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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 39 min 59 sec ago

Décès à EUFOR Althea

Sat, 30/10/2021 - 11:03

(B2) Un militaire bulgare participant à l’opération de stabilisation de l’UE en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) est décédé a-t-on appris de source bulgare, vendredi (29.10)

Les défilés et remises de médailles semblent être la principale activité de l’opération EUFOR Althea à Sarajevo (Photo : EUFOR Althea)

Mort par arme

Il était 8h20, quand le militaire a été retrouvé mort, « avec une blessure par balle », dans le camp Butmir, la base de l’opération à Sarajevo. L’équipe médicale arrivée sur place n’a pu que constater le décès.

Une enquête en cours

La police militaire, avertie, a « pris des mesures immédiates pour enquêter sur l’incident ». Le corps va être rapatrié en Bulgarie par avion militaire, indique-t-on à Sofia. L’origine du décès n’a pas été précisée. Mais on peut penser à un suicide en l’état des informations parvenues à B2.

Zéro communication du côté de l’UE

L’opération, qui adore pourtant publier les photos de tous ses évènements, même les plus insignifiants (remise de médailles, etc.), n’a fait aucune communication sur le sujet.

Une visite officielle le même jour

L’incident s’est produit le jour-même de la visite du général Graziano, le président du comité militaire de l’Union européenne au camp Butmir.

64e décès en mission

C’est le 64e décès constaté dans une mission de maintien de la paix de l’UE, depuis la création de la politique étrangère et de sécurité commune selon la base Memoriam de B2.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Un ancien interprète d’EUPOL Afghanistan tué à Kaboul

Fri, 29/10/2021 - 17:52

(B2) Un interprète afghan qui a travaillé pour la mission de l’UE de soutien à la police (EUPOL Afghanistan) dans les années 2010 a été tué

Cet interprète aurait dû être accueilli aux Pays-Bas. Il avait même été enregistré pour être transféré aux Pays-Bas. Un appel a été envoyé à l’interprète le 21 août pour qu’il se rende à l’aéroport de Kaboul, mais il n’y est jamais arrivé. Il est « probable que l’interprète en question ait été tué » selon le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Ben Knapen, qui l’a confirmé dans une lettre à la Seconde chambre (le parlement néerlandais). Mais il refuse de donner d’autres détails. « Les Pays-Bas n’étant pas présents en Afghanistan, il est donc impossible de déterminer de manière indépendante si et par qui il a été tué. »

(NGV)

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Au cœur de la maintenance des véhicules blindés, chez Arquus

Wed, 27/10/2021 - 08:27

(B2 à Saint-Nazaire) Engagés au Sahel ou l’opération Sentinelle, le véhicule blindé léger et le VT4 sont aujourd’hui des incontournables de l’armée de terre française, en France comme sur les terrains extérieurs. À l’arrière, les hommes et les femmes s’activent pour les maintenir en état de marche

Un VT4 ( à gauche) et un VBL (à droite) trônent en évidence (© AF/B2)

À l’entrée du site, des rangées de véhicules et camions blindés stationnent au soleil. Deux modèles sont fièrement exposés à côté de l’enseigne du groupe Arquus (1). Il s’agit d’un véhicule blindé léger (VBL) et d’un véhicule terrestre 4×4 (VT4). À eux seuls, ils illustrent le changement d’activité qu’est en train d’opérer le site industriel de Saint-Nazaire.

À Saint-Nazaire, cap sur la maintenance

Dans les locaux de l’usine, on s’affaire, on bricole, on démonte, on soude, on peint. Le bruit des machines, en fond, est incessant. À l’entrée, on propose des boules Quiès. Des engins de chantier sillonnent le site. Un marquage au sol est même prévu — et maintes fois rappelé — pour permettre aux piétons de circuler sans danger. Un accident est vite arrivé…

Une redistribution des lieux de production

Ici, l’objectif est de se concentrer sur la maintenance et la réparation des engins à roues. Le groupe a mis en place une nouvelle stratégie industrielle en 2020, et redistribué les activités entre différents sites de production. La production d’engins neufs est donc désormais faite à Limoges, la logistique est assurée à Garchizy et la militarisation des moteurs ainsi que la production de sous-ensemble mécaniques, à Marolles. Le site de Saint-Nazaire se spécialise, lui, sur la maintenance opérationnelle de l’ensemble des produits de la gamme (ACMAT, Panhard, RTD).

Des compétences étendues à d’autres

Avec à terme une possibilité de s’étendre à d’autres marques ? « Nous sommes aujourd’hui la seule industrie à avoir un site qui fait de la maintenance », assure le directeur du site Laurent Postollec. « Si nous sommes en mesure de réparer l’ensemble de notre gamme, il n’y a pas de raison pour que nous nous limitions à ceux-ci ».

Parmi les engins à roues auxquelles les compétences du site pourraient s’étendre : ceux développés en partenariat avec d’autres industriels, comme avec Nexter dans le cadre du programme Scorpion pour l’armée de terre. « Je me prépare à pouvoir peut-être réparer des véhicules qui ne sont pas forcément de la gamme », appuie ce pilier du groupe Volvo.

C’est désormais ici que l’imposant blindé est réparé et modernisé, pour accéder au standard « Ultima ». La démonstration de ses capacités est faite sur la piste d’essai, en conditions réelles. « C’est ici que tous les véhicules qui sortent de l’usine sont testés », explique l’un des chauffeurs.

À l’intérieur, ça secoue, et ça va vite

L’homme nous prend à son bord le temps d’une courte (mais intense !) démonstration. À peine la ceinture de sécurité attachée, voilà que le bolide démarre au quart de tour et file à toute berzingue, sans guère d’états d’âme pour les deux journalistes qui s’accrochent tant bien que mal aux poignées. À l’intérieur, ça secoue, et ça va vite. Le modèle n’est plus tout jeune, il date des années 1990. Mais il est résistant. Notre conducteur exploite à fond les dernières améliorations du bolide et profite du passage à 130 CV (contre 90 dans la précédente version). Frissons garantis ! Un autre aménagement attire notre attention : l’installation de la climatisation, appréciable durant cette journée ensoleillée.

(©AF/B2) (© AF/B2)

L’odeur de la peinture sur les derniers VT4

Après cette escapade mouvementée, retour sur la terre ferme. Mais pas sans surprises. Direction les locaux de l’usine. Ici, c’est l’odeur de peinture qui surprend en premier : Les derniers VT4 sont en cours de militarisation, c’est-à-dire en cours de transformation d’une voiture civile à une voiture militaire (remplacement d’équipements, par exemple).

Un modèle civil militarisé

Construit sur une base civile à partir d’un modèle de Ford Everest, le SUV est ensuite partiellement démonté pour enlever les composantes qui ne seront pas utiles dans un cadre militaire ou qui seront remplacées par des composantes militaires. Les ouvriers commencent ainsi par enlever phares, rétroviseurs, plages arrières etc. Puis les vitres et les roues sont recouvertes d’une sorte de bâche en carton, avant que la voiture ne passe dans un cube qui enlève sa peinture initiale et lui met une première couche de peinture militaire.

La fin du neuf

Ces véhicules ne seront produits que jusqu’en 2023. « La fin de la production des VT4 signe la fin de la production du neuf sur Saint-Nazaire », nous explique t-on. Auparavant, « 80 à 90% de notre activité était du véhicule neuf, mais pour du Bastion et du VLRA, donc pour la partie export », complète Laurent Postollec.

(©AF/B2) (© AF/B2)

De nouvelles solutions pour l’export

Ici, les équipes accompagnent aussi les clients sur la formation au matériel. Une prestation qui permet notamment de soulager le personnel du site de ces opérations de maintenance pour se consacrer en priorité sur les commandes de son client principal : l’armée de terre.

Des outils de réalité virtuelle

En plus de la formation « classique » avec PowerPoints à la clé, une formation « innovante » est proposée. Pour cela, l’entreprise s’aide d’outils de réalité virtuelle. « Le virtuel permet d’amener une première approche pédagogique ». Grâce à cela, il est possible de « voir au travers d’un véhicule, son fonctionnement, sur la motorisation, l’électronique etc. » et faire l’objet d’une première formation. Apprentissage qui sera par la suite « complété sur une opération de maintenance réelle de matériel », explique Thomas Brice, responsable de la stratégie de soutien, de la relation client et du maintien en conditions opérationnelles (MCO).

Des compétences entretenues à distance

Ces nouvelles solutions de formation permettent aux ouvriers du site de rester en dehors des théâtres d’opération. Mais cela donne aux soldats les moyens pour qu’ils soient capables de « faire face eux mêmes à un certain nombre de problèmes sur place », sans avoir besoin de faire « de la maintenance lourde ». Une telle formation permet de former « plus largement, plus rapidement » et de mobiliser « moins de matériels », détaille le responsable. L’offre est principalement destinée aux clients à l’export pour permettre « d’entretenir des compétences à distance ».

Dématérialiser le diagnostic : quand le technicien voit ce que le client voit

Autre moyen déployé pour soulager les équipes du site : l’assistance dématérialisée. Des lunettes connectées permettent de réaliser un diagnostic « assez poussé », même à distance. En pratique, le technicien peut « visualiser exactement ce qui est vu par le client », et ainsi « dématérialiser le diagnostic ». Un outil particulièrement utile au moment de la fermeture des frontières lors de la pandémie de Covid-19, lorsque les formateurs ne pouvaient se rendre dans les pays de leurs clients. Une pratique vouée à se développer ? Il faudra encore patienter…

(Agnès Faure, st.)

  1. Arquus est né de la fusion des marques d’armement terrestre français Panhard, ACMAT et Renault Trucks Defense (RTD). Malgré une tentative de vente en 2016, l’entreprise fait toujours partie du groupe suédois Volvo.

Reportage au cours d’un voyage de presse organisé par Arquus sur son site de Saint-Nazaire, fin septembre

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Une frégate danoise dans le golfe de Guinée

Tue, 26/10/2021 - 18:34

(B2) La frégate danoise Esbern Snare (F-422) a quitté dimanche (24 octobre) sa base navale de Frederikshavn. Destination : le Golfe de Guinée.

L’Esbern Snare (photo : MOD Danemark)

Hélico et équipe d’intervention

La frégate sera sur place début novembre, pour une durée de six mois. Mission : « la surveillance et la reconnaissance, la protection de zone, l’escorte ou l’escorte des navires, ainsi que la recherche et le sauvetage ». A bord un total de 175 personnes, marins, pilotes et soutien médical renforcé inclus. Une équipe des forces d’opérations spéciales maritimes du Frogman Corps et de la police militaire danoise a également embarqué pour intervenir si nécessaire sur des navires piratés et arrêter les intrus. Le Esbern Snare dispose un hélicoptère Seahawk lui permettant d’allonger sa zone d’action.

Une logique d’intérêt

Pour la ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen, il y a là une logique d’intérêt à la présence en mer. « Le Danemark est l’une des principales nations maritimes du monde. […] Il est important que les navires danois puissent opérer en toute sécurité sur les sept océans ». En moyenne, chaque année jusqu’à 30 à 40 navires exploités par le Danemark naviguent quotidiennement dans le golfe de Guinée, transportant des marchandises d’une valeur de près de 10 milliards de couronnes danoises.

Présence maritime coordonnée

Sur place, la frégate va retrouver des navires italien et français, dans le cadre des présences maritimes coordonnées, le nouveau concept d’intervention européen sur les mers. Des navires britannique ainsi qu’américain sont aussi présents sur la zone. Le Danemark s’inscrit aussi dans la logique européenne de renforcement des capacités des pays sur place. Les militaires du Frogman corps devraient ainsi former leurs homologues ghanéens du Ghana Special Boat Services. Copenhague fournit aussi un soutien sous forme de conseil au centre de coordination maritime du Ghana.

Un habitué des mers chaudes

La frégate est une vieille connaissance de B2. Elle a été régulièrement dans l’Océan indien dans le cadre de l’opération Ocean Shield de l’OTAN (lire : Un nouveau navire attaqué. 9 suspects arrêtés). Plus récemment, elle était dans le détroit d’Ormuz (lire : Le Danemark se lance dans le détroit d’Ormuz aux côtés des Français).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

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Présidence française de l’Union européenne : comment se préparent les diplomates à Bruxelles

Mon, 25/10/2021 - 14:34

(B2) À presque deux mois de la prise de fonction de la présidence française de l’Union européenne, nous avons choisi de vous montrer l’envers du décor, souvent méconnu… Dans les couloirs de la représentation permanente de la France auprès de l’UE, avec son chef

Les diplomates français se préparent à quelques nuits blanches au Conseil (© NGV / B2)
  • Une présidence de l’Union européenne est souvent un moment clé dans la vie politique nationale. Même en France, pays qui a tendance à sous-estimer cet événement.
  • C’est devenu un moment rare, qui n’intervient plus que tous les 14 ou 15 ans au rythme actuel de la rotation entre États, au lieu de 7 ou 8 ans auparavant.
  • La dernière PFUE remonte à 2008 (l’année de naissance de B2 !) sous Nicolas Sarkozy, la précédente à 2000, sous Jacques Chirac (suivie pour France-Soir/Le Matin).

Un homme roué à l’Europe aux manettes

Trois présidences au compteur

Représentant permanent à Bruxelles, Philippe Léglise-Costa a acquis une certaine expérience de la mécanique européenne. À son compteur, il a trois présidences. Fait plutôt rare. En 1995, il est conseiller Relex (Relations extérieures) à la représentation permanente de la France auprès de l’UE à Bruxelles (RP ou PermRep pour les intimes). En 2000, il est au cabinet d’Hubert Védrine, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de cohabitation Jospin-Chirac. Moment compliqué avec la préparation du sommet de Nice notamment. En 2008 il revient à la PermRep de Bruxelles comme représentant permanent adjoint. Il supervise alors tous les dossiers ‘Marché intérieur’, de l’agriculture aux transports en passant par l’environnement l’énergie ou la pêche. Présidence intense qui a marqué les esprits.

Une fine connaissance du système européen comme français

Entre les deux, il a occupé quelques postes clés : dircab (directeur de cabinet) de Jean-Pierre Jouyet, quelques mois, alors qu’il est secrétaire d’État aux Affaires européennes en 2007-2008, conseiller Europe de François Hollande (quand il est président de la République et lorsqu’Emmanuel Macron est également conseiller), puis secrétaire général des Affaires européennes (SGAE), la cabine de pilotage de la politique européenne à Paris, à partir de 2014 jusqu’à 2017. Bref, c’est un des personnages qui connait le mieux la mécanique européenne, au sein de la structure française, tout comme à Bruxelles.

De singulières différences

De ces expériences, Léglise-Costa tire un constat… Cette présidence sera très différente des précédentes.

La perte de l’acquis

La première différence est ineffable : c’est « le temps qui s’est écoulé depuis la dernière présidence. 14 ans, c’est long ! La plupart des gens qui ont fait une présidence ne sont plus là ». Il y a une perte de l’expérience. Mais on peut le compenser. Les effectifs de base et supplémentaires de la RP ont été recrutés il y a presque un an et demi, voire deux ans. Un délai nécessaire pour « bien voir le fonctionnement des autres présidences ». Il y a eu aussi un important travail de « transmission de mémoire », avec un « très gros effort de formation en interne » et un travail avec le secrétariat du Conseil de l’UE (pour fournir les notes et documents de l’époque). « L’appropriation par chacun des dossiers est essentiel. » 

Une présidence qui ne préside pas tout

La seconde différence par rapport aux présidences précédentes est la mise en place du traité de Lisbonne. « C’est la première fois que la France préside, sans exercer la présidence du Conseil européen [assurée par Charles Michel] ni du Conseil des Affaires étrangères [assurée par Josep Borrell] », ou des ministres de l’Euro. Pour les Français au « modèle présidentiel », c’est assez anachronique. Car les principaux personnages de l’État (président de la République, ministres des Affaires étrangères ou de la Défense…) n’ont aucun rôle formel. Ils ne président pas la réunion, et n’en rendent pas compte. Certes l’influence est bien là. Mais cela demande « encore plus de synchronisation et de préparation » avec les instances européennes. « Il faut encore plus anticiper et coordonner » pour que les priorités françaises soient bien prises en compte.

Un contexte politique en changement

La présidence sera aussi le temps d’importantes évolutions politiques prévisibles : la formation d’une nouvelle coalition en Allemagne, la réorganisation du Parlement européen à mi-mandat (2), et le retard pris dans la mécanique législative habituelle. Normalement la présidence française — qui intervient à mi-législature — aurait dû être celle des décisions, où s’engagent certains trilogues. La crise du Covid-19 et le retard pris pour définir le cadre budgétaire pluriannuel (le MFF en jargon bruxellois) et les plans de relance pour la période 2021-2027 en ont décidé autrement.

Un effet retard sur la mécanique européenne

Tout a été retardé. La Commission européenne n’a pas présenté comme prévu ses propositions législatives. Elle ne commence à le faire que maintenant. Et encore ! La présidence allemande avait dû réorienter au dernier moment toutes ses priorités, en se concentrant sur l’essentiel, notamment ce fameux MFF. Normalement elle aurait dû démarrer un cycle, en ouvrant les projets, auxquels la France aurait donné sinon la touche finale, du moins l’impulsion décisive. Impossible de faire comme espéré. « Il y aura beaucoup de dossiers sur la table, mais peut-être pas tous mûrs. »

La gestion délicate des élections

Enfin le contexte électoral français (élections présidentielles en avril, nouveau gouvernement en mai, élections législatives en juin) sont un autre élément à prendre en compte (lire : La présidence française de l’UE percutée de plein fouet par un accident électoral). De fait, la présidence va se diviser en trois phases : une phase intense, très politique, au premier trimestre, avec toutes les réunions informelles, les événements de la présidence. Suivie d’une phase intermédiaire (en avril-mai) durant la campagne électorale. Terminée par une dernière phase de conclusion, politique (mai-juin). Parmi les diplomates français à Bruxelles, chacun en est bien conscient : nombre de sujets débattus dans la ‘bulle européenne’ « peuvent très vite devenir des enjeux électoraux ». Même les plus techniques (3).

La sacro-sainte impartialité de la présidence

Or c’est une tradition européenne. Une présidence de l’UE est là pour rechercher l’accord des autres États membres et faire avancer les dossiers. « La présidence française devra être professionnelle et impartiale. C’est le métier de base d’une présidence. » Cela exige d’autant plus une « préparation extrêmement soigneuse »… en amont. Il faut « bien gérer les dossiers, bien les connaitre, internaliser les positions nationales. Elles doivent avoir été anticipées » pour éviter de polluer la présidence. « Il ne faut pas durant la présidence devoir défendre ce dossier. » Autrement dit être à la fois arbitre et partie.

Les épées de Damoclès qui pèsent

La présidence française devra aussi faire à face des inconnues.

L’incertitude de l’épidémie

Première inconnue et de taille : quel jeu va jouer le virus du Covid-19 ? Le scénario de base (scénario A) est un retour plein et entier en présentiel, avec des informelles et des évènements en France. Le scénario B serait le retour en force du virus et une reprise des vidéoconférences. Ce que chacun redoute. Cette pratique s’est imposée depuis un an et demi. Avec une exception notable : le COREPER (le comité des représentants permanents, les ambassadeurs de chaque État membre de l’UE) a continué à se réunir en présentiel autant que possible. Indispensable. Car « rien ne remplace les réunions en physique ».

La hantise de revenir à la VTC

En vidéoconférence (VTC dans l’abrégé bruxellois), « on ne négocie pas. On échange des vues. » C’est « moins satisfaisant. Il y a peu de place pour les compromis. Il y a moins de place à la dynamique collective, moins de prise à la décision. » Il n’y a pas de négociation en fait. Chacun — ministre, expert, diplomate — reste chez soi. Il entre ou sort parfois. Les ministres sont entourés de leurs conseillers et restent figés sur leurs positions souvent. « Ce n’est pas du tout pareil en termes psychologiques. Structurellement, cela éloigne les ministres les uns des autres. » Même au niveau du symbole, il y a un vide. « Une photo avec quelques petites vignettes n’est pas suffisante » pour remplacer une belle photo de famille. « La politique a besoin d’images, de symboles, de rencontres. »

L’incertitude économique

À cette incertitude sanitaire, s’ajoute une incertitude économique et sociale. On ne sait pas encore tout à fait si la relance économique sera installée, ou si la reprise actuelle est juste le rattrapage d’un an et demi d’atonie. Mais c’est surtout aux crises non prévues que la présidence doit se préparer. L’exemple même de la montée des prix de l’énergie inquiète tout le monde. NB : ce sera d’ailleurs le sujet essentiel de la discussion entre les Chefs au Conseil européen ce 21 octobre.

La présidence des imprévus

Et « Il y a toujours eu des imprévus dans une présidence » : la crise du pétrole en 2008, les attentats et la crise migratoire en 2015, etc. Sans oublier toute la dimension extérieure à l’Union européenne, au delà des frontières. Car l’Europe aujourd’hui doit gérer non seulement les crises internes, mais aussi externes. « Il y a en a de plus en plus, car le monde est de plus en plus volatile. » En 2008, il y avait eu la guerre en Géorgie, qui avait nécessité de l’improvisation. Du coup, il faut prévoir, mais pas trop. « Il faut une part d’agilité, ne pas céder à la tentation du micro-management. »

  • NB : le diplomate ne le dit pas. Mais chacun pense à la présidence tchèque de 2009 — qui avait suivi la française — considérée comme calamiteuse par tous. Le gouvernement d’alors avait voulu piloter depuis Prague la présidence. Un erreur. Après l’implosion en vol du gouvernement Topolánek, et un interlude suédois appelé à la rescousse, finalement le gouvernement technique avait mieux géré les choses (lire : Pourquoi j’ai adoré la présidence tchèque… Si, si !).

Préparation, anticipation et jonglerie

Renforts et travaux

Pour faire face à l’augmentation du travail, on a recruté, formé, structuré. La représentation permanente a aussi subi quelques travaux, pour loger tout le monde, et créé des salles de réunions. Un classique. À chaque présidence, ce bâtiment (sans grande grâce), situé place de Louvain, à quelques encablures de la Grand Place, derrière la cathédrale St Michel et Gudule, se voit transformé.

Un effectif renforcé à la représentation permanente

75 personnes ont été recrutées. En tout, la France aura 275 personnes à la représentation permanente. Un « étiage plutôt frugal par rapport à d’autres présidences ». C’est un peu plus qu’un ‘petit’ pays. Mais largement moins que l’Allemagne lors de sa dernière présidence qui avait 400 personnes dans ses bâtiments à Bruxelles. Toutefois, la différence a une explication.

Une délégation nationale silencieuse

Le pays qui a la présidence conserve en effet un représentant dans chaque groupe de travail. Délégation qui est « silencieuse », mais continue de faire le travail de suivi des dossiers. Pour la France, qui a une proximité géographique avec Bruxelles, où le trajet Paris-Bruxelles se fait dans la journée, il est plus facile d’envoyer un expert de Paris. Plus éloignée, l’Allemagne avait fait le choix de loger ‘sa délégation nationale’ à la représentation permanente.

Des évolutions importantes

Si on jette un regard par rapport à la dernière présidence de 2008, il y a des changements nets. L’effectif a augmenté mécaniquement, car « certains dossiers ont pris de l’ampleur au niveau européen. » Le département Justice Affaires intérieures a ainsi grossi — le nombre de magistrats a par exemple doublé. Autre département en croissance : la défense. « La Représentation va comprendre davantage de militaires, ce dossier ayant pris de l’importance » (4). Les questions « d’environnement et numériques également sont devenues primordiales. » « Certains métiers aussi ont grandi. » Exemple : l’équipe « réseaux sociaux » est « quasiment nouvelle. Ils n’existaient que très peu en 2008. »

Un exercice de haute précision

Ces compétences humaines sont essentielles. Car la réussite d’une présidence « ne se jauge pas au nombre de textes qui auront été approuvés, mais à la manière dont elle est capable d’ordonner les débats, de favoriser l’émergence de solutions, de consulter suffisamment chacun pour permettre une décision, sans perdre trop de temps non plus… » C’est un exercice très délicat, une horlogerie de précision.

Une bonne interaction avec toute la mécanique européenne

Cela nécessite d’avoir une bonne interaction entre les groupes de travail thématiques — qui préparent chaque dossier — le COREPER — qui arbitre —, et les ministres et parlementaires qui décident. Il faut « travailler en bonne intelligence » avec la Commission européenne, avoir « une bonne relation » avec le Parlement européen. Et on peut ajouter éviter quelque couac ou hiatus entre Paris et Bruxelles. Pas évident.

Une présidence française attendue au tournant

Au final, chacun attend la France au tournant. Car ce sera la première présidence de plein exercice normalement. Et surtout : la France est la France. Les tricolores sont connus pour être à la fois très organisés, structurés, avec une mécanique implacable du haut vers le bas. En un mot : efficace, comme me l’a confié un diplomate européen. La notion bonapartiste du système est ainsi observée avec un brin d’admiration comme d’ironie par les autres pays.

Le souvenir de 2008

Les plus expérimentés ont en mémoire la présidence de 2008. « Chaque ministre avait une feuille de route de cinq textes à aboutir. On disait il fallait trop vite. ll y avait des trilogues jusqu’à 2 heures du matin. Les parlementaires râlaient. » Les dents grinçaient (je m’en souviens) aussi dans les couloirs européens contre une présidence jugée un peu trop envahissante — Sarkozy voulait être partout — aller vite, très vite. La représentation permanente, gérée de main de maître par Pierre Sellal (main de fer dans un gant de velours) maîtrisait le champ de la discussion.

Le booster français

Mais au final, tout le monde était content, dans les couloirs du Parlement, comme de la Commission européenne. La France c’est un peu ça, confirme notre interlocuteur : « On booste le système, on énergise, il y a un esprit européen, on connait bien les procédures. » Au final, « Ça secoue. Mais en fait, ils aiment bien un peu motivés, bousculés au sens positif. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Lire : Les grandes dates de la présidence française – 2e semestre 2000.
  2. Il est de tradition qu’à mi-législature, la présidence du Parlement change entre les deux partenaires de la majorité (S&D et PPE). Ce qui pourrait aboutir à d’autres changements en cascade. C’est souvent le moment où les groupes politiques cherchent à se renforcer, de quoi leur donner suffisamment de poids pour obtenir en vertu de la règle d’Hondt (une proportionnelle raffinée), davantage de postes (présidences de commissions, vice-présidences, etc).
  3. On se rappelle tout le débat sur le directive Services « Bolkestein » durant le référendum sur la Constitution.
  4. Lire sur la PFUE 2008 : Les « priorités Défense » de la présidence française, Hervé Morin

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Le passage à vide de l’OTAN durant l’été de la crise afghane. Un sacré retard à l’allumage

Sun, 24/10/2021 - 11:32

(B2) Les langues se délient à l’Alliance. Et on commence à connaitre les raisons du passage à vide de l’OTAN durant le mois d’août et de la crise afghane

Évacuation de Kaboul (US Airforce)

Les longues vacances du secrétaire général

Durant l’été, jusqu’au 13 août, il n’y a eu aucune réunion du conseil de l’Alliance atlantique Nord (le NAC dans le jargon), qui regroupe au jour le jour les ambassadeurs des 30 pays membres. Pour une seule et unique bonne raison. Jens Stoltenberg, le secrétaire général, comme son adjoint, le Roumain Mircea Geoană, étaient en vacances, dans leurs pénates, loin de Bruxelles. Ils ne sont revenus au siège de l’OTAN qu’au dernier moment. Or, sans le numéro 1 ou le numéro 2 de l’Alliance, pas de réunion possible du NAC. Résultat : ce rouage essentiel de l’Alliance est resté inemployé jusqu’au 13 août. Et à ce moment-là, il était déjà trop tard. Washington avait déjà donné le ‘la’ du retrait.

Le retard à l’allumage des ministres

Il ne faut pas s’étonner ensuite qu’aucune réunion des ministres de la Défense de l’Alliance n’a été déclenchée. Certes leurs collègues des Affaires étrangères se réuniront (lire : Les ministres de l’OTAN inquiets, supplient les USA de rester plus longtemps). Mais après la bataille (le 20 août !)… Et après leurs homologues de l’Union européenne (le 17 août, lire : L’Europe prête à parler aux Taliban pour gérer l’urgence. Mais pose ses conditions). C’est dire l’ampleur du retard.

Les Américains en transition

Il faut ajouter à cela l’absence américaine. Il n’y a toujours pas d’ambassadeur américain en titre à l’Alliance. Faute d’accord à Washington. La nommée Julianne Smith vient juste d’obtenir l’aval de commission sénatoriale des relations étrangères, mais pas encore du Sénat dans son entier. Cet été, il n’y avait donc pas « vrai patron » à l’Alliance. Et cette absence a pesé.

Une défaillance politique

Aucun réel débat n’a eu lieu à l’Alliance sur le départ de l’Afghanistan. Les Européens ont été « informés » de la décision américaine. Mais il n’y a pas eu de réelle « consultation », au sens d’un partage de l’information, puis d’une négociation. Idem pour la mise en œuvre du retrait, qui « n’a pas été concertée ». Et personne — à notre connaissance — n’a vraiment demandé expressément ce débat (y compris ceux qui se sont plaint après). Résultat : « l’accélération du calendrier n’a jamais été discutée ».

Résultat un bon gros capharnaüm

La machine à planifier de l’Alliance s’est alors enrayée dans le sable. Même pour ce qui était évident. « Aucune liste des Afghans ayant travaillé pour l’OTAN à évacuer n’existait ! […] On se demande ce qu’a fait l’état-major de l’Alliance », s’interroge à haute voix un connaisseur. Le QG à Mons (Shape), dirigé par l’Américain Ted Wolters (adjoint : le Britannique Tim Radford), qui a un effectif bien fourni, était-il lui aussi en vacances ? En tout cas, la coordination de l’opération s’est faite surtout à coups de messages Whatsapp entre ministres, si on en croit la ministre française des Armées, Florence Parly (lire : Soit l’Europe fait face, soit l’Europe s’efface).

Une défaite politico-militaire

Le résultat est à la mesure : une opération de retrait qui a été un succès, mais une déroute en rase campagne pour la machine politico-militaire de l’Alliance (1). La remise à zéro des compteurs dans le cadre du retour d’expérience engagé lors de la ministérielle défense jeudi (21 octobre) devra être rude si on veut en tirer des leçons pour l’avenir…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. On entend par là le niveau stratégique de l’Alliance. Au niveau tactique la coordination a bien fonctionné de l’aveu de tous les militaires et politiques consultés.
Afghanistan. Une sévère défaite de l’OTAN. Une introspection est nécessaire (v2)

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Approche amicale sur un navire turc

Sat, 23/10/2021 - 16:46

(B2) Le navire de soutien de la marine allemande, Bonn, a effectué le 20 octobre, une « approche amicale » sur un cargo turc, le Kuruoğlu 3 naviguant aux abords de la Libye. A bord d’un RHIB (un navire rapide), une équipe de visite a abordé le navire.

Une action classique

Effectuée dans le cadre de l’opération EUNAVFOR Med Irini, elle a pour objectif de vérifier qu’il n’y pas d’infraction à l’embargo sur les armes décrété par l’ONU. Aucune suite ne semble avoir été donné.

(NGV)

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Force de réaction rapide. Une idée, loin d’être révolutionnaire. Un peu d’audace Svp

Fri, 22/10/2021 - 12:55

(B2) L’Europe, comme l’OTAN d’ailleurs, n’a toujours pas une force de réaction rapide digne de ce nom. Il y a bien des dispositifs — la NRF à l’OTAN, le battlegroup à l’UE — qui restent inemployés, s’usent et sont en fait factices : ni réactif, ni rapide, ni force

Le battlegroup toujours sublimé, jamais employé, pourrait vivre ses dernières heures (photo : Bundeswehr)

De bonnes idées, mais

Nous venons de lire attentivement la dernière proposition mise sur la table, à l’initiative de l’Allemagne, pour doter l’Union d’une force de réaction rapide lire : Boussole stratégique. Cinq pays proposent une force de réaction rapide, plus performante).

Un beau papier…

Un non-paper (comme on dit dans le jargon bruxellois, c’est-à-dire un document non officiel) avec des idées pour résoudre les lacunes actuelles des groupements tactiques, en les dotant d’une certaine permanence, en investissant dans les capacités manquantes, en dotant l’UE d’une plate-forme de commandement digne de ce nom, etc. Seulement, cette proposition a un gros défaut.

On cherche à refaire du neuf avec du vieux

Elle n’est qu’un avatar de plus de la volonté de conceptualiser une force de réaction rapide de façon assez théorique. Elle s’attache à quelques notions annexes, techniques en quelque sorte, sans résoudre le hiatus entre la rapidité et la soudaineté d’une crise, d’une part, et la lenteur de réaction européenne au niveau politico-militaire (1). Prévoir une première capacité opérationnelle en 2025, et une pleine capacité à l’horizon 2027-2028, comme le font les auteurs de ce papier, est une utopie.

Une lenteur de mise en place formidable

Presque dix ans pour mettre en place un nouveau modèle, c’est le condamner à être vite dépassé. On va refaire comme les modèles précédents : partir de la dernière crise (ratée). Comme l’a été la force de 60.000 hommes d’Helsinki (1999) — basée sur le modèle rigide de la FORPRONU-SFOR de Bosnie de 1995 — ou le battlegroup — conçu sur le modèle de l’intervention de EUFOR Congo — qui a mis cinq ans à être modélisé et n’a jamais pu dépasser le stade de gentils exercices dans des champs boueux. La force d’entrée en premier (française, à 5000 hommes), conçue sur le modèle de la force Barkhane, et la force de réaction rapide seront-ils plus adaptés à la nouvelle donne future ?

Les différents problèmes principaux restent sans réponse

Comment cristalliser plus rapidement la décision au plus haut niveau européen, en 24 heures maximum ? (un Conseil européen de sécurité ?) Comment obtenir rapidement, en 24 heures, les autorisations nécessaires au plan national ? (Négocier une sorte d’autorisation préalable ?) Comment prévoir la crise imprévue ? (La planification imaginative ?) Comment adapter la réponse militaire à une crise future qui ne ressemblera ni au Sahel ni à l’Afghanistan ? (Une réponse modulaire ?) Etc.

Une erreur congénitale

Ce document part toujours du même principe. Il présuppose que les Européens veulent et sont capables d’intervenir. Et ce, de façon rapide. Or c’est faux.

Être plus réaliste

Il y a des crises où l’on ne veut pas, ou l’on ne peut pas intervenir, du moins frontalement. Les exemples sont nombreux : l’intervention russe en Crimée 2014, le conflit civil syrien de 2012, la guerre Azerbaïdjan-Arménie de 2020, la guerre civile éthiopienne de 2021, etc. Un constat valable tout autant pour l’OTAN. À l’inverse, il y a des crises, où même si on ne l’a pas envisagé vraiment, on sera contraint d’intervenir. Notamment pour l’évacuation de citoyens en danger — comme le retrait de Kaboul en Afghanistan récemment ou lors du tsunami aux Philippines — ou contre un groupe terroriste.

Inverser le paradigme

Enfin, il y a des crises où on voudra et on pourra intervenir : défense du territoire européen, conflit de moyenne intensité dans le voisinage, ou plus loin, avec une force faible en face (type piraterie maritime, Sahel…). Il serait peut-être judicieux d’adapter le principe du réalisme, de partir de chacune de ces typologies de crises, où l’intervention est évidente, et bâtir ensuite un (ou plusieurs) instruments et une mécanique de décision. Plutôt que d’opérer le contraire. Et avoir un instrument totalement inutilisable.

Inventer les battlegroups modernes

Car l’intervention militaire moderne aujourd’hui, est-ce toujours d’avoir une capacité d’une brigade terrestre, comme le sous-tendent les auteurs de ce papier ? Peut-être. Mais cela ne répondra sûrement pas à toutes les crises. Ne faut-il pas avoir une force commandos de 100 à 300 hommes, pour faire des interventions (type évacuation rapide et extraction), dotée de capacités aériennes (avions stratégiques, tactiques et hélicos) ou maritimes (selon le cas) ? Ne faut-il pas avoir un bataillon de drones plutôt qu’une compagnie blindée ?

Au final, est-ce qu’une équipe de 20 à 40 geeks, en jeans et baskets (ou en costume cravates), capables de déjouer une attaque informatique ou de répliquer rapidement, ne serait pas plus utile ? Et dissuasif ? C’est là peut-être que se niche le battlegroup du futur… 

Un peu d’audace que diable !

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le dispositif euro-atlantique n’est pas plus réactif, cf. le retrait de Kaboul

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Une conférence sur l’Europe de la défense

Thu, 21/10/2021 - 09:22

(B2) La question de la défense européenne sera au cœur d’un débat à Grenoble vendredi et samedi (22 et 23 octobre). J’y serai

Vendredi après-midi seront présents autour du thème « L’Europe dépense-t-elle assez pour sa défense ? », le député européen Arnaud Danjean, le contrôleur général des armées Patrick Gournay et l’économiste Julien Malizard. L’évènement se déroulera à l’auditorium du musée de Grenoble, 5 place Lavalette 38000 Grenoble. Les inscriptions se font ici.

Ils seront précédés par un atelier sur « L’Europe de la défense est-elle réalité ? » avec notamment le général de gendarmerie Jean-Philippe Lecouffe, directeur exécutif adjoint d’Europol chargé des opérations, ancien d’Afghanistan (attaché de sécurité intérieure en Afghanistan (2010-2012)), le général Philippe Rio ancien chef de la mission EUCAP Sahel Mali (2017-2020), Pierre Berthelet, chercheur associé à l’université de Grenoble (CESICE), et Thomas Boccon-Gibod, maître de conférences en philosophie du droit à l’université de Grenoble. Les inscriptions se font ici.

Le samedi, à partir de 10h-12h30 j’anime une table-ronde : L’UE a-t-elle encore une place dans le monde ? (Conseil départemental de l’Isère 7 rue Fantin Latour). Avec Delphine Deschaux-Dutard, maître de conférences en sciences politiques à l’université de Grenoble, et le général Luc de Rancourt, directeur général adjoint des relations internationales et de la stratégie (DGRIS). Inscriptions ici

Télécharger le programme iciTélécharger

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Merlin, le nouvel outil informationnel de l’OTAN

Thu, 21/10/2021 - 08:30

(B2) L’outil n’est pas encore totalement implanté. Mais les premiers résultats le prouvent. Il s’avère déjà performant. Du moins ses concepteurs n’en sont pas peu fiers.

© NGV / B2

Internet : le nouveau terrain de bataille

Tout est parti d’un constat. Alors qu’internet et les réseaux sociaux sont devenus un terrain de conflictualité, l’Alliance atlantique n’avait pas vraiment d’instrument pour appréhender les phénomènes qui s’y déroulent.

La défaite médiatique de la Crimée

Par exemple, lors de l’annexion de la Crimée, et de l’offensive de la Russie à l’Est de l’Ukraine, « nous nous sommes aperçus que, bien avant l’intervention russe [en Crimée], il y a avait des mouvements sur les réseaux sociaux, sur des sites, pour justifier la présence russe » dans la presqu’île ukrainienne. Idem pour l’Est de l’Ukraine. Le ‘bien avant’ ne se compte pas en jours, mais en semaines. Dès le début de Maidan. Une sorte de préparation psychologique en quelque sorte, visant à conditionner l’adversaire, à le convaincre qu’agir est inutile.

Objectif : garder la supériorité du connaître

L’OTAN, qui s’est fait surprendre alors par la Russie, ne veut plus réitérer une telle impasse. Le commandement de la transformation de l’Alliance (ACT) a ainsi développé un outil — dénommé ‘Merlin’ — en liaison avec une agence gouvernementale US spécialisée dans l’analyse des données. Objectif : avoir une perception des informations échangées sur internet et les réseaux sociaux et garder à l’OTAN sa supériorité cognitive. C’est-à-dire la possibilité de bien comprendre les enjeux et ainsi d’agir en amont d’une crise… et non après.

Un dispositif en cours d’apprentissage

Ce prototype a été développé avec l’intelligence artificielle. Mais il est encore en cours d’apprentissage. « On paramètre certains pays, certaines zones, certaines types de sujets que l’on veut suivre. » De façon concrète, chaque item ou mot qui est entré dans la machine est scruté de façon attentive. Cela permet de détecter la montée en puissance (le nombre de hit) quelque part sur la toile d’un item, d’analyser son évolution au cours des heures ou des jours, ou au niveau géographique. Peu importe la forme du message ou l’instrument utilisé : news, billets de blogs, tweets, messages Instagram ou sur d’autres réseaux sociaux. La reprise par plusieurs centaines de comptes twitter du même message est un indicateur.

Un dispositif adapté à chaque QG

Chaque quartier général de l’OTAN va ensuite pouvoir accéder aux informations en fonction de son centre d’intérêt. Naturellement le QG (JFC) de Naples (Italie) sera plus captivé par ce qui se passe au Sud, au Moyen-Orient, en Méditerranée. Tandis que le QG (JFC) de Brunssum (Pays-Bas) sera plus intéressé par ce qui se passe dans la zone Nord. Le « défi principal » reste cependant que « l’environnement informationnel évolue énormément. On doit en permanence adapter le système. » indique un des concepteurs du système. « Il faut être sûr de capturer tout ce dont on a besoin ». Précision importante : il n’y a pas de collecte nominative. « Ce n’est pas Cambridge Analytica ici », plaisante-t-il.

(Nicolas Gros-Verheyde, à Norfolk)

Cet article fait partie d’une suite sur les instruments mis au point par le Innovation Lab’ de l’OTAN. Il suit la visite au commandement de l’ACT effectuée fin septembre.

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Pologne : le débat sur l’état de droit vire à l’affrontement

Wed, 20/10/2021 - 18:06

(B2) Le premier ministre polonais avait demandé à pouvoir intervenir à la session plénière à Strasbourg. Il n’est pas certain que l’explication ait servi sa cause. Les positions se sont radicalisées. La Commission européenne a posé des limites. Avec l’appui d’une majorité des députés européens. Les chrétiens-démocrates du PPE n’étant pas les moins virulents… Ambiance

Le premier ministre stoïque, écoute (ou rêve) pendant le débat qui se déroule autour de lui (PE/B2)

Un débat qui déborde

« La crise de l’État de droit en Pologne et la primauté du droit de l’UE ». Tel était l’intitulé du débat programmé mardi (20 octobre) matin. Il devait durer la matinée, mais il a largement débordé.

45 minutes de soliloque du Polonais

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (PIS/ECR) devait parler cinq minutes. Il en a pris 40 de plus ! Une « marque d’irrespect » qui lui sera reprochée. Sa réplique « ne me dérangez pas ! » au président de séance qui a tenté plusieurs fois de le faire conclure sera reprise en boucle pour l’éreinter plus encore…

La foule au pupitre

Près d’une centaine de députés, dont nombre de Polonais, se sont succédé au pupitre, à quelques mètres du premier ministre, assis comme le veut la tradition au deuxième rang. Certains le regardent d’ailleurs directement, le désignant ou cherchant son regard. Le premier ministre, le dos raide, reste stoïque. Il ne se réfugie pas sur un portable ou dans des notes. Il écoute. Le masque sanitaire couvrant sa bouche et son nez accentue son regard. Le tapotement d’un doigt sur la table sera le seul signe visible d’agacement.

Un Polonais inflexible

Mateusz Morawiecki a repris l’argumentaire du courrier adressé aux leaders des 26 autres États membres de l’Union et présidents des trois institutions (Conseil européen, Commission européenne et Parlement européen), développé dans un plan en sept points… Le Polonais met en garde : tous les États peuvent être à leur tour mis en cause, aucun n’est irréprochable. Il prend soin de redire que la Pologne revendique « sa place » dans l’Union européenne et « sa volonté d’y rester ». Il réfute les « récits erronés sur un Polexit ou la prétendue infraction à l’état de droit ».

Un chantage inacceptable

Mieux, il attaque, jugeant « inacceptable de voir un élargissement des compétences par la pratique du fait accompli ». Il dénonce le « chantage financier », « cette langue des menaces et de la coercition ». Il persiste, « nous n’avons pas de doute sur la primauté du droit européen dans ses compétences délégués par les États membres, mais le tribunal polonais se demande si le monopole de la Cour de justice de l’UE dans la définition des limites factuelles est la bonne solution. » Pour lui, « les États membres sont les garants des Traités », déniant ainsi au passage à la Commission européenne de jouer ce rôle.

Échanges de flèches sur le fond… et la forme

Ce débat était le neuvième mettant en cause la Pologne depuis le début du mandat. Les rangs parlementaires se sont resserré pour exiger de la Commission européenne qu’elle passe désormais aux actes.

Weber en procureur implacable

Manfred Weber, le leader nouvellement réélu du PPE, le premier groupe en taille du Parlement européen et qui abrite la Plateforme Civique (PO), le frère ennemi du PiS (tous deux issus de Solidarnosc), donne le ton. « Le gouvernement polonais veut mettre un terme à l’indépendance de la justice en interne. C’est cela la question ! (…) Merci aux Polonais qui sont descendus dans la rue, des centaines de milliers qui ont défendu un autre visage de la Pologne. Ce sont de vrais patriotes ! » L’Allemand tance : « Vous affaiblissez l’UE. Vous semez la zizanie. Et Poutine va se réjouir. Votre politique aide les Russes car ils ont tout à tirer d’une Europe affaiblie. Alors arrêtez ! ».

L’inaction du Conseil européen en cause

La dernière banderille vise cette fois les autres États membres : « On devrait discuter d’un recours en carence auprès du Conseil. Nos chefs de gouvernement lancent de bonnes paroles. Mais il nous faudrait un Conseil qui agisse quand on a un État qui ne respect pas le droit de l’Union européenne ». Le Parlement européen demande que la Commission européenne rejette le plan de relance de la Pologne, et lance enfin le mécanisme de conditionnalité liant budget et respect de l’état de droit, résume le Néerlandais Malik Azmani, pour le groupe centriste Renew. « Finies les tergiversations ! »

La Commission européenne prête à agir

La présidente de la Commission européenne monte à son tour au pupitre. « Fortement préoccupée » et « regrettant » cette situation, Ursula von der Leyen se borne au factuel. D’emblée, elle se place dans son rôle de « gardienne des Traités ». « C’est la première fois qu’une cour nationale statue que les traités européens sont incompatibles avec la Constitution nationale ». Cet arrêt « sape la protection de l’indépendance de la justice telle que le garantit l’article 19 du Traité. » Incitée à frapper fort par les députés, von der Leyen se montre plus déterminée lorsqu’elle reprend la parole après la conclusion du premier ministre polonais. Au passage, elle raille les manœuvres du premier ministre : « N’essayez pas de détourner l’attention, de vous soustraire à la discussion ».

Les prochaines étapes

Aux parlementaires, la cheffe de l’exécutif européen promet d’appliquer toute la conditionnalité prévue dans le cadre budgétaire pluriannuel. « Les règles pour le fonds de relance sont claires. […] Ces investissements sont liés à des réformes qui doivent répondre aux recommandations spécifiques par pays, et celles pour la Pologne prévoient le rétablissement de l’indépendance de la justice, et donc la suppression du régime disciplinaire contre les juges et le rétablissement des postes des juges limogés. C’est le plan prévu et que nous mettons en œuvre ». Et d’assurer, face aux critiques sur la lenteur de la Commission : « nous n’avons jamais perdu une procédure sur l’état de droit et nous allons continuer ».

Le Parlement en rangs serrés (ou presque)

« Je suis fière de tous les collègues qui se sont levés pour la défense de l’état de droit ! » relève in fine l’écologiste allemande Ska Keller. Cela doit se vérifier dans les votes de la résolution soumise aux voix ce jeudi (21 octobre). La fracture est nette en revanche, et sans surprise, avec la partie très à droite de l’hémicycle, à savoir les groupes ECR (conservateurs) — où siège le PiS (Droit & Justice) — et ID (Identité & démocratie) — habitant le Rassemblement national par exemple. Deux de ses représentants français (Jérôme Rivière et Nicolas Bay) prendront même la peine d’aller saluer le Polonais à l’issue du débat. Ce seront quasiment les seuls. L’autre fracture apparente, porte sur une opposition est/ouest… Ce que résume le Slovaque Milan Uhrik (Non inscrits) : « l’état de droit n’est qu’un outil de contrôle, pour faire passer un programme libéral. La Pologne a tout notre soutien pour maintenir sa souveraineté. Ne provoquez pas l’Europe centrale ».

(Emmanuelle Stroesser)

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Nord du Kosovo. EULEX reprend ses activités normales. Fin du déploiement d’urgence

Wed, 20/10/2021 - 14:52

(B2) L’unité de police (FPU) de la mission d’EULEX Kosovo a mis fin à son déploiement jeudi (14 octobre 2021) dans le nord du Kosovo. Son déploiement avait été nécessaire en raison de la remontée de la tension

Aux points frontières

Les forces de police de la mission de l’UE « pour l’état de droit au Kosovo » étaient présentes aux points de passage communs de Bërnjak/Tabalije et Rudnica/Jarinjë dans un rôle de reconnaissance « afin de surveiller la situation sécuritaire sur le terrain », expliquait à B2 la porte-parole de la mission.

Gardiens de la sécurité du Kosovo

Les équipes d’EULEX s’étaient déployées à partir du 20 septembre, pour répondre une demande officielle de la police du Kosovo, suite aux tensions liées à la non-reconnaissance des plaques d’immatriculation entre Belgrade et Pristina (Lire : Tensions dans le Nord du Kosovo. EULEX se déploie. La KFOR patrouille).

En seconde ligne

La mission de l’Union européenne sur place a ainsi joué son rôle de deuxième intervenant en matière de sécurité au Kosovo (second security responder). C’est-à-dire pour soutenir la police du Kosovo en cas de besoin. Elle a été également soutenue par la troisième ligne de renfort (third security responder), les forces de l’OTAN.

Depuis vendredi (15 octobre), la mission a donc repris son travail habituel de patrouilles de reconnaissance quotidiennes, y compris dans le nord du pays.

(Aurélie Pugnet)

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La Lituanie va rejoindre Takuba avec un avion

Tue, 19/10/2021 - 09:30

(B2) Après les Estoniens et les Tchèques déjà présents depuis le début, les Hongrois bientôt, ce sont les Lituaniens qui vont rejoindre la task-force Takuba, en fournissant un soutien logistique et humain

Un avion Spartan des forces armées lituaniennes

Le conseil national de la défense — qui regroupe les principales autorités (président, ministres, parlementaires) — a approuvé, lundi (18 octobre), la participation de la Lituanie à l’opération conduite par les Français. Elle prendra la forme d’un avion de transport C-27 Spartan avec une douzaine de personnels (pilotes et mécaniciens). Un maximum de 30 militaires et civils seront déployés pour 2022.

Un avion et ses équipages au Niger

L’avion sera déployé au Niger, indique le ministre de la Défense, pour effectuer des missions au Mali. « Nous avons pris en compte les besoins et les demandes de la France », a déclaré le ministre de la Défense nationale Arvydas Anušauskas lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion, selon l’agence de presse BNS. Pour les forces lituaniennes, cette contribution est aussi « très importante dans le succès des opérations des Forces d’opérations spéciales », a ajouté le ministre.

Un retour de solidarité

Cela suit une négociation au plus haut niveau. Le président français Emmanuel Macron avait adressé cet été une demande à son homologue lituanien Gitanas Nausėda. Pour Vilnius, il s’agit en quelque sorte d’un retour de la solidarité, pour l’engagement français dans les pays baltes au titre de la police du ciel. Le pays avait déjà envoyé cet avion pour prêter main-forte aux Français lors de l’opération Sangaris en Centrafrique en 2014.

Approbation par le Parlement à venir

Le projet de résolution soumis à la Seimas (le parlement lituanien) sur l’ensemble des contributions aux OPEX pour 2022-2023, mentionne une contribution « maximale de 30 militaires » pour la task-force conduite par la France. Au total, durant cette période, la Lituanie compte déployer un maximum 323 militaires et civils dans une dizaine d’opérations extérieures de l’Union européenne, de l’OTAN ou des Nations Unies. Elle est déjà présente dans la mission de formation de l’UE en Centrafrique (EUTM RCA) et devrait aussi contribuer à la mission de formation EUTM Mozambique (lire notre Carnet (19.10.2021).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Éthiopie et le conflit du Tigré. La réponse humanitaire au bord de la rupture

Mon, 18/10/2021 - 19:20

(B2) Le conflit dans la région du Tigré dure depuis près d’un an. La situation humanitaire empire. L’aide n’y accède qu’avec difficulté. Les acteurs humanitaires eux-mêmes sont devenus des cibles. Pour le Comité international de la Croix rouge (CICR), l’accès à la santé est la priorité numéro un. Entretien avec la porte-parole régionale Afrique, Alyona Synenko

  • B2 avait recueilli le témoignage du CICR quelques semaines à peine après le déclenchement du conflit, en novembre 2020. (Lire Éthiopie. Situation humanitaire potentiellement explosive avec le conflit au Tigré (CICR))
  • Depuis, de nombreux partenaires humanitaires dans le Tigré ont considérablement réduit et/ou interrompu leurs programmes d’intervention en raison du manque de carburant, d’argent et de fournitures, note l’agence des Nations unies pour l’action humanitaire, dans un point du 14 octobre.
  • Le cas de l’Éthiopie a été discuté entre les ministres des Affaires étrangères, ce lundi (18 octobre), au Luxembourg (article à suivre).

On parle de pénuries dues aux restrictions imposées par le gouvernement d’Addis-Abeba. Quelle est la situation au nord du pays ?

— Les pénuries d’électricité et de carburant dans le Tigré ont un impact sur tous les services vitaux, notamment l’approvisionnement en eau et les soins de santé. Si le courant a été rétabli quelques heures par jour à Mekele [la capitale de la région du Tigré] et à Shire, il n’y a pas d’électricité dans le reste de la région. Les infrastructures vitales, comme les hôpitaux et les stations de traitement des eaux, fonctionnent avec des générateurs, sans qu’aucune canalisation régulière de carburant n’ait été rétablie à ce jour.

Avec des répercussions à plus long terme ?

— Le manque d’électricité et de carburant entraîne également des pénuries d’eau. Qui pourraient avoir un impact désastreux sur la santé publique, en particulier pendant une saison des pluies connue pour favoriser la propagation de maladies contagieuses et hydriques comme le choléra. Ce risque est particulièrement élevé pour les personnes déplacées, qui vivent dans des conditions de promiscuité dans des sites temporaires et avec les communautés d’accueil. Dans les zones rurales, de nombreuses pompes manuelles ne fonctionnent pas et la population n’a pas assez d’eau pour la boisson, les activités agricoles ou les besoins domestiques de base.

Certains signes indiquent que les opérations militaires dans la région pourraient s’intensifier. Que savez-vous des conditions actuelles de vie des habitants de la région du Tigré ?

— Le déplacement des lignes de front oblige des dizaines de milliers de personnes nouvellement déplacées dans le nord de l’Éthiopie à fuir leurs foyers en quête de sécurité. Non seulement elles souffrent du traumatisme de quitter leur foyer, mais elles doivent également faire face à une insécurité croissante. Les personnes déplacées par les violences dans les régions du Tigré, de l’Afar et de l’Amhara se trouvent principalement dans les villes principales, où elles sont hébergées par des communautés d’accueil ou dans des sites improvisés, comme des écoles. Ils ont peu d’effets personnels et dorment dans des abris surpeuplés, dans des écoles ou même en plein air, où ils peuvent être exposés au froid dans les régions de haute altitude. L’eau, la nourriture, l’argent, le carburant et l’électricité sont très rares, et les personnes déplacées dépendent fortement des communautés d’accueil, qui ont souvent peu de ressources à leur disposition.

Quelles sont les implications pour d’autres parties de l’Éthiopie, notamment dans la région voisine d’Amhara ?

— Les chaînes d’approvisionnement ont été perturbées. L’absence de trafic commercial a eu un impact sérieux sur la disponibilité de la nourriture, du carburant, des fournitures médicales et des biens essentiels. Dans la plupart des régions d’Éthiopie, nous avons constaté une augmentation considérable des prix des denrées alimentaires.

Avez-vous toujours une équipe à Mekele ? Quelles sont les conditions de travail ?

— Oui, nous avons des équipes à Mekele et à Shire. C’est un environnement difficile et instable pour travailler…

Du personnel humanitaire de l’ONU a récemment été expulsé. Du personnel de l’ONG Médecins sans frontières a été tué en juin. Quelles sont dans ce contexte vos priorités et les questions humanitaires les plus urgentes selon vous ?

— L’amélioration de l’accès à la santé est la priorité absolue. Dans le Nord de l’Éthiopie, notamment dans les régions du Tigré, d’Amhara et de l’Afar, le CICR soutient les hôpitaux de référence et les hôpitaux généraux afin de leur permettre de traiter les blessés par armes et de maintenir les services médicaux essentiels. Le système de soins de santé dans les zones de conflit est soumis à une pression particulièrement forte. Les centres médicaux doivent non seulement faire face à un afflux de blessés mais aussi à une situation sécuritaire plus difficile qui met en danger le personnel médical travaillant dans les hôpitaux ou les structures de santé plus petites. Dans certaines des zones les plus touchées par le conflit, les fournitures médicales urgentes ne parviennent pas à passer. Il en résulte une absence quasi totale de services de soins de santé au moment où les gens en ont le plus besoin. Davantage de fournitures vitales, notamment médicales et alimentaires, doivent parvenir au Tigré pour éviter que cette vaste crise humanitaire ne s’aggrave. Si les hôpitaux continuent de travailler sans médicaments, sans nourriture et sans carburant, cela entraînera des décès évitables.

(Propos recueillis par Emmanuelle Stroesser)

Entretien réalisé en anglais par échange de courriels, vendredi 15 octobre 2021

Lire aussi sur B2 Pro :

Ethiopie. L’Europe en position inconfortable (F. Massimo Castaldo) (juin 2021)

Le conflit en Éthiopie continue. Les Européens appellent au dialogue (Borrell-Haavisto) (avril 2021)

L’Éthiopie placée sous surveillance sur les crimes de guerre. Les Européens exigent le retrait des troupes érythréennes (mars 2021)

Le conflit éthiopien est dans une impasse. Une seule solution : négocier. L’Europe a un rôle à jouer (Pekka Haavisto) (février 2021)

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Le tweet de trop de Janez Jansa

Sat, 16/10/2021 - 14:10

(B2) Le premier ministre slovène, tweetomaniaque, a-t-il dérapé en publiant un tweet ultra-limite ? En tout cas, il a provoqué une certaine opprobre en Europe. Mais surtout en interne. Beaucoup plus dangereuse

Tout commence jeudi (14 octobre) par la publication par Janez Janša (SDS/PPE) d’un tweet mettant en cause les « marionnettes de Soros au Parlement européen ». Et en particulier la députée néerlandaise, Sophie In’t Veld. Elle appartient au parti libéral de centre gauche néerlandais D66, membre du groupe parlementaire Renew (comme La république en Marche en France).

La bête noire du dirigeant slovène

Cette fervente militante des libertés publiques et du respect de l’État de droit, a le tort d’être à la tête d’une délégation du Parlement européen, en mission sur l’état de droit en Slovénie. Et depuis le début de la mission, il n’a de cesse de la critiquer, à coups de retweets de Nova24, la télévision fidèle au pouvoir. Une vieille habitude. Déjà en 2019, il avait abondamment fait savoir son mécontentement.

Rien de vraiment surprenant

Le dirigeant slovène adore attaquer ses ennemis, ses adversaires, bille en tête. Et il est compulsivo-maniaque retweetant à tour de bras, toutes les heures. À se demander s’il a le temps de penser et diriger le pays ! Seulement, ce tweet aux relents légèrement antisémites a provoqué une réaction importante, en Europe comme en Slovénie. Une réaction telle que Janez Jansa l’a supprimé. Fait plutôt rare pour le dirigeant particulièrement ombrageux.

Un manque de respect au Parlement !

Le président du Parlement européen David Sassoli (PD/S&D) réagit très rapidement, et avec vigueur, appelant « d’urgence » Janez Jansa « à cesser les provocations contre les membres du Parlement européen ». « Les attaques contre les membres de cette maison sont aussi des attaques contre les citoyens européens » ajoute-t-il, invoquant « la confiance et le respect mutuels ».

We urgently call on @JJansaSDS to cease the provocations against members of the @Europarl_EN. Attacks on members of this house, are also attacks on European citizens.

A constructive collaboration with the rotating Council Presidency can only be based on mutual trust and respect.

— David Sassoli (@EP_President) October 14, 2021

L’ambassadeur slovène à La Haye sermonné

Ce tweet sur les députés européens est « de mauvais goût » condamne à son tour le premier ministre néerlandais Mark Rutte (VVD/Renew). « Je le condamne dans les termes les plus fort possibles. » Le gouvernement néerlandais a d’ailleurs « fait passer le message » à l’ambassadeur slovène en poste aux Pays-Bas, indique-t-il jeudi en fin de soirée. En termes formels, ce n’est pas une convocation de l’ambassadeur… Mais cela y ressemble de très près. NB : le parti D66 dont fait partie Sophie In’tVeld est membre de la coalition gouvernementale.

Tasteless tweet by Janez Janša (@JJansaSDS) about MEPs. I condemn it in the strongest possible terms. The government just conveyed this same sentiment to the Slovenian ambassador in The Hague.

— Mark Rutte (@MinPres) October 14, 2021

Occupez-vous de vos affaires !

Le leader slovène ne se laisse pas abattre. Deux heures après, il sermonne à son tour les dirigeants néerlandais. « Eh bien Mark [Rutte] ne perdez pas de temps avec les ambassadeurs et la liberté des médias en Slovénie. Ensemble avec Sophie in’t Veld, protégez [plutôt] vos journalistes [pour leur éviter] d’être tués dans la rue. » Faisant ainsi référence au meurtre du journaliste d’investigation de RTL4, Peter R. de Vries, abattu en pleine rue le 6 juillet, et décédé à l’hôpital le 15 juillet suivant.

Well, Mark, @MinPres, don't waste time with ambassadors and media freedom in Slovenia. Together with @SophieintVeld, protect your journalists from being killed on the streets. https://t.co/EPvDP7Jlfk

— Janez Janša (@JJansaSDS) October 14, 2021

Le respect des institutions est fondamental

L’affaire s’envenime. Le président du Conseil européen Charles Michel (MR/Renew) enfonce le clou, jeudi tard dans la soirée, à 22h56. Sans citer nommément le premier ministre slovène. « Les membres du Parlement européen doivent pouvoir faire leur travail librement sans aucune forme de pression. Le respect mutuel entre les institutions de l’UE et au sein du Conseil européen est la seule voie à suivre. »

Members of the @Europarl_EN should be able to do their work free from any form of pressure.

Mutual respect between EU institutions and within the European Council is the only way forward.

— Charles Michel (@eucopresident) October 14, 2021

Une fêlure dans la coalition

Le coup de grâce vient de l’intérieur du gouvernement slovène. Le message du premier ministre est « inapproprié et inutile » condamne, vendredi (15.10), son (jeune) ministre de la Défense, Matej Tonin qui indique « s’attendre à des excuses ».

Tvit @JJansaSDS namenjen evropskim poslancem je bil neprimeren in nepotreben. Pričakujem, da se bo PV prizadetim za svoje besede opravičil. Če želimo ohraniti EU,mora ta temeljiti na medsebojnem spoštovanju in kulturi dialoga. Škoda bi bilo na tak način zapraviti ugled Slovenije.

— Matej Tonin (@MatejTonin) October 15, 2021

Un message pour le moins inhabituel au sein de la coalition au pouvoir slovène. Une fêlure dans la coalition puisque l’intéressé est aussi vice-premier ministre et chef de Nova Slovenija, un petit parti chrétien-démocrate (PPE). À suivre…

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Emmanuelle Stroesser)

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Accident à Barkhane. Un mécano du 4e RC de Gap tué à Tombouctou

Wed, 13/10/2021 - 14:01

(B2) Un soldat français de l’opération Barkhane est mort « de manière accidentelle » à Tombouctou, au Mali, mardi 12 octobre, annonce l’état-major des Armées françaises dans un communiqué. Le maréchal des logis Adrien Quélin était mécanicien au sein du groupement tactique désert ‘Roc Noir’. Il « effectuait une opération de maintenance » sur le moteur d’un camion. « Grièvement blessé » par la bascule de la cabine de ce camion, « il est décédé des suites de ses blessures ». L’état-major annonce qu’« une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’accident ». Adrien appartenait au 4e régiment de chasseurs stationné à Gap.

(AF, st.)

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La frégate belge Leopold Ier espère participer à l’exercice OTAN cette semaine

Sat, 09/10/2021 - 12:30

(B2) L’équipage était bien jeune pour se qualifier à un entraînement aussi intense. Et il leur a fallu trois bonnes semaines de rattrapage pour se mettre à niveau et en fin intégrer l’exercice Joint Warrior

La frégate Léopold Ier (photo : marine belge)

La frégate Léopold Ier (F-930) est fin prête pour sa mission et rejoindra sous peu le groupe SNMG 1 (Standing Naval Maritime Group 1) dans le cadre de l’entraînement Joint Warrior, annonce la Défense belge vendredi (8 octobre). Le navire avait été ajourné une première fois mi-septembre en raison du manque d’expérience de l’équipage.

Un entraînement intensifié

Le personnel de la frégate Leopold Ier « suit un entraînement intensif » pour atteindre les « standards nécessaires » pour rejoindre le groupe maritime SNMG 1 de l’OTAN (Standing Nato Maritime Group) et participer à l’exercice Joint Warrior, avait indiqué la Marine belge samedi (2 octobre) dans un communiqué. L’entraînement se poursuivra « jusqu’à ce que le navire atteigne le niveau de sécurité requis ».

Compenser le manque d’expérience par de l’entraînement

« Le métier de marin est un métier exigeant. Et acquérir ces connaissances demande du temps », se justifie la Marine. « Avant de déployer un navire en mission, [nous] voulons être sûr qu’il puisse l’exécuter en toute sécurité », indique l’amiral de division Jan De Beurme, chef de la composante navale belge.

(Agnès Faure, st.)

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Les Hongrois arrivent dans Takuba

Sat, 02/10/2021 - 14:55

(B2) Ça y est. C’est décidé. Budapest a formellement soumis à son parlement cette semaine une proposition afin d’enclencher sa participation à la task force européenne engagée au Sahel

Forces spéciales en entrainement (Photo : Kormany HU / Archives B2)

Task-force initiée par la France, mais qui va être commandée par un Suédois prochainement.

80 hommes au maximum

La participation hongroise ne sera pas que symbolique. La Hongrie compte engager jusqu’à 80 militaires (plafond maximum). En réalité un peu moins sans doute. Mais ils seront « au front ». Les forces d’opération spéciales hongroises assureront les « tâches de conseil, de soutien et de mentorat des forces maliennes au combat » est-il précisé dans la résolution.

Engagement sur deux ans

Le premier contingent hongrois devrait être déployé au premier trimestre 2022. Mais un premier déploiement préparatoire d’une vingtaine de soldats devrait avoir lieu d’ici fin 2021. Il y aura ensuite une rotation de quatre mois « en s’adaptant aux tâches opérationnelles de TAKUBA et à la mise en œuvre de la stratégie ». La durée de l’engagement — du moins de la déclaration faite aux Parlement national — est de deux ans, jusqu’à décembre 2023.

Geste de solidarité et objectif politique

Pour Budapest, cet engagement est justifié par « la volonté d’être un contributeur actif et crédible à la sécurité euro-atlantique ». Mais aussi par une raison qui résonne particulièrement dans la campagne hongroise : la pression migratoire. « L’une des causes de la pression du sud est la menace terroriste dans la région subsaharienne » explique Szilárd Németh, le secrétaire d’État parlementaire à la Défense. La Hongrie « est donc prête à accroître sa contribution à la sécurité dans la région. Il est donc dans notre intérêt national d’y jouer un rôle » ajoute-t-il.

NB : cet engagement de la Hongrie avait été scellé lors d’un entretien entre le président français Emmanuel Macron et son alter ego hongrois Viktor Orban, il y a quelques mois déjà. Entretien qui avait aussi une valeur très politique d’armistice dans les escarmouches entre les deux leaders. On peut gager que la tenue de l’engagement par Budapest devrait être gagé sur une réciprocité de Paris sur d’autres dossiers.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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La Grèce prend le commandement sur zone de l’opération Irini en Méditerranée

Wed, 29/09/2021 - 18:22

(B2) Deux changements à attendre du côté de l’opération de l’UE de contrôle de l’embargo sur les armes imposé à la Libye

Michail Magkos (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

La force aéronavale de l’UE déployée au large de la Libye va passer sous commandement grec dans quelques jours. Le commodore grec Michail Magkos doit succéder au contre-amiral Stefano Frumento (en poste depuis le 31 mars), comme commandant de la force en Méditerranée centrale, à compter du 1er octobre. Magkos connaît bien l’opération pour avoir été depuis le 31 mars l’adjoint du commandant d’opération (chef d’état-major). Sa bio.

Le commandement stratégique de l’opération EUNAVFOR Med Irini reste assuré par un Italien, depuis le quartier général de Rome. Mais lui aussi vient de changer : le vice-amiral Stefano Turchetto doit succéder le 1er octobre également à son compatriote, le contre-amiral Fabio Agostini qui a tenu les rênes de l’opération, depuis sa création, au printemps 2020. Son portrait ici.

Un nouveau commandant pour l’opération Irini en Méditerranée

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Tensions dans le Nord du Kosovo. EULEX se déploie. La KFOR patrouille

Tue, 28/09/2021 - 11:47

(B2) Depuis quelques jours, chacun veut montrer ses muscles près de la frontière entre Serbie et Kosovo. Les policiers et militaires européens et de l’OTAN s’interposent

Les plaques serbes ne sont plus acceptées au Kosovo. Ici, en février dernier, à Mitrovica (Nord du Kosovo) (B2/AP)

La tension monte sur le terrain

Police, blindés et même avions

Du côté kosovar, des véhicules blindés de la police spéciale kosovare ont été déployés dès le lundi 20 septembre, du côté kosovar vers les points frontières de Jarinje et Brnjak. Du coté serbe, des véhicules blindés, aussi ont été acheminés non loin de la « ligne administrative » ou frontière. Des tanks T-72s modernisés avec une nouvelle optique, comme le rapporte B92 (média serbe) samedi 25 septembre. Des Mig 21 de l’armée de l’air ont même survolé à plusieurs reprises la frontière ce week-end.

Belgrade soutenu par Moscou

Le ministre serbe de la Défense Nebojsa Stefanovic et son chef d’état-major ont rendu visite aux unités stationnées à la frontière administrative. Le tout en compagnie de l’ambassadeur de Russie, Alexander Botsan-Kharchenko, comme le rapporte un journaliste. Histoire de bien montrer que si le Kosovo est soutenu par l’OTAN, la Serbie n’est pas isolée et peut compter sur le soutien d’au moins un membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce mardi 28 septembre, N. Stefanovic en rajoute une couche : « l’armée a relevé son niveau de préparation au combat sur ordre du président serbe Aleksandar Vucic », selon B92.

En cause, un banal conflit de plaques d’immatriculation

La cause de cette montée d’adrénaline : une question banale en apparence. Quelles plaques d’immatriculation doivent porter les voitures au Kosovo ? Une plaque kosovare, jure Pristina, l’État du Kosovo étant indépendant depuis 2008. Une plaque serbe, réagit Belgrade qui n’a jamais reconnu complètement l’indépendance de cette ancienne province autonome yougoslave. Et considère toujours les habitants du Kosovo (au moins les Serbes) comme ses administrés. On le comprend bien, derrière ce problème de vie quotidienne, se cache une vraie question géopolitique : reconnaitre ou pas le Kosovo (1).

L’accord intérimaire qui a pris fin

La reconnaissance des plaques était un point important du Brussels Agreement, dans le cadre du Dialogue Belgrade-Pristina (2). Un accord était intervenu, entré en vigueur en 2016, mais uniquement à titre intérimaire, pour une période de cinq ans. Cet accord a pris fin. Et le Kosovo a décidé tout bonnement il y a deux semaines d’interdire la circulation des véhicules kosovars avec une plaque serbe sur son territoire. Autre raison avancée : le premier ministre kosovar parle de « réciprocité de mesures », rapportent des médias, car la Serbie interdisait avant cela les plaques kosovares sur son territoire.

Présence européenne et euro-atlantique renforcée

Conformément aux plans de sécurité, les Européens d’EULEX Kosovo et les Otaniens de la KFOR ont commencé à se renforcer sur place — au Nord Kosovo uniquement.

La police de EULEX déployée depuis une semaine

Des équipes de l’Unité de police constituée (FPU) d’EULEX (la mission de l’Union européenne pour l’État de droit au Kosovo) sont déjà « déployées depuis le 20 septembre » aux points de passage communs (CCP) de Bërnjak/Tabalije et de Rudnica/Jainjë, actuellement bloqués, explique Ioanna Lachana, porte-parole de la mission. Leur rôle est « la reconnaissance afin de surveiller la situation sécuritaire sur le terrain ».

Gardiens de la sécurité du Kosovo

L’unité de police d’EULEX a ainsi répondu à la demande officielle de la Police du Kosovo. Elle intervient dans son rôle de deuxième intervenant en matière de sécurité au Kosovo (second security responder). C’est-à-dire pour soutenir la Police du Kosovo en cas de besoin. Elle est en passe d’être soutenue par la troisième ligne de renfort (third security responder), les forces de l’OTAN.

Le nombre de patrouilles de la KFOR augmentée

La KFOR a ainsi été déployée depuis lundi (27 septembre) dans le Nord Kosovo. Des soldats américains, canadiens et polonais précise Kosovo Online. Les forces de l’OTAN « ont augmenté les patrouilles le long des principaux axes de circulation affectés par les barrages routiers » et « [déployé leurs] unités aux points de passage frontaliers de Jarinje et Brnjak », où se massent également manifestants et barricades, nous confirme le commandant de la KFOR, le général (italien) Franco Federici (3). 

Objectif : faire baisser la pression

Ces mesures adoptées par l’OTAN ont trois objectifs, détaille notre interlocuteur : « favoriser une désescalade rapide des tensions et restaurer un environnement sûr et sécurisé, ainsi que la liberté de mouvement pour toutes les communautés du Kosovo ». Le tout a été « préalablement discuté par le commandant de la KFOR avec toutes les institutions du Kosovo et avec les maires des municipalités du Nord », nous précise le commandant de la force.

A noter que les attachés de défense américain et canadien ont également fait le déplacement visitant les deux points frontières de Jarinje et Brnjacka « pour mieux comprendre la situation ». « Heureux de constater que la KFOR est sur place en tant que facteur de stabilisation » indiquent-ils dans un tweet. Attachés de défense américains et canadiens (Crédit : Ambassade US à Belgrade)

Une présence exceptionnelle

Ce n’est pas dans les habitudes de la Police du Kosovo de demander des renforts internationaux. La dernière fois que les Kosovars ont demandé à EULEX d’intervenir remonte au 28 mai 2019. C’était aussi dans le nord du Kosovo. EULEX avait alors « augmenté la fréquence des patrouilles des unités de police constituées pendant plus d’une semaine, à la suite de l’opération anti-contrebande menée par la police du Kosovo le même jour », rappelle à B2 Ioanna Lachana.

(Aurélie Pugnet)

  1. La Serbie reconnait de facto l’indépendance, mais pas de jure.
  2. Des négociations entamées depuis plusieurs années entre Serbie et Kosovo sous l’égide de l’Union européenne, avec l’objectif de « normaliser » leurs relations.
  3. La KFOR agit « conformément à son mandat, qui découle de la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies de 1999 » nous rappelle le général.

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