Les Etats membres ont l’obligation de mettre en œuvre une décision de retour prise par leurs autorités à l’encontre d’un ressortissant de pays tiers, même si ce dernier a introduit une nouvelle demande d’asile, a rappelé la Cour de justice de l’UE, le 15 février dernier, en allant ainsi à l’encontre de la jurisprudence du Conseil d’Etat des Pays-Bas.
La Cour de justice de l’Union a rendu son arrêt dans le cadre d’une procédure préjudicielle d’urgence. Elle devait répondre au conseil d’Etat néerlandais qui lui posait la question de la compatibilité entre le droit communautaire relatif aux normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale et la charte des droits fondamentaux de l’UE combinée avec le récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. Ce dernier arrêt avait établi que la rétention d’un demandeur d’&asile était illégale si elle n’avait pas été imposée à des fins d’éloignement.
L’affaire concerne un ressortissant d’un pays tiers qui a été condamné aux Pays-Bas à de multiples reprises pour vol et dont toutes les demandes ont été rejetées avec ordonnance de quitte le territoire. Il a été de nouveau condamné en 2015 d’une peine prison ferme et, par la suite placé en rétention en tant que demandeur d’asile car il avait introduit une nouvelle demande de protection internationale. ? La juridiction nationale s’est alors posée la question sur la validité de la directive 2013/33 (normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale), qui autorise le placement en rétention d’un demandeur d’asile lorsque la protection de la sécurité nationale ou de l’ordre public l’exige, l’intéressé ayant mis en avant la jurisprudence de la CEDH.
Dans son arrêt la Cour de Justice a tout d’abord constaté que la mesure de rétention, prévue par la directive en question, répond effectivement à un objectif d’intérêt général reconnu par l’Union, c’est-à-dire la protection de la sécurité nationale et de l’ordre public, en rappelant que la durée de la rétention devait être la plus brève possible. Mais pour répondre à la question posée, la Cour a ensuite recouru à une autre directive, celle aux normes et procédures communes sur le retour des ressortissants des pays tiers en séjour irrégulier (dirctive2008/115).
La Cour a ainsi souligné que le droit de l’UE exigeait qu’une procédure ouverte qui a donné lieu à une décision de retour puisse être reprise au stade où elle a été interrompue en raison du dépôt d’une demande d’une protection internationale dès que cette demande a été rejetée en première instance. Les Etats membres doivent respecter cette règle car il en va de l’objectif poursuivi d’instaurer une politique efficace d’éloignement et de rapatriement des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier « dans les meilleurs délais ».
Les juges n’ont finalement fait que rappeler le contenu du droit communautaire. En combinant ainsi les deux directives et en rappelant que la Jurisprudence de la CEDH permet la rétention d’une personne contre laquelle une procédure d’expulsion est en cours, ils ont néanmoins invalidé la jurisprudence en vigueur aux Pays-Bas où le Conseil d’Etat avait établi que l’introduction d’une demande d’asile par une personne faisant l’objet d’une procédure de retour avait pour effet de rendre caduque une décision de retour antérieure.
Pour en savoir plus :
-. Arrêt, prise de position et demande (JO) http://curia.europa.eu/juris/documents.jsf?num=C-601/15
-. Texte de l’arrêt (FR) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=174342&pageIndex=0&doclang=fr&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=622801 (Nl) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=174342&pageIndex=0&doclang=NL&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=622801
-. Prise de position de l’avocat général(FR) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=174343&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=622801(Nl) http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=174343&pageIndex=0&doclang=NL&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=622801
-. European migration Law(FR) http://europeanmigrationlaw.eu/fr (EN) http://europeanmigrationlaw.eu/en
– Mise en œuvre de l’Agenda Migration du 10 février 2016(EN) http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-271_en.htm (FR) http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-271_fr.htm
Les lois polonaises touchant à l’Etat de droit inquiètent Nils Muznieks, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe cependant la Commission Libe du Parlement européen poursuit ses travaux concernant son rapport d’initiative sur l’Etat de droit (rapporteure Sophie In’tVeld). Au terme d’une visite de quatre jours en Pologne, Nils Muznieks concernant les lois « adoptées à la hâte durant ces derniers mois », vient de souligner une inquiétude croissante le 12 février dernier.
« La paralysie du tribunal constitutionnel aurait de lourdes conséquences sur les droits humains de tous les citoyens » a-t-il notamment précisé en appelant les autorités à se conformer à l’avis de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe qui s’est rendue à Varsovie du 7 au 9 février, avis qu’elle publiera lors de sa prochaine plénière les 11 et 12 mars prochain.
« La protection des droits humains ne peut être assurée sans des mécanismes garantissant l’Eta de droit, en particulier en ce qui concerne l’équilibre entre les différents niveaux de pouvoirs » a d’ores et déjà rappelé le commissaire aux droits de l’homme qui se déclare particulièrement préoccupé par l’&adoption en décembre dernier, d’une loi de transition les médias publics. »Placer ceux-ci sous le contrôle direct du gouvernement en lui permettant de nommer ou démettre les membres de l’autorité de surveillance est en contradiction avec les standards du Conseil de l’Europe qui requièrent l’indépendance des médias par rapport à toute interférence politique ou économique » a-t-il rappelé avec force.
Nils Muizenieks encourage fortement les autorités polonaises à consulter la société civile, le Conseil de l’Europe et tous les partenaires nationaux et internationaux dans le cadre de la réforme annoncée. Selon lui « de solides garde-fous doivent être mis en place afin de protéger l’indépendance et le pluralisme des médias publics afin qu’ils puissent assurer leur rôle d’observateurs d’une société démocratique ».
La protection des données personnelles inquiète également le commissaire aux Droits de l’homme qui appelle à rétablir une telle protection dans le plein respect de la Convention européenne des droits de l’homme. Les droits de la femme et de l’enfant ont également été évoqués ainsi que la lutte contre les violences domestiques.
Pour en savoir plus :
Texte de la Déclaration de Nils Muizeniekshttp://www.coe.int/en/web/commissioner/-/poland-slow-down-and-consult-on-legislation-to-avoid-human-rights-backsliding
Une délégation de 11 députés de la commission des budgets du Parlement européen s’est réunie à Ankara mardi avec le vice-premier ministre Mehmet Şimşek et d’autres membres du gouvernement et du Parlement turcs pour entendre leur opinion sur les défis liés à la crise des réfugiés syriens et aux mesures et besoins du pays pour la surmonter.
L’objectif des députés est d’évaluer comment les fonds de l’UE en soutien aux réfugiés sont utilisés sur le terrain, en particulier au vu du nouveau mécanisme de soutien de trois milliards d’euros qui est actuellement mis sur pied à partir de fonds en provenance du budget de l’UE et des États membres.
« La Turquie est le premier bénéficiaire de fonds européens en-dehors de l’Union européenne. Aujourd’hui, l’Union franchit une nouvelle étape, aux côtés de la Turquie, en mobilisant de nouveaux moyens financiers pour faire face à la crise des réfugiés. Cette crise nécessite une réponse ambitieuse et coordonnée, en partenariat avec les agences de l’ONU, les États Membres, les ONG, et bien sûr les autorités turques », a déclaré Jean Arthuis (ADLE, FR), président de la délégation de la commission des budgets. « Ce que nous avons ressenti très fortement aujourd’hui c’est l’urgence quant à la mise en oeuvre de mesures concrètes pour répondre aux attentes des réfugiés. Pour éviter toute perte de temps, nous nous sommes permis de dire à nos interlocuteurs, c’est-à-dire les représentants du gouvernement et du Parlement turcs, qu’il devait y avoir une totale transparence dans leur estimation des besoins. Il en va de l’effectivité et de l’efficacité des moyens mis à disposition », a-t-il ajouté.
Besoin de rapidité, mais aussi d’une mise en oeuvre correcte, les députés, dans leurs réunions avec les membres et les fonctionnaires des gouvernement et Parlement turcs ainsi qu’avec des représentants de la Commission européenne, des États membres de l’UE, des partenaires internationaux et locaux et des ONG de droits de l’homme, ont insisté sur la nécessité de contrôler et de surveiller adéquatement la manière dont les fonds sont dépensés. D’autre part, ils ont souligné l’urgence croissante à les mettre en oeuvre rapidement, puisque de nombreux réfugiés continuent d’arriver à la frontière avec la Syrie et que la situation politique sur le terrain est de plus en plus complexe. Ils ont étudié, entre autres, les moyens pratiques pour coordonner et canaliser les nouveaux fonds.
Nouveau « fonds pour réfugiés » de 3 milliards d’euros: le Parlement européen se prononce sur un tiers du paquet. Selon la Commission européenne, l’UE est le principal donateur dans la réponse internationale à la crise syrienne, avec plus de 5 milliards d’euros provenant de l’UE et des États membres collectivement dans l’aide humanitaire, au développement, l’aide économique et la stabilisation humanitaire. Le soutien de l’UE va à la fois aux Syriens dans leur pays et aux réfugiés et leurs communautés d’accueil dans les pays voisins, à savoir au Liban, en Jordanie, en Turquie et en Irak. La commission des budgets du Parlement européen, qui, avec le Conseil de l’UE, constitue l’autorité budgétaire de l’UE, a un intérêt évident à recueillir des informations sur le terrain pour alimenter les débats et les décisions concernant la rectification des budgets de l’UE ainsi que les futurs budgets européens, en particulier concernant le nouveau fonds pour les réfugiés de 3 milliards d’euros, auquel le budget de l’UE devrait apporter une contribution d’un milliard d’euros, comme récemment annoncé.
Pour en savoir plus :
Les membres de la délégation: Jean Arthuis (ADLE, FR, chef de la délégation), José
Manuel Fernandes (PPE, PT), Paul Rübig (PPE, AT), Inese Vaidere (PPE, LV), Jens
Geier (S&D, DE), Jean Paul DENANOT (S&D, FR), Anders VISTISEN (ECR, DK), Anneli
Jäätteenmäki (ADLE, FI), Younous Omarjee (GUE/NGL, FR), Ernest MARAGALL
(Verts/ALE, ES) et Marco ZANNI (EFDD, IT).
Commission européenne: support de l’UE en réponse à la crise syrienne: http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-16-222_en.htm
Commission des budgets: http://www.europarl.europa.eu/committees/fr/budg/home.html