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La mise en place du SPV, l’instrument de troc avec l’Iran, une symbolique forte

Bruxelles2 Blog - Thu, 31/01/2019 - 14:02

(B2) La mise en place de cet instrument de troc (ou SPV comme Special purpose vehicle) par les Européens ne doit pas être négligée. Cette création est importante à plus d’un titre

Certes, cela n’a pas été facile et cela a demandé quelques longues semaines de discussion. Certes, cet instrument commence ‘petit’, par des secteurs  plutôt non stratégiques. Certes, on peut se demander si cela suffira à conserver suffisamment de flux commerciaux avec l’Iran. Mais il faut remettre le tout dans un contexte.

A partir de rien, et en restant unis

C’est la première fois qu’on bâtit un instrument de troc à partir de rien, en multilatéral. Un certain nombre de questions juridiques, économiques, étatiques était à régler. C’est logique. L’avoir fait, en un temps somme toute rapide, est remarquable d’une certaine façon. Avoir réussi à garder l’unité des trois grands pays (les franco-allemands, et britanniques) qui auraient pu avoir d’autres motifs de division (le Brexit), comme de l’ensemble des Européens n’est pas négligeable également.

Garder l’accord iranien vivant

Ce geste revêt aussi une double symbolique. Tout d’abord vis-à-vis de l’Iran. Les Européens du E3 marquent ainsi concrètement qu’ils entendent conserver toute la valeur à l’accord sur le nucléaire iranien en faisant leur part de travail : faciliter les flux commerciaux dans les domaines non marqués par les sanctions. L’ambition de continuer à faire vivre l’accord sur le nucléaire iranien est d’ailleurs l’objectif ultime des Européens.

Un bras d’honneur à Donald Trump

Enfin, et surtout, c’est la première fois que les Européens, ensemble, mettent en place un outil délibérément destiné à contourner des sanctions américaines. C’est une certaine entaille à la politique de sanctions extra-territoriales des États-Unis, qui ne date pas du gouvernement actuel. C’est une marque précise, non plus seulement en paroles mais dans les faits, d’une opposition claire à la politique étrangère américaine sur une question stratégique (les relations avec l’Iran) (1). S’opposer de façon aussi délibérée sur une question stratégique, c’est un petit bras d’honneur à Donald Trump. On ne boudera pas donc ce (petit) plaisir.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire à suivre : Instex, l’instrument destiné à contrer les sanctions US est en place. Mais pas encore tout à fait opérationnel

  1. Dans le passé, il y a eu des oppositions entre Européens et Américains. Mais soit elles portaient sur des questions commerciales (ex. Airbus), soit les Européens étaient divisés (ex. Irak).

Lettonie. Artis Pabriks, à nouveau ministre de la Défense. Pas un chaud partisan de l’Europe de la défense

Bruxelles2 Blog - Thu, 31/01/2019 - 07:44
(B2) Le nouveau ministre letton de la Défense n'est pas un novice dans ce poste qu'il a déjà occupé de 2010 à 2014. Mais c'est surtout un Otanien convaincu et un faible défenseur de l'Europe de la Défense. Politologue Né le 22 mars 1966 (52 ans), à Jūrmala, Artis Pabriks est diplômé en sciences politiques […]

Le Tribunal annule la réduction des congés payés des fonctionnaires européens

Bruxelles2 Blog - Thu, 31/01/2019 - 06:26
(B2) L'arrêt est passé un peu inaperçu. Mais pas dans le landerneau européen. Le Tribunal de l'UE a donné raison, le 4 décembre, aux agents ou fonctionnaires en délégation hors UE sur leur droit aux congés annuels Lors de la modification du statut en 2013 (1), les instances européennes ont diminué le droit aux congés […]

L’échec des négociations sur les F-16 met en doute les capacités de la Croatie à négocier de tels contrats (Igor Tabak)

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 18:05
(B2) Après de longs mois de négociations, Israël a finalement officialisé l’échec de la procédure de vente de ses F-16 d’occasion à la Croatie à la mi-janvier. Jusqu’au dernier moment, Zagreb a tenté de multiplier les pressions en annonçant ultimatum sur ultimatum. Au final, les Etats-Unis ont interdit à Israël de transférer un certain nombre […]

Opération Sophia. Stop ou encore !

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 17:00

(B2) L’heure de vérité se rapproche pour l’opération Sophia. Réunis en ‘informelle’ à Bucarest dès ce soir et demain, les ministres de la Défense de l’Union européenne doivent trancher dans le vif

Relève des militaires espagnols (crédit : EUNAVFOR Med / Sophia)

Les ministres sont-ils prêts à aller au-delà du langage convenu maints fois entendu — l’opération est ‘très utile’ —. Concrètement sont-ils prêts à continuer à envoyer des moyens (navires, avions…) pour l’opération maritime présente en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Ops Sophia) ? Après le demi-départ des Allemands, la question est cruciale. Il ne reste, en effet, concrètement plus que les marines italienne, espagnole (et française de façon irrégulière) à fournir des navires. Et la volonté italienne semble chancelante. Or, sans navire, pas d’opération maritime. Inutile de se le cacher…

Ouvrir franchement le débat

La chef de la diplomatie européenne, l’Italienne Federica Mogherini, devrait ainsi poser franchement la question principale sur la table aux ministres : soit vous contribuez à hauteur des objectifs de l’opération, soit on ferme ! De là pourrait dérouler un débat. Si oui, qui est prêt à contribuer concrètement ? Comment trouver une solution sur la question (insoluble) du port de débarquement ? Doit-on revoir le mandat ?

Si non, que fait-on pour continuer d’assurer la formation des garde-côtes et marins libyens, qui est aujourd’hui l’apport principal de l’opération, la solution de sortie et l’objectif principal des Européens ? L’opération (alternative) de l’OTAN en Méditerranée assure-t-elle le relais pour la surveillance de l’embargo sur les armes ? (1)

Une décision purement politique

Si l’hypothèse de la fermeture l’emporte, ce serait la première fois (à ma connaissance) qu’une opération militaire serait ainsi interrompue, sans décision mûrement réfléchie, sur une difficulté politique interne à l’Union européenne, qui a peu à voir avec l’objectif défini au point de vue militaire.

Une opération qui n’a pas démérité

Si on prend un peu de recul, l’opération Sophia n’a pas démérité. Les officiers, les marins, les aviateurs qui ont, depuis près de quatre ans, été sur le pont (ou dans les airs) ont fait le ‘job’ de manière admirable, dans des conditions pas faciles. Les objectifs de l’opération ont, pour partie, été atteints (diminution du flux migratoire…), même si d’autres éléments ont pesé dans la balance (accord italo-libyen pour limiter les départs) pour améliorer le bilan. Et atteindre les autres objectifs (la lutte contre les trafiquants dans les eaux territoriales libyennes) est impossible à atteindre à court comme à moyen terme.

…mais dont l’effet final recherché est inatteignable

Certains raisons qui ont milité, au départ, pour sa mise en place (sauvetage en mer, lutte contre les trafics) peuvent perdurer, mais le consensus politique n’est plus du tout réuni : l’heure en Europe n’est plus à la générosité, mais à la fermeture stricte des frontières. Le reste à atteindre (la formation des garde-côtes libyens) peut fort bien être assuré par une autre mission (EUBAM Libya par exemple).

Commentaire : L’Union européenne doit savoir mettre fin à certaines opérations ou missions qui n’ont plus d’apport actif ou de raison d’être. Ce n’est pas honteux ni infamant. Et c’est, dans tous les cas, meilleur que de laisser une opération ‘mourir sur pied’, faute de moyens.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : ‘Ite missa est’ pour l’opération Sophia ?

  1. Question qui n’est pas si anodine, les responsables de la Lega n’ayant pas caché préféré une opération otanienne plutôt qu’une opération sous drapeau européen.

L’homme d’affaires syrien Haswani obtient que son recours soit rejugé

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 14:05
(B2) La Cour de justice a infligé jeudi (24 janvier), un démenti très clair au Tribunal de l'UE. Pour les juges, le recours de George Haswani, contre la décision de gel des ses avoirs est bien recevable dans tous ses aspects L'intérêt de cet arrêt est surtout d'ordre technique. Il s'agit de déterminer jusqu'à quel […]

Le commandant civil Vincenzo Coppola jauge les missions civiles de la PSDC

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 11:22
(B2) Le nouveau commandant civil des opérations de la PSDC, le général (italien) Vincenzo Coppola a fait le tour d'horizon des missions civiles, devant la sous-commission 'Défense et sécurité'. Best of... « Les missions civiles de la PSDC sont très importantes pour l'Union européenne », justifie le général Vincenzo Coppola l'ancien chef des Carabinieri, qui […]

Carnet (30.01.2019). Confidentiels (Fonds défense, Double usage, COPS, Pilatus Bank, Venezuela recours). Défense (Resolute support, OSCE-OTAN, France Fennec). Diplomatie (Venezuela accords et Bolivie et Equateur, Nicaragua gestes, Syrie...

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 09:40
(B2) Parus récemment : (blog) Fin du volet exécutif judiciaire d’EULEX Kosovo : les procédures judiciaires et les dossiers de police entre les mains des autorités kosovares (blog) 7ème forum SHADE MED à Rome Les conclusions sur l’Iran retardées. Un ‘petit’ problème hispano-italien… sans oublier le SPV Spatial de défense. La France regarde vers l’Europe […]

Fin du volet exécutif judiciaire d’EULEX Kosovo : les procédures judiciaires et les dossiers de police entre les mains des autorités kosovares

Bruxelles2 Blog - Wed, 30/01/2019 - 07:45

(B2) La décision avait été formalisée par les 28, le 8 juin 2018. Depuis janvier 2019, c’est chose faite : la mission EULEX Kosovo est à présent dépourvue de son pouvoir exécutif. Les derniers dossiers judiciaires et de police, ont été remis aux autorités kosovares en décembre 2018

(crédit: EULEX Kosovo)

Après avoir contribué au respect de l’État de droit au Kosovo pendant plus de 10 ans, EULEX Kosovo tourne une page importante de son histoire. Entre juin et décembre 2018, le personnel d’EULEX Kosovo s’est chargé de préparer la remise des dossiers judiciaires et de police aux autorités locales. Cela a impliqué la révision de tous les dossiers, l’organisation des documents par ordre chronologique, la mise au point d’index, la traduction en albanais et en serbe, la préparation de notes de transfert et la rédaction de résumés, destinés aux parquets kosovars.

Au total, ce sont 495 dossiers de police concernant le crime organisé, 434 dossiers concernant des crimes de guerre, des personnes disparues, et enfin, plus de 1.400 dossiers de poursuites judiciaires, qui ont été transférés à la police et à la justice kosovares.

Conformément au nouveau mandat de la mission, EULEX n’incorpore plus de procureurs ni de juges au sein du système judiciaire Kosovar. La mission se voit ainsi dépourvue de tout prérogative exécutive en matière judiciaire, exception faite de quelques compétences résiduelles. EULEX se contentera à présent de suivre certains dossiers, d’accompagner et de soutenir les institutions kosovares, mais plus de les conseiller ni de les encadrer. Son mandat actuel prendra fin le 14 juin 2020.

( MHA)

Lire aussi : La mission EULEX Kosovo émasculée. Son mandat d’action revu a minima

7ème forum SHADE MED à Rome

Bruxelles2 Blog - Tue, 29/01/2019 - 22:36

(B2) Le septième SHADE MED (Shared Awareness and De-confliction in the Mediterranean Sea), a eu lieu les 23 et 24 janvier 2019. L’objectif reste le même depuis le début de ce forum qui réunit les principaux acteurs maritimes présents en mer : les enjeux à une collaboration efficace en Méditerranée. Organisé par l’Opération SOPHIA, le forum a été hébergé à la base naval Francesco Baracca, à Rome, réunissant des représentants de différents pays, d’agences européennes et organisations internationales et professionnels maritimes, qui œuvrent pour la sécurité maritime dans la Méditerranée centrale.

(MHA)

A l’agenda de l’informelle défense et du gymnich (affaires étrangères) de Bucarest

Bruxelles2 Blog - Tue, 29/01/2019 - 19:22
(B2) Le calendrier s'est largement épaissi pour la réunion informelle des ministres de la Défense (mercredi/jeudi), suivie de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères (jeudi/vendredi) A l'informelle Défense La réunion des ministres de la Défense démarre mercredi soir, par un dîner consacré à « Les femmes, la paix et la sécurité », dans […]

Les conclusions sur l’Iran retardées. Un ‘petit’ problème hispano-italien… sans oublier le SPV

Bruxelles2 Blog - Tue, 29/01/2019 - 13:10
(B2) L'ambition d'adopter des conclusions sur l'Iran lundi (28 janvier) en conseil des ministres de l'Agriculture n'a pu aboutir à temps. Les Espagnols avaient un problème sur un bout de phrase, sensible politiquement pour l'Espagne comme l'Italie Une négociation au finish impossible Vendredi, le texte des conclusions sur l'Iran était quasiment finalisé mis à part […]

Spatial de défense. La France regarde vers l’Europe pour chercher son autonomie

Bruxelles2 Blog - Tue, 29/01/2019 - 11:09
(B2) En France, le spatial militaire est devenu un enjeu prioritaire (1). Un groupe de travail dédié, au ministère des Armées, a remis fin décembre ses conclusions à la ministre Florence Parly. L’Assemblée nationale a également souhaité contribuer, en publiant un rapport d’information sur le sujet. Un document qui liste les défis pour la France, […]

Sahel : une situation toujours fragile. L’Europe soutient à bout de bras le G5

Bruxelles2 Blog - Mon, 28/01/2019 - 19:40
(B2) « La situation dans les cinq pays du Sahel reste fragile, voire s'aggrave » s'inquiète la Commission européenne dans son rapport rendant compte de l'action menée en 2017-2018. Une insécurité croissante Les facteurs d'inquiétude sont nombreux : « L'insécurité alimentaire grandissante et une crise humanitaire, des contraintes environnementales, une extrême pauvreté, des tensions internes, […]

Les ‘Wagner’, sociétés militaires privées, le nouvel instrument militaire de la Russie. En voie de légalisation ?

Bruxelles2 Blog - Mon, 28/01/2019 - 14:05
(B2) Le groupe 'Wagner', présent de l'Ukraine à la Centrafrique, au Venezuela peut-être aujourd'hui, interpelle. Des supplétifs de l’armée, des mercenaires ou de simples prestataires de services de l'armée russe ? Ces sociétés militaires privées (SMP) se retrouvent aujourd'hui au cœur de la stratégie de Moscou. Même si elles sont officiellement interdites, la question de leur […]

Brexit. Michel Barnier prône la flexibilité … si les Britanniques bougent leurs lignes rouges

Bruxelles2 Blog - Mon, 28/01/2019 - 11:10
(B2) Un certain vent d'inquiétude a déferlé sur l'Union européenne après l'échec de Theresa May à obtenir un 'oui' du parlement britannique au 'deal' négocié avec les Européens. Rapidement Michel Barnier, le négociateur européen, s'est chargé de recadrer les débats face au tangage londonien. Certains points sont intouchables. D'autres pourraient être revus. Un message envoyé de […]

Planeur hypersonique : un engin qui relance la course aux armements

Blog Secret Défense - Mon, 28/01/2019 - 10:09
La ministre des armées Florence Parly a annoncé le 21 janvier le lancement d’un démonstrateur dont le premier vol aura lieu d’ici à la fin 2021.

Carnet (28.01.2019). Confidentiels (Haut représentant 2019, Régional-isation Sahel, Pesco-Pays tiers, Op.Sophia-France). PESC (Gymnich, Aide centrales nucléaires-PE). Opérations (EUTM Mali-Tchèquie, MINUSCA). Défense (OTAN-Traité INF, Trump, Finlande...

Bruxelles2 Blog - Mon, 28/01/2019 - 10:05
(B2) Parus récemment : (blog) EUTM RCA entame la formation d’un nouveau bataillon d’infanterie territoriale (blog) L’armée européenne pourrait être perçue comme un camouflet par les États-Unis (Exclusif) Les dix points essentiels des conclusions sur l’Iran que doivent adopter les 28 Venezuela. Certains Européens veulent reconnaitre Guaido dans les 8 jours. D’autres trainent (blog) Un […]

EUTM RCA entame la formation d’un nouveau bataillon d’infanterie territoriale

Bruxelles2 Blog - Sun, 27/01/2019 - 21:09

(B2) La formation du 4ème bataillon d’infanterie territoriale a débuté

(crédit : EUTM RCA)

La cérémonie d’ouverture a eu lieu sur le camp Kassaï le 16 janvier dernier. Les instructeurs d’EUTM RCA entraîneront les deux compagnies des Forces Armées Centrafricaines (FACA) au combat, à la topographie, à la tactique et à la prévention sanitaire.

Plus de 3400 entraînés par EUTM

Avec la fin de la formation du bataillon amphibie le 6 décembre dernier, les FACA comptent « désormais plus de 3400 hommes et femmes entraînés par EUTM au sein de bataillons opérationnels et d’unités constituées » a indiqué le commandant de la mission, le général (portugais) Hermínio Maio. Des forces actives : environ 1200 hommes des FACA sont déployés sur le terrain.

Objectif : la formation des cadres

Dans peu de temps, EUTM va prendre en charge de nouvelles missions, tout en poursuivant nos actions traditionnelles. Elle « accompagnera l’instruction des nouvelles recrues aux côtés des instructeurs FACA » a précisé le général. La formation des cadres, « c’est le socle de toute armée ; […] les cours qualifiants jalonnent les carrières des officiers et des sous-officiers ». La formation des cadres se concentrera sur les cours qualifiants des carrières des officiers et des sous-officiers. Et le général d’espèrer que l’école d’application pour les officiers d’infanterie « pourra démarrer dans un proche avenir ».

(MHA)

L’armée européenne pourrait être perçue comme un camouflet par les États-Unis

Bruxelles2 Blog - Sun, 27/01/2019 - 17:05

(B2) L’Allemande Angela Merkel doit prendre conscience des dangers de parler d’une ‘armée européenne’, selon Deborah Haynes. Le propos de la rédactrice en chef ‘Affaires étrangères’ de Skynews ne sera peut-être pas partagé, mais il est une pièce intéressante au débat

(© Bundeswehr/Sebastian Wilke)

Il ne fait aucun doute que l’objectif de la Chancelière (allemande) est louable : rallier son pays et d’autres membres de l’Union européenne pour stimuler les investissements dans leurs forces armées et être plus intelligents lorsqu’ils achètent ensemble des avions de chasse, des navires de guerre et d’autres équipements pour faire baisser les coûts.

Elle voudra aussi que les nations veillent à ce que la puissance de combat respective de chaque pays complimente mieux et renforce leur force collective.

Mais les remarques de Mme Merkel mardi dernier [à Aix-la-Chapelle] — alors qu’elle et le président français Emmanuel Macron ont signé un pacte visant à renforcer les liens, y compris en matière de défense — pourraient facilement être interprétées de l’autre côté de l’Atlantique comme un affront à la force militaire préexistante en Europe, autrement dit l’OTAN.

Le président Donald Trump a déjà attaqué E. Macron après que le dirigeant français ait parlé de son désir d’une  » véritable armée européenne  » en novembre (lire aussi : Trump tâcle le projet Macron d’armée européenne. A-t-il raison ?).

Le commandant en chef américain n’a pas besoin de beaucoup de motivation pour donner suite à une menace de retirer — ou du moins d’essayer de retirer — ses militaires de l’alliance de défense transatlantique, qui a été la pierre angulaire de la sécurité européenne et américaine au cours des sept dernières décennies.

Il a averti que cela pourrait se produire à moins que la majorité des 28 autres États membres de l’OTAN n’augmentent leurs dépenses de défense pour atteindre un minimum de 2 % du revenu national.

Toute suggestion que des puissances européennes comme la France et l’Allemagne cherchent à renforcer les défenses de l’Europe de manière isolée pourrait accroître le risque d’un tel départ des États-Unis.

Un changement sismique

Il s’agirait d’un changement sismique dans la distribution mondiale du pouvoir qui porterait un coup fatal à une alliance qui a contribué à maintenir l’unité de l’Occident depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Bien entendu, les responsables français, allemands et européens affirment que leur désir de renforcer les forces armées européennes vise à compléter les capacités de l’OTAN plutôt qu’à faire double emploi. Vingt-deux membres de l’alliance sont également membres de l’UE – un nombre qui passera à 21 après le Brexit.

La Grande-Bretagne fait cependant partie des alliés qui s’opposent depuis longtemps à une plus grande intégration de l’UE en matière de défense, craignant qu’une telle mesure ne dilue les efforts alors que la plupart des pays de l’UE — comme l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie — ne respectent déjà pas leurs engagements de dépenses envers l’OTAN.

Une armée européenne peu viable ?

L’armée allemande [Bundeswehr] manque tellement de ressources qu’on a signalé qu’une unité de chars a été forcée d’utiliser des manches à balai comme fusils [pour l’entraînement], tandis que l’année dernière les six sous-marins du pays étaient hors service pour réparation.

On peut aussi [se poser la question de] la viabilité d’une armée européenne qui n’est pas soutenue par les États-Unis. Le Royaume-Uni et la France sont les seuls membres de l’UE à disposer de l’ensemble des capacités terrestres, aériennes, maritimes, cybernétiques et spatiales, même si de nombreux éléments des forces armées britanniques ont été réduits à néant par des décennies de réductions des dépenses de défense.

Cela signifie que la capacité d’une armée purement européenne à soutenir une opération à grande échelle sur une longue période sans les États-Unis est très douteuse. Un dilemme qu’il faudra des années de dépenses ciblées pour résoudre.

Une armée intégrée à l’OTAN

Une bien meilleure idée serait que les dirigeants politiques de l’Union européenne comme Mme Merkel et M. Macron s’assurent, lorsqu’ils plaident en faveur d’une armée européenne, qu’ils sont toujours convaincus que cette armée fait partie de l’OTAN et que l’Europe partage davantage le fardeau au sein de l’alliance – une mesure qui devrait réduire au silence les critiques de Trump et aider à renforcer le lien transatlantique.

(Deborah Laynes)

Article paru dans Skynews dim. 27 janvier. Reproduit avec l’autorisation de l’auteur. Traduction et intertitres assurés par la rédaction. Ses propos ne reflètent pas nécessairement la ligne de la rédaction

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