Le goût des conservateurs pour les aventures malheureuses laisse pantois les partenaires de Londres : presque un an après le hasardeux référendum du 23 juin 2016 qui a donné la victoire au Brexit, ils ont eu droit au coup de poker perdu de Theresa May… Si le résultat de ces législatives anticipées du 8 juin ne remet pas en cause la sortie du Royaume-Uni de l’UE, les conditions dans lesquelles elle se passera deviennent incertaines, Theresa May n’ayant pas obtenu «le mandat fort et clair» qu’elle demandait pour négocier un «hard Brexit». Or l’horloge tourne : les négociations, qui doivent officiellement commencer le 19 juin (rendez-vous confirmé par la Première ministre) devront être terminées d’ici au 29 mars 2019 à minuit, sinon le Royaume-Uni sautera dans le vide.
Une telle hypothèse prend corps puisqu’il «y a une tension entre le message populaire, qui n’est pas favorable à une rupture totale avec l’Union, et le résultat des élections, qui va faire dépendre la survie du gouvernement May des franges les plus extrémistes du Parti conservateur», observe un diplomate français de haut rang. «C’est totalement paradoxal : les citoyens sont contre un hard Brexit, mais ils ont renforcé les tenants du hard Brexit», ajoute-t-il. Theresa May va donc aborder les négociations avec l’Union européenne dans une position de très grande faiblesse. «On est suspendu à ce qui va se passer à Londres, confie un diplomate européen. Quelles leçons la Première ministre va-t-elle tirer de ces élections ?» A Bruxelles, on craint qu’elle devienne encore plus imprévisible qu’elle ne l’était en changeant sans cesse de ligne en fonction des rapports de force internes. Car elle s’est placée elle-même dans une seringue : «Si elle se montre trop laxiste, elle perdra le soutien des durs de son parti. Mais si elle se montre trop dure, elle n’aura pas de majorité au Parlement, les travaillistes et les Ecossais voulant garder autant que se peut les avantages du marché unique», ajoute un autre diplomate. Surtout, «elle a perdu l’élément de chantage qu’elle avait sur l’Union en menaçant, si on ne faisait pas droit à ses exigences, de transformer son pays en paradis fiscal et social. Or les Britanniques ont montré qu’ils ne voulaient pas d’un démantèlement de l’Etat social et nous le savons tous», analyse ce fin connaisseur des enjeux du Brexit.
On se demande aussi à Bruxelles comment Theresa May va parvenir à se débarrasser de la promesse imprudente qu’elle a faite en s’engageant à régler le statut futur du Royaume-Uni vis-à-vis de l’Union avant la conclusion des négociations sur le Brexit, ce que refusent les Européens. «Si elle a convoqué ces élections anticipées, c’était aussi pour se donner deux ans de plus, jusqu’en 2022, pour conclure un accord de libre-échange après le Brexit, car elle sait que c’est impossible d’ici à 2019. Mais pour ça, il lui fallait une majorité à sa main, ce qu’elle n’a pas obtenu», s’amuse un diplomate français de haut rang, qui se demande comment la locataire du 10, Downing Street va parvenir à se sortir de ce piège. Car s’il n’y a aucun accord sur le statut futur du Royaume-Uni, la Chambre des communes risque de retoquer le résultat des négociations. Si résultat, in fine, il y a… Bref, comme le résume Manfred Weber, le président du groupe PPE (conservateur) au Parlement européen, May «voulait de la stabilité, mais elle a plutôt apporté le chaos à son pays».
A Paris, on ne dit pas vraiment autre chose : «On sait que le résultat des négociations sera mauvais pour le Royaume-Uni, mais on peut divorcer soit de manière ordonnée - c’est-à-dire en donnant au pays des périodes de transition nécessaires afin de limiter les effets négatifs du Brexit -, soit de manière désordonnée. Et là ça fera très très mal.» A la Commission européenne de Bruxelles, on se demande si les autorités britanniques ont vraiment pris la mesure des défis qui les attendent, à la fois pour transposer dans leur droit l’ensemble de la législation communautaire, ce qui imposera, par exemple, de créer toute une série d’autorités qui n’existent pour l’instant qu’au niveau européen, mais aussi pour ménager les intérêts de leurs entreprises. Or Theresa May vient de faire perdre deux mois précieux à son pays, puisqu’il ne s’est rien passé depuis le 29 mars, date à laquelle elle a activé l’article 50 du traité sur la sortie de l’UE. Et face à elle, le bloc des Vingt-Sept n’a jamais été aussi uni, et uni sur une ligne dure. L’avenir du Royaume-Uni s’est donc un peu plus assombri jeudi.
N.B.: article paru dans Libération du 10 juin
On Tuesday 13 May, the European Commission announced, at the European Parliament in Strasbourg, the launch of an infringement procedure against three Member States of the European Union (Hungary, Poland and the Czech Republic). These States did not comply with their legal obligations stated in the European Agenda on Migration adopted in 2015, created to stabilise the migration flows and better manage external borders.
The European Commission has already warned these countries several times and declared last May that if no action is taken by June 2017, that procedures would be launched against them. Some other Member States like France support the action of the European Commission and insist on the necessity to respect legal obligations, especially when dealing with security.
Since January 2017, almost 10,300 persons have been relocated and the total number of relocations since the beginning of the program is 20,869 (13,973 from Greece and 6,898 from Italy). All other Member States are contributing to the effort to relocate people from Italy and Greece. They will have to continue their actions and intensify their efforts.
In terms of resettlement, 16,419 of the 22,504 resettlements agreed upon in 2015 have been completed. In May 2017, almost 1,000 refugees from Syria were able to come to Europe through safe and legal ways under the EU-Turkey Statement.
To date, Poland, Hungary and the Czech Republic have not yet taken the necessary actions:
Hungary and Poland have not yet relocated a single person. The Czech Republic has only relocated 12 people since September 2015. These three States still refuse to participate in the European program concerning asylum seekers from Italy and Greece.
The Commission requires these countries’ compliance with their legal obligations and has insisted on the necessity to accelerate the efficient roll-out of the European Border and Coast Guard plan.
Today, Wednesday 14 June, these three Member States will receive an official notification on the launch of the infringement procedure. This notification constitutes the first step. If no solution is found, the matter could be brought before the European Court of Justice (Luxembourg) and may lead to financial penalties.
Commissioner for Migration, Home Affairs and Citizenship Dimitri Avramopoulos said: « Our Union is based on solidarity and the sharing of responsibility. These fundamental values apply to all our policies and migration is no exception. We cannot and we will not leave those Member States with an external border on their own. And when it comes to relocation, let me be crystal clear: the implementation of the Council Decisions on relocation is a legal obligation, not a choice. »
Sabrina Terentjew
Sources:
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-1587_fr.htm
Ce vote n’est encore qu’une proposition, la décision doit encore être soumise aux votes des membres du CIO les 11 et 12 juillet et pour cela la Charte olympique n’a pas besoin d’être révisée. A première vue, la décision de la commission exécutive profite à tout le monde. Situation inédite, les contestations sont peu probables, à la différence de quasiment tous les précédents. Les deux villes candidates semblent conciliantes l’une vis-à-vis de l’autre et cela est à peine croyable et oblige les prudents à dire que des surprises sont toujours possibles. Dans le même temps, ces prudents disent que 2024 pour Paris, 2028 pour Los Angeles est chose acquise.
Qu’importe, il n’est pas trop tôt pour inscrire Paris 2024 dans une dimension européenne, même si le vote final interviendra à Lima le 13 septembre prochain. Il n’est jamais trop tôt pour construire une nouvelle identité de l’Europe grâce au sport .
A ce titre, il faut souligner que le Parlement européen, le 6 juin, a apporté son soutien à la candidature de Paris, alors qu’il ignorait la décision de la commission exécutive intervenue quelques jours plus tard. Le Comité de Paris 2024 a présenté sa candidature, son projet, sa vision. Il l’a fait devant l’intergroupe parlementaire Sport que préside avec dynamisme le socialiste belge Marc Tarabella. Etaient présents, Bernard Lapasset co-président du Comité Paris 2024 et la toute nouvelle ministre des sports, Laura Flessel, plusieurs fois médaillée d’or à l’escrime. Ils ont décrit leur projet et Laura Flessel a souligné que « Le projet de Paris 2024 porte bien au-delà de la France. Je suis fière de l’enthousiasme qu’il suscite chez nos voisins européens, comme en témoigne le Conseil des ministres des sports de l’Union européenne du 23 mai et comme en témoignent aujourd’hui les députés européens. Cette mobilisation fait de Paris 2024 un projet fédérateur des valeurs qui nous unissent ». A moins de 100 jours du vote formel, le Parlement européen apporte donc son soutien, un soutien sans réserves. Cela est important et mérite d’être souligné, même si la « grande » presse française est restée muette sur le sujet.
Le président du Parlement européen Tajani a apporté lui aussi et sans aucune réserve son plein soutien : « ce n’est pas seulement une candidature française, mais une candidature européenne » a-t-il lancé devant l’intergroupe parlementaire. Il a appelé à pousser « dans la bonne direction ». Cette candidature est la seule européenne, soulignait Bernard Lapasset. « Nous avons toutes les clés en main pour proposer un projet qui aura un impact extraordinaire sur la vie des Français et des Européens ».
Comme le rapporte l’agence de presse Belga, « l’accessibilité, responsabilité et durabilité sont les trois principes qui ont guidé les organisateurs qui annoncent des tarifs accessibles aux spectateurs à moins de 24 euros. En termes de responsabilité, les organisateurs ont annoncé un impact carbone réduit de 55% par rapport aux derniers jeux de Rio et Londres. Enfin, en matière de durabilité, les organisateurs ont exprimé leur volonté de mettre le sport au cœur de la société par la promotion de l’éducation par le sport, du vivre ensemble, de l’amélioration du regard sur le handicap ou encore la valorisation des territoires ».
Le Think Tank « Sport et citoyenneté » a saisi l’occasion pour enregistrer un nouveau numéro spécial de son émission Sport Corner consacré à cette rencontre avec les parlementaires. (cf. «Pour en savoir Plus »)
Bien entendu, Marc Tarabella a apporté tout son soutien , mais en renvoyant la balle vers la Commission pour ce qui est d’un éventuel support financier : « ce n’est pas de notre compétence exclusive, mais si la Commission exprimait cette volonté, nous y répondrions volontiers ». Mais il n’a pas caché qu’il était très réservé, pour ne pas dire opposé, à une intervention dans le secteur des infrastructures. En revanche, il est chaleureusement en faveur de financements pour tout projet socio-éducatif favorisant la rencontre de tous les jeunes européens. C’est une occasion unique pour faire de ces jeux la fête de la jeunesse européenne, une sorte de « super erasmus » d’un type bien particulier et aussi une occasion de démonstration de la citoyenneté européenne.
Eu-logos a toujours voulu militer pour une dimension authentiquement européenne du sport. En témoigne sa série d’articles repris sous le titre générique le « sport en danger ». Il est en effet dangereusement menacé d’abord par l’argent à l’origine de ces grandes plaies que sont : le dopage, les match, les paris et résultats truqués, la violence dans les stades, le racisme, la misogynie, les dépenses excessives, les trafics de très jeunes sportifs ( souvent d’origine africaine et âgés de moins de quinze ans), trafics en tout genre et corruption pour l’organisation de grands événements internationaux, exacerbation des nationalismes avec leur lot de violences. Tous s’appuient sur la grande criminalité internationale organisée . La simple énumération de ces graves dérives montre bien que la solution ne se trouve pas à l’intérieur des frontières nationales. Le Parlement européen et sa commission LIBE devrait s’en saisir par une action déterminée pour contenir la propagation de toutes ces dérives qui rendent illusoire la réalité de ce que l’on nomme « l’espace de liberté, sécurité et justice ». La préparation des futurs jeux Olympiques constitue une occasion en or pour organiser et mener le combat.
Henri-Pierre Legros
Pour en savoir plus :
– http://www.francsjeux.com/2017/06/09/paris-aura-les-jeux-los-angeles-aussi/35667
– https://fr.news.yahoo.com/jo-2024-cio-recommande-officiellement-171721573.html
– Sport Corner http://www.dailymotion.com/video/xydcra_sport-corner-1-sport-et-sante-en-europe_sport
– Laura Flessel présente la candidature de Paris au Parlement européen https://mt.ambafrance.org/J-O-2024-Laura-Flessel-presente-la-candidature-de-Paris-au-Parlement-europeen
– L’IRIS : le sport outil d’inclusion sociale http://www.iris-france.org/evenements/le-sport-comme-outil-dinclusion-sociale/
– JO 2024: le Parlement européen soutient officiellement la candidature de Paris http://www.lesoir.be/98353/article/2017-06-06/jo-2024-le-parlement-europeen-soutient-officiellement-la-candidature-de-paris#