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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 3 hours 13 min ago

800 migrants récupérés en mer. Certains ont transité par l’Egypte

Sat, 14/05/2016 - 23:33

Le Peluso (crédit : Guardia di Costiera)

(B2) Environ 800 migrants, récupérés en mer, sont arrivés ces heures-ci en Sicile, secourus dans plusieurs opérations différentes où sont intervenus des navires des garde-côtes italiens et de Frontex (opération Triton).

Deux navires repérés par un avion des garde-côtes

Les migrants entassés sur deux bateaux dérivaient au large des côtes de la Sicile. Ils ont été localisés par un avion de la Garde côtière de la base de Catane. Le navire des garde-côtes italiens, Peluso (CP905), est venu au secours du premier bateau qui contenait 515 personnes. Il a pris en charge directement 342 migrants (1), débarqués à Augusta. Tandis que 173 autres étaient sauvés par le navire de la Guardia civile espagnol Rio Segura, qui participe à l’opération Triton, et débarqués à Palerme.

Huit passeurs arrêtés

D’après les preuves recueillies par les policiers italiens, et que relate la presse italienne, les migrants ont souffert durant la traversée qui a duré près de 10 jours. Le bateau de pêche ramassant ses passagers au fur et à mesure de son trajet, transbordés de petits bateaux venus de la côte. Les migrants ont été contraints de payer des passeurs pour obtenir de l’eau comme de la nourriture. A l’arrivée, huit suspects d’être des passeurs — sept Egyptiens et un Syrien — ont été arrêtés par la Guardia di Finanzia et incarcérés à la prison de Pagliarelli.

Second bateau secouru

Un second bateau avec 286 migrants à bord a été secouru par le navire militaire finlandais Merikarhu, avec l’aide de trois vedettes de la Garde côtière de Catane, Syracuse et Crotone. Parmi les migrants, une femme en état avancé de la grossesse, a été transféré immédiatement par hélicoptère.

La reprise de la route égyptienne ?

Contrairement à ce qui avait été affirmé au départ, dans ce navire parti d’Egypte, il y avait surtout des Yéménites, Somaliens, Erythréens, Sud-Soudanais et des Egyptiens, selon le HCR, et peu de Syriens. Ce qui confirme en tout cas la reprise depuis plusieurs semaines d’une route de migration à partir de l’Egypte. Les autorités égyptiennes qui avaient fermé la voie terrestre vers la Libye semblent moins attentives à la voie maritime.

Un geste de mauvaise humeur du Caire ?

Ou est-ce une certaine volonté du Caire de montrer ainsi un geste de mauvaise humeur vis-à-vis de Rome. Les relations se sont considérablement tendues ces derniers mois entre les deux capitales après le meurtre non élucidé de Giulio Regeni, un étudiant italien au Caire. Meurtre qui avait provoqué le rappel à Rome de l’ambassadeur italien au Caire.

(Nicolas Gros-Verheyde)

EUTM Mali, la transition vers le mandat « 3 » est lancée

Sat, 14/05/2016 - 19:02

Les officiers maliens apprennent à encadrer et former leurs troupes (Crédit: EUTM Mali)

(BRUXELLES2) Les Européens de la mission de formation de l’arme malienne (EUTM Mali) se préparent pour la transition vers son troisième mandat, qui prévoit une formation des forces armées maliennes sur tout le territoire et plus uniquement à Koulikoro.

Première formation à Faladié

Située à 80 km au nord de Bamako, Faladié accueille l’école des sous officiers de la gendarmerie malienne. C’est ici que les Européens ont formé un total de 270 officiers et sous-officiers malien dans le cadre du programme « formation des formateurs », pendant le mois d’avril. « C’est une étape vers la future formation avec un accent particulier sur le développement du leadership dans les quartiers généraux des FAMA, dans les régions », prévue dans le mandat 3, explique la mission

Entrée du camp de Ségou (Crédit : EUTM Mali)

Conditionnement du camp de Segou 

Autre pas vers le Mandat « 3 » : une reconnaissance de terrain au quartier général de Segou, la deuxième région militaire du Mali. Du 12 au 15 avril, une équipe d’Européens a évalué le camp pour vérifier la faisabilité des activités de formation décentralisées qui commenceront dès juillet. Pour le chef de mission, le général allemand Werner Albl, les résultats sont positifs.  « La formation à Segou – nous pouvons le faire !  »

(Leonor Hubaut)

Lire :

Brexit. Un petit séisme au Parlement européen

Fri, 13/05/2016 - 10:35

(BRUXELLES2) Un possible Brexit lors du référendum du 23 juin risque de provoquer un mini-tsunami au Parlement européen. Certains groupes politiques vont avoir un problème existentiel. D’une certaine façon ce départ va diminuer le poids des eurosceptiques dans l’assemblée de façon notable.

Un groupe perd son statut

Les Souverainistes de l’EFDD risquent leur survie. Ils vont perdre 22 membres (de l’UKIP), passant à 24 membres. Soit au-dessous de la double barre actuelle fixée par le Parlement européen pour former un groupe politique : nombre de députés et nombre minimal d’Etats membres (1). Sauf à revoir ce règlement.

Les Polonais du PiS dominent le groupe conservateur

Pour les Conservateurs de l’ECR, c’est aussi un traumatisme mais moins vital. Ils vont perdre 21 députés (des Torys), passant à 52 membres. Ils régressent du 3e au 5e rang, arrivent au même niveau que la Gauche unie. Une notion très importante au Parlement européen, que ce soit dans l’ordre de parole des groupes ou dans la répartition des différents moyens (financiers, salles…) et attributions (présidences de commission, etc.), avec l’application de la règle d’Hondt (proportionnelle améliorée).

Cela va changer aussi la tournure du groupe qui reposait sur deux pôles essentiels : Britanniques et Polonais. Les Polonais du PiS (droit et justice) seront majoritaires dans ce groupe. Mais ils pourraient perdre la présidence de la sous-commission Défense, à la faveur du changement de mi-mandature…

Le groupe socialiste décroche du PPE

Le groupe Social et démocrate (S&D) devrait subir une perte notable. Le départ de 20 Travaillistes le fait décrocher du groupe leader du Parlement, le PPE. Il passe de 189 à 169 voix soit près de 50 voix d’écart du groupe PPE (215 membres).

Peu de dommage à l’extrême droite

Le groupe nationaliste (Europe des nations et des libertés EFN), dominé par le Front National, perd lui aussi un député. Mais il ne risque pas de perdre le statut de groupe, gardant au moins des députés provenant de 8 Etats membres.

Effet marginal pour les autres groupes

Les autres groupes (Libéraux, Gauche) sont touchés plus marginalement, n’ayant chacun dans leurs membres qu’un seul député britannique (2).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Sur le sujet lire aussi :

 

 

(1) Aujourd’hui, pour former un groupe politique, il faut un minimum de 25 députés, représentant au moins un quart des États membres (7 Etats membres demain). Cette règle qui figure dans le règlement intérieur du Parlement européen peut être revu à tout moment.

(2) Les 73 députés britanniques, selon  le dernier tableau à jour du Parlement, sont répartis ainsi : 22 EFDD, 21 ECR, 20 S&D, 6 Verts et Régionalistes (Ecossais, Pays de Galles), 1 ALDE, 1 GUE, 1 EFN, 1 Non inscrit

En cas de Brexit, les Brit’s privés de droit de vote… dès le 24 juin (Lamassoure)

Thu, 12/05/2016 - 16:00

(BRUXELLES2 à Strasbourg) La question d’un vote « Exit » au référendum britannique sur le maintien du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 23 juin, hante les couloirs européens aujourd’hui. Toutes les institutions européennes retiennent leur souffle, haletant sur le résultat des urnes outre-manche. Pour faire face, elles ont choisi la méthode de la taupe. Elles s’enterrent au fond du terrier, en se disant que çà va passer, et qu’il ne faut rien dire. Une erreur fondamentale selon Alain Lamassoure que nous avons rencontré.

Non, c’est non : dès le 24 juin !

Pour l’eurodéputé français UMP, cette situation n’est pas tenable. Il le dit clairement : « Si le Non l’emporte le 23 juin, dès le 24 juin, il faudrait indiquer que les représentants britanniques dans les institutions européennes ne participent plus aux prises de décision ». Une question légitime selon lui car cette consultation présente « au moins une chance sur deux d’être perdue », surtout de la manière « dont Cameron mène la campagne, multipliant les erreurs ».

Les représentants britanniques n’auront plus le droit de vote

Si on écoute Alain Lamassoure — qui ne semble pas être le seul à penser ainsi même s’il est des seuls à s’exprimer aussi clairement —, les représentants du Royaume-Uni au Conseil n’auraient plus le droit de voter pour se prononcer sur les sujets en cours. Ils continueraient de siéger mais à titre d’observateurs, par exemple, comme le sont les pays qui sont en cours d’adhésion, avant la ratification définitive de leur adhésion. Idem au Parlement européen pour les 73 parlementaires britanniques. « Je n’imagine pas qu’ils puissent se prononcer sur des sujets comme la directive sur le détachement, les questions fiscales, le Panama papers influer sur des textes qu’ils n’auront pas à appliquer. … Ce n’est pas légitime. »

Une question taboue

L’ancien conventionnel européen s’étonne que personne ne se pose la question. « C’est surprenant que personne au Conseil européen, à la Commission européenne, au Parlement européen ne s’en soit soucié. Mais ils dorment donc ? » Officiellement, les services juridiques des trois institutions n’ont pas rendu d’avis… En pratique, les juristes ont commencé à plancher sur les différentes hypothèses, ne serait-ce que pour éclaircir ce que dit ou ne dit pas l’article 50 du Traité (Lire : Brexit ! Quelle procédure pour le retrait ? Quand est-ce applicable ?).

Garder le droit de vote : politiquement inacceptable

Certains (juristes PE) estiment que tant que le Royaume-Uni n’est juridiquement pas dehors, il n’est pas hors de l’Union européenne, et ses représentants peuvent voter. Cela signifie que les représentants britanniques votent durant la période de négociation du processus de sortie. Pour Alain Lamassoure, « juridiquement ce n’est pas aussi clair. Et, surtout, politiquement ce n’est pas acceptable » ! A ceux qui estiment que cela serait contre-productif et pourrait entraver la campagne référendaire, il rétorque : au contraire : « Nous devons le faire. Ce faisant nous rendrons service à ceux des Britanniques qui plaident en faveur du Oui à l’Europe. »

Un avis partagé mais mezzo vocce

Le dirigeant du groupe PPE, Manfred Weber, l’a expliqué vertement lors de la réunion de groupe mardi soir. « S’ils votent non, c’est non, et ils ne participent plus aux décisions » a-t-il dit en substance selon les propos, rapportés par Françoise Grossetête. Contacté par B2, le bureau de Manfred Weber n’a pas voulu confirmé ces propos. Mais il ne les a pas démentis non plus…

Une solution pas illogique…

Une solution pas totalement illogique selon nous et qui trouve des justifications, par parallélisme, dans les processus d’adhésion comme, par défaut, dans la procédure définie à l’article 50 du Traité qui fixe les conditions de sortie d’un Etat membre. L’Etat membre partant ne prend pas, en effet, part au vote sur la procédure de sortie. Il serait ainsi logique que cette solution écrite noire sur blanc s’applique à toute la législation débattue entre temps.

On en reparle le 24 juin !

Du côté de la Commission européenne, on joue la taupe. Interrogé par B2, le porte-parole en chef de la Commission, Margaritis Schinas, a répondu, non sans humour, sur un mode assez connu de la communauté journalistique à Bruxelles : « La Commission ne va pas spéculer sur les conséquences potentielles du référendum britannique. Faisons le point le matin du 24 juin ! »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Brexit ! Quelle procédure pour le retrait ? Quand est-ce applicable ?

Thu, 12/05/2016 - 15:00

(crédit : MOD UK)

(BRUXELLES2) La date du 23 juin et du référendum britannique se rapproche. Et, malgré un sentiment rassurant, il est totalement imprévisible de faire un pari sur le Oui ou le Non. La sortie d’un Etat membre de l’Union européenne est, donc une inconnue réelle au plan politique. Qu’en est-il au plan juridique ? B2 fait le point.

Y-a-t-il des dispositions prévues ?

Oui. Depuis le Traité de Lisbonne, l’hypothèse de sortie d’un Etat membre de l’Union européenne est mentionnée explicitement, ainsi que la procédure qui doit être suivie (1). C’est l’article 50 du Traité de l’UE qui en prévoit le principe : « Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union. » Quelques modalités sont également fixées, assez succinctes.

Quelle est la procédure à suivre ?

En premier lieu, c’est à l’État membre concerné de « notifie(r) son intention au Conseil européen ». C’est cette notification qui démarre, officiellement la procédure.

Deuxièmement, le Conseil européen se prononce et adopte alors des « orientations ».

Troisièmement, « À la lumière » de ces « orientations », une négociation s’engage. Elle doit aboutir à un accord fixant les « modalités du retrait » est « négocié et conclu » en tenant compte « du cadre de ses relations futures avec l’Union ».

Comment est négocié cet accord ?

Cet accord est négocié conformément à l’article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. C’est-à-dire : conclu « au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen ».

Quel est l’objectif de fixer l’accord ?

Ce n’est pas fixé par le Traité. Selon nos éléments, il s’agit en particulier de fixer le sort des contributions diverses et variées au budget communautaire, de déterminer le sort de la participation à certains appels d’offres des entreprises britanniques, du sort des subventions reçues (Jusqu’à quand seront attribués les fonds ? De quelle façon ? Qui contrôlera les fonds ?), du sort des agents et fonctionnaires de nationalité britannique, du versement des pensions aux anciens agents britanniques, du règlement des différents, etc.

Quand cessent de s’appliquer les dispositions européennes ?

Les traités « cessent d’être applicables » dans un délai fixé par le traité. Trois hypothèses sont envisagées :

1° « la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ». NB : elle peut être très éloignée dans le temps ou plus courte, au choix.

2° un délai de « deux ans après la notification » – si aucun traité n’a pu être conclu à temps.

3° un autre délai. Les Chefs d’Etat et de gouvernement (le Conseil européen) peuvent décider « en accord avec l’État membre concerné », de prolonger ce délai de deux ans. La procédure n’est pas fixée : ce peut être à une réunion du Conseil européen ou par procédure écrite. Deux conditions : tout d’abord, cette décision doit être prise « à l’unanimité » ; elle est donc soumise à un droit de veto de n’importe quel état membre. Ensuite, elle doit intervenir, avant le délai automatique de deux ans (ce peut être à J-1 !). Aucun délai final n’est fixé. Le Conseil européen est souverain. La prolongation peut être de quelques mois ou quelques années. Et rien n’exclut non plus que cette décision soit plusieurs fois modifiée (pour prolonger le délai).

Ce délai peut-il être très long ou in aeternam ?

En théorie, oui. Mais cela parait impensable, au plan politique, qu’un gouvernement britannique puisse ne pas respecter, rapidement, la volonté exprimée dans un référendum. Mais il n’est pas impossible de penser à une autre solution. On peut ainsi très bien envisager qu’un nouveau gouvernement britannique, dans un autre contexte géopolitique, organise un nouveau référendum pour annuler le premier… et rester au final dans l’Union européenne.

Comment se passe concrètement la sortie ?

On ne sait pas. Aucun texte officiel (règlement, communication, note …) n’est venu préciser, de façon officielle, le déroulement concret de cette procédure de sortie qui est hautement sensible et très politique…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Comment sont calculés les votes durant cette procédure ?

La voix du Royaume-Uni ne comptera pas. « Le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent » précise l’article. Une phrase qui donne quelques arguments à ceux qui pensent comme Alain Lamassoure qu’il faut retirer le droit de vote à tous les responsables britanniques dans les institutions dès le lendemain d’un vote « pour le retrait de l’Union européenne » (lire : Et si le Brexit arrive… On en reparle le 24 juin ! La méthode de la taupe… ).

(1) Cela ne signifie pas — contrairement à ce que disent certains — qu’elle n’était pas possible auparavant. Le traité de Lisbonne étant un traité international, il obéit en cela aux règles posées par le Traité de Vienne. Désormais il y a des règles « communautaires » qui s’appliquent.

Le tir aux réfugiés autorisé en Turquie ? Human Rights Watch dénonce

Wed, 11/05/2016 - 21:32

(B2) Des gardes-frontières turcs ont tiré sur des demandeurs d’asile syriens qui tentaient de rejoindre la Turquie ou les ont roué de coups, entraînant la mort ou des blessures sérieuses, dénonce aujourd’hui Human Rights Watch, témoignages vidéos à l’appui.

5 demandeurs d’asile tués et 14 autres blessés graves

En mars et avril, des gardes-frontières turcs ont eu recours à la violence contre les demandeurs d’asile syriens et les passeurs, tuant cinq personnes dont un enfant et en blessant gravement 14 autres selon les victimes, témoins et habitants locaux syriens interrogés par l’ONG.

Six des incidents décrits par les témoins syriens ont eu lieu près du passage frontalier de Khurbat al Juz-Güveççi, à environ 50 kilomètres au sud de la ville turque d’Antakya. Le septième est survenu près de la ville-frontière syrienne d’al-Duriya.

Sept des blessés ont déclaré être brièvement restés dans le camp pour personnes déplacées de Salaheddin situé dans le village de Khurbat al Juz, surplombant le mur sur la frontière turque nouvellement édifié à proximité.

La majorité d’entre eux et d’autres qui s’étaient rendu directement à la frontière ont déclaré avoir récemment fui les combats menés à et autour d’Alep.

Attention on va vous tirer dessus

Un représentant du camp de Khirmash a déclaré à l’ONG que, le 13 avril, des gardes-frontières turcs dans les tours de guet situées à proximité avaient utilisé des haut-parleurs pour annoncer en arabe que quiconque s’approcherait de la frontière malgré l’interdiction se ferait tirer dessus.

Détention, Refoulement28 autres demandeurs d’asile syriens — interrogés par l’ONG (entre le 12 et le 20 avril) — ont décrit les gardes-frontières les interceptant tandis qu’ils passaient la frontière accompagnés de passeurs entre février et la mi-avril. Ils ont dit que les gardes les avaient détenus parfois une journée entière, puis les avaient refoulés en Syrie avec des dizaines — voire des centaines — d’autres personnes. Certains vivaient dans le camp de déplacés de Khirmash à l’ouest de la ville syrienne de Bidama.

Consacrer 2% du Pib à la défense ? Combien va coûter ce nouveau Graal ?

Tue, 10/05/2016 - 20:55

L’objectif de 2% de défense est pour nombre de pays plus difficile que de franchir un sommet en Himalaya, quasiment irréalisable, sauf un effort surhumain, sans oxygène… (crédit : MOD Pays-Bas / Archives B2 – expédition néerlandaise vers la Manuslu)

(B2) L’objectif de consacrer 2% du PiB à la Défense est répété régulièrement, par plusieurs responsables européens. Barack Obama l’a rappelé lors de son passage à Hambourg. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg ne se fait pas faute de le répéter régulièrement. Et cet objectif devrait être à nouveau réaffirmé comme nécessaire par les chefs de gouvernement ou d’Etat lors du sommet de Varsovie en juillet prochain (comme il l’avait été lors de celui du Pays de Galles en septembre 2014).

Des mots aux actes… il y a un pas !

Dans les conditions actuelles économiques, atteindre cet objectif parait difficile pour plusieurs pays. Même étalé sur plusieurs années sur 10 ans, cela paraît difficilement soutenable. En fait, l’objectif est « irréaliste », sauf à avoir une politique décidée, volontariste, menée sur une longue durée (au moins 5 ou 10 ans). Une étude très intéressante, menée par deux chercheurs, Frederic Mauro et Klaus Thoma, pour le compte du Parlement européen, le démontre (1).

L’Allemagne devrait dépenser 6 milliards de plus sur 5 ans pour rattraper son retard

Pour atteindre cet objectif, l’Allemagne devrait dépenser 31 milliards $ de plus, soit doubler son budget (dont 9 milliards $ pour l’équipement). Ce qui, même ramené sur une durée de 10 ans, supposerait un effort continu de + 3 milliards $ par an à trouver dans le budget fédéral. Même pour un pays « riche », ce n’est pas si évident que cela.

Un effort quasi insurmontable pour l’Italie comme l’Espagne

Pour l’Italie comme pour l’Espagne, l’effort est majeur : 20 milliards de plus à trouver pour Rome et 15 milliards pour Madrid. Autant dire qu’en cette période de disette budgétaire et de réduction des déficits, cet objectif parait insurmontable. Et arriver à 2% devient un objectif illusoire.

Un rattrapage non négligeable pour la Belgique et les Pays-Bas

Pour d’autres pays comme la Haye ou Bruxelles, même si le chiffre n’est pas aussi saisissant, en valeur absolue, il est important en valeur relative pour le budget national et quasi impossible à justifier pour les gouvernements nationaux : + 7,5 milliards pour les Pays-Bas et + 5,5 milliards $ pour la Belgique. Soit pour ce dernier pays une augmentation de presque 10% du budget national ! Difficile à encaisser… et justifier.

Un objectif à portée de main pour la France

Pour la France, l’effort à fournir est relativement faible. Selon les statistiques compilées par l’agence européenne de défense, en 2014, les dépenses de défense représentaient 1,85% du PiB. Ce qui représente un effort à fournir de 4,6 milliards $. Et cela sans compter les rallonges budgétaires consenties en 2015 et 2016. L’objectif du 2% est donc à portée de main… contrairement à ce que laisse sous-entendre Nicolas Sarkozy.

Des Britanniques, presque bons élèves !

A noter que pour le Royaume-uni, il n’y a (pour l’instant) pas d’effort à fournir, Londres atteignant déjà les 2%. La question pour les Britanniques est plutôt de maintenir l’objectif, la tendance récente outre-manche étant à la compression des budgets, il va falloir réinjecter de la livre sterling dans le moteur de la Défense si l’armée de Sa Sainte Majesté veut rester dans les bons élèves…

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) lire aussi : La recherche de défense européenne en panne d’investissement

L’échec de l’Agence européenne de défense est-il irrémédiable ?

Mon, 09/05/2016 - 14:03

une réunion du ‘board’ de l’Agence européenne de défense – au niveau ministériel (crédit : EDA)

(B2) a décidé de donner la parole à plusieurs intervenants du secteur. Jean-Pierre Maulny inaugure cette nouvelle série (et rubrique). Le directeur-adjoint de l’IRIS souligne combien l’idée de l’Agence européenne de défense, belle, ambitieuse, au départ, s’est vite retrouvée dévoyée sous le poids des réalités, des divergences des Etats membres. Faute de mieux, la Commission européenne a pris le relais. Ce qui n’est pas automatiquement négatif. J.-P. Maulny propose d’en finir avec les ambigüités — qui sont nombreuses dans la construction européenne de défense — et de transformer carrément l’Agence…

« Il y a 12 ans les pays de l’Union européenne portaient sur les fonts baptismaux l’Agence européenne de défense (AED). L’AED était née dans l’enthousiasme qui régnait au début des années 2000 pour bâtir une Europe de la défense. C’était le dernier étage de la fusée des institutions européennes dans ce domaine.

Le dernier étage de la fusée des institutions européennes

L’idée de sa création avait émergé durant la Convention européenne en 2002 et on n’attendit pas que le nouveau traité (NDLR le traité de Lisbonne a succédé à feu la Constitution) fut adopté pour commencer à faire fonctionner cette agence dès 2004. L’Agence, ce devait être la courroie de transmission qui devait permettre de développer des programmes d’armement européens en partant de l’identification des capacités militaires nécessaires à l’Union européenne en passant par l’organisation de l’industrie d’armement européenne et par la recherche commune de défense.

Une idée ambitieuse d’une entité politique

L’idée était d’autant plus belle et ambitieuse qu’un tel outil, qui reflète la volonté d’existence politique de l’Union, n’existe nulle part dans une autre organisation internationale. L’AED c’était la preuve que l’Union européenne était une entité politique ayant une existence propre contrairement à l’OTAN.

Trois chiffres

Douze ans après, le bilan de l’Agence européenne réside dans trois chiffres :

– « 120 » comme le nombre de personnes qui travaille dans cette agence,

– « 30 » pour les 30 millions d’euros de son budget et au maximum 150 à 200 millions d’euros de budget de recherche gérés en son sein,

– « 0 » comme le nombre de programmes d’armement qui sont nés au sein de cette agence même si l’AED joue un rôle utile pour l’achat en commun de matériels comme on a pu le voir dernièrement avec les ravitailleurs.

Pour comparaison la DGA en France compte près de 10.000 personnels et gère 10 milliards d’euros de contrats sur les programmes d’armement.

Un constat d’échec qui ne peut pas s’expliquer par deux causes

Face à ce constat, qu’il faut bien qualifier d’échec, le discours tenu, en France notamment, est sempiternellement le même et pourrait se résumer en deux phrases :

  1. « Nous soutenons l’Agence européenne de défense et souhaitons développer son activité »
  2. «  Les Britanniques, qui refusent d’augmenter le budget de l’Agence, sont responsables de l’atonie de cette organisation »

Si le constat sur le blocage britannique n’est pas faux, il ne suffit pas à expliquer la situation actuelle.

Les Etats regardent ailleurs

La vérité est que les Etats qui devaient promouvoir l’AED s’en sont progressivement détournés. Le manque de moyens de l’Agence a certes joué mais l’Agence a souffert de la nécessité de s’entendre à 28 qui est la règle dans cet organe intergouvernemental de la PSDC.

L’incapacité des trois grands Etats, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni à s’accorder sur un rôle ambitieux pour cette structure a fait le reste alors même que certains Etats que l’on n’attendait pas jouait le jeu. C’est le cas de la Pologne, par exemple, qui confia à l’Agence une partie de son budget de recherche de défense.

Le vide rempli par la Commission européenne

De ce fait, c’est progressivement la Commission européenne qui a pris la main sur ces questions. A coup de communications, par le biais de son pouvoir de régulation du marché avec les deux directives sur les marchés de défense et de sécurité et sur les transferts intra-communautaires, la Commission européenne est devenue le centre de gravité en matière d’armement.

L’action préparatoire en matière de recherche de défense parachèvera sans doute cette prise de pouvoir car l’instance communautaire deviendra certainement dans le futur l’institution qui gèrera l’essentiel des fonds européens pour la défense : on pense notamment au 9ème PCRD pour les années 2021-2027 où une ligne de crédits en matière de recherche de défense d’un montant significatif verra le jour.

L’AED en sous-traitance

Et, de fait, on voit aujourd’hui l’AED travailler de plus en plus en sous-traitance de la Commission européenne comme ce sera le cas avec l’action préparatoire en matière de recherche de défense, l’Agence disposant des compétences scientifiques que la commission ne possède pas pour suivre les projets qui seront financés.

Une symbolique du fonctionnement européen

L’histoire de l’Agence européenne de défense est, en réalité, emblématique du fonctionnement de l’Union européenne aujourd’hui. Faute de pouvoir s’entendre entre eux les Etats membres de l’Union délèguent à l’institution communautaire le soin de prendre des initiatives et délaissent les instruments intergouvernementaux qui ont été mis à leur disposition qui ne viendront que constater leur échec à s’entendre.

Le communautaire a un avantage que l’intergouvernemental n’a pas

L’institution communautaire présente à ce niveau un avantage, elle permet aux Etats d’avancer sans avoir à assumer la responsabilité des décisions qui sont prises. Il n’y a que dans le cas de crises graves, celles qui concernent directement l’unité de l’Union et les intérêts essentiels des Etats, que les Etats membres reprennent la main par le biais du Conseil européen, comme on peut le voir aujourd’hui avec les questions de terrorisme et de migration et comme on a pu le voir dans le passé avec la crise grecque.

Une évolution pas négative pour la défense

Pour ce qui est de la défense et de l’armement, l’évolution à laquelle on assiste actuellement n’est pas nécessairement négative dans le sens où le handicap principal de la politique de défense et d’armement européenne est le manque d’harmonisation des politiques nationales dans un secteur où le cadre de référence utile ne peut plus être le cadre national. Plus personne en Europe ne peut relever les défis de sécurité dans le cadre national. On le voit avec la question des migrants ou du terrorisme. Plus personne ne peut bâtir une industrie d’armement au niveau national qui lui permette d’avoir une autonomie stratégique significative.

Une tentation de divergences qui demeure

Reste que la transition actuelle se déroule sans que les Etats n’aient vraiment avalisé cette évolution ni même qu’ils en aient réellement conscience. Reste aussi que ces Etats n’ont pas toujours des options identiques en matière de politique étrangère, qu’ils ne partagent pas toujours les mêmes intérêts de sécurité et qu’ils n’ont pas toujours la même vision de ce que doit être l’autonomie stratégique, c’est-à-dire in fine le degré d’indépendance et d’ambition de l’Union européenne en tant qu’acteur sur la scène internationale.

Une nécessité : lever les ambiguïtés, faire évoluer les statuts

Toutes ces ambiguïtés devront être levées dans les années qui viennent, à 28 ou dans un cadre plus restreint. Car s’il est nécessaire d’aller de l’avant dans un cadre collectif en matière de défense et d’armement, il faut savoir où on veut aller, comment et avec qui. Quant à l’Agence européenne de défense, et si on continue dans la perspective actuelle, il faudra envisager de faire évoluer son statut vers celui d’une agence déléguée de l’institution communautaire. »

Jean-Pierre Maulny
directeur-adjoint de l’IRIS (l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques)
et membre du board d’ARES group (groupe de réflexion sur l’industrie de la défense et de l’armement)

Les propos tenus n’engagent que son auteur – intertitres et mise en page de la rédaction

Un voilier battant pavillon turc, avec des migrants, secouru au large de Leuca

Mon, 09/05/2016 - 09:33

(B2) Un voilier battant pavillon turc, le Talay 1, avec 52 migrants à bord, a été secouru jeudi (4 mai) par la Garde côtière italienne au large de Leuca — une ville portuaire située dans le talon de la ‘botte’ italienne, faisant face à l’Albanie et la Grèce.

Au large de Leuca un appel de détresse

Un appel est parvenu à l’aide du centre des opérations de la Garde côtière, selon la presse italienne qui relate l’affaire : « Nous sommes au milieu de la mer, venez nous sauver ». Deux vedettes de Gallipoli et Santa Maria de Leuca se sont alors portées au secours du bateau à environ 11 miles à l’est de Capo di Leuca. Il a fallu un peu de temps, la mer étant agitée, avant que les garde-côtes puissent prendre pied à bord, pour pouvoir ensuite remorquer le voilier à terre.

50 personnes sauvées, deux passeurs arrêtés

Les 52 personnes qui étaient à bord — 23 hommes, 8 femmes (dont 3 enceintes) et 21 mineurs (dont 7 enfants — ont été récupérées saines et sauves et ramenées en Italie au centre Don Tonino Bello de Otranto. Elles viennent essentiellement de Somalie, Syrie, Pakistan et Afghanistan. Parmi eux, deux Géorgiens. Ils ont rapidement été suspectés de n’être pas des migrants mais des passeurs. Le procureur de Lecce, la ville voisine a ouvert une enquête, selon le quotidien local LeccePrima. Un homme âgé de 43 ans, nommé David Barkaia, a été arrêté. Il aurait conclu le contrat de location du bateau. L’autre, un jeune homme de 23 ans, supposé être son complice, a été expulsé.

Deux navires secourus dans les quatre derniers mois

Cette arrivée est-elle un épiphénomène ou le symptôme de l’ouverture de ces fameuses « voies alternatives » évoquées de temps à autre ? Pour nos collègues italiens, l’arrivée dans ces parages reste assez épisodique. Le dernier épisode connu remonte au 31 mars. Ce jour-là un bateau transportant environ 20 migrants de diverses nationalités avait été secouru par la Guardia di Finanza et les Carabinieri. Deux trafiquants avaient été arrêtés — un Albanais et un Grec, ainsi qu’un Syrien en possession de faux documents. Un autre bateau avait été localisé en janvier. L’aventure avait fini tragiquement avec la mort d’une femme nigériane.

(NGV)

Réfugiés. Le plan d’aide à la Grèce fonctionne-t-il ? Les Etats sont-ils solidaires ?

Sun, 08/05/2016 - 18:35

Les Etats peu enclins à fournir tout le personnel nécessaire à la Grèce (crédit : Frontex – police maritime portugaise / Opération Poseidon)

(B2) Près de 8 semaines après le sommet européen qui avait fixé des mesures d’urgence pour venir en aide à la Grèce, où en est-on ?

Les derniers bilans livrés par la Commission européenne (1) sur le nombre de demandeurs d’asile relocalisés (intérieur de l’UE) ou réinstallés (venant de l’extérieur de l’UE) sont, sans doute, un peu meilleurs que le mois précédent. Mais on ne peut pas dire que l’Europe fasse preuve d’une générosité ni d’une réactivité extrêmes pour aider deux de ses Etats membres (Italie et Grèce) confrontés, en première ligne, à la crise syrienne. A ce rythme-là,… il faudra attendre 75 ans pour atteindre l’objectif fixé ! De la même façon, l’accord UE-Turquie commence à fonctionner. Mais nombre de réfugiés restent sur le carreau, bloqués en Grèce. Les Etats membres tardent à déployer les hommes promis pour aider la Grèce à traiter les dossiers d’asile.

Combien d’experts sont arrivés ?

63 interprètes (sur 470 demandés, soit 1/8e) et 67 experts en asile ont réellement été déployés en Grèce (sur 472 demandés, soit 1/8e) et 0 magistrats (sur 30 demandés). C’est (bien) peu ! Certes les Etats ont bien fait quelque promesses : 118 interprètes ont été promis ainsi que 470 experts en asile au bureau européen pour l’asile (EASO) et 39 magistrats. Mais entre la promesse et la réalité… il y a un pas. Et, pour avoir suivi l’évolution, ces dernières semaines, on ne sent pas vraiment d’accélération… au contraire !.

Or, le nombre des réfugiés bloqués en Grèce s’élève toujours à environ 55.000 selon les chiffres du gouvernement repris dans la presse grecque. A Thessalonique, par exemple, les services grecs n’ont la possibilité d’enregistrer que 25 à 30 demandes par jour. Autant dire que le respect des procédure des demandes d’asile reste pour l’instant théorique…

Combien de garde-frontières ont été envoyés ?

Du côté des agents demandés par Frontex pour assurer les retours, c’est plus actif : 21 experts en réadmission ont été déployés sur 50 demandés (soir la moitié) et 271 officiers d’escorte sur les 739 promis et les 1500 demandés (soit un quart).

Pour les renforts de garde-frontières, l’enthousiasme n’est pas complètement de mise. Après plusieurs d’appels au secours des Grecs et de l’Agence Frontex, seuls 461 garde-frontières ont été offerts (sur 1412 demandés soit 1/3 seulement à peine). Pour les équipes de déploiement rapide de Poseidon, c’est mieux 2/3 des effectifs ont été promis : 759 agents offerts sur 1112 demandés.

Combien de demandeurs d’asile et autres ont été renvoyées en Turquie ?

En tout, 386 ont fait l’objet d’un retour en Turquie : 202, le 4 avril, 123, le 8 avril. Et après une longue période sans retour, 61 les 26 et 27 avril. Au total, malgré les cris d’orfaies, ce n’est pas les charters maritimes attendus.

Un chiffre à comparer aux autres retours organisés : selon des données communiquées par la police grecque, le nombre des migrants retournés dans leurs pays d’origine en avril, s’élève à 1.694 personnes. 852 ont été remis à l’Albanie, 157 au Pakistan, 107 au Maroc, 61 à l’Iran, )51 à la Géorgie, 45 à l’Afghanistan, 29 au Bangladesh et 16 à la Bulgarie. Depuis le début de l’année, 6.427 personnes sont ainsi retournées dans leurs pays d’origine.

Combien de personnes ont été réinstallées ?

Dans le même temps, quelques 135 personnes ont été réinstallées de Turquie vers les pays européens, essentiellement dans 4 pays : 54 en Allemagne, 34 en Suède, 31 aux Pays-Bas, 11 en Finlande, ainsi que 5 en Lituanie (seul pays de l’Europe de l’Est à avoir entrepris la réinstallation).

Combien de personnes ont été relocalisées (de Grèce / d’Italie) ?

Le plan adopté en septembre 2015 prévoyait de relocaliser sur 2 ans 160.000 personnes, de Grèce et d’Italie essentiellement. Huit mois après, on en est péniblement… à 1.441 personnes de relocalisées (565 venant d’Italie et 876 de Grèce).

C’est-à-dire en gros ce qui arrive en une grosse journée de sauvetage en Italie ! Pour atteindre l’objectif des 160.000, il ne faudra pas 2 ans comme prévu, mais 888 mois soit pas moins de 75 ans !

Quels pays accueillent ?

La France a accueilli 499 personnes. Ce qui est le plus gros contingent et sonne la fin d’un certain attentisme. La Finlande a accueilli 259 personnes, ce qui pour un pays de 5 millions d’habitants est un effort plus qu’important. Le Portugal fait aussi un effort notable (196 personnes accueillies) ainsi que les Pays-Bas (197 personnes). Certains pays sont un peu en retrait — comme l’Allemagne (57 personnes) ou la Suède (39 personnes) — mais ils ont déjà accueillis volontairement nombre de personnes qu’il ne peut pas leur être fait reproche. L’Espagne a une position plus ambigüe (18 personnes accueillies seulement).

Quels pays n’accueillent pas ?

Si la plupart des pays d’Europe centrale et orientale se sont abstraits d’un effort de relocalisation (lire édito à suivre : les trois parasites de l’Europe), on peut remarquer la volonté des pays baltes de jouer la solidarité. Les trois pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) ont ainsi accueilli le premier 19 personnes, le second 22 personnes, le troisième 6. Cette volonté reste symbolique. Mais à la mesure de la petite taille des pays, elle n’est pas négligeable.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger :

Un ancien de Zaventem à Ramallah… pour aider les Palestiniens à franchir la porte d’Interpol

Sun, 08/05/2016 - 16:52

Joeri Van Nuffel

(B2 à Ramallah) La Palestine a de bonnes chances d’intégrer Interpol, l’organisation internationale de la coopération policière, d’ici la fin de l’année. Du moins, elle s’y prépare. Il reste encore toute une série d’obstacles techniques et législatifs à remplir. Et, pour aider les autorités palestiniennes, un homme… un ancien inspecteur en chef de la sécurité de l’aéroport de Zaventem (Bruxelles).

Avec une zeste d’accent molenbeekois

Interpol ? Joeri Van Nuffel, en connait bien les rouages pratiques et juridiques, pour y avoir travaillé quelques années. Ce Belge flamand, de la police fédérale belge, a rejoint les rangs d’Interpol, d’abord à Pristina, au Kosovo en 2012. Celui qui, avec toute l’auto-ironie dit de lui qu’il parle français avec un accent qu’il qualifie, lui-même, de « Molenbeekois », fait ensuite la jonction entre la Belgique et Interpol, avant de rejoindre la mission européenne de soutien à la police palestinienne (EUPOL COPPS), où il  sert aujourd’hui à son quartier général.

Du coach législatif !

A Ramallah, auprès de ses collègues palestiniens, il mène ce qu’on peut appeler un véritable coach législatif. La tâche n’est pas simple. Il faut, d’une part, que la Palestine soit dotée d’un système en lequel les États membres d’Interpol puissent avoir confiance. Ce qui implique de créer un cadre légal permettant un échange d’information sécurisé et en conformité avec le droit international (Lire son interview complète : La Palestine veut adhérer à Interpol. Une course d’obstacles, un enjeu politique).

Etre prêt à l’échange d’informations

Il s’agit, d’autre part, d’élever le niveau technique de la police palestinienne, la préparer à atteindre le niveau d’un État capable d’échanger l’information. Les trois-quart de la coopération internationale, c’est, en fait, de l’échange d’information. « C’est le plus important en définitive ».

(Johanna Bouquet)

Former les épaulettes rouges de la future armée centrafricaine

Sat, 07/05/2016 - 13:40

(Crédit : EUMAM RCA)

(BRUXELLES2) « Mettez le coussin sous son « occiput » et tendez doucement son cou. Bien. Maintenant, prenez le laryngoscope dans votre main gauche. Placez le pouce de votre main droite sur le devant des dents inférieures et le premier doigt sur le maxillaire. Maintenant ouvrez sa bouche. Insérez la pointe de la lame de laryngoscope dans le côté droit de la bouche du patient et placez la lame à la base de la langue. Bien … ». Avec une voix calme, le docteur Marko Ilic enseigne aux militaires centrafricains comment réaliser une laryngoscopie. La formation des équipes médicales des FACA, les forces armées centrafricaines, est une des tâches prioritaires de la mission européenne EUMAM RCA à Bangui (Centrafrique). Car le soutien médical est souvent le point faible de ces armées qui manquent de moyens.

Le soutien médical, un point faible des FACA

Le soutien qu’apporte EUMAM RCA dans les domaines non opérationnels de la vie militaire quotidienne est peu connu. Le major serbe Marko Ilic (voir encadré) dirige le cours destiné aux médecins, infirmières et personnel paramédical des Forces armées centrafricaines, les FACA. Il est le médecin de la mission européenne de conseil en République centrafricaine (EUMAM RCA). L’enjeu de cette formation est double. Dans un pays où les violences sont fréquentes, pouvoir soigner ses effectifs est crucial. Par ailleurs, les établissements médicaux des FACA traitent souvent des civils. Être capable de fournir des soins corrects et adaptés à la population est « une contribution majeure pour regagner la confiance dans leur armée, une confiance perdue pendant les années de crises », explique-t-on depuis le QG de la mission européenne. 

Multiplier les effets grâce à la formation des formateurs 

Les participants apprennent, par exemple, à faire une intubation endotrachéale et une ventilation mécanique. Des cours théoriques sont suivis d’exercices pratiques, dans lesquels la pédagogie est essentielle. Après ce cours, les Centrafricains devraient être en mesure d’appliquer dans la vie réelle ce qu’ils ont appris. Ils devront également transmettre leurs connaissances à d’autres étudiants. Cette « formation des formateurs », outil privilégié d’EUMAM RCA,  permet d’assurer un impact durable dans le pays d’accueil après la fin de la mission de l’UE.

(Leonor Hubaut)

Un soutien médical serbe

Les Serbes assurent le soutien médical d’EUMAM RCA (Lire : Carnet 02.06.2015) comme ils ont assuré celui de EUTM Mali. La Serbie fournit également une composante médicale importante à la MINUSCA (avec environ 70 militaires). Le « médical » est une spécialité serbe aujourd’hui. Elle s’inscrit dans une volonté de Belgrade, née après dernières guerres yougoslaves de 1991-1999, de participer à de nombreuses missions multinationales (ONU, Union européenne) en fournissant des équipes non combattantes. (NGV)

Attention voici les plans secrets de l’Europe sur la Libye, disait Wikileaks. Vraiment ?

Fri, 06/05/2016 - 10:12

Tel un illusionniste, Wikileaks imagine à partir d’un rapport d’EUNAVFOR MED, l’Europe en train de préparer des plans secrets pour intervenir en Libye. La réalité est plus prosaïque. Car l’Europe au quotidien ce n’est pas la « situation room » de Obama romancée (crédit US Gov)

(B2) Les documents ‘leakés’ par Wikileaks sont toujours intéressants. Le commentaire qui les accompagne l’est souvent moins, voire pas du tout. La livraison du site de « documents » en témoigne. VOICI un « document secret » qui révèle les plans de l’Union européenne pour une intervention militaire contre les bateaux de réfugiés en Libye et en Méditerranée ! annonce fièrement le site spécialisé dans la révélation de documents, évoquant l’opération Sophia (EUNAVFOR Med).

The classified report about the first six month of Operation SOPHIA, the EU military intervention against « refugee boats » in Libya and the Mediterranean.

Une action contre les bateaux ou contre les bateaux de réfugiés

Cela n’a rien à voir avec la réalité. Ce n’est pas sérieux, sur le plan des faits, ni même des opinions. Nous l’avons déjà écrit. Il n’y a pas « d’intervention » européenne, et encore moins « contre les bateaux de réfugiés ».

Wikileaks joue sur les mots : l’action d’EUNAVFOR a lieu contre les bateaux qui servent à transporter les réfugiés ou de migrants, mais contre les réfugiés ou les migrants. Les navires européens d’EUNAVFOR Med font régulièrement du sauvetage en mer. Ce qui n’est pas leur mission première. Et celle-ci est d’ailleurs très discutée au sein des Etats membres européens qui ne partagent pas tous cette priorité (1).

La mission première de l’opération Sophia vise les trafiquants. Et il n’a jamais été question de tirer sur des réfugiés. Mais de détruire les navires — une fois les réfugiés pris à bord — pour éviter qu’ils resservent pour les trafiquants. C’est tout de même différent. Et c’est tout simplement la transposition en mer ce qui se passe sur terre quand une arme est saisie aux mains d’un délinquant, on détruit l’arme (on ne tue pas l’otage).

La volonté de désinformer plutôt que d’informer

Pour un site comme Wikileaks qui se vante d’amener de la transparence, de la démocratie, se répandre en de tels propos, semant la confusion, est assez difficilement justifiable. On est plus proche de la fausse information, de la désinformation, de la propagation de fausses nouvelles que de l’information objective, saine et intéressante. Le dessin qui illustre le propos confirme cette volonté de semer la confusion. Non content de cette fausse affirmation, le site va plus loin en pointant du doigt quelques points qui lui paraissent « formidables ».

It gives refugee flow statistics and outlines the performed and planned operation phases (1, 2A, 2B and 3), the corresponding activities of the joint EU forces operating in the Mediterranean and the future strategies for the operation.

Un secret bien éventé !

Le document ‘secret’ n’a rien de secret, du moins sur ces points du phasage et de la future stratégie de l’opération. Ce sont ni plus ni moins que les objectifs définis, très officiellement par les 28 ministres des Affaires étrangères et de la Défense en mai 2015, puis endossés par le Conseil européen. La décision qui transcrit cette stratégie a même été publiée au journal officiel, et traduite dans plus de 20 langues (Lire ici en français ou en anglais). Plusieurs communiqués de presse ont été publiés (voir ici ). Et, pour ceux qui ne savent pas lire le JO ni les communiqués officiels, nous avons abondamment commenté ce texte comme cette stratégie (2).

Du sensationnalisme de bas étage

Parler de document secret, sous entendus les plans secrets de l’UE, c’est du sensationnalisme, ce n’est pas de l’information. Ce n’est pas la première fois que Wikileaks se trompe totalement sur la nature et le sens de ces documents (Lire : Le plan d’opération d’EUNAVFOR Med révélé par Wikileaks. Vraiment ?). Au point qu’on peut se demander si les personnes qui publient ses documents savent vraiment lire ou veulent vraiment diffuser de la communication ou se faire mousser. En revanche… s’ils avaient poursuivi leur lecture plus loin, ils auraient pu découvrir quelques pépites, beaucoup moins sensationnelles certes mais sûrement plus intéressantes et réelles (3). Quant à l’intervention en Libye, oui elle se prépare, mais de façon bien différente. Et ce n’est pas l’Union européenne — n’en déplaise à Wikileaks ni même les Européens — qui en tiennent tous les cordons (Lire notamment : Une intervention en Libye se prépare.. Mais laquelle ?)

 

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Cette mission de sauvetage – très mise en valeur par l’Allemagne ou les pays nordiques – n’est pas toujours très partagée par tous les pays de l’Union européenne. Certains responsables politiques estiment qu’elle favorise l’arrivée de migrants ou de réfugiés au lieu de les dissuader (un point de vue qui peut être discuté). Certains pays (France, Royaume-Uni en particulier) voudraient que l’action soit plus robuste qu’aujourd’hui qu’ils trouvent « molle » face au trafic.

(2) Lire notamment notre dossier complet N°27. Aller traquer les trafiquants d’êtres humains en Méditerranée, une longue prise de conscience (Opération Sophia EUNAVFOR MED)

(3) Lire notamment : Les « vraies » conditions pour passer en phase 2B et 3 * ou (agrémentée avec d’autres informations : Route de la Méditerranée centrale. La Tripolitaine vit du trafic

Lire aussi :

 

Palestine. Face aux violences conjugales et familiales : une unité de choc !

Thu, 05/05/2016 - 14:03

Wafa Mu’amar, colonel de police, chef de l’unité de protection familiale

(BRUXELLES2) En Palestine, la violence n’est pas un problème seulement dans les rues. Au contraire, c’est une réalité quotidienne des foyers. C’est même la « principale source de criminalité » explique Wafa Mu’ammar chef de l’unité spéciale pour la protection familiale. Rencontre avec une femme discrète, pleine de détermination…

Une unité de choc protège les victimes de violences familiales

Il faut traverser plusieurs bureaux en enfilade pour arriver au coeur de l’unité de protection juvénile et familiale, dirigée par Wafa Mu’ammar. Avec le grade de colonel, c’est aussi la première femme à avoir atteint un tel niveau au sein de la police palestinienne. Structurée, précise et visionnaire, elle gère d’une main de maitre, son unité qui a un champ large.

  • Ouverte en 2008, à Bethléem, l’unité a enregistré 55 cas cette année. Aujourd’hui il y en a 100 fois plus. En 2015, ce sont ainsi 6.000 cas qui ont été recensés. Forte de 100 personnes (dont 27 femmes), elle a en charge toutes les formes de violences familiales, qu’il s’agisse d’un suicide, d’une violence entre époux ou avec les enfants, d’abandon d’enfants, ou d’une simple fuite…

Le poids des traditions, des débuts difficiles

La Palestine est une société de plus en plus ouverte mais repose sur une culture « traditionnelle ». C’est toute l’ambiguïté. Quand l’unité de protection familiale a été créée, battre son épouse n’était pas considéré comme un crime. Ce n’était pas dans les moeurs de déposer une plainte contre son mari. L’attitude de la police était plutôt de dire aux femmes : « Allez ! Calmez-vous ! Ne faites pas d’histoires », comme le raconte Wafa Mu’ammar. Or, aujourd’hui, 66% des cas traités par l’unité concernent les violences contre des femmes. « Les pratiques policières reposaient sur des méthodes traditionalistes ». Elles ont dû évoluer peu à peu. « Faire face à ces questions n’est pas une responsabilité facile, tant le poids des traditions est important ».

Bâtir la confiance grâce à la société civile

« C’est la société civile qui a permis de faire comprendre le rôle de la police » confesse Wafa Mu’ammar. Une femme battue une fois, le sera à nouveau. C’est le message que la société civile palestinienne a diffusé. Cette pression d’une partie de la population a permis d’augmenter la conscience de l’aide que la police peut apporter. La vigilance a augmenté. Les cas ont commencé à être traités avec une approche différente par la police. « C’est ainsi que le niveau de confiance a pu augmenter. La société a commencé à ‘internaliser’ la fonction de la police dans les affaires de violences familiales ».

Professionnalisation de la police 

Il y a aussi eu un changement interne dans la police, qui s’est formée pour faire face à ce type de criminalité. Formations, groupes de travail et entrainements des forces de l’ordre se sont multipliés, souvent à l’étranger « notamment, en France, en Belgique, en Italie et en Espagne ». Les compétences se sont « améliorées », souligne la colonel. Lena Larson, chef adjointe de la mission EUPOL COPPS, confirme et complète : la police palestinienne a pris conscience de la nécessité de « résoudre ce problème de violence au sein des foyers et entre les familles ».

Dans la pratique : maintenir la pression sur les auteurs des violences

C’est « difficile de convaincre » une victime de poursuivre son agresseur, rappelle cependant Wafa Mu’ammar. « Les femmes subissent souvent des pressions de la part de leurs familles respectives ». La police a donc décidé de traiter les cas en fonction des dommages causés. « Par exemple : si la personne n’est pas hospitalisée, elle peut abandonner les poursuites. La police doit faire de la prévention et renforcer sa vigilance. En revanche, si c’est la troisième fois, nous traitons avec le parquet et le cas devient une affaire publique ». Ce qui maintient la pression sur les auteurs de violences, qui comprennent qu’ils ne resteront pas indéfiniment impunis.

Un procureur spécial pour les violences domestiques… et un code pénal

Début avril, la Palestine a décidé de créer un poste de Procureur spécial pour les violences domestiques. « Nous espérons maintenant que plusieurs lois et surtout le code pénal sur la protection des familles soient bientôt ratifiés afin de pouvoir commencer à poursuivre les personnes », affirme la colonelle. La difficulté actuelle réside justement dans le cadre légal. Dans certains cas, le tribunal applique encore les principes législatifs jordaniens (1). « Dans de nombreux cas, la justice n’est pas rendue pour les victimes ».

Prochaine étape : un « guichet unique » pour les victimes ?

Wafa Mu’ammar milite maintenant pour réunir dans un seul et unique lieu tous les services d’aide aux victimes de violences. Accès aux soins médicaux, dépôt de plainte, consultation d’un conseiller social, etc. « Un tel centre pourrait économiser nos efforts, notre temps et nos coûts » plaide la policière. La division en districts de la Cisjordanie rend les choses difficile. « Il y a des zones que nous ne pouvons pas atteindre. Il nous faut plus du temps et de la coordination. » Le bénéfice serait important aussi pour les victimes. « Avoir un tel centre, en dehors des centres de police, devrait encourager les victimes à franchir nos portes », souligne la chef de l’unité de la police palestinienne. Le défi n’est pas évident. « Nous réalisons que ce n’est que le début du processus. Nous devrons travailler d’arrache-pied et il nous faudra aussi surmonter les difficultés politiques. » Mais Wafa se veut confiante. Le premier centre devrait ouvrir ses portes à la fin de l’année 2016. « Nous souhaitons que deux de plus suivent. Un dans le sud de la Cisjordanie, l’autre au nord ».

(Johanna Bouquet, à Ramallah)

(1) Le système législatif de la Cisjordanie repose sur le modèle jordanien, adopté dans les années 1960. En revanche celui de Gaza repose sur le modèle égyptien.

Un important site de fabrication d’IED détruit en Irak

Wed, 04/05/2016 - 21:26

(B2) Un « important » site de fabrication d’explosifs et de véhicules suicides a été détruit cette semaine, en Irak, annonce l’Etat-major des armées françaises. Sa taille a nécessité la réalisation de « deux raids consécutifs pour permettre sa mise hors d’état de production ».

Cet ancien site industriel situé dans la région de Al Qaim avait été transformé en centre de fabrication d’engins explosifs improvisés (IED) et de véhicules suicides. Le 29 avril, ainsi une patrouille de 4 Mirage 2000D et deux patrouilles de 2 Rafale ont réalisé un premier raid. Le même site a de nouveau été frappé, le lendemain, le 30 avril, par une nouvelle patrouille de 4 Mirage 2000D et deux patrouilles de 2 Rafale.

Entre le 27 avril et le 3 mai 2016, la force Chammal a réalisé au total 50 sorties, dont 40 pour des bombardements et 9 pour le recueil de renseignement. Au total 15 frappes ont été réalisées, détruisant 43 objectifs de l’organisation de l’Etat islamique (Daech / ISIL). Outre le bombardement du site industriel, 13 frappes d’appui au sol en soutien des forces de sécurité irakiennes ont été réalisées, « sur les secteurs de Hit, Fallujah et Mossoul ».

(NGV)

Des mariniers néerlandais à l’assaut du Manaslu

Mon, 02/05/2016 - 20:34

(crédit : Roadmap.nl)

(B2) Une équipe de « fusiliers marins » néerlandais (du Korps Mariniers) est partie à l’assaut du Manaslu, un des sommets de + de 8000 mètres de la chaîne de l’Himalaya au Népal, non loin du Tibet, un des plus dangereux également. Objectif de l’expédition : se former aux conditions extrêmes en très haute altitude.

Après une acclimatation, sur place, la dernière partie de la montée vers le sommet est entamée. Les six sherpas sont partis vers le sommet. Ils « ont atteint le camp 3 à 6700 mètres en début de soirée » raconte l’équipe sur la page facebook de l’expédition. « Ils vont se reposer et manger pour l’assaut final vers le camp 4 et si les circonstances le permettent, sur la montagne, rendez-vous pour le sommet ». Mais les conditions restent difficiles. Au matin, force est de constater que la voie n’est pas possible. Le passage s’est « avéré dur et long. (Ils sont retournés) juste au dessous du camp 4 à 7300m. La fenêtre d’opportunité météo se referme plus rapidement que prévu. Et une tempête de neige approche ».

 

Démantèlement d’une cellule terroriste à Niamey. Un exercice très réaliste

Sun, 01/05/2016 - 23:10

Les élèves ont réalisé des interpellations et pris des mesures lors de la découverte d’armes (Crédit : EUCAP Sahel Niger)

(BRUXELLES2) Identifier et démanteler une cellule terroriste sur le point de commettre un attentat contre un restaurant fréquenté par des Occidentaux au coeur de Niamey. C’est l’exercice que les Nigériens ont accompli dans leur capitale, du 11 au 15 avril. Avec une attention particulière portée sur le processus de préservation de traces et indices.

Une demande des services anti-terroriste

Ce type d’attaque s’est multiplié en Afrique de l’Ouest. La formation aux techniques de surveillance et de filature a donc été organisée par la mission européenne de renforcement des capacités des forces de sécurité intérieures (EUCAP SAHEL Niger), à la demande des principaux chefs des services de lutte anti-terroriste du pays.

Un premier test de coordination interne

L’exercice n’a pas été exempt de problèmes, notamment de radio. Mais c’est un « succès » soulignent néanmoins les hommes et femmes d’EUCAP. Cette formation, qui regroupait des effectifs de la Direction des renseignements généraux (DRG) comme du Service central de lutte contre le terrorisme (SCLCT), a permis aux membres des deux services d’échanger entre eux et de « comprendre la nécessité de partager des techniques opérationnelles communes ».

(Leonor Hubaut)

Une intervention en Libye se prépare.. Mais laquelle ?

Fri, 29/04/2016 - 15:05

Rafale décollant du Charles de Gaulle pour bombarder la Libye, dans le cadre de l’opération Harmattan (Crédit: Défense française)

(B2) Régulièrement, les médias en Italie, en France, au Royaume-Uni font état de plans imminents pour intervenir en Libye. A écouter certains (comme le Daily express par exemple), on a l’impression que les moteurs des avions vrombissent déjà, les pales des hélicoptères sont sorties, les navires se rassemblent au large telle une gigantesque armada prête à intervenir. La réalité semble légèrement différente…

Des actions ponctuelles ne signifient pas une opération

Je sais, je vais décevoir quelques confrères, boy scouts de l’intervention militaire, parachute sur le dos et lance roquette en bandoulière qui flamboient dès qu’ils entendent parler « boum boum ». Certes il y a quelques survols, plus ou moins discrets, d’avions. Ce n’est pas vraiment nouveau, c’est simplement plus systématique (1). Il y a des forces spéciales disséminées, ci et là, pour prêter leurs concours aux forces locales, préparer la suite des opérations, repérer (et éliminer) de potentiels suspects. C’est le boulot des forces spéciales. Il y a un ou deux raids de drones armés, en nombre limité, pour procéder à une ou deux frappes « d’élimination ». Ce n’est pas vraiment différent de ce qui se passe en Somalie, au Yemen… C’est la méthode trouvée par les Américains pour tenter de décapiter les structures de Al Qaida (ou Daech maintenant) sans intervenir de façon trop visible. Quant aux états majors — à Rome, à Paris, à Londres — ils planifient divers scénarios. C’est leur rôle. Mais l’essentiel n’est pas là…

Le souvenir de la catastrophe de 2011

Il ne semble pas question (pour l’instant) d’une intervention militaire occidentale, avec navires de l’OTAN au large, contrôle aérien et forces spéciales au sol pour guider les avions, au sens de celle qu’on a vécu en 2011. L’intervention actuelle semble plus diffuse, plus discrète, et plus multiple. Tout simplement car ce ne peut être la même chose. Le problème n’est pas d’avoir en Libye un Etat « ennemi » ou un gouvernement « ennemi », c’est l’anarchie qui est l’ennemi aujourd’hui. Et contre çà, tous les bombardiers du monde n’y peuvent rien. Personne n’a aussi vraiment envie de rééditer le scénario de 2011. Car l’intervention occidentale de 2011 — justifiable de façon ponctuelle —, reste, dans tous les esprits, comme une vraie défaite, politique et militaire au sens stratégique (2). Enfin, faut-il le rappeler, il y a d’autres terrains d’engagement. Et personne n’a vraiment les moyens d’une campagne d’envergure et sur une longue durée. Il faut être réaliste…

Qu’en est-il en réalité ?

De fait, il semble y avoir confusion entre plusieurs opérations ou projets d’opération qui se déroulent ou se préparent de façon simultanée, et d’une certaine façon sont complémentaires.

Trois acteurs multinationaux : l’ONU, une coalition, l’UE

Il y a actuellement trois acteurs et trois vecteurs d’action possible, multinationaux : 1° l’ONU et sa mission UNSMIL, 2° la LIAM, coalition militaire formée sous direction italienne et sous ombrelle de l’ONU, rassemblant plusieurs pays (dont les Britanniques, les Jordaniens et d’autres) ; 3° l’Union européenne et ses missions PSDC (EUNAVFOR MED en mer et une future mission à terre). Ces vecteurs ne sont pas alternatifs l’un de l’autre. Ils s’inscrivent en complément.

Et l’OTAN ?

Même si l’OTAN reste dans tous les esprits, le rôle de l’Alliance Atlantique n’est pour l’instant ni défini ni souhaité par les Libyens eux-même (souvenir de 2011) ni par certains Européens, même du côté maritime ou de contrôle des migrations. Angela Merkel l’a rappelé précisément à Hanovre au président américain. « Il y a maintenant une mission européenne – EU NAVFOR Med aussi appelée « Sophia » – qui fonctionne très bien ». De nombreux articles de presse mentionnent une opération en préparation sur les migrations. Il semble que cela soit loin d’être acquis … (pour être poli !) « On est davantage dans une idée défendue par un ministre (la ministre italienne de la Défense) que dans une décision approuvée » m’ont confirmé plusieurs sources. La confusion règne, savamment entretenue avec d’autres projets en cours (Lire : L’opération Active Endeavour en passe d’être transformée. Une coordination UE-OTAN en Méditerranée à l’étude)

Des rôles complémentaires

Le principal d’entre eux est la LIAM, qui a pour objectif sous commandement italien, la sécurisation de Tripoli, et la restructuration et formation de l’armée libyenne (dans un format assez proche des missions EUTM de l’Union européenne). Pour les garde-côtes et la surveillance maritime, ce sera davantage le rôle de l’opération européenne EUNAVFOR MED / alias Sophia (lire : Les Etats envisagent plusieurs options diverses). Pour remettre sur pied une police, judiciaire essentiellement, ainsi que les poursuites, ce serait le rôle d’une autre mission européenne qui est à l’étude actuellement.

Trois conditions

Mais tout cela est placé à trois conditions : 1° Un gouvernement libyen reconnu comme légitime (non seulement par la communauté internationale mais aussi par les Libyens = le Parlement de Tobrouk), 2° Le gouvernement doit avoir demandé une intervention ou, au moins, ne s’y oppose pas, 3° Avoir un certain consensus international, à défaut d’une résolution formelle des Nations unies. Cela signifie notamment l’absence de veto formel de la Russie. On peut certes se passer de cet accord pour faire une ou deux frappes, de façon inopinée, discrète, et solitaire. Mais répéter cet acte de façon régulière serait (très) délicat à tenir sur le plan des relations internationales serait quasiment un cas de casus belli.

Une intervention militaire : désastreuse

Pour les spécialistes de la Libye, il faut agir avec tact et prudence. La pire des choses serait d’avoir une intervention militaire sans aval des autorités libyennes un peu légitimes. « En l’état des choses, une opération militaire serait désastreuse et inefficace. Cela reviendrait à plomber le processus de recomposition nationale. Nous ne sommes plus dans le contexte de la Libye 2011 » avait confié, il y a quelques temps, à B2 un diplomate expérimenté, bon connaisseur de la Libye. Certes il reconnait que l’idée d’une intervention « est bien dans la tête de quelques uns. Dans tous les pays, il y existe une tentation permanente d’intervention. C’est le rôle des militaires d’ailleurs de planifier toutes les situations. » 

Une offensive libyenne en cours

Les Libyens du général Haftar à l’oeuvre, bien aidés

A ceux-là, il faut ajouter l’action des forces libyennes, recomposées, du général Haftar, avec l’aide « technique » de plusieurs acteurs opérationnels : l’Egypte et les Emirats arabes unis de façon à peine cachée, et de quelques acteurs européens. Le soutien occidental (Français notamment mais aussi Britannique) est plus discret. Mais il semble bien présent (comme en 2011 d’ailleurs), sous la forme de fourniture d’équipement, d’éléments d’entraînement voire directement sur le terrain (avec quelques unités de forces spéciales). Ces forces sont repassées à l’offensive depuis quelques jours reprenant Benghazi et Derna, selon les dernières informations.

L’espoir d’une tenaille

C’est sur ces forces essentiellement, qu’une partie de la communauté internationale compte pour effectuer l’offensive contre Daech, davantage que sur une intervention militaire extérieure qui apparait davantage comme une situation d’extrême limite. Ces forces pourraient être aidées au besoin par quelques milices, à l’ouest, notamment à Misrata, qu’il reste à convaincre de repartir à l’assaut. Ce qui permettrait de prendre en tenailles les hommes de Daech, de les contraindre à la défensive et les empêcher d’atteindre les champs de pétrole notamment. Des experts (Américains notamment mais aussi Italiens semble-t-il) sont, ainsi, sur le terrain depuis pour « nouer des contacts », avait indiqué Peter Cook, porte-parole du Pentagone il y a quelques temps.

Des divergences d’intérêt

Derrière une certaine unanimité européenne se cache mal, même entre Européens, des intérêts divergents. La Libye excite. Et celui qui sera dans le camp du vainqueur aura un atout dans la manche. D’où une certaine course de vitesse entre Paris, Londres, Berlin et Rome pour pousser « sa » solution, avec Washington en rôle d’arbitre (c’était en sous-main l’enjeu de la réunion au sommet de Hanovre). L’Italie veut garder la mainmise sur un pays, tout proche, qu’elle considère un peu comme son arrière-cour (les puits de pétrole exploités par ENI, le pétrolier italien, notamment à Mellitah, sont toujours en fonctionnement). La France soutient, sans ambages, l’Egypte qui soutient le général Haftar, qui refuse de reconnaître la légitimité du gouvernement d’Al-Sarraj (lire notre interview à paraitre de l’eurodéputée Ana Gomes). Mais, dans le même temps, elle est « prête » à aider le nouveau gouvernement d’union nationale pour assurer « sa sécurité maritime » comme l’a confirmé, mardi (26 avril) sur Europe 1, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian… « si le Premier ministre (sollicite) la communauté internationale » (3). Quant aux Britanniques, ils mènent aussi un jeu complexe dont l’objectif, à la faveur du changement de pouvoir, est de damer le pion aux Italiens.

(Nicolas Gros-Verheyde avec Leonor Hubaut)

(1) Cela se produit déjà depuis des années. Si mes souvenirs sont bons, les avions français qui font régulièrement des exercices dans le nord du Tchad n’ont pas pour seul objectif d’inspecter si les dunes du Tibesti ont changé de place … Et, actuellement, il y a très peu de chances de se faire pincer par des radars ou une chasse libyenne anéantie. Il ne faut pas oublier non plus que l’opération EUNAVFOR MED avait pour premier objectif le recueil de renseignements et d’informations. Informations traitées d’abord au niveau national puis transmises au niveau européen (pour ce qui concerne la lutte contre les trafiquants.

(2) Avoir détruit un pôle de stabilité (même dictatorial) pour en faire un pôle d’instabilité et une menace à court terme peut, difficilement, être dénommée autrement, même si d’un point tactique, sur le champ de bataille, la victoire militaire est indéniable et restera, là aussi, dans les annales. Gagner une bataille n’est pas gagner la guerre comme aurait dit le Général…

(3) La seconde partie de la phrase du ministre français est souvent oubliée, ne retenant que la disponibilité française. Elle vient d’une certaine façon « compléter » la phrase de François Hollande qui indiquait lors du dernier sommet européen ne pas vouloir s’engager trop avant.

Lire aussi: Le plan italien pour sécuriser Tripoli et les points clés de Libye *

A Amari, les F-16 veillent au grain… russe

Fri, 29/04/2016 - 06:09

Un F-16 (© NGV / B2)

(B2 à Ämari) Durant 4 mois, les F-16 belges ont pris leur envol ou sont venus se garer sur cette base aérienne d’Ämari, de l’armée estonienne, située à quelques encâblures de la mer. Leur mission : la surveillance aérienne de l’espace baltique. Cette zone est « stratégique » confie le commandant Philippe, chef du détachement opérationnel belge d’EAPM (Enhanced Air Policing). « Nous sommes tout au nord, tout près de la Russie ».

 

Le slogan du matériel de la RAF arrivé sur place. Un hommage à peine ironique à Madame de Pompadour © NGV / B2

Une base toute neuve

 

Fraichement remise à niveau, avec des bâtiments tout neufs, la base d’Ämari accueille tour à tour (tous les 4 mois), normalement, les contingents de l’Alliance atlantique chargé d’assurer la surveillance aérienne du petit Etat balte de 1,7 millions d’habitants. Les Belges ne sont pas encore repartis que les Britanniques commencent à arriver. Un petit détachement du 140e EAW (Expeditionary Air Wing), que j’ai pu croiser, et du 617e Squadron sont déjà sur place. Avec un slogan qui sonne (en français svp) : « Après moi le déluge ! »

Un renforcement de la surveillance aérienne sur la Baltique

Depuis 2014, en effet, l’Alliance Atlantique a décidé de renforcer la surveillance aérienne des pays baltes. Là où une seule patrouille, basée à Šiauliai (en Lituanie), suffisait dans le passé, aujourd’hui il y en a trois de permanence, de façon simultanée : les Espagnols à Šiauliai, à Malbork, en Pologne, et à Amari en Estonie. Ce qui permet de bien surveiller le grand voisin russe !

Douze alertes en quatre mois

En quatre mois, les avions belges sont partis 12 fois en « A Scramble », en intervention. 2 fois en janvier, 1 fois en février, 3 fois en mars, 6 fois en avril. Un assez faible nombre d’alertes, dû « sans doute au mois d’hiver » explique un officier. « C’est comme le sol, l’activité est un peu gelée ». Ces quatre mois ont été assez difficiles pour les pilotes et mécanos belges avec un temps bien rude, à l’estonienne. Une température moyenne de -10°, avec des pointes de -30°, une neige qui tombait drue certains jours. Des conditions auxquels les équipages de l’ouest du continent ne sont pas forcément habitués, ni dotés de l’équipement.

Une surveillance par radars complète

La surveillance est effectuée par les radars estoniens dont la zone de couverture embrasse tout le pays, une partie de la Lettonie et… une partie de la zone russe. Ils sont reliés avec les autres radars des pays baltes (Lettonie et Lituanie). Ce qui permet d’avoir une couverture complète de la zone. « On partage toutes les informations, à travers le système de l’OTAN » jusqu’au CAOC de Ramstein qui assure la fusion des informations. Le radar estonien, situé le plus au nord, permet « d’accrocher » les avions russes dès leur départ.

Un trajet classique des avions russes du nord vers Kaliliningrad © NGV/ B2

Une liaison régulière vers Kaliliningrad

Les avions russes décollent généralement de Russie. Ils effectuent une boucle par la mer, plus ou moins au-dessus des eaux internationales, pour relier Kaliliningrad (anciennement Königsberg). Des vols « domestiques » qui ont bien d’autres objectifs également : « intimider » un peu sans doute mais surtout faire sentir la présence russe sûrement et recueillir des informations sans doute.

La disproportion des forces

Le commandement de la première région aérienne russe dispose, en effet, d’une force notable : près de 600 appareils. La Russie aligne ainsi de 291 avions de combat : 168 chasseurs (Mig-29 Mig 25 RB et Su-24 Mr), 63 bombardiers (SU-24M Fencer et Su-34 Fullback), 60 avions de reconnaissance (Mig-31 et Su-27 Flanker) — et 259 hélicoptères : 24 hélicoptères d’attaque (Mi-28, Ka-52), 86 hélicoptères d’assaut mi-24 et 149 hélicoptères de transport Mi-8. En face les Estoniens ne disposent pas vraiment d’une véritable flotte aérienne (2 avions L-39 d’entraînement loués aux Tchèques, 4 hélicoptères légers R-44 et 1 vieil Antonov An-2 Colt un biplan monomoteur qui a près de 70 ans et vole encore !).

La démonstration de force russe

Au large, tout défile. « Nous avons vu des tankers, comme l’Iliouchine IL-78 Midas (un quadriréacteur à l’origine conçu pour le transport, transformé en avion ravitailleur) — raconte un officier —, des avions de combat comme le Sukhoï Su-27 Flancker ou le Sukhoï SU-24, des avions de transport type IL-76 Candid ou AN-12 Cub, voire des avions mixtes, comme le Iliouchine IL-20 Coot A, servant au transport mais surtout à collecter des informations ou le Tupolev TU-134 (Crustry) », un avion destiné au transport de passagers mais qui peut être reconverti en avion de renseignement.

Des avions non armés mais qui écoutent beaucoup ?

« En général ces avions ne semblent pas armés » continue notre interlocuteur. En revanche, on ne sait pas vraiment ce qu’ils font, l’objectif du transit. Est-ce pour aller jusqu’à Kaliliningrad uniquement, pour observer et ramasser des informations, pour tester… Toutes les hypothèses sont possibles.

Une violation des règles d’aviation mais pas du territoire

Il n’y a pas de violation territoriale au sens strict. Mais les avions russes qui volent dans la FIR (Flight Information Region) ne donnent aucun plan de vol, ne communiquent pas par radio et n’ont pas leur transpondeur d’allumé. Autant d’informations qui rendent le vol suspect. C’est le CAOC, centre de régulation aérienne de Ramstein, qui donne l’alerte aux avions concernés. A charge pour eux d’aller intercepter l’avion suspect et de « l’escorter » jusqu’à la sortie de la zone.

Des interceptions « fair play »

Avec les avions russes, en général cela se passe plutôt bien. C’est « fair » confirme le commandant Philippe (*) chef du détachement opérationnel (DOO). « Si on ne se rapproche pas trop, si on ne joue pas au cow-boy avec eux, ils nous respectent. Il n’y a pas d’escalade » Mais il ne faut pas les chatouiller cependant. « Parfois si on va trop près, ils nous poussent un peu. Ils n’aiment pas ! ». Un jour qu’un de nos avions le serrait d’un peu près ou un peu longtemps, le pilote du SU-27 Flanker s’est mis sur le flanc, histoire de nous montrer son armement » raconte un pilote. Message compris. « Notre avion a pris un peu d’écart ».

Pas d’escalade, mais une présence continuelle

Une analyse venue du terrain qui confirme, avec d’autres, que s’il y a une augmentation des vols, très nets, on n’a pas — comme le proclament certains — une escalade dangereuse, avec des vols menaçants. On se situe ici davantage dans des « vols de présence », destinés à affirmer la prééminence russe sur la zone baltique, à maintenir le lien continu avec Kaliliningrad pour éviter qu’il ne soit rompu. Même si les vols ne sont pas « offensifs », on est cependant dans une attitude « d’intimidation ». Et côté estonien, on estime que le danger est bien réel.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un détachement de 49 personnes

Le détachement belge se compose de 49 personnes militaires venus de différentes unités (Florennes et Kleine Brogel essentiellement mais aussi de Beauvechain, du Meteo Wing, du CRC Glons), etc. Il a été renouvelé à la mi-terme, toutes les 2 semaines pour les pilotes.

(*) Prénom d’emprunt. B2 respecte l’anonymat des personnels en opération, selon leur demande.

500 migrants récupérés en mer

Thu, 28/04/2016 - 18:39

(B2) Plusieurs canots pneumatiques chargés de migrants ont été récupérés en mer au large de la Libye par les navires européens. 5 canots avaient été localisés et environ 500 migrants sauvés a indiqué le QG de l’opération EUNAVFOR Med jeudi (28 avril). Le navire des garde-côtes italiens Aviere (Mare Sicuro) a, de son côté, transféré 121 migrants sur le navire de soutien allemand Frankfurt am Main (A 1412) qui participe à l’opération européenne EUNAVFOR Med.

Dimanche (24 avril), le navire Dattilo de la Guardia Costiera s’était porté au secours de trois canots pneumatiques récupérant 382 personnes au total (143 dans un, 121 dans l’autre, 118 dans un troisième) dans le Canal de Sicile.

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