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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 7 hours 18 min ago

Entre Varsovie et Bratislava, une petite odeur de soufre

Thu, 31/12/2015 - 01:45

Lors de la dernière réunion des ministres de la défense, le Polonais Macierewicz comme le Slovaque Glváč avaient évité de poser sur la photo du groupe de Visegrad. C’est sûr…

(B2) La lettre qu’a envoyée le ministre slovaque de la Défense, Martin Glváč, juste avant Noël, à son homologue polonais, Antoni Macierewicz sent le soufre. Elle révèle ainsi que les événements récents au Centre d’excellence de l’OTAN sur le contre-espionnage à Cracovie (Lire : Le gouvernement polonais met au pas ses ‘Services’) ne se sont pas tout à fait passés dans une sainte et parfaite concertation ni harmonie entre Varsovie et Bratislava, contrairement aux dires du ministère polonais de la Défense.

« Je lance un appel à mettre fin à toutes les mesures non-conformes » écrit le ministre slovaque, selon l’extrait publié par Radio Zet. Martin Glváč rappelle également que ce centre d’excellence spécialisé sur le contre-espionnage est, avant tout, une institution « internationale indépendante qui ne peut pas être et ne fait pas partie du ministère polonais de la Défense ».

Martin Glváč demande, également, de façon plutôt ironique : « avec qui les Polonais se sont consultés sur la prétendue nomination d’un nouveau directeur du centre ? », avant de poser une ultime question. La Pologne souhaite-t-elle toujours contribuer à la mise en place de Centre et comment ? « J’attends (des) propositions au plus tard à la fin janvier 2016 » lance-t-il dans une missive, qui a une petite tonalité d’irritation, d’autant que en sont destinataires également les Premiers ministres Polonais (Beata Szydlo) et slovaque (Robert Fico), mais aussi le J2 (chef renseignement) du Shape et son alter ego américain J2X de l’EUCOM, come le siège de Commandant suprême allié Transformation de l’OTAN (SACT), dirigé par un Français, le général Denis Mercier (1). Les prochaines réunions au niveau des ministres du groupe de Visegrad risquent d’être chaudes…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak, et les représentants des pays qui participent au centre (Allemand, Croate, Italien, Lituanien, Roumain, Slovène, Tchèque) ont aussi été les destinataires de cette lettre.

188 migrants en perdition récupérés par le HMS Enterprise

Wed, 30/12/2015 - 23:55

(crédit : Eunavfor Med / Sophia)

(B2) Le navire britannique HMS Enterprise – qui participe à l’opération de lutte anti-trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR Med) – a récupéré 188 migrants entassés sur deux bateaux pneumatiques dans la journée de mardi (29 décembre). C’est l’hélicoptère EH101 de bord du Garibaldi, le navire amiral de EUNAVFOR Med Sophia, qui avait donné l’alerte, dès les premières heures du jour. Il avait repéré deux embarcations en caoutchouc voguant dans les eaux internationales en provenance de la côte libyenne. Parmi les rescapés, 18 femmes, dont 2 enceintes. Les migrants ont été transférés ensuite sur le MV Bourbon Argos qui navigue pour le compte de Médecins sans frontières (MSF). Depuis son intégration au sein de Eunavfor Med en juillet 2015, le HMS Enterprise, a sauvé plus de 2600 migrants, indique-t-on au QG de l’opération européenne.

(NGV)

EUCAP Sahel Mali s’adapte aux besoins des régions

Wed, 30/12/2015 - 09:19

Une rencontre avec le Gouverneur Babahamane Maiga, premier responsable de la sécurité de la région (Crédit: EUCAP Sahel Mali)

(B2) Jusqu’ici concentrés sur Bamako, les experts de la mission européenne de renforcement des capacités maliennes (EUCAP Sahel Mali) ont choisi Kayes, capitale de la première région administrative du pays, pour commencer leur travail en dehors de Bamako.

La mission veut évaluer les besoins et demandes des forces de sécurités dans les régions, en se concentrant pour l’instant sur le sud du pays. « Si les conditions s’avèrent favorables, certaines actions de formations ou de conseil déconcentrées pourront être entamées en dehors du Bamako », assure-t-on depuis la mission.

Connaitre la réalité du terrain 

La visite des experts d’EUCAP Sahel Mali à Kayes, les 9 et 10 décembre dernier, a donné pied à des rencontres au niveau politique, sécuritaire et sociétal. Elles ont permis « de se faire une idée de la réalité sur le terrain, en particulier dans cette région frontalière ». Les experts européens qui conseillent la Police, la Gendarmerie et la Garde nationale étaient invités à échanger avec les chefs régionaux des trois forces de sécurité et à visiter des commissariats, compagnies et autres unités, tels le poste-frontière de Diboli à la frontière sénégalaise. Il est « important » pour une mission de renforcement des capacités des forces de sécurité de « comprendre les conditions de travail des personnes qu’elle forme pour bien planifier son appui », insiste-on du côté européen.

Des formations spécifiques pour les forces de sécurité des régions

Pendant cette première année d’activités, la mission EUCAP Sahel Mali a concentré ses effectifs de formation et de conseil à Bamako. Mais environ la moitié des stagiaires EUCAP viennent d’autres régions et se déplacent pour participer aux formations. « Nous avons rencontré des chefs de service très engagés dans leur mission avec la volonté de bien faire. Ils nous ont raconté leurs conditions de travail, leur manque de moyens et de formation dans certains domaines. Cela qui nous permet d’élaborer ensemble les activités de formation et projets à leur profit », souligne le chef de mission Albrecht Conze.

(Leonor Hubaut)

Lire aussi

Dépenser plus pour une défense commune recommande Wolfgang Schäuble

Tue, 29/12/2015 - 18:26

W. Schauble au conseil des ministres de l’Ecofin (Crédit : CUE – Archives B2)

(B2) Dans une interview au Bild am Sonntag, parue ce dimanche (27 décembre), Wolfgang Schäuble, le Ministre allemand des Finances (CDU) a estimé que la crise des réfugiés nécessitait à la fois d’augmenter les dépenses de défense et de renforcer la politique européenne de sécurité commune en attendant de former une armée européenne. « Nous allons avoir à dépenser beaucoup plus d’argent pour les initiatives de défense européennes communes » souligne Schäuble (*).

Quand un ministre des Finances dit de dépenser plus, cela vaut le détour

Un propos d’autant plus intéressant que jusqu’à présent, le ministre des Finances allemand, ne se positionnait pas dans une idée de dépenser davantage mais plutôt de contenir les dépenses. A vrai dire, c’est même la première fois qu’un ministre des Finances en exercice appelle à dépenser davantage pour la défense. D’ordinaire ce propos émanait davantage de certains ministres de la Défense (voire de l’Intérieur), se positionnant ainsi clairement dans la tradition de leurs départements (dépensiers) et qu’unissait une certaine solidarité face aux offensives de leurs ministères des financiers (par tradition économes) pour sabrer dans leurs dépenses. 

Des dépenses militaires pas efficaces avec 28 armées

La politique étrangère et de sécurité des Etats membres de l’UE doit être renforcée « étape par étape » estime le ministre des Finances. « En fin de compte, notre objectif doit être une armée européenne commune. Les ressources que nous consacrons à 28 armées nationales pourraient être utilisées beaucoup plus efficacement ensemble » souligne-t-il.

Un impératif : stabiliser Proche Orient et Afrique, impossible sans un engagement plus fort de l’Europe

Pour Schäuble, la crise des réfugiés à signifie un renforcement plus important de l’Union européenne dans les régions en crise. « Pour l’Allemagne, cela signifie que nous devons investir plus fortement dans la politique étrangère et de sécurité, que nous l’avons peut-être fait jusqu’ici ». « Nous ne pourrons pas stabiliser le Proche et le Moyen-Orient sans un engagement européen plus fort. Et c’est la même chose pour l’Afrique ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Texte traduit par nos soins

Sauvetage au large de Tripoli le jour de Noël

Sat, 26/12/2015 - 19:46

(crédit : Bundeswehr)

(B2) Les navires européens ont porté secours à plusieurs navires le jour de Noël à environ 40 km des côtes libyennes, ont rapporté plusieurs communiqués des marines espagnole et allemande parvenus à B2. « Les bonnes conditions météorologiques au large des côtes de la Libye ont entraîné à une forte présence de bateaux d’immigrants dans la région » racontent les marins.

Dans la matinée, un avion de patrouille maritime luxembourgeois (participant à l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia) a ainsi identifié un total de six bateaux avec de nombreux immigrés à bord : quatre d’entre eux à l’ouest de Tripoli — trois pneumatiques et un en bois —, et deux à l’est. Le centre de coordination des secours (italien) a demandé aux navires les plus proches de se porter au secours. Le navire de soutien de la Marine allemande ‘Berlin‘ (A-1411) a ainsi été dépêché sur place, à la rescousse des bateaux situés à l’ouest, avec l’aide de frégate espagnole Canarias (F-86), du patrouilleur italien Comandante Cigala Fulgosi et du pétrolier maltais Silent.

Il était temps… Le navire en bois, surchargé avec 174 personnes à bord, commençait à prendre l’eau, avec une fuite dans le bateau qui menaçait sa flottabilité. Les marins espagnols ont commencé rapidement à transborder les passagers, d’abord les femmes et les enfants. Environ 76 ont déjà été pris en charge sur le Canarias quand le Berlin est arrivé sur zone pour terminer l’opération. En tout, 539 personnes ont été secourues — 505 hommes, 30 femmes et 4 enfants — lors de cette opération. Elles ont été transférées à samedi matin (26 décembre), sur le navire de ravitaillement norvégien Siem Pilot qui fait partie de l’opération Triton mené sous l’égide de l’agence Frontex. Les 4 bateaux, une fois vides, ont été détruits, car « présentant un obstacle à la navigation » précise la Bundeswehr.

La veille de Noël, le Berlin avait déjà récupéré 121 personnes (115 hommes, 3 femmes et 3 enfants). Un bateau qui dérivait à environ 50 kilomètres de la côte libyenne avait été repéré, vers 8 heures, par l’avion de patrouille maritime espagnol P3 Orion. Les personnes secourues ont été remises, un peu plus tard, vers 14h50 au navire des gardes-côtes italiens Corsi et débarqués dans le port de Reggio de Calabria. Une fois mis à l’abri, le canot qui les transportait a été coulé.

Depuis le 7 mai 2015, et le début de leur implication dans les opérations de sauvetage en Méditerranée, les navires de la marine allemande ont sauvé 10.528 personnes.

(NGV)

Joyeux Noël à tous

Fri, 25/12/2015 - 11:53

B2 est au ralenti durant ses prochains jours.

Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année à tous…

Eunavfor Med renforce ses capacités aériennes. Une nouvelle base à Pantelleria

Wed, 23/12/2015 - 18:30

(Crédit: EUNAVFOR MED Sophia)

(B2) L’opération européenne de lutte contre les trafiquants en Méditerranée (EUNAVFOR MED Sophia) s’est renforcée côté aérien. Une équipe aéroportée grecque a rejoint l’opération.

Un avion grec de détection

Les Grecs apportent ainsi un avion Erieye (EMB-145H), permettant de faire de la détection aérienne comme de surface et du commandement aéroporté (1). Cet avion opère depuis la base aérienne grecque d’Elefsis — à 20 km d’Athènes — mais est mis à disposition de l’opération européenne. La Marine espagnole a, de son côté, remplacé son hélicoptère SH 60, embarqué depuis le 5 octobre, sur la frégate espagnole ESPS Canarias (F-86), par un hélicoptère AB-212.

En tout, 3 1/2 avions et 3 hélicoptères

Le volet aérien de l’opération Sophia peut ainsi compter aujourd’hui sur trois hélicoptères (2 EH101 italiens, embarqués sur le Garibaldi, et l’Espagnol AB-212 sur le navire ESPS Canarias) et quatre avions : le Erieye Grec, basé en Grèce, un P3 Orion espagnol et un Falcon 50 français (à temps partiel), basés normalement à Sigonella (Sicile) et un avion de reconnaissance SW3 Merlin III luxembourgeois qui vient de tester une nouvelle base.

Une nouvelle base aérienne en pleine mer

Les Européens sont en train de mettre en place une nouvelle base opérationnelle avancée (FOB – Forward Operational Base), sur le petit aéroport de Pantelleria. Cette petite ile, d’origine volcanique, est située en pleine mer, au nord-ouest de Lampedusa et à mi-chemin entre les côtes tunisiennes et la Sicile. Cette base a l’avantage par rapport à la base habituelle de Sigonella, située près de Catane, d’éviter tout le sud de la Sicile, et de gagner un temps précieux (environ 1/2 heure). Autre avantage pour les équipages, la chaleur y est moins intense. La vie y est sans doute moins trépidante qu’en Sicile. Mais s’ils ont 5 minutes, ils pourront toujours aller goûter le ‘vin du diable‘ de l’actrice Carole Bouquet qui a acquis des terres et un vignoble . Le Merlin vient de tester la base de  comme de l’opération.

(LH & NGV)

(1) En fait un R99A, la version militaire de l’Embraer ERJ 145, équipé du radar aéroporté suédois Erieye de Saab

Raid des ‘Barkhane’ contre le groupe Al Mourabitoun

Wed, 23/12/2015 - 18:01

(Crédit : DICOD/EMA – archives)

(B2) Les forces françaises de l’opération Barkhane ont conduit une opération dans la région de Ménaka, au Mali, contre des éléments affiliés au groupe terroriste « Al Mourabitoun », dans la nuit du 19 au 20 décembre, a annoncé un communiqué de l’Etat-Major des armées mardi soir.

Combats violents durant plusieurs heures

« Au terme de combats violents qui ont duré près de quatre heures, deux pick-ups et une dizaine de motos ont été saisis. Une dizaine de terroristes ont été neutralisés ». Ce qui indique, en langage de communication, qu’ils ont été tués ou blessés. « Une quantité importante d’armements et d’explosifs a été récupérée » ajoute l’Etat-major.

Un groupe meurtrier

Le groupe Al Mourabitoun est responsable « de plusieurs attentats » au Mali et au Niger, « contre des forces armées locales et des forces internationales ». Il avait notamment revendiqué l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre dernier (lire : Les experts européens ont prêté main forte après l’attaque du Blu Radisson à Bamako). Al Mourabitoun est né de la fusion du Mujao et des « Signataires par le sang », le mouvement créé par Mokhtar Belmokhtar en décembre 2012, après son éviction d’AQMI. Les Signataires par le sang avaient revendiqué l’attaque contre l’usine d’In Amenas (Algérie).

(NGV)

Des forces spéciales italiennes près de Mossoul

Tue, 22/12/2015 - 11:22

(B2) L’Italie va envoyer 450 soldats italiens en Irak pour protéger les travaux de remise en état digue de Mossoul. Cette digue, située à 70 km au nord de Mossoul, est très abîmée et nécessite des réparations. L’entreprise italienne ne peut cependant commencer les travaux sans une protection. Le Premier ministre Matteo Renzi a donc annoncé, mardi (15 décembre) ce déploiement de forces.

EUTM a commencé à former les Gendarmes maliens à Koulikoro

Mon, 21/12/2015 - 17:29

Lors d’un exercice d’assaut sur une maison défendue par des hommes armés, les Gendarmes maliens ont mis en pratique les enseignements des Européens.  (Crédit: EUTM Mali)

(B2) La formation du 7ème GTIA (groupement tactique interarmes) s’est achevée au camp d’entrainement de Koulikoro. Une formation un peu particulière puisque, pour la première fois, une unité de la Gendarmerie malienne y participait. L’objectif était de faire des gendarmes « des combattants captent à maitriser les actes élémentaires (se déplacer, se poster…) en étant intégré au départ dans un groupe puis dans un peloton/ section », explique-t-on à EUTM Mali, la mission européenne de formation des forces armées maliennes.

A l’image de ses homologues espagnole (Guardia Civil) ou française, la Gendarmerie malienne a davantage des fonctions de maintien de l’ordre que d’ordre militaire. Rattachés au ministère de la sécurité nationale, les gendarmes (1) ont cependant des responsabilités dans la défense du territoire malien. Ils sont, par exemple, responsables du contrôle des points de passages aux frontières du pays. Pour ses missions principales de police, la Gendarmerie malienne est habituellement soutenue par la mission EUCAP Sahel au Mali, qui lui fournit une structure de conseil et de formation (lire : L’Europe va former policiers et gendarmes maliens).

(LH)

(1) Les gendarmes ont d’ordinaire une meilleure réputation au Mali que leurs collègues de la police, dont la population soupçonne à chaque contrôle de vouloir prélever une dîme (NGV)

La visite au plus ancien ami et allié

Sun, 20/12/2015 - 09:51

Le secrétaire d’Etat US Ash Carter quitte le Charles de gaulle en compagnie (si j’ai bien noté) du capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, du secrétaire d’Etat français Jean-Marc Todeschini de l’amiral René-Jean Crignola (crédit : DoD photo – Army Sgt. 1st Class Clydell Kinchen )

(B2) En posant le pied sur le Charles de Gaulle, le secrétaire d’Etat US à la Défense a voulu rendre hommage au « plus ancien ami et allié » qu’aient eu les Etats-Unis. « La France est – peut-être certains d’entre vous ne savent pas – le plus ancien allié de l’Amérique. Le plus ancien ami et allié » a déclaré Ash Carter.

Le Charles de la Gaulle à la tête de la TF 50

Le contre-amiral René-Jean Crignola, commandant du Groupe aéronaval, a en effet pris les fonctions de commandant de la Task Force 50, la composante navale de la coalition contre Daech (1). C’est la première fois que la fonction de commandant de la TF50, est exercée par un non Américain. D’ordinaire, elle est assurée par un amiral américain. Ce dont on n’est pas peu fier au niveau français qui ravit ainsi la place de premier allié aux Britanniques à qui ce rôle est d’ordinaire dévolu. Le commandant de la TF50 travaille d’ailleurs en étroite collaboration avec USNAVCENT, l’état-major naval régional américain de la coalition contre Daech.

Fiers du travail des frenchies !

« Nous sommes fiers que vous commandiez la Task Force 50 » a salué comme en écho Ash Carter. Le Groupe aéronaval (GAN), formé autour du Charles de Gaulle, assure en effet la permanence de la présence des alliés dans le Golfe, relayant ainsi les navires américains qui ont un « trou d’air ». Côté français, le GAN rassemble — coté français — le Groupe aérien embarqué (GAé), la frégate de défense aérienne Chevalier Paul la frégate anti sous-marine La Motte-Picquet, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Marne — et au moins trois navires européens : la frégate belge Léopold Ier, de la frégate allemande Augsburg et de la frégate de défense aérienne britannique HMS Defender. Le Charles de Gaulle abrite un état-major multinational, dont quelques américains que Ash Carter a tenu à saluer personnellement.

Vaincre une force maléfique

Daech est Isil  « est une force maléfique (2) qui sera vaincue, doit être vaincue … vite — a déclaré le secrétaire d’Etat US. Ce sont les instructions du président Obama. Et je sais que ce sont aussi les instructions du président Hollande : accélérer la défaite de Daech. » Et d’ajouter : la « France n’est pas seule à contribuer aux efforts pour vaincre ISIL. (Mais) la présence du De Gaulle, ici, dans le Golfe Persique signifie que la nation est dans une mission plus large pour la sécurité de la région. Cela nous rappelle que la France (a) une réputation mondiale d’une force pour la civilisation. C’est (au) monde civilisé de se défendre et défendre ce que nous représentons. »

(NGV)

(1) Un commandement pris quand le navire est passé en mer rouge, le 7 décembre dernier, après avoir franchi le canal de Suez pour rejoindre le golfe arabo-persique, le GAP, comme disent les marins, pas avares d’initiales, après MEDOR (la Méditerranée orientale), çà sonne…

(2) Un langage très messianique en quelque sorte, qui est une permanence du discours  américain, depuis longtemps, et qui tient toujours à rappeler le combat pour la civilisation et contre le diable.

(Mis à jour) détails sur la composition du GAN et le rôle de la TF50

Le HMS Defender se joint au Charles de Gaulle

Sat, 19/12/2015 - 12:55

(crédit : MOD Uk / Crown ©)

(B2) La frégate anti-aérienne britannique , le HMS Defender (D-36), a rejoint le Charles-de-Gaulle dans le Golfe, après avoir passé le Canal de Suez, a annoncé mer (16 décembre) la marine britannique.

Le HMS Defender, une frégate de type 45, commandée par  Stephen Higham
va rester neuf mois en déploiement de neuf mois au Moyen-Orient. Il dispose de radars de longue portée en mesure de fournir « une image claire sur une zone étendue jusqu’à plus de 300 miles », précise la marine.

« Cela montre encore une fois que la Grande-Bretagne et la France se tiennent au coude à coude contre cette organisation terroriste brutale » a déclaré le ministre britannique de la Défense Michael Fallon. « Des touristes britanniques sur une plage en Tunisie ou des citoyens français à Paris, nos deux pays ont eu l’expérience en première ligne du mal dont est capable de Dacsh. Et nous sommes unis dans notre détermination à les détruire » a-t-il ajouté

(NGV)

L’Afrique déclenche sa force de maintien de la paix au Burundi

Fri, 18/12/2015 - 22:28

(B2) Les derniers évènements au Burundi semblent l’avoir emporté sur les dernières réticences. Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) a décidé jeudi (17 décembre), d’autoriser le déploiement d’une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU).

Un déploiement conditionné

5000 hommes devraient constituer cette force qui aura une durée initiale de six mois renouvelable. Mais ce déploiement est soumis à une condition : l’accord de Bujumbura. Si le gouvernement burundais ne donne pas son accord, dans les 4 jours, l’Union africaine devra alors décider un déploiement de la force africaine en attente, d’Afrique de l’est.

Mandat de prévention des violences et protection de la population

Le mandat de la Maprobu s’étend sur plusieurs actions, notamment « prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire » et « contribuer, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à la protection des populations civiles sous menace imminente ». Elle devra « faciliter (un accord sur) le désarmement des milices et groupes illégaux, la protection de personnalités politiques et d’autres acteurs dont la sécurité serait menacée, et la protection du personnel de l’Union africaine, de ses biens et de ses installations ».

(NGV)

Quels pays ont répondu à l’appel de la France ? François confirme les infos B2 !

Fri, 18/12/2015 - 20:52

(B2) François Hollande a, tout à l’heure, lors de la conférence de presse finale dressé à son tour un petit bilan de la mise en application de l’article 42.7. Cela s’est fait en deux temps : d’abord une intervention liminaire, préparée d’avance, plutôt optimiste. Puis un recalage, un peu plus précis quand nous l’avons interrogé en soulignant que nous n’avions pas tout à fait, les mêmes noms que lui dans notre besace…

L’Europe a été au rendez-vous

« Un mois après que le ministre de la Défense ait saisi ses homologues, les pays européens ont répondu. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie. Il y a une très grande solidarité, très grande mobilisation pour nous permettre d’avoir sur le plan militaire la réponse et la riposte qui est nécessaire . Nous unissons nos forces contre Daech. Et nous veillons aussi à ce que les trafics que Daech peut organiser, trafic de pétrole, trafic d’œuvres d’art puissent être annihilés. La France peut faire le constat que la solidarité a été au rendez-vous. »

Merci de faire enquête

L’occasion était trop belle pour ne pas demander quelques précisions au président, car il nous semblait un brin lyrique. Dans notre enquête, en effet, nous n’avons pas noté un tel enthousiasme néerlandais ou italien par exemple. François Hollande, dans une taquine réponse,  a d’abord « remercier « de faire enquête et me fournir (ainsi) des informations qui peuvent être utiles »… Puis il a apporté quelques précisions, utiles, car elles qualifient l’engagement de chaque pays, et rétropédalent un peu dans son exposé de départ.

Décision importante au Royaume-Uni

Le président français a notamment voulu expliquer pourquoi la réponse du Royaume-Uni et de l’Allemagne en particulier étaient fondamentales, au plan politique comme militaire.

Au Royaume-Uni, « c’est important car Cameron avait été empêché d’intervenir quand la France y était prête, par rapport au régime de Bachar qui avait utilisé des armes chimiques. Cette fois-ci, il a pu obtenir le concours de son parlement, de la Chambres des communes pour agir en Syrie contre Daech. »

Et décision majeure en Allemagne

Pour l’Allemagne, aussi, « c’est une décision tout à fait majeure prise par la Chancelière et le Bundestag. C’est la première fois que les Allemands vont pouvoir participer à une opération extérieure, pas seulement en fournissant du matériel mais aussi du personnel (1). Donc c’est un moment très fort de solidarité. »

La Suède : pas si simple vu la tradition

« D’autres pays, comme la Suède, ont annoncé le 16 décembre des moyens en matière de transport aérien. Là aussi, vous connaissez la tradition de la Suède, ce n’était pas si simple. »

D’autres contributions en attente

« En Belgique et au Danemark, des débats sont en cours aussi pour cette contribution. Et je sais que l’Italie, les Pays-Bas ont aussi cette volonté. En Espagne, il y a des élections dimanche. Et ce sera après le scrutin que nous pourrons avoir la confirmation. »

Des contributions modestes mais symboliques de la solidarité

« Nous allons continuer avec tous les pays. Quelquefois ce sont des pays qui donnent des contributions modestes mais qui sont symboliques aussi de leur volonté de participer à la lutte contre le terrorisme, contre Daech et de montrer aussi une solidarité à l’égard de la France. »

Commentaire : Nous n’aurions pas dit mieux. Et comme c’est le Président qui le dit…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Le président s’enthousiasme quelque peu. L’Allemagne s’est fortement engagée dans les Balkans, d’abord, dans les années 1990, qui est la première intervention de ce type à l’extérieur, puis en Afghanistan, sous bannière de l’OTAN dans les deux cas. Ce qui est sûr, c’est que c’est la première fois qu’il y a un tel engagement au Moyen-Orient, et surtout aussi rapide…

Bientôt des garde-frontières européens en Grèce ou ailleurs ?

Thu, 17/12/2015 - 23:14

(B2) « Sans contrôle effectif sur nos frontières, Schengen ne survivra pas ». C’est le leitmotiv de Donald Tusk, le président du Conseil européen, comme de la plupart des leaders européens qui se retrouvent aujourd’hui (19 novembre) à Bruxelles pour un nouveau sommet européen consacré à la crise des réfugiés. Ils auront du grain à moudre…

Un paquet de décisions

La Commission européenne, présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a travaillé d’arrache-pied ces dernières semaines pour mettre au point un « paquet » de mesures permettant de « boucher » tous les trous existants, à la fois législatifs et opérationnels. Une révision du Code Schengen a ainsi été présentée, mardi. Elle rendra possibles des contrôles systématiques aux frontières pour les Européens également. Une évolution demandée par Paris et Berlin.

Une proposition audacieuse

La Commission met aussi sur la table une proposition très audacieuse : la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens. Une idée souvent évoquée, jamais concrétisée. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu à Bruxelles un tel projet, concret et ambitieux. Terminée l’habituelle prudence, finis les atermoiements. La proposition de la Commission prévoit de doter l’agence actuelle, Frontex, de pouvoirs plus étendus.

Une vraie capacité d’intervention

Frontex II (*) disposera ainsi d’une vraie capacité d’intervention, à la demande des Etats membres mais aussi de sa propre initiative en cas d’urgence. « Les temps, les esprits ont changé » explique Natasha Bertaud, la porte-parole du commissaire européen aux Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos. « Si on ne prend pas de mesure forte, c’est tout l’espace Schengen qui est menacé ». Aujourd’hui, à chaque crise, « on doit aller faire la quête » complète un expert européen. Ca ne marche pas toujours bien. En octobre, l’agence Frontex avait ainsi lancé un appel pour avoir près de 800 policiers et gardes-frontières déployés en Grèce. Un mois après, elle n’en avait toujours qu’à peine la moitié !

Des moyens doublés

Les gardes-frontières et de gardes-côtes européens new look auront de plus larges compétences : du sauvetage en mer à l’accompagnement des retours d’immigrants expulsés en passant par l’analyse de risques. Ils disposeront d’un budget en hausse, de 340 millions d’euros d’ici 2020. Ils pourront acheter certains équipements (scanners, etc.) ou les louer (avions, bateaux, radars). Le personnel va doubler. Environ 600 embauches sont prévues ! Et une réserve opérationnelle va être créée, d’au moins 1500 experts. Des policiers, des gardes-côtes déjà en poste dans les Etats membres mais prêts à partir dans les 72 heures en cas d’alerte. Un peu comme l’alerte Guépard pour l’armée de terre en France.

Un couac…

Seul petit couac de ce projet, la Commission a prévu de confier à un comité le soin de décider, tout seul, du déploiement des garde-frontières, même si un pays ne l’a pas expressément demandé. De quoi faire ruer dans les brancards quelques Etats chatouilleux sur leur souveraineté, Polonais ou Hongrois notamment. Les Nordiques — Suède et Finlande — n’apprécient pas non plus le procédé qu’ils jugent peu démocratique. A la Commission, on relative cette difficulté. Ce n’est « qu’une proposition, libre aux Etats membres (ou au Parlement européen) de l’amender » rappelle un diplomate européen.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Papier publié dans Sud-Ouest ce jeudi matin

Lire aussi : Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

(1) Une terminologie qu’on n’aime pas trop du côté de la Commission où on préfère parler de novation complète

La clause d’assistance mutuelle déclenchée par la France : bilan un mois après (enquête)

Thu, 17/12/2015 - 17:43

Formateurs de peshmergas néerlandais (Crédit : MOD Pays-Bas)

(B2 – exclusif) Il y a un mois, Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, arrivait au Conseil des ministres de l’Union européenne avec un message très simple, se résumant à quelques mots : je demande l’invocation de la clause de l’article 42.7. Une clause, parfois dénommée clause de solidarité, plus souvent clause de d’assistance ou de défense mutuelle, dont même les spécialistes européens avaient un peu oublié l’existence (lire : La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?).

B2 a enquêté sur la mise en oeuvre de cette clause. Tous les détails ont été publiés il y a quelques jours dans notre édition professionnelle, article plusieurs fois remis à jour, en dernier lieu aujourd’hui (Lire aussi : La clause d’assistance mutuelle activée. Qui se mobilise ? Comment ? Enquête (maj3)). Au bout d’un mois, on peut tracer un premier bilan et donner quelques explications supplémentaires.

Un bilan pour l’instant mitigé

Tout d’abord, on perçoit une tendance de fond. Le soutien politique est entier parmi les 28. Et la prise de conscience réelle. Mais, au-delà des mots, l’engagement effectif est très diversifié. Ensuite, il est souvent difficile de dégager ce qui correspond réellement à un engagement nouveau — répondant à la clause d’assistance mutuelle —, et ce qui correspond juste à du recyclage d’une décision déjà prise ou la « réorientation » d’une mission déjà engagée ou déjà décidée. Il y a souvent un mélange des deux, dans une confusion savamment entretenue par nombre de gouvernements, pour des raisons à la fois internes et externes. Enfin, il s’agit bien souvent d’un premier jet. Plusieurs pays ont indiqué qu’ils entendaient approfondir le sujet et faire d’autres propositions l’année prochaine. Pour certains pays, redéployer des financements des hommes et des financements (déjà planifiés et entérinés dans les mandats votés par leurs assemblées) n’est pas toujours facile

Engagement majeur de trois alliés

L’engagement effectif a été fait de façon majeure par trois alliés : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni. Chacun pour différentes (bonnes) raisons internes.

A Londres, la demande française a constitué une excellente fenêtre d’opportunité pour David Cameron. Le Premier ministre qui avait essuyé un échec notable à la Chambre des communes en août 2013 revient ainsi dans la ‘course’ et retrouve, surtout, un rôle  dans la coalition internationale dirigée par les Américains. Le Royaume-Uni était, de fait, marginalisé ; la place d’allié « fidèle » étant conquise par la France. Au plan interne, il lui a permis également d’enfoncer un coin dans le camp travailliste.

A Berlin, l’engagement allemand, proposé par la ministre de la Défense Ursula von der Leyen, a été arbitré au plus haut niveau par Angela Merkel, et rapide. Ce qui est à remarquer particulièrement et marque la détermination allemande de se trouver aux côtés de la France (tout comme de trouver une place d’allié sûr dans la coalition internationale, motivation semblable aux Britanniques sur ce point). Certes il reste en soutien logistique mais ce soutien est très utile et bien ciblé (surveillance aérienne, satellitaire, ravitailleurs en vols, maritime…) sans compter ce qui n’est pas dit (l’engagement des renseignements allemands, du BND, particulièrement actifs dans la zone). Son coût (134 millions d’euros pour un an) témoigne de la valeur de l’engagement. Une décision prise en quelques jours. Ce qui prouve qu’on peut allier réactivité et consultation démocratique quand il y a une volonté politique et un contexte favorable.

L’engagement belge doit aussi être noté. Certes il s’agit en partie d’une réorientation de la mission du Leopold Ier plus qu’un engagement nouveau mais il s’accompagne d’une mise en réserve dès 2016 de nouveaux moyens notables pour un pays de ‘petite’ taille (environ 300 hommes pour une opération au Sahel).

Des contributions modestes maus utiles

Une série d’autres pays ont procédé assez rapidement à des prises de décision, chacun selon ses contraintes internes et possibilités. Les uns ont proposé des heures de vol d’avions de transport stratégique type C17 ou gros porteurs Antonov An124 (Suédois, Luxembourgeois et peut-être Finlandais), d’autres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Roumanie, Slovaquie et peut-être rép. Tchèque) ont annoncé un petit renfort personnel supplémentaire dans les deux missions déployées au Mali — la mission européenne EUTM Mali pour la formation de l’armée malienne et les casques bleus de la MINUSMA. Ces engagements paraissent souvent assez limités. Mais additionnés les uns aux autres, ils forment un tout qui n’est pas négligeable (*).

Ceux qui n’ont rien proposé

Une dizaine de pays n’ont, pour l’instant, rien proposé. Parmi eux, on retrouve un certain nombre de puissances ‘moyennes’ (Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne) qui pourraient effectivement mettre des moyens mais n’ont pas formulé de réponse concrète. Certains ont de ‘bonnes’ raisons. L’Espagne est en période électorale. L’Italie veut garder un focus sur la Méditerranée, la Somalie et la Libye pour l’Italie. Les Pays-Bas, déjà engagés au Mali (dans la MINUSMA) et au Moyen-Orient, examinent de près l’option de s’engager plus avant en étendant leur mission de F-16 au-dessus de l’Irak vers la Syrie (pour La Haye, c’est davantage une question de temps). Pour d’autres comme la Pologne, c’est plus confus, tout comme la Hongrie, qui n’a pas répondu précisément. D’autres pays (Grèce, Portugal) ont de sérieuses difficultés économiques et de vraies difficultés à s’engager.

Commentaire : On retrouve là le gros problème de la défense européenne. D’une part, il n’y a pas de planification globale des engagements extérieurs. Chacun fait comme il veut, selon ses convictions, les opportunités qui se présentent, sans réellement de stratégie. En gros c’est un gigantesque foutoir … et souvent pas mal de gaspillage financier tout comme opérationnel. D’autre part, les pays ayant à la fois des capacités militaires réelles (celles disponibles et non celles figurant sur les livrets d’Etat-major), des possibilités financières et volontaires politiquement, se comptent sur les doigts d’une main (et demi). Les autres sont, un peu comme des passagers clandestins. Ils peuvent fournir quelques personnels (pas plus de 5 en général), pour des opérations supplémentaires, mais déjà engagés dans d’autres opérations de l’OTAN ou de l’ONU (voire pas du tout), ne peuvent pas dégager de moyens supplémentaires. Ils bénéficient de la sécurité globale, sans vraiment s’engager…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Au Burundi, ambiance de terreur. « On frappait à la porte des maisons, on ciblait », Maggy Barankitse

Wed, 16/12/2015 - 17:36

(crédit : RTBF)

(B2) « Le vendredi on frappait à la porte des maisons, on ciblait les maisons, on connaissait les maisons. Et on a ciblé même les maisons des Tutsis. (…) On ne peut pas tuer nos enfants. Ces images c’est un scandale ! (…) C’est très grave. En les tuant ils disaient ‘appelez l’Union européenne’, ‘appelez les Etats-Unis’, ‘appelez Kagamé’. (…) Comment un chef d’Etat peut assassiner au vu et au su de tout le monde. Quelle arrogance ! »

Celle qui parle est Maggy Barankitse, interrogée par nos collègues de la RTBF. Une personnalité charismatique ! La « maman » du Burundi Elle a notamment recueilli des orphelins hutus comme tutsis durant la guerre civile qui a frappé le Burundi en 1993. On la croyait presque intouchable tant elle est réputée au Rwanda. Elle a fui aujourd’hui, réfugiée en Belgique. Et la maison Shalom qu’elle a créée a vu ses activités stoppées.

Le Cerveau : le président Nkurunziza

Maggy Barankitse n’hésite ne mâche pas ses mots. « Le Cerveau c’est Nkurunziza. Le président. C’est lui le commanditaire. La Cour pénale internationale devait réagir aujourd’hui avant qu’il soit trop tard. Il faut qu’on l’arrête. (…) On dit, nous ne savons pas où commencer. Car le pays est souverain. Donc vous acceptez qu’on tue nos enfants, qu’on nous tue qu’on nous exile. Nous venons ici mendier. Alors qu’on pouvait vivre dans la convivialité. »

Le Burundi est tout petit Un génocide politico-ethnique

« C’est un génocide politico-ethnique. Il va choisir tous ceux qui ont refusé un troisième mandat ». Et d’apostropher la communauté internationale en particulier l’Europe pour son inaction. « Est-ce que vous n’êtes pas allés en Syrie ? Est-ce que n’êtes pas allés en Libye ? Pourquoi n’iriez-vous pas au Burundi. Il est tout petit le Burundi. Il n’y a pas de pétrole. Mais il y a vos frères et soeurs, vos enfants. Il y a la plus grande richesse que l’humanité a : c’est la personne humaine. C’est pas le pétrole, c’est pas le diamant. Il y a plus que le diamant, il y a plus que çà, il y a plus que çà… ».

L’Europe détourne les yeux

Ecoutez ici, réécoutez ! Car Maggy n’a pas tort. L’inaction semble la règle. L’Europe – qui a autre chose à faire – détourne les yeux et s’en remet à l’ONU qui s’en remet à l’Union africaine, qui attend qu’on lui donne des moyens ou un feu vert. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE étaient réunis lundi. Ils n’ont même pas réussi à évoquer officiellement cette question à l’agenda, à condamner de façon vive ce qui se passe au Burundi. Ils se sont contentés d’appeler au dialogue politique (lire sur B2 pro : L’Europe encourage le Burundi au dialogue politique. Un peu court ?). Une incroyable lâcheté.

Le Burundi est trop petit

Maggy Barankitse a raison. Le « Burundi est tout petit ». Il ne menace personne. Que ses habitants meurent, ce n’est pas très grave d’une certaine façon. En tout cas beaucoup moins qu’une barcasse qui se noie au large des côtes européennes… Si l’Union européenne, réunie au plus haut niveau, ces jours-ci, ne trouve pas le moyen d’une part d’adresser une condamnation ferme, sans équivoque, d’autre part de réagir autrement qu’avec trois mots, c’est qu’il ne sert à rien de parler de droits de l’Homme, de rôle dans le monde, de stratégie de sécurité, d’avoir des capacités de maintien de la paix pour réagir en cas de crise (voir encadré) … Cela ne sert à rien si on n’est pas un tant soit peu capable d’agir sur le Burundi.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le battlegroup européen : un joujou pour faire beau !

Ce sont actuellement les Français et les Belges qui assurent la permanence de la force européenne de réaction rapide jusqu’à fin décembre. On peut comprendre qu’il y ait des considérations technico-politiques qui empêchent le déploiement de ce battlegroup. Surdose d’engagement pour les Français, contraintes politico-historiques pour les Belges avec souvenir dramatique du Rwanda pour les deux. Mais le battlegroup suivant pourrait se déployer. Il est prêt, du moins théoriquement. C’est le battlegroup de Visegrad, les V4 (Pologne, Hongrie, Rép. Tchèque, Slovaquie). Vous savez ces pays qui parlent haut et fort dès qu’il s’agit de l’Ukraine, des réfugiés, de la Zone Euro, des autres qui ne respectent pas les règles. Puis qui viennent pleurnicher dans le giron de l’OTAN ou de celui de l’Europe pour avoir des chars, des hommes, des batteries anti-aériennes, des avions pour renforcer leurs défenses et jouer ainsi du muscle avec les Russes. Des pays qu’on ne voit plus en général dès qu’il s’agit d’agir ! dès qu’il s’agit d’être solidaire ! Pour eux, le battlegroup est un joujou, destiné à faire beau !

NB : Certains lecteurs pourront être choqués. D’ordinaire, nous ne publions pas des images ‘violentes’. Là on ne peut pas faire autrement…

Le gouvernement polonais met au pas ses ‘Services’

Wed, 16/12/2015 - 07:30

(B2) Une polémique a éclaté en Pologne autour du centre d’excellence de l’OTAN sur le contre-espionnage qui devait être inauguré prochainement. Piotr Bączek le nouveau chef du Service de contre-espionnage militaire, a « annulé la réunion inaugurale des représentants de 9 pays signataires (*) » écrit le quotidien Gazeta Wyborcza.

Le centre d’excellence de l’OTAN ralenti

« L’arrivée des responsables du renseignement polonais en Slovaquie et l’assistance technique du SKW (le service polonais de contre-espionnage) ont été stoppées ». Un ralentissement plutôt qu’un arrêt. Mais même cela est démenti au ministère de la Défense. « Le lancement du projet du Centre sera mis en œuvre conformément au calendrier convenu » a déclaré son porte-parole Bartłomiej Miśkiewicz.

Accusé de communication avec l’ennemi… américain !

Le gouvernement semble avoir lancé une opération de limogeage de certains responsables nommés sous l’ancien gouvernement de la Plate-forme civique. Et plus généralement une sorte de politique de lustration de plusieurs responsables militaires — Le chef de ce centre, Józef Dusza, a fait ainsi l’objet d’une procédure disciplinaire pour « entente avec des services étrangers »… Une disposition utilisée en général en cas de communication interdite. En fait de communication avec d’autres, il s’agit des services.. américains selon Radio Zet !

Une remise au pas ?

Cet épisode ne semble pas être un épiphénomène. Le gouvernement et, en particulier, son ministre de la Défense, Antoni Macierewicz, entendent rouvrir le dossier du crash de Smolensk. Pour le PiS revenu au pouvoir le crash du Tupolev 154 le 10 avril 2010, alors qu’il transportait une délégation officielle conduite par le président Lech Kaczyński vers Katyń, ceci n’est pas due aux multiples causes avancées (brouillard, erreur de pilotage, mauvaise compréhension avec la tour de contrôle, etc.) (2). Mais il pointe la responsabilité russe dans le crash de l’avion présidentiel, dénonçant un complot et une enquête bâclée.

Un screening des militaires

Chacun des responsables du renseignement est aujourd’hui testé pour savoir quelle version il défend. Ce screening a pour but de purger certains éléments jugés trop indépendants vis-à-vis du nouveau pouvoir. Ce dispositif qui touche aussi certains gradés de l’armée ressemble assez à la lustration entreprise après la chute du pouvoir communiste. Et cette politique ne se limite pas au niveau militaire. Elle est à rapprocher de la nomination de plusieurs juges au Tribunal constitutionnel pour éviter de voir ce Tribunal être trop opposé à certains décisions gouvernementales. C’est une véritable reprise en main du pouvoir qu’opère ainsi la Première ministre Beata Szydło.

(NGV)

(1) La Pologne et la Slovaquie sont les initiateurs de ce centre qui rassemble 7 autres pays (rép. Tchèque, Allemagne, Hongrie, Italie, Lituanie, Roumanie, Slovénie et Croatie).

(2) Lire :

 

Des gardes-frontières européens, une excellente idée. Mais…

Tue, 15/12/2015 - 07:05

(B2) Un corps de garde-frontières européens et de garde-côtes, l’idée est ancienne. Mais elle n’a jamais pu être mise en oeuvre, comme nous l’avions écrit récemment. Tout simplement, car une majorité des Etats s’y étaient opposés assez vite. De cette idée est d’ailleurs née un succédané, « l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne », plus connue sous son acronyme Frontex (lire : En direct de la ‘situation room’ de Frontex).

Si le nom était long, il disait bien aussi ce que Frontex était : juste un organe de gestion opérationnelle. Ce qui, en soi, était ambitieux. Aujourd’hui cette agence ne dispose pas de tous les moyens nécessaires. Quand existe un besoin, constaté par tous, comme aux frontières de la Grèce, elle doit lancer un appel à du personnel et du financement. Et ces appels ne trouvent pas toujours vraiment réponse. Les Etats rechignent à envoyer du personnel et du matériel, parfois tout simplement car ils ont autre chose à faire (Lire : Au coeur de Frontex).

Parfois ce sont les mêmes d’ailleurs qui se plaignent de voir les frontières mal défendues ou de voir des migrants arriver par centaines. Témoin : le dernier appel à contribution pour quelque 700 personnels qui n’a été rempli que péniblement à moitié. Il était temps de passer à autre chose.

Une décision courageuse

La volonté de la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker de proposer, d’emblée, la création d’un corps européen de garde-frontières, sans passer par une étape intermédiaire, est à saluer. C’est une nécessité aujourd’hui si on veut garder une certaine sérénité sur le continent  européen. Même si cette mesure peut paraître brutale, on a trop souvent parlé, dans le passé, de première étape sans passer à la seconde, pour ne pas avoir envie aujourd’hui d’être plus décisif. De fait, la plupart des Etats préfèrent un corps européen, même si ce n’est pas leur premier choix, à des frontières poreuses, mal gardées, où l’Etat concerné n’a que peu de moyens à opposer…

Les modalités de décision à revoir

On peut, en revanche, avoir un peu plus de doute sur les dispositions figurant dans le projet de règlement proposé aujourd’hui permettant de passer outre la volonté d’un Etat pour imposer la présence de gardes-frontières. Cette disposition peut paraître justifiée au regard de certaines périodes de latence, quand l’Etat où se déroule une crise met du temps à réagir. C’était le cas pour la Grèce récemment (lire : La Grèce appelle l’Europe au secours. Il était temps !). Mais il faut se méfier des mesures trop conjoncturelles. Cette mesure risque de heurter inutilement de nombreux pays à la souveraineté sensible, notamment à l’Est de l’Europe. Il ne faut pas les blâmer rapidement. Ils ont leurs raisons, voire raison tout court !

Discutable juridiquement…

D’un point de vue juridique, il parait difficile que la Commission impose une mesure de force, qui oblige un Etat à accepter des forces d’un autre pays, qui vont intervenir à sa place, assurant des fonctions régaliennes, comme intervenir en uniforme, armés, arrêter des personnes. En droit international, cela supposerait d’avoir une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies avec le recours au Chapitre VII.

… comme historiquement

En termes historiques, c’est oublier le rôle joué par les gardes-frontières dans le système communiste de l’URSS et encore aujourd’hui en Russie. Les « verts » étaient une composante intégrale du dispositif soviétique de renseignements (KGB puis FSB), destiné à assurer l’ordre, aux côtés des « bleus » — la police politique. De plus, la notion d’assistance forcée peut résonner de façon étrange en référence à l’histoire. L’URSS n’a pas hésité à utiliser cette notion pour imposer à ses voisins de venir lui prêter « main forte ».

ou politiquement

L’époque a certes totalement changé. Et l’esprit de la Commission est tout autre. Il s’agit en renforçant les frontières externes de préserver la libre circulation à l’intérieur des frontières européennes, de sauver Schengen. Mais l’histoire est encore vive. il faut faire attention aux symboles… Et imposer à un Etat contre son gré certaines mesures pourrait se révéler dangereux à terme.

Une disposition qui pourrait valser

Du côté de la Commission, on semble d’ailleurs conscient — pour ce que j’ai compris — d’être allé « un peu loin » et prêt à abandonner cette disposition. Il s’agit plutôt d’un élément comme de quelques autres, destinés à servir de contrepartie dans la négociation qui va s’engager maintenant au sein du corpus législatif européen (Conseil des Etats membres de l’UE et Parlement européen). Espérons que cette « provocation » ne servira de prétexte à quelques uns pour refuser tout le projet.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire notre dossier : N°30. Garder les frontières de l’Europe. Vers un corps européen de garde-côtes et garde-frontières

Daech pénètre en Libye vers les puits de pétrole (Le Drian)

Mon, 14/12/2015 - 23:55

(crédit : RTL – archives JYLD en janvier 2015)

(B2) L’organisation de l’Etat islamique (Daech) a pris pied sur la côte libyenne, autour de Syrte, l’ancien bastion de Kadhafi. Mais elle commence à progresser « vers l’intérieur » de la Libye avec pour objectif l’accès à des puits de pétrole, a mis en évidence lundi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian sur la chaîne française RTL : « La situation est préoccupante en Libye. Je l’ai dit depuis des mois. »

De Syrte vers l’intérieur du pays

Les miliciens de Daech « sont à Syrte. Ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte. Mais ils commencent à pénétrer vers l’intérieur et à avoir tentation d’accès à des puits de pétrole et à des réserves de pétrole. Il faut absolument que cesse des conflits intralibyens, sinon le vainqueur militaire sera Daech.

Une lente prise de conscience chez les Libyens

« Heureusement, cette prise de conscience commence à se faire à la fois du côté de Tripoli et du côté de Tobrouk. Et on peut penser que les discussions qui sont en cours à la fois sous l’autorité de Martin Kobler, l’envoyé spécial des Nations unies, et dans les réunions de Rome, qui se sont déroulées ce week-end, vont aboutir à une solution politique » a-t-il ajouté.

Pas de frappes aériennes, une solution politique

Des frappes aériennes ne sont pas une option pour Jean-Yves Le Drian. « Il n’y a pas d’autre solution (que) politique. Il faut aboutir à une solution politique entre les différents clans, les différentes fractions qui aujourd’hui s’opposent en Libye » (…) Ils ont eux-mêmes les moyens militaires entre eux pour enrayer la progression de Daech donc il faut qu’ils s’unissent politiquement ».

Commentaire : Entamer des frappes parait plutôt délicat au plan politique comme militaire. La légitimité internationale de ces frappes serait étroite – sans une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution votée le 20 novembre vise davantage Daech en Irak et en Syrie. Militairement, outre d’avoir les moyens nécessaires, l’effet pourrait être plus négatif que positif, en déplaçant des populations, donc les éléments de Daech, en suscitant d’autres vocations, et en provoquant chez les milices libyennes, au final, une réaction davantage de solidarité que de d’hostilité.

(NGV)

Ecoutez le fichier audio (source RTL) – Libye (à partir de la 7e minute, après la réaction aux élections régionales)

http://www.bruxelles2.eu/wp-content/uploads/2015/12/LeDrianElectionsLibye-Rtl20151214-8h35.mp3

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