Alors que les combats font rage à Aden entre les rebelles Houthis et les forces du président yéménite, soutenues par des raids aériens d’une coalition arabe, trois bâtiments de la Marine nationale assurent l’évacuation de ressortissants français et internationaux. Le 11 février 2015, compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire au Yémen, le gouvernement français avait déjà incité l’ensemble des ressortissants français à quitter le pays.
Le samedi 4 avril 2015, alors que la situation se dégrade sérieusement aux Yémen, le Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Dixmude déployé en océan Indien avec la frégate légère furtive (FLF) Aconit dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc 2015, assure l’extraction de quarante-quatre personnes de différentes nationalités dans le secteur menacé de Bal’ha. Les ressortissants sont transférés sur le BPC par l’intermédiaire d’un Engin de Débarquement Amphibie Rapide (EDAR) embarqué sur le navire. Bal’ha est une ville située à trois cents kilomètres à l’est d’Aden qui comprend un vaste terminal méthanier.
Le lendemain, le patrouilleur Adroit engagé depuis peu en océan Indien dans le cadre de l’opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie et la frégate Aconit décident d’évacuer soixante-trois ressortissants de la ville d’Aden au Sud du Yémen. Vingt-cinq personnes, parmi eux vingt-trois français dont treize enfants, sont transférées sur l’Adroit au moyen des embarcations rapides du patrouilleur. Dans le même temps, l’Aconit recueille à son bord trente-huit ressortissants de différentes nationalités évacués depuis le port d’Aden par des vedettes des garde-côtes yéménites. Opérations menées en étroite collaboration avec les autorités locales.
Une fois les évacuations achevées, l’Aconit et l’Adroit se sont éloignés du Yémen pour rejoindre le Dixmude resté au large où les soixante-trois personnes recueillies sont transférées sur le BPC à l’aide des hélicoptères Puma de l’armée de Terre, embarqués dans le cadre de la mission Jeanne d’Arc. Le BPC, rejoint par l’Aconit, a mis le cap sur Djibouti, où il est arrivé le dimanche soir avec en tout cent-sept ressortissants. Quant à l’Adroit, il a repris ses opérations au profit d’Atalante.
La Vigie n° 13 est parue.
Yémen, déclencheur ou révélateur ?
La crise yéménite a pris ces derniers jours soudainement un tour beaucoup plus visible, alors que seuls les spécialistes regardaient se développer des évolutions marquées depuis quatre mois. Nombre de commentateurs s’alarment soudain du risque d’un embrasement régional, comme si la région ne subissait pas, depuis maintenant quatre ans, l’accumulation incandescente de conflits enchevêtrés. Aussi faut-il voir dans l’actuelle guerre en « Arabie heureuse » (surnom traditionnel du Yémen) plus le révélateur d’affrontements géopolitiques sous-jacents que le déclenchement d’une guerre régionale généralisée.
Mise en garde nationale
Nous y voilà. La semaine dernière, un Conseil de défense semble avoir freiné la glissade continue de notre posture militaire Les effectifs de l’Armée de Terre (et non ceux de l’Armée comme l’ont titré des journaux mal avisés) vont être réévalués pour faire face à la menace intérieure (autre formulation imprécise peu républicaine). L’attaque terroriste du début janvier 2015 a réintroduit le territoire national au cœur des responsabilités militaires. Même si la Gendarmerie et la Marine, « nationales », l’Armée de l’Air ou le Service de santé assumaient déjà normalement leurs parts régulières de la sécurité, de la protection et des soins de la population française. Même si un dispositif d’urgence au long cours, Vigipirate, engageait déjà une partie des forces armées (de l’Armée de Terre principalement) dans la protection des points sensibles. « Sentinelle », le nouveau dispositif prescrit, destiné à durer, mobilise désormais en principe 7000 militaires, autant que le contrat opérationnel d’action extérieure du dernier Livre blanc. L’actualisation de la loi de programmation militaire 2014/2019 va devoir y mettre rapidement bon ordre alors que le budget 2015 est sous-financé avec des montages qui opposent Bercy et Brienne. Cette brutale mise en garde du territoire national suggère quelques commentaires car un château de cartes conceptuel s’effondre sous nos yeux, la fragilité nationale s’expose désormais à la vue de tous et la nécessité sécuritaire d’une citoyenneté encadrée se redécouvre. C’est de cohérence stratégique et tactique dont nous avons le plus besoin. On va le voir.
Le samedi 21 mars 2015, un avion de surveillance maritime C26 du Regional Security System (RSS) basé à la Barbade, détecte et piste un Go Fast au comportement suspect. À une cinquantaine de nautiques à l’ouest de la Barbade, la frégate de surveillance Germinal prend en chasse le Go Fast qui rejette à la mer des ballots de drogue avant d’être arrêté.
Pris en chasse par la frégate de surveillance Germinal à une cinquantaine de nautiques à l’ouest de la Barbade, le Go Fast rejette à la mer des ballots de drogue avant d’être arrêté. Environ 184 kilogrammes de cocaïne et 33 kilogrammes de marijuana sont récupérés par le Germinal et remis aux enquêteurs de l’antenne Caraïbes de l’Office Central pour la Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS) pour destruction. Les sept présumés narcotrafiquants sont placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête judiciaire sous l’autorité du procureur de la république.
Cette opération porte le bilan de ce début d’année 2015 à plus d’une 1,2 tonnes de drogue saisie en mer par l’action conjointe des services de l’État français dans la zone Antilles-Guyane.
Agissant dans le cadre de l’Action de l’État en mer, la marine française aux Antilles opère régulièrement avec ses partenaires étrangers de la Caraïbe, pour réprimer les trafics de drogue en haute mer, c’est-à-dire avec les forces maritimes des Antilles néerlandaises, la force navale déployée périodiquement par le Royaume Uni, l’US Navy et les Coast Guards américains. Ces opérations sont placées sous l’autorité du préfet de la Martinique, délégué du gouvernement pour l’action de l’État en mer aux Antilles et conduite depuis le centre opérationnel interarmées implanté à Fort de France par le contre-amiral Georges Bosselut, commandant supérieur des forces armées aux Antilles. Au titre de la coopération régionale, les États caribéens ont également mis sur pied une surveillance par avion de patrouille maritime C26, basé à La Barbade. Cette action a pris dans la Caraïbe une dimension géopolitique en raison de son impact sur l’économie mondiale et des liens entretenus par le grand trafic de drogue avec le financement du crime organisé et du terrorisme.