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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 5 hours 26 min ago

Les Portugais en Roumanie

Wed, 08/09/2021 - 17:58

(B2) 93 soldats de l’armée de terre portugaise (14e régiment d’infanterie de la compagnie de tireurs d’élite mécanisés) sont partis ce mardi (7 septembre) en Roumanie pour participer à la mission ‘présence avancée’ de l’OTAN dans la zone Sud-Est de l’Europe face à la Russie en Mer noire. Durée de l’engagement : trois mois. But : « renforcer la posture de dissuasion et de défense sur le flanc sud-est du territoire de l’Alliance ».

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Dans la peau d’un battlegroup. Les Slovènes en astreinte ce semestre

Wed, 08/09/2021 - 14:18

(B2 à Ljubljana) Alors que l’existence même des battlegroups est sous pression, leur entreprise bien huilée n’attend plus qu’un signe politique pour se voir déployés

Les forces slovènes sont actuellement en astreinte dans un des battlegroups de l’Union européenne (© AP / B2)

Le futur des battlegroups, ces forces de réaction rapide de l’Union européenne, est au centre du débat européen depuis quelques mois. La raison : ils n’ont jamais été déployés pour répondre à quelque crise que ce soit. Ce qui signifie aux yeux de certains, qu’ils sont tout bonnement inutiles. Dernière idée en date (de mai dernier) : mettre en place une « force d’entrée en premier », qui serait plus permanente entre certains pays (lire : Créons une force européenne d’entrée en premier ! 14 États sont pour). En attendant, les battlegroups de l’Union européenne continuent d’être de rigueur. Ils s’entraînent, se qualifient pour être à partir au cas. B2 est parti rencontrer les troupes slovènes, en astreinte depuis juillet dernier dans le battlegroup commandé par les Italiens.

Une force multinationale entre voisins

En principe, il y a toujours une force prête à être déployée pour les besoins militaires de l’Union européenne (cf. encadré). Elles ne sont simplement pas toujours constituées des mêmes nations, forces et capacités. Sur la base de Vojašnica Edvarda Peperka, à Ljubljana, c’est la 10ème brigade motorisée de la 1ère brigade qui constitue l’élément central de la participation slovène. Avec l’Autriche, la Croatie, la Hongrie et l’Italie, ils forment un battlegroup de l’Union européenne, qui se fonde sur un accord conclu entre les participants (un memorandum of understandings). Les pays ont aussi signé un accord technique entre les participants au sujet de l’entrainement et l’utilisation des battlegroups.

Un des militaires de la 10e brigade motorisée (© AP / B2)

Une mobilisation sur un an

Les battlegroups alternent tous les six mois. Chaque mois de janvier et juillet, une nouvelle coalition prend le relais dans la rotation. Mais dans les faits, le battlegroup mobilise les efforts bien au-delà des six mois de rotation.

La Multinational Land Force — qui a pris le relais en juillet 2021 — en est une bonne illustration. La première réunion a eu lieu en juillet 2020 (inital conference) avec les hauts représentants des militaires de chaque pays, soit un an avant le début de la rotation. D’autres réunions ont suivi. En décembre 2020, une feuille de route pour l’entraînement des forces a été élaborée.

Six mois de préparation

De janvier à mai 2021, soit six mois avant la mobilisation, tout le personnel du battlegroup suit un même entrainement, chacun chez soi. Ces cinq mois intenses sont rythmés par pas moins de trois exercices. En juin, le battlegroup passe une « validation ». Elle prend la forme d’un exercice de 14 jours, réalisé en Italie, le pays leader du battlegroup.

Chaque pays fournit à la fois troupes, mais aussi équipements et différentes capacités (© AP / B2).

…Puis six mois de ‘stand-by

Le 1er juillet 2021, c’est la rentrée. Le semestre en stand-by débute. Au programme : entraînements sur entraînements ! Il ne faut surtout pas perdre la forme. En octobre, un exercice supplémentaire aura lieu, avec trois aspects : la mobilité militaire, l’aide aux sinistrés (disaster relief), en coopération avec les institutions civiles, et l’opération militaire.

L’intérêt pour les armées

Pour certains, les battlegroups représentent un gaspillage de ressources et de temps. Mais pour un observateur averti, participer aux battlegroups est « une très belle opportunité pour les troupes ». Et ce pour différentes raisons, détaille un gradé : « l’entrainement est plus intense que d’habitude, les personnels ont un but concret vers lequel travailler, les troupes se préparent à défendre une cause plus grande que leur seule nation ». En plus, du point de vue de la défense européenne, « ils travaillent à l’interopérabilité des armées avec leurs partenaires. Le travail en battlegroup contribue à la dissuasion », ajoute un autre. Ne manque qu’une décision politique pour les voir à l’oeuvre, sur le terrain cette fois.

(Aurélie Pugnet)

Qu'est ce qu'un battlegroup ? Les battlegroups représentent une force de la taille d'un bataillon d'infanterie, renforcé avec un élément soutien au combat 'Combat support' (CS) et un soutien logistique Combat support service (CSS). Le tout doit faire au minimum 1500 personnels (parfois plus). Chaque battlegroup dispose d'un quartier général de la force (FHQ), qui peut également être déployable. Le concept des battlegroups a atteint sa capacité opérationnelle depuis 2007. La décision de déployer les battlegroups revient aux ministres des États membres (Conseil de l'Union européenne). Ils sont déployables en cinq jours, dans une zone qui va les 6000 kilomètres autour de Bruxelles. Ils ont dix jours pour être opérationnel sur le théâtre, pour un engagement initial de 30 jours, pouvant être étendu à 120 jours.

Lire notre fiche : Les GT 1500 ou battlegroups. Une belle idée jamais mise en pratique

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (août 2021)

Tue, 07/09/2021 - 20:30

(B2) Connaître, se faire connaître, reconnaître. Ce sont les gages pour assurer de bonnes coopérations, essentielles aux opérations et missions de l’UE sur le terrain. L’été a été propice à cela. Comme aux visites extérieures, notamment de députés européens en Ukraine

Libye. « L’approche intégrée » européenne se met en place

L’opération maritime de l’UE EUNAVFOR MED IRINI et la mission d’assistance frontalière de l’UE en Libye (EUBAM Libya) organisent un peu plus leur coopération. Cet été, le contre-amiral Fabio Agostini, commandant d’Irini, et Natalina Cea, chef de mission d’EUBAM Libya, se sont retrouvés à Rome, au QG d’EUNAVFOR Med IRINI, pour signer une convention qui pose noir sur blanc les axes de coopération. Avec une attention particulière notamment sur la formation des garde-côtes libyens et la sécurité portuaire. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Djibouti. Coopération de voisinage

Autres formes de coopération, celles de la force maritime européenne chargée de combattre la piraterie maritime au large de la Somalie (EUNAVFOR Atalanta) avec les forces présentes à Djibouti. Le commandant de l’opération, le vice-amiral José María Núñez Torrente, a profité de la rotation du quartier général de la force, début août, pour faire le tour des commandements et des unités militaires les plus importants présents à Djibouti. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Bagdad (Irak). Rencontre avec le FBI irakien

L’Agence fédérale de renseignement et d’investigation irakienne (FIIA) et la mission de l’Union européenne de conseil aux forces de sécurité intérieure (EUAM Irak) coopèrent déjà, par exemple dans la récupération d’objets d’art volés et les relations avec INTERPOL. Et il s’agit de poursuivre cette coopération, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. C’était l’enjeu d’une rencontre mi-août dans la capitale. Détails ici

Ségou (Mali). Visite guidée de l’école de sous-officiers

La mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) nous fait revivre le déplacement du commandant de la force, le général de brigade Jochen Deuer, à Ségou, siège de la troisième région militaire du pays et de l’école des sous-officiers des forces maliennes. Le général y a notamment testé le tir numérique à la Kalachnikov ! Détails ici

(crédit : EUTM Mali)

Donetsk (Ukraine). Visite guidée pour six eurodéputés

Les députés européens (1) se sont rendus en Ukraine à l’occasion du 30e anniversaire de l’indépendance du pays (le 24 août). Une opportunité saisie pour découvrir le travail de la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine). Entre autres visites, celle du port maritime de Mariupol, à l’Est du pays. Car la mission précise qu’elle « renforcera bientôt ses conseils en matière de gestion intégrée des frontières aux services répressifs opérant dans le port ». Les députés ont également discuté avec le commandant de la police régionale des défis liés à la proximité de la ligne de contact (contrebande et crime organisé). Détails ici

(1) Michael Gahler, Viola von Cramon, Petras Auštrevičius, Andrius Kubilius, Juozas Olekas, Anna Fotyga et Ramona Strugariu

Ramallah (Territoire palestinien). Une campagne contre le cyber-chantage

L’experte en cybercriminalité de la mission de soutien à la police et de l’état de droit pour le territoire palestinienne (EUPOL COPPS), Alessandro Buono, a conseillé la police civile palestinienne (PCP) ces deux dernières années sur les moyens de combattre le phénomène du chantage sur internet. Le résultat est une campagne de sensibilisation au cyber-chantage, dévoilée cet été. Détails ici

Garowe (Somalie). Prévenir la radicalisation

Dix enquêteurs de la police d’État du Puntland et cinq procureurs du bureau du procureur général ont participé à un atelier de deux jours de sensibilisation à la lutte contre la radicalisation, organisé dans le bureau local d’EUCAP Somalia à Garowe. L’enjeu est de les épauler pour prévenir et détecter la radicalisation le plus tôt possible dans leur travail quotidien. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Niger. Une Berlinoise à la tête de la mission

À la tête de la mission civile de l’Union européenne de soutien aux forces de sécurité intérieure et de la stabilisation du Niger (EUCAP Sahel Niger) depuis janvier, l’Allemande Antje Pittelkau a eu droit à son portrait, à lire sur le site de la Deutsche Welle (DW).

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaître des dernières évolutions de la politique de défense européenne, l’indispensable à se procurer : la nouvelle ‘boîte à outils’ de la défense européenne, qui vient de paraître, ainsi que notre ouvrage de référence sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en août) :

Et sur le blog : 

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Dans les coulisses d’une informelle

Sun, 05/09/2021 - 11:43

(B2 à Brdo) Un moment privilégié de discussion pour les ministres pour échanger et tenter de rapprocher leurs points de vue. Hors de la salle de réunion, que se passe-t-il ?

Il est loin le temps où l’informelle se déroulait sans agenda préconçu, loin des caméras et des téléphones. L’agenda est aujourd’hui assez cadré, les journalistes sont bien présents. Et les réseaux sociaux également. Mais le mythe de l’informelle perdure. Se déroulant une fois tous les six mois, dans le pays qui assure la présidence tournante, elle reste incontournable pour un ministre.

La réussite d’une telle réunion tient à quelques petites choses, essentielles : le fond du débat bien entendu, le cadre et le temps. À l’aune de ces critères, les deux réunions qui se sont succédé à Brdo en Slovénie — jeudi avec les ministres de la Défense, vendredi avec ceux des Affaires étrangères — ont été une réussite. La thématique de l’Afghanistan a dominé tout le débat. Le cadre, le parc et château de Brdo, mis à disposition par la présidence slovène de l’UE, étaient idylliques, calmes, verts, avec de multiples recoins pour converser tranquillement. Et le temps a viré à l’azur magnifique.

Autour de la table, c’était autre chose, la débâcle de l’Afghanistan ne laissait personne indifférent. Et l’heure n’était pas vraiment à l’autosatisfaction. Tous les ministres avaient d’ailleurs fait le déplacement. Et les rares qui n’étaient pas là étaient représentés par un adjoint. Les apartés ont donc été nombreuses.


Le centre de conférences où se situent les principales discussions. Dans un parc verdoyant. Calme et tranquilité assurées. La seule proximité sont les sportifs de l’équipe de football qui s’entraînent de l’autre côté. (© NGV / B2) Le rituel de la photo de famille est incontournable. Pas toujours très follchon. Mais personne ne le rate. Cela permet de figer pour l’éternité la présence des uns et des autres. Pour AKK, la ministre allemande, c’était par exemple la dernière fois avec ses collègues européens de la défense… Sauf surprise électorale en Allemagne. Contrairement aux autres photos de famille, il n’y a pas de marque réservée pour chacun. Seul un petit scotch blanc pour se repérer. Seuls le Haut représentant et l’hôte slovène de la réunion ont leur place dédiée au centre. Le reste se place au petit bonheur… ou dans l’ordre d’arrivée. Tant pis pour les retardataires. Les apartés entre ministres constituent un autre des points essentiels d’une informelle. Et la discussion continue quel que soit le lieu. Sur le podium où a lieu la photo de famille au besoin. Ici le haut représentant de l’UE, Josep Borrell (au gauche), avec l’hôte de la réunion informelle Défense, le Slovène Matej Tonin (à droite), et la ministre néerlandaise Ank Bijleveld (au centre). Les conversations sérieuses continuent y compris sur le podium (à gauche le général Graziano et le ministre letton de la Défense Artis Pabriks) Idem le lendemain entre les deux ministres des Affaires étrangères, le Français Jean-Yves Le Drian (à droite), avec son homologue – et ami – luxembourgeois, Jean Asselborn. Deux des ‘vétérans’ des réunions européennes. A l’écart, mais l’oeil et l’oreille vigilant, le Portugais Augostos Santos Silva. Les trois ont défendu vaillamment une position plus ouverte vis-à-vis des Afghans ‘les plus vulnérables’. Faisant face à un front déterminé des partisans déterminés d’une fermeture des frontières (pays d’Europe centrale essentiellement). Le point avec la presse est devenu un aspect primordial d’une informelle. Ce n’était pas l’objectif du départ. Le Gymnich visait en effet surtout à donner la possibilité aux ministres de pouvoir discuter entre eux sans risque d’être dérangé. Aujourd’hui, la presse est là et bien là. Et le passage est sinon obligé du moins recommandé, au moins pour celui/celle qui veut faire passer un message, surtout au niveau national. Le ministre hongrois Szijjarto ne manque que rarement cet exercice, aussi important que la présence à l’intérieur. L’occasion de repréciser les principaux points de sa position nationale. Elle figure sur deux pages, dans son petit dossier, qu’il a relu juste avant, histoire de ne rien oublier. Le ‘no cravate’ est voulu. C’est le code vestimentaire pour un Gymnich. Pour l’informelle défense, la consigne était plus stricte. Et les tenues plus corsetées de rigueur. Arrive l’heure du repas. Pour ceux qui ont le temps — journalistes ou membres des délégations —, la présidence slovène leur a réservé un petit havre de paix. Un restaurant sur une ile à 10 mn à pied de la salle de conférence. Un moment idéal pour faire connaissance, converser avec les uns et les autres… ou tout simplement souffler un peu. La photo est faite de loin à dessein pour conserver l’anonymat des militaires, conseillers, membres de l’administration, présents. Un personnel indispensable pour tenir la route sur une informelle, passer des notes au besoin, préparer des argumentaires. Des petits conciliabules se forment. C’est le boulot d’un porte-parole qui emmène ‘ses’ journalistes pour leur confier les dernières informations ou la version défendue par son ministre. Entre ‘parler vrai’ et ‘spin’, tout est possible. D’ordinaire c’est dans une salle, avec des chaises. L’informelle permet une attitude plus détendue. Le groupe ici est particulièrement nombreux : il comprend les journalistes germanophones. (© NGV / B2) Autre ambiance pour le briefing français. Mis à part l’AFP (branche anglophone et germanophone) et B2, aucun journaliste français n’a jugé bon de faire le déplacement, alors que les télévisions polonaise, hongroise, par exemple étaient là… Alors la diplomate française au COPS, C. Raulin, fait un briefing par téléphone, sur un système type Zoom, pour les journalistes restés dans leurs pénates. Un procédé devenu tellement courant durant la crise du Covid-19 qu’il s’est installé dans les mœurs. Avantage : on peut le faire d’un peu n’importe où. Notre diplomate a choisi un coin tranquille à l’écart des autres conversations. Quoi de mieux que le podium destiné à la photo de groupe désormais plus usité. (© NGV / B2) Les officiers de liaison au repos. Pièce indispensable du dispositif. De jeunes étudiant/es en sciences politiques ou relations internationales qui suivent pas à pas le ministre s’il doit se déplacer d’un point ou un autre de la réunion, et assurent la liaison (© NGV / B2) C’est le temps du départ. Et d’un ultime bain de soleil sous forme de repos bien mérité, débout, pour Ann Linde, la Suédois (© NGV / B2) C’est le temps des au-revoir. Entre le (jeune) Slovène Anze Logar et le (senior) Haut représentant Josep Borrel, le dernier à partir. La complicité n’est pas feinte. Le courant semble bien passer. Et pourtant ils sont situés à des bords politiques bien opposés. La magie des informelles européennes… Le ballet des voitures emportant les ministres est un art précieux. Le nombre de voitures dépend de la taille de la délégation. La sécurité dépend de la personnalité à bord. L’Allemand Heiko Maas a droit à un traitement de faveur, avec un véhicule de sécurité roulant à sa hauteur, prêt à écarter tout importun. (© NGV / B2)

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Les premières leçons de la ‘crise de Kaboul’

Wed, 01/09/2021 - 18:51

(B2) Après l’évacuation un peu précipitée de la capitale afghane pour cause d’avancée rapide des Taliban, on peut tirer quelques leçons à chaud sur la réaction européenne. Sur l’anticipation de la crise, la coordination tactique et politique, des imperfections demeurent qu’il importe de corriger

Un A400M allemand chargé à bloc au départ de Kaboul (© Bundeswehr)
  • Points dont pourront discuter à loisir les ministres de la Défense de l’UE qui se retrouvent à partir de ce soir à Ljubljana, la capitale slovène, pour leur traditionnelle réunion informelle de rentrée (à l’invitation de la présidence slovène de l’Union)

Une coordination opérationnelle à consolider

Les Européens n’ont pas à rougir du nombre de personnes évacuées par leurs avions. Environ 24.000 personnes selon le dernier comptage de B2, auxquels on peut ajouter les 15.000 assurés par le Royaume-Uni (soit 40.000 au total). Même si l’environnement sur place était « chaotique », mettre en lieu sûr et rapatrier autant de personnes en un temps record, c’est un succès indéniable. Mais la coordination en amont et en aval, entre Européens, reste encore à améliorer.

Beaucoup d’avions…

Les Européens ont mobilisé autant d’avions que les Américains : une trentaine d’avions tactiques et une dizaine d’avions stratégiques, selon notre comptage. S’ajoutent des avions civils mobilisés pour la circonstance (des compagnies LOT, Air Europa, Air Belgium, etc.). Mais cela ne représente qu’un cinquième du total des personnes évacuées. Les autres étant essentiellement évacuées par les forces US.

Trois facteurs tempèrent cette comparaison. 1° Les Européens disposaient en général d’avions plus petits (les C-130 ou A400M emportent moins de personnes qu’un C-17 (sauf les avions en pool au niveau de l’OTAN de la base de Papa). 2° Ils avaient aussi un nombre inférieur de personnes à évacuer. 3° Et, surtout, ce sont les Américains qui avaient la main sur la coordination aérienne et la sécurité à l’aéroport. Mais cela ne dispense pas de se poser la question de cette absence d’efficacité.

un ratio d’utilisation plus faible que les USA

Si les Allemands par exemple ont fait le plein de leurs A400M, d’autres pays sont repartis à moitié plein, voire quasiment à vide. Comme cet avion roumain avec un évacué à bord ! (lire notre récit détaillé : Sauve qui peut. Un pont aérien s’organise pour évacuer de Kaboul ressortissants européens et employés afghan). Heureusement que la situation était, plus ou moins, sous contrôle et que la phase d’évacuation a finalement pu durer presque deux semaines, dans un autre cas de figure, une telle inorganisation aurait été dramatique.

On part en national, on coordonne ensuite

Chaque pays est parti avec ses moyens nationaux et sur les lieux où il avait une certaine connaissance des lieux. Sans aucune concertation. Particularité européenne, les États membres de l’UE n’ont pas réussi — à quelques rares exceptions près — à mettre en place des hubs communs. Entre la noria d’avions militaires qui se posaient à Kaboul et les vols stratégiques pour l’Europe, il n’y avait donc que fort peu de possibilités de mutualiser les vols une fois les ‘évacués’ sortis de la zone de risque. Un non sens.

Trop de hubs

Nous avons ainsi compté pas moins de sept hubs pour les Européens. Abu Dhabi (Émirats arabes unis) pour les Français ; Tashkent (Ouzbékistan) pour les Allemands et Navoi (Ouzbékistan) pour les Polonais ; Islamabad (Pakistan) pour les Belges, Luxembourgeois, Néerlandais et Roumains ; Koweit pour les Italiens ; Dubai pour les Espagnols ; Tbilissi (Géorgie) pour les Polonais et Néerlandais. (NB : ce qui ne facilite pas la synergies notamment pour les rapatriements stratégiques pour l’Europe). C’est beaucoup. Beaucoup trop ! À revoir…

Un réflexe européen à consolider

Le réflexe européen ne joue pas encore pleinement. Certains pays ont joué beaucoup la carte européenne, évacuant pour le compte d’autres pays ou d’organisations leurs ressortissants (Allemands notamment, mais Belges aussi ou Espagnols). D’autres ont joué une carte assez nationale (France). Ce gros bazar improvisé n’a été un succès en fait que grâce à l’implication des personnels sur place ou dans les capitales qui ont ‘joué du téléphone’ pour se coordonner (et grâce aux Américains). Cela démontre la nécessité d’avoir une coordination ‘consulaire’ plus appropriée : des capitales vers le terrain.

La coordination politique encore timide

Le niveau politique européen a plutôt vite réagi avec une réunion dès le 17 août des ministres des Affaires étrangères de l’UE (suivie le 18 août des ministres de l’Intérieur). Mais aucune des ministres de la Défense. Le dispositif de coordination consulaire IPCR n’a pas très bien fonctionné aux dires de certains connaisseurs. En tout cas, moins bien que durant la crise du Covid-19 (pour le rapatriement des Européens au moment du plus fort de la crise sanitaire au printemps 2020). Il ne manque pas au niveau européen de ‘salle de crise’. Chaque institution en a une (protection civile à la Commission, état-major de l’UE au SEAE, consulaire au Conseil). Mais il n’y a pas de salle de crise taillée pour gérer une crise civilo-militaire. Et le niveau politique reste encore défaillant, plus prompt à réunir et déclamer qu’à décider et gérer.

La défaillance de l’OTAN

Dans ce rapide panorama, la surprise est venue du ‘Bd Leopold’. L’Alliance atlantique, pourtant au premier rang de l’engagement militaire en Afghanistan (ISAF, Resolute Support), s’est fait prendre à revers. Un véritable trou d’air. La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN n’a eu lieu que le 20 août, trois jours après une réunion équivalente de l’UE ! (lire : Afghanistan. Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, inquiets, supplient les USA de rester plus longtemps). Aucune réunion des ministres de la Défense. Assez anachronique pour une Alliance militaire et l’opération majeure depuis sa création !

Une autonomie stratégique à développer

Cette crise montre, à chaud, que la recherche d’une certaine autonomie stratégique n’est pas juste une lubie politique. C’est une nécessité pratique.

Se préparer à gérer une crise seuls

Si demain, une autre crise se présentait dans une zone où les Américains se désintéressent ou n’ont pas envie de s’engager, les Européens pourront-ils faire le job qu’ont fait les forces US à Kaboul ? La mise en place d’une coordination aérienne pourrait être améliorée en amont, en se reposant sur un EATC élargi ou un CAOC européen ad hoc (1). L’idée d’une force d’entrée en premier ne peut rester éternellement l’objet d’un questionnement politique. Point besoin d’un nombre important. Le chiffre de 5000 militaires est largement suffisant (comme le montre l’engagement US).

Une meilleure anticipation

L’anticipation commune sur la crise n’a pas été parfaitement clairvoyante. Non pas automatiquement faute de renseignements. Mais faute de réelle analyse et de conséquences politiques. La France avait cependant averti — dans une vision jugée alors pessimiste — des faiblesses afghanes et mis en place un premier mouvement d’évacuation, dès juillet de ses ressortissants. Le message n’était-il pas assez clair, pas audible. En fait, les autres Européens (dans leur majorité) ont préféré temporiser, attendant le signal américain. Ils se sont aussi auto-intoxiqués sur la valeur de leurs protégés afghans. Une double erreur… Là encore les Européens doivent apprendre à faire sans les Américains, en créant leur propre ‘Five Eyes’ (2)

Les évacuations d’urgences : un cas d’école pour les Européens

C’est l’option la plus évidente (et la plus facile) dans lesquelles doivent se mobiliser les États membres. Ce n’est pas une possibilité, c’est une obligation, sous forte pression de l’opinion publique. Dans pareille situation, les États sont soumis à forte pression. On l’a vu dans cette crise. Les pays avec une tradition parlementaire ont ainsi, très vite, mobilisé leurs parlementaires pour obtenir l’aval à l’envoi de troupes (Finlande), voire anticipé leurs avis (Allemagne). Et elle est susceptible de se reproduire régulièrement, pour des causes très différentes (coup d’État, catastrophe naturelle, etc.). Les Européens auraient tout intérêt à mieux se préparer.

La fin de la lune de miel avec Biden

C’est la leçon principale au plan politique. Depuis l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis, les Européens étaient tout attentionnés à leur hôte de la Maison Blanche. Rassurés de voir leur bête noire, Donald Trump, quitter le pouvoir, ils voyaient dans le Démocrate leur bouée de secours à leurs différentes incapacités. Le désenchantement est net. Joe Biden, comme son prédécesseur, n’a pas vraiment consulté ni interagi avec ses alliés. Les USA ont fixé le tempo. Et les Européens ont dû suivre. En maugréant parfois (dans une critique à la limite de la mauvaise foi), mais sans possibilité d’agir différemment (ou sans oser le faire). Cœur brisé d’une retrouvaille à peine entamée, les Européens vont devoir regarder la réalité en face : le temps où ils pouvaient s’appuyer à 100% sur le cerveau, les épaules et les jambes américaines est révolu.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le commandement européen du transport aérien (EATC) à Eindhoven coordonne les moyens d’une demi-douzaine de pays européens (France, Allemagne, Espagne, Italie, Benelux). Le commandement des opérations aériennes de la coalition (CAOC) planifie, conduit et programme les opérations aériennes interalliées. Pour l’Afghanistan, il était basé au Qatar sur la base d’Al Udeid sous responsabilité américaine.
  2. Ce terme reprend la communauté d’échange d’informations et d’analyses mise en place entre les USA, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande.

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La Belgique en opérations militaires. Entre discours et réalité…

Tue, 31/08/2021 - 19:01

(B2) Combien de militaires sont engagés ? Dans quelles zones ? Dans quel cadre (bilatéral ou multilatéral) ? Avec qui (OTAN, UE, ONU) ? C’est à toutes ces questions que répond, avec des éléments statistiques à l’appui, une étude inédite de l’Institut royal (belge) de défense. Avec des résultats surprenants

(Crédit : ministère belge de la Défense / Archives B2)
  • La leçon de cette étude est fort intéressante. Car ce n’est pas en Afrique — malgré l’histoire et les dires — que la Belgique s’engage le plus, ni en européen.

Une présence militaire aujourd’hui réduite à 200 hommes

Au début de l’année 2021, il y avait plus de 1200 Belges en opération. Dont seuls 200 hommes sont sur le sol africain, principalement au Sahel. La contribution belge aux opérations multilatérales de maintien de la paix en Afrique « ne représente qu’environ la moitié de l’ensemble des effectifs déployés [par les Belges] sur le sol africain ». Au niveau militaire, les Belges sont ainsi présents en Somalie (EUTM Somalie, EUNAVFOR Atalanta), au Mali (EUTM Mali) et en Centrafrique (EUTM RCA). Au niveau civil, ils sont présents au Niger (EUCAP Sahel Niger), au Mali (EUCAP Sahel Mali) et en Centrafrique (EUAM RCA). Les autres sont présents dans le cadre de coopérations bilatérales (voir plus bas).

Un pic temporaire en 2017

Ces dernières années, la Belgique n’envoie qu’un nombre limité d’hommes. Et dans des fonctions non combattantes. Elle apporte néanmoins un soutien opérationnel et fournit des équipements. À l’image de son engagement au Mali à partir de 2013 où des hélicoptères Agusta sont d’abord déployés « en soutien à Serval », avant d’être « redirigés vers EUTM Mali jusqu’à la fin de l’année ». Par la suite, entre 70 et 90 militaires sont envoyés pour « assurer la protection du camp de formation de Koulikoro ». Le commandement belge de la mission (juillet 2016 – janvier 2018) s’accompagne « d’une augmentation de la présence militaire belge », avec un « pic » atteint courant 2017, mais qui reste temporaire. D’une manière générale, « l’effort militaire belge chute brutalement à partir de 2018 et continue de décroître en 2019 et 2020 ».

Contributions militaires belges aux opérations PSDC en Afrique (2013-2020) (graphique tiré du rapport)

Un engagement en dents de scie depuis 1994

Pourtant, la Belgique avait l’habitude d’intervenir davantage dans les opérations multilatérales, ayant à cœur de se présenter comme un partenaire fiable, particulièrement en Afrique centrale. Ainsi, « neuf des 20 opérations onusiennes auxquelles la Belgique a participé eurent pour théâtre différents pays africains ». Au niveau européen, la Belgique a participé à 29 des 37 missions et opérations de l’UE, dont 16 se situaient en Afrique (neuf civiles et sept militaires). Dans les deux cas, cet engagement s’est fait par phases, suivant une « dynamique en dents de scie ». Avec un point de rupture en 1994, suite aux opérations menées en Somalie et au Rwanda. Les réticences de la classe politique belge « quant à un engagement militaire dans les anciennes colonies étaient en réalité présentes bien avant le revers de la MINUAR [Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda, déployée d’octobre 1993 à mars 1996] ». Mais cet épisode a durablement marqué les esprits et a renforcé « le principe de précaution dans le choix des engagements opérationnels belges, en particulier en Afrique ».

Participation belge aux opérations de maintien de la paix en Afrique 1990-2020 (graphique tiré du rapport)

Fin des années 90, la présence qui change de nature

Au niveau politique, l’autrice du rapport y voit la conséquence des conclusions de la commission sur le Rwanda publiées en 1999, qui recommandent de « [ne plus fournir] de contingents aux opérations de l’ONU menées dans des pays avec lesquels elle a entretenu jadis des relations coloniales ». La Belgique se retire alors de toutes les missions onusiennes en Afrique. Mais elle poursuit et renforce sa participation aux côtés des Nations Unies dans les Balkans.

Début des années 2000, retour en Afrique centrale

Il faut attendre le début des années 2000 pour que l’Afrique centrale redevienne une zone stratégique, sous l’impulsion de deux ministres, Louis Michel (MR) aux Affaires étrangères et André Flahaut (PS) à la Défense. Francophones, ils mettent en avant la connaissance belge des pays de la région, du terrain et des acteurs, et insistent pour utiliser cette expertise afin de stabiliser la région.

Préférence aux partenariats bilatéraux

L’engagement belge en Afrique centrale se fait alors de plus en plus à travers « un engagement bilatéral fort, tant à travers la politique de coopération au développement qu’à travers la politique étrangère et de défense ». Formation de militaires, soutien capacitaire et stratégique comme au Mali, au Bénin ou en Tunisie, aide à la préparation des opérations au Burkina Faso… Le contenu de ces partenariats bilatéraux est assez proche de ceux des missions de formation de l’Union européenne (EUTM). Mais l’aspect bilatéral permet aux Belges d’avoir le sentiment de mieux contrôler la situation et d’être plus efficaces, contrairement aux opérations multinationales (UE, ONU) lorsqu’elle n’a pas le commandement. NB : des partenariats existent aussi avec la République démocratique du Congo, le Burundi et le Rwanda (l’un des plus actifs) mais peu d’actions concrètes sont menées, quand les accords ne sont pas suspendus suite à des élections (comme au Burundi, où l’accord a été suspendu de 2015 à 2019).

(Agnès Faure, st.)

  • « La Belgique et le multilatéralisme en Afrique : entre rhétorique et pratique », Myrto Hatzigeorgopoulos, Institut royal de défense, Sécurité & stratégie 148, Bruxelles, 66 p., juin 2021. A télécharger ici
Un engagement à géométrie variable : des raisons économiques... D'un point de vue budgétaire, le budget de la Défense « a globalement décliné depuis le début des années 1980, de sorte que la manne financière disponible pour les opérations s’en est trouvée considérablement réduite ». La crise économique de la fin des années 2000 a amplifié ce problème. ... et politiques La politique étrangère belge vis-à-vis de l'Afrique dépend aussi de la composition du gouvernement. Les ministres francophones ont un intérêt plus marqué pour la région centrafricaine, alors que les Flamands ont traditionnellement un penchant plus atlantiste. En fonction de la composition de chaque gouvernement, les priorités et les partenaires privilégiés varient.

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High tech. Les forces spéciales poussent à l’imaginaire

Fri, 27/08/2021 - 13:54

(B2) Tous les deux ans, début juillet, le SOFINS donne rendez-vous pendant trois jours aux forces spéciales des armées pour découvrir les nouveaux produits pouvant être utiles pour leurs interventions. Parmi les exposants, quelques « géo-trouve-tout » ont été plus particulièrement repérés par les professionnels. Retour sur la 5e édition, qui s’est déroulé des 29, 30 juin et 1er juillet 2021

Le salon SOFINS (Special operation forces innovations network seminar) a pris ses quartiers sur la base du 13e RDP de Martignas-sur-Jalle, en périphérie bordelaise, dans le sud-ouest de la France. S’y sont retrouvées des forces spéciales venues du monde entier (42 délégations étrangères se sont déplacées cette année), au milieu d’exposants (près de 250), d’industriels, de PME, d’opérateurs, etc. C’est une « alchimie » imaginée « pour être à la pointe de l’innovation ». Un « cercle vertueux » entre technologies, terrain, combat, retour d’expérience résume le Général de division Eric Vidaud, commandant du Commandement des opérations spéciales (COS). À l’origine, il y a le Cercle de l’Arbalète (l’organisateur, pour le compte du COS). Et un homme, Benoît de Saint-Sernin, son président. Ces innovations irriguent ensuite toutes les armées.

Exercice de parachutage, sur une aire de démonstration, pendant le SOFINS (crédit : ES/B2)

Un salon (presque) ordinaire

Dans les allées du salon, on se croirait presque à la foire de Paris côté équipements : chaussures, accessoires audio, drones de toutes tailles, paniers-repas, bateaux gonflables, parachutes de largages, cargo parachutes, tentes… Le vert l’emporte sur la couleur des costumes des mannequins. Dans les stands, on teste, on tâte, on discute. On peut glisser la tête dans un hélicoptère NH90, s’amuser à la manette d’un drone. Ou essayer cette nouvelle protection amovible qu’on nous dit très efficace. Ambiance bon enfant pour des choses très sérieuses…

SofLab, le cercle des innovations

C’est dans la SofLab que les innovations sont parfois les plus originales. A priori, du jamais vu. C’est le concept de cette zone, dédiée aux start-up. Les organisateurs du salon en distinguent trois à chaque édition. « L’évolution des menaces nécessite la recherche de nouvelles solutions technologiques pour répondre aux problématiques que rencontrent les forces spéciales sur le terrain. Dans cette course à l’innovation, la France dispose d’un avantage certain tant en matière de créativité que de savoir-faire industriel », justifie Benoît de Saint-Sernin.

Les derniers nés de la « FrenchTech »

Baptiste Hanrion et Clément Bordeau figurent dans le trio gagnant des concepteurs récompensés cette année. À peine sortis de l’école d’ingénieur, leur produit vient d’être primé dans la catégorie ‘équipement de l’opérateur’. Ils ouvrent des yeux aussi gros que leur boîtier est petit… C’est un dispositif de communication « inter-objets révolutionnaire » ! En plus concret, « un GPS doté d’un système de positionnement intelligent et un appareil de traitement des données ». Ces boîtiers peuvent être déployés partout pour maintenir la communication entre des membres d’une même équipe, sans dépendre de satellites. Intéressant pour un convoi de véhicules par exemple, glissent-ils. En échangeant avec les visiteurs du salon, ils viennent de « réaliser qu’il y a sans doute plus d’applications possibles que nous le pensions, comme pour le RAID ». Leur jeune société ASVESTIS, créée il y a 15 jours à peine, voit déjà l’avenir en rose.

Deux autres start-up repérées par le SOFINS

Également primée dans la catégorie ‘environnement de l’opérateur’ : PANGOLIN, spécialisée dans les solutions de protection balistique « adaptées à tous les types de théâtre d’opération », pour son Flexible Insert Rifle Armour – des Plaques de protection personnelles flexibles de niveau III et III+ Special Threats.

Primée dans la catégorie ‘IA, DATA et robotique’ : SERA INGENIERIE, spécialisée dans la construction de véhicules spéciaux, et expert dans le contre-minage et le contre-IED, pour son système SOUVIM modulaire.

Imaginons une mission des forces spéciales à l’horizon 2040

Le SOFINS c’est aussi un salon où l’on vous invite à vous embarquer dans le futur, au travers de l’expérience SOFTECH, une co-production entre le Cercle de l’Arbalète et une quarantaine d’exposants. Comme au cinéma, quelques sièges, un écran, il fait noir. La projection commence. Nous sommes en 2040… Le pays fait face à une nouvelle attaque terroriste, une cyberattaque. La sixième en une semaine. Le Conseil de défense décide d’une opération des forces spéciales. Le film d’animation qui la retrace est plus intellectuel et technique que grand spectacle. Le format utilisé — celui de la bande-dessinée — est plutôt statique. La démonstration n’en est pas moins efficace et didactique.

(crédit : ES/B2)

Un scénario original

Le néophyte est subjugué, voire décontenancé, par l’étendue des capacités technologiques. Une caméra virtuelle permet de coder ce qui servira à reproduire l’intérieur d’un bâtiment. Ce qui permet aux forces spéciales de répéter la mission sans limites pour s’entraîner. Plus tard, c’est une ‘bulle de cohésion’ qui vient protéger des brouilles extérieures. On déploie des capes d’invisibilité, des drones de diversion, un ‘couteau suisse anti-drone’ ! On trouverait presque désuet le recours à l’intelligence artificielle pour la reconnaissance faciale. Car on découvre d’autres trouvailles, des caméras sentinelles, des vêtements connectés pour suivre l’état de santé, des écouteurs Xtrasound, des zodiac dronisés, etc. En 20 minutes, s’enchaînent ainsi les démonstrations de l’utilisation possible de 36 prototypes et nouvelles technologies développées par des industriels et PME.

Pour anticiper les menaces hybrides

Le scénario de ce film d’anticipation a été imaginé par le COS et le Cercle de l’Arbalète. Comme l’explique Manon Genty, fondatrice et directrice de création au studio Magenta qui a réalisé ce film, « la difficulté venait notamment de l’absence d’images de certaines technologies, puisque certaines n’en sont qu’au stade du prototype ». C’est ce qui a conduit à choisir le dessin animé. Vingt personnes ont travaillé pendant un an à la réalisation des 400 dessins de ce film d’anticipation. La fiction colle bien aux menaces hybrides. « Demain, c’est à ces menaces qu’il faudra répondre », a d’ailleurs insisté le Général de division Eric Vidaud dans son message aux journalistes. Retour à la réalité.

Démonstrations de forces

Le SOFINS est enfin l’occasion de démonstrations des forces spéciales. Le camp de Souge s’y prête largement. L’eurodéputé François-Xavier Bellamy (LR/PPE) circulait parmi les centaines de curieux, téléphone en mode appareil photo pour saisir les scènes de l’une d’elles : une ‘intervention pour menace terroriste’. La reconstitution file comme en accéléré. Car tout doit être bouclé, du renseignement à l’intervention puis l’évacuation en 30 minutes, quand, ‘en vrai’, cela prend forcément plusieurs jours.

(crédit : ES/B2)

Du larguage de l’A400M…

Tout commence par le renseignement. Têtes en l’air, sous un soleil de plomb, chacun cherche dans le ciel les six poussières du commando largué par l’A400M à plus de 4000 mètres. Lancés en équipe de recherche, ils doivent identifier l’ennemi, observer ses habitudes. Ils se posent, un à un, pour une infiltration de nuit. Chacun pèse de 160 à 260 kg au total. 60 kg dans le seul sac. Ils ont l’équipement pour être autonomes plusieurs jours. Ils restent en relation avec le PC des forces spéciales du 13e RDP. C’est au groupe de miliciens en 4X4 de débouler. Le drone entre en action pour déterminer si les miliciens escortent un chef ou cachent un otage. Le groupe d’assaut RI intervient. Le ballet de deux hélicoptères agite l’air lourd. À terre, les hommes capturent un terroriste. On les aperçoit mieux sur l’écran géant. Un homme est blessé, son évacuation médicale s’organise. Retour de l’A400M.

… à l’aérocordage

L’aérocordage (corde larguée sous hélicoptère, glissade jusqu’au sol) est la pratique alternative quand l’hélicoptère ne peut pas se poser, ou ne veut pas, pour être le plus discret possible, à plusieurs kilomètres de la cible. Deux avions de chasse surgissent pour viser un véhicule en approche, avec leurs armes lasers. Le transval d’assaut C160 se pose. Vrouumm. Massif et pourtant leste. On y évacue le terroriste. L’hélicoptère Tigre vient en survol, vérifier qu’il n’y a pas de danger. Le commando est exfiltré par grappes, accrochées à la corde suspendue à l’hélicoptère, ou récupéré en nacelle. En l’air, on emmène même le chien ! Sur terre, les spectateurs applaudissent.

(Emmanuelle Stroesser)

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L’Europe rapatrie les Afghans ayant travaillé pour elle

Thu, 26/08/2021 - 09:47

(B2) Catastrophe, cauchemar… c’est ainsi que Josep Borrell qualifie la situation pour les Afghans. La priorité est claire : réussir à évacuer ceux qui ont travaillé pour l’Union et ses États membres. Au final, l’opération a réussi. Tous les États membres s’y sont mis, à commencer par l’Espagne… et la France. Chacun jouant son rôle

Débarquement d’un A400M à Madrid le 19 août (Crédit : Etat-major espagnol)

Le personnel européen de la délégation, environ une centaine de personnes, a été entièrement évacué dès le début, à l’exception de l’ambassadeur, l’Allemand Andreas von Brandt, resté sur place dans la zone sécurisée de l’aéroport (avec une petite équipe). Pour l’évacuation du personnel Afghan, les choses sont plus lentes.

Un devoir moral

C’est un « devoir moral » pointe le Haut représentant devant la commission Affaires étrangères du Parlement européen, réunie en urgence, jeudi 19 aout. Il reconnait certes que la tâche n’est pas aisée. « Nous faisons tout ce que nous pouvons, croyez-nous ». Les Européens devront, pour cela, négocier avec les Taliban. Une position pragmatique assumée par l’Union (lire : L’Europe prête à parler aux Taliban pour gérer l’urgence. Mais pose ses conditions).

Un premier objectif de 400 personnes 

« Pour des raisons de sécurité », le chiffre n’a été rendu public que tardivement. La Commission européenne et le service diplomatique (SEAE) estiment qu’environ 400 personnes doivent être évacuées. Il s’agit de ceux qui travaillent actuellement pour l’UE, qu’il s’agisse de la délégation (= ambassade), des collaborateurs de la DG ECHO (la direction générale de l’aide humanitaire de la Commission), et leurs familles (mais uniquement au premier degré : épouse/époux et enfants).

Premier accueil en Espagne, puis relocalisations

Les institutions n’ayant pas le pouvoir d’attribuer des places de réinstallation ni d’attribuer des visas humanitaires, c’est vers les États membres que la Commission s’est tournée.  Après une semaine de contacts, l’Espagne s’est proposée pour servir de plateforme de premier accueil, et de gestion des dossiers, avec l’idée que les Afghans soient ensuite relocalisés dans d’autres États membres. Encore faut-il que cela fonctionne s’inquiète le Haut représentant. « Espérons que nous ne montrerons pas nos différents une fois de plus, et que nous ne nous battrons pas pour savoir qui prends soin de ces personnes. »

106 premières arrivées en Europe

Dans la nuit de mercredi à jeudi (19 août), un premier vol, assuré par les Espagnols, avec 106 Afghans (employés et familles) atterrit à Madrid. Le nombre est limité. « Cela n’a pas été facile » reconnait Josep Borrell. 300 autres sont toujours « bloqués dans les rues de Kaboul ». Il pointe les difficultés pour localiser les gens, et leur permettre d’arriver à l’aéroport, puis d’y entrer. Mais aussi les difficultés pour « obtenir une place dans certains des vols des États membres ».

Du personnel UE de retour à Kaboul 

Pour « essayer de débloquer la situation » des 300 personnes restantes, tous les efforts sont requis. Quatre responsables ont été dépêchés à Kaboul. Parmi eux, l’envoyé spécial pour l’Afghanistan, Tomas Niklasson et un haut gradé (général) de l’état-major de l’UE (selon nos informations), le général Bart Laurent, directeur des opérations. La présence des forces spéciales de plusieurs pays (France, Allemagne notamment) permet de débloquer le dispositif.

Les forces spéciales françaises entrent en action

Lundi 23 août, au matin « les forces spéciales françaises, en liaison avec l’armée américaine, ont pu faire entrer dans l’aéroport 260 collaborateurs de la délégation de l’UE à Kaboul. Ils sont accueillis dans la zone d’attente de l’ambassade de France avant embarquement. Bravo à l’UE. », tweete David Martinon, l’ambassadeur français en Afghanistan. Sur le même réseau social, l’ambassadeur de l’Union à Kaboul, Andreas von Brandt, s’est dit « très reconnaissant et soulagé ».

Élargir au personnel d’EUPOL ?

Au-delà des travailleurs actuels, la Commission européenne veut élargir son action. Pour évacuer également ceux qui ont travaillé pour elle au cours des 20 dernières années. Cela inclut notamment ceux qui ont coopéré avec la mission de soutien et de formation de la police afghane (EUPOL Afghanistan) qui a fonctionné entre 2007 et 2016 dans le cadre de la PSDC. Le nombre pourrait encore augmenter en incluant les « défenseurs des droits de l’homme, les femmes activistes et les représentants de la société civile qui sont en danger pour avoir défendu nos valeurs » explique le Haut représentant. Aucune estimation n’est faite quant au nombre de personnes que cela pourrait représenter. Trop sensible politiquement que ce soit pour les Européens ou les Afghans…

(Lenor Hubaut, avec NGV et AF. st)

Lire aussi :

Mis à jour 31.08 avec le nom du général envoyé à Kaboul (devenu public)

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Les USA accélèrent le mouvement d’évacuation de Kaboul. La date butoir du 31 août sera respectée

Wed, 25/08/2021 - 19:05

(B2) Le général Stephen R. Lyons, chef du commandement de transport aérien américain (TRANSCOM) a fait récemment un briefing sur l’opération d’évacuation de Kaboul, intéressant sur plusieurs aspects. Extraits…

Le général Lyons face à la presse par vidéoconférence (US Transcom)

Cet échange avec la presse (dont le script est parvenu à B2) a eu lieu le 23 août. Avec un rythme d’évacuation plus que soutenu.

Un rythme soutenu d’évacuation

« Plus de 10.000 dans les dernières 24 heures », indiquait le général Lyons. Un rythme tenu (37.000 personnes évacuées au 23.08, 48.000 le lendemain, 58.000 le 24.08). Avec parfois d’heureux événements à célébrer : trois bébés sont nés à bord (ou juste à l’arrivée).

400 à 450 passagers en moyenne par avion

« Nous ne voulons jamais quitter l’aéroport de Kaboul avec un avion vide ou même partiellement plein si nous pouvons l’éviter. Nous ne le faisons donc pas. » En fait, chaque avion est rempli avec « environ 400 à 450 passagers ». Le record est pour le moment détenu par l’équipage du vol C-17 avec l’indicatif 871 qui est reparti avec « 823 passagers ».

Toute la force aérienne mobilisée

« Toutes les ressources de mobilité sont concentrées sur cet effort. La composante aérienne compte plus de 200 aéronefs engagés en opérations. Même les KC-10 sont engagés dans l’opération d’une manière ou d’une autre. […] Le ministre a décidé d’activer la première étape de la Silver Reserve Air Fleet (le niveau 1 de la réserve civile aérienne (cf. encadré).

Un dialogue quotidien de déconfliction avec les Taliban

« Nous sommes en communication quotidienne avec les dirigeants Taliban à l’extérieur de l’aéroport. Parfois plusieurs fois par jour pour dénouer le conflit du mieux que nous pouvons, et aider à assurer un accès sain à l’aérodrome pour les citoyens américains en particulier. »

Une menace de l’État islamique potentielle

« Nous sommes conscients de la menace que représente l’État islamique. Sans parler au nom des Taliban, je pense que c’est une hypothèse sûre de supposer qu’eux aussi sont conscients de cette menace. » NB : le général n’a pas voulu épiloguer sur l’A400M français tirant des leurres au moment du décollage.

La problématique du carburant

« Nous ne prenons volontairement pas de carburant au sol. Nous nous assurons donc d’avoir suffisamment de carburant pour entrer et sortir sans prendre de carburant afin de ne pas stresser la posture logistique là-bas. »

Rotation rapide d’une heure au sol

La rotation d’une heure au sol est rendue possible par deux éléments : « Nous avons un certain nombre d’avions engagés. Mais nous avons deux fois plus d’équipages. […] Nos équipages sont absolument incroyables, je ne vais pas vous mentir. Ils sont fatigués. Ils sont probablement épuisés. » Et l’ambition est de « réduire le temps sur le terrain à moins d’une heure ».

Mission terminée le 31 août

« C’était la direction donnée par le Président. Et nous nous engageons à le faire. Nous n’allons pas lâcher prise. […] Tant qu’il y a une mission à accomplir. Nous serons là-bas. »

Et après le 31 août

« Il est certainement possible que l’aéroport maintienne ses activités à l’avenir. Ce sera aux autorités locales de le définir. » S’il y a un départ de l’armée US, « cela ne veut pas dire que tout le monde va partir et ne pas continuer à faire voler des avions à partir de là. » NB : les Turcs pourraient rester.

(Propos sélectionnés et traduits par Nicolas Gros-Verheyde)

L'activation de la réserve civile aérienne. Décidée le 22 août par le Pentagone, l'activation du niveau 1 de la CRAF (Civil Reserve Air Fleet) a pour objectif d'accélérer l'opération d'évacuation d'Afghanistan. Elle permet au ministère de la Défense d'accéder aux capacités aériennes commerciales. De façon concrète, le niveau 1 va concerner 18 appareils : quatre de United Airlines, trois chacun pour les compagnies American Airlines, Atlas Air, Delta Air Lines et Omni Air, deux de Hawaiian Airlines. Les avions activés par la CRAF ne voleront pas à l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul. Ils seront utilisés pour le mouvement ultérieur des passagers depuis les refuges temporaires et les bases de transit provisoires. Il permet aux avions militaires de se concentrer sur les opérations à destination et en provenance de Kaboul. C'est la troisième activation du CRAF dans l'histoire du programme. La première s'est produite à l'appui des opérations Desert Shield/Storm (août 1990 à mai 1991), et la seconde était pour l'opération Iraqi Freedom (février 2002 à juin 2003). Cf. communiqué en anglais.

#ICYMI, #watch an @usairforce C-17 Globemaster III, arrive at Hamid #Karzai IAP, Afghanistan, in support of #Afghanevac. The @DeptofDefense is committed to supporting the @StateDept in the departure of U.S. and allied civilian personnel from Afghanistan safely.#TogetherWeDeliver pic.twitter.com/oDBSaquwio

— USTRANSCOM (@US_TRANSCOM) August 23, 2021

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Situation tendue à l’aéroport de Kaboul (Bundeswehr)

Mon, 23/08/2021 - 22:22

(B2) Des échanges de tirs se sont produits entre les forces de sécurité afghane, les forces américaines et allemandes face à des « assaillants inconnus » ce lundi matin (23 août) . Témoin de la tension aux portes de l’aéroport

Une fusillade

Ce Lundi (23.08) au petit matin, à 6h43 heure de Kaboul (4h13 CEST) , une fusillade a éclaté entre « les forces de sécurité afghanes et des assaillants inconnus à la porte nord de l’aéroport de Kaboul » annonce le commandement des opérations des forces conjointes allemandes sur Twitter. Bilan : un garde de sécurité afghan tué et trois autres blessés. « Les forces américaines et allemandes ont également été impliquées dans la suite de la bataille. Tous les soldats de la Bundeswehr sont indemnes », a complété la Bundeswehr dans un communiqué.

Au moins huit morts

Le flux de personnes cherchant à fuir l’Afghanistan ne s’est pas tari pendant le week-end. « Une semaine exactement après la prise du pouvoir par les Taliban à Kaboul, la situation à l’aéroport reste très explosive », reprend la Bundeswehr qui recense « au moins huit personnes [ayant] trouvé la mort » jusqu’à présent (en comptant le mort de ce matin).

Un chaos désespéré à l’extérieur

C’est un « chaos désespéré à l’extérieur de l’aéroport », raconte le général de brigade Jens Arlt, chef du détachement allemand d’évacuation, comme le rapporte notre confrère Thomas Wiegold de Augengeradeaus. L’accès à la zone protégée a été fermé temporairement hier (dimanche). Ce qui a entraîné « une grande agitation et, surtout, une cohue supplémentaire » concentrée à Abbey Gate, les autres portes « étant temporairement fermées ».

Pour se repérer, la carte des entrées sur l’aéroport de Kaboul (Source : Augengeradeaus)

(Agnès Faure, st.)

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Première opération d’évacuation d’envergure pour les A400M de toutes nationalités

Sun, 22/08/2021 - 10:05

(B2) Pour l’avion de transport européen, l’opération d’évacuation des ressortissants et des Afghans de Kaboul en cours depuis la mi-août est un peu le grand baptême en opération

Toutes les nationalités du programme sur place

Ce n’est pas la première fois que ces appareils sont employés en opération, pour amener ou évacuer hommes ou matériels. Loin de là. Mais c’est la première fois que ces appareils sont déployés en aussi grand nombre, de façon intensive, sur un court laps de temps, dans des conditions pas évidentes, par différentes nationalités. Il doit y avoir sur place pas moins d’une vingtaine d’appareils (6 allemands, 1 français, 1 belgo-luxembourgeois, 1 espagnol, des Britanniques et Turcs). Tous les pays participant au programme sont ainsi répondu.

Un appareil essentiel pour ce type d’opération

Pour ce premier test grandeur nature, l’A400M a bien répondu. C’est un appareil « extrêmement fiable » a assuré le col. Yannick Desbois, commandant de la base aérienne 104 aux Émirats qui assure toute la logistique de l’opération française ‘Apagan’. Il a « assuré toutes les missions » qu’on lui demandait. « On fait plus que doubler la capacité d’emport » par rapport aux C-130. « La capacité de la soute, son allonge [km parcouru], sa vitesse, sont des atouts essentiels » dans ce type d’opération. La dextérité des équipages, leur « niveau de maîtrise, de jour comme de nuit, dans des conditions particulières » est aussi remarquable selon lui.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Comment se déroule l’évacuation de Kaboul ? Une des opérations les plus complexes de l’histoire récente

Sat, 21/08/2021 - 20:05

(B2) Entre Kaboul et les différents hubs mis en place, quels avions utilise-t-on ? Qui sélectionne les évacués ? Comment se passe la coordination des vols ? Quelles sont les difficultés à l’aéroport de Kaboul ? Comment se déroule l’accueil des évacués dans le hub français aux Émirats… ? Toutes les réponses

Embarquement à Kaboul (État-major des armées) NB : Ces éléments ont été rassemblés en bonne partie lors d'un long entretien (vendredi) de plusieurs médias (dont B2) avec le colonel (français) Yannick Desbois, commandant de la base aérienne 104 (Émirats arabes unis) qui assure le hub pour l'armée française. Ils ont été complétés par des informations recueillies par B2 en 'off' auprès de diplomates ou responsables militaires de diverses nationalités

Anticiper, coordonner

Comment tout cela est planifié ?

Les armées avaient planifié l’évacuation de Kaboul, à froid. A chaud c’est une autre affaire. « On essaie d’avoir une prévision 24 heures avant. Mais très honnêtement dans cette opération — indique le colonel Yannick Desbois, commandant de la base 104 — les plans survivent quelques heures à peine. On se réadapte en permanence. » La gestion d’un « tel dispositif d’évacuation est particulièrement complexe. Ce n’est pas toujours facile à faire » ajoute un diplomate, qui a travaillé au sein la cellule de crise du Quai, interrogé

Comment se fait la coordination aérienne ?

La coordination se fait au quartier général américain situé au Qatar, le CAOC (Combined Air Operations Centre) d’Al-Udeid, qui coordonne toutes les opérations aériennes US et des Alliés pour la région. C’est lui qui est responsable notamment du volet aérien de l’opération Inherent Resolve contre Daech (Iraq, Syrie). Les Américains tiennent le manche, mais chaque nation est déjà représentée dans le CAOC. Ce ne sont pas les Américains qui décident seuls, assure le colonel Desbois, commandant de la base 104, tout se fait en « coordination ».

Quand l’opération sera terminée ?

Les Américains avaient indiqué la date butoir du « 31 août », le porte parole du Pentagone précisant bien « pour l’instant ». Du côté militaire français, aucune date butoir n’a été fixée. « On est capable de tenir dans la durée. » assure le colonel Desbois. L’opération durera « tant qu’il y aura des personnes à évacuer, que les Taliban nous laisseront faire et que les Américains l’auront décidé » résume à B2 un militaire. Les Allemands ont fixé au « 30 septembre » leur date butoir pour leur opération. Certains pays (Tchéquie) par exemple ont déjà mis fin à leur opération.

Briefing équipage opération Apagan (État-major des armées)

Sur l’aéroport de Kaboul

Qui assure la sécurité sur l’aéroport ?

Confiée au départ aux militaires turcs, la « sécurisation de l’aéroport de Kaboul repose essentiellement sur les militaires américains déployés » reconnait un diplomate tricolore. Ils ont été renforcés par des Britanniques et des Français. Il s’agit d’assurer la sécurité aux portes, mais aussi de maintenir le niveau de sécurité adéquat pour mettre en œuvre les différents moyens (surveillance des pistes, éclairage des pistes, etc.). Précision importante : les forces euro-atlantiques ne tiennent que la partie militaire de l’aéroport, pas la partie civile.

Où sont les Talibans ?

Les Taliban sont « présents en ville, à proximité de l’aéroport, ainsi que dans la partie civile de l’aéroport ». « Ils n’ont pas démontré pour l’instant d’hostilité avérée » à l’égard des forces militaires occidentales assure le col. Desbois. Mais, selon les différentes évaluations, les renseignements, ils « possèdent des armes [lance roquettes, etc.] qui pourraient être utilisées contre les avions et être une menace ».

Comment est la situation sur place ?

L’aéroport Hamid Karzai est un « aéroport très particulier, très encaissé, avec beaucoup de chaleur ». Sur place, les conditions sont « rudimentaires », « précaires », « loin des standards habituels », avec « énormément de vols ». Pour les pilotes, la manœuvre est donc « extrêmement complexe ». Il faut toute l’habilité et la maitrise des équipages pour s’y poser. L’éclairage des pistes est limité. A cela, il faut ajouter l’impossibilité de s’approvisionner en carburant sur place et, surtout, « un certain niveau de menace ». La situation est très « évolutive ». « Cela évolue heure par heure » indique le col. Desbois. La situation est « très volatile » confirme-t-on de toute part. Samedi (21.08) « la situation à Kaboul est très difficile [qu’au début] », indiquait-on ainsi, côté allemand, en indiquant vouloir évacuer le « maximum de personnes », le plus vite possible.

Combien de temps les appareils restent sur place ?

La partie militaire de l’aéroport a une « capacité d’accueil limitée ». Il n’y a pas beaucoup de place de parking. Les appareils doivent stationner de la façon la plus limitée possible sur le tarmac. « Quand les avions se posent à Kaboul ils embarquent les passagers et doivent repartir rapidement. » Délai constaté (selon les informations communiquées par les différentes armées) : en moyenne, entre une demi-heure à une heure maximum entre le poser des roues et le décollage. « On essaie de faire la coordination au maximum pour s’assurer qu’il n’y a ait pas deux avions qui arrivent en même temps, et de ne pas avoir trop d’avions parqués en même temps » (col Desbois). Du côté français, on l’affirme, « on n’envoie pas d’avions si on n’est pas sûr d’embarquer des personnes. ».

Quels appareils sont utilisés pour aller à Kaboul ?

Les Français, comme la plupart des autres nations (Allemands, Belges, Néerlandais…) utilisent exclusivement des avions dits ‘tactiques’ A400M ou C130 (voire C-17 coté US). « La situation de la sécurité implique en effet d’avoir des niveaux de protection élevés ». Ces appareils ont des « systèmes d’autoprotection, de leurres », permettant de déjouer les missiles. Pour l’instant, il n’y a « pas eu de tirs avérés contre les avions français. Mais la qualité du militaire est de prévoir et de s’adapter aux conditions techniques. »

Qui sélectionne les personnes qui montent à bord ?

Du côté français, c’est une équipe consulaire du ministère des Affaires étrangères, basée en partie à Abu Dhabi, et sur place à l’aéroport de Kaboul, (en coordination avec l’ambassadeur sur place, David Martinon), qui dresse les listes des personnes qui peuvent embarquer à bord. Les militaires se contentant de prendre les listes qu’on leur a donné. NB : chaque pays a plus ou moins le même type d’organisation. Des équipes consulaires belges, néerlandaises, ont été envoyées sur place etc.

Les appareils sont parfois remplis au maximum ? Qui décide au dernier moment ?

Un A400M qui peut accueillir normalement 120 personnes assises. Mais en termes de tonnage, il peut accueillir beaucoup plus. « On essaie de faire au mieux pour accueillir le maximum de passagers à bord. » précise le colonel Desbois. Un A400M français a ainsi accueilli près de 210 personnes. « Dans toutes les conditions de sécurité » assure- l’aviateur. « L’équipage a placé tous les passagers [ainsi que les bagages] afin de bien répartir le poids dans l’appareil, veillant à ce qu’on n’excède pas le poids maximal limite ». En dernier lieu, c’est le commandant de bord qui arbitre et décide combien de passagers il peut embarquer, sur des critères « très froids, très techniques ». NB : Les appareils allemands repartent régulièrement avec plus de 200 personnes à bord (230 pour le plus important).

Comment arrivent les personnes à l’aéroport de Kaboul ?

C’est un vrai problème. La difficulté est pour les personnes devant prendre l’avion d’accéder à l’aéroport. Les Allemands viennent d’acheminer sur Kaboul, deux hélicoptères H145M (la version militaire de l’hélicoptère d’Airbus EC145). Objectif : pouvoir aller chercher des personnes hors de l’aéroport. Les Finlandais (qui ne sont pas membres de l’OTAN) envoient une équipe de forces spéciales. Etc.

A la base 104 (Émirats Arabes unis)

Les personnes évacuées transitent sur la base française quelques heures (entre 8 h à 24h) avant de reprendre l’avion vers Paris. Des avions ‘blancs’ (type A310 ou A330), plus confortables, permettent de faire la seconde partie du trajet « dans des conditions meilleures » pour une longue distance. Le temps de faire les contrôles de sécurité et de se retaper un peu.

Comment se passe la vie sur la base française ?

La base 104 est une petite base, avec 180 personnels (environ 160 permanents et une vingtaine de plus court séjour. Les Français se reposent en bonne partie sur le soutien des Émiratis (la base française est en fait une enclave dans la base Al Dhafra des Émiratis). « Nous avons une très bonne coopération » tient à souligner le col. Desbois. Normalement, il n’y a « pas de capacité d’hébergement normalement. On a poussé les murs, mis en place des camps provisoires » pour héberger à la fois les renforts venus de Paris (service de santé des armées, équipe consulaire, etc.) et les civils évacués. Jusqu’à 250 personnes sont ainsi logées sur la base. Une nécessité vu l’urgence, le contexte Covid-19, etc.

Comment s’organise l’accueil des évacués de Kaboul ?

Différents contrôles de sécurité sont effectué (comme dans tout aéroport classique) pour s’assurer qu’il n’y a pas de matières dangereuses ou illicites transportées. Une fouille des personnes et bagages a lieu. Les évacués reçoivent aussi un soutien sanitaire. Des tests antigéniques Covid-19 sont pratiqués. Il s’agit aussi « de traiter les différentes pathologies qu’ils peuvent avoir ». Une équipe du service de santé des armées est présente sur le site. Enfin, c’est l’occasion de lancer le processus consulaire (effectué par une équipe des Affaires étrangères) : contrôle d’identité et de certaines informations nécessaires pour les visas), mais aussi prise de coordonnées du reste de la familles sur Kaboul.

Dans quel état sont les personnes qui arrivent ?

Les évacués de Kaboul sont en grand « état de détresse psychologique ou physiologique. C’est normal vu la situation à Kaboul » et les difficultés à atteindre l’aéroport. On essaie « de les détendre ». Tout le personnel de la base — officiers, sous-officiers compris —  a ainsi été réquisitionné. « J’ai vu des pilotes de Rafale servir une tisane à une Afghane de 82 ans et passer un peu de temps avec elle ; des équipages s’allonger par terre, pour jouer avec des enfants — nous avons reçu jusqu’à 15 nourrissons —, gonfler des ballons de baudruches, sortir un ballon de foot pour jouer avec les jeunes… » Histoire d’oublier les moments difficiles vécus.

Sur la base 104 française des Émirats arabes unis (État-major des armées)

La base peut-elle continuer à mener ses autres missions ?

« Nous avons préservé une nécessaire étanchéité avec les autres activités de la base », couverts par le secret défense. Si le contexte « le nécessitait, on est à même de d’assurer une autre opération et d’accomplir l’ensemble des missions nécessaires pour les Rafale », assure le col. Desbois. Normalement la base est prévue pour assurer deux avions de transport par jour. Là on a accueilli 40 rotations en cinq jours.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Tentative d’attaque pirates d’un navire au large de Mogadiscio

Fri, 20/08/2021 - 05:55

(B2) Un cargo battant pavillon turc, le MV Anatolia, a été attaqué par un skiff avec 4 ou 5 personnes armées à bord, près des côtes somaliennes au Nord de Mogadiscio (025848 Nord et 046440 Sud Est)

Les pirates « ont tenté de s’approcher du navire et ont ouvert le feu avec des armes légères et des grenades propulsées par fusée (RPG) » selon le QG de Rota de l’opération européenne anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta) qui a reçu l’alerte vendredi (13 août).

Un des tirs au RPG a causé des dommages à proximité du pont. Les échanges de tirs ont duré près de deux heures entre les assaillants et le personnel de sécurité privé du bord. Avant que les assaillants n’abandonnent et retournent à terre.

Il n’y a « eu aucun blessé à bord du navire marchand » indique l’opération Atalanta. Le navire (un cargo de type roulier RoRo) a pu poursuivre sa route et arriver au port de Mogadiscio le lendemain, samedi (14 août). Il n’y a pas eu besoin d’intervention directe d’un moyen naval.

(NGV)

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Les Talibans à Kaboul. Des Alliés pris par surprise. Un bug du renseignement euro-atlantique ?

Wed, 18/08/2021 - 08:13

(B2) L’avancée rapide des Taliban vers la capitale afghane n’avait pas été prévue. Du moins aussi rapidement par les différents services. Certains responsables européens le reconnaissent sans ambage.

« Vendredi [13 août], selon toutes les informations disponibles, notamment les données du renseignement, nous avons travaillé avec le fait que nous avons le temps d’évacuer d’ici la fin septembre. On parlait samedi [14] de la fin août, date à laquelle les talibans pourraient atteindre Kaboul. Le fait qu’il y ait finalement fait irruption lundi [16] est une preuve claire de la dynamique de l’évolution de la situation. Personne n’était prêt pour un tel développement », a reconnu le ministre tchèque des Affaires étrangères Jakub Kulhánek.

Soit les informations n’ont pas bien circulé entre les alliés, soit il y a eu un gros bug quelque part (les Américains notamment), soit il y a eu un surcroit d’optimisme et d’auto-intoxication collective. Soit les trois à la fois…

(NGV)

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Sauve qui peut. Un pont aérien s’organise pour évacuer de Kaboul ressortissants européens et employés afghans

Mon, 16/08/2021 - 08:45

(B2) Dans la foulée des Américains, les alliés européens ont décider de déployer plusieurs moyens militaires aériens pour évacuer, en priorité, leurs ressortissants d’Afghanistan, ainsi que certaines personnels locaux. Un mouvement planifié il y a quelques jours, mais accéléré et exécuté un peu en catastrophe

Un A400M britannique sur la base de Chypre (Royal Air Force 70SqnA400 / Archives B2)

Royaume-Uni : 600 militaires déployés (opération Pitting)

Le gouvernement britannique, sous le feu de la critique, a déclenché dès le vendredi (13 août) son opération ‘Pitting‘. 600 militaires de la 16 Air Assault Brigade sont partis sur place ce week-end. Ils sont accompagnés d’une petite équipe de fonctionnaires du ministère de l’intérieur, chargé d’assister les diplomates britanniques et « de rationaliser le traitement des nouveaux visas et autres documents nécessaires aux ressortissants britanniques, aux anciens employés britanniques et aux autres personnes éligibles » et d’aider le personnel diplomatique en poste à Kaboul. Cette politique afghane de réinstallation et d’assistance dite ARAP), a permis de rapatrier « plus de 2000 employés locaux » selon le ministère de la Défense.

Tchéquie : un premier avion a quitté Kaboul

Prague a déclenché l’alerte assez vite. Un Airbus A319 de l’armée tchèque a réussi à quitter Kaboul dimanche (15 août). À son bord, « 46 Tchèques et nos collègues afghans, y compris femmes et enfants » selon Jakub Kulhanec, le ministre des Affaires étrangères. L’avion a atterri à Prague lundi martin. Il n’a pas voulu donné plus de détails « pour le moment » avant la fin de l’opération de sauvetage. « Compte tenu de la situation sur KAIA [l’aéroport de Kaboul], c’est un miracle » a ajouté, via tweeter, Jan Hamacek, le ministre de l’Intérieur. Une deuxième rotation est en cours.

La France à partir des Émirats arabes unis

Paris a choisi de s’appuyer sur sa base dans les Émirats arabes unis, pour son opération d’évacuation, dénommée ‘Apagan’. Deux avions de transport — un C130 et un A400M — , ont décollé dans la nuit de dimanche à lundi (15/16 août) et lundi matin, a annoncé le ministère français de la Défense dimanche (15 aout). Direction : la base aérienne 104 (BA104) d’Al Dhafra (EAU). Renforcé par des militaires des forces françaises stationnées aux Émirats arabes unis, ils vont effectuer des norias entre la base et l’aéroport de Kaboul. Première rotation prévue dès ce lundi 16 août. Les personnes évacuées seront accueillies et hébergées au sein de la base. Et les ressortissants français transportés ensuite vers la métropole par des avions longue distance de type Airbus A330 Phénix.

Allemagne : des navettes programmées à partir de l’Ouzbékistan

Berlin a annoncé dimanche (15 aout) l’envoi d’un premier avion de transport A400M pour rapatrier les citoyens allemands, le « personnel local et les autres personnes devant être mises en sécurité » selon les mots d’Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre allemande de la Défense. Des personnels de la DSK, la Division Schnelle Kräfte ou division de réaction rapide) sont à bord afin d’assurer la protection. Le premier avion a décollé de Wunstorf ce lundi matin selon notre confrère Thomas Wiegold de Augengeradeaus, suivis immédiatement de deux autres. Les A400M feront la navette entre Kaboul et l’Ouzbékistan. Des avions civils prendront alors le relais. Un Airbus A310 a décollé aussi de l’aéroport de Bonn-Cologne pour acheminer matériel et personnel de soutien vers Bakou (Ouzbékistan).

Espagne : à partir de Dubai, en soutien au personnel européen également

Madrid a annoncé dimanche (15 août) accélérer ses plans d’évacuation d’Afghanistan. Deux avions de transport A400M partent pour Dubaï afin de rapatrier « le personnel de l’ambassade espagnole, les Afghans et leurs familles qui ont collaboré avec notre pays » annonce le ministère des Affaires étrangères. Les Espagnols devraient aussi assurer l’évacuation du personnel européen et local de la délégation de l’UE à Kaboul.

NB : plusieurs autres pays ont réussi à mener l’évacuation de leur personnel (Finlande, Pologne, …), sans envoyer de moyens aériens propres, en recourant aux moyens américains déployés sur place.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un mouvement américain

Sur décision de Joe Biden, les Américains ont décidé le 12 août le redéploiement de plus de 6000 hommes. Aux 650 militaires encore sur place, deux bataillons de Marines et un bataillon de l’armée de terre, soit environ 3000 personnels, les ont rejoint sur la zone sécurisée de l’aéroport de Kaboul ‘Hamid Karzai’. Ils ont pour objectif d’assurer le rapatriement dans l’ordre du personnel diplomatique US et « d’accélérer l’évacuation des demandeurs de visa d’immigrant spécial afghan » (SIV). Ils auront aussi la capacité de faciliter l’extraction du personnel si nécessaire. Une « selon le porte-parole du Pentagone, John F. Kirby.

À cela s’ajoute l’envoi d’un élément de soutien conjoint de l’armée de l’air américaine d’environ 1000 personnes au Qatar (dans un premier temps) pour faciliter le traitement des candidats SIV. Le déploiement d’équipes de combat de la brigade d’infanterie de Fort Bragg au Koweït (soit entre 3000 à 3500 militaires), est aussi prévu. Ils sont prêts à intervenir et assurer une sécurité supplémentaire à l’aéroport « si nécessaire » selon le porte-parole du Pentagone, John F. Kirby (qui s’exprimait face à la presse jeudi).

Cette opération « temporaire, ciblée » devrait durer « jusqu’au 31 août ». Elle n’est cependant « pas considérée comme une mission NEO opération d’évacuation de non-combattants » affirme Kirby. Elle ne remet pas en cause la décision de retrait, insiste-t-il. Une fois cette mission terminée, le Pentagone prévoit d’avoir moins de 1000 soldats américains sur le terrain « pour soutenir la présence diplomatique à Kaboul ».

Ces militaires sont placés sous l’autorité du rear-admiral (contre-amiral) Peter Vasely, ancien chef de la composante des forces spéciales de l’OTAN en Afghanistan et du Special Operations Joint Task Force–Afghanistan.

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Afghanistan. Une sévère défaite de l’OTAN. Une introspection nécessaire

Sat, 14/08/2021 - 19:37

(B2) L’effondrement du gouvernement et des forces de sécurité afghanes, soutenus à bout de bras depuis près de vingt ans par les USA et les Alliés occidentaux, interpelle. Faire reposer l’échec sur la seule tête de Joe Biden est un leurre. Une vraie remise en question s’impose

Joe Biden dans la salle de crise (White House 15 août)

Mettre le tort aujourd’hui sur les Américains pour un départ précipité, comme le font actuellement certains responsables politiques (notamment en Europe) ou observateurs, est un raccourci rapide. S’il y a défaite, c’est d’abord celle du gouvernement afghan de Ashraf Ghani, et de son armée, soutenue par l’ensemble des occidentaux. Le gouvernement Najibullah — soutenu par les Russes — avait tenu trois ans après le retrait russe (en 1989). Le gouvernement Ghani aura tenu à peine quelques semaines en 2021. L’armée afghane, soutenue et formée par les Américains et l’OTAN, s’est écroulée. C’est donc une défaite occidentale dans son ensemble. La plus longue et la plus importante des opérations de l’Alliance atlantique s’achève dans une déroute. L’erreur n’est pas seulement tactique, elle est stratégique.

Un retrait US annoncé et progressif

Déclenché sous Obama

Contrairement à ce qui est indiqué — le retrait militaire américain n’a pas été soudain. Il a été progressif et annoncé. C’était une promesse du Démocrate Barack Obama : en finir avec les guerres déclenchées sous l’ère Bush (Irak et Afghanistan) et ramener tous les boys à la maison. Le 22 juin 2011, le président démocrate annonce le retrait d’un tiers des 100.000 Américains présents sur place (dans le cadre de la coalition ou en solo). Objectif : un retrait total d’ici fin 2014. Une annonce qui cadre avec la campagne électorale pour son nouveau mandat (élections en novembre 2012). Dans la foulée, plusieurs pays, dont la France annoncent leur retrait. En octobre 2015, volte-face, Washington annonce le maintien d’un effectif à un niveau d’environ 10.000 hommes.

Repris par Donald Trump

Durant sa campagne électorale, le Républicain Donald Trump reprend un leitmotiv similaire à celui de son concurrent démocrate : en finir avec les présences militaires inutiles à l’étranger (lire : L’Amérique « en premier », de Trump. Pour l’Europe, un certain langage de la vérité). Là aussi, le terrain a raison de la promesse politique. Le 21 août 2017, le président annonce une « nouvelle politique » pour l’Afghanistan. réaffirme l’engagement et le déploiement de quelques milliers d’hommes supplémentaires. En 2017, l’effectif US atteint toujours 14.000 personnels environ (dont 8500 dans Resolute Support, le reste dans la mission de lutte anti-terroriste). Les retraits futurs seront désormais liés aux « conditions sur le terrain ». Dans la foulée des négociations de paix entamées à Doha avec les Taliban, il reprend son antienne du début et annonce, le 17 octobre 2020, le retour des boy’s à la maison « d’ici Noël » (We should have the small remaining number of our BRAVE Men and Women serving in Afghanistan home by Christmas). De façon plus concrète, le terme est donné à fin avril (avant le 1er mai). Avant son départ, il ordonne le départ de plusieurs centaines de soldats US ne laissant que 2500 soldats sur place, essentiellement à Kaboul.

Et bouclé sous Joe Biden

L’alternance avec Joe Biden (élu début novembre 2020) ne change pas fondamentalement la donne. Celui qui, sous Obama, en tant que vice-président a été l’un des plus ardents défenseurs de la décrue militaire en Afghanistan, repousse la date du 1er mai, « difficile » à respecter. Il se donne simplement quelques mois à son entrée en fonction (en janvier 2021) pour valider le retrait prévu par son prédécesseur. Il annonce sa décision le 13 avril 2021, avec un calendrier légèrement étalé. Départ « sans conditions » d’ici au 11 septembre, jour anniversaire de l’attentat du 11 septembre 2001. L’essentiel des troupes étant retiré avant début juillet (avant la fête nationale US du 4 juillet). Parler de retrait surprise est donc étonnant…

La fin de l’opération de stabilisation

Ce relais aux forces afghanes a d’ailleurs été entériné par la fin de l’opération de stabilisation de l’OTAN (ISAF) en 2015 et son remplacement par une mission ‘non exécutive’ (Resolute Support ou RSM). Objectif : entraîner, conseiller et assister les forces de défense et de sécurité nationale afghanes (ANDSF). Prévue jusqu’à 2016, cette mission est prolongée ensuite jusqu’à fin 2020 (au sommet de Varsovie), avec un accent mis sur le volet plus tactique. La mission prend fin en mai 2021, avec le retrait des forces occidentales. Tous les alliés approuvent ce retrait ou, du moins, n’expriment aucune critique publique ni d’alternative. (Lire aussi : Le retrait de l’OTAN d’Afghanistan décidé. La mission Resolute Support se termine et L’OTAN promet de ne pas abandonner l’Afghanistan. La formation et le soutien continuent).

Un pouvoir et une armée afghane médiocres

Au bout de vingt ans de soutien euro-atlantique à bout de bras, les forces afghanes restent peu efficaces. Le mot est ‘faible’. Même si les informations sont laconiques dans les rapports officiels publics, la réalité suinte.

Un leadership médiocre

L’armée nationale afghane (ANA) a un « leadership médiocre ». Les soldats sont « déçus par les dirigeants qui ne s’occupent pas d’eux avec des congés, des promotions et des salaires ». Il y a des « dirigeants actuels corrompus et/ou incompétents » (rapport Congrès US, 2017).

Une armée en renouvellement permanent

Le taux d’attrition (pertes au combat, désertion et autres départs) est classé « secret défense » par les autorités afghanes (1) (SIGAR US, juin 2021). Mais il reste « à un haut niveau » (PA-OTAN, 2018). On parle d’un taux de 2,8% mensuellement (SIGAR US, juin 2019). C’est-à-dire que l’armée perd chaque année un tiers de son effectif. Le « taux de rotation élevé (de 25 à 30 % par an) « empêche les ANDSF [forces de défense et de sécurité nationale afghanes] de disposer de forces plus expérimentées » (ibid).

… et malmenée par le pouvoir

La cause de ce manque d’entrain des recrues est multiple : « la récurrence des déploiements de longue durée, la perspective de devoir participer à des opérations de combat de façon quasi permanente et les conditions de vie difficiles », ainsi que l’obligation pour les soldats de servir hors de leur région d’origine (ibid). Sans compter « la fraude et la gaspillage » récurrents en Afghanistan, qui touchent également les forces de sécurité (GAO US, 2021).

Des insuffisances capacitaires

Résultat, les forces armées souffrent de certaines lacunes et dépendent de leurs alliés pour les moyens d’action essentiels : renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR), systèmes d’artillerie, appui feu aérien, soutien logistique, notamment de moyens aériens d’évacuation médicale (Défense US, 2017). Ce, malgré un apport financier notable. Pa moins de « 84 milliards $ » ont été investis dans la sécurité par le seul gouvernement américain, en 17 ans de 2002 à 2018 (GAO US, 2021) !

Une surévaluation des capacités

Les forces alliés avançaient cependant le brouillard sur l’efficacité de leur soutien Les USA et les conseillers de la coalition avaient « peu de contacts directs » avec les unités conventionnelles « sur les lignes de front ». Conséquence, le ministère de la défense s’appuyait, pour évaluer les capacités tactiques des unités formées, sur des « auto-évaluations, qui, selon les responsables du DOD, pourraient ne pas être fiables » (GAO US, 2018).

Le déni occidental et l’effet boomerang de la propagande

Certes la ‘lingua‘ officielle des militaires a longtemps tenté de donner le change. De retour de Kaboul, en février 2018, le général US Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe (SHAPE) se dit ainsi convaincu que « les Taliban ne pourraient l’emporter sur le champ de bataille » ! Cette ‘propagande’, à destination de l’extérieur, a abouti à une forme d’auto-conviction qui explique sans doute aujourd’hui l’effet de ‘surprise’ devant la rapidité de l’avancée talibane.

Des erreurs en cascade

La défaite face du pouvoir afghan n’est donc pas tellement un problème de soudaineté du retrait, mais plutôt de sa tardiveté et d’erreurs stratégiques. Une présence de plusieurs années aurait-elle changé la donne ? Pas sûr du tout.

Un objectif de guerre fluctuant

L’opération entamée en 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre à New-York (World trade center) et Washington, conçue au départ comme une opération anti-terroriste anti-Ben Laden s’est muée en une opération de transformation civilo-militaire d’un pays, sensé être un État tampon entre un Iran ‘maléfique’ et des républiques d’Asie centrale jugées trop proches de Moscou.

Une absence de stratégie de sortie

La stratégie de sortie a été très floue, avec des calendriers sans cesse remis en cause, ou réétalés dans le temps, donnant l’impression aux autorités afghanes que l’engagement occidental était ad vitam aeternam. Elles ne se sont pas vraiment préparées au départ.

Une formation déficiente

L’effort entrepris depuis 2002 pour former et encadrer une armée nationale afghane était-il utile, efficace, solide? Le concept choisi d’une armée ‘nationale’ nombreuse était-il valable ? N’a-t-on pas préféré le nombre à la qualité ? Vouloir solidifier un État très éclaté, en mettant en place une armée nationale, sans se reposer sur l’organisation traditionnelle par province était-il possible ? Etc. Une introspection solide doit être menée au niveau euro-atlantique, pour éviter de répéter les erreurs sur d’autres terrains

Une capacité d’autonomie européenne limitée

Enfin, cet épisode est l’illustration cuisante que, malgré tous les discours, en cas de forte tension, les Européens sont toujours incapables aujourd’hui d’avoir une autonomie stratégique, aux plans politique comme militaire. Ils n’ont pas pu influencer durablement la stratégie américaine sur place, ni réussir à trouver une autonomie d’action. Durant les différentes réunions de l’OTAN, en 2020 et 2021, ils n’ont pas vraiment critiqué la décision US de retrait. Le principe de ‘tous ensemble’ de l’OTAN s’est transformé dans une règle réaliste ‘les USA impulsent, les Européens suivent‘.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. « USFOR-A continued to classify detailed ANDSF attrition information this quarter because the Afghan government classifies it»
  2. SIGAR = Special Inspector General for Afghanistan Reconstruction

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Dans la gueule du loup, avec Anne Nivat

Sat, 14/08/2021 - 09:55

(B2) Direction Grozny, Nice et Falloujah, avec l’intrépide Nina. Trois pays, trois villes, trois histoires, avec un point commun : un sentiment de révolte puissant.

Nina, jeune reporter de guerre, est partie voir la guerre, comme elle le dit elle-même, en Tchétchénie. Fin 1999, la guerre bat encore son plein dans cette république russe, aux frontières de la Géorgie. Aux côtés de Mahmoud, elle vit les bombardements, et nous emmène au fil de ses rencontres avec la rébellion tchétchène, et les forces de sécurité russes.

Autre lieu, autre époque : Nice, en 2021. Elle rencontre Abdel, dans un café. Il lui raconte son histoire, comment il est parti à Falloujah, en Irak, et pourquoi. C’est une autre sorte de rébellion : « J’me suis dit, et moi, ma vie, mes vingt ans, j’en fais quoi ? C’était aussi une façon de m’opposer à mes parents, des musulmans non pratiquants. Je voulais leur démontrer que pour moi, ils s’étaient soumis. Moi j’avais vingt ans, et j’voulais pas subir. Tout ça s’est mélangé dans ma tête. Partir, ok, mais fallait une bonne raison… Ou alors une mauvaise… Partir défendre mes frèrres musulmans qui étaient dans la merde pourrait me donner un but, comme une sensation d’exister… » Alors, Abdel commence à regarder des vidéos de massacres d’enfants et de femmes sunnites en Irak. Son désir de vengeance le pousse à partir. Partir faire la guerre à vingt ans, il trouvait ça « classe ! ». Peu après il comprend : la guerre, c’est dégueulasse. C’est la désillusion pour le jeune homme. 

L’histoire d’Abdel fait replonger Nina dans ses souvenirs de Falloujah, à la même période. Là bas, nous assistons avec elle aux affrontements entre Américains et Iraquiens.

Les trois personnages confrontent leurs idées sur la guerre, sur la rébellion, les sentiments qu’elles provoquent avant, pendant et après, partagent leurs souvernis sur l’horreur de ce qu’ils ont vu et vécu. Ils nous prennent par la main, nous présentent à leurs rencontres, leurs peurs. Et dévoilent un bout de leur histoire, une fiction certes, mais certainement peu éloignée de la réalité de milliers de personnes dans le monde.

« Dans la gueule du loup », BD de Anne Nivat, Jean-Marc Thévenet et Horne. Editions Marabout, 119 pp, 19,95 euros.

(Aurélie Pugnet)

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Géopolitique de l’Europe, les bases pour réviser cet été

Sun, 08/08/2021 - 21:32

(B2) L’heure est venue pour la bulle européenne de quitter Bruxelles, les bureaux gris de la Commission européenne, délaisser l’affreuse moquette grisâtre du Parlement, arrêter de trainer dans les cafés italiens, permettre à Schuman dee redevenir un homme et plus un rond-point. Planifier son mail ‘out of office’ et partir ! Mais pour ceux qui restent à Bruxelles, qu’ils soient dans les institutions, journalistes, lobbyistes, chercheurs, il va bien falloir s’occuper. C’est l’occasion idéale pour faire un peu de révision…

« Géopolitique de l’Europe » propose 40 fiches thématiques répondant à des questions pour comprendre les enjeux européens. Des questions des plus pratico-pratiques (À quoi sert l’Union européenne d’un point de vue commercial ?), aux plus philosophiques (L’Europe, c’est la paix ? Le piège de Tocqueville ?). On y trouve des fiches explicatives aussi, sur la différence entre les compétences partagées/exclusives/d’appui, le rôle des institutions (ne confondez plus Conseil de l’UE et le Conseil européen), et une chronologie des traités. Elles présentent encore les différentes coopérations de défense en Europe, les investissements de la Chine sur le vieux continent, les perceptions de menaces selon les pays…

Les explications sont basiques, didactiques, courtes, et avec des schémas. C’est l’introduction idéale avant de se pencher plus en détail sur un sujet en particulier.

Un livre recommandé aussi pour les étudiants, ou pour s’instruire à la plage, à l’abri des regards indiscrets de vos collègues et concurrents.

« Géopolitique de l’Europe, 40 fiches illustrées pour comprendre le monde », par Olivier de France, préface de Pascal Boniface, Editions Eyrolles, pp. 184, 17,90 euros.

Et pour tout connaître des dernières évolutions de la politique de défense européenne, l’indispensable à se procurer : la nouvelle ‘boîte à outils’ de la défense européenne, qui vient de paraître, ainsi que notre ouvrage de référence sur la PSDC. Et pour aller plus loin, sur la défense, la sécurité et la diplomatie européennes c’est sur B2 Pro que ça se passe.

(Aurélie Pugnet)

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[Maroun Labaki] Mon cœur saigne pour Beyrouth

Sat, 07/08/2021 - 17:58

(B2) Un très beau texte d’un confrère belge, d’origine libanaise, un an après l’explosion dans le port de la capitale libanaise, qui a mis à genoux des milliers de familles… et l’État libanais

Ce 4 août, mon cœur saigne pour Beyrouth. Je suis né au Liban, et c’est dans ses montagnes que plongent mes racines. C’est dans ses pinèdes que logent mes doux souvenirs d’enfant. C’est sur sa ligne de fracture entre l’Orient et l’Occident que j’ai appris que nous sommes tous différents et tous les mêmes. J’ai été nourri à sa diversité.

Longtemps, les Libanais m’ont irrité, à toujours lier leurs malheurs à de supposées interférences étrangères, à toujours rejeter la faute sur leurs voisins. Trop facile. On ne bâtit pas un État sur des combines. Un jour, on finit par payer.

Mais les Libanais ont trop payé pour leurs erreurs. Depuis près de deux ans, mais surtout depuis l’explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, les Libanais ont plongé dans la misère. La livre libanaise ne vaut plus rien, plus personne n’a accès à son épargne, il n’y a plus de médicaments, il n’y a plus d’essence, il n’y a plus d’électricité. Imaginez juste ma maman – qui n’est pas la plus mal lotie.

Le pays est parti en vrille, mais depuis un an la classe politique ne parvient pas à former un gouvernement ! Chacun tient l’autre par la barbichette, et tous ses sombres cleptomanes craignent par-dessus tout le grand déballage de leurs ignominies. Ils soufflent donc sur les braises confessionnelles dans l’espoir d’enfumer encore longtemps le peuple…

Le peuple a cependant grandi dans l’épreuve. Que s’est-il passé il y a exactement un an ? Qui connaissait l’existence de cette bombe à retardement au milieu du port de Beyrouth ? Les Américains affirment que seules 500 tonnes de nitrate d’ammonium ont explosé. Où sont alors passées les 2.250 autres tonnes de la cargaison débarquée on ne sait trop comment en 2013 ? Le Hezbollah a-t-il fait main basse sur ce trésor, en tout ou en partie, afin de renforcer son arsenal ? L’a-t-il aimablement cédé à son allié Bachar el-Assad ? Ce n’est pas faire injure aux chiites de poser ces questions ! Les Libanais, chiites compris, ont le droit de savoir. La classe politique libanaise, quasiment dans son ensemble, s’est pourtant appliquée à torpiller l’enquête… Un scandale dans le scandale !

Les magouilles, la corruption, le clientélisme, l’incurie, la spéculation, l’économie-casino : les Libanais veulent aussi savoir qui a volé leur argent, qui a piloté ce désastre annoncé. Peut-on dans ce contexte faire l’économie d’une rupture institutionnelle ? J’en doute plus que jamais. Ne pourrait-on, ici ou là, invoquer le droit d’ingérence ? On n’est pas loin en tout cas de la non-assistance à peuple en danger. SOS Beyrouth. SOS Liban.

Maroun Labaki

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En pause estivale

Sun, 01/08/2021 - 08:52

L’été venu, l’équipe de B2 part en pause estivale. Le rythme a été intensif ces derniers mois. Et tout le monde a besoin de souffler. Nous vous offrirons néanmoins quelques articles exclusifs, pour vous distraire ou vous informer. Nous reprendrons la plume si l’actualité européenne devient brûlante. Sinon ce sera l’occasion de relire un des 15.000 articles que vous n’avez pas eu le temps de lire ou, tout simplement, de faire pause. C’est bien aussi…

© NGV

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