Marins tanzaniens en formation sur le ESPS Rayo (crédit : EUNAVFOR Atalanta)
(B2) A l’occasion d’une escale à Dar es Salaam, le navire espagnol ESPS Rayo (P-42), qui participe à l’opération EUNAVFOR Atalanta, a accueilli à bord, fin octobre, 38 membres de la marine tanzanienne. Au programme, des présentations théoriques complétés d’exercices pratiques, sur la survie en mer, des procédures d’approche et d’embarquement, des premiers secours, des opérations de recherche et de sauvetage (SAR) comme de contrôle des dommages.
NB : La tâche d’initier les forces maritimes locales a été ajoutée au mandat de l’opération européenne. Le navire espagnol a poursuivi sa route ensuite vers l’Ile Maurice, où il se trouve jusqu’au 6 novembre, avec une visite des autorités à bord.
Une présence renforcée pour la période intermoussous
L’opération EUNAVFOR Atalanta qui fonctionne en mode semi-intensif depuis la baisse de la piraterie compte aujourd’hui trois navires : la frégate italienne ITS Virginio Fasan (F591), qui assure le rôle de navire amiral), le patrouilleur de haute mer espagnol ESPS Rayo (P-42) et le navire de débarquement amphibie néerlandais HNLMS Rotterdam (L-800) et dispose de deux avions de patrouille maritime de type P3 Orion espagnol (P3-M) et allemand (P3-C).
Une présence légèrement renforcée dans la période inter-moussons qui, traditionnellement, est plus propice à des tentatives d’attaques de pirates, dans ce qui est considéré par les autorités européennes (et par tous les observateurs) comme un « corridor maritime économique stratégique ».
(Elena Barba avec Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Youssouf Atteipe, un collaborateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a été tué samedi (4 novembre), par balle quand des assaillants non identifiés ont attaqué un convoi du CICR composé d’un camion et d’un véhicule 4X4. L’incident a eu lieu à l’est de Kaga Bandoro, dans le centre-nord du pays. Le véhicule arborait pourtant clairement l’emblème de la croix rouge.
« Nous sommes consternés et bouleversés par le meurtre de notre collègue Youssouf, qui illustre à nouveau un manque flagrant de respect pour la vie humaine », a réagi Jean-François Sangsue, chef de la délégation du CICR à Bangui. « Le fait que cette attaque ait eu lieu alors que notre collègue convoyait des articles d’assistance destinés aux victimes du conflit en République centrafricaine rend cet acte encore plus tragique et inacceptable. »
Youssouf avait rejoint le CICR en février 2013. Il était marié et père de sept enfants.
(NGV)
(B2) Vendredi (3 novembre), une grosse action de sauvetage a mobilisé les différentes marines européennes présentes en Méditerranée centrale au large de la Libye. En tout, environ 700 personnes ont pu être récupérées dans six actions de sauvetage distinctes, selon les gardes-côtes italiens, sous la coordination du Centre italien de coordination du sauvetage maritime (IMRCC).
Deux unités de l’opération SOPHIA / EUNAVFOR Med sont intervenues permettant le sauvetage de 263 personnes. Le navire irlandais LÉ Niamh (P-52) a ainsi récupéré 53 migrants en détresse dans un navire. Tandis que le navire espagnol Cantabria (A-15) a été à la rescousse de deux autres navires, sauvant un total de 146 migrants en détresse. Mais d’autres secours n’allaient pas tarder. L’hélicoptère de bord du Cantabria AB 212, en patrouille dans la zone, a repéré « un autre canot en caoutchouc qui coulait avec des personnes qui se trouvaient déjà dans l’eau ». 64 personnes supplémentaires ont pu être secourues mais 23 personnes au moins ont coulé.
Un navire de la garde-côte italienne, le CP 941 Diciotti, a déposé au port de Reggio de Calabre samedi 764 migrants: 555 hommes, 97 femmes, 112 mineurs (dont 63 non accompagnés) ainsi que les cadavres de 8 personnes (dont certains étaient très jeunes, entre 8 et 17 ans selon la presse italienne).
Selon un bilan dressé par EUNAVFOR MED, l’opération européenne a permis de récupérer plus de 41 500 vies ont été sauvées en mer lors de 278 opérations de sauvetage. Durant ces actions, 117 trafiquants et trafiquants présumés ont été livrés aux autorités italiennes et 497 bateaux utilisés pour les trafics ont été coulés, ce qui empêche qu’ils soient réutilisés par les trafiquants (NB : nombre d’entre elles étaient de toute façon hors d’usage, les trafiquants utilisant dorénavant beaucoup des bateaux en caoutchouc de si mauvaise qualité qu’ils sont à usage unique).
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Le Fonds Lénaïc a été créé par la famille et les amis de Lénaïc en la mémoire de cette excellente confrère, morte trop tôt, d’un cancer foudroyant, à 28 ans, en septembre 2015. Lénaïc était non seulement une collègue intelligente, cultivée, attachante. Mais elle était aussi devenue très rapidement, à force de travail, de ténacité, une des meilleures journalistes à Bruxelles dans le domaine de la politique commerciale, notamment avec « EU Trade Insights », une lettre quotidienne spécialisée (mis en place par notre ami David Thual) qu’elle a portée de tout son talent.
(NGV)
(BRUXELLES2 – à Bangui) Franchissement d’obstacle, combat au corps à corps, tir, montage et démontage de son arme, orientation topographique, secourisme… ce sont quelques uns des entraînements que les Forces armées centrafricaines (FACA) reçoivent de la mission européenne de formation EUTM RCA. Cette formation, ils devront démontrer qu’ils l’ont acquise ce vendredi 3 novembre, lors d’un premier test (1). En visite à Bangui, B2 a pu assister aux derniers entrainements et préparatifs.
Première étape : le bac à sable
Dès 8h du matin, les premiers instructeurs européens arrivent au camp Kassaï. Malgré la pluie, le point de rendez-vous avec les officiers FACA est le “bac à sable“. C’est ici, de manière très graphique, que les Européens expliquent l’exercice dans sa globalité au capitaine qui dirige le Bataillon 3. Passé par l’école de Saint-Cyr (2012-2015), le capitaine Ulrich Yamande comprend vite la nature des épreuves par lesquelles ses hommes vont être testés. C’est maintenant à lui de prendre en main la suite, en donnant des instructions à ceux qui dirigeront les pelotons (10-12 hommes). Afin de les motiver, les groupes sont placés dans une situation de compétition. L’unité qui fera la meilleure ponctuation sur l’ensemble des 12 épreuves sera la gagnante. Sont en jeu « l’orgueil de gagner, mais également un “petit“ prix », nous explique le colonel espagnol, Antonio R. Bernal Martín, qui commande le pilier entrainement (“Training“).
Le capitaine donne des instructions à ses hommes sous la supervision d’un instructeur d’EUTM. Le « bac à sable » permet aux FACA de resituer une situation de mouvement (© LH/B2)
Savoir s’orienter
C’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour les soldats centrafricains. La première question du questionnaire de l’épreuve du jour l’illustre bien. « A quoi servent les courbes de niveau sur une carte? » Et pour cause, peu d’entre eux avaient manipulé une carte topographique avant d’arriver à Kassaï. Aujourd’hui, boussole en main, ils doivent donner l’azimut de trois points que l’instructeur leur a signalé. Pour la plupart, c’est réussi. Le sourire, souvent discret, qu’ils s’accordent laisse voir leur satisfaction.
(© LH/B2)
… et se déplacer en groupe
Épreuve suivante : se déplacer en groupe. A la façon d’une épreuve de team-building, c’est un parcours d’obstacles que les Européens ont choisi de monter… avec une difficulté ajoutée. Le parcours doit être franchi en portant une boite de cinq kilos, contenant théoriquement des obus de mortier. L’unité que je suis choisit rapidement sa stratégie. Celui qui est le plus en forme portera la caisse. En première position est placé un des plus jeunes, armé. Il devra être le premier à franchir chacun des obstacles et assurer la sécurité de l’autre coté. Le chef d’unité, qui devrait se positionner au milieu de son équipe, choisit de fermer la file, afin d’accompagner un de ses soldats blessé au genou. Finalement, après quelques erreurs, ils terminent le parcours en 11 minutes… bien loin des 7 minutes 30 fixées comme objectif. « Pour l’épreuve de vendredi, ils seront prêts » affirme l’instructeur français en charge de l’atelier. « Les autres groupes ont tous fait mieux » me souffle, en anglais, le Suédois qui l’accompagne.
Apprendre à combattre… avec des armes et à mains nues
Pour être un vrai soldat, il faut avoir des armes. C’est donc logiquement qu’EUTM forme les FACA au tir. Pourtant, les moyens sont limités. « Ils doivent apprendre à prendre soin de leurs armes. » C’est pour cela qu’une des épreuve est le démontage et montage d’un AK-47. Pour réussir, il faut le faire en moins de cinq minutes. Peu d’armes et également peu de munitions. Pour l’exercice d’aujourd’hui, seules deux personnes par équipe ont tiré. Et chacun n’a disposé que de dix cartouches. Mais les FACA doivent également savoir affronter des attaquants utilisant des armes blanches (couteau ou coupe-coupe). Objectif : se défendre mais également neutraliser l’ennemi.
(© LH/B2)
… dans le respect des droits de l’Homme
Les Européens insistent sur cela. « Neutraliser et non tuer ». C’est un des éléments clés, former une armée qui respecte le droit international, que ce soit dans leurs interactions avec les prisonniers armés ou des civils. C’est l’experte en droits de l’Homme, Cynthia Petrigh, de l’ONG Beyond Peace, qui est chargée d’expliquer les règles de la guerre.
Secourisme : ne laisser personne derrière
Évacuer un blessé tout en assurant une protection de zone, établir le meilleur endroit pour donner les premiers soins, faire un tourniquet… C’est un élément essentiel de la formation européenne. D’autant plus que cela n’a rien de naturel pour les FACA. « Pour eux, lorsque quelqu’un est blessé, on le laisse derrière… car il porte en lui un mauvais esprit. Lors des premiers exercices, la plupart refuse de toucher les personnes qui jouent les blessés » nous explique Barothi Hambursin. Cette Belge utilise sa propre expérience, notamment en Afghanistan et en Irak, pour démontrer comment quelques secondes peuvent faire la différence et sauver une vie. Apparait alors un défi plus général, celui de la gestion du temps. « Ils n’ont pas de montre », explique-t-elle.
Des FACA fiers
Les soldats, sous-officiers et officiers que j’ai pu rencontrer ont tous une chose en commun. Ils sont fiers d’appartenir aux FACA, et encore plus d’être dans un des bataillons formés par EUTM.
… malgré des conditions difficiles
Il a plu jusqu’au lever du jour, à 5h du matin. Les routes, envahies par des courants d’eau, puis de l’eau stagnante, sont difficilement praticables. Malgré cela, certains se sont levés avant l’aube pour venir jusqu’au campement. Ils ont fait entre 10 et 20 km. Souvent à pied… car leur salaire ne leur permet pas de prendre des moto-taxi. Si tous portent des uniformes militaires, aucun ne se ressemble. Aux pieds, certains ont des bottes, d’autres des baskets originalement rouges, vertes ou bleues. Et pour cause, le ministère de la défense ne leur a pas fourni d’équipement. Ce qu’ils portent, ils se le sont achetés eux-mêmes. EUTM, qui n’a pas le droit de fournir ce matériel, travaille pour trouver un donateur. Pour la cérémonie de certification du bataillon dans son ensemble, en décembre, les effectifs du BIT 1 pourraient porter des uniformes (et l’équipement) fournis … par la Chine !
(Leonor Hubaut)
A suivre…
(1) Trois compagnies composent le Bataillon 3 (BIT3). Chacune passe au camp Kassaï, le camp d’entrainement d’EUTM RCA, pour une formation de trois mois. Après six mois, ce sont donc seulement deux compagnies qui seront mises à l’épreuve cette semaine. La certification finale pour l’ensemble du bataillon est prévue pour décembre.