You are here

Bruxelles2 Blog

Subscribe to Bruxelles2 Blog feed Bruxelles2 Blog
B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 10 hours 49 min ago

L’ambassadeur d’Italie en RD Congo tué dans le Nord-Kivu. Une embuscade (v2)

Mon, 22/02/2021 - 14:50

(B2) L’ambassadeur d’Italie à Kinshasa, Luca Attanasio, a été mortellement blessé ce lundi (22.02) dans une attaque armée. Il était en visite dans l’Est du Congo, avec un convoi du programme alimentaire mondial

Luca Attanasio (crédit : Farnesina)

Cela s’est produit durant une visite près de Goma dans l’Est de la RD du Congo, près du lieu-dit « 3 antennes », dans le territoire de Nyiragongo (Nord Kivu). Une véritable embuscade apparemment. Deux autres personnes (son chauffeur et un carabinieri de l’escorte) sont également décédés dans l’attaque.

Tout a été fait pour le sauver, en mobilisant notamment des chirurgiens du CICR (le Comité international de la Croix-Rouge). Mais rien n’y a fait. L’ambassadeur est mort en arrivant à l’hôpital. Agé de 46 ans, Luca Attanasio laisse une femme et trois jeunes enfants.

Des circonstances à éclaircir

« Deux serviteurs de l’État nous ont été violemment arrachés dans l’accomplissement de leur devoir » a confirmé le ministre italien Luigi di Maio (qui assiste en ce moment au Conseil des Affaires étrangères à Bruxelles). « Les circonstances de cette attaque brutale ne sont toujours pas claires et aucun effort ne sera épargné pour faire la lumière sur ce qui s’est passé » indique le communiqué de la Farnesina.

NB : L’ambassadeur de l’UE, Jean-Marc Chataigner n’était pas dans le convoi, contrairement à ce qu’ont dit certains journaux (italiens repris par des journaux congolais). B2 en a eu confirmation, de bonne source.

Un diplomate apprécié

« Je pleure la mort de Luca, tué dans une embuscade près de Goma. Je perds un collègue et ami généreux. Pendant mon mandat en RD Congo, il m’a appuyé à tout moment, aussi dans les moments les plus difficiles » a indiqué Bart Ouvry, via tweeter, qui l’a cotoyé durant plusieurs années, quant il était ambassadeur de l’UE en RD Congo (aujourd’hui ambassadeur de l’UE au Mali).

Un africaniste passé par le Maroc et le Nigeria

Diplômé de l’université commerciale Luigi Bocconi réputée de Milan (2001), Luca a commencé sa carrière professionnelle dans le conseil aux entreprises avant d’intégrer, en 2003, la carrière diplomatique. D’abord affecté à la direction des affaires économiques, puis au secrétariat de la direction générale de l’Afrique, il est ensuite chef de cabinet adjoint du sous-secrétaire d’État chargé de l’Afrique et de la coopération internationale (2004 – dans le gouvernement Berlusconi II).

À l’étranger, il a été chef du bureau économique et commercial de l’ambassade d’Italie à Berne (Suisse) (2006-2010) ; puis consul général à Casablanca (Maroc) (2010-2013). Après un retour à la Farnesina comme chef du secrétariat de la Direction générale de la mondialisation et des affaires mondiales (2013-2015), il repart en Afrique d’abord comme premier conseiller à l’ambassade d’Italie à Abuja, au Nigéria (2015 à 2017), puis en poste à Kinshasa, depuis septembre 2017, d’abord comme chef de mission puis ambassadeur.

Un cas rare

Il est assez rare que des diplomates européens ou d’un État membre soient tués de façon violente dans l’exercice de leur fonction. Les derniers (qui figurent dans notre base de données ‘Memoriam‘) avaient été tués au Mali, lors de l’attaque du Campement en juin 2017 ou de l’attaque d’un restaurant à Bamako en mars 2015. Cela vient illustrer que la situation dans l’Est du Congo, passée sous les radars de l’actualité, n’est pas apaisée. Loin de là… Les circonstances devront cependant être éclaircies car il semble bien que ce soit la voiture de l’ambassadeur qui ait été délibérément visée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier mis à jour à 20h, avec les précisions sur l’ambassadeur UE

Cet article L’ambassadeur d’Italie en RD Congo tué dans le Nord-Kivu. Une embuscade (v2) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

La crise Covid-19 s’installe, la démocratie recule, la Commission regarde ailleurs

Sun, 21/02/2021 - 23:50

(B2) Les mesures prises par plusieurs pays européens au nom de la Santé font une victime collatérale : l’État de droit et la démocratie libérale à l’Européenne

Les parlements semblent les oubliés de la crise sanitaire (crédit : Assemblée nationale FR)

Si l’apparition du Covid-19 en février-mars 2020 était une surprise pour tous et nécessitait des mesures improvisées et d’urgence, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les mesures drastiques pour juguler cette crise sanitaire, si elles sont justifiées, peuvent largement être anticipées. Et rien ne justifie l’absence d’un contrôle démocratique, comme cela est le cas aujourd’hui en France comme en Belgique, durant de long mois.

Des mesures à la volée

La plupart du temps, aujourd’hui, les mesures sont prises, à la volée, par l’exécutif, aux lendemains de conseils de défense ou autres comités de concertation, dont la composition reste un mystère, sans réelle consultation (au sens d’une information préalable, avec un délai de réflexion) des différents partenaires (sociaux, économiques, politiques) et sans aucune décision de leur parlement national.

Des parlements pétrifiés

Les parlements nationaux, comme le parlement européen, paraissent pétrifiés sous le joug de la crise. Chacun craint d’apparaitre, en réclamant le respect de la règle, comme un gêneur dans ce qui est devenu comme une cause nationale de temps de guerre, la lutte contre l’épidémie. Or, malgré tous les mots, nous ne sommes pas en guerre. À aucun moment d’ailleurs, les gouvernements n’ont utilisé dans leur arsenal constitutionnel existant, cette disposition finalement assez encadrée.

Une grande part laissée à l’arbitraire

Ces décisions, sitôt prises, sont aussitôt appliquées, de façon empirique, en laissant une grande part à l’arbitraire. Qu’est-ce qu’un « motif impérieux » justifiant le passage de frontières (côté belge) et ce qui ne l’est pas ? Ou un motif essentiel et ce qui ne l’est pas ? Il revient aux autorités de police, voire aux simples agents des compagnies aériennes, le soin de contrôler cela, selon leur bon sens ou leur humeur du moment. Ce qui est très délicat.

Les principes de droit bafoués

Certains principes fondamentaux — issus de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ou de la Charte des droits fondamentaux — sont clairement ‘mis de côté’, pour une durée indéterminée : la liberté de réunion et d’association (art. 11 CEDH), la liberté de manifester sa religion (art. 9 CEDH), le droit à l’instruction, d’exercer une activité professionnelle (art. 8 CEDH), le respect de la vie privée et familiale, etc. sont limités de façon drastique, sans parler de la liberté de circulation (avec couvre-feu à 18h en France ou autorisations pour sortir du pays en Belgique).

Pas de clause dérogatoire activée

La clause dérogatoire de la Convention européenne des droits de l’Homme, le fameux article 15, n’a pas été déclenchée, sauf par quelques pays. Les vieilles démocraties du continent n’ont pas osé pour des raisons de symbole. « Une vraie mise en quarantaine » ainsi que l’écrit le professeur émérite de l’université de Montpellier, Frédéric Sudre, un des meilleurs spécialistes de la CEDH. « Un État de droit sous respirateur » dénoncent d’une seule voix les avocats belges (1)

Le code Schengen bafoué

Les instances européennes sont à peine consultées. Ainsi le rétablissement de certains contrôles aux frontières n’a pas été notifié par Paris à la Commission européenne, comme le veut le Code Schengen (une seule notification est active, au titre du terrorisme). De même les mesures belges, outrancièrement discriminatoires vis-à-vis des employeurs européens, n’ont pas suscité davantage qu’un mouvement de lèvres de l’exécutif européen.

Le risque d’un effet retard

Les entorses à la démocratie, les griffes données à l’État de droit sont certes, pour l’instant, tolérées, acceptées par la population. Mais elles n’en font pas moins des dégâts, invisibles. Elles pourraient produire quelques jets de colère, aussi imprévisibles qu’éruptifs, et un possible effet a posteriori dans les échéances électorales des années à venir (comme la crise migratoire de 2015-2016). Elles entraînent un sérieux affaissement de la norme qui pourrait être de plus en plus contestée sur la durée.

Une question de légitimité

De plus, la suspension tacite des parlements dans plusieurs pays donne de solides arguments aux adversaires de la démocratie parlementaire, à l’intérieur comme à l’extérieur. Quelle sera la légitimité européenne pour protester, demain, contre la suspension de certains droits démocratiques dans certains pays de l’Union (Hongrie, Pologne), comme à l’extérieur (Russie…), si elle n’est pas capable de faire respecter en interne ce qui est la base de la démocratie : le contrôle des actes de l’exécutif par une assemblée élue, et le respect des droits élémentaires inclus dans ses différents documents…

(Nicolas Gros-Verheyde)

La Commission européenne ferme les yeux Dire que la question de la fermeture des frontières contrarie la Commission est un euphémisme. « La Commission européenne a proposé des recommandations, afin de limiter autant que possible les effets trop préjudiciables sur la libre circulation. Si on veut décourager fortement les voyages non essentiels, on doit éviter la fermeture des frontières. [...] Les mesures doivent être proportionnées et non discriminatoires. » Mais pour autant va-t-elle agir ? Et en a-t-elle envie ? Pas sûr. « Nous examinerons les mesures par un certain nombre d'États membres. Nous avons des inquiétudes, des questions sur la nature des mesures et leur portée. Nous avons des contacts avec les pays concernés pour avoir les clarifications à ce sujet. » Voici comment un des portes-paroles de la Commission européenne a répondu à plusieurs reprises quand des journalistes l'interrogeaient (dont B2). En mots clairs, cela signifie : nous savons bien qu'il y a des violations du Traité, nous les instruisons le plus lentement possible, afin de ne pas gêner les États. Et nous ne rendrons notre avis que quand celui-ci n'aura plus vraiment d'effet (quand les mesures seront levées). C'est la règle sanitaire qui prime en fait comme le reconnait l'exécutif européen. « Les États membres s'efforcent de maintenir l'état sanitaire sous contrôle. NB : on peut se demander également si la nationalité du commissaire européen chargé de la Justice, Didier Reynders, comme sa proximité politique avec le gouvernement actuel (libéral, comme le Premier ministre), ne relève pas du 'conflit d'intérêt'. (1) La lettre ouverte des barreaux francophone, germanophone et flamandTélécharger

Cet article La crise Covid-19 s’installe, la démocratie recule, la Commission regarde ailleurs est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Task-force Takuba. Les Italiens arrivent

Wed, 17/02/2021 - 08:35

(B2) Le contingent italien pour la task-force Takuba devrait arriver au cours de la deuxième semaine de mars

(crédit : 9e régiment Col Moschin – armée italienne)

L’information est donnée par le quotidien Il Foglio. Une première équipe de reconnaissance partie sur le terrain est revenue en Italie, donnant en quelque sorte le feu vert final au déploiement.

20 véhicules et huit hélicoptères

Le contingent devrait être composé d’une bonne centaine d’hommes, venus en grande partie des forces spéciales. Ils seront équipés avec vingt véhicules et huit hélicoptères : quatre appareils d’attaque de type AW-129D Mangusta et quatre hélicoptères de transport NH-90, selon Difesa on Line. Cette contribution s’inscrit dans l’autorisation donnée par le Parlement italien, à l’été 2020, d’envoi d’une force de 200 hommes (lire : Les Italiens entrent dans la task-force Takuba au Mali). (1)

Des forces spéciales

Les effectifs pourraient être fournis, par rotation, par le 9e régiment d’assaut parachutiste Col Moschin, du GOI (Gruppo Operativo Incursori) de la marine, du GIS (Gruppo di Intervento Speciale) des Carabinieri et du 17e Stormo Incursori de l’armée de l’air, indique le site Difesa on Line qui se base sur le format similaire engagé par l’armée italienne en Irak et en Afghanistan. Des personnels de ces unités ont également été déployés en Libye. Des équipes issues du 4e régiment alpin de parachutistes de Monte Cervino et du 185e RRO Folgore (le Régiment de reconnaissance pour l’acquisition d’objectifs ou Reggimento Ricognizione Acquisizione Obiettivi) pourraient aussi être déployées.

Le premier déploiement du gouvernement Draghi

Dans tous les cas, ce sera la première opération extérieure déployée par le nouveau gouvernement italien dirigé par Mario Draghi regroupant une large coalition (de la Ligue du Nord à droite au parti démocrate, à gauche, en passant par le Mouvement 5 Etoiles et le parti Italia Viva de l’ancien Premier ministre Matteo Renzi).

Commentaire : Un contingent apprécié

Le contingent italien devrait particulièrement être apprécié sur place. D’une part par son importance — Rome envoie un contingent similaire aux Suédois — ; d’autre part, par sa qualité. Les Italiens ont une certaine habitude de l’Afrique (Libye, Centrafrique…), des déploiements difficiles, et une proximité linguistique (le manque de francophones dans le détachement suédois rend plus difficile les contacts avec les Maliens). La présence de huit hélicoptères (si elle est confirmée) est un apport aussi notable.

(NGV)

  1. Le chiffre de 200 correspond au maximum autorisé, non pas automatiquement à l’effectif engagé.

Cet article Task-force Takuba. Les Italiens arrivent est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

La Royale revient dans l’opération Irini. Le Premier maitre l’Her sur place

Tue, 16/02/2021 - 20:36

(B2) Le patrouilleur de haute mer a intégré l’opération européenne de lutte contre les trafics au large de la Libye, EUNAVFOR Med Irini

Parti de Brest, son port d’attache, le 5 février, le patrouilleur de haute mer, est entré dans la zone d’opération le 11 février et est opérationnel selon le QG de l’opération européenne (EUNAVFOR Med Irini). Il devrait rester engagé pour « une durée de deux mois environ » selon l’état-major (français) des armées.

Une équipe de visite de sept fusiliers marins

Mission principale : surveiller « l’embargo sur les armes à destination de la Libye imposé par le conseil de sécurité des Nations unies ». Un élément de défense et d’intervention maritime (EDIM), composé de sept fusiliers marins, est d’ailleurs à bord, afin d’effectuer les opérations de visite et d’inspection.

Plusieurs fois en Méditerranée

Cet aviso de la classe Estienne d’Orves a été engagé à plusieurs reprises en Méditerranée, notamment au titre de l’opération Sophia en 2016 (lire : Contrôle des armes au large de la Libye : le Jacoubet relaie le Premier maître L’Her) puis en 2017 (lire : Le Premier maitre L’Her embarque dans Sophia). Il est commandé par le capitaine de corvette Fabien Antoine, qui vient d’en prendre le commandement en janvier.

Trois navires et trois ou quatre avions

Le Premier Maître l’Her (F-792) rejoint la frégate grecque HS Aegeon (F-460), qui est le navire amiral de l’opération, et le patrouilleur de haute mer italien Comandante Borsini (P-491). Côté aérien, l’opération dispose de trois ou quatre avions (luxembourgeois, polonais et allemand), selon les moments et la bienveillance mécanique, ainsi que d’un drone Predator italien.

Un avion français Falcon 50 est ainsi détaché, venant relayer un Atlantique 2, qui a permis de compenser les défaillances mécaniques du P3 Orion C allemand (lire : Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne).

(NGV)

Cet article La Royale revient dans l’opération Irini. Le Premier maitre l’Her sur place est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo

Mon, 15/02/2021 - 17:31

(B2 à Pristina) Avec 48% des voix selon les premières estimations, Vetëvendosje (« autodétermination ») remporte les élections législatives de dimanche (14 février). Une victoire nette pour ce parti de gauche qui, juste 13 ans après la déclaration d’indépendance, entend tourner la page des anciens combattants de la guerre et lutter énergiquement contre la corruption qui gangrène le pays.

Dimanche soir, des Kosovars se sont rassemblés dans le centre de Pristina, la capitale, ici sous le regard de l’ancien président Ibrahim Rugova (LDK) (Aurélie Pugnet/B2)

Dimanche soir, à 20 heures, les bureaux de votes ont fermé au Kosovo. À la même heure, les premiers résultats sont tombés et le centre ville de la capitale, Pristina, s’est animé à coups de klaxons et de défilés de drapeaux albanais (1).

Victoire pour la gauche

Les partisans du parti Vetëvendosje (« auto-détermination ») ont fait entendre leurs cris de joie dans les rues piétonnes de Pristina. Des enfants de trois ans tenant à peine debout dans la neige, aux vieux messieurs, en passant par les troupes d’étudiants, tous chantaient les noms de ‘Vetëvendosje’ et ‘Albin Kurti’, le leader de ce parti de gauche. La victoire était attendue. Et elle est sans équivoque pour ce parti anti-corruption et anti-establishment. Pour Albin Kurti, cette élection « s’est transformée en un référendum », s’est-il félicité sur son fil twitter. À droite, le PDK (parti démocratique/ECR)— historiquement parti des héros de la guerre et la « libération » du Kosovo du joug serbe —, réunit environ 17% des voix. L’autre parti historique du pays, la LDK (ligue démocratique/PPE), doit se contenter d’environ 13%.

Dans le nord du Kosovo et dans les différentes ‘enclaves’ à communauté majoritairement serbe, c’est la Liste serbe (Srpska lista) qui a récupéré la quasi-totalité des voix — plus de 80% dans les trois régions du nord. Là encore, aucune surprise. Au milieu des drapeaux de la Serbie, les posters de la Liste Serbe ne rencontrent aucune opposition.

À Mitrovica Nord, la Liste Serbe est omniprésente (Aurélie Pugnet/B2)

Les discussions à venir avec les Européens

Ces élections interviennent alors que la révision stratégique de la mission de l’Union européenne pour le soutien de l’état de droit au Kosovo (EULEX Kosovo) est en cours, et le dialogue entre Pristina (Kosovo) et Belgrade (Serbie) à peine relancé. Albin Kurti est connu pour sa position très critique envers la mission des Nations Unies (UNMIK), EULEX et anti-Belgrade. Il a déjà annoncé que la relance du Dialogue avec Belgrade figure en « cinquième ou sixième » position de ses priorités, rapporte la Deutsche Welle. Vis-à-vis de EULEX, « les critiques datent d’il y a plus de deux ans », note le chef de la mission, Lars-Gunnar Wigemark. Il a depuis rencontré Albin Kurti au cours de sa brève expérience de premier ministre, début 2020 (2). Notamment, il précise, « nous avons discuté de certaines questions opérationnelles très spécifiques, par exemple il nous a demandé de l’aide sur la question des personnes disparues ».

(Aurélie Pugnet, envoyée spéciale à Pristina)

  1. Le drapeau albanais est le drapeau ‘national’ du pays, affiché par la majorité albanaise. Alors que le drapeau bleu, avec la forme du pays est le drapeau officiel de l’État du Kosovo.
  2. Albin Kurti a été premier ministre de février à juin 2020, avant que son gouvernement soit renversé par une motion de censure déposée par la LDK, membre de sa majorité parlementaire. Cette motion est intervenue après le renvoi par A. Kurti d’un ministre de la LDK qui avait soutenu la mise en place de l’état d’urgence du président H. Thaci

Cet article Victoire du parti de l’auto-détermination au Kosovo est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Le pilier militaire du G5 Sahel monte en puissance, Takuba aussi. Le GISM ennemi numéro 1

Sat, 13/02/2021 - 11:05

(B2) A la veille du sommet de N’Djamena sur le Sahel, il n’est pas inutile de revenir sur le pilier militaire de l’effort entrepris par la France et les alliés européens. Un pilier qui a bien progressé en un an, si on écoute les officiels français

La montée en puissance des forces sahéliennes

Du côté français, on l’assure : « beaucoup de choses ont été faites ».

Une fragilité mais des progrès

Certes, les armées sahéliennes restent « encore fragiles » en général, mais leur engagement est « indéniablement accru ». Elles ont « progressé ». La force conjointe du G5 Sahel aligne désormais sept bataillons et « peut-être huit avec la perspective du déploiement d’un bataillon tchadien ». Donc 5000 hommes. Ces armées connaissent « encore des difficultés » reconnait un militaire. Il ne faut pas « l’éluder ». Mais nous cherchons à les « atténuer ».

Une capacité d’opération et de résilience

La force a pu mener notamment des opérations : Samar 1 et Samar 2, planifiées « en étroite coordination avec Barkhane » et les forces internationales (Minusma). Aujourd’hui « elles sont capables de défendre leurs positions, elles l’ont montré à plusieurs reprises au cours des mois passés. Elles sont capables de réagir à leurs propres niveaux. Elles savent se coordonner entre elles, et se coordonner avec les forces internationales. » Bref « leur autonomisation » — objectif fixé par la France et les Européens au G5 Sahel —, « progresse ». Un PC interarmées de théâtre à Bamako a été monté sous l’impulsion du général Namata, depuis un an et demi.

L’armée malienne en recomposition

Point de satisfaction pour les Français : l’armée malienne (les FAMA). « Le haut commandement s’est remobilisé. Les unités se sont renforcées et les unités ont pu se renforcer. » Ce malgré la suspension d’EUTM pour cause de Covid-19 et de coup d’état. Si personne n’ose le dire, l’effet coup d’état parait effacé (voire même positif)… On voit « la montée en puissance des unités légères de reconnaissance et d’investigation » : l’ULRI 1 à Gossi, une à Ménaka, une troisième à Gao. Ces ULRI « ont mené des opérations, dans un cadre national ou multinational voire avec les unités européennes de la Task Force Takuba » (NB : celle de Ménaka). Les forces maliennes qui avaient dû abandonner en 2019 certains postes « reviennent ». A Labbezanga, le poste militaire a pu être bâti. « D’autres projets arrivent » : à Indelimane, Anderaboukane. L’aérien n’est pas oublié. Les Maliens « font intervenir leur aviation quand un poste est attaqué ».

Forces nigériennes en formation

Les forces armées nigériennes, elles « poursuivent la formation des bataillons spéciaux d’intervention ». La France forme un bataillon à Dosso. L’Allemagne et la Belgique travaille aussi sur les forces spéciales.

La coordination des forces mieux assurée

C’est un point acquis important depuis le sommet de Pau selon les autorités françaises. Un mécanisme de commandement conjoint s’est installé à Niamey à proximité du PC du fuseau centre de la force conjointe. Mécanisme « régulièrement » utilisé pour coordonner les différentes opérations, nationales, de la force conjointe ou de Barkhane. Il est épaulé par une cellule de fusion de renseignement « par laquelle les différentes armées échangent des informations sur l’adversaire ». Essentiel selon les militaires.

L’arrivée des Européens au sein de la Task Force Takuba

Le concept de Takuba est le bon

La force européenne monte aussi lentement en puissance. Outre les Estoniens, les Tchèques, les Suédois, les Italiens doivent « commencer à se déployer à partir de mars 2021 ». Le rythme est « progressif, certes ». Un euphémisme pour dire lent. Mais le concept, qui repose non sur le combat direct, mais l’accompagnement (mentoring) des Maliens dans le Liptako est « le bon ». Il « attire des partenaires européens ».

Huit pays supplémentaires à terme

D’autres contingents pourraient arriver dans les mois (ou années qui viennent). Le Danemark, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas devraient venir « en soutien », avec des contingents moindres » sans doute. Mais ils « vont venir », affirme-t-on d’un ton sûr à l’Élysée. D’autres pays européens ont « annoncé leur intérêt et leur volonté de s’engager dans cette opération ». Une contribution annoncée de manière « plus ou moins ferme » par les chefs d’État ou Premiers ministres de quatre pays : la Grèce (2), la Hongrie, la Serbie (3), même l’Ukraine. Chaque contribution pourrait alors se monter « à quelques dizaines, voire à près d’une centaine » de personnels.

8000 militaires engagés

C’est le nouveau chiffre défendu publiquement. Il y a 8000 Européens engagés au Sahel, affirme-t-on à Paris. Ce chiffre comprend les 5100 militaires français de Barkhane et environ 3000 Européens investis dans quatre missions (MINUSMA, EUTM Mali, Barkhane et Takuba ou actions bilatérales). Soit un tiers de l’effectif (lire : Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)).

  • NB : un chiffre qui a un double intérêt : montrer que ce n’est pas la France, qui intervient, à titre historique, mais toute l’Europe, au nom d’un intérêt commun. Ensuite, permettre des évolutions plus souples de la France, pour éviter une image de désengagement. Quel que soit le recadrage, il restera ainsi un chiffre public de 8000 personnels.

Un réajustement de Barkhane : pour plus tard ?

La réflexion sur le réajustement de Barkhane est « en cours », précise-t-on du côté de l’Elysée. Mais elle pourrait ne pas être annoncée lors du sommet, mais plus tard. Les modalités seront discutées « au cours des prochaines semaines [ou] des prochains mois ». Les partenaires européens et sahéliens seront associés « étroitement ».

Un tournant tactique

Alors qu’à Pau, en janvier 2020, l’objectif était de concentrer les efforts militaires contre l’État islamique au Grand Sahara, dans la zone des trois frontières, l’objectif affirmé aujourd’hui est de davantage ciblé un autre groupe armé, le RVIM (Rassemblement pour la victoire de l’Islam et des musulmans) (ou GSIM comme Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, JNIM en arabe), le groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans dirigé par Iyad Ag-Gahli et affilié à Al Qaida.

Un objectif : le RVIM

C’est « la menace principale, la plus forte ». Dans une zone en particulier : « le Gourma », où il « a mené des actions ces dernières semaines ». Une région à cheval sur plusieurs frontières (Mali, Burkina Faso) qui signifie littéralement cela signifie la rive droite du fleuve Niger. Mais le RVIM est aussi actif toujours « dans l’extrême nord du Mali » ou surtout « dans le centre avec la Katiba Macina ».

L’Etat islamique, en perte de vitesse

Explication, venant d’un militaire : l’EIGS « est en perte de vitesse notoire ». Il « ne mène plus d’actions contre les forces sahéliennes. Du moins, plus d’actions majeures. Il n’y a plus d’attaques majeures de postes militaires. Ces groupes sont dispersés et n’agissent plus que par très petits éléments ». Ils pratiquent plutôt « une stratégie d’évitement » comme cela a pu être observé « depuis le mois de janvier 2020 ». Les luttes fratricides avec les autres groupes armés, notamment le RVIM l’ont affaibli (4).

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Témoins de cet engagement, deux opérations. L’opération Bourrasque, fin d’année 2020, en octobre surtout, qui a mobilisé 3000 militaires, dont près de la moitié (1400) fournis par le Niger et le Mali. L’opération Eclipse en janvier avec à peu près autant d’hommes (3000), dont 1000 Maliens, Nigériens et Burkinabés.
  2. Quelques dizaines pas plus selon nos informations, en soutien ou logistique.
  3. Il s’agit sans doute d’un soutien médical selon nos informations.
  4. L’EIGS avait une composition « plus homogène », plus organisée, avec « différentes katibas ou différents groupes ». Ce qui lui a apparemment porté tort à côté d’un RVIM, à l’organisation plus ‘plastique’. Ce groupe a une certaine « diversité » et est « géographiquement beaucoup plus étendu ».

Cet article Le pilier militaire du G5 Sahel monte en puissance, Takuba aussi. Le GISM ennemi numéro 1 est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Journalistes qui avez écrit sur l’Europe. Candidatez !

Sat, 13/02/2021 - 09:40

(B2) Vous avez réalisé des productions journalistiques ayant trait aux affaires européennes et à l’Europe en général durant l’année 2020 (janvier à décembre) ? Nous serions ravis de vous compter parmi nos candidats !

Créé en 2005, le Prix Louise Weiss récompense les journalistes qui traitent en langue française les sujets européens de la manière la plus systématique, pédagogique et originale, quel que soit le support (écrit, audio, vidéo, web). Il est organisé par l’Association des Journalistes Européens,, organisée (avec le soutien du ministère des Affaires étrangères et de la fondation Hippocrène.

Trois prix seront décernés. Vous pouvez donc concourir dans une des trois catégories suivantes :

  • Prix Reportage : 1500 euros
  • Prix Décryptage : 1500 euros
  • Prix jeune journaliste (destiné aux moins de 25 ans, étudiants en école et stagiaires) : 1000 euro

Le concours est ouvert à toute personne issue d’un pays de l’Union européenne (nationalité ou résident dans un pays de l’UE) dont l’activité professionnelle est le journalisme. L’important est d’avoir un bon papier.

N’hésitez donc pas à partager cette information. Les candidats seront sélectionnés par un jury composé de journalistes professionnels. Le Prix sera décerné lors d’une cérémonie au Quai d’Orsay fin juin 2021. 

La production devra s’accompagner des éléments suivants : 

  • Formulaire d’inscription rempli
  • Preuve de publication du document
  • Une photocopie de pièce d’identité

NB : Toute information, ainsi que les précédents lauréats et reportages primés, se trouvent sur www.prixlouiseweiss.com.

(Nicolas Gros-Verheyde)
vice-président de l’AJE-France

Règlement du prix Louise WeissTélécharger

Cet article Journalistes qui avez écrit sur l’Europe. Candidatez ! est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3)

Wed, 10/02/2021 - 23:24

(B2) Entre le ministère de la défense et le Canard Enchainé, la guerre des chiffres fait rage sur l’engagement européen au Sahel

Un Chinook britannique ‘baladant’ un container en soutien à Barkhane- Camp Roberts, Gao, Mali (crédit : Royal Air Force)

2500 Européens nous aident au Sahel (Parly)

Tout est parti d’une déclaration de Florence Parly sur la base d’Orléans le 1er février… Suivant le motto de l’Élysée ‘nous ne sommes pas seuls au Sahel, les Européens nous aident’, la ministre des Armées déclare : « Aujourd’hui au Sahel, il y a toujours 5100 Français, comme vous le savez ; mais, et c’est moins connu, il y a aussi près de 2500 Européens. » Et plus loin elle ajoute : « Nos alliés européens sont également à nos côtés au sein de la force Barkhane ».

Parly et ses Européens fantômes ! (Le Canard)

Dans le Canard Enchainé paru ce mercredi (10.02), les collègues du ‘plumitif’ partent à l’assaut, baïonnette au canon, allumant « Parly et ses Européens fantômes ». Ils recollent les deux bouts de phrase sur la présence de « au sein de la Force Barkhane » et le chiffre de « près de 2500 Européens sur place. » Même en « additionnant les instructeurs européens auprès des armées locales, les Casques bleus européens et le contingent d’une trentaine d’Estoniens de la force Takuba, on est loin des élucubrations chiffrées de Parly » assènent notre confrère, avec la verve qu’on lui connait.

Il y a environ 2900 Européens réplique Balard

A l’Hotel de Brienne (le siège du ministère français de la Défense), comme à Balard (le siège du ministère), le sang ne fait qu’un tour, et on réplique, calculette à la main. Il y en réalité « environ 2900 militaires européens » au Sahel (hors France) explique le porte-parole Hervé Grandjean dans un message envoyé à la presse de défense (dont B2):

  • « 1500 à la MINUSMA, (Allemands et Britanniques principalement)
  • « 600 actuellement à EUTM, (ils seront 1070 à l’été 2021)
  • « 425 au sein de Barkhane (Suédois, Estoniens, Tchèques, Britanniques)
  • « 320 dans des missions bilatérales (exemple : mission de formation d’un bataillon nigérien conduite par 200 militaires allemands. Italiens, Belges mènent aussi des formations pour le Niger, en format bilatéral). »

La bataille des chiffres

Soyons nets : y voir clair n’est pas toujours évident, tant avoir tous les chiffres n’est pas facile.

Pan sur le bec !

Mais, il semble un fait certain : le Canard Enchainé (qu’on a connu plus exact) s’est littéralement vautré. Est-ce que nos confrères se sont reposés sur des chiffres anciens, ou se sont-ils tombés dans le pêché mignon de taper à la fois sur l’armée, Florence Parly et les Européens, en ajoutant le plaisir de faire un bon mot ? Toujours est-il que l’exactitude… D’une part, la ministre a bien séparé l’aspect Takuba (« Les Européens sont désormais au rendez-vous ») se gardant de donner un chiffre qui aurait été un peu ridicule. Et ce n’est que sur la présence au Sahel qu’elle assène le chiffre de ‘près de 2500’.

Soyons fous, soyons flous !

Le ministère des armées adore ainsi jouer avec les mots et les chiffres. On peut s’y laisser prendre si on n’y prend pas garde. Ainsi il a tendance à compter à la fois le présent et le futur (les Allemands de la mission Gazelle sont ainsi comptés une fois dans le bilatéral et une fois dans le futur d’EUTM Mali… mais ce sont les mêmes qui changent de casquettes). A B2 nous avons aussi appris à nous méfier de ces rigueurs approximatives, notamment du côté des politiques. Ainsi mardi (9.02), Florence Parly, devant le Sénat, affirme que les Allemands, « deuxième contributeur à cette formation [= EUTM Mali] ! fournissent 800 soldats, et il y en aura 250 de plus fin 2021. » Un peu osé ! Dans EUTM aujourd’hui, les Allemands sont une centaine. Mais c’est vrai que si on cumule EUTM + MINUSMA, le compte est bon…

Les effectifs reconstitués

il faut donc être prudent. Car, même en vérifiant d’un côté et de l’autre, il est difficile d’avoir des chiffres collant à la réalité du jour. Mais voici ce que j’ai dans mes tablettes.

Du côté de la task-force Takuba (intégrée à Barkhane), contrairement à ce que dit Le Canard, il n’y a pas que des Estoniens (une bonne trentaine), on trouve des Tchèques (environ 35 + 20 de soutien ?) et des Suédois qui arrivent (bientôt 150). (Lire aussi : Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ?)

Coté Barkhane, on trouve aussi une centaine de Britanniques (opération Newcombe) avec leurs trois hélicoptères Chinook (du 27e Squadron de la RAF basé à Odiham) qui apportent un soutien inestimable (même si Outre-Manche on estime qu’ils pourraient être plus utiles à l’ONU). Et il ne faut pas oublier le détachement espagnol (‘Marfil’), basé au Sénégal, qui effectue des rotations régulières de transport (pour Barkhane comme EUTM Mali ou la Minusma), avec un effectif de 66 personnels et deux Casa C-295 (du 35e wing de Getafe). Un soutien très utile. Un officier confiait il y a quelque temps que cela représentait 15% des transports !

Coté EUTM Mali (la mission de formation de l’armée malienne), on est effectivement aujourd’hui (11.02) au-dessus de la jauge des 600 soldats. Très exactement on approche les 800 militaires déployés : un peu moins de 170 au QG et 24 à l’aéroport, un peu moins de 600 sur le camp de formation de Koulikoro . Et effectivement on devrait arriver à un effectif de 1077 (très exactement) d’ici l’été 2021. Du moins c’est l’effectif inscrit dans le mandat, avec l’intégration de l’équie de formation allemande actuellement au Niger. (lire : EUTM Mali reprend le collier. Nouvelles bases, sorties dans tout le Mali, Gazelle intégrée. En attendant le Burkina et le Niger).

Coté Minusma (la mission de l’ONU), j’ai effectivement de mon côté 930 Allemands et 300 Britanniques (250 dans le task group et 50 en soutien à Gao) venus du Light Dragoons et Royal Anglian Regiment ). Chiffres confirmés à B2 à Londres et Berlin. Il y a aussi environ 250 soldats d’autres pays européens (60 Portugais, 95 Belges, Norvégiens, Danois, Irlandais)… et une vingtaine de Français. On arrive ainsi à l’effectif mentionné des 1500 personnels du ministère.

  • NB : l’effectif allemand a nettement augmenté depuis le début de l’année (le dernier bilan de la Minusma, datant de décembre, indique toujours 425 personnels). L’effectif autorisé (théorique) par le Bundestag est de 1100 personnels. La relève venant de la 12e Panzerbrigade appuyée par la 2e brigade d’infanterie de montagne se prépare

Du côté bilatéral, le chiffre donné de 300 semble correct avec notamment une petite centaine de Belges dans la mission de formation ‘Nero’ au Niger (atteinte récemment par le Covid-19), et un peu moins de 200 Allemands dans la mission de formation ‘Gazelle’ (qui vont être intégrés dans la mission EUTM Mali).

Conclusion : Parly 1, Canard 0

Au final, si on additionne le tout (environ 400 Barkhane-Takuba + 800 Eutm + 1500 Minusma + 300 bilatéral), on arrive largement au-dessus du chiffre des 2500 cité par la ministre Florence Parly. Et dans la zone des 2900 personnels donnés par le ministère (même légèrement au-dessus). Et, encore, on n’a pas compté les effectifs de soutien aux forces de sécurité intérieure, présents dans les deux missions européennes EUCAP au Mali et au Niger, souvent composés de personnels policiers ou gendarmerie aguerris. Si on les prend en compte, on dépasse largement le chiffre de 3000. Ce n’est pas négligeable du tout !

Si on reste sur la dimension Takuba, on est loin du compte. Avec un peu plus de 200 hommes aujourd’hui en fait, on est très loin de l’objectif de 600 personnels (si mes souvenirs sont bons) affiché au début de la réflexion sur la mise en place d’une task-force de forces spéciales européennes par l’état-major des armées).

Un engagement de seconde ligne, non sans risques

Les Européens s’engagent au Sahel, c’est un fait, et de façon assez notable. Mais ils restent sur des missions de seconde ligne (formation, logistique, transport, sécurisation). Peu s’engagent de fait en première ligne (moins de 10%). Mais cet engagement n’est pas à négliger. S’engager au Sahel n’est pas de tout repos. Les forces sont toutes exposées à un risque. Des diplomates européens l’ont payé de leur vie à Bamako. Ce n’est pas identique à déployer des forces en Bosnie-Herzégovine ou au Kosovo, qui ressemble (soyons honnêtes) à une promenade de santé.

Un dossier délicat pour Paris

La France se retrouve cependant au Sahel dans la même position que les Américains en Afghanistan, obligée, régulièrement, d’aller sonner les cloches de ses alliés pour leur demander du personnel et des moyens. Sauf que Paris n’a pas les moyens de Washingon, il faut user de persuasion, d’échanges de bons procédés (tu viens au Sahel, je t’aide sur telle ou telle mission). La communication publique est donc essentielle, surtout au plan européen. D’où la grande sensibilité (soudaine) du ministère dès qu’on prononce le mot Européen. Sensibilité qui va aller s’accentuant. Car au 1er semestre 2022, c’est-à-dire rapidement, viendra la présidence française de l’Union. Où le gouvernement entend briller de mille feux (mantra européen de E. Macron… mais surtout échéance électorale présidentielle obligent).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi :

(mis à jour) Article mis à jour et corrigé avec les derniers chiffres fournis par la Bundeswehr et EUTM Mali (à jour au 11.02). Commentaires revus en conséquence.

Cet article Combien de soldats européens sont présents au Sahel ? Combien sont dans Barkhane ? (v3) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

La menace terroriste se déplace vers le Golfe de Guinée

Tue, 09/02/2021 - 08:23

(B2) Pour Bernard Emié, le chef de la DGSE, le chef du renseignement extérieur français, on n’en a pas fini avec le terrorisme en Afrique. À partir du Sahel, les groupes terroristes essaiment et étendent leur influence vers le Sud et l’Ouest de l’Afrique

Le général François Lecointre (Chef d’état-major des armes) et Bernard Emié (directeur de la DGSE), aux côtés de la ministre des Armées, Florence Parly (crédit : DICOD France)

En expansion vers l’Ouest de l’Afrique, voire l’Europe

Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) développe actuellement un « projet d’expansion » vers le golfe de Guinée, en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin. Depuis le Mali, les terroristes « réfléchissent à des attaques dans la région et en Europe » a lâché le directeur général du renseignement extérieur français (DGSE), Bernard Emié, lors d’un déplacement de la ministre sur la base aérienne des forces spéciales à Orléans, pour un comité exécutif anti-terroriste lundi (1.02).

Les deux réseaux terroristes. L’un descendu plutôt des ‘poches’ rebelles du Nord Mali, proche frontière Algérienne, l’autre (Daesh) plus endogène, qui a pris sa croissance dans le Liptako, dans la zone des trois frontières entre Mali, Niger et Burkina Faso (Source Carte : DGSE)

Pris en étau, les réseaux s’étendent

En plus de « financer déjà des hommes qui se disséminent » dans ces deux pays, « des combattants ont été envoyés aux confins du Nigéria, du Niger, du Tchad, où plusieurs groupes issus de Boko Haram continuent de tisser leur toile et d’assassiner », a-t-il décrit. « Ces pays sont désormais une cible » pour les terroristes. La raison ? Selon lui, les terroristes sont en fait « pris en étau » et donc « s’étendent vers le Sud ».

La menace venue du Moyen-Orient et d’Afghanistan se répand en Afrique (Source Carte : DGSE)

Direction l’Afrique de l’Est et australe, voire l’Europe

Toutefois, la dispersion des forces terroristes ne s’arrête pas aux frontières sahéliennes. Et ne doit pas être prise à la légère. Le chef de la DGSE est formel : « La situation en Afrique orientale, depuis les Shebabs de Somalie [Al Qaïda NDLR] jusqu’aux infiltrations récentes de l’État islamique au Mozambique », deux pays sur la côte Est du continent africain « nous préoccupent également beaucoup ».

Des chefs d’AQMI pris sur le fait

Le clou de la conférence est la présentation d’une vidéo. On peut y voir un groupe d’hommes réunis sous la tente pour discuter de leurs opérations futures. Sont là les principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, notamment Lyad ag-Ghali, le chef du GSIM (Groupe de soutien de l’islam et des musulmans) la filiale ‘Sahel’ d’AQMI (avec le turban rouge), le chef de la Katiba Macina, Amadou Kouffa (considéré comme le numéro 2 d’Al Qaida au Sahel) (avec le turban noir), Abdelmalek Droukdel, le chef dAQMI (avec le turban, tué par les forces Barkhane le 3 juin 2020).

Commentaire : cette sortie publique d’un directeur du renseignement, qui reste traditionnellement dans l’ombre, est loin d’être anodine, d’autant qu’elle n’a rien d’improvisé.

Sur le plan des informations, il n’y a pas grand chose de concret à glaner, à part cette vidéo. Sur le plan des menaces, on sait déjà que la Somalie n’est pas un havre de paix et qu’il y a un risque terroriste au Mozambique, comme en Afrique de l’Ouest. « Il y a toujours des risques majeurs de développement de djihadistes dans la zone qui va de la Corne de l’Afrique à la Guinée-Bissau » disait déjà Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, en juillet 2014, lors de la transformation de l’opération Serval en opération Barkhane, évoquant déjà un risque pour l’Europe.

« Le but de cette présence, c’est d’empêcher que [le nord des cinq pays du Sahel] ne devienne une filière, un lieu de passage permanent de reconstitution des groupes djihadistes entre la Libye et l’océan Atlantique, ce qui entraînerait ensuite des conséquences graves pour notre sécurité ». Effectivement quand un directeur du renseignement le dit face caméras, cela peut avoir plus de poids qu’un responsable politique, qu’on pourrait soupçonner d’arrières pensées.

Comment l’analyser alors ? Le premier message est à but interne. Il s’agit d’indiquer que la menace n’est pas vaincue, mais qu’elle est suivie. Cela permet de contrer les quelques critiques sur l’utilité de Barkhane, comme les tentations d’en réduire le spectre. Le deuxième objectif est à usage externe, vis-à-vis des Européens comme des Américains, au moment où l’administration Biden révise ses objectifs de présence en Afrique.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

Cet article La menace terroriste se déplace vers le Golfe de Guinée est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne

Mon, 08/02/2021 - 14:33

(B2) Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la marine française prête son concours actuellement à l’opération EUNAVFOR Med Irini. L’ATL2 opère à partir de la base aérienne de la La Sude en Grèce.

Un moyen associé

L’appareil a été déployé depuis la fin de la semaine dernière annonce l’état-major des armées, le 6 février. Il s’agit de ce qu’on appelle « un moyen associé ». C’est-à-dire que l’avion effectue des missions de façon ponctuelle, mais n’est pas soumis de façon permanente au commandement et contrôle de l’opération.

Le P3 Orion de la marine allemande en panne

Cet apport est cependant très utile. La France vient suppléer ainsi un passage à vide allemand. La marine allemande a dû en effet suspendre sa participation à l’opération en janvier car son avion de patrouille P3 Orion C a a subi une panne, comme nous l’a appris notre collègue d’Augengeradeaus. Ce n’est pas un cas isolé.

Des P3 Orion allemands au bout du rouleau

Comme le raconte notre collègue allemand, Thomas Wiegold, la flotte des avions de surveillance maritime est au bout du rouleau. Sur les huit appareils P3 Orion, quatre ne sont plus réparables et ont pratiquement été mis hors service. Deux machines sont en processus de grande révision (avec de nouvelles ailes) : la première devrait être disponible avant la fin février. Pour la seconde, aucune date n’est précisée, ce sera plus tard. Le septième avion n’est pas non plus disponible : revenu de l’opération anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) il est en inspection ‘600 heures’. La dernière machine opérationnelle, engagée dans l’opération EUNAVFOR MED Irini, a été mise hors service le 8 janvier, avec une défaillance dans le système d’alimentation en carburant !

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Au départ, cette modernisation devait concerner tous les appareils, mais elle a été arrêtée en juin de l’année dernière, et n’ira à son terme que pour les deux machines dont le processus a déjà commencé.

Cet article Un Atlantique 2 français à Irini. Les P3 Orion allemands en panne est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Pour Josep Borrell, le divorce est consommé entre Russes et Européens. Il faut en tirer les conséquences

Sun, 07/02/2021 - 23:33

(B2) Dans un message posté sur son blog, ce dimanche (7.02) le chef de la diplomatie européenne revient sur sa visite à Moscou. Non sans panache

  • Ce message a un triple intérêt. Il révèle la teneur de certains échanges, vigoureux, le constat d’un divorce profond entre Russie et Europe et appelle à prendre résolument la mesure de cette attitude agressive. Au passage, il vient défendre son rôle de diplomate fustigeant les critiques trop faciles.

Le refus du dialogue

Venu avec l’esprit du diplomate, prêt à résoudre les différends, Josep Borrell a trouvé face à lui une direction russe refusant d’avoir « un dialogue plus constructif ». Entre une conférence de presse « organisée de manière agressive » (lire : Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell piégé à Moscou) et l’expulsion de trois diplomates européens annoncée par surprise (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent). Pour le chef de la diplomatie européenne, c’est clair.

Le divorce est consommé

« L’Europe et la Russie se séparent. […] la Russie se déconnecte progressivement de l’Europe et considère les valeurs démocratiques comme une menace existentielle ». Les relations entre l’Union européenne et la Russie étaient déjà « au plus bas » depuis un certain nombre d’années. Elles se sont encore « détériorées après les récents développements liés à l’empoisonnement, l’arrestation et la condamnation d’Alexei Navalny ». Les autorités russes n’ont pas voulu saisir cette « opportunité ». « C’est regrettable et nous devrons en tirer les conséquences. ».

L’Heure du choix

Aujourd’hui, l’Europe est à donc un tournant dans ses relations avec Moscou. En tant qu’UE, « nous devrons réfléchir attentivement à la direction que nous voulons donner à nos relations avec la Russie et agir de manière unie avec détermination », y compris par des sanctions, indique-t-il. NB : Ce devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, lundi (22.02), comme du sommet européen des Chefs en mars.

Un aggiornamento diplomatique

Ce choix n’est pas juste un choix tactique ou conjoncturel, il s’agit d’un « choix stratégique » ! Un choix qui va déterminer « la dynamique internationale du pouvoir au XXIe siècle ». Les Européens veulent-ils avancer « vers des modèles plus coopératifs ou plus polarisés », basés sur « des sociétés fermées ou plus libres » ? Et sont-ils prêts à « influencer ces évolutions » ?

En clair, il s’agit de déterminer une politique. Dans ce cas, cela « nécessite une vision et des objectifs clairs, un engagement diplomatique intense, et de nos nombreux moyens d’action extérieure et de projection d’influence ». Trois éléments qui semblent bien manquer aujourd’hui.

Le rôle d’un diplomate c’est de prendre des risques

Au passage, Josep Borrell ironise sur ceux qui bien à l’abri « derrière des murs » sécurisés, hurlent avec les loups. « Appeler les autres à partir de la sécurité de cette position n’apportera pas une plus grande sécurité à l’UE. Et ce n’est pas de cette façon que je considère mon rôle comme le premier diplomate de l’UE ».

Il préconise une diplomatie d’action plutôt qu’une diplomatie de la rancoeur. « Nous devons […] rencontrer les autres sur leur propre territoire, juste au moment où des événements négatifs se déroulent. […] Je préfère cela à devoir réagir [après coup] et attendre que les choses se passent. » Et d’assumer ce choix : « Si nous voulons un monde plus sûr pour demain, nous devons […] être prêts à prendre des risques. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Traduction libre par nos soins

Une expulsion annoncée par surprise. La discussion avec Serguei Lavrov « a atteint des niveaux élevés de tension » surtout quand le Haut représentant de l'UE a abordé la question des droits de l'Homme et « demandé la libération immédiate et inconditionnelle de M. Navalny, ainsi que l’ouverture d’une enquête complète et impartiale sur sa tentative d’assassinat ». Les autres nombreux points de « désaccord » ((Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Haut Karabagh, crises syriennes et libyenne) ont été abordés. Inutile de préciser que l'ambiance n'était donc très chaleureuse. Mais les Russes réservaient une surprise à leur visiteur. Ce n'est qu'« à la toute fin de notre réunion » que les Européens ont appris « par le biais des médias sociaux », l'expulsion de trois diplomates européens sur la base « d'allégations non fondées (lire : Avec Moscou, les relations diplomatiques se compliquent. Trois diplomates européens expulsés). La goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour J. Borrell en même temps qu'une conférence de presse qui s'est révélée un vrai traquenard. My visit to Moscow and the future of EU-Russia relationsTélécharger

LIre à suivre : Le cas Navalny : un cas d’école pour la liste Magnitski à l’Européenne ? Mais pas suffisant pour bloquer le gaz russe et notre fiche sur le régime de sanctions des droits de l’Homme

Cet article Pour Josep Borrell, le divorce est consommé entre Russes et Européens. Il faut en tirer les conséquences est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Takuba. Les Suédois sur place au Mali

Sun, 07/02/2021 - 19:45

(B2) La majeure partie des forces spéciales multinationales suédoises de la Task Force Takuba est désormais en place au Mali. C’est ce qu’affirme le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales

Le C-130 Hercules suédois (crédit : MOD Suède)

Un engagement important

L’engagement suédois est aujourd’hui un des plus importants engagements européens sur le terrain, avec 150 militaires, certains issus des forces spéciales, d’autres de forces conventionnelles. Les Suédois vont constituer ainsi un task-groupe avec le Français pour former une UERI malienne. Leur tâche : « assister, conseiller et accompagner les forces de sécurité maliennes ». Il peut, au besoin, être renforcé de 100 personnels supplémentaires, selon l’autorisation donnée par le Parlement.

Hélicoptères à Menaka, C-130 à Niamey

Les Suédois forment aussi une force d’intervention rapide héliportée, basée à Ménaka, dans le nord-est du Mali, bien utile pour réagir en cas d’incident. Avec trois hélicoptères UH-60 Black Hawk. Tandis qu’un avion de transport, de type C-130 Hercules, sera basé à Niamey, au Niger, pour assurer les transports tactiques, voire stratégiques.

Capables d’intervenir au Mali comme au Niger

Ces militaires pourront opérer au Mali, comme au Niger. Ce qui est le principe de la task-force Takuba qui opère dans la zone des Trois frontières. Le Parlement suédois a autorisé cette double intervention (1). Durée de leur engagement : jusqu’au 31 décembre 2021.

Un bastion de la violence

Le pays est devenu un « bastion pour les groupes islamistes pro-violence, y compris les groupes liés à Daech et Al-Qaïda ». La population malienne est « gravement affectée par des groupes terroristes criminels et islamistes ». Et ces dernières années, on a noté « une augmentation des activités criminelles telles que le commerce illégal d’armes, de drogues et de personnes, les enlèvements et les actes terroristes ». Les forces spéciales sont la seule « ressource possible dans la lutte contre les groupes terroristes car elles peuvent être déployées rapidement dans différentes parties du pays et empêcher ainsi l’escalade des conflits et la propagation du terrorisme », indique Anders Löfberg selon le site de l’armée suédoise.

Une présence dans la Minusma également et un peu dans EUTM Mali

Ce n’est pas le seul engagement de la Suède dans la région. La Suède fournit également des troupes à la mission de l’ONU Minusma, avec 215 soldats, et la mission de formation de l’UE (EUTM Mali) avec 8 militaires.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. On peut remarquer un absent, de taille, le Burkina-Faso, qui n’a pas encore autorisé une telle opération sur son sol. Ouagadougou a toujours été réticent à ce type d’intervention.

Cet article Takuba. Les Suédois sur place au Mali est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

En Russie, la répression ne fait que se durcir, les autorités osent (presque) tout

Sun, 07/02/2021 - 09:05

(B2) C’est bien ce que l’on retient des témoignages de Denis Shedov et de Sacha Koulaeva, lors d’un échange d’une heure, à distance, avec des eurodéputés, ce vendredi (5.02)

Capture d’écran de la page d’accueil du site OVD-Info, plateforme d’information créée il y a dix ans pour surveiller les arrestations de masse en Russie

Denis est analyste juridique de la plateforme OVD-Info, lancée au moment des manifestations de 2011. Il s’agissait alors de suivre les arrestations de masses pratiquées par les autorités russes. Ce qu’il décrit aujourd’hui est pire. Les persécutions massives sont d’une ampleur « sans précédent ».

En prison pour avoir manifestés

Depuis le 23 janvier, « plusieurs milliers de personnes ont été détenues pour avoir participer à des rassemblements en soutien » de l’opposant Alexeï Navalny, de retour en Russie au terme de sa convalescence en Allemagne, après une tentative d’assassinat par empoisonnement. La détention peut durer « de quelques heures à quelques jours ». Les témoignages font état de « recours injustifiés à la force pendant l’arrestation » et de « maltraitantes physiques de la police ».

Qu’importe le prétexte légal

Tous les prétextes sont bons pour justifier de poursuites pénales : de la désormais classique « violation des règles sanitaires dans le cadre de la pandémie », à la plus originale « implication de mineurs dans des activités illégales », jusqu’à la plus inouïe « violation de droits de l’Homme » ! Comme en Biélorussie, les journalistes sont directement visés, « poursuivis pour avoir couvert des protestations ». De même que les avocats, empêchés de se rendre dans les commissariats. Certes, il n’y a « rien de nouveau », sourit presque Denys. Sauf que, « cette tendance ne fait qu’empirer ».

Une répression sans complexe

Sacha enseigne comme maître de conférences en droits de l’homme, à l’École des affaires internationales de Paris, Sciences Po. Elle a dirigé le bureau Europe de l’Est pour la FIDH (la fédération internationale des droits de l’Homme). Pour elle aussi, les pratiques russes n’ont finalement rien de surprenant. Sauf que « le pouvoir n’essaye même plus de se cacher derrière une procédure légale ».

Encore plus violente

Elle évoque des cas « de tortures pour récupérer le mot de passe d’un téléphone ». De « parents menacés de perdre leurs droits parentaux ». Les pressions s’exercent au travail, avec des employeurs « menaçant leurs salariés » au cas où ils iraient manifester, et même à l’école. « On est arrêté pour avoir tweeté ou simplement retweeté ». L’État ne cherche même « pas à justifier cette répression aveugle ni convaincre de sa légalité ». Son message est d’autant plus clair : « toute opposition sera passible de répression ». Et « le niveau de violence augmente d’un jour à l’autre, voire d’une heure à l’autre ».

(Emmanuelle Stroesser)

Cet article En Russie, la répression ne fait que se durcir, les autorités osent (presque) tout est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (janvier 2021)

Fri, 05/02/2021 - 19:00

(B2) Un entraînement en raquettes, la clôture d’un chantier, la livraison d’un véhicule pas comme les autres, une conférence en ligne, ou un anniversaire… Voici quelques aperçus vivants du quotidien des missions et opérations déployées à l’Est et en Afrique ce mois d’hiver

Bosnie-Herzégovine. Sports d’hiver !

Il a commencé à neiger à l’Est. Les membres du Bataillon Multinational de l’opération de stabilisation en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) ont donc rechaussé leurs raquettes à neige pour leur entraînement hivernal. La pratique tout terrain de cet équipement est ici indispensable. Détails ici

Cela ressemble à du ski, mais ce sont des raquettes à neige (crédit : EUFOR Althea)

Niger. Préparation au transport d’individus dangereux

La gendarmerie nationale a reçu un véhicule pour le transport d’individus dangereux. Un équipement là encore précieux lorsqu’il s’agit d’accompagner les bataillons des forces armées nigériennes et des pays du G5-Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) dans les opérations militaires. Cet équipement complète une formation sur l’escorte d’individus dangereux et personnalités menacées, assurée par la mission de l’UE de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger). Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Niger)

Kati (Mali). Conditions d’instruction améliorées

Les stagiaires officiers, sous-officiers et militaires du rang disposent désormais à Kati d’un centre d’instruction des transmissions (CIT) rénové, avec un nouveau mur d’enceinte et un portail, deux salles d’instructions entièrement refaites, ainsi que le local de permanence, les salles serveur et informatique. Le chantier a duré 11 mois, et a bénéficié d’un financement tchèque (65 millions de francs CFA, soit 100 000 €). Détails ici

Stagiaires au centre d’instruction des transmissions (crédit : EUTM Mali)

Golfe d’Aden. Retour sur un mandat élargi au large de la Corne de l’Afrique

Pêche, trafics de drogue, d’armes et de charbon sont entrés dans le mandat de l’opération de lutte contre la piraterie maritime (EUNAVFOR Atalanta) depuis le 1er janvier. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Ramallah (Cisjordanie). De la gendarmerie canadienne au territoire palestinien

Une directrice des ressources humaines de la gendarmerie canadienne au milieu des experts européens, c’est la rencontre à laquelle nous invite la mission de l’UE de soutien à la police pour le territoire palestinien (EUPOL COPPS). Détails ici

Karen Ziezold (crédit : EUPOL COPPS)

Puntland (Somalie) Manuel du procureur

Le document pratique a été réalisé par une équipe de stagiaires juridiques somaliens, épaulés par un avocat et la mission de renforcement des capacités de l’Union européenne en Somalie (EUCAP Somalia). Détails ici 

(crédit : EUCAP Somalia)

Ukraine. Débats en ligne sur les dangers… en ligne

La mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine) nous propose de revoir « les meilleurs moments » de la conférence sur « les défis contemporains 2020 », une conférence en ligne qu’elle a aidé à organiser avec le ministère de la Transformation numérique. Entre autres thèmes : le monde et l’Ukraine, et les dangers en ligne. Détails ici

(crédit : capture d’écran B2)

Mali. Album souvenir

Cela fait six ans que la mission de soutien de l’UE aux forces de sécurité intérieure (EUCAP Sahel Mali) a été lancée. C’était un 15 janvier. L’occasion de feuilleter l’album photos de ses réalisations, des formations militaires aux échanges culturels. Détails ici

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en septembre) :

Et sur le blog : 

Cet article Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (janvier 2021) est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Navalny condamné à 2 ans et demi de prison. Les Européens critiquent le verdict et Poutine

Tue, 02/02/2021 - 19:41

(B2) Après l’annonce de la condamnation à deux ans et huit mois de prison de l’opposant politique le plus connu dans la scène médiatique, les réactions pleuvent. Inacceptable, grotesque, surprenante, douteuse, perverse… on trouve toute la palette des synonymes possibles,

Si plusieurs pays demandent le retour à la politique de sanctions (Lettonie, Tchéquie…), ce n’est pas la majorité. Dans d’autres pays (France, Italie, Pays-Bas…), on sent que la condamnation est ferme, mais reste polie.

Commentaire : Ce qui semble sûr aujourd’hui, c’est qu’A. Navalny est devenu un prisonnier politique, une figure mythique de la Russie, comme l’était Soljenitsyne avant lui. « La figure de l’opposition russe » selon le département d’État. A la différence de son aîné, le mode d’expression préféré d’Alexei n’est pas le livre, mais You Tube. Mais le fond reste le même. L’opposition à un régime autoritaire. V. Poutine, si habile d’ordinaire, a peut-être fait l’erreur de sa vie en donnant à son opposant, cette stature.

Emmanuel Macron (France) : « La condamnation d’Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n’est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables. »

La condamnation d'Alexeï @Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 2, 2021

Josep Borrell Fontelles (chef de la diplomatie européenne) : « La condamnation d’Alexey Navalny va à l’encontre des engagements internationaux de la Russie en matière d’État de droit et de libertés fondamentales. Elle va à l’encontre du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a jugé cette affaire arbitraire et déraisonnable. Je demande sa libération immédiate. »

The sentencing of Alexey @navalny runs counter Russia’s international commitments on rule of law & fundamental freedoms. It goes against the verdict of #ECHR, which ruled this case arbitrary and unreasonable.

I call for his immediate release.

— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) February 2, 2021

Ursula von der Leyen (Présidente de la Commission) : « Je condamne la condamnation d’Alexei @Navalny dans les termes les plus forts possibles. J’appelle la Russie à respecter ses engagements internationaux et à le libérer immédiatement et sans condition. »

I condemn the sentencing of Alexei @Navalny in the strongest possible terms.

I call on Russia to comply with its international commitments and release him immediately and unconditionally. https://t.co/WNsQ2SslFM

— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 2, 2021

Heiko Maas (Allemagne) : « Le verdict contre Alexei Navalny est un coup dur pour les libertés et l’État de droit solidement ancrés en Russie. La Cour européenne des droits de l’homme a déjà critiqué ce procès comme étant arbitraire en 2017. Alexei Navalny doit être libéré immédiatement. »

Dominic Raab (Royaume-Uni) : « La décision perverse rendue aujourd’hui par la Cour montre que la Russie ne respecte pas les engagements les plus fondamentaux que l’on attend de tout membre responsable de la communauté internationale. Le Royaume-Uni demande la libération immédiate et inconditionnelle de Navalny et tous les manifestants pacifiques et journalistes arrêtés ces deux dernières semaines. » (communiqué)

Département d’Etat US : « Aleksey Navalny bénéficie des droits prévus par la constitution russe. Nous soutenons le peuple russe dans l’exercice des droits que lui confère la constitution russe. […] Même si nous travaillons avec la Russie pour faire progresser les intérêts américains, nous coordonnerons étroitement avec nos alliés et partenaires pour tenir la Russie responsable de ses manquements aux droits de ses citoyens. » (communiqué)

Ekaterina Zaharieva (Bulgarie) : « La décision d’emprisonner Navalny après avoir été soigné à l’étranger suite à une tentative d’empoisonnement est tout à fait inacceptable. Nous demandons que les décisions de la CEDH soient respectées, le droit à un procès équitable est un droit humain fondamental qui est indéniable. »

Tomáš Petříček (Tchéquie) : « Un verdict un peu surprenant avec une motivation claire pour faire taire l’opposition. La Tchéquie exige la libération immédiate de A. Navalny, c’est un processus artificiel. Malheureusement, nous en connaissons un certain nombre de par notre propre histoire. L’UE devrait revenir sur la question des sanctions »

Málo překvapivý rozsudek s jasnou motivací umlčet opozici. Česko požaduje okamžité propuštění A. #Navalny, jde o vykonstruovaný proces. Takových bohužel známe z vlastní historie celou řadu. EU by se měla opět vrátit k tématu sankcí.https://t.co/gzJYmK9fuC

— Tomáš Petříček (@TPetricek) February 2, 2021

Ivan Korcok (Slovaquie) : « La décision rendue aujourd’hui par le tribunal de Moscou sur Navalny soulève des doutes quant à l’équité du procès et ignore la précédente décision de la CEDH. Nous appelons les autorités slovaques à respecter les libertés humaines et politiques en Russie et ses engagements internationaux. »

Stef Blok (Pays-Bas) : « Profondément préoccupé par la condamnation de Navalny. Chacun a droit à la liberté d’expression et à un procès équitable. Nous appelons les autorités russes à libérer immédiatement Navalny et toutes les personnes détenues lors des manifestations de ces dernières semaines. » (Deeply concerned about the conviction of @Navalny . Everyone has the right to freedom of speech and a fair trial. We call on the Russian authorities to immediately release Navalny and all those detained during the protests of the last weeks. )

Jeppe Kofod (Danemark) : « Grotesque verdict contre Navalny. [Cela va à l’en]Contre [de] l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qualifiant l’affaire d’arbitraire et manifestement déraisonnable’. Je demande sa libération immédiate. On attend toujours l’enquête russe sur l’empoisonnement de Navalny »

Grotesque verdict against @Navalny

Counter to clear ruling from European Court of Human Rights calling case “arbitrary and manifestly unreasonable”

I call for his immediate release
 
Still waiting for Russian investigation into #Navalny poisoninghttps://t.co/UzFjFZsPxd #dkpol

— Jeppe Kofod (@JeppeKofod) February 2, 2021

Eva-Maria Liimets (Estonie) : « Navalny a été condamné à 3,5 ans de prison pour violation de liberté surveillée. Chers voisins en Russie, qu’en est-il de l’État de droit ? »

.@Navalny sentenced 3.5 years for probation violation. Dear neighbours in #Russia, what about rule of law?

— Eva-Maria Liimets (@eliimets) February 2, 2021

Edgars Rinkēvičs (Lettonie). « La décision d’emprisonner le leader de l’opposition russe Alexey Navalny est à la fois un cynisme effroyable et un mépris total de l’État de droit et des obligations internationales de la part de la Russie. Il doit être libéré immédiatement. L’UE doit imposer des sanctions, Le Conseil de l’Europe doit agir car cela constitue une violation de l’arrêt de la CEDH. »

Decision to imprison Russian opposition leader Alexey @navalny is both appalling cynicism and complete disregard of rule of law and international obligations by #Russia. He must be released immediately. #EU must impose sanctions, @coe must act as this is breach of ECHR ruling

— Edgars Rinkēvičs (@edgarsrinkevics) February 2, 2021

Sanna Marin (Premier ministre Finlande) : « La peine de prison prononcée par la Commission est inacceptable. La Cour européenne des droits de l’homme a jugé que la condamnation initiale de Navalny était arbitraire et déraisonnable. »

Alexei @navalny’s prison sentence is unacceptable. The European Court of Human Rights has ruled Navalny’s original conviction as arbitrary and unreasonable.

— Sanna Marin (@MarinSanna) February 2, 2021

Ministère slovène des Affaires étrangères : « La Slovénie est consternée par le verdict rendu contre le leader de l’opposition russe Alexey Navalny. Nous demandons sa libération immédiate et inconditionnelle. »

Farnesina (Italie). « Nous apprenons avec consternation la nouvelle de la condamnation d’Aleksey Navalny à une longue peine de prison. L’Italie exprime sa vive inquiétude face à de tels développements, qui vont à l’encontre des principes fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit. »

(propos rassemblés par Nicolas Gros-Verheyde)

Cet article Navalny condamné à 2 ans et demi de prison. Les Européens critiquent le verdict et Poutine est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Frappe de Bounti : deux versions différentes qui convergent ? L’hypothèse d’une demi-bavure reste latente

Tue, 02/02/2021 - 18:10

(B2) Les derniers témoignages ne permettent pas de lever le voile. Mais ils amènent quelques éléments intéressants qui posent nombre d’interrogations sur la frappe française au Mali, début janvier

Début janvier, une frappe française a visé un groupe terroriste près de Bounti, selon l’état-major des armées, sans faire de victimes civiles (lire : Frappe aérienne à Bounti. Aucun dégât collatéral affirment Maliens et Français). Au même moment, tout près, des civils rassemblés pour un mariage, selon les représentants de la communauté peule, ont été pris sous le feu de bombes. Deux versions différentes pour un même évènement. On a pu s’interroger sur la véracité des témoignages, sur l’existence d’un hélicoptère (non réelle), d’un autre avion (assez hypothétique)… En fait, les deux évènements pourraient ne pas être aussi séparés que cela, si l’on dissèque bien les différents éléments, rassemblés par le journaliste Omar Ouahmane et diffusés sur France-Inter ce matin.

Cinq précisions intéressantes

Premier élément, il y avait bien deux avions, il était environ 15 heures. « J’ai entendu plusieurs explosions, c’était la panique, j’ai eu très peur, j’ai fui en direction de la brousse. [… ] Il y avait deux avions, un qui volait très haut et un autre à basse altitude ». NB : on est ainsi très proche d’une patrouille, plutôt classique dans les frappes ciblées, avec deux avions, un qui frappe à basse altitude pour être au plus près, et un plus loin.

Second élément, il y avait bien un regroupement d’hommes, une cinquantaine, rassemblés pour le mariage, séparés des femmes et des enfants comme le veut la tradition. « Nous étions plus d’une cinquantaine d’hommes assis sous des arbres à l’ombre où il fait plus frais, on était entre nous à l’écart des femmes. » Il étaient « divisés en trois groupes éloignés les uns des autres, chacun sous son arbre, un premier composé de personnes âgées, un autre plus jeune et un dernier groupe d’enfants et d’adolescents pendant que les femmes préparaient le déjeuner dans les cases ».

Troisième élément, les rebelles font la loi à Bounti avec l’imposition de la loi islamiste. « Depuis qu’ils ont pris les armes, il n’y a pas une loi qu’ils ne dictent pas. Ils imposent la zakat sur nos récoltes. Ils prélèvent l’impôt islamique de force. Ils viennent, ils nous disent comment nous habiller, lorsque nos pantalons sont trop longs, ils les coupent. On doit porter la barbe sinon ils nous frappent. Nous n’avons pas le choix c’est la domination totale. »

Quatrième élément, certains hommes collaborent de près ou de loin, de manière plus ou moins forcée, avec les rebelles. « Parmi la population de Bounti, il y en a qui se cotisent pour aider les djihadistes, pour leur acheter des vivres ou des munitions. En fait, ils s’entraident, ils parlent d’une même voix. […] Il y en a même qui possèdent des Talkie Walkie, ils les utilisent pour fournir des renseignements comme les positions de l’armée malienne ou de Barkhane. Ils apportent aussi un matériel et logistique. » « Ceux qui sont morts étaient des sympathisants des djihadistes. Ils travaillaient main dans la main. »

Cinquième élément, il n’y avait pas de combattants sur place. « Les combattants djihadistes n’étaient pas sur place. […] Le jour du bombardement, les djihadistes étaient dans leur cachette située dans la brousse, où ils vivent jour et nuit. » Mais ils n’étaient pas loin. Ils « sont venus sur les lieux juste après les frappes pour voir les dégâts. Ils ont dit que les victimes étaient des martyrs mais ils ne sont pas restés pour les funérailles, ils sont vite repartis […] ».

Commentaire : si ces faits se confirment, difficile de ne pas voir dans la frappe aérienne, celle effectuée par l’armée française. Les deux versions concordent non seulement sur la date, mais sur la nature de la frappe, sur le nombre de personnes présentes, tous des hommes, à l’écart du village, etc. Et l’hypothèse d’une autre intervention parait peu plausible et n’a d’ailleurs pas été vraiment avancée par les autorités françaises.

C’est davantage maintenant l’implication de ces hommes dans les mouvements rebelles et leur armement potentiel qui pourrait poser question. Et cet élément n’est pas vraiment à écarter. La présence de combattants tout près, et après la frappe, est interpellante. Les mouvements rebelles ont de tous temps mêlé leurs activités à celles des civils. Et il n’est pas interdit de penser que certains d’entre eux étaient présents au mariage. L’affirmation de ‘zéro dégâts collatéraux’ parait difficile à soutenir dans autre élément.

Il serait donc être intéressant que l’armée française fasse toute la lumière sur les éléments qui l’ont incité à passer à l’action, ainsi que les photographies. Toute opacité sur ce dossier pourrait générer encore de plus de confusion. On peut se rappeler la frappe de Kunduz, en Afghanistan, début septembre 2009, sur deux camions citernes capturés par les Talibans, qui avait fait 142 morts, en bonne partie civils, venus des villages voisins (à la demandes Talibans). Cela avait provoqué un séisme en Allemagne. Avec des démissions en cascade : du chef d’état major Wolfgang Schneiderhan au ministre Franz-Josef Jung, accusé d’avoir caché une partie de la vérité au Bundestag.

La France n’est pas l’Allemagne. Le Parlement français n’a pas la force de son homologue allemand en matière de défense. Et on n’a pas vu un ministre de la Défense démissionner pour une frappe difficile à justifier. Mais ne pas jouer le jeu de la vérité pourrait se révéler dommageable sur le terrain.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Cet article Frappe de Bounti : deux versions différentes qui convergent ? L’hypothèse d’une demi-bavure reste latente est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Covid-19. L’Allemagne déploie une task-force médicale au Portugal

Tue, 02/02/2021 - 11:27

(B2) Berlin a décidé de répondre à l’appel à l’aide de Lisbonne qui fait face à une envolée de l’épidémie de Coronavirus. Un premier vol avec personnel et matériel part demain

Un prélèvement au Covid-19 (Crédit : Bundeswehr / P. Englowski)

Un Airbus A400M de l’armée de l’air allemande doit décoller mercredi (03.02) de l’aéroport (militaire) de Wunstorf. Direction : Lisbonne. À bord, 26 personnes du service médical des forces armées allemandes : huit médecins, des infirmier/ères et une équipe d’hygiène de la Bundeswehr seront à bord, ainsi que du matériel médical, comme le précise notre collègue Thomas Wiegold de Augengeradeaus.

Un geste de solidarité

40 respirateurs mobiles et dix respirateurs fixes, 150 appareils de perfusion et 150 lits d’hôpital, seront également mis à la disposition du Portugal, comme le précise la Bundeswehr. L’inspecteur général du service médical, le chef d’état-major Ulrich Baumgärtner, est du voyage. « Même dans les moments difficiles, il est important que nous nous serrions les coudes », a déclaré la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer sur twitter.

Un pays frappé par l’envol de l’épidémie

Ce premier envoi répond à l’appel à l’aide de Lisbonne. Le pays qui avait été plutôt épargné lors de la première vague subit depuis début janvier une envolée de l’épidémie. 6694 personnes sont hospitalisées, dont 858 aux soins intensifs. Et certains jours, on constate 300 décès, comme le relate l’agence Lusa. Sur les 12.482 décès associés au covid-19 depuis le début de l’épidémie (en mars), plus de 3000 morts ont été observés dans les deux dernières semaines de janvier (sur une population de dix millions d’habitants)

Une générosité allemande contenue

La ministre portugaise de la Santé, Marta Temido avait demandé le déploiement d’un hôpital de campagne, précise notre confrère. Refus allemand : cela nécessiterait « trop de personnel ». Ce qui a été convenu est plutôt un soutien « en personnel et en matériel », comme la ministre de la défense Annegret Kramp-Karrenbauer l’a confirmé lors d’un entretien avec son homologue portugais João Cravinho. L’équipe médicale va être déployée dans un hôpital de Lisbonne, et les spécialistes de l’hygiène dans d’autres hôpitaux. Durée prévue de la mission : trois semaines.

(NGV)

Coronavirus-Pandemie & Bundeswehr: Hilfsteam fliegt nach Portugal, über 3.000 Schnelltester (Neufassung)

Cet article Covid-19. L’Allemagne déploie une task-force médicale au Portugal est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

La croissance de la répression en Chine contre les Ouigours. La preuve par les satellites de l’UE

Mon, 01/02/2021 - 23:55

(B2) Si certains peuvent se demander à quoi peut servir un centre d’observation de la terre au niveau européen ? La réponse vient d’être fournie par une simple photo postée par la DG Défis (la direction générale de la Défense et de l’Espace) de la Commission européenne

Tout simplement à permettre à tout un chacun, aux journalistes en particulier, de pouvoir observer certains évènements, vue du ciel. Voici en effet les images du «centre de rééducation» de Dabancheng au Xinjiang en Chine telles que les satellites Sentinel2 du programme européen d’observation et de surveillance de la Terre, Copernicus, a pu l’observer dans ces quatre dernières années. Parti d’un ou deux bâtiments en janvier 2017, il croit en 2019 et s’étend encore en janvier 2021, visant en particulier les Ouigours.

Le centre de rééducation» de Dabancheng au Xinjiang

(NGV)

Sur le centre, voir le reportage de la BBC

Cet article La croissance de la répression en Chine contre les Ouigours. La preuve par les satellites de l’UE est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Dernier bilan de l’opération Irini

Sat, 30/01/2021 - 11:36

(B2) L’opération maritime de l’UE de surveillance des trafics en Méditerranée continue ses surveillances au large des côtes libyennes, a assuré le contre-amiral Fabio Agostini lors d’une séance au Sénat italien

Les visites amicales ou inspections suscitent de façon régulière désormais une protestation de certains pays (Turquie et Russie) qui supportent difficilement un contrôle de leurs mouvements d’armes vers la Libye (crédit : EUNAVFOR Med Irini – Archives B2 : la visite de l’Adler)

Surveillance maritime

L’opération maritime a effectué depuis le début de ses activités (avril 2020) le contrôle sur 1560 navires marchands (par contacts radio), 62 ‘approches amicales’ (sur invitation et avec le consentement du capitaine du navire) et six véritables inspections (avec embarquement et vérification en temps opportun du bateau et de la cargaison). Dans un cas, l’inspection a abouti au déroutement du navire sur un port, pour enquête plus complète. Dans deux cas, ces visites ont suscité un veto de l’État du pavillon (Turquie), au besoin par la force. Dans un cas, la visite a suscité une protestation officielle (Russie).

155 vols suspects repérés

Irini a également mis sous surveillance 16 sites libyens, notamment des ports et des structures liées au pétrole. L’opération a aussi effectué des contrôles (à distance, par voie satellitaire ou aérienne) de 25 aéroports et pistes et sur 155 vols suspects à destination et en provenance de la Libye.

436 séries d’images fournies par le SatCen et 17 rapports

Pour cela l’opération a pu bénéficier d’images satellites fournies, à la demande d’Irini, par EUSATCEN (au total 436 séries d’images). Enfin, last but not least, l’opération a envoyé 17 rapports au groupe d’experts sur la Libye de l’ONU, décrivant des violations « possibles ou avérées » de l’embargo.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : Bilan dressé lors d’une audition au Sénat italien, jeudi (28.01), qu’a suivie à distance B2. Chiffres à jour au 31 décembre 2020.

Cet article Dernier bilan de l’opération Irini est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Le Royaume-Uni ne veut pas élever la délégation de l’UE au rang d’ambassade. Inamical !

Wed, 27/01/2021 - 22:10

(B2) Le refus du gouvernement britannique de reconnaître tous ses droits à la délégation de l’UE à Londres provoque l’ire européenne

(crédit : PE)

L’encre du traité sur la sortie du Royaume-Uni (conclu juste avant Noël) n’est pas encore sèche que déjà Londres sème le trouble. Le gouvernement de Boris Johnson n’accepte pas, en effet, de donner à la délégation de l’UE à Londres le rang qui lui est dû, notamment les privilèges et immunités diplomatiques habituels et en particulier le rang d’ambassadeur pour son chef. Cela suscite la fureur des Européens.

La rupture d’une pratique ancienne

Le Haut représentant de l’UE (le chef de la diplomatie européenne) Josep Borrell n’a pas caché son incompréhension face à la presse, lundi (25.01). « Nous ne demandons pas quelque chose de nouveau. Nous ne demandons pas un traitement spécial. Le statut extérieur de l’Union européenne est reconnu par les pays et les organisations internes du monde entier. Nous avons 143 délégations dans le monde entier. Sans une seule exception, tous les États hôtes ont accepté d’accorder à ces délégations et à leur personnel un statut équivalent à celui des missions diplomatiques des États en vertu de la Convention de Vienne. »

Un signal peu amical

« Nous attendons du Royaume-Uni qu’il traite la délégation de l’Union européenne en conséquence et sans délai. » Et d’ajouter : « Nous n’accepterons [donc] pas que le Royaume-Uni soit le seul pays dans le monde à ne pas reconnaitre l’UE comme une délégation et ne pas lui accorder des facilités diplomatiques. […] Ce n’est pas un signal amical. Si les choses doivent continuer ainsi, ce n’est pas de bon augure. »

Inacceptable pour le Parlement

Réaction identique au Parlement européen. « C’est inacceptable » a lancé Nathalie Loiseau, présidente de la sous-commission sécurité et défense, lors d’une audition ce mardi (26.01) avec le secrétaire général du service diplomatique européen (SEAE), Stefano Sannino. « J’espère que vous n’arriverez pas à un compromis boiteux sur cette question » a-t-elle lancé.

Le grand amour Europe-Royaume-Uni

De façon plus diplomatique, mais tout en fine ironie, le ministre portugais des Affaires étrangères, Antonio Santos Silva, nous confiait hier, au sortir d’un long entretien : « Tous les grands amours sont complexes. Et nous avons un grand amour avec le Royaume-Uni ».

Explications : une position britannique ancrée dans le temps

Dans la capitale britannique, de tous temps, la Commission européenne avait un bureau, une représentation, chargée d’être le relais de la politique décidée à Bruxelles dans le pays (et de faire remonter des informations du pays vers la Commission européenne). Classique. C’est ainsi dans tous les États membres. Mais le Brexit a changé la donne. D’État membre, le Royaume-Uni est devenu pays tiers. Exit donc la représentation de la Commission. À la place, vient une délégation de l’Union européenne, véritable ambassade, dirigée par un ambassadeur et plusieurs services, plutôt classiques dans une ambassade (politique, économique, culturel, et au besoin sécurité intérieure et/ou défense). La gestion des relations avec le Royaume-Uni a d’ailleurs migré en bonne partie. Elle est devenue un sujet de ‘relations extérieures’…

En refusant d’acter ce changement, et par ricochet, d’élever le chef de la délégation de l’UE (*) au rang d’ambassadeur, Londres refuse d’acter le divorce. Un geste où l’on pourra trouver des ressorts au niveau de la psychologie. Mais cette décision est avant tout politique. Et pour celui qui suit la politique britannique dans l’UE, ce n’est pas franchement une surprise. De tous temps, les Britanniques ont refusé de reconnaître un quelconque rôle à l’Union européenne au niveau de la politique étrangère ou de la défense, ou à ce qui pourrait s’apparenter à une petite once d’Union politique. En 2011 (à la création du SEAE), ils avaient ainsi bataillé ferme, durant des mois, pour refuser de reconnaître à l’UE de faire des déclarations au nom des Européens aux Nations unies. Tant qu’ils étaient présents, ils ont bloqué l’établissement d’un QG militaire permanent pour l’UE. Enfin, ils ont refusé d’incorporer la politique étrangère dans le traité de sortie de l’UE. Alors que tous les éléments étaient là pour un accord (lire : Brexmas. La politique étrangère et la défense, deux orphelines de l’accord).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Cette délégation n’est pas dirigée par n’importe qui. On retrouve à sa tête le Portugais Joao Vale de Almeida, qui a été l’ambassadeur de l’UE à Washington de 2010 à 2014 puis à New-York auprès de l’ONU jusqu’en 2019, et auparavant porte-parole adjoint (sous Santer) et chef de cabinet du président de la Commission (sous Barroso). Bref un homme chevronné.

Lire aussi : Comment associer le Royaume-Uni à la politique étrangère et de défense ? La réflexion reprend (v2)

Cet article Le Royaume-Uni ne veut pas élever la délégation de l’UE au rang d’ambassade. Inamical ! est apparu en premier sur B2 Le blog de l'Europe géopolitique.

Pages