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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 6 hours 7 min ago

L’effet Le Drian

Tue, 17/11/2015 - 09:57

En Afghanistan, avec François Hollande, en 2012 (crédit : MOD France)

(B2) Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la défense, avait promis de secouer l’Europe de la défense. Avec la force des évènements survenus à Paris vendredi (13 novembre), il a choisi de mettre sa promesse à exécution. En déclenchant la clause d’assistance mutuelle ou de défense mutuelle, de l’article 42.7, il déclenche un vent de force 7. Une petite révolution, tout de même, à l’échelle européenne.

Une clause délaissée

Jamais personne n’avait pensé un jour que cette clause, reproduite du Traité de l’Union de l’Europe occidentale, et datant de 1948 (tournée plutôt contre l’Allemagne à l’origine puis vers la Russie), trouverait un jour à s’appliquer. Personne n’avait non plus la moindre idée, hier encore, de ce que pouvaient demander les Français ni des modalités de discussion. Il y a, en effet, eu très peu de travaux doctrinaux, internes, depuis son introduction dans le Traité de Lisbonne, ne serait-ce qu’une note interprétative sur la façon dont peut fonctionner cette clause (lire notre explication : La clause d’assistance mutuelle. Origine, déclenchement, effets, limites (fiche-mémo)). Dans un monde de procédures, on sentait donc quelque peu le flottement. Les autorités européennes semblaient également avoir été averties assez tard de la demande française.

Au pied du mur, sur les autres théâtres d’opération

Avec cette demande, Jean-Yves Le Drian veut surtout mettre les Européens au pied du mur, « face à leurs responsabilités » comme l’a expliqué François Hollande dans son discours devant le Congrès à Versailles, lundi après-midi (16 novembre) (Lire : Terrorisme. François Hollande sonne les cloches aux Européens et réclame plus de solidarité). Il souhaite un peu plus que des mots de compassion mais un engagement plus ferme au plan politique comme opérationnel. Il faut davantage d’implication des Européens sur le terrain militaire en Syrie par exemple, mais aussi sur les autres théâtres d’opération où sont engagés les Français : au Sahel (Mali, Niger…), en Méditerranée. La France veut arriver également à un dispositif de solidarité financière plus efficace qu’aujourd’hui. Toutes les tentatives pour réformer le système n’ont pas échoué mais ont fait des avancées minimes.

Des mesures dans la lutte anti-terrorisme

La France veut aussi faire prendre conscience de la nécessité pour les Européens — les Etats membres mais aussi les autres institutions européennes (le Parlement européen) — d’avancer sur certaines mesures législatives ou opérationnelles en matière de lutte anti-terroristes, notamment sur l’échange de renseignements. Accessoirement, l’ouverture de cette clause permet d’avancer vers une reconnaissance d’une exemption pour circonstances exceptionnelles aux règles du Pacte de stabilité.

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : une conférence de presse du ministre français et de la Haute représentante de l’UE est prévue dans quelques minutes à Bruxelles (vers 10h). On en saura plus à ce moment là.

Nouveau raid en Syrie

Tue, 17/11/2015 - 09:24

(B2) Les avions français ont mené à nouveau un raid contre Daech (organisation de l’Etat islamique / ISIS) à Raqqah en Syrie, annonce l’état-major des armées. Dix avions de combat étaient de la partie : 6 Mirage 2000 et 4 Rafale. Comme dans la nuit de dimanche à lundi (lire : Deux frappes de représailles sur Raqqah), les équipages ont décollé à partir des bases situées en Jordanie et dans le Golfe arabo-persique (GAP) pour se rejoindre au-dessus de la Syrie. Ils ont frappé « simultanément un centre de commandement qui abrite l’un des quartiers généraux de Daech, et un centre d’entraînement ». Au total 16 bombes ont été larguées.

 

(NGV)

Deux frappes de représailles sur Raqqah

Mon, 16/11/2015 - 17:58

Rafale engagé dans l’opération Chammal (crédit : EMA / DICOD)

(B2)  Les avions français ont effectué dimanche (15 novembre) deux raids sur Raqqah en Syrie, respectivement « à 19h50 et 20h25 » indique l’état-major des armées. Les deux objectifs visés par les frappes — 1 centre de commandement et 1 camp d’entraînement de Daech — ont été détruits. 12 avions dont 10 chasseurs – 6 Rafale, 4 Mirage 2000 (2 M2000D et 2 M2000N) — ont participé à l’opération. Celle-ci a été menée « de façon simultanée, à partir des bases du golfe arabo-persique et de Jordanie ; les équipages se sont rejoints au-dessus de la Syrie pour attaquer les deux objectifs occupés par Daech ».

Situé à 6 km au Sud de Raqqah, le premier objectif a été frappé par une patrouille de 2 Mirage 2000D. Le site était utilisé par Daech comme « poste de commandement, centre de recrutement djihadiste et dépôt d’armes et de munitions ». Une patrouille de 4 Rafale et 2 Mirage 2000D a détruit le deuxième objectif localisé à l’Ouest de Raqqah. « Infrastructure industrielle inachevée, l’objectif abritait un camp d’entraînement terroriste et des cellules de recrutement ».

Planifiée sur des sites préalablement identifiés lors des missions de reconnaissance réalisées par la France, cette opération a été « conduite en coordination avec la Coalition » précise le communiqué. Les deux sites ont fait « l’objet d’une longue observation préalable ». Le raid a pu être conduit grâce aux vols de renseignement réalisés au-dessus des zones contrôlées par Daech en Syrie depuis le 8 septembre. Les Français ont également bénéficié d’une aide précieuse des Américains, comme l’a précisé le président de la République.

Le Charles de Gaulle en Méditerranée

A noter que le porte-avion Charles de Gaulle appareillera jeudi (19 novembre) finalement et non mercredi de Toulon. Et il se rendra tout d’abord « en Méditerranée orientale » et non directement dans le Golfe persique comme annoncé (lire : Le Charles-de-Gaulle en mission anti-Daech avec une escorte belgo-britannique).

 

(NGV)

La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?

Mon, 16/11/2015 - 15:35

(B2) Après les attentats de Paris, qui sont d’une magnitude importante mais pas inédite en Europe (1), plusieurs clauses de solidarité peuvent être activées tant au niveau de l’OTAN que de l’Union européenne. Et la France pourrait solliciter l’une comme l’autre, voire les deux à la fois, selon ce que décidera le gouvernement français. Rien n’interdit, en effet, à Paris de solliciter à la fois les alliés de l’OTAN et ses alliés de l’Union européenne (souvent les mêmes). Les deux clauses sont d’ailleurs complémentaires. L’une est plus politique et militaire ; l’autre est tout autant politique mais comprend une palette de mesures plus large.

La clause de solidarité de l’OTAN : un acte majeur

La plus célèbre des clauses de solidarité est celle incluse dans le Traité pour l’Atlantique nord (OTAN). C’est l’article 5 qui prévoit que si un Allié est victime d’une attaque armée, chacun des autres membres de l’Alliance « considérera cet acte de violence comme une attaque armée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il juge nécessaires pour apporter une assistance à l’Allié attaqué ». Elle n’a été invoquée qu’une fois, par les Etats-Unis, lors des attentats du World trade center et du Pentagone, le 11 septembre 2001. De par la nature politico-militaire de l’OTAN, la réponse naturelle à ce type de consultations est d’ordre plutôt militaire.

Un succédané existe, une procédure de consultation, ou d’alerte, prévue à l’article 4 qui prévoit de consultations entre alliés « chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». Clause invoquée à plusieurs reprises par les Turcs notamment.

Lire notre fiche mémo : La clause de l’article 5 (solidarité), la clause d’alerte (article 4)

La clause de solidarité à l’européenne : jamais utilisée en tant que telle

Depuis les attentats en Espagne de 2004, et le Traité de Lisbonne, l’Union européenne dispose d’une procédure d’alerte et de solidarité, formalisée, et déclenchable en cas de problème majeur (attaque terroriste, catastrophe importante naturelle ou humaine) prévue à l’article 222. Elle est déclenchée par un État membre quand celui-ci « estime, après avoir exploité les possibilités offertes par les moyens et les instruments existants, tant au niveau national qu’à celui de l’Union, que la situation manifestement dépasse les capacités de réaction dont il dispose ». Il y a là une notion d’incapacité partielle de réponse, qui n’est pas présente dans la clause de solidarité de l’OTAN. Une décision est venue préciser, en 2014, les modalités d’usage de cet article.

L’Union européenne mobilise alors « tous les instruments pertinents (qui) peuvent le mieux contribuer à la réaction face à la crise », que ces instruments soient « sectoriels, opérationnels, stratégiques ou financiers » voire « militaires ». L’intérêt de cet instrument est qu’il est tout autant technique que politique et, surtout, qu’il offre une palette d’outils de réponse possibles, de façon très souple. Outre les mesures conjoncturelles, on peut ainsi considérer qu’il y a nécessité de prendre une décision obligatoire, d’engager des financements, de mettre à disposition des moyens d’autres pays (policiers, experts de renseignement…). On peut même estimer qu’il est nécessaire de reporter certains engagements financiers de la France (par exemple en matière de déficit).

Cependant le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas n’a pas voulu se placer dans cette hypothèse. « Nous sommes dans la période de deuil et de recueillement, ce n’est pas le moment » a-t-il déclaré ce midi, en réponse à la question d’un collègue. « Toute une série de conditions sont associées » à la mise en oeuvre de la clause. Il n’a cependant pas voulu totalement exclure cette hypothèse parmi toutes les autres mesures.  « Le collège (des commissaires européens) en discutera mercredi (tout comme) les ministres vendredi » a-t-il ajouté

Lire notre fiche-mémo (B2 Pro) : La clause de solidarité – article 222

La clause d’assistance mutuelle

L’Union européenne dispose aussi d’une autre clause, dite de défense ou d’assistance mutuelle – semblable à celle de l’OTAN et découlant directement de l’article V du traité de l’Union pour l’Europe Occidentale signé en 1948 —. Si un État membre est objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui « doivent » aide et assistance « par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies », prévoit ainsi l’article 42.7 du Traité.

Lire notre fiche-mémo : Les clauses de solidarité et défense mutuelle dans le Traité

Un signal politique très important

Au-delà du symbole, le déclenchement d’une de ces clauses obligerait les Européens et les alliés euro-atlantiques à s’engager plus avant, que ce soit par des mesures politiques, financières, de sécurité, voire militaires. L’usage de l’article 5 de l’OTAN serait un signal politique de gravité notable, en rapport avec les déclarations (guerrières) du président François Hollande quelques heures après l’attentat. Elle obligerait à une solidarité extrême, militaire, les autres Etats membres. L’usage de l’article 222 de l’Union européenne comme de l’article 42.7 serait une première en soi. Elle serait conforme au tropisme européen de François Hollande et obligerait les partenaires européens et les institutions européennes à être à la fois plus solidaires et plus réactifs, pas seulement dans les mots… mais aussi dans les actes.

(Maj – 17h) Le président de la République française, François Hollande, vient d’annoncer à Versailles avoir demandé à son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d’évoquer demain, mardi, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, la mise en oeuvre de la clause de défense mutuelle, prévue à l’article 42.7 du Traité de l’UE.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Les attentats survenus à Madrid dans plusieurs gares au même moment le 11 mars 2004 ont fait près de 200 morts et 1400 blessés

Attentats de Paris. Une nuit en Europe et ailleurs aux couleurs françaises

Sun, 15/11/2015 - 10:51

Le mur des lamentations à Jérusalem (crédit : Israel)

(B2) Dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, de nombreux monuments officiels ou symboliques se sont illuminés aux couleurs tricolores cette nuit de samedi à dimanche, en hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015, au Bataclan, au Stade de France, sur les terrasses et les rues du 10e et 11e arrondissement. Un hommage visuel qui a sans doute autant de poids que les mots.

Attentats de Paris. Plusieurs victimes européennes

Sat, 14/11/2015 - 13:36

(B2) Les attentats de Paris vendredi 13 novembre au soir sont sans doute un des plus lourds au niveau européen. Il pourrait approcher les 150 morts au final. Le dernier bilan dressé par les autorités françaises,  transmis par l’AFP, samedi en début d’après midi, fait état de 128 morts, 300 blessés dont 80 en « urgence absolue ». On décompte plusieurs victimes européennes, essentiellement au Bataclan lors du concert des Eagles of Death Metal (1),

Deux Belges ont été tués a confirmé, samedi, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.

Trois Néerlandais sont blessés, dont deux gravement, et un plus légèrement, deux hommes et une femme, a confirmé son homologue néerlandais Bert Koenders.

Une étudiante suédoise de 23 ans aurait été blessée (sans gravité apparemment) selon la presse suédoise.

Trois Autrichiens étaient au Bataclan, deux sont sains et sauf, mais on est sans nouvelles du troisième, assure le ministère des Affaires étrangères.

Les ambassades et consulats étrangers à Paris sont mobilisés également pour identifier si certains ressortissants figurent parmi les victimes (tués ou blessés). Un numéro d’urgence a été mis en place par le Quai d’Orsay à destination de l’étranger. + 33 (0) 1 45 50 34 60 .

(NGV)

Sentinelle, une opération inutile face au terrorisme ‘pur’ ?

Sat, 14/11/2015 - 11:45

déploiement de militaires aux Antilles en janvier (crédit : EMA / DICOD)

(B2) L’ampleur des attentats simultanés qui ont eu lieu ce vendredi (13 novembre), au Bataclan, au Stade de France… doit interpeller sur le dispositif de sécurité. Il signe un certain échec du plan Vigipirate et de l’opération Sentinelle.

Un terrorisme au sens pur

Le stade de France à Saint-Denis, le 10e et le 11e arrondissement sont des quartiers éminemment populaires. Le déploiement en nombre de personnel militaire protégeant certains bâtiments sensibles, de façon permanente, est plutôt avec le terrorisme. Du moins le terrorisme, au sens « pur » du terme, celui qui est destiné à semer la terreur parmi la population et vise toute une série d’objectifs « non stratégique » mais la population.

Un dispositif couteux

L’opération Sentinelle est un dispositif couteux — en hommes — et impossible à tenir à la fois dans la durée et dans l’étendue.  7.000 militaires sont mobilisés en permanence (10.000 au plus haut de la crise après les attentats de janvier à Charlie hebdo, Montrouge et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes). Il est aussi en grande partie inutile face à ce type de terrorisme. Peut-on protéger toutes les salles de spectacle, les stades, les restaurants, tous les lieux publics ? Dans ce cas, le terrorisme s’en prendra aux épiceries, aux supermarchés, au bus et au métro. Protégera-t-on le centre de Paris ? Les terroristes viseront des cibles en banlieue ou en province. L’usage de militaires de façon permanente pose aussi des problèmes d’ordre juridique mais aussi opérationnels.

qui a ses limites

Toutes les questions doivent maintenant être posées, sans tabou. Les effectifs militaires ne sont pas extensibles à l’infini. En comptant les opérations extérieures, le maintien de la présence dans les bases permanentes extérieures et outre-mer + l’opération intérieure, il y a plus de 20.000 hommes mobilisés en permanence. Est-ce judicieux d’employer des militaires en métropole en nombre à des missions de police ? Ne seront-ils pas plus efficaces aux missions pour lesquelles ils ont été formées, à l’extérieur du territoire ? N’est-il pas plus utile d’employer des policiers et de gendarmes dont c’est la fonction et qui ont la capacité d’intervenir ? Ce qui pose la question de l’augmentation des effectifs, donc du budget supplémentaire (donc une augmentation du déficit).

et créé une illusion de sécurité

Ce dispositif est trompeur. Il crée également une fausse sécurité dans tous les autres lieux. Il ne s’agit pas de créer la panique, mais de sensibiliser la population, d’avoir une certaine méfiance par rapport à des actes suspects et de prendre les bonnes dispositions en cas d’attaque. Dans une population, qui pour sa grande majorité, n’a jamais connu la guerre, voire les précédentes vagues d’attentats (type OAS ou FLN durant la guerre d’Algérie), il importe aussi de développer un esprit de résilience. Même les vagues les plus récentes — celles du GIA ou iraniennes de 1986 ou 1995 — qui visaient (elles aussi) des cibles populaires — peuvent paraitre lointaines.

Développer une résilience

Avoir les bons réflexes en cas d’attaque, apprendre à maitriser son sang-froid ne sont pas innés. Il y a des règles, des conseils à donner à la population. Eviter de montrer du doigt contre certaines religions ou nationales, de développer du racisme ou de la haine raciale est aussi impératif. Ce serait pire que tout et nourrirait les attentats de demain.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire : Armée déployée en France. Une « opération intérieure » de protection

Après les attentats sanglants de Paris, choc et solidarité en Europe et ailleurs (Maj5)

Sat, 14/11/2015 - 10:05

(B2) Très vite, dans la soirée de vendredi et la nuit, venues de toutes les capitales européennes et des alliés de l’OTAN, les réactions ont fusé. Le mot qui revient le plus souvent est le « choc » après les attentats sanglants qui ont frappé Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre en soirée. Le bilan est, en effet, un des plus lourds au niveau européen (lire : Plusieurs victimes européennes ?).

Chaque dirigeant exprime sa consternation, son émotion, sa sympathie, ses condoléances. Mais très vite le message politique reprend le dessus. C’est la « démocratie qui est attaquée » revient souvent de même que le message de « solidarité » avec la France et toutes les victimes. Tous les Européens ont été invités à se joindre à une minute de silence en mémoire des victimes à midi le lundi 16 novembre.

Des réunions d’urgence

Plusieurs gouvernements ont décidé une réunion d’urgence samedi matin : Belgique (Kern), Allemagne (conseil des ministres), Finlande (conférence téléphonique puis réunion ministérielle), Italie (unité de crise), Royaume-Uni (Cobra), Slovaquie (conseil de sécurité)…

Debout dans la solidarité (Donald Tusk, Conseil européen)

Donald Tusk, le président du Conseil européen prend aussitôt sa plume et envoie dans la nuit une lettre à François Hollande vigoureuse. « Aujourd’hui, la France est sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme. Mais elle est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et tous les autres peuples du monde libre, aussi. La France est une grande, forte et résiliente nation. Ce qui lui permettra de surmonter cette tragédie. » Et il ajoute un message de solidarité. « Debout dans la solidarité, l’Union européenne aidera. Nous nous assurerons que le tragique acte honteux de terrorisme contre Paris échoue dans son objectif : diviser, pour effrayer, et saper la liberté, l’égalité et la fraternité, les valeurs qui font de la France une grande nation (…) ». Il conclut en « exigeant » que la réunion des chefs de file mondiaux au G20 de Antalya « réponde à la menace du terrorisme extrémiste. Nous ferons en sorte que tout ce qui peut être fait au niveau européen pour faire de la France sécuritaire qui se fait. Et nous veillerons à ce que la stratégie anti-terroriste de l’Europe soit apte à faire face aux défis des mois à l’avance. » Télécharger la Lettre (1) et la déclaration

Le bien plus fort que le mal (UE)

« Le bien est plus fort que le mal » déclarent les 28 Chefs d’Etat et de gouvernement dans une déclaration publiée samedi après-midi (télécharger ici). « Tout ce qui peut être fait au niveau européen pour assurer la sécurité de la France sera fait. Nous ferons ce qui est nécessaire pour vaincre l’extrémisme, le terrorisme et la haine. »

Une réunion de Vienne sur la Syrie qui change de sens (Federica Mogherini, HR)

« C’est un autre jour triste. La réunion que nous avons ici aujourd’hui à Vienne devrait prendre une autre sorte de sens » exprime la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini à l’ouverture de la réunion, samedi. « Les pays autour de la table aujourd’hui ont presque tous connu la même douleur, la même douleur, le même choc au cours des dernières semaines. Paris, hier, le Liban, la veille, la Russie et l’Egypte il y a deux semaines, la Turquie il y a quelques semaines. Cela nous indique très clairement que nous sommes ensemble (…) Européens, Arabes, Est et Ouest, toute la communauté internationale, sommes affectées par le terrorisme et ceux qui se battent pour nous diviser et semer la panique. » Et d’ajouter : « La meilleure réponse à cette question est en réalité à venir ensemble, surmonter nos différences, et d’essayer ensemble pour ouvrir la voie vers la paix en Syrie »

Des actes abjects  (UE / Commission européenne)

Réunies en pleine discussion budgétaire (budget européen de 2016), les trois institutions européennes (Parlement, Conseil européen, Commission européenne) « condamnent ces actes abjects qui les choquent profondément » dans un communiqué publié à 1 heure du matin.Je suis « atterré et révolté de voir que la France est en ce moment même frappée par le terrorisme le plus odieux » s’exprime Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne

Nous sommes du côté de la France (Merkel/Steinmeier, Allemagne)

« Je suis profondément choqué par les nouvelles et les images qui nous parviennent de Paris » exprime la Chancelière Angela  Merkel dès vendredi soir. Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, se dit également « consterné et choqué par les événements (…) Nous sommes du côté de la France ! ». Une réunion ministérielle d’urgence a été convoquée à Berlin ce samedi matin. Et la chancelière promet de « tout faire » pour aider la France dans le « combat contre ces terroristes ».

Notre plus vieil allié, un partenaire essentiel (Obama / Kerry, USA)

Barack Obama, le président américain et John Kerry, le secrétaire d’Etat US, adressent un message de solidarité faisant partager « l’indignation et la tristesse sur les attaques terroristes ». (…) Ce sont des actes ignobles, haineux, mauvais. Ceux d’entre nous qui le peuvent devront faire tout en notre pouvoir pour combattre ce qui peut être considéré comme une violation de notre humanité commune. (…) La France est notre plus vieil allié, un ami et un partenaire essentiel. Nous sommes avec le peuple français ce soir, que nos peuples ont toujours été ensemble dans nos heures les plus sombres. Ces attaques terroristes ne feront que renforcer notre volonté commune. »

Nous sommes tous ensemble (David Cameron, Royaume-Uni)

Sur Twitter, le premier ministre britannique David Cameron adresse quelques mots au « peuple français ». En quelques mots, tout est résumé mieux que tous les autres messages. La puissance du verbe britannique, exprimé pour moitié en français. « Nous sommes solidaires avec vous. Nous sommes tous ensemble. We are with you. United. »

My message to the French people: Nous sommes solidaires avec vous. Nous sommes tous ensemble. We are with you. United.

— David Cameron (@David_Cameron) 14 Novembre 2015

Unis contre le terrorisme (Werner Faymann, Autriche)

Même tonalité du message à Vienne, où le chancelier Werner Faymann exprime sa « solidarité » soulignant que « la communauté internationale doit maintenant se tenir ensemble, unie contre le terrorisme ».


L’OTAN hisse le drapeau français sur son site

Le terrorisme ne vaincra jamais la démocratie (Jens Stoltenberg, OTAN)

« Je suis profondément choqué par les attentats terroristes épouvantables perpétrés en plusieurs endroits de Paris cette nuit. Mes pensées vont vers les familles des victimes, vers toutes les personnes touchées par ces attaques, et vers le peuple français. Nous sommes forts et unis dans la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme ne vaincra jamais la démocratie. » déclare à son tour, le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg.

Choc et chagrin (Stefan Löfven, Suède)

Le Premier ministre suédois Stefan Löfven exprime son « choc et le chagrin que nous recevons des rapports de Paris et de suivre l’évolution minute par minute. Je pense et je crois fermement avec les victimes, leurs proches et le peuple français. Nous sommes unis avec la France en cette heure sombre. »

Une attaque contre la démocratie elle-même (Grèce)

« Le peuple grec dans son ensemble est choqué par ces lâches attentats terroristes. Ces attaques sont des attaques non seulement contre la France, mais aussi contre l’ensemble du monde civilisé et la démocratie elle-même ».

L’importance du cadeau des pères fondateurs de l’Union (Matteo Renzi, Italie)

« Ce matin, j’ai redécouvert comme tous les Italiens l’importance du cadeau offert par les pères fondateurs de l’UE. Ils ont fait la guerre et ils nous ont offert la paix. Comme tous les Italiens je sais que les terroristes ne vaincront pas » a voulu souligner Matteo Renzi. Et d’annoncer une « intensification de tous les contrôles de sécurité sur le territoire national ».

Ne pas tomber dans le piège de la peur (Charles Michel, Belgique)

« Je lance un appel à ne pas tomber dans le piège de la peur. Tous les démocrates doivent se tenir debout face au terrorisme » estime le Premier ministre belge, Charles Michel, à l’issue d’un conseil restreint et de demander à « (ses) concitoyens d’éviter d’aller à Paris si ce n’est pas indispensable. Les contrôles seront renforcés dans les événements publics ».

La peur et l’intolérance ne doivent pas dominer (Juha Sipilä, Finlande)

Même tonalité en Finlande. « C’est un coup dur pour les sociétés démocratiques et ouvertes. La peur et l’intolérance ne doivent pas se répandre après les attentats, même si ceux-ci offrent également un espace » souligne le Premier ministre finlandais Juha Sipilä. Tandis que son ministre des Affaires étrangères, Carl Haglund « condamne les attentats de Paris où la démocratie et la transparence ont été attaquées ».

Tuomitsen Pariisin hirvittävät tapahtumat, joissa demokratiaa ja avoimuutta vastaan on hyökätty. Surunvalitteluni kaikkien uhrien omaisille. — Carl Haglund (@Calle_Haglund) November 14, 2015

Un jour sombre en Europe (Lars Løkke Rasmussen, Danemark)

« L’ampleur des attentats à Paris est incompréhensible et me remplit d’une profonde tristesse » assure le Premier ministre danois, Lars Løkke Rasmussen qui parle d’un « jour sombre aujourd’hui en Europe ». « Je condamne dans les termes les plus vigoureux les auteurs des hommes qui sont derrière ces attaques terroristes sur la société française. (Nous) surveillons de près la situation à Paris. » La pleine coopération de l’Espagne dans la lutte anti-terroriste (Mariano Rajoy, Espagne) Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, envoie un télégramme à François Hollande et Manuel Valls, exprimant « la solidarité de l’Espagne et du peuple espagnol avec le peuple français. (…) Ils peuvent compter, bien sûr, sur la pleine coopération de mon gouvernement, des forces espagnoles et de sécurité dans la lutte implacable contre la barbarie terroriste. »

« Ante las horribles noticias sobre los salvajes atentados de este viernes en París quiero hacerle llegar inmediatamente mi más enérgica condena de los mismos, la solidaridad de España y de los españoles con el pueblo francés, nuestro más sentido pésame a las familias de los asesinados y nuestros mejores deseos de restablecimiento para los heridos. Pueden contar, por supuesto, con toda la colaboración de mi Gobierno y de las fuerzas y cuerpos de seguridad españoles en la lucha sin cuartel contra la barbarie terrorista. »

Tristesse, chagrin et colère (Andrzej Duda, Pologne)

Le ministre (sortant) de la Défense, Tomasz Siemoniak (Plate-forme civique), et la Première ministre (sortante), Ewa Kopasz, ont déposé ce samedi matin, une gerbe et allumé une bougie symboliquement devant l’ambassade de France à Varsovie, où plusieurs personnes s’étaient spontanément rassemblées.

Le président polonais Andrzej Duda (PiS) exprime « Tristesse, chagrin et colère » adressant par twitter ses « condoléances au peuple français, en particulier les familles qui ont perdu leurs chers. Nous sommes avec vous à l’esprit, le regret, la prière. »

Smutek, żal i gniew. Wyrazy współczucia Francuzów, zwłaszcza Rodzin które straciły najbliższych. Jesteśmy z Wami myślą, żalem i modlitwą. — Andrzej Duda (@AndrzejDuda) 13 Novembre 2015

 Avec l’ensemble de la communauté internationale, nous sommes profondément choqués par (cette) série d’attaques terroristes. Nous condamnons fermement cet acte de barbarie sur une échelle sans précédent. » souligne le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Marcin Wojciechowski. « Nos pensées sont dans ces moments difficiles avec les gens qui ont souffert dans les attentats et avec les habitants de Paris et dans toute la France. » Et Varsovie d’appeler « les Polonais vivant à Paris et dans toute la France à des précautions spéciales et le strict respect des recommandations des autorités locales dans le cadre de l’introduction de l’état d’urgence. »

Contre la terreur ! (EUTM Mali)

Dans les missions européennes de la PSDC déployées à l’étranger, c’est aussi la consternation. « Contre la Terreur! » s’exclame  la mission européenne de formation de l’armée malienne à Bamako (EUTM Mali). « Les membres de la mission EUTM Mali sont solidaires avec la France et ses citoyens! »

Contre la Terreur! Les membres de la Mission EUTM MALI sont solidaires avec la France et ses citoyens! Against… https://t.co/YiuAQyrqwY — eutmmali (@eutmmali1) November 14, 2015

Non aux réfugiés ! (R. Zymanski, Pologne)

Mais très rapidement, les déclarations mêlant immigration et terrorisme reprennent le dessus. « Le nouveau son de cloche du gouvernement polonais PiS issu des urnes des dernières élections reprend le dessus « Compte tenu des événements tragiques à Paris, nous ne voyons pas les possibilités politiques de l’exécution (des décisions prises au plan européen de relocalisation des réfugiés) » affirme le nouveau ministre des affaires européennes, Richard Zsymanski (PiS / conservateur) comme le relate le quotidien Gazeta. « La Pologne doit conserver le plein contrôle de ses frontières, de l’asile et de l’immigration ». Un message également entendu à Bratislava, où le Premier ministre, Robert Fico (SMER / social-démocrate) fait le lien entre les réfugiés syriens et le terrorisme.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour samedi (14 novembre) 10h, 11h, 12h, 13h, 17h

(1) en anglais uniquement, traduit par nos soins

A La Valette, Macki Sall dit ses quatre vérités aux Européens

Thu, 12/11/2015 - 17:28

Le président sénégalais, Macki Sall répond à la question de la presse (crédit : Conseil de l’UE)

(B2) Au sortir du sommet tenu à La Valette entre Africains et Européens, Macki Sall, le Président sénégalais qui coprésidait la réunion n’a pas mâché ses mots, face à la presse, mettant en cause un système économique injuste mais aussi la dramaturgie européenne en matière de migrations.

La clé d’une Afrique autonome

« Sans l’évasion fiscale et le transfert frauduleux de ressources, qui est évalué à 60 milliards par an » l’Afrique s’en sortirait seule estime-t-il. « Le seul rapatriement de 17% de cette somme permettrait à l’Afrique de se passer de l’aide au développement et de rembourser la dette. »

L’injuste rémunération des ressources naturelles

« Tant que l’Afrique ne verra pas la juste rémunération de ses ressources naturelles, elle sera plus ou moins dépendante. Il est temps que soit restaurée une juste rémunération des ressources naturelles mais aussi (d’assurer) une transformation de ces produits sur le continent. (Ce) qui donnera davantage de valeur ajoutée que l’exportation de matières premières et donnera de l’emploi » a abjuré celui qui préside également aux destinées de la CEDEAO (la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).

L’évasion fiscale et la mal gouvernance

« Il faut aussi lutter contre l’évasion fiscale. Il est de notoriété publique que les multinationales qui œuvrent en Afrique trouvent toujours un moyen d’échapper à la fiscalité. Il y a ainsi beaucoup de ressources perdues. » Enfin, a-t-il ajouté, tournant là le regard vers ses homologues africains, il y a une autre cause à la pauvreté en Afrique : « la mal gouvernance et la corruption ».

Dédramatiser la question des migrants, organiser la mobilité

Le dirigeant africain estime qu’il faut dédramatiser la crise des migrations et des réfugiés. « Partout où il y a la guerre, les gens fuient. Et là où il y a des différences de développement, les gens vont migrer. » Et de prendre « l’exemple parfait » : les Etats-Unis. « Il y a un siècle ou deux siècles, c’est l’Europe qui immigrait en masse vers les Etats-Unis. Car c’était un nouvel eldorado. C’est un phénomène naturel qu’il faut dédramatiser. Seulement il faut organiser la mobilité, et combattre les trafics qui utilisent et exploitent la pauvreté et la détresse des populations africaines. »

Commentaire : c’est sans doute un des propos les plus intéressants entendus à ce sommet de Malte. Prenant un peu de hauteur, le Président sénégalais, a pointé, avec des propos clairs, compréhensibles, directs, l’enjeu des discussions entre l’Europe et l’Afrique. A côté, les dirigeants européens paraissaient étriqués, engoncés dans un repli sur soi, n’ayant à l’aune de leurs lunettes de vision que leur ‘petit’ problème du moment : Comment faire face au flux des réfugiés ? Comment se débarrasser des migrants ? Comment renforcer l’efficacité du contrôle des frontières extérieures ? Il va être difficile demain aux Européens de venir donner des conseils aux Africains pour la gestion des frontières ou l’accueil des réfugiés. A se demander si une mission « de conseil » et « d’assistance », type PSDC à l’envers, des Africains en Europe, ne serait pas inutile…

(Nicolas Gros-Verheyde, à La Valette)

134 réfugiés récupérées par le HMS Richmond. Un changement de langage de la Navy ?

Wed, 11/11/2015 - 19:06

(crédit : MOD UK)

(B2) La journée de jeudi dernier (5 novembre) a été rude pour les marins européens engagés dans l’opération EUNAVFOR MED / Sophia. Les avions de patrouille espagnol et luxembourgeois avaient signalé une douzaine de navires, dont un bateau de pêche et deux skiffs.

Outre les 258 personnes sauvées par la frégate belge (lire : 4 suspects arrêtés en Méditerranée par le Leopold Ier), 76 personnes ont pu être récupérées par le patrouilleur slovène Triglav et 134 hommes et femmes qui tentaient la traversée sur un dinghy surchargé ont été pris en charge par la frégate britannique HMS Richmond.

Une fois à bord du navire, « les migrants ont été enregistrés, ont reçu de l’eau et de la nourriture. Certains d’entre eux ont vu les médecins de bord » signale la Royal Navy, avant d’être transférés à bord d’un navire des gardes-côtes italiens Diciotti afin d’être débarqués en Sicile.

(NGV)

Commentaire : Pas de Brexit pour la Navy ?

On peut remarquer que à l’inverse de l’opération EUNAVFOR Atalanta, pourtant commandée par les Britanniques, où l’Etat-Major britannique tentait de masquer le caractère européen de l’opération — préférant souvent parler d’une opération multinationale ou d’une mission en liaison avec l’OTAN – il n’en est pas de même de l’opération Sophia. Communiqué après communiqué, la Royal Navy est fière d’annoncer la couleur : elle participe à une opération de l’Union européenne.

Dans sa dernière publication (lire ici), elle donne même la parole à une de ses jeunes recrues, Jade Convery, qui exprime son enthousiasme du haut de ses 23 ans : “I’ve really enjoyed working with the European Union Naval Force – working with other navies has been a huge learning experience, and we already feel part of one team. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Leopold Ier s’entraîne au tir à la Souda

Wed, 11/11/2015 - 11:59

(B2 au large de la Crète) La frégate belge Leopold Ier (F-930) a parfait aujourd’hui son entraînement avant d’intégrer le Charles-de-Gaulle en Méditerranée. Des exercices de tir ont été effectués ce mercredi (11 novembre), jour de célébration de la fin de la Première guerre mondiale, sur le pas de tir spécialisé de l’OTAN de la Souda en Crète.

Un exercice de qualification pour l’OTAN

La frégate a fait tonner la poudre à plusieurs reprises. Son « Otobreda » 76 mm antiaérien et antisurface a résonné d’un son lourd tandis que ses mitrailleuses MAG (7.62 mm) et Browning .50 (12,7 mm) répondaient avec un son plus sec et saccadé. Puis le lance-missiles Sea Sparrow (anti-aérien) et son système de protection rapprochée Goalkeeper ont donné de la voix. La cible : un drone envoyé pour simuler une attaque aérienne sur le navire. C’était d’ailleurs l’objectif principal de l’exercice. Le lancement d’un missile Seaspearow est « une étape importante de qualification de la frégate afin de la certifier aux normes OTAN » précise la défense belge. « Le lancement s’est fait avec une fusée télémétrique qui a comme objectif d’enregistrer un nombre de données de vol et opérationnelles ». Les AGM-84 Harpoon (anti-surface, destinés à détruire de gros navires à longue distance 120 km) et les torpilles Mark 46 (contre les sous-marins) sont restés au repos… pour cette fois. Tout cela sous les yeux du ministre de la Défense, Steven Vandeput, qui s’est spécialement déplacé pour l’occasion, ainsi que du Premier ministre, Charles Michel, qui a fait escale sur l’île de Crète, avant de se rendre à Malte pour deux sommets consécutifs (Europe-Afrique et Union européenne) sur les migrations. Autre ambiance…

Quelques jours sous pavillon européen

Le Léopold Ier, de son côté, reprend la mer. Direction : la Sicile. La frégate est, en effet, officiellement encore sous pavillon européen pour quelques jours. Elle va retrouver le Cavour, le navire amiral de EUNAVFOR MED / Sophia. Le temps de faire un dernier briefing, de rendre les différents matériels (communication, radio…) utilisés et de dire au-revoir au commandant de mission, le contre-amiral Enrico Credendino. Et ensuite, direction Toulon, pour s’intégrer au Groupe aéronaval français, et cap sur le Golfe Persique, via le Canal de Suez.
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(Nicolas Gros-Verheyde)

Le Charles-de-Gaulle en mission anti-Daech avec une escorte belgo-britannique

Wed, 11/11/2015 - 09:36

(B2 en mer !) Le porte-avions français Charles-de-Gaulle devrait appareiller de Toulon le 18 novembre prochain, selon nos informations. Il sera accompagné de plusieurs navires constituant le groupe aéronaval (GAN) dont la frégate anti-sous marine La Motte-Picquet (D-645), d’un navire ravitailleur, d’un sous-marin d’attaque ainsi que deux navires européens : un Belge — le Leopold Ier (F-930), jusqu’ici engagée dans l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia — et un Britannique — le HMS St Albans (F-83), une frégate britannique de type 23 —.

Sus à Daech et affiliés

Direction : le Golfe persique avec une mission principale confiée au porte-avions, la lutte « contre Daech et ses groupes affiliés » comme l’a fixé le président (français) de la République, François Hollande, à l’issue d’un Conseil restreint de défense, le 5 novembre dernier. L’objectif est de de renforcer la capacité de frappe en Irak comme en Syrie. Coté belge, c’est désormais officiel. Le Premier ministre Charles Michel vient de le confirmer à l’occasion d’un déplacement en Crète sur la frégate Leopold Ier. Un conseil restreint (kern) tenu le 30 octobre a « décidé l’envoi de la frégate belge (…) dans le cadre de la coalition internationale ». « Et le parlement va être informé et tiendra un débat, en présence du ministre de la Défense, comme le veut la règle. »

Une demande américaine

Ce déploiement répond à une « demande américaine » a souligné Charles Michel. Le groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Theodore Roosevelt a dû rentrer au pays en octobre pour problème de maintenance. Et le suivant constitué autour du USS Truman ne devrait arriver que durant l’hiver 2016 (lire détails sur US naval institute news). C’est ce « gap » que devrait combler le groupe aéronaval franco-belgo-britannique.

Contrôle opérationnel français

Concrètement la frégate belge passera sous contrôle opérationnel (OpCon) des Français le 18 novembre (au départ de Toulon). Ce sera Paris – en liaison avec la coalition dirigée par le général américain, John Allen — qui fixera la mission précise du Charles-de-Gaulle. La frégate belge ne sera pas engagée directement dans toutes les opérations menées par le Charles-de-Gaulle. Mais elle sera tenue « informée ». « Notre mission est défensive » a tenu à rassurer Charles Michel : « assurer l’escorte et d’accompagnement » du porte-avions français.

Des évolutions possibles

« Si la mission devra évoluer en fonction de la situation, nous devront être immédiatement avertis ». Une évolution qui n’est « pas exclue. On ne peut pas prédire ce qui se passera dans les semaines à venir. (Et) si nécessaire, on prendra alors des mesures supplémentaires. Il faudra ainsi une nouvelle décision du gouvernement, en kern ou en conseil des ministres, et une nouvelle information du parlement. » La frégate belge devrait rester six semaines dans le Groupe aéronaval, jusqu’au 2 janvier.

Une mise en condition assez rapide

La préparation du Groupe aéronaval va être assez rapide : quelques jours seulement (entre le 15 et le 18 novembre). Le temps de faire les ultimes briefings et les dernières règles d’engagement. Mais chacun des navires engagés se prépare activement durant ces derniers jours. Le Charles de Gaulle est ainsi parti de Toulon le 3 novembre pour une période de deux semaines consacrée à l’école de l’aviation embarquée. Période en mer qui va « permettre aux nouveaux pilotes de l’aviation embarquée de la Marine nationale de se qualifier à apponter sur le porte-avions nucléaire français » précise-t-on à l’état-major français. La frégate belge de son côté effectue une série d’exercices et d’entraînements sur la zone de tirs de l’OTAN à la Souda, en Crète ce matin (Lire : Le Leopold Ier s’entraîne au tir).

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le flot de réfugiés continue d’arriver en Grèce. Les Européens paient cher une erreur d’analyse

Tue, 10/11/2015 - 23:55

L’opération Poseidon au large de la Grèce (crédit : Frontex)

(B2) « 150.000 personnes ont pris le risque de traverser entre la Turquie et la Grèce le mois dernier (octobre) « malgré des conditions climatiques qui se sont dégradées » selon le dernier bilan que vient de publier l’agence Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières. « Soit 13 fois plus que dans la même période de 2014 (8500 en octobre 2014) ! »

Des Syriens mais aussi des Afghans

Sur cette voie d’accès, « les Syriens continuent de représenter le plus grand nombre d’arrivées, bien que ces dernières semaines, la part des ressortissants afghans a augmenté de manière significative » note l’agence européenne. Une situation qui tient en grande partie à la situation en Afghanistan, confirme un diplomate que nous avons interrogé sur cette augmentation récente. « La prise de Kunduz par les Talibans a fait craindre par nombre d’Afghans la réédition du schéma des années 1990 », avec le départ des Soviétiques, la chute du gouvernement Najibullah (près de 4 ans après) et l’arrivée des Talibans. « On voit arriver non seulement des Hazaras mais aussi différentes ethnies ». Ce qui traduit une nouvelle vague afghane après ceux qui, réfugiés d’Iran, plus ou moins en situation illégale, ont été expulsés ou préféré reprendre le chemin de l’exil plutôt que de devoir s’enregistrer dans la république islamique.

Un demi-million de personnes arrivées depuis le début de l’année

Depuis le début de l’année, 540.000 migrants sont ainsi arrivés sur les îles grecques, selon Frontex. La plupart sont ensuite remontés vers le nord, les Balkans, l’Autriche et l’Allemagne, provoquant des fermetures de frontières en cascade. De janvier à octobre, quelque 500.000 « détections de franchissement illégal des frontières ont été enregistrés sur les frontières extérieures de l’UE dans les Balkans occidentaux, principalement sur la Hongrie et les frontières de la Croatie avec la Serbie ».

Des problèmes en cascade

La plupart des migrants détectés dans la région étaient auparavant arrivés sur l’une des îles grecques de la mer Égée puis ont voyagé à travers l’ex-République yougoslave de Macédoine (Fyrom) et la Serbie. « Quand la Hongrie a construit une clôture sur sa frontière avec la Serbie (1) et resserré les contrôles aux frontières en septembre, les migrants ont commencé à traverser la frontière de la Serbie avec Croatie en nombre record » note l’agence européenne.

La voie maritime de Méditerranée en baisse

Contrairement aux chiffres records en Grèce et dans les Balkans occidentaux, la voie maritime de la Méditerranée centrale a vu le nombre de personnes traversant la Libye à l’Italie « chuter de moitié par rapport à 2014 » portant le chiffre des arrivées « à 8 500 en octobre ». Une baisse assez sensible s’observe également quand on fait le décompte annuel. Pour les dix premiers mois de 2015, la voie « libyenne » a fourni 140 000 migrants et réfugiés « contre près de 155.000 pour la même période de l’année 2014 ».

La pénurie de bateaux mais aussi l’action maritime ?

Une chute expliquée « en grande partie par la pénurie de bateaux disponibles à des passeurs » explique l’agence Frontex. NB : On peut estimer également que la présence de navires renforcés a joué un premier effet de dissuasion avec des arrestations de suspects qui commencent à devenir plus systématiques (voir notamment 4 suspects arrêtés en Méditerranée par le Leopold Ier et Coup de filet au large de la Libye. 14 contrebandiers inculpés)

Un rythme qui ne faiblit

Une erreur de prévision dramatique

« Cela continue d’arriver à un rythme qui ne faiblit pas » a confié à B2 un diplomate occidental bon connaisseur de la Grèce. « Les Européens croyaient qu’avec une météo moins bonne d’hiver, le flux allait cesser ou ralentir. C’était une erreur. Ils continuent d’arriver ». Durant les périodes de mauvais temps, « il y a une accalmie. Il n’en arrive que 200 ou 300. Mais à la moindre éclaircie. Cela reprend. Il en arrive plusieurs milliers en quelques heures ». Il ne faut, en effet, qu’une petite heure à peine à un bateau doté de bons moteurs pour faire la traversée. Le double ou un peu plus si les moteurs sont plus faibles. Soit un laps de temps limité.

La marine turque, grecque laisse passer

Les Turcs n’interviennent pas. La marine grecque non plus. Elle a reçu l’ordre de ne pas intervenir pour limiter le mouvement. Une consigne politique du gouvernement Tsipras qui ne veut pas utiliser des moyens politiques ou avoir une politique répressive (ainsi la politique des centres de rétention a été sinon abandonnée, du moins ralenti). Seuls sont donc présents sur zone les gardes-côtes grecs qui souffrent d’une absence cruelle de moyens. Et, du côté du gouvernement grec, la consigne est désormais claire : « aucune vie ne doit être perdue en mer ». « Le système est mieux organisé et rôdé maintenant » témoigne notre interlocuteur. Les migrants sont à peine arrivés que de l’autre côté attendent des ferries pour les embarquer vers le continent.

La consigne du laissez-passer

Au Pirée, le port d’Athènes, attendent des bus qui, pour 20 ou 30 euros, les emmènent jusqu’à la frontière macédonienne (Fyrom). Là aussi la frontière est ouverte. Et les Macédoniens s’empressent de repasser « le bébé » aux Serbes, qui les refilent aux Croates (faute de Hongrois compatissants) et ceux-ci aux Slovènes. Ljubljana, désormais pratique la même politique du « not in my backyard » (pas dans mon jardin) et se débarrasse des réfugiés sur les Autrichiens. De toute façon, les réfugiés ne veulent pas rester dans les Balkans et encore moins aller dans les pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas vraiment démontré une vraie tradition d’accueil.

La relocalisation : un échec !

Le dispositif de relocalisation mis en place à grand effort en juin et renforcé en septembre ne fonctionne donc pas vraiment. Tout simplement — explique notre interlocuteur — car il ne concerne que « les personnes ayant fait une demande d’asile en Grèce ». Or, ils sont très peu à s’enregistrer. Les Grecs, débordés, n’enregistrent qu’à peine 10% des personnes arrivées. Le fameux hotspot de Lesbos ne fonctionne pas vraiment. Il faut remarquer que les migrants eux-même ne tiennent pas à s’enregistrer. Ils ne veulent pas aller dans d’autres pays que l’Allemagne.

Allemagne et Autriche

Le message de Angela Merkel a porté au-delà des frontières. « Ils ne jurent que pas une destination : l’Allemagne, voire l’Autriche ou la Suède ». La France ? « Ce n’est pas vraiment une destination très prisée ». Même des pays prêts à accueillir des réfugiés, et disposant de certaines ressources, mais moins connus des migrants peinent à trouver des candidats à la relocalisation. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, en a fait l’amère expérience dernièrement. Pour trouver les 30 candidats à l’exil au Luxembourg, « il a fallu presque faire de la retape » remarque notre diplomate, mi-ironique, mi-désolé.

Une pression maximale sur moins d’une dizaine de pays

Le triple effet de l’ouverture des frontières à tout va dans les Balkans, de la faible volonté d’accueil de certains pays (Europe de l’Est, Royaume-Uni, …) et de la propre volonté des migrants et réfugiés, renforce en fait « la pression sur quelques pays uniquement ». Outre la Grèce et l’Italie, les pays de première ligne, une demi-douzaine d’autres pays sont vraiment concernés : l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et, dans une moindre mesure, le Danemark, la Belgique et les Pays-Bas. Soit une situation totalement intenable… Le sommet européen extraordinaire de La Valette risque d’être tendu.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Une limite qui est une « frontière extérieure » de l’Union européenne et constitue donc une obligation pour la Hongrie de fermer.

L’armée mobilisée en Autriche face à la crise des réfugiés

Mon, 09/11/2015 - 23:52

(B2) Cent militaires supplémentaires de la 6e Brigade de chasseurs (Jägerbrigade) ont été mis en alerte pour faire face à la situation des réfugiés dans le Tyrol. 1650 soldats sont déjà déployés dans tout le pays en appui de la police, pour des missions d’assistance aux réfugiés et de sécurité, précise-t-on à Vienne. Ce qui témoigne de la gravité de la situation.

17 victimes du club Colectiv évacués vers les Pays-Bas et la Belgique

Sun, 08/11/2015 - 23:34

(crédit : ministère roumain de la Défense)

(B2) Deux avions C-27J Spartan de la force aérienne roumaine, équipé « médicale, ont assuré dans la nuit de vendredi à samedi (7 novembre), deux missions de transport sanitaire pour évacuer des patients blessés dans l’incendie de la boite de nuit «Colectiv». 9 d’entre eux ont été évacués vers Rotterdam (Pays-Bas), dont 6 sous assistance respiratoire, et 8 patients vers Bruxelles (Belgique), dont 3 sous assistance respiratoire. Des missions exécutées à la demande du ministère des situations d’urgence du ministère de l’Intérieur, précise-t-on à la Défense roumaine.

4 suspects arrêtés en Méditerranée par le Leopold Ier

Sun, 08/11/2015 - 23:29

(crédit : Marine belge)

(B2) 258 migrants d’un bateau de trafiquants en détresse à mi chemin entre l’est de la Mer Méditerranée et l’Italie ont été récupérés jeudi (5 novembre) par la frégate belge Leopold Ier (F-930) qui participe à la mission européenne en Méditerranée (EUNAVFOR MED / Sophia).

Deux jours de pistage

Un sauvetage qui ne tient pas seulement de l’impromptu ou de l’intervention sur appel de détresse. « Depuis deux jours, le F930 LEOPOLD I suivait à distance un bateau soupçonné d’être utilisé par des trafiquants d’êtres humains, faisant route vers l’Italie depuis l’est de la Mer Méditerranée » raconte l’état-major de la marine belge. La frégate a utilisé tous ses moyens — radars, caméras infra-rouges, et autres senseurs à longue portée… — « pour maintenir son invisibilité afin d’éviter une fuite possible des passeurs et récolter un maximum d’information avant d’intervenir ».

…. jusqu’à l’intervention

Aux premières lueurs du jour, « alors que ce bateau paraissait s’être immobilisé, l’hélicoptère de bord envoyé en reconnaissance confirma un grand nombre de personnes à son bord, une panne et des signes de détresse. Le bateau de pêche n’était en effet plus manœuvrable. » C’est alors que l’opération de sauvetage a commencé et les 258 personnes  — dont 4 femmes et 196 mineurs — transbordées sur le navire. Les migrants ont été « fouillés, recensés, nourris et installés » sur le pont du navire, puis débarqués, vendredi (6 novembre), dans le port italien d’Augusta, qui est un des ports d’attache des navires de l’opération EUNAVFOR MED / Sophia.

… et 4 suspects arrêtés

La surveillance à distance, les questionnaires des autres passagers, comme l’inspection de l’embarcation a permis d’identifier 4 suspects. Trois d’entre eux ont été remises aux autorités italiennes et arrêtées à leur arrivée au port d’Augusta. La quatrième personne suspecte,  probablement mineure, a été libérée mais « reste sous surveillance ». Quant à l’embarcation inoccupée, elle a été détruite car elle « présentait un danger pour la navigation ».

(NGV)

4 pêcheurs iraniens otages des pirates libérés

Sat, 07/11/2015 - 13:13

(B2) Plusieurs pêcheurs iraniens otages d’un groupe de pirates en Somalie ont été libérés, mercredi (4 novembre), ont annoncé des responsables locaux le lendemain. Les forces de sécurité du Galgadud (une des régions de Somalie) ont perquisitionné une maison près de Adado et réussi à libérer 4 ou 5 otages (le chiffre varie selon les sources).

« Les forces de sécurité ont libéré quatre Iraniens retenus en otages par des pirates », a déclaré Abdirahmen Mohamed, un responsable des services de sécurité du Galgadud à l’AFP. « Deux des ravisseurs ont été arrêtés lors du raid » a-t-il ajouté.

Les pirates avaient réussi à s’emparer d’un bateau de pêche iranien en mars dernier (la première prise depuis 2012). Un autre bateau iranien avait été capturé en mai, officiellement après avoir dû entrer dans un port du Galgadug en raison d’un problème mécanique. De nombreux bateaux pêchent dans la zone économique somalienne, réputée très poissonneuse.

Il reste 41 marins otages des pirates somaliens, selon notre base de données, 26 selon le décompte officiel de l’UE et de l’OTAN (Lire aussi : Combien de marins sont encore otages des pirates somaliens ?)

(NGV)

La violence redouble en Centrafrique. Le CICR appelle au respect des valeurs

Fri, 06/11/2015 - 19:00

@MINUSCA

(B2) Le Comité International de la Croix rouge (CICR) a appelé vendredi (6 novembre) au « respect de la vie et de la dignité humaine ». Face à une situation qui se détériore, le CICR a voulu tirer la sonnette d’alarme. Depuis la fin du mois de septembre, Bangui, la capitale de la République Centrafricaine est à nouveau en proie aux violences. C’est l’assassinat , fin septembre, d’un chauffeur de moto-taxi musulman qui avait mis le feu aux poudres. L’escalade de la violence n’a cessé depuis.

La situation humanitaire se détériore. 

« Les confrontations entre groupes armés, les violences intercommunautaires et la multiplication des actes criminels touchent tous les segments de la population centrafricaine, et la situation humanitaire se détériore inexorablement » s’alarme Patricia Danzi, directrice régionale du CICR en Afrique. La situation de la population civile est critique et « depuis fin septembre, des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées à Bangui » souligne le CICR. Au début du mois d’octobre, un nouvel afflux de déplacés a été notifié dans la ville de Bambari. La population fuyait les affrontement entre les Seleka et les anti Balaka « pour le contrôle des routes qui mènent à Bambari » écrivaient alors nos confrères de RFI. D’après le Haut Commissariat pour le réfugiés c’est aujourd’hui près de 300 000 personnes qui sont déplacées au sein d’un pays.

Le CICR n’arrive plus à travailler. 

La situation est telle que « le personnel du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge n’est pas toujours en mesure de venir en aide aux blessés et aux personnes en détresse », stipule le communiqué de la Croix rouge. Par ailleurs « Les personnels de santé doivent être protégés, et le travail des humanitaires doit être facilité en toutes circonstances ». Mais les regains de violence ne permettent ni aux civils de rejoindre les antennes du CICR ni au CICR de s’assurer un accès sécurisé aux zones les plus critiques.

NB : Un contexte délétère qui pourrait compliquer davantage la tenue des élections prévues à la fin de l’année 2015 et qui inquiète également du côté de l’Union européenne. Un diplomate européenne a souligné à B2, le « soutien européen aux autorités de transition » et a rappelé « il n’y a pas d’alternative à l’organisation d’élections pour restaurer l’ordre constitutionnel ». Il insiste « tous les efforts doivent maintenant être concentrés sur une stabilisation de la situation sécuritaire et sur les préparatifs du processus électoral ». Dès le début, l’UE avait appelé à ce que les violences à l’encontre des populations civiles mais aussi du personnel humanitaire « cessent immédiatement » en République centrafricaine. (Lire Carnet (30.9.2015).).

(Johanna Bouquet)

Télécharger le communiqué du CICR ici).

Pour aller plus loin :

Sur RFI ici

Données chiffrées sur la République Centrafricaine ici

Dossier du HCR ici

 

Bernardino Leon aux Emirats arabes unis… Un curieux mélange des genres ?

Fri, 06/11/2015 - 17:26

(B2)  L’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, l’Espagnol Bernardino Leòn, a arrêté ses fonctions ce vendredi. Il devrait prendre le poste de responsable de l’académie diplomatique des Emirats Arabes Unis. Un institut chargé de former les diplomates arabes et de promouvoir la politique étrangère de Abu Dhabi et des autres émirats de la fédération.

Une décision qui remonte à juin dernier

On ne peut pas donc dire que l’Espagnol aura perdu beaucoup de temps ni laissé un intervalle « sanitaire » entre ces deux fonctions. La décision aurait été prise en juin dernier, révèle The Guardian qui donne de nombreux détails sur la transaction. Bernardino Leon toucherait sur place un salaire de 35.000 £ (env. 50.000 $) par mois. Difficile à refuser… A cela il faut ajouter une indemnité de logement de 360.000 Dirhams (63.000 £). Un peu trop juste selon Leon qui souhaitait le double.

Un curieux mélange des genres

Dans la négociation, l’Espagnol a argumenté de sa compétence aux Emiratis, se vantant dans un mail envoyé en août d’être aussi en ligne pour un poste prestigieux à l’ONU : « une sorte de haute conseiller pour toutes les médiations de l’ONU ». Ce qui aiderait les « futurs diplomates des Emirats à dialoguer avec les médiateurs les plus éminents au monde ». Mais « bien sûr, si vous préférez que je me concentre exclusivement sur [l’Académie diplomatique], il n’y a pas de problème et je ne vais pas accepter (cette) proposition » ajoute-t-il. On frôle de près, là, le mélange des genres…

Une stratégie visant à délégitimer le GNC ?

Mais il y aurait pire, si on en croit le quotidien britannique. Un autre mail a été envoyé en décembre 2014, au ministre des Affaires étrangères des Emirats, Cheikh Abdullah bin Zayed, à partir du compte personnel de Bernardino Leon où celui-ci décrit sa stratégie. Il affirme ainsi de façon claire « ne pas travaille(r) sur un plan politique qui inclura tout le monde » mais plutôt d’aune stratégie visant à « délégitimer complètement » le GNC (le Congrès national général, de Tripoli). Il admet également que « tous mes mouvements et des propositions ont été consultés (et dans de nombreux cas, conçus) par l’HOR (la Chambre des représentants de Torbouk), Aref Nayed (l’ambassadeur de Libye aux Emirats Arabes Unis) et Mahmoud Jibril (l’ancien Premier ministre libyen qui réside aux Emirats) ».

L’option d’une conférence de paix

Dans cet échange épistolaire électronique, Bernardino Leon décrit aussi ses difficultés et ses craintes. « En raison de la lenteur des progrès des pourparlers de paix, l’Europe et les Etats-Unis demandaient un «plan B  (sous forme) d’une conférence de la paix classique … C’est, à mon avis, une option pire qu’un dialogue politique … car il va traiter les deux côtés comme des acteurs égaux ».

Je suis resté impartial se défend Bernardino Leon

Comment garder une certaine impartialité dans les négociations en Libye alors qu’on sait être employé par un Etat qui soutient une des parties à la négociation ? Bernardino s’en défend dans un mail adressé à la rédaction du quotidien britannique. Il nie tout conflit d’intérêts. « La seule défense contre ces attaques, c’est mon travail. (…) Lisez mes propositions, l’accord et la proposition du gouvernement. C’est considéré par les Libyens des deux camps est une proposition équitable. »

“The only defence I have against these attacks is my work. As I said before, read my proposals, the agreement and the government proposal. It has been considered by the Libyans from both camps as a fair proposal.

Un autre job plus tôt

L’envoyé spécial de l’ONU voulait en fait quitter ses fonctions en janvier dernier, en prenant un «poste universitaire en Amérique. « C’est seulement plusieurs mois après, quand mon contrat de l’ONU était sur le point d’expirer, que j’ai, à nouveau, commencé des discussions sur mon futur travail » assure-t-il.

Commentaire : cette pratique suscite néanmoins quelques doutes. Si l’intégrité de B. Leon ne peut être mise en doute, cette prise de fonction pour une des parties indirectes au conflit — les Emirats arabes unis comme l’Egypte soutenaient le gouvernement de Tobrouk — jette un voile, inutile, sur l’impartialité de l’envoyé spécial. Si B. Leon avait travaillé ensuite pour une des diplomaties européennes, cela aurait sans doute été plus « naturel ». Cela pose aussi question sur les règles en la matière au niveau des Nations-Unies. N’y-a-t-il pas un délai minimal à respecter pour prendre certaines fonctions qui peuvent être controversées ? Malheureusement, cette pratique ne semble pas isolée. Il semble exister chez les hauts responsables européens (*), un certain flou sur la distance nécessaire à garder vis-à-vis de certaines fonctions qui interpelle. Sous le prétexte que ce n’est pas (totalement) illégal, certains n’hésitent pas à franchir la limite interdite au minimum par une certaine règle de bon sens. Du pantouflage entre amis au conflit d’intérêt concret, les exemples sont trop nombreux pour ne pas susciter une réelle interrogation sur la limite entre l’acceptable et le non acceptable. Un dossier à suivre…

(NGV)

(*) Avant de prendre son poste comme envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, B. Leon était Représentant spécial de l’UE (RSUE) pour le Sud de la Méditerranée.

Est-il possible de réanimer l’Europe de la Défense ?

Tue, 03/11/2015 - 15:01

(B2) Réunis à Lille autour des ateliers de la Citadelle, ce jeudi d’octobre, on pouvait avoir l’impression d’être au chevet d’un grand malade, se demandant que faire du gisant. L’optimisme qui prévalait il y a quelques années a cédé la place, même chez les plus fervents défenseurs européens, sinon à du scepticisme, au moins à une interrogation : comment relancer l’Europe de la défense ? Que peut-on faire ensemble ? Alors que de nombreux Etats sont aujourd’hui préoccupés tout d’abord d’assurer leur défense territoriale.

Un enfant abandonné ?

Nick Witney, l’ancien directeur de l’Agence européenne de défense a dans une parabole bien résumé la situation « La PSDC (politique de sécurité et de défense commune) est née de 2 parents. Mais très rapidement un des deux parents l’a abandonné. Pendant des années, la Marianne a alors élevé cet enfant en tant que mère célibataire. Puis Marianne en a un peu assez de cet enfant » a-t-il expliqué dans un humour tout en finesse et très british. « Le Mali, la Centrafrique étaient une occasion parfaite pour mobiliser un battlegroup européen. Vous (Français) avez décidé d’y aller tout seul. De fait, la PSDC est aujourd’hui orpheline. »

Avoir une Europe puissance

Michel Barnier a dressé un « bilan en demi teinte » des différents outils utilisés au plan européen. « Il n’y a pas assez de partage de fardeau, pas assez de solidarité (le budget dans les opérations est limité à 10%), les battlegroups ne fonctionnent pas ». En mutualisant les moyens européens, « cela permet d’avoir une puissance collective » selon l’ancien commissaire européen. « Ce mot n’est pas archaïque. La Chine, la Russie n’ont pas de complexe pour avoir cette capacité. Il faut avoir une capacité de puissance et d’influence plutôt que d’être marginalisé. » Pour lui, « les éléments de puissance sont : une économie, une monnaie, une politique étrangère et une défense ». Pour autant il ne s’agit pas de créer une structure unique. «  Mutualiser n’est pas fusionner. L’Union européenne n’est pas un Etat fédéral, comme l’Allemagne et les USA, il n’y a pas la même langue, c’est une Union de 28 nations qui ont, chacune, leur histoire, leur tradition, leur langue, leur différence. On veut une Europe unie pas une Europe uniforme. »

Revoir le code génétique de nos Etats membres

Joachim Bitterlich, ancien conseiller de Helmut Kohl, a joué le rôle du bulldozer. « Il faut réformer le code génétique de tous les Etats membres. Ce code génétique a changé avec la crise financière, économique ». Il estime que « le service diplomatique européen est nul part. Il faut revoir notre politique de développement, avoir une vraie politique de développement. » Bien sûr, reconnait-il le moment est difficile. Mais, « en politique, il n’y a jamais de bon moment ».

La politique de voisinage, un échec

Mais surtout, il insiste sur un point fondamental. « On doit revoir totalement notre politique de voisinage qui est un échec flagrant ». « Il y a un seul Etat qui fonctionne dans notre voisinage, le Maroc, mal considéré, il y a un défaut d’appréciation de la situation dans plusieurs Etats. Algérie, Tunisie… » « En Ukraine, nous sommes tous coresponsables – USA, Russie, UE, Otan – car nous avons fait une mauvaise évaluation de ce qui se passait en Ukraine. » Mais la Suède comme la Pologne ont, selon lui, « une part de responsabilité (particulière), dans la politique d’échec sur l’Ukraine. Heureusement que la France et l’Allemagne ont repris le dossier en main. »

Une menace pour un pays doit concerner toute l’Europe

« L’annexion de la Crimée et l’intervention en Ukraine est la plus grande menace pour la Suède » a noté l’ambassadrice de Suède en France, Veronika Wand-Danielson, bien connue dans les cercles bruxellois pour avoir été à la représentante auprès de l’UE avant de devenir la représentante suédois auprès de l’OTAN. « En refusant aux Ukrainiens le droit de choisir, cela remet en question les bases de la construction européenne, des principes. L’agression russe nous concerne tous. Et nous avons une responsabilité commune d’y faire face. Cela nécessite une solidarité continue, une continuité dans nos actions et une clarté dans nos paroles. » Elle estime que si même chacun n’a pas la même conscience de tous les menaces, il doit y avoir une solidarité. « S’il y a une menace, un sentiment d’urgence pour un pays, ce doit être une menace pour l’Europe. »

Attention à ne pas rompre la solidarité

De façon plus générale, l’ambassadrice a insisté sur les aspects « essentiels » de la construction européenne « l’unité et la solidarité, et que tous les pays participent à la décision. De plus en plus quand on sent que les décisions se prennent à 2 ou 3, plutôt à 2 d’ailleurs (1). Il n’y a plus le sentiment de participer à une décision. » Ceci « on peut le faire en cas de crise soudaine, mais quand la crise se prolonge, il faut au moins que les pays les plus concernés soient associés. Sinon il y a le risque qu’on se détourne de l’Union européenne. Pour nous il aurait été souhaitable d’inclure la Haute représentante dans le format de Normandie. » Elle s’inscrit en faux contre son voisin de débat, J. Bitterlich.

Une équation imparable : l’Europe va devoir se préoccuper de l’origine des crises

« Cela pourrait sembler à certains surréaliste, d’un angélisme sympathique. On peut se dire que l’Europe de la sécurité n’est pas pour demain. Je pense le contraire » a affirmé Nicole Gnesotto, présidente du Conseil d’administration de l’IHEDN et qui animait les débats de la Citadelle. « L’Europe est l’échelon pertinent en matière de défense et sécurité. Il y a de plus en plus de crises, moins d’Amérique, moins d’argent. Cela devrait entraîner plus de coordination en Europe. » Pour l’ancienne présidente de l’Institut d’études pour la sécurité en Europe, « l’équation est imparable. Les Chefs d’Etat et de gouvernement devront le faire de gré ou de force. Ce n’est pas seulement une préoccupation idéologique — d’avoir une Europe puissance — ou une approche technique et pragmatique de gestion des opérations — la gestion de crises —, c’est une question très politique, plus profonde qui préoccupe les citoyens. La question de l’origine des crises (Moyen-Orient, Afrique…) — et des moyens de la résoudre — doit revenir au premier plan.

Une armée européenne, il suffit de le décider

Pour le général Margall, commandant de l’Etat-Major du Corps de réaction rapide – France (CRR-FR), basé justement à Lille. « Nous savons travailler avec les Alliés, nous sommes habitués. Cette expérience a encore été accrue dans les opérations réelles, particulièrement en Afghanistan. Les militaires sont très ouverts aux questions internationales et habitués à travailler entre alliés, à assurer ce qu’on appelle l’interopérabilité. Nous ne sommes un obstacle mais un outil. » Autrement dit sir les politiques décident un jour de faire l’armée européenne « si on nous le demande on la fait demain ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) L’ambassadrice fait référence au format Normandie décidé entre la France et l’Allemagne

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