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La gendarmerie libère Abdeslam, les Belges contestent toute faute

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/11/2017 - 13:15

(B2) Dans son long rapport d’enquête, publié récemment, la commission belge de la Chambre des députés réfute toute accusation de faute ou d’erreurs dans la fuite d’Abdeslam vers la Belgique (1). Ils apportent cependant plusieurs détails qui expliquent comment l’arrestation ratée de Abdeslam, le lendemain même des attentats du 13 novembre à Paris, a été une succession de « petites » erreurs, commises à tous les niveaux de l’échelle, qui ont abouti à une erreur plus importante.

On est le 14 novembre 2015, au lendemain des attentats de Paris au Bataclan, à Saint-Denis et dans les terrasses. Le traumatisme est important en France mais aussi partout en Europe. Les contrôles ont été renforcés dans tous les coins du territoire, particulièrement dans la section nord-est de Paris jusqu’à la frontière belge.

Il est 9h10. Salah Abdeslam est contrôlé par la gendarmerie française au péage de Hourdin sur l’A2, sur la commune de Thun-l’Evêque (près de Cambrai), à une quarantaine de km de la frontière belge. Il est accompagné de Mohamed Amri, 27 ans et Hamza Attou, 20 ans.

Quand les gendarmes consultent le fichier SIS (Schengen), Salah Abdeslam n’apparait que comme devant faire l’objet d’un « contrôle discret », c’est-à-dire, « aux fins de recueil de renseignement » (2). Ce qu’on appelle en jargon policier un 36.2 et non un 36.3 (menace à la sûreté de l’État) (3). Une divergence dans les pratiques belge et française (cf. encadré) qui s’avèrera fatale. Certes l’individu a été cosignalé par les services anti-terroristes belges (4). Mais cette subtilité échappe tant aux gendarmes sur place qu’à leurs supérieurs semble-t-il. Idem pour le fichier d’Interpol, personne ne songe à le consulter apparemment alors que Abdeslam figure bien comme lié au terrorisme (5).

9h40, les gendarmes français retiennent le véhicule le temps des contrôles. Il est libéré, une demi-heure plus tard (selon le rapport de la commission d’enquête française), le délai normal pour un « contrôle discret », qui n’est pas un contrôle approfondi (6).

9h44, la permanence du SPOC (Single point of operational contact) belge reçoit un formulaire G du bureau Sirene en France, indiquant la teneur du contrôle. Celui-ci mentionne : « L’intéressé se trouvait à bord d’un véhicule Golf gris foncé immatriculé en Belgique. Deux autres individus à bord, Attou Hamza (avec date de naissance), Amri Mohammed (avec date de naissance). Tous ont déclaré revenir de chez un cousin à Barbès, Paris. Nous vous transmettrons toutes les copies des documents présentés dès réception. »

9h55, après enregistrement de ce “hit” et la recherche d’une série de données, le SPOC belge transmet le message à l’unité centrale terrorisme de la police fédérale. Le 14 novembre est un samedi. La « communication transite par la permanence de la direction des opérations de police judiciaire ». Donc juste quelques minutes de plus.

10h00, un opérateur du SPOC belge rappelle le bureau Sirène français, les invitant à faire « preuve de prudence », dès lors que l’affaire est liée au terrorisme, bien que cela ne transparaisse pas du signalement. Le bureau Sirène français répond qu’il transmet cette information à l’équipe policière ayant procédé au contrôle.

NB : A cette heure-là, l’homme a déjà été libéré. Mais apparemment les Belges n’en sont pas informés.

10h53, Sirène France transmet des informations plus précises à ses homologues Belges : « le véhicule a été laissé libre après le contrôle en raison de l’article 36.2. En raison des éléments que vous nous avez apportés en relation avec la Syrie, il a été demandé à la patrouille de l’intercepter de nouveau, mais il était déjà trop tard. Le véhicule circule actuellement sur l’autoroute A2 en direction de la Belgique, susceptible d’être déjà à votre frontière ». Ce message est immédiatement transmis, côté belge, par la CGI (la direction de la coopération policière de la police fédérale), tant à la permanence de la direction des opérations de police judiciaire qu’à la direction des opérations de la police administrative (chargée d’alerter la police de la route)…

NB : Le message semble se perdre en route. Mais il est vraiment très tard. Cela fait plus d’une heure que la Golf a été libérée par les gendarmes. Elle est quasiment aux portes de Bruxelles (à allure normale). Trop tard…

Epilogue : Le 15 novembre 2015 – le lendemain du contrôle à Cambrai -, le signalement international est modifié, la police judiciaire fédérale de Bruxelles signale Salah Abdeslam comme devant être recherché et arrêté.

Conclusion : chacun pourra se faire une idée et jeter la faute à l’un ou à l’autre. Chaque commission parlementaire a jeté, ainsi, l’opprobre sur son voisin. Il aurait été intéressant de faire un « retour d’expériences » en commun…

En l’occurrence, si on comprend bien ce qui s’est passé, de petites erreurs d’inattentions dans la consultation des bases de données (côté français), un manque de réactivité, occasionnant des retards de quelques minutes, précieux, dans la transmission des informations (surtout coté français mais aussi côté belge), un manque sérieux d’insertion de certaines précisions dans les bases de données (côté belge), et un certain retard à l’allumage (côté français comme côté belge), ajoutés à une complexité ou manque d’anticipation des outils européens (le fameux fichier Schengen) ont produit, en bout de chaîne à l’erreur fatale : un individu, bien que soupçonné de liens avec le terrorisme, se dirigeant vers la Belgique, est relâché le lendemain même des attentats du 13 novembre, avec deux de ses « complices ». Et il s’évanouit dans la nature pour plusieurs semaines…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Une divergence d’appréciation entre France et Belgique sur l’insertion dans le fichier Schengen

La France avait coutume d’effectuer les signalements de présumés combattants terroristes étrangers sur la base du 36.3. Une politique « solitaire » alors. « Fin 2015, on ne dénombrait que très peu de signalements de ce type de la part d’autres États membres de l’Union européenne. Certains États membres n’ont même jamais utilisé cette option. » indique la commission d’enquête. Cette politique a changé après les attentats du Bataclan, le Conseil des ministres de l’UE demandant expressément à tous les États de veiller « à ce que les autorités nationales introduisent systématiquement dans le SIS II les données concernant tous les combattants terroristes étrangers présumés, notamment en vertu de l’article 36.3 ». En Belgique, il a fallu quelque temps pour que cette donnée s’applique. « Le premier signalement effectué par la Sûreté de l’État en vertu de l’article 36.3 ne date que du 30 septembre 2016. »

(1) « Contrairement à ce que prétend la commission d’enquête française, nos services n’ont été aucunement négligents et n’ont pas davantage commis de fautes » souligne la commission d’enquête belge (rapport provisoire de la Chambre des représentants du 15 juin 2017, § 4.2.4., p. 427)

(2) Le premier signalement de Salah Abdeslam dans le SIS a été émis par la zone de police Bruxelles-Ouest (Molenbeek) le 9 février 2015. Celle-ci « a bel et bien précisé l’existence d’un lien avec le terrorisme dans la demande de signalement international ». Mais celui-ci n’est pas repris dans le fichier « Schengen » consulté par les gendarmes. Pour les Belges, un tel signalement n’était pas possible (cf. encadré).

(3) Le paragraphe 2 de l’article 36 du code Schengen concerne les signalements en vue de la répression d’infractions pénales ; le paragraphe 3 vise plus spécifiquement la menace grave OU d’autres menaces graves pour la sûreté intérieure et extérieure de l’État.

(4) Il aussi été introduit dans la banque de données d’Interpol, signalé pour terrorisme, aux fins d’une « surveillance discrète » et non une arrestation. Une pratique plutôt exceptionnelle reconnaissent les députés belges. Le manuel Sirene régissant le système Schengen indique ainsi qu’il convient d’éviter les signalements parallèles dans le SIS II et via Interpol dans l’espace Schengen. L’utilisation des signalements d’Interpol sera dès lors “limitée à des cas exceptionnels.

(5) L’Unité centrale anti-terrorisme de la police fédérale (DJSOC/Terro) a bien effectué une demande de signalement de Salah Abdeslam. Mais la règle veut « qu’un seul signalement » ne puisse fait « pour une même entité dans un seul pays, ce deuxième signalement n’a pas été retenu ». Le SPOC belge de la CGI a simplement enregistré la DJSOC/Terro comme service co-signalant lui demandant de se concerter avec la zone de police Bruxelles-Ouest.

(6) A l’époque, il n’était pas possible encore d’ajouter une mention « terrorisme » quand une personne fait l’objet uniquement d’un signalement au titre de l’article 36.2 (contrôle discret). Cela n’est rendu possible selon une décision européenne que le 23 février 2015 (selon une décision de la Commission du 29 janvier 2015, publié au JO le 18 février). Mais la Belgique traîne pour les mises à jour. Le Collège des procureurs généraux comme les notes de service du pilier judiciaire de la police fédérale, estiment qu’il n’y a nécessité « de n’actualiser [les fiches] que [pour] les signalements en vue de contrôles spécifiques et non ceux en vue d’une surveillance discrète ».

En Libye, c’est la loi des milices. Les garde-frontières formés par l’UE ne contrôlent pas grand chose (Vergiat)

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/11/2017 - 11:15
(B2) La députée de gauche unie, Marie-Christine Vergiat (GUE / NGL, FR) a été avec six autres eurodéputés de la commission des Libertés publiques, en Tunisie, du 18 au 22 septembre, pour évaluer la coopération en matière de gestion des migrations » entre l’Union européenne et ce pays mais aussi la Libye voisine. Son point de […]

En faire plus sur la communication stratégique. Oui avec quel argent ?

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/11/2017 - 08:17
(B2) Comment renforcer la communication stratégique de l'Union européenne, soumis à des pressions croissantes tant à l'Est qu'au Sud, sans augmenter le budget ? C'était un peu le sens de la question posée aux ministres des Affaires étrangères de l'UE qui avaient tenu à ajouter ce point à l'agenda de leur réunion, lundi 13 novembre. […]

Reportage à Bangui 5. La police scientifique au sein de la Minusca

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/11/2017 - 06:45
(B2 - À Bangui) La mission de l'ONU en République centrafricaine (MINUSCA) est la première a disposer d'une équipe de police technique et scientifique, déployée au sein de la section d'investigations criminelles. Ils sont six (quatre Espagnols (dont une femme), un Français et un Nigérian), et disposent de peu de moyens pour remplir leurs deux […]

La mission EUBAM Libya s’implante à Tripoli de façon plus permanente

Bruxelles2 Blog - Tue, 14/11/2017 - 05:30
(B2) La mission de l'Union européenne de soutien aux forces libyennes chargées du contrôle aux frontières (EUBAM Libya) devrait bénéficier d'un budget renforcé pour sa prochaine période (1er décembre 2017 - 31 décembre 2018). Le budget va, en effet, presque doubler, passant de 17 millions d'euros à 31,2 millions d’euros. Une implantation légère, permanente, à […]

La PESCO… and so what ?

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 20:20

(B2) Voir plus de dix ans après son instauration (1), la Coopération permanente structurée, le noyau dur de la défense européenne apparaitre, aurait normalement dû être un moment chargé en émotion, fort. La signature de cette « lettre » par un certain nombre d’Etats membres aurait dû être un moment « très politique ». Il n’en a rien été…

La journée vantée comme « historique » a été plutôt sans sel et sans saveur. On aurait approuvé la cinquantième modification de la directive sur la qualité de l’air ou changé la moquette du 12e étage de la Commission que l’ambiance n’aurait pas été moins festive. Quelques applaudissements pour célébrer l’évènement, une conférence de presse d’une longueur infinie, avec une série de slogans prémâchés, assénés sans conviction, sans qu’on comprenne où était ni l’émotion ni l’importance de l’évènement.

Tout le monde a vanté l’importance pour les citoyens ou/et la relance de l’Union européenne. Mais rien n’est venu étayer ce point ni dans les déclarations officielles des responsables européens ni dans les documents de « background » distribué (2). Une fois la réunion terminée, chacun des ministres s’en est empressé de faire un point de presse devant ses journalistes, aucune conférence de presse commune, aucune déclaration commune qui aurait permis de commencer à percevoir ce que pouvait être ce projet « important » pour la défense. Comme d’habitude…

Tout le monde s’est aussi empressé de tirer la couverture à soi. Même la Haute représentante de l’Union, Federica Mogherini, qu’on a connu d’habitude plus fair play, s’est prise à ce jeu là. Tout l’évènement avait d’ailleurs été conçu pour « mettre en valeur Federica Mogherini dont nous connaissons la destinée impériale » comme ironise dans les couloirs un bon connaisseur du dossier. Ainsi la nouvelle dynamique du couple franco-allemand, à qui la mise en place de cette Coopération structurée permanente, doit beaucoup (en particulier l’équipe de Jean-Yves Le Drian et celle d’Ursula von der Leyen), tout comme la volonté déterminée du président de la Commission européenne, J.-C. Juncker ont été largement minorés. On peut aimer ou ne pas aimer ces trois personnalités européennes. Là n’est pas le propos. Il faut rendre à César ce qui est à César. Sans eux, la PESCO n’aurait jamais vu le jour…

Sur le fond, personne n’a pu expliquer également comment une Coopération structurée avec quasiment tous les états membres (sauf Malte !) pourrait générer, mieux qu’aujourd’hui des résultats. Comment pourrait-on demain contourner l’unanimité, toujours obligatoire, pour déterminer les grandes orientations ou les nouveaux projets de la PESCO avec quelques pays (la Pologne particulièrement) décidés à tout faire… pour ne rien faire !

Ajouté à cela aucun rappel de l’évènement qui a traumatisé la France il y a deux ans et qui avait déclenché la clause d’assistance mutuelle de l’article 42.7, qui était tout de même la première fois que l’Union européenne organisait cette solidarité. Ce qui est pour le moins incongru. Le tout vous laisse, à la fin de la journée, comme un goût d’amertume dans la bouche, d’un évènement raté…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Des documents rédigés en anglais uniquement. Pour avoir demandé la raison, je me suis attiré un commentaire, chargé de mépris, d’un officier de presse du Service diplomatique européen « Mais tout le monde parle anglais, ici »…

La Coopération structurée permanente approuvée par 23 pays. La lettre de notification signée

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 17:01
(B2) Sonnez tambours et trompettes ! 23 États membres ont finalement apposé, ce lundi (13 novembre) leur signature sur la lettre de notification demandant à la Haute représentante de mettre en œuvre la coopération structurée permanente (PESCO), prévue par le Traité de Lisbonne (1). Ils ont surtout souscrit à une vingtaine d'engagements communs « obligatoires […]

La PESCO un engagement fort, une étape vers l’autonomie stratégique (Le Drian)

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 11:50
(B2 - au bâtiment Europa)  A son arrivée au Conseil de l'Union européenne, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a tenu à saluer la création de la Coopération structurée permanente en matière de défense... mais aussi à exprimer toute sa préoccupation sur la situation au Liban. Entretien. On est deux ans après […]

La France préoccupée par le Liban

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 11:30

Le ministre J.Y. Le Drian exprime sa préoccupation sur le Liban (crédit : EBS – Conseil de l’UE / Archives B2)

(B2) A son arrivée au Conseil des Affaires étrangères et de la Défense, ce lundi matin 13 novembre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a tenu aussi à montrer sa préoccupation sur la situation au Liban. De façon spontanée, il s’est confié à B2 sur ce sujet, semblant viser indirectement l’attitude de l’Arabie saoudite.

Vous êtes préoccupés sur ce qui se passe au Liban ?

« Nous sommes préoccupés par la situation au Liban. Le Liban a une longue histoire avec la France. Nous sommes soucieux de la stabilité du Liban. Nous sommes soucieux de son intégrité. Nous sommes soucieux de la non ingérence. Nous sommes soucieux du respect de la constitution libanaise. Et nous souhaitons que le calendrier fixé aboutisse à ce que le gouvernement libanais puisse se stabiliser le plus vite possible. »

Le Premier ministre libanais est réfugié en Arabie Saoudite, est-il vraiment libre de ses mouvements ?

« Il déclare être libre de ses mouvements. Nous n’avons pas raison de ne pas le croire. Mais pour qu’il y ait une solution politique au Liban, il faut que chacun des responsables politiques ait évidemment sa totale responsabilité de mouvement. Et que la non ingérence soit un principe de base. »

…de tous les partenaires au Moyen-Orient ?

La non ingérence est un principe de base [de tous].

Embargo sur les armes et sanctions individuelles. Les 28 augmentent la pression sur le Venezuela

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 10:25
(B2) Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont adopté, ce lundi (13 novembre), un embargo sur les armes ainsi qu'un cadre juridique de mesures restrictives individuelles. Une sorte d'ultime « avertissement » au gouvernement de Nicolas Maduro. L'objectif réaffirmé par les Européens dans les conclusions n'est cependant pas de sanctionner, mais d'obtenir une solution […]

Reportage à Bangui 4. Les commandos portugais en première ligne en RCA

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 07:45

Des commandos portugais à bord d’un Land Rover Defender, crée pour les forces spéciales (@LH/B2)

(BRUXELLES2 – à Bangui) Ils sont commandos, Portugais (1)… en principe, on les attend sur d’autres terrains que la République centrafricaine. Et pourtant, ces 159 hommes sont devenus indispensables au sein de la mission de l’ONU, la MINUSCA. Leur mission : contribuer à la stabilisation, sécurité et contrôle du territoire centrafricain. Tout juste rentrés d’opération dans le nord-ouest, B2 a pu les rencontrer à Bangui.

Le « dernier recours »

Ils sont le « dernier recours », lorsque la politique et les négociations ne fonctionnent pas et que seule la force semble possible face aux groupes armés. Ils sont ainsi intervenus récemment à Bocaranga. Vers la mi-septembre le groupe armé 3R avait pris le contrôle de cette localité du nord-ouest de la Centrafrique. Les 15.000 habitants ayant déserté, Bocaranga n’était plus qu’une « ville fantôme ».

La reprise de Bocaranga

Le contingent des casques bleus bangalais se limitait à protéger la base de ONGs, où s’est réfugié le personnel humanitaire, et le camp des déplacés à côté de sa position. Une délégation de la MINUSCA et du gouvernement a tenté d’obtenir le retrait du groupe armé. Sans résultat. Ce sont donc les commandos portugais, à bord de véhicules blindés, qui ont été envoyés pour reprendre la ville, avec le soutien aérien d’hélicoptères de combat. L’opération, contre ces 100-115 rebelles, a duré deux jours (7 et 8 octobre). Les Portugais inspectant maison par maison. Ils y ont trouvé « de nombreux prisonniers, enfermés dans une pièce de leur propre maison ». S’il y a bien eu des affrontements armés, rien qu’ils n’aient pas déjà vu sur d’autres terrains d’opération. Le pire ? : « la pauvreté, les conditions de vie de la population… »

… puis cap sur Bang

Une fois tous les membres du groupe armés expulsés de la ville, ce sont les contingents du Bangladesh et du Rwanda qui ont pris le relais, avec pour mission de contrôler la ville et éviter le retour du 3R, d’autres groupes armés, y compris les anti-balaka. Les Portugais ont, eux, pris la route vers Bang, petit village plus au nord (à seulement deux kilomètres du Tchad), qu’il fallait également reprendre… Chaque déploiement peut durer jusqu’à un mois.

À Bangui : préparation 

Lorsqu’ils ne sont pas déployés dans les régions centrafricaines, les Portugais sont basés à Bangui, au camp M’Poko. Ils ont alors trois tâches : le maintien de l’équipement (véhicules, armement, équipement…), maintenir un « haut niveau de préparation individuelle et collective », et mettre à jour leur connaissance de la situation dans le pays. Pour ce dernier point, l’officier du renseignement, qui travaille en permanence avec le quartier général (QG) de la MINUSCA, leur transmet les informations. « Nous devons savoir comment évoluent chacun des groupes armés. » Objectif : préparer tous les scénarios possibles.

… et patrouilles

Pendant les trois semaines entre déploiements, ils effectuent également des patrouilles dans Bangui, avec des casques bleus d’autres nationalités. Si la situation est plus calme à Bangui, le niveau d’alerte doit être maximum, notamment en raison des incidents ponctuels qui peuvent arriver rapidement. NB : l’attaque contre un bar, tuant quatre personnes, dans la nuit de samedi à dimanche 12 novembre, ainsi que les affrontements qui s’en sont suivis sont un exemple.

Intense préparation au Portugal 

Avant d’être déployés comme force de réaction rapide de la MINUSCA, les compagnies de commandos passent par trois étapes de préparation. En premier lieu, la préparation administrative et la logistique (habilitation, obtentions de passeports spéciaux, préparation sanitaire… ). Deuxièmement, la préparation opérationnelle centrée sur les capacités individuelles mais aussi collectives. Ce point prévoit la « systématisation des connaissances sur la MINUSCA, le terrain d’opération et la mission des divers composants de la Force militaire ». Pendant l’entraînement, les commandos ont été placés en « battle rythme » afin d’exercer « la planification et exécution d’opérations de combat et de stabilisation au niveau « groupe » et « compagnie » dans des conditions semblables à celles existantes dans le TO ». Un exercice final de certification est organisé. Troisièmement, la préparation pour la projection.

(Leonor Hubaut)

(1) Le détachement portugais, de 159 personnes, est composé d’une compagnie de 90 commandos et d’une équipe de trois personnes appartenant au Tatical Air Control Party (TACP) de l’Armée de l’Air Portugaise, d’un commandement et d’un détachement de soutien avec 66 personnes. Ils sont basés sur le camp français de M’Poko, à Bangui.

(2) Arrivés en septembre, il s’agissait du premier déploiement de ces commandos. La première rotation (janvier-août 2017) avait elle été déployée dans l’est du pays, notamment pour reprendre Bambari. Lire : Intervention aérienne de la MINUSCA à Bambari

Lire aussi :

Reportage à Bangui, EUTM RCA et MINUCSA pour stabiliser un pays

Bruxelles2 Blog - Mon, 13/11/2017 - 07:00

(BRUXELLES2 – à Bangui ) Pendant une semaine, Bangui la Coquette a été mon QG. Nous avons pu y rencontrer différents acteurs européens engagés dans la sécurité et la reconstruction du pays.

Une ville accueillante

La ville est plutôt calme, des taxis attendant à tout les coins de rues pour vous amener vers les bureaux d’une des organisations internationales présentes. Les Centrafricains eux, se déplacent plutôt en moto-taxi, pour aller vers le marché dont l’ébullition prouve le retour de l’économie dans la ville. Vers 15h, les rues s’emplissent de jeunes, qui sortent des écoles, lycée et université de Bangui. Les terrains de foot se remplissent. D’autres n’ont pas cette chance, et tentent de vous vendre des fruits ou de l’eau dans la rue. Si la pauvreté est là, dans les rues de Bangui, on en oublie presque que la République centrafricaine est le pays le plus pauvre d’Afrique.

EUTM RCA : former et conseiller les FACA

Le contingent d’EUTM Rca (Crédit : Eutm Rca)

La première visite s’est fait au camp Kassaï, le camp d’entrainement des forces armées centrafricaines, les FACA. Ce qui a permis d’assister derniers exercices de préparation avant le test mettant à l’épreuve chacune des trois compagnies formant le bataillon d’infanterie terrestre Un (BIT 1). Lire : Au camp Kassaï, la formation des FACA avance à bon rythme

L’occasion aussi de rencontrer ceux qui sont à leurs cotes jour après jour, les instructeurs de la mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA). Lire : La formation des FACA : plongée dans le travail de la mission

Et comme EUTM, ce n’est pas que de la formation. Nous avons rencontré le général français en charge du pilier de conseil stratégique auprès du ministère de la Défense, dont le rôle est de les accompagner pour reconstruire l’ensemble de la structure de défense du pays, et son budget. Lire : EUTM RCA, chef d’orchestre de la reconstruction de la structure de défense

Impossible de quitter le camp Ucatex – Moana sans avoir la vision plus globale du commandant de cette mission, le général espagnol Fernando García Blázquez. Lire (à suivre) : EUTM RCA respectera tous les objectifs du premier mandat (Général Blazquez)

La MINUSCA

À Bangui, les Européens ne servent pas uniquement dans la mission de l’Union européenne. On les retrouve également dans la force de l’ONU, la MINUSCA, dans des tâches bien distinctes. Les commandos portugais, force de lance de la mission, ont raconté comment ils ont repris la ville de Bocaranga le 7 octobre dernier.

Lire : 4. Les commandos portugais en première ligne des combats en RCA

Une équipe devant son Range Rover Defender (@LH/B2)

De l’autre côté du spectre d’action de la mission, quatre Espagnols, un Français, ainsi qu’un Nigérien, composent l’unité de police scientifique chargée de participer aux enquêtes les plus délicates, souvent des attaques ayant tués des casques bleus ou des massacres de civiles. Sans grands moyens, ils prennent pourtant à coeur leur deuxième mission, former les policiers et gendarmes centrafricains.

Relevé d’empreintes digitales d’un détenu de la prison de Bangui (@LH/B2)

La situation sécuritaire : pire qu’il y a un an

Nous avons interrogé nos interlocuteurs sur leur perception de la situation sécuritaire. Les Européens d’EUTM ou de la délégation européenne soulignent une situation plus mauvaise qu’il y a un an. Du côté de la mission onusienne, la MINUSCA, on se montre moins négatif. « Nous avons fait de très grands progrès » nous a expliqué le général Keita, commandant de la force militaire. Arrivé en 2014, il insiste. « L’idée d’une partition du pays a disparue. Les grandes villes du pays sont des endroits surs. S’il y a encore des confrontations avec les groupes armés, les civiles sont nettement moins ciblés. » Lire (à suivre) : 7. Une situation sécuritaire pire qu’il y a un an

(Leonor Hubaut)

Lire les différents articles (* sur B2 Pro) :

N°56. L’Europe de la défense. De 2009 à 2017 : la PSDC

Bruxelles2 Blog - Sun, 12/11/2017 - 20:00
[caption id="attachment_75613" align="alignnone" width="600"] (crédit : EUTM RCA)[/caption] (B2) Le Traité de Lisbonne réforme le dispositif de la politique étrangère et de sécurité. Celle-ci change d'appellation (la PESD devenant la PSDC). Le Haut représentant devient membre de la Commission européenne tout en acquérant la possibilité de présider le Conseil des ministres des Affaires étrangères. Un service diplomatique européen est créé, fusionnant les services […]

Reportage à Bangui 3. EUTM RCA, chef d’orchestre de la reconstruction de la structure de défense

Bruxelles2 Blog - Sun, 12/11/2017 - 10:13
(B2 - à Bangui) Pour reconstruire les forces armées centrafricaines (FACA), la formation ne suffit pas. Il faut reconstruire toute la structure de défense du pays. C'est ce que fait le personnel du pilier particulièrement sensible de “conseil stratégique" de la mission européenne EUTM RCA, sous la direction du colonel français, Jean-Philippe Leroux. B2 a […]

Reportage à Bangui 2. La formation des FACA : plongée dans le travail de la mission

Bruxelles2 Blog - Sat, 11/11/2017 - 10:00
(B2 - à Bangui) C'est au camp Kassaï, à l'est de la capitale centrafricaine, que la mission européenne de formation des forces armées centrafricaines (EUTM RCA) entraine les FACA pour les aider à se reconstruire. Ils sont une cinquantaine à y participer directement, au sein des piliers “entrainement“ et “éducation“. B2 a été à leur rencontre pour […]

Trois nouveaux pays rejoignent le projet danois d’armes guidées de précision

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/11/2017 - 21:45
(B2) Les ministres de la Défense de trois pays (Finlande, Hongrie et Royaume-Uni) ont signé, en marge de la réunion ministérielle de l'OTAN, jeudi 9 novembre, un MoU (arrangement) pour rejoindre le projet initié par le Danemark sur les achats en commun d'armes guidées de précision (bombes ou missiles) qui regroupe désormais onze pays (1). […]

Carnet (10.11.2017). Pesco (cérémonial, Pologne, Grèce, Autriche, Royaume-Uni). EUAM Ukraine (chef). Macédoine (déjeuner). Sahel (sommet). Libye (sanctions). Gaza (soutien – EUBAM Rafah). COPS (agenda). OTAN-UE. Royaume-Uni (renfort Balkans). Macédoine...

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/11/2017 - 20:26
(B2) Parus récemment : Le budget de l’Agence européenne de défense augmenté La mobilité militaire devient un sujet communautaire. Un autre tabou est levé L’Institut d’études de la sécurité a une nouvelle équipe de direction Mogherini en mission à Washington pour convaincre. Le deal avec l’Iran fonctionne Sur la Coopération structurée permanente Des projets en […]

Des projets en nombre pour la PESCO… Cela fourmille !

Bruxelles2 Blog - Fri, 10/11/2017 - 18:55
            (B2) Si la Coopération structurée permanente (PESCO) est un succès, c'est bien par le nombre de projets. Cela fourmille. Et le premier travail des pays participants va être de faire le tri... Une multitude de projets déposés Le nombre de projets soumis dans le cadre de la PESCO a […]

Pour comprendre la «très grande tension» au Moyen-Orient

Blog Secret Défense - Fri, 10/11/2017 - 18:17
Le Hezbollah libanais est dans le collimateur de l’Arabie saoudite. Un « dérapage » militaire n’est pas exclu, alors que le président Macron a rencontré MBS.

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Blog Secret Défense - Fri, 10/11/2017 - 18:17
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