Pénétrer dans l'Union européenne est aujourd'hui un parcours du combattant qui nécessite les services de passeurs. Il y a cinquante ans, les migrants portugais rencontraient moins de difficultés pour entrer en France que pour sortir de leur pays, qui interdisait l'émigration. Les « rabatteurs » de l'époque n'utilisaient pas des bateaux pneumatiques pour franchir la Méditerranée : ils embarquaient leurs clients dans des voitures surchargées à travers l'Espagne et les Pyrénées.
En 1964, dans la région d'Aveiro, mes « rabatteurs » cherchaient à attirer les jeunes gens. Comme on ne pouvait pas avoir de passeport, on est partis clandestinement. Le passage coûtait 12 000 escudos, auxquels on devait en ajouter 2 000. C'était une somme très importante pour l'époque et ce sont mes parents qui m'ont fait l'avance. J'étais dans un groupe d'une quarantaine de jeunes émigrants, dont trois jeunes femmes. Le voyage a duré cinq jours, et ce fut un véritable cauchemar. Sept taxis nous ont conduits à la frontière espagnole. La traversée de l'Espagne se fit dans des conditions totalement inhumaines, dans des voitures (des Citroën DS) dont on avait enlevé les sièges arrière et où ils nous ont entassés. C'est difficile à croire, mais nous étions quatorze dans une voiture, et seuls ceux qui étaient à côté du chauffeur pouvaient respirer librement. Puis on nous a entassés dans un camion à bestiaux dont nous devions sortir le moins possible. C'était horrible… On nous nourrissait seulement de pommes de terre cuites et de chocolat. Nous avons traversé les Pyrénées à pied, en file indienne, angoissés à l'idée de perdre la file. Arrivés en France, on nous a mis dans le train jusqu'à Paris, où un chauffeur de taxi nous a pris à trois et nous a amenés à Champigny.
Témoignage de José Pinho da Costa, dans Marie-Christine Volovitch-Tavares, Portugais à Champigny, le temps des baraques, Autrement, Paris, 1995.
Moins réputée que Princeton ou Harvard, l'université de l'Iowa sait néanmoins se distinguer. En 2013, elle fut la première à proposer une troisième case sur ses formulaires d'inscription : en plus des habituels « homme » et « femme », les étudiants pouvaient désormais s'identifier comme « trans ». L'établissement du Midwest a rapidement fait des émules, au point d'être supplanté par l'université de Californie. Depuis la rentrée 2015, celle-ci propose non plus trois, mais six cases à ses étudiants : homme, femme, mais aussi trans-femme, trans-homme, queer et « identité différente ».
Cette complexification du choix des identités sexuelles s'est accompagnée d'une réforme linguistique. Répondant à une demande des militants lesbiennes, gays, bisexuels et trans (LGBT), l'université de Californie s'est en effet convertie aux pronoms neutres ou « inclusifs » : afin de ne pas froisser ceux qui ne se reconnaissent pas dans les pronoms traditionnels, les professeurs sont sommés de demander à chaque étudiant par quel terme il souhaite être désigné. Outre he (« il ») et she (« elle »), les étudiants peuvent opter pour xe et ze. Quant à his (« son ») et her (« sa »), ils se déclinent désormais en hir et zir.
Depuis cette initiative pionnière, plusieurs facultés anglo-saxonnes se sont lancées dans le vocabulaire inclusif, qu'elles autorisent parfois dans les copies d'examen : l'université du Tennessee, celle de Toronto au Canada ou du Sussex au Royaume-Uni. Certaines, comme dans le Kansas ou l'Iowa, offrent même des badges aux étudiants sur lesquels ils peuvent inscrire leurs pronoms favoris, et éviter ainsi toute confusion dès le premier coup d'œil (1).
Pour une partie des militants LGBT, noirs ou féministes, les universités devraient être des « sanctuaires » où chacun peut arborer fièrement son identité minoritaire sans jamais être stigmatisé. Comme la chose n'est pas aisée dans des campus qui rassemblent plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'étudiants, certains militants instituent des safe spaces, des espaces sécurisés où ils peuvent se retrouver entre eux, sans crainte d'être discriminés. Inventé par les militantes féministes dans les années 1960, le concept s'est progressivement élargi à tous les groupes minoritaires.
À l'université de New York, des safe spaces ont récemment été ouverts pour les étudiants potentiellement touchés par le décret anti-immigration de M. Donald Trump. Et à l'université du Michighan, où le vote conservateur a mauvaise presse, ce sont les partisans blancs du président qui réclament des espaces réservés (2)…
(1) Lucy Clarke-Billings, « US universities are offering “pronoun badges” to choose gender », Newsweek, New York, 30 décembre 2016.
(2) Anemona Hartocollis, « On campus, Trump fans says they need “safe spaces” », The New York Times, 6 décembre 2016.
Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1970, cinq travailleurs étrangers meurent asphyxiés dans un foyer d'Aubervilliers. Fortement médiatisée, l'affaire jette une lumière crue sur les conditions de logement des immigrés, dont peu se souciaient jusqu'alors.
Quatre travailleurs sénégalais et un Mauritanien ont été découverts morts asphyxiés hier matin dans un foyer appelé Solidarité franco-africaine, 27, rue des Postes à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Deux autres occupants, un Sénégalais et un Mauritanien, ont pu être ranimés par les pompiers. Ils ont été hospitalisés dans un état sérieux.
Les locataires africains de ce foyer, qui payent un loyer de 70 francs par mois, sont logés dans des conditions misérables puisqu'ils sont une cinquantaine à vivre dans une baraque de cinq pièces, soit une dizaine de personnes par pièce. Au rez-de-chaussée, où s'est produite la tragédie, il y avait sept locataires qui, trop démunis, n'avaient pu payer le supplément demandé pour le chauffage. Celui-ci leur avait été coupé par les gérants. Pour se chauffer pendant la nuit, les « locataires » rassemblèrent quelques bûches et des branchages et les empilèrent dans une lessiveuse au centre de la pièce. Mais quand le bois eut fini de brûler, la braise dégagea de fortes émanations d'oxyde de carbone. Bilan : cinq morts. (…) La plupart des occupants du foyer travaillent dans des entreprises de la banlieue parisienne.
Cela pose évidemment le problème de la situation sociale des travailleurs immigrés en France. Il y a, rien qu'à Paris et dans la proche banlieue, cent mille personnes qui « vivent » dans des bidonvilles, cent mille personnes qui forment comme une société « à part ».
Première image de l'année : cinq morts, dans une baraque lépreuse, aux murs humides, au toit qui prend l'eau. Premier regard : vers ces travailleurs de la rue, balayeurs, piétineurs de poubelles.
Société à part : les gérants du foyer Solidarité franco-africaine, d'après ce qu'on en sait, sont aussi des étrangers, aussi des Africains, comme les victimes. Société à part qui a ses propres mécanismes d'exploitation (l'exploitation des Noirs par les Noirs), qui a ses propres filières (l'exploitation commence dès le pays d'origine : système de caution à verser avant de « partir », canalisation des immigrés vers des « foyers » précis, etc.). C'est l'exploitation à outrance, esclavagiste.
Société à part, mais qui est en fait la caricature odieuse de notre société. Notre société de « consommation » qui veut ça, avec ses besognes inéluctables, d'ordre inférieur, qu'il faut exécuter (mais que chacun refuse, sauf « les autres », ces gens « étrangers », sans argent).
Une politique d'ensemble de l'immigration qu'il reste à entreprendre.
Combat, Paris, 4 janvier 1970. Article reproduit dans Marie-Claude Blanc-Chaléard, En finir avec les bidonvilles. Immigration et politique du logement dans la France des Trente Glorieuses, Publications de la Sorbonne, Paris, 2016.
Comment naît le racisme ? Pour répondre à cette question, les sociologues des années 1970 ont inventé le concept de « seuil de tolérance »...
Les ingénieurs atomistes ont leur masse critique : c'est la quantité de matière fissile qui, une fois réunie, explose spontanément en champignon atomique. Pour ne pas manier une science exacte, les sociologues qui ont étudié les prémices du racisme et ses manifestations larvées ou explosives ont défini quelque chose de semblable et peut-être de tout aussi redoutable. Ils l'ont baptisé « seuil de tolérance » : lorsque, dans une cité ouvrière, un village paysan, un quartier urbain, plus de 10 à 12 % d'étrangers s'installent pour y vivre, la cité, le village ou le quartier deviennent un baril de poudre. Il suffit d'une étincelle. Lorsque le seuil est atteint, disent les sociologues, une invective jaillit, donnant le départ à une escalade de violence.
L'Aurore, Paris, 28 août 1973.
Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Corentin Brustlein, responsable du Centre des études de sécurité à l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de Jean-Yves Le Drian, Qui est l’ennemi ? (Éditions du Cerf, 2016, 96 pages).
L’expression publique d’un ministre de la Défense en activité comporte une part routinière incompressible, résultante d’échéances régulières, tels les vœux de début d’année, les commémorations, les discours d’ouverture ou de conclusion de colloques, ou les auditions au Parlement. Certes, Qui est l’ennemi ? est la version allongée de l’un de ces discours, prononcé aux Assises nationales de la recherche stratégique, en décembre 2015. Il serait toutefois erroné de n’y voir qu’une énième prise de parole officielle. L’ouvrage est en réalité le produit d’une réflexion approfondie conduite par le ministre, et au sein de son ministère, en écho à la dégradation brutale de l’environnement stratégique survenue depuis 2014.
Ce court essai a ainsi pour première ambition d’exposer la nature de la lutte engagée par la France contre Daech, entité ayant constitué, soutenu et projeté un « djihadisme militarisé » jusqu’à l’Hexagone. Il s’ouvre par un retour sur les figures historiques de l’ennemi, et sur les évolutions qu’elles connurent à mesure que la guerre changeait de forme. Le xxe siècle voit ainsi la France passer de la figure d’un ennemi total et direct, l’Allemagne, à celle d’un ennemi soviétique, plus indirecte et lointaine, ennemi avec qui les rapports politiques et stratégiques sont finalement canalisés, réglés. Avec l’irruption de Daech, un ennemi direct réapparaît dans l’horizon stratégique national, et Qui est l’ennemi ? analyse aussi bien le problème stratégique et opérationnel qu’il pose, que ses implications pour la posture française.
L’ouvrage décrit ainsi un ennemi aux traits totalitaires, combinant chef charismatique, idéologie génocidaire, monopole de la violence et de l’intimidation, stratégie de terreur, et intégration des leviers de puissance dans une entreprise de domination. L’essai illustre bien la variété et la complexité des formes du défi que représente Daech, qui joue sur un très large spectre de sophistication, allant des meurtres à l’arme blanche à l’usage des drones, le tout appuyé par une communication terriblement efficace. La flexibilité opérationnelle et technique de cet ennemi s’avère d’autant plus problématique qu’une efficacité même relative – une tentative d’attentat avortée, une attaque conduite par un terroriste isolé – permet toujours d’éprouver la cible, de la maintenir en état de tension permanent, de lui imposer de consacrer toujours plus de ressources pour tenter de protéger sa population et répondre aux attentes de cette dernière. Une stratégie qui, comme toute stratégie indirecte, vise moins la victoire par les faits d’armes que par l’effondrement d’une unité politique, les dilemmes et tiraillements moraux, juridiques, et politico-stratégiques ayant raison de sa cohésion nationale.
Si l’essentiel de l’ouvrage est centré sur la lutte contre Daech, il s’achève par des développements stimulants sur les formes renouvelées de la menace dépassant le seul terrorisme islamiste. Guerre cybernétique, diffusion des capacités de frappe de précision et des moyens de déni d’accès, intimidation nucléaire, mettent en tension une posture et un modèle d’armée qui ne peuvent se concentrer exclusivement sur le seul ennemi immédiat, aussi dangereux soit-il. Ainsi, l’effort analytique et communicationnel dont ce livre se fait l’écho en dit long sur le caractère exceptionnel de la situation dans laquelle se trouve la France, et sur l’importance de ces enjeux pour son avenir.
Corentin Brustlein
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Last Monday, Iranian president Hassan Rouhani rallied his supporters in the northwestern city of Hamedan, where he decried the “violence and extremism” of his hardline opponents ahead of the national elections that are scheduled for May 19th.
In its reporting on the event, the AFP explained that Rouhani has “pushed his liberal credentials” since coming under coordinated attack from hardliners, who emphasize his failure to turn the Iranian economy around after helping to secure relief from international sanctions under the 2015 agreement over the country’s nuclear program.
But this sort of appeal to the progressive attitudes of the young Iranian population is meaningless in light of the previous four years, during which Rouhani presided over a breathtaking orgy of government violence and persecution that earned the condemnation of human rights advocates worldwide, and the dubious distinction of being named the world’s number one state sponsor of terrorism.
It bears noting that the Iranian president holds little real authority, since the supreme leader remains the final authority on all matters of state while all legislation is vetted for conformity with the regime’s fundamentalist interpretation of Islamic law. But Rouhani has not even demonstrated the intention to counter existing hardline policies or to otherwise live up to his liberal-sounding campaign promises.
His administration’s Intelligence Ministry has contributed to the ongoing crackdown against activists, journalists, and supposedly pro-Western or secular social trends. And the administration’s Justice Ministry is headed by a man who is well known for serving as one of the judges that condemned 30,000 political prisoners to death in the summer of 1988.
Rouhani’s leading opponent in the current presidential campaign is the mid-level cleric Ibrahim Raisi and it is notable that he also played a leading role in the implementation of the fatwa that led to that massacre. It is little wonder, then, that the main target of that massacre, the People’s Mojahedin Organization of Iran, has been organizing a boycott of the election to call attention to the fact that there are no seriously different options to choose between in this or any other Iranian election.
Unfortunately, a surprising number of Western policymakers were eager to embrace Rouhani as a potential source of moderation within the theocratic regime. It is time to change all of that.
The past four years have repeatedly proven the naivety of this position, which led to the nuclear agreement and a slate of associated concessions to the Islamic Republic. Global security and the stability of the Middle East have suffered as a result, as have the Iranian people, who are suffering under the present crackdown being carried out by regime institutions that have gained wealth and influence in the wake of sanctions relief.
Fortunately, the change of leadership in the United States has improved the prospects for a proper response to the forthcoming Iranian election. The administration of President Donald Trump was quick to put Tehran on notice over its illicit tests of ballistic missiles, its destabilizing interference in the affairs of its neighbors, and its provocative gestures toward US naval vessels passing through Middle Eastern waterways.
Since then, US officials have not shied away from calling out Iran’s bad behavior, such as last month when UN Ambassador Nikki Haley appealed to the Security Council to make Iran’s sponsorship of Hezbollah a leading priority in Middle East policy.
Neither Mr. Trump nor his foreign policy advisors have shown any impulse to distinguish President Rouhani from the regime that he serves. On this point the administration is in agreement with the Iranian opposition, which has insisted that there is no real alternative in the Iranian election, since all the candidates are vetted and approved by the mullahs: Iran’s Guardian Council blocks the candidacy of anyone who has not demonstrated strict fealty to the supreme leader and the theocratic system.
This is not to say that there is no difference between Rouhani and Raisi. But although the hardline challenger can be expected to play a more obvious role in the regime’s antagonism of the West, the underlying policy will remain unchanged after this month’s elections, just as it remained unchanged after the last election in 2013.
If any good has come from the past four years of US policy toward Iran, it is a renewed awareness of how little change can be expected in the country even when the most “liberal” faction of Iranian establishment politics has been empowered. Now that the US enjoys newly assertive foreign policy leadership, it is important to recognize that the same way of dealing with the Islamic Republic is called for regardless of the outcome of the May 19th election.
It will then be as important as ever to use sanctions and the support for home-grown democratic movements as a means to undermine the institutions of terrorist sponsorship and domestic repression, and to ultimately encourage the creation of a government wherein electoral choice is not just an illusion.
Alireza Jafarzadeh, deputy director of the Washington office of the National Council of Resistance of Iran, is credited with exposing Iranian nuclear sites in Natanz and Arak in 2002, triggering International Atomic Energy Agency inspections. He is the author of “The Iran Threat” (Palgrave MacMillan: 2008). You can reach him at: Jafarzadeh@ncrius.org.
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Two senior US intelligence officials reacted with dismay after learning moments before taking the stage at a speaking event in New York that the director of the FBI, James Comey, had been fired.
“James Comey has been officially fired,” said Charles McGonigal, special agent in charge of the FBI’s counterintelligence division at its New York field office. He spoke alongside William Evanina, director of the Counterintelligence and Security Center at an event organized by the Foreign Policy Association.
“I think we both felt that Director Comey was probably one of the most loved leaders that we’ve had in a number of years commanding a leadership role in the FBI,” McGonigal said. “I think many of us who were nominated for leadership positions by him will forever hold him in esteem as we progress through our FBI careers.”
President Donald Trump made the decision Tuesday to terminate Comey, who assumed the role as the US’s top law enforcement official in 2013. The White House’s account of Trump’s reasoning for the move has varied, but it immediately caused alarm that the president was attempting to curb a FBI investigation into Russia’s meddling in last year’s election and whether his campaign colluded with that effort.
The event was billed to cover foreign influence operations and counterintelligence, and Comey’s dismissal added gravity to the topics the intelligence officials covered.
The two sought to set the record straight about the extent of Russia’s election operation.
“No voting machine was hacked during the election. That is a fact,” McGonigal said.
“The precincts were not connected,” Evanina added. “At the end of the day and looking toward the next presidential election, this will end up helping us because of a lack of connectivity.”
McGonigal, who leads 150 counterintelligence agents in New York, told anecdotes about his career investigating traditional and economic espionage and technology proliferation cases. He said that of the 14 million visitors that come through John F. Kennedy Airport every year, he is certain that “non-traditional collectors,” individuals obtaining information for a foreign government, are among them.
“The FBI is aware that there are non-traditional collectors coming into the country for the sole purpose of collecting information,” he said. “ We are very mindful of that. We do our best to screen that, keeping in mid the rights and privacy of individuals traveling in the United States.”
On the other hand, Evanina said at NCSC his “optic is to drive strategic policy guidance for counterintelligence security across the US government.” He said that every year his organization creates a strategy signed by the president that is sent to the wider intelligence community including the FBI, CIA and NSA.
When inspecting a suspicious email, he said, take extra time to determine a link is legitimate by hovering the mouse over it and analyze what it is linked to. Over half of American adults have been victimized by theft of personal identifiable information, according to Evanina. More than 90 percent of those thefts occurred from spear phishing, or sending emails linked to malware.
When traveling overseas and a link is clicked on a foreign government’s internet or cell network, malware can be installed that allows that government to “own your phone forever,” Evanina said.
“When you turn your phone on, your phone is now the property of wherever you landed,” he added. “Not just your phone. Your emails, your texts, your database, your contacts is owned by them.”
He ultimately suggested buying a simple, cheap phone when going abroad and saving key contact numbers for the trip.
***
Are you interested in attending the Foreign Policy Association’s next lecture?
What: The sovereign citizen, a talk with HSH Prince Philipp of Liechtenstein
Who: HSH Prince Philipp of Liechtenstein
When: Thursday, May 25, 5:30pm to 8pm
Where: Harvard Hall, Harvard Club
35W 44th St, New York, NY 10036
New York, NY
Please click here for more information.
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Cette recension a été publiée dans le numéro de printemps de Politique étrangère (n°1/2017). Matthieu Tardis, chercheur au Centre Citoyennetés et Migrations de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage de William Maley, What is a Refugee? (Hurst, 2016, 280 pages).
L’ouvrage de William Maley explique et rétablit la complexité des causes à l’origine des mouvements forcés de population.
Sans États, les réfugiés, qui sont le produit de l’ordre westphalien établi en 1648, n’existeraient pas. Cet ordre consacre la souveraineté des États nations et les réfugiés sont les « autres », ceux que l’on expulse pour asseoir une prétendue homogénéité du peuple ou une idéologie. Les réfugiés sont également les victimes des échecs et des défaillances d’États en décomposition. La Paix de Westphalie est un accord sur les frontières ; elle n’instaure pas le contrôle de ces frontières. Celui-ci se développe plus tard avec la création des passeports, des visas, et enfin de bureaucraties dont les missions sont de traiter de manière rationnelle et mécanique des situations relevant de l’humanisme et de la compassion.
Pour autant, selon William Maley, les États font aussi partie de la solution. La question des réfugiés est une affaire de diplomates, en particulier lorsqu’il s’agit de partager les responsabilités de l’accueil. La diplomatie a toutefois ses limites. Si des organisations internationales comme le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés proposent un cadre de négociation, l’auteur souligne que l’asymétrie des puissances n’est pas favorable à une plus grande solidarité avec les pays pauvres qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés dans le monde. La diplomatie a également ses contradictions. L’accord entre l’Union européenne et la Turquie de mars 2016 constitue un cas d’école, où un ensemble de 500 millions d’habitants représentant un quart de la richesse mondiale se place en position de faiblesse face à son voisin turc pour des considérations de court terme.
L’auteur ne présente pas l’utilisation de la force ou les interventions humanitaires comme intrinsèquement contraires au système westphalien. À l’inverse, il rappelle les travaux de la Commission internationale de l’intervention et de la souveraineté des États au début des années 2000. Ils ont souligné que la souveraineté des États leur imposait des responsabilités. La première est de protéger les populations au niveau interne comme au niveau international. La Responsabilité de protéger remet ce concept de protection au centre de la question des réfugiés. Au fil des nombreuses références historiques qui parcourent l’ouvrage, nous apprenons d’ailleurs que ce concept constituait la pierre angulaire de la définition de réfugié, proposée par les premières conventions internationales sur ce sujet avant la Seconde Guerre mondiale. Les rédacteurs de la Convention du 28 juillet 1951, relative au statut des réfugiés, lui préféreront la notion, plus restreinte, de persécution.
L’auteur regrette que l’intervention en Libye en 2011 ait profondément endommagé cette Responsabilité de protéger. De même, il souligne que l’hospitalité n’est pas un attribut de l’État, mais une relation humaine. L’ouvrage est rythmé par nombre d’histoires et de récits individuels du passé et d’aujourd’hui. Professeur à Canberra, William Maley puise ses exemples dans les conséquences les plus absurdes, et souvent tragiques, de la politique d’asile australienne, présentée par un nombre croissant de responsables européens comme un modèle. En somme, What Is a Refugee? présente la question des réfugiés de manière exhaustive, en restant accessible et surtout sans jamais perdre de vue le véritable enjeu : la protection de l’intégrité et de la dignité de la vie humaine.
Matthieu Tardis
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