.S.-Mexico Border Barrier Construction: Current Issues".
A lire aussi un rapport du GAO: "Border Security: Assessment of the Department of Homeland Security's Border Security Improvement Plan".
(B2) Un membre de la mission de l’UE de renforcement auprès des forces de sécurité intérieure somaliennes est décédé à l’hôpital de Nairobi le 21 mars. Il avait contracté le virus COVID-19 durant ses fonctions en Somalie, indique la mission EUCAP Somalia dans un communiqué diffusé le 6 avril.
Il était un expert en gestion civile des crises détaché par le Centre de gestion des crises (CMC) Finlande auprès d’EUCAP Somalie, dans le cadre du soutien au développement du secteur de la sécurité. Son nom n’a pas été révélé par souci de préserver l’intimité familiale.
C’est le 63e mort que l’Union a à déplorer dans le cadre de sa politique extérieure et de sécurité commune depuis ses débuts selon la base Memoriam de B2.
(NGV)
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L’armateur français vient de passer commande au constructeur chinois CSSC d’une nouvelle série de porte-conteneurs propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL). La commande comprend six navires de 15.000 EVP et six autres de 13.000 EVP. La commande comprend également la construction de 10 autres bateaux de 5500 EVP à propulsion classique. Ces navires seront livrés entre 2023 et 2024.
Le 8 mai prochain, se déroulera l'inauguration de l'allée "Philippe-Kieffer", à Bohars, dans le Finistère. Cette cérémonie aura lieu en présence de Dominique Kieffer (la fille du commandant Kieffer) et probablement en présence de Léon Gautier (né en 1922 à Rennes), l'unique membre encore en vie du commando Kieffer.
Cette inauguration sera aussi l'occasion de découvrir une nouvelle BD parue le 31 mars et consacrée au commandant Kieffer. Le scénariste Jean-Yves Le Naour sera présent à cette cérémonie. Historien, né en 1972 à Meaux (Seine et Marne), il est docteur en histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l'histoire du XXe siècle. Depuis 2014, il scénarise les bandes dessinées historiques pour la collection Grand Angle.