Courrier des Balkans / Albanie

Deux ans après le début de l'invasion de l'Ukraine, le 24 février 2022, la Russie de Vladimir Poutine pourrait-elle être tentée d'ouvrir de « nouveaux fronts », directement, comme en Moldavie, ou plus indirectement, comme dans les Balkans occidentaux ?

Au terme d'un procès très médiatisé qui a provoqué une rupture des relations diplomatiques entre l'Albanie et la Grèce, le maire élu d'origine grecque de la ville d'Himara, Fredi Beleri, a été condamné à deux ans de prison pour des achats de voix lors des législatives de mai 2023. Il dénonce une condamnation politique.

C'est en grande pompe qu'a été réouverte la base aérienne de Kuçovë, construite à l'époque communiste. Située à 80 kilomètres au sud de Tirana, celle-ci doit accueillir six avions de combat de l'Otan. Une façon pour le pouvoir albanais de se rendre indispensable aux yeux des Occidentaux.

Au printemps 2023, l'Albanie annonçait en grande pompe le classement de la Vjosa, dernière rivière sauvage d'Europe, en Parc national. Sauf qu'aujourd'hui, le gouvernement veut détourner l'eau de son principal affluent pour alimenter les stations balnéaires de la côte. La révolte gronde.

La Russie mène un intense soft power dans les Balkans... Qui ne se limite pas aux seuls réseaux orthodoxes. Des organisations musulmanes proches du Kremlin et des autorités de Tchétchénie courtisent aussi les Communautés islamiques du sud-est de l'Europe.

Plus de 20 ans qu'ils piétinent dans la salle d'attente. Pour les pays des Balkans occidentaux, le chemin de l'intégration européenne a de plus en plus l'air d'une voie sans issue, même si Bruxelles répète à l'envi que l'élargissement est une priorité géostratégique. Alors que Moscou a porté la guerre sur le sol européen, comment renverser la vapeur ?

• Faits politique et civilisations : une expérience albanaise
Invité : Artan FUGA, Professeur de l'Université de Tirana, Membre de l'académie des sciences d'Albanie, Chercheur associé au CNRS.
Le 21 février 2024
16h00 - 18h00
• L'Albanie entre démocratie et autoritarisme
Avec Artan Fuga, Professeur de l'Université de Tirana, Membre de l'académie des sciences d'Albanie, Chercheur associé au CNRS et Mark Marku, Professeur de l'Université de Tirana, Directeur du département de (...)

Le président Volodymyr Zelensky est aujourd'hui à Tirana pour un sommet Ukraine-Europe du sud-est, le deuxième après celui d'Athènes à l'été dernier. Les dirigeants de tous les pays de la région y assistent, sauf la Grèce. Une déclaration commune qualifie l'invasion russe de « plus grande menace pour la paix internationale ».

La RTSh, la radio-télévision publique albanaise, vient de signer un accord de partenariat avec la TRT turque. Un symbole des relations étroites qu'entretiennent Edi Rama et Recep Tayyip Erdoğan, mais aussi de l'offensive médiatique d'Ankara dans les Balkans.

En février 2014, un vaste mouvement de protestation gagne la Bosnie-Herzégovine. Malgré la répression des autorités et le peu de soutien international, la révolte citoyenne grandit, soutenue par une majorité de la population, surtout en Fédération. Après les manifestations, des plénums sont bientôt formés pour porter des revendications contre la corruption et le blocage des institutions par les formations ethno-nationalistes au pouvoir depuis la fin de la guerre.

Étouffé et réprimé, ce mouvement a fini par être évincé de l'actualité après les terribles inondations du printemps 2014 et s'est peu à peu éteint. L'exode s'est ensuite accéléré. Pourtant, l'esprit des plénums continue d'influencer les nouvelles luttes citoyennes, écologistes, féministes et anticapitalistes. Dix ans plus tard, que reste-t-il de cette expérience de démocratie directe inspirée du socialisme autogestionnaire ?

Edi Rama avait sorti le grand jeu pour accueillir le Secrétaire d'État américain, dont l'immense portrait flottait sur la façade de l'Université de Tirana... Durant les huit heures passées en Albanie, Anthony Blinken n'a rencontré aucun représentant de l'opposition.

Ils en appellent à la démocratie et à l'État de droit, mais soutiennent les autocrates corrompus des Balkans, Aleksandar Vučić ou Edi Rama, surtout quand ce dernier propose de « débarrasser » l'Italie de ses demandeurs d'asile... Les pays occidentaux ne sont pas naïfs mais agissent en fonction de leurs intérêts du moment. Critique au vitriol de Fatos Lubonja.

En juillet dernier, le Premier ministre albanais Edi Rama avait créé la surprise en annonçant la fin de l'initiative Open Balkans. Mais a-t-elle jamais concrètement existé ? Rien n'est moins sûr, car son unique réalisation semble n'être qu'un salon du vin organisé tous les ans à Belgrade... Explications.

En juillet dernier, le Premier ministre albanais Edi Rama avait créé la surprise en annonçant la fin de l'initiative Open Balkan. Mais a-t-elle jamais concrètement existé ? Rien n'est moins sûr, car son unique réalisation semble n'être qu'un salon du vin organisé tous les ans à Belgrade... Explications.

À Tirana, les tours n'en finissent pas de pousser et les prix de l'immobilier s'envolent aussi vers le ciel... Ces nouveaux immeubles restent bien souvent vides, car le pouvoir d'achat des Albanais, lui, se réduit toujours. Décryptage d'une bulle spéculative entretenue par le blanchiment de l'argent sale.

La Cour constitutionnelle a estimé que l'accord entre l'Albanie et l'Italie, qui prévoit la création de deux centres d'accueil pour demandeurs d'asile à Shëngjin et à Gjadër, ne violait pas la souveraineté nationale albanaise, malgré l'extraterritorialité accordée à ces centres. L'opposition s'indigne de la décision.

Les dirigeants régionaux qui ont participé à la réunion à Skopje sur le « Plan de croissance » ont signé une déclaration commune où affirment réaliser « l'importance extrême » de la coopération dans la région et d'une intégration européenne « commune ». L'UE paiera plusieurs milliards d'euros pour la mise en œuvre de ce plan. Quant à la bonne gouvernance, elle peut toujours attendre. L'édito de Vreme.

Concurrence déloyale, difficile accès aux marchés européens, achats massifs de terres par des investisseurs étrangers, faible soutien des politiques publiques : dans les Balkans, beaucoup d'agriculteurs peinent à survivre, que leurs pays soient déjà membres de l'Union européenne ou seulement encore candidats. Et l'exode rural achève de vider les campagnes.