En route vers le Santa Maria (crédit : EUNAVFOR Med)
(B2) Ces derniers jours, les opérations de sauvetage se multiplient en Méditerranée centrale, au large de la Libye, où la pression de migrants et réfugiés fuyant le continent africain ne semble pas se relâcher malgré l’hiver.
Trois navires et deux avions engagés
Trois navires placés sous le commandement européen – la frégate lance-missiles espagnole Santa María (F-81), la frégate légère furtive Aconit (F-713) et le navire britannique hydrographique Echo (H-87) – ont ainsi été impliqués dans huit opérations de sauvetage, sous la direction du Centre italien de coordination du sauvetage maritime (MRCC), a appris B2 du QG de l’opération Sophia (alias EUNAVFOR Med). En l’air, deux avions de patrouille maritime espagnol et luxembourgeois ainsi qu’un hélicoptère espagnol assuraient la veille, permettant de détecter les bateaux en détresse et de guider précisément leurs collègues au raz de l’eau. Depuis le début de l’opération Sophia, en juin 2015, « les équipages de l’UE ont sauvé plus de 43.200 personnes en détresse en mer » précise-t-on à Rome.
1400 migrants sauvés en début de semaine
En début de semaine déjà, les gardes-côtes italiens, avaient annoncé avoir assuré la récupération d’environ 1400 migrants et réfugiés lors de 11 opérations de sauvetage en Méditerranée centrale. Deux bâtiments des gardes-côtes et des douanes italiennes, deux navires des ONG (ProArm et Aquarius) et un navire de l’opération navale européenne EUNAVFOR MED (Santa Maria) avaient été engagés.
Une barge remplie à ras bord, avec plus de 400 personnes à bord
La plus grosse opération consistait à venir au secours d’une barge à deux étages où plus de 400 personnes s’étaient entassées dans des conditions extrêmement précaires. « Le risque était élevé » relate La Republicca. « La barge peut s’effondrer à tout moment ». C’est là qu’ont été relevés les deux morts (dont un enfant). L’Aquarius de Sos Mediterranée a pris en charge 67 personnes, transbordés ensuite sur le navire militaire espagnol Santa Maria. Le patrouilleur Sabrata de la Garde-côte a récupéré, de son côté, mercredi (17 janvier) 234 migrants qui se trouvaient à bord de deux canots pneumatiques dans de très mauvaises conditions. Le premier bateau a été intercepté près de Mellitah (à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tripoli) et la deuxième au nord de Zuara (Zouara) (60 km de la frontière avec la Tunisie), raconte l’agence Ansa.
Sauvetages en série pour la garde-côte libyenne
Quant à la Garde côtière libyenne, elle a signalé avoir sauvé 352 migrants répartis dans trois canots pneumatiques. Le premier bateau a été intercepté 40 miles au nord de Gasr Garabulli (Castelverde) dans le district de Tripoli, tandis que les deux autres étaient 12 miles au large de Zuara. Les migrants ont été ramenés à Tripoli et emmenés dans un centre d’accueil.
Depuis le 7 janvier, la Garde côtière libyenne affirme avoir procédé à au moins cinq autres interventions : le 7 janvier au large de Garabulli, à l’est de Tripoli (290 migrants sauvés, 2 morts). Le 8 janvier, au large de Garabulli (135 migrants, dont 5 enfants et 49 femmes, dont 10 dans un état délicat). Le 9 janvier, la garde côtière libyenne est venu au secours de trois bateaux en difficulté, réussissant à sauver un total de 300 personnes, mais un navire a coulé, causant la disparition d’environ une centaine de personnes.
Un taux de 10% de décès en ce moment
En cette saison, la traversée est particulièrement risquée. Selon les estimations de l’OIM (Organisation internationale pour les migrations), pour la première quinzaine de 2018, 1916 migrants sont arrivés en Europe par mer, tandis que les décès en Méditerranée se sont élevés à 194 au cours de la même période. Soit un taux de 10% (largement supérieur à ce qui est observé d’habitude, 2-3%).
(NGV)
La France et le Royaume-Uni renforcent leur coopération militaire
Le président français Emmanuel Macron et le PM birtannique Theresa May ont annoncé jeudi 18 janvier 2018 un renforcement de la coopération franco-britannique dans les domaines des migrations et de la défense. Le Royaume-Uni vient ainsi d'annoncer la mise à disposition d'hélicoptères « lourds » pour appuyer les opérations françaises au Sahel et au Sahara. Le Royaume-Uni a en effet accepté de mettre à disposition des forces françaises au Mali trois de ses hélicoptères militaires « Chinook ». C'est précisément l'outil qui manque le plus aux fantassins français au Sahel et au Sahara.
Barkhane aligne bien 17 hélicoptères, mais aucun ne peut transporter d'un seul coup une trentaine d'hommes et leur équipement. Le Royaume-Uni fournira aussi 56 millions d'euros d'aide supplémentaire pour l'alliance pour le Sahel, précise l'Elysée. Ces dernières années, le Royaume-Uni et la France ont travaillé côte à côte pour combattre la menace globale que représente le virus Ebola. Les perties vont augmenter nos efforts dans le Sahel pour empêcher l’extrémisme islamique d'augmenter une instabilité et une insécurité qui nourrissent la crise migratoire ».
Londres pourrait aussi annoncer une participation au financement de la force conjointe du G5 Sahel, (FCG5S) lors de la réunion de Bruxelles le 23 février prochain. Paris et Londres annoncent aussi un soutien accentué en Afrique de l'Est en particulier via l'AMISOM, la mission de l'Union Africaine pour la Somalie.
Les deux capitales annoncent que la Force expéditionnaire commune (CJEF - Combined Joint Expedition Force), lancée après les accords de Lancaster House signés en 2010 sera prête à être déployée dans les opérations les plus exigeantes d'ici 2020. Cette force a obtenu sa certification finale le printemps 2017, lors de l’exercice Griffin Strike. Par ailleurs, désormais quelque 50 officiers sont insérés au sein des forces armées respectives.
Les officiers français ont été déployés dans le cadre d’opérations britanniques et des officiers britanniques dans le cadre d’opérations françaises . (Nous sommes très émus concernant la "vitesse incroyable" de la mise en place d`une telle force: 10 ans!)
Enfin sur le volet industriel, la France et le Royaume-Uni confirment leur volonté de coopérer dans le domaine des drones sous-marin chasseurs de mine et dans les systèmes de combat aérien du futur.
(B2) La parole de Joachim Bitterlich vaut souvent le détour. Cet ancien conseiller de Helmut Kohl revient, sur le site de Toute l’Europe, sur les avancées récentes en matière de défense (et d’autres sujets). Un propos qui mérite d’être écouté. Pour lui, la PESCO est un « projet qui constitue un premier pas, mais qui doit être suivi dans d’autres domaines ».
Des divergences culturelles certaines
Mais il ne faut pas se cacher certaines difficultés. Les progrès en matière de politique et de sécurité extérieure sont « difficiles au vu de nos cultures et nos traditions bien différentes, et même parfois opposées ». Entre un Allemand et un Français, les différences sont fondamentales, quand on parle défense, « un Allemand pense en premier lieu à la défense du territoire tandis qu’un Français inclut au même niveau la nécessité d’intervention militaire, pour surmonter les crises et conflits ».
La nécessité d’un agenda sur le renseignement, le transport, l’acquisition
Pour avancer, il « faut rapprocher progressivement nos conceptions sur la défense pour les rendre convergentes et compatibles ». Il va falloir aussi un « agenda clair et engageant sur des questions fondamentales telles que la coopération en matière de renseignement, de planification, de transport et de logistique, d’acquisition et de contrôle » comme sur « l’exportation d’armement ». Des points très délicats et qui ne sont pas encore abordés au niveau européen.
Une armée européenne, possible d’ici 2030 ?
Bitterlich se montre absolument confiant dans l’idée que « le projet de défense européenne cessera [bientôt] d’être une utopie ». « Si le démarrage fonctionne bien – et que nous arrivons à attaquer cet agenda ambitieux de manière parallèle et engagée – nous pourrons peut-être parler en 2025 ou en 2030 d’une armée européenne. »
Une coopération politique à revoir
Dans le même temps, il ne faut pas hésiter à « engager une réflexion profonde sur la politique étrangère commune. « Nous n’avons pas encore trouvé la » formule magique » de coopération entre d’une part Bruxelles, l’office dirigé par Madame Mogherini et le nouveau service d’action extérieure, et d’autre part les services diplomatiques et les ministres des Affaires étrangères des Etats membres. »
(NGV)
Lire sur le site de Toute l’Europe
Un hélicoptère Chinook de l’armée britannique bientôt au Sahel en appui des forces frnaçaises (crédit : MOD.uk)
(B2) Le Royaume-Uni pourrait bientôt envoyer des hélicoptères Chinook en soutien de l’opération Barkhane menée par la France au Sahel. Cette décision devrait être annoncée demain (jeudi) à l’occasion du sommet franco-britannique. Réunion qui se déroulera dans un lieu on ne peut plus symbolique : l’académie militaire de Sandhurst.
Des hélicoptères et d’autres moyens
« Pour pallier le manque d’hélicoptères français disponibles, les Britanniques ont offert des moyens de transport », explique le quotidien The Telegraph qui s’appuie sur des sources internes au ministère britannique de la Défense. Les Chinook de la RAF ont été proposés pour transporter les troupes françaises. « Le Royaume-Uni s’était opposé à l’envoi d’un avion C-17 pour assurer des rotations dans la région du fait de l’engagement des opérations en Irak, en Syrie et en Afghanistan » rappelle Roger Boyes du Times. Ce soutien venu d’outre-manche pourrait aussi concerner des moyens ISTAR (renseignement, surveillance, acquisition de cibles, reconnaissance) avec notamment des drones de surveillance Watchkeeper, précise le quotidien britannique.
Une nouvelle présence en Estonie
Afin d’assurer une certaine réciproque, les Français pourraient revenir en Estonie, participant lors d’une prochaine rotation (en 2019 par exemple) au groupement tactique dirigé par les Britanniques en Estonie dans le cadre de l’opération de l’OTAN, « Présence avancée renforcée (EFP) », visant à montrer les muscles de l’Alliance atlantique face à la Russie (lire : Tapa : réassurer l’Estonie… et un excellent lieu d’entraînement).
Quatre pays engagés à des titres divers
Le Royaume-Uni serait ainsi le quatrième pays européen à s’engager de façon concrète dans le Sahel. L’Espagne assure depuis le début de l’opération Serval (devenue Barkhane), un soutien logistique, avec un détachement aérien. L’Allemagne a engagé des hommes dans la Minusma. L’Italie a confirmé qu’elle s’engageait au Niger dans une mission de formation et structuration de l’armée nigérienne. Les Italiens sont, ainsi les seuls pour l’instant à vouloir s’engager au sol, avec un contingent d’environ 500 personnels (lire : Les Italiens en renfort des Français au Niger).
Conclusion : Un peu de temps
Il aura fallu un peu de temps (deux à trois ans) pour avoir autre chose qu’une participation symbolique ou épisodique de la part des différents partenaires européens. Mais la menace terroriste aidant et le désengagement en cours en Irak – qui libère des moyens – pourrait ainsi favoriser un engagement plus soutenu et complet des Européens aux côtés des Français au Sahel.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(B2) Alors que les discussions entre Belgrade et Pristina s’apprêtaient à reprendre à Bruxelles, celles-ci ont été bloquées par une nouvelle terrible venant du Kosovo. Oliver Ivanovic, un homme politique serbe de premier plan, a été tué à Mitrovica au nord du Kosovo, près de sa permanence du parti, par des individus circulant dans une voiture, de six balles d’un pistolet semi automatique Zastava M70A selon ce qu’en rapporte B92.
Après la guerre civile, il s’était soigneusement démarqué du nationalisme serbe, prônant le dialogue avec les Kosovars d’origine albanaise, même s’il avait un temps été accusé de crimes de guerre pour avoir été un des gardiens du Pont de Mitrovica, avant de voir un premier jugement annulé en appel (lire : Un Kosovar serbe « modéré » arrêté par les forces EULEX. Cas (très) sensible).
Condamnation européenne
Son assassinat a été « condamné » par les autorités européennes. La mission EULEX a ainsi « condamné fermement l’acte de terreur criminelle ». Elle « appelle à une action rapide et efficace de la part des autorités qui mène à l’arrestation des auteurs de cet acte horrible », affirmant être prête à « offrir son assistance conformément à notre mandat actuel ». « Je lance un appel à ceux qui ont des informations susceptibles d’entraîner l’arrestation des responsables du meurtre de M. Ivanovic, de le signaler aux autorités » a déclaré Alexandra Papadopoulou, chef de la mission EULEX. « J’appelle tout le monde dans la communauté à rester calme et digne en ce moment difficile ».
(NGV)