(B2 à Gummersbach) Comment améliorer la politique étrangère de l’Union européenne à l’heure du Brexit ? Ou faire que la défense ne soit pas un vain mot ? Une petite vingtaine de jeunes étudiants et doctorants français et allemands étaient réunis autour de ces thématiques, dans le cadre du 4e séminaire junior du dialogue franco-allemand de sécurité au sein de la Theodor Heuss Akademie dans la périphérie de Cologne, auquel j’intervenais à l’invitation de Laurent Borzillo et Maximilian Losch.
Un siège au Conseil de sécurité pour l’UE ?
Faut-il prévoir un siège pour l’Union européenne au Conseil de sécurité des Nations unies ? Est-ce que les sanctions vis-à-vis de la Russie sont efficaces, comment y mettre fin ? Faut-il trouver des processus de décision plus efficaces au sein de l’Union européenne (avec la fin de l’unanimité) ? Est-ce que mettre en place une armée européenne est une solution en matière de défense ? Voici quelques unes des questions (et solutions) auxquelles se sont attelées les ‘séminaristes’, avec en toile de fond, l’éternelle interrogation sur les effets du Brexit sur la politique étrangère et de défense de l’Union.
Le danger d’une Europe à deux vitesses
La possibilité d’évolution d’une Europe à deux ou plusieurs vitesses est perçue comme un « risque » par ces jeunes. Ils préconisent plutôt une politique des petits pas pour renforcer l’intégration européenne, en jouant sur quelques éléments essentiels : premièrement, augmenter les budgets dévolus à la défense (dans les États membres surtout), deuxièmement, créer deux QG (quartiers généraux) spécifiques.
Créer deux QG
Ces deux quartiers généraux seraient dévolus aux deux types de menaces, ressenties ou réelles : l’un pour faire face aux menaces terroristes, l’autre pour les invasions ; le premier plutôt destiné aux menaces en cours contre les pays occidentaux d’un côté, l’autre par les menaces auxquelles s’estiment exposés les pays orientaux de l’autre. Ces QG seraient implantés non pas à Bruxelles mais dans les États membres, pour faciliter leur appropriation par ceux-ci.
Des idées à débattre… qui m’ont donné d’autres idées sur
(Nicolas Gros-Verheyde)
Alexandra Papadopoulou sur la route au nord du Kosovo où a été tué Audrius il y a quatre ans (crédit : EULEX Kosovo)
(B2) La mission européenne déployée au Kosovo (EULEX Kosovo) a rendu hommage ce 19 septembre à un des siens, Audrius Šenavičius, tué « sur la ligne de front » dans le nord du Kosovo, le 19 septembre 2013. L’actuelle chef de la mission, la Grecque Alexandra Papadopoulou, est ainsi venue s’incliner sur le lieu où ce douanier lituanien avait été abattu il y a quatre ans. « Audrius a fait le sacrifice ultime. Et rien ne peut remplacer la perte d’un être cher. Nous avons perdu un membre de l’équipe apprécié ». Toute la mission a observé la traditionnelle minute de silence.
Les auteurs de l’acte recherchés
Les circonstances exactes de l’acte ne sont toujours pas connues. « De nombreuses questions entourant ce meurtre restent posées » a reconnu Papadopoulou. EULEX continue de rechercher des informations susceptibles d’aider à traduire en justice les auteurs de l’assassinat d’Audrius. Même l’offre d’une récompense pour toute information n’a rien donné (lire : Wanted). « La justice mérite d’être rendue. Je demande à toute personne qui a des informations de quelque nature que ce soit ». Même « des informations mineures pourraient être des informations essentielles pour les enquêteurs » souligne-t-on à la mission.
Quelques questions
NB : plusieurs questions se posent toujours : qui a opéré cette attaque ? De simples malfrats (ce qui parait douteux vu les circonstances), des Serbes du nord du Kosovo ou… des Kosovars proches du régime en place à Pristina désireux d’en finir avec la mission ? La manière dont l’attaque a été menée – qui ressemble davantage à un guet-apens qu’à une erreur de tir (selon nos informations) – pourrait interroger. De même, pourrait se poser la question du degré de protection des policiers européens en mission (le type de véhicules employés et leur blindage étaient-ils adaptés à la situation volatile ? …)
(Nicolas Gros-Verheyde)