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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Updated: 4 hours 41 min ago

Explosion de Lyon. Un conflit de travail autant qu’un attentat ?

Fri, 26/06/2015 - 21:59

(B2) Les circonstances de « l’attentat » de Lyon ont été rapidement précisées par les autorités judiciaires et le ministre de l’Intérieur.

1° La personne décédée est le patron de l’assaillant. Ce n’est donc pas un inconnu, un passant, le représentant d’une autorité ou d’un symbole ou une personnalité.

2° L’assaillant a ensuite transporté le corps dans une autre entreprise où il était connu car faisant des livraisons.

3° Il a cherché à faire sauter des bonbonnes de gaz entreposées, déclenchant une première explosion. Il n’avait donc pas de bombe avec lui. C’est au moment où il s’apprêtait à réitérer son geste qu’il a été maitrisé par les pompiers intervenus sur le site.

On serait donc davantage dans un ‘mix’ de règlement de compte que d’attentat terroriste au sens classique du terme, même si la mise en scène macabre le laisse penser.

Solidarnosc ? Nie !

Fri, 26/06/2015 - 20:54

(BRUXELLES2) Entre les 28 Etats membres européens, la question de l’accueil des demandeurs d’asile n’a pas fini de faire des vagues. La discussion au sommet de Bruxelles jeudi soir (25 juin) — une discussion qui s’est prolongée tard dans la nuit — l’a montré.

Deux propositions sur la table

La Commission européenne avait mis sur la table deux propositions. L’une visant à prendre en charge 20.000 réfugiés, essentiellement syriens, qui se trouvent dans les camps du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Cette proposition ne suscitait pas grande polémique, se basant essentiellement sur le volontariat. L’autre avait pour objectif de soulager un peu la Grèce et l’Italie, en permettant la « relocalisation » de 40.000 personnes dans les autres pays européens sur deux ans. C’est cette dernière proposition, somme toute assez modeste, qui a provoqué le trouble car elle mettait en place une clé de répartition, fixant un chiffre « obligatoire » de personnes. Des quotas en quelque sorte.

Deux camps

Deux camps se sont ainsi affrontés durant plus de six heures, jeudi soir, jusque tard dans la nuit. Les uns, une douzaine environ étaient opposés à tout système obligatoire. Ils regroupaient essentiellement les pays d’Europe de l’Est, notamment les Baltes et les 4 pays de Visegrad, mais aussi l’Espagne et le Royaume-Uni. « Nous sommes prêts à accueillir ces personnes » m’a confié, la Première ministre lettone, Laimdota Straujuma, « mais de façon volontaire ». Les autres, une douzaine également, était prêts à accepter un système obligatoire mais discutaient la façon de calculer la clé de répartition. C’était la position de la France notamment. Entre les deux, la Grèce et l’Italie, trouvaient que le chiffre de 40.000 était assez faible. Ils étaient soutenus par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Un des Conseils les plus durs

« Certains Etats membres avaient très peur d’être confrontés à quelque chose de nouveau. (Car la) relocalisation est entièrement nouveau. C’est révolutionnaire » a indiqué le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk. « La discussion a été dure, franche, honnête. C’est un des Conseils les plus durs auxquels j’ai assisté ». Un propos légèrement exagéré car des discussions difficiles, il y en a eu quelques unes au niveau européen. Mais celle-ci était marquée sans doute par beaucoup d’émotion. « A côté de cela, l’intervention du Premier ministre britannique » sur une possible sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, est apparue comme « un interlude » salutaire, a ironisé un diplomate. La ‘trêve britannique’ n’a d’ailleurs pas duré plus de 10 minutes, lors du dîner. Et les 28 sont ensuite revenus sur la question chaude du moment.

Avec l’Italie et la Grèce, la solidarité c’est pas çà

« Ce n’est pas l’Europe que nous avions imaginée en 1957 à Rome » a dénoncé le Premier ministre Italien Matteo Renzi. « Pour certains pays, il y a la volonté d’être solidaires quand ça les arrange et uniquement quand ça les arrange » a renchéri le Premier ministre belge, Charles Michel, qui ne passe pourtant pas spécialement pour un gauchiste. « La décision d’hier était affligeante était une réunion pour rien. Nous avons peu progressé. (…) La solidarité fonctionne dans un sens et jamais dans l’autre sens. C’est un problème car l’immigration est un problème important et va le rester. Il y a manque d’ambition et de volonté. » A l’inverse, le chef du gouvernement tchèque Bohuslav Sobotka s’est vanté d’avoir réussi à se mettre en travers du projet présenté par la Commission. « Nous avons emporté une grande bataille, avec succès, parce que nous avons réussi à maintenir une approche volontaire permettant à chaque Etat membre de venir avec ses suggestions », a-t-il déclaré, selon l’agence CTK.

Les détails pour juillet

Finalement, un compromis a été dégagé : un effort sera fait par « tous » les Etats membres de l’UE sans être obligé d’atteindre un chiffre précis mais sans mentionner tout de même le mot « volontaires » au système. Les 28 se reverront en juillet pour affiner les détails. Pour Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, « l’essentiel est d’avoir un accord. Peu importe le modèle, du moment qu’on arrive au résultat ». Le Luxembourgeois a tenu à dédramatiser les tensions. « C’est la première fois en Europe que nous décisions ensemble avec les Etats membres une opération de ce type. Les différents arguments se sont entrechoqués ».

Une discussion sur les compétences

Pour autant, il a indiqué que la Commission n’avait pas l’intention de retirer sa proposition législative de la table des ministres. Ce qui était un ‘autre’ sujet de dissension entre les Etats membres. Certains réfutent à l’exécutif européen le pouvoir de faire cette proposition, estimant la base juridique non fondée. Ils craignent surtout le ‘précédent’ qui pourrait amener, en cas d’évènement similaire dans le futur, une décision identique.

Pas de chiffre pour la France

Côté français, on se satisfait d’un système qui n’impose pas un chiffre précis mais « organise la solidarité » ainsi que l’a confié un diplomate. Du côté de l’Elysée, on se refuse ainsi à indiquer tout chiffre que la France pourrait accueillir en plus. Mais un homme bien introduit dans les cercles du pouvoir a reconnu que le chiffre proposé par la Commission (9000), pouvait « être un chiffre indicatif ». 9000 demandeurs d’asile en 2 ans… Ce n’est quand même pas énorme.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Version longue d’un papier paru dans Ouest-France samedi

De nombreux Européens tués lors de l’attentat de Sousse (Tunisie)

Fri, 26/06/2015 - 20:24

(BRUXELLES2) L’attentat survenu à Sousse dans un lieu touristique prisé par les étrangers (l’hotel Imperial) a fait 37 morts et 39 blessés selon le dernier bilan dressé par le ministère de la Santé. Parmi les victimes de nombreux Européens (Britanniques, Belges et Allemands).

Au moins 5 Britanniques sont décédés, a confirmé le ministre des Affaires étrangères, Phil Hammond, qui a annoncé la convocation d’un COBRA (un conseil spécial des ministres en charge de la sécurité. Il y aurait également des Belges et des Allemands. Berlin a ouvert une ligne d’urgence pour renseigner les familles.

(NGV)

L’Europe et le monde arabe unis dans la réponse au terrorisme

Fri, 26/06/2015 - 19:19

(crédit : EBS / B2)

(BRUXELLES2) Après les attentats en France, en Tunisie, au Koweit, c’est finalement la Haute représentante, Federica Mogherini, qui a su trouver, au niveau européen, les mots les plus justes pour qualifier les évènements. « La succession d’attentats en France, en Tunisie et au Koweït aujourd’hui nous rappelle crûment qu’aucun pays, aucune région n’est à l’abri du terrorisme.  Ces attaques visent à déstabiliser nos sociétés en entretenant la peur, la suspicion, les préjugés. C’est à la fois l’Europe et le monde arabe qui en sont les cibles.  Ensemble, nous pleurons nos victimes et c’est ensemble que nous ferons face à la violence et au sectarisme. »

La réponse : l’unité

« C’est une démonstration du fait qu’on est unis, avec nos amis, nos frères, nos soeurs arabes. L’Europe et monde arabe sont unis comme victimes et on est aussi ensemble la réponse au terrorisme » a-t-elle déclaré à sa sortie du Conseil européen. « Cela va être  important de garder cette unité dans les prochains jours. Il n’y a pas de division entre l’Europe et le monde arabe. » « Les terroristes veulent nous diviser : notre réponse sera l’unité. » Un message qui tranche à la fois par son côté personnel et son analyse politique, avec le commentaire pour le moins lapidaire et limité de Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui s’est juste contenté d’un message de condoléances aux victimes. En guise de viatique politique, c’est un peu maigre…

L’explosion à Lyon : un attentat. François Hollande appelle à ne pas céder à la peur

Fri, 26/06/2015 - 13:10

© NGV / B2

(BRUXELLES2) Pour François Hollande, l’explosion survenue ce matin (10h), dans une usine de gaz industriels (Air Products) de la banlieue industrielle du sud de Lyon, à Saint-Quentin-Fallavier, est un attentat. Et cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Le président français a, aussitôt la nouvelle connue, choisi de quitter le sommet européen qui n’avait d’ailleurs plus grand sujet de débat sur la table. Mais avant de quitter Bruxelles de façon anticipée, il a tenu à faire une courte déclaration devant les journalistes pour donner des précisions sur les circonstances de l’attentat.

Un véhicule qui fonce vers une usine Seveso, 1 ou 2 auteurs.

« Cet attentat, c’est un véhicule conduit par une personne, peut-être accompagnée d’une autre, (qui) à vive allure se projette contre un établissement classé Seveso. L’intention ne fait pas de doute, c’est de provoquer une explosion. L’attaque est de nature terroriste, dès lors qu’il a été retrouvé un cadavre avec des inscriptions. » Au final, il y « aurait au moment où je vous parle », souligne le Président, « un mort et 2 blessés » (*). « L’individu suspecté d’avoir commis cet attentat a été arrêté et identifié ». Et le président d’annoncer des premières mesures. « Des moyens de gendarmerie considérables ont été déployés. Les sites Seveso ont été protégés davantage. Et toutes les dispositions sont prises pour éviter tout drame supplémentaire. » Un Conseil restreint se tiendra à l’Elysée à 15h30.

La solidarité européenne

« Dans ces moments, il faut avoir une expression de solidarité à l’égard de la victime » a ajouté le président français.  « La solidarité s’est aussi exprimée ce matin au Conseil européen ». Mais François Hollande a aussi abjuré chacun de ne pas céder à l’émotion et à la peur.

Ne pas céder à l’émotion et à la peur

« Il y a une émotion. Mais l’émotion ne peut pas être la seule réponse. Il y a l’action, la dissuasion, la prévention, et donc la nécessité de porter des valeurs et de ne pas céder à la peur. Jamais ! ». Et d’ajouter « Il faut être à la hauteur de toutes les circonstances, ne pas créer de divisons inutiles, de suspicions qui seraient intolérables, faire le travail que les Français attendent de nous: les protéger, et en même temps établir la vérité, éradiquer les groupes ou individus responsables de tels actes. »

(NGV au Conseil européen)

(*) Le bilan a été revu ensuite. Il n’y a pas de blessés au sens strict du terme, estime-t-on du côté des autorités. Les circonstances ont été précisées. La personne décédée est le patron de l’assaillant chez qui celui-ci travaillait comme livreur. Il cherchait à faire sauter des bonbonnes de gaz entreposées quand il a été maitrisé par un pompier.

Un noyau dur pour la défense. Qui osera avancer ?

Thu, 25/06/2015 - 20:50

Créer un noyau dur de pays structurant leur défense autour de projets déjà opérationnels (crédit : EATC)

(BRUXELLES2) L’Europe n’avance qu’à coup de crises, dit-on en suivant un bon vieux principe de réalité. A ce carburant, on peut ajouter les structures et un cadre pour agir. Tous ingrédients qui existent aujourd’hui. Pourtant le sentiment de créer une Europe de la Défense n’existe pas.

Les crises et les structures : le plus sûr moyen d’avancer

Coté crises, on est servi. Elle ne manquent pas. Mais aucune crise ne sert aujourd’hui vraiment de moteur à une action plus décisive en matière de sécurité et de défense. Coté structures, on a tout ou presque : un Haut représentant, plutôt enthousiaste ; un service diplomatique européen, plutôt compétent, et une Commission européenne, plutôt volontaire. Enfin, il existe un cadre juridique : il a été créé par le Traité de Lisbonne, posant les bases d’une coopération structurée permanente (*) Mais il reste inemployé. cela ne suffit pas. Il faut un groupe d’Etats membres capables de relever les défis, de porter les projets. Contrairement à ce qui est parfois dit, ce n’est pas seulement une défaillance de volontés politiques qui est en cause mais la confiance, en soi et avec les autres.

Des avancées ne se feront pas à 28 !

En matière de défense, comme dans certaines matières européennes à fort degré de sensibilité, il ne peut, en effet, y avoir d’avancées qu’entre Etats qui se font confiance, qui acceptent que « l’autre » fasse une partie du boulot. Ce n’est pas un partage de souveraineté, c’est une réciprocité de souverainetés acceptées. Autrement dit, faire une « défense renforcée et efficace » à 28 Etats membres est impossible. Cela revient à reconstituer l’OTAN (sans les Etats-Unis) ou l’UE. Cela n’aurait aucun intérêt tant d’un point de vue militaire, politique ou économique et perpétuer les blocages. Ce serait une addition d’impuissances.

Définir un noyau dur

Ce qui reste à définir ce sont donc les Etats qui feront partie de ce noyau dur, s’y engageront, mettront en place une charte d’action et des orientations. Pour que ce dispositif fonctionne, il faut un minimum d’Etats au départ : suffisants pour démarrer, réduits pour être efficaces. Il faut que ces pays aient davantage qu’une fonction de niche mais une certaine panoplie de défense à la fois en termes opérationnels et industriels leur permettant sinon d’agir dans tous les secteurs, au moins d’agir dans plusieurs. Et en guise de noyau dur, il n’y a beaucoup d’alternatives. Certains pays ne peuvent pas, ne veulent pas ou ne doivent pas en faire partie.

Eliminons !

Soyons clairs tout d’abord. Même dotée d’une solide défense, le Royaume-Uni ne peut, ne doit pas, ne peut faire partie de ce noyau dur. C’est l’assurance toute simple de l’échec. Car Londres utilisera son veto pour tout bloquer, comme il l’a fait depuis le début de la PSDC sur le QG permanent par exemple. De la même façon, certains pays neutres – comme l’Irlande ou l’Autriche – d’autres pays qui n’ont pas ou peu de moyens – Chypre, Malte – la Roumanie, la Bulgarie, les pays Baltes – ne peuvent en faire partie. Cela réduit ainsi le champ des axes possibles.

Les axes opérationnels et industriels du noyau dur

En termes opérationnels, il y aurait une logique à bâtir cette coopération structurée permanente autour ce qui a déjà réussi au plan opérationnel — EATC (le commandement de transport aérien stratégique) — d’y agréger des capacités satellitaires, maritimes. En termes industriels, il y aurait une logique à partir sur les pays qui ont une solide industrie de défense, donc ceux de la LOI, la lettre d’intention réunissant les gros pays les plus importants en matière de défense (France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Suède – sauf le Royaume-Uni). Cela permettrait d’avoir tout de suite une consistance à la fois industrielle et opérationnelle.

Les axes politiques du noyau dur

Plusieurs axes politiques sont possibles pour constituer le noyau dur. Le premier axe tourne logiquement autour du couple politique, moteur de l’Union européenne la France et de l’Allemagne. On est là dans la dialectique classique du franco-allemand assez classique, souvent difficile à manier en matière de défense, mais qui a l’avantage de la cohérence et de la force politique. A ce noyau, pourraient logiquement s’agréger un ou deux pays du Benelux, l’Espagne et l’Italie, voire la Pologne (soit le format Weimar +) ou la Finlande et la Slovénie. Cela permettrait de mener deux types d’opérations : des opérations plus offensives à pénétration rapide (France-Espagne-Belgique) et des opérations en second degré, peut-être moins offensives mais à durée plus longue (Allemagne-Pologne-Pays-Bas-Italie-Finlande), des opérations plus maritimes ou tournée sur le flanc Sud ou Africain (France-Italie-Espagne-Slovénie) et des opérations plus tournées sur le flanc Est ou balkanique (Allemagne-Pologne-Pays-Bas-Finlande). Bref, on aurait une certaine complémentarité et technicité.

Le deuxième axe tourne autour de l’Allemagne et de l’Italie avec des pays qui ont la même conception de l’armée parlementaire, assez douce, vers l’Ouest (Pays-Bas, Espagne, Portugal, …) ou le Nord (Suède, Finlande). Cela a l’avantage de la cohérence mais risque d’être un peu faible au point de vue offensif.

On peut concevoir un troisième axe autour de l’Allemagne et de la Pologne qui agrégerait un peu plus de pays de l’Est de l’Europe et de l’Ouest par rapport à la précédente.

Paris Berlin ou Varsovie pour franchir le Rubicon

Reste maintenant à ce qu’un ou deux pays se décident à franchir le pays et proposent la mise en place de cette structuration de la défense. Peu osent ou peuvent le faire ! Mais on peut parier qu’à partir du moment où un pays va sortir du bois, d’autres suivront. Pour avoir quelque chance de succès, cette initiative ne peut venir que d’un des axes décrits. Concrètement Paris ou Berlin, voire Varsovie (mais le gouvernement polonais semble avoir d’autres chats à fouetter, avec les élections), avec en appui Rome ou Bruxelles. L’Allemagne d’Angela Merkel version grande coalition me semble mûre pour accepter une proposition où elle trouverait ainsi un exécutoire à son ambition d’une nouvelle place dans la politique. Mais la France devra peut-être faire le premier pas. Le format Normandie où se déroule le discours avec la Russie offre un excellent cadre.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Une proposition qui n’est pas née de nulle part, elle reprend les propositions de la Constitution, du groupe Barnier de la Convention… et les conclusions du Sommet de 2003 (Pralines) prônant une « Union de défense et de sécurité européenne » !

La défense réduite à la portion congrue. Un Sommet pour rien

Wed, 24/06/2015 - 19:26

Donald Tusk a gagné. Il a obtenu des conclusions courtes. Mais est-ce vraiment l’objectif d’un sommet ? (Crédit : Conseil de l’UE – Donald Tusk le 22 juin)

(BRUXELLES2) Les questions de défense devaient figurer comme un point-clé du sommet européen. Le résultat ne semble pas vraiment assuré aujourd’hui. Et la politique de sécurité et de défense (PSDC) apparait même comme un sujet secondaire. Le mot « défense » ainsi même PSDC » a même été gommé des « highlights » présentant le Sommet sur le site web du Conseil de l’UE (voir ci-dessous). Un signe !

Un agenda chargé et un débat rapide

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait, c’est vrai, hésité, dans les premiers mois de l’année, à maintenir ce point à l’ordre du jour du Conseil estimant que l’ordre du jour était bien chargé. Et c’est vrai. L’agenda du Conseil contient des sujets très délicats à discuter entre « Chefs » : les migrations, la dette et les réformes en Grèce tout comme les revendications de Cameron d’une « Europe Light ». Entre Grexit et Brexit, les esprits divaguent et les attentions sont ailleurs. Du coup, le débat prévu au Conseil risque de réduire à sa plus simple expression et de ne durer qu’une ou deux heures au matin (lire sur le Club : Au sommet, des conclusions réduites sur la Défense. Le temps d’un sucre dans un café ?). Et encore, puis qu’il pourrait se réduire à écouter le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, venu là pour expliquer « comment l’OTAN répond aux nouveaux défis de sécurité ». Autrement dit une vision on ne peut plus atlantiste de la politique de défense commune, aux antipodes de ce qui était prévu dans les Traités et l’esprit des traités.

Des conclusions limitées

La brièveté des conclusions est encore plus étonnante. Le texte, parvenu à B2 et que nous avons commenté hier dans le Club (Lire : Le projet (commenté) des conclusions sur le Sommet Défense (exclusif)), se résume aujourd’hui à assez peu de choses : quelques lignes lapidaires : 6 « bullet point » et 4 lignes d’introduction sur la PSDC +  » lignes pour la stratégie européenne de sécurité. Et c’est tout… Au surplus, ces lignes sont assez confuses dans le langage, peu compréhensibles même pour une personne avertie (sans une notice d’utilisation), voire carrément inconsistantes. Ce qui est tout le contraire des objectifs visés par un Conseil européen : des orientations claires et précises pour permettre à toute la sphère européenne (ministres, Commission, diplomates, gradés, industriels) de travailler. En résumé, par rapport à l’ampleur des défis auxquelles l’Europe fait face, c’est pour reprendre les termes des plusieurs ambassadeurs de l’UE : « inacceptable » ou « indécent » !

Une réflexion sur les menaces absente

Le plus étonnant est l’absence de débat sur les menaces qui se trouvent aujourd’hui sur la frontière sud. La Syrie et l’Irak sont en feu. En Libye, l’Egypte et l’Arabie saoudite d’un côté et le Qatar et la Turquie se font la guerre par proxies libyens interposés.  Et Daech commence à tirer son épingle du jeu à Syrte. Le Liban et la Turquie croulent sous les réfugiés. Et aucun débat à ce sujet au niveau des Chefs d’Etat et de gouvernement. Pour reprendre le mot de Nicole Gnesotto, professeur au CNAM, et ancienne directrice de l’institut d’études de sécurité de l’UE, on ne peut qu’être « étonné, atterré que les Chefs ne parlent pas de la situation la plus dramatique qui soit ».

Une atonie européenne ?

On pourra se satisfaire de ces conclusions. En se disant c’est mieux que rien. Au moins, les Chefs d’Etat en parlent un peu. On mentionne la recherche. Mais, au final, par rapport aux enjeux, c’est nul ! Autant le dire franchement. Et ce que je dis vertement, d’autres l’ont déjà dit dans les coulisses de manière à peine plus voilée.

(Nicolas Gros-Verheyde)

L’annonce officielle du sommet sur le site du Conseil européen ne mentionne pas le mot défense, uniquement la terminologie « sécurité », plus britanno-compatible.

Des écoutes de la NSA « inacceptables »

Wed, 24/06/2015 - 19:24

(B2) L’Elysée a tenu à réagir avec une certaine vigueur aux révélations de Wikileaks sur les écoutes faites par la NSA sur plusieurs présidents français – Chirac, Sarkozy, Hollande, sur la période 2006-2012. Un Conseil de défense a été réuni ce mercredi (24 juin) au matin. Et le ton est dur.

Des faits inacceptables ?

« Il s’agit de faits inacceptables qui ont déjà donné lieu à des mises au point entre les Etats-Unis et la France, notamment fin 2013 au moment des premières révélations et lors de la visite d’Etat du Président de la République aux Etats-Unis en février 2014 ».

Les engagements doivent être tenus

Des engagements avaient « été pris par les autorités américaines. Ils doivent être rappelés et strictement respectés ». La France « ne tolèrera aucun agissement mettant en cause sa sécurité et la protection de ses intérêts ». NB : un peu plus et on déclarait la guerre ?

(NGV)

La crise en Ukraine : le Viagra de l’Alliance ?

Wed, 24/06/2015 - 07:45

Exercice Noble Jump sur le terrain d’exercice de Zagan en Pologne (crédit : OTAN)

(BRUXELLES2) C’est un peu son élixir à elle ! Pour l’Alliance atlantique, la récente tension avec la Russie n’est pas une bénédiction. Mais pas loin. En tout cas, assurément, c’est un seconde jeunesse. Le drapeau haut levé, les tanks dans la boue, les hommes et femmes grimés dans la poussière, les colonnes de véhicules sur les routes… Enfin ! L’Alliance retrouve sa vertu première : défendre le territoire européen.

Sur le front de l’Est du nouveau

Des armées qui croupissaient à l’Est à ne rien faire se redécouvrent en première ligne. Et les pays orientaux qui n’avaient pas vraiment de visée stratégique se savent désormais un rôle indispensable : être la dernière barrière du « monde civilisé » face à l’ogre russe. Le monde redevient binaire et simple à comprendre : il y a les bons et les méchants, les bleus et les rouges comme les couleurs des exercices ! On joue à se faire peur. Il y a 10.000 hommes, 20.000 hommes, 30.000 peut-être même plus massés aux frontières de l’est de l’Ukraine, prêts à passer la frontière, à aller jusqu’à Kiev et faire la jonction avec les troupes en Transnistrie, voire continuer plus loin. Yallah ! (lire : Stratfor voit le Russe aux portes de Kiev !).

 

On dépoussière

Cette « guerre » molle n’a que des avantages en fait pour les stratèges de l’OTAN. La crise en Ukraine l’oblige à dépoussiérer les vieux concepts, les structures qui rouillaient un peu faute de menaces réelles. On découvre ainsi que la force de réaction rapide (NRF) n’est pas vraiment à réaction rapide et n’est plus vraiment adaptée à la guerre moderne, hybride et de mouvement dans laquelle se sont fondues les troupes russes. La leçon géorgienne de 2008 (où les forces russes n’étaient pas vraiment adaptées) a été tirée à Moscou. L’OTAN s’est fait « surprendre » en Crimée en 2014 et à l’est de l’Ukraine, par la détermination et la rapidité des Russes à dégainer (du moins c’est la version officielle).

L’hémorragie des dépenses stoppée

L’augmentation des tensions sur le front de l’est renverse aussi les tendances économiques qui grapillaient, année après année, des ressources aux budgets de défense. Malgré la crise, l’heure n’est plus totalement aux économies. Dans certains pays, on stabilise les ressources consacrées à la défense. Dans les autres, on les augmente. Partout, on essaie de rendre un peu plus performant le rendement d’un outil. Si certains pays – France et Royaume-Uni – en particulier – ont restructuré et rendu plus performant leur outil de défense malgré une baisse de leur budget, dans la plupart des autres pays, ce travail est à peine entamé. Soit on a diminué à la hache les budgets, sans vraiment réfléchir aux côtés opérationnels, car l’armée n’était pas destinée vraiment à être engagée à l’extérieur (mis à part quelques unités d’élite). La Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la Suède * n’ont plus que l’ombre d’une armée. Soit on a conservé un volume de dépenses, mais avec beaucoup de graisse. C’est le cas en Allemagne et en Pologne qui ont décidé de faire les réformes qu’a fait la France il y a 20 ans ! Entre les deux, certains pays ont tenté de conserver un outil opérationnel mais sont à « l’os » aujourd’hui en termes opérationnels. La Belgique, l’Espagne, la Finlande, le Portugal, la Grèce…

Se rééquiper une urgence…

Résultat, sous la contrainte de la menace renouvelée russe, on restructure, on se rééquipe … Il est plus que temps ! Le carnet de commandes est de sortie. Il va falloir acheter de nouveaux engins à 4, 6 8 roues tout neufs, des tanks, de l’artillerie, des avions ronflants pour aller faire joujou dans les plaines de Pologne ou de Roumanie.

Sans peur et sans reproches et avec 0 risque

Avec un peu d’audace, on ira titiller le « Ruskof » sur sa frontière, sans trop de risques. Car de façon, le gentil tonton américain veille, comme depuis 70 ans sur sa progéniture européenne toujours incapable de faire un pas sans son ombrelle à 50 étoiles. C’est un peu comme le sale gosse derrière la grille qui vous tire la langue, sachant qu’il y a un gros doberman qui le garde et un grillage qui le sépare.

Car c’est tout l’avantage de cette guerre là. Elle ne présente quasiment aucun risque. Elle permet de faire des belles photos au milieux des exercices. Elle permet toutes les outrances nationalistes devant une opinion publique. Et on peut rentrer tranquillement chez soi le week-end. C’est autrement plus simple et moins risqué que de s’engager au Mali ou en Centrafrique, en Somalie, en Libye ou en Syrie. Ca fait moins de morts (sauf en cas d’accident de la route) et çà fait de meilleures photos.

Merci Poutine ! Les militaires de l’Alliance peuvent donc dire merci… à Poutine. Sans lui et la nouvelle attitude de la Russie d’aujourd’hui, l’Alliance était promis à la désespérance. Le coup de fouet, de viagra a été salutaire.

Conclusion : Attention aux vertiges

Attention cependant car l’abus de la petite pilule bleue peut conduire — comme le précise la notice de Pfizer, le fabricant du Viagra (télécharger ici) – à une « vision trouble, une diminution de l’acuité visuelle, des sensations vertigineuses… et au pire un arrêt cardiaque ». Une notice en quelque sorte très stratégique et peut-être prémonitoire A force d’être concentrée sur sa frontière Est, l’OTAN ne referait-elle pas la guerre du siècle dernier sans voir le danger qui la menace dès demain sur un autre flanc de sa frontière !

(Nicolas Gros-Verheyde)

* pays non membre de l’OTAN mais associé

Un pilier européen de l’Alliance pas très efficace

La réalité est cruelle. Avec 1,5 millions de soldats, l’Europe n’est toujours pas capable d’aligner quelques dizaines de milliers de militaires en réaction rapide, dans un délai de 48 heures ! Et avec un budget global qui frôle la moitié du budget US, les Européens sont incapables de faire plus de 10 ou 15% des missions US. Autrement dit on a une rentabilité de 1/3. On se demande ce qui a été fait depuis ces dizaines d’années au sein des comités « théodule » de l’Alliance !

Le secrétaire général Jens Stoltenberg posant avec des soldats de l’exercice Noble Jump 2015 (crédit : OTAN)

Stratfor voir le Russe aux portes de Kiev !

Tue, 23/06/2015 - 23:53

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(BRUXELLES2) Stratfor, s’est livrée à un petit wargame en mars sur les possibilités d’incursion militaire russe plus pointue en Ukraine. Un grand amalgame d’informations avérées et d’autres qui ressemblent davantage à des rumeurs comme le rappelle elle-même la société privée américaine « d’intelligence » (= renseignement).

Scénario 1. Des incursions limitées et la continuité territoriale du territoire séparatiste

Les premiers scénarios examinés sont les plus limité d’entre eux tous. « Dans ce paradigme, la Russie a mené petites incursions le long de la totalité de sa frontière commune avec l’Ukraine dans le but de menacer divers objectifs clés de la région et, ce faisant, d’étaler la puissance de combat ukrainienne autant que possible. Du point de vue militaire russe, c’est efficient et efficace, mais cela ne permettrait pas de réaliser des objectifs politiques ou de sécurité supplémentaires qui ne soient pas déjà en cours. <p>">Toutefois, une telle démarche serait probablement utilisée en conjonction avec toutes les futures actions militaires de la Russie ou de séparatistes pro-russes. » Une autre option limitée selon les stratèges de Stratfor « est une petite extension de lignes séparatistes actuelles vers le nord, en incorporant le reste des oblasts de Donetsk et de Louhansk pour rendre le territoire plus autonome. <p>">Cette offensive consisterait principalement à l’engagement direct des forces ukrainiennes qui sont concentrées le long de la zone tenue séparatiste. »

Scénario 2 : Le pont vers la Crimée

Une des options « les plus couramment courues entraînerait la Russie à longer la côte sud de l’Ukraine pour relier la Crimée avec des positions séparatistes dans l’est de l’Ukraine ». Dans ce scénario, Strafor « a supposé que les planificateurs conduiraient l’offensive de front assez large pour assurer l’approvisionnement en eau primaire de Crimée, provenant du Dniepr. Cette caractéristique aquatique est importante, car une grande partie de la ligne défensive de la Russie serait attachée à un point défendable dans la région: à savoir, le fleuve Dniepr. Il faudrait alors <p>"> atteindre un pont de terre et sécuriser les lignes d’alimentation en Crimée. En menant une telle offensive, la poussée initiale déplacerait les forces rapidement à travers l’Ukraine vers la ville de Kherson et de Nova Kakhovka sur le fleuve Dniepr, où ils seraient mis en place des positions défensives. <p>">Une des contraintes potentielles pour ce scénario est le fait que les lignes d’approvisionnement devraient être prolongées sur une assez grande distance le long d’un mince, difficile à défendre, bande de terre. »

Le scénario du pont vers la Crimée

<p>">3e scénario : conquête des côtes et jonction avec la Transnistrie

L’autre scénario considéré « implique de saisir toute la côte sud de l’Ukraine pour connecter la Russie et ses forces de sécurité dans la région séparatiste de Transnistrie. La logique serait de paralyser Kiev en le coupant de la mer Noire, assurant ainsi tous les intérêts russes dans cette région dans un arc continu. <p>">Cela nécessiterait une opération de transition compliquée et dangereuse sur une grande rivière, avec un train de la logistique étendue et vulnérables. » Dans ce scénario, « les positions défensives ne peuvent être ancrés sur le fleuve Dniepr. Cela exigerait un plus grand nombre de forces pour tenir le terrain, sans le luxe d’une barrière géographique. <p>">La ville portuaire d’Odessa aurait besoin d’être capturée par la suite, ce qui serait une énorme entaille à l’économie ukrainienne. »

Le scénario des côtes

« Les deux scénarios qui se prolongent le long de la côte possèdent de sérieuses lacunes, laissant la force de la Russie dans des endroits très exposés. Une façade étendue sur un terrain relativement plat, coupée en deux par caractéristiques riveraines, est loin d’être idéale. Il y a des options pour la Russie d’aller au-delà. <p>">Toutefois, cela impliquerait de prendre la moitié sud de l’Est de l’Ukraine dans une tentative globale de commettre moins de puissance de combat. Toutefois, cela laisse encore un flanc russe massivement exposé et supprime le bonus de sécurité que représente le Dniepr. Une partie importante des lignes de défense ne serait pas ancrée sur le fleuve Dniepr. <p>">Au lieu de cela, elle serait étiré le long de l’axe de Kharkiv-Dnepropetrovsk, le contrôle de ces deux villes, ainsi que Zhaporizhia. »

Scenario 4 : La prise de Kiev

Le dernier scénario considéré par Stratfor « pourrait remédier à ces problèmes. En bref, la Russie pourrait saisir tout l’Est de l’Ukraine à la Dniepr, contrôlant tous les principaux points de passage, et en utilisant l’obstacle majeur de la rivière comme la ligne de front défensif. Pourtant, prendre toute cette zone nécessiterait une quantité importante de forces mobiles dans l’Est de l’Ukraine. L’occupation résultante exigerait également une campagne massive de contre-insurrection, y compris des opérations dans les régions de Kiev, ainsi que dans les villes de Kharkiv, de Dniepropetrovsk et d’autres, où pourrait être attendu un haut niveau de résistance. »

Un second satellite pour Copernicus

Tue, 23/06/2015 - 15:52

(B2) Le programme européen d’observation de la Terre (Copernicus) vient de franchir un nouveau pas. Un an après le lancement du premier satellite « Sentinel 1″, un deuxième satellite « Sentinel 2″ a été placé avec succès en orbite à 3h52 CET mardi (23 juin), depuis le Centre spatial européen de Kourou en Guyane française. L’ajout d’un deuxième satellite permettra à Copernicus de « fournir des images de l’évolution de la terre avec un haut niveau de détail et de précision » souligne-t-on à la Commission. Le flux d’informations fourni sera « gratuit et ouvert » et il pourra être utilisé en matière de lutte contre les catastrophes écologiques, d’amélioration de l’utilisation des sols pour l’agriculture et la sylviculture et de réponse aux situations d’urgence.

Le Quezako : un outil idéal pour réviser ou préparer un concours

Tue, 23/06/2015 - 09:53

(B2) Avec aujourd’hui près de 70 fiches consacrées à la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et à l’Europe politique, le Quezako de B2 est devenu l’outil indispensable pour tout connaitre de la PESC et de la PSDC. Une véritable encyclopédie en ligne pour parfaire vos connaissances, réviser vos examens, vos entretiens, préparer les concours… ou juste pour le plaisir.

Les fiches sont aussi complètes et concrètes que possible, conçues de manière pédagogique et explicative, pour pouvoir être lues et comprises par chacun. Le Quezako s’adresse, en effet, à tous — qu’ils soient directement intéressés par cette politique — étudiants, chercheurs, professeurs, agents de l’Union européenne, candidats aux concours, députés — citoyens engagés ou simplement curieux. Le coût d’accès a donc été calculé au plus juste pour permettre cet accès à tous.

L’accès est prévu pour 2 mois (12 euros) ou 1 an (60 euros). Le renouvellement vous permet d’accéder aux nouvelles éditions (on line), avec les nouvelles fiches ou celles mises à jour, de recevoir des alertes actus.

Pour découvrir le Quezako, c’est ici, pour s’abonner, c’est là

L’opération EUNAVFOR Med est lancée. Les moyens mobilisés (exclusif)

Mon, 22/06/2015 - 19:48

(BRUXELLES2) Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont approuvé, sans surprise, ce lundi 22 juin, le lancement de la nouvelle opération de lutte contre les trafiquants de clandestins au large de la Libye (EUNAVFOR Med). Une opération qui ne vise pas les migrants. « Nos cibles ne sont pas les migrants, mais ceux qui font de l’argent sur leurs vies… et sur leurs morts », a souligné Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne.

Des contributions de neuf pays

Neuf pays, selon B2, vont contribuer directement à l’opération : l’Italie en premier lieu fournira le navire amiral (le Cavour), 1 sous-marin, 3 hélicoptères et 2 drones ; le Royaume-Uni fournira un navire (le HMS Enterprise) et utilisera sa station d’écoute de Cheltenham, la Belgique et la Slovénie fourniront un navire, la Grèce un sous-marin, le Luxembourg, l’Espagne et la France un avion de patrouille maritime, la Finlande une équipe de visite et d’abordage. La France fournira également des produits « bruts » ou « finis » (avec analyse) provenant de ses différents « capteurs ». L’Allemagne hésite encore. On peut remarquer l’absence quasi-totale des pays d’Europe centrale et orientale à l’opération (à l’exception de la Slovénie). Une quinzaine de nationalités seront également présentes au quartier général d’opération de Rome. Tous les détails dans notre édition « Pro » : Qui participera à l’opération EUNAVFOR MED ? Les moyens de la phase 1

(Nicolas Gros-Verheyde)

Comment a-t-on décidé sur EUNAVFOR Med ? Qui finance ? Qui contrôle ? etc.

Sun, 21/06/2015 - 15:30

Avions de patrouille Atlantic en vols de reconnaissance (crédit : Marina Italienne)

(BRUXELLES2) L’opération EUNAVFOR Med comme toute les opérations de l’Union européenne mises en place au titre de la politique de maintien de la paix de l’UE (la PSDC ou politique de sécurité et de défense commune) obéit à des règles précises qu’il est intéressant de rappeler à la veille du lancement de l’opération de lutte contre les trafics de clandestins au large de la Méditerranée (EUNAVFOR Med).

Qui décide d’une opération ?

La prise de décision au niveau européen est toujours assurée au niveau politique par les ministres ou par les ambassadeurs qui ont reçu instruction des capitales. En général, vu la sensibilité du sujet, ces instructions sont « en prise directe » avec l’instance décisionnelle pour les opérations militaires dans leur pays (Défense, Affaires Etrangères, Premier ministre ou chef de gouvernement).

Comment décide-t-on ?

La décision sur une opération militaire est prise à l’unanimité au niveau européen. En général, il n’y a pas de vote. C’est par consensus que la décision est prise. Mais si un Etat membre émet une réserve formelle ou s’il s’y oppose, la discussion continue jusqu’à obtenir un accord. Il est (très) rare de voter sur ce genre de décisions qui impliquent la souveraineté des Etats.

Décide-t-on à 28 ?

Non. Le Danemark a un opt-out en matière militaire. Il ne participe pas à la prise de décision, n’est pas tenu de participer au mécanisme de financement solidaire et ne peut même y être associé de quelque façon que ce soit. Ce qui assez paradoxal. Car son voisin nordique, la Norvège, qui n’est pas membre de l’Union européenne pourra être .

Qui participe à l’opération ?

Une fois la décision prise, les Etats membres sont libres de participer concrètement à l’opération, ou non. Ils décident, souverainement, d’envoyer les moyens disponibles – ou de les retirer – le cas échéant, sur simple décision d’opportunité. D’où des conférences de générations de force pour fournir les moyens nécessaires. La difficulté dans ce type d’opérations est de trouver parmi ce que proposent tous les Etats membres, tous les éléments nécessaires et complémentaires à la mise en place de l’opération. Cela ressemble un peu à un rubiscube quand il s’agit de mettre en face des moyens nécessaires, ceux proposés par les Etats membres, et surtout de maintenir ces capacités dans le temps. Ainsi inutile d’avoir 7 bateaux quand il en faut simplement 3. Et inutile d’avoir 10 avions tout de suite, là où il vaut mieux en avoir 3 ou 4 en permanence dans les airs durant les 6 mois à venir.

Qui paie ? A combien revient l’opération ?

Chaque État participant supporte le coût des forces et personnels envoyés sur place. C’est le principe dans toutes les opérations militaires de l’UE (comme de l’OTAN). C’est pour cela qu’il est très difficile d’obtenir le coût global d’une opération militaire, hormis les coûts communs, chaque Etat ayant au surplus un mode de calcul différent. Seule une petite partie des coûts de l’opération est assurée en commun. Ce mécanisme dit Athena, prend en général les coûts du dispositif de commandement, certaines dépenses du QG d’opération et de force (logistique, communications …), dans le cadre d’une enveloppe définie par avance. Pour EUNAVFOR Med, c’est 11,82 millions d’euros la première année. Tous les États membres (sauf le Danemark) contribuent à ces coûts communs, selon une clé de répartition fixée en fonction du produit intérieur brut (PiB).

Pourquoi un QG d’opération à Rome et pas à Bruxelles ?

L’Union européenne ne dispose pas, en propre, d’un quartier général pour conduire les opérations militaires. Les Etats membres ont toujours refusé de l’activer (pour cause de veto britannique essentiellement). Les opérations de l’Union européenne sont donc menées à partir d’un quartier général d’opérations, dédié à cela, et activé spécialement pour l’occasion. L’Europe dispose de six quartiers généraux répertoriés : en France (Paris-Mont Valérien), au Royaume-Uni (Londres-Northwood), en Allemagne (Potsdam), en Italie (Rome), en Grèce (Larissa) ainsi que le Shape de l’OTAN (à Mons Belgique). Deux sont actifs aujourd’hui : outre Rome (EUNAVFOR Med), Northwood suit l’opération l’opération anti-piraterie EUNAVFOR Atalanta. Un vient d’être clos : Larissa qui suivait l’opération EUFOR en RCA (Centrafrique).

Est-ce la première opération navale de l’UE ?

Non. L’Union européenne avait lancé en 2008 une opération de lutte anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta) dans le Golfe d’Aden et au large de la Somalie qui a pris de l’ampleur au fil des années (couvrant quasiment tout l’Océan indien) et a permis (avec toute une série d’autres dispositifs) de réduire quasiment à néant la piraterie. Les Européens avaient également mis en place – sous couvert de l’UEO – une opération navale, pour veiller à l’application de l’embargo sur les armes décidés contre la Yougoslavie.

Est-ce une opération importante ?

Oui effectivement, si on excepte des missions de moindre envergure (de formation EUTM Mali et EUTM Somalia, et l’opération en RCA limitée à Bangui, EUFOR RCA), il y avait, en effet, presque 7 ans que l’Union européenne n’avait pas déclenché une opération militaire de grande envergure (depuis 2008 et la mise en place de l’opération EUFOR au Tchad et RCA avec près de 4000 hommes et la mise en place de l’opération anti-piraterie de l’UE dans l’Océan indien).

Est-ce une opération à risque ? Peut-elle évoluer au fil du temps ?

Cette opération comporte de sérieux risques politiques voire de finir en impasse. Chacun le sait. Il reste des inconnues sur la résolution des Nations-Unies ou l’accord des autorités libyennes. Et le succès n’est pas assuré. Mais c’est le propre d’une opération de gestion de crises. la plupart des opérations européennes de maintien de la paix ont été lancées avec des inconnues et des risques. Le rôle des responsables militaires et politiques est de limiter au maximum ce risque. L’opération évoluera assurément au fil du temps, en fonction des évènements, voire des contraintes politiques ou militaires. Toutes les opérations de l’UE ont ainsi connu des modifications de leur plan d’opération voire de leur mandat.

Le succès est-il assuré ?

De par mon expérience, depuis les années que je suis les opérations de PSDC, les critiques sont souvent nombreuses au début d’une opération européenne. Certaines sont fondées, reposent sur de solides arguments, ou signifient un vrai positionnement politique. Mais d’autres trahissent à peine une certaine mauvaise foi quand elles ne sont pas le signe d’une nette ignorance des réalités. Car qu’il est toujours de bon ton dans certaines capitales ou milieux de prendre l’Europe dans son champ de tir. On a ainsi prédit l’échec en 2008 à l’opération déployée à l’est du Tchad près du Soudan. Un an après ceux même qui avaient critiqué s’étaient tues. Et tout le monde reconnait que cette opération a été utile pour stabiliser le pays (même si elle a favorisé le pouvoir en place). En 2008, également, on a critiqué l’opération maritime anti-piraterie (EUNAVFOR Atalanta) comme infaisable ou faisant doublon avec d’autres opérations. Aujourd’hui celle-ci est vantée comme une success story, même par les Tories Britanniques (qu’on ne peut pas soupçonner d’être euroenthousiastes ;-). Idem pour la mission de formation de l’armée somalienne (EUTM Somalia) qui comportait peu de risques militaires mais beaucoup de risques politiques. A côté de cela, il y a eu des « vrais » échecs d’opération (EUAVSEC au Sud Soudan, EUBAM en Libye, …). Lire : Une certaine remise en ordre des missions et opérations de la PSDC … comme de l’OTAN ?

(Nicolas Gros-Verheyde)

Pour en savoir plus

Un accord de paix au Mali

Sat, 20/06/2015 - 23:55

(BRUXELLES2) La signature d’un accord de paix au Mali par toutes les parties suscite de l’espoir.

Il y a 2 ans et demi lors de l’offensive des rebelles soutenus par les mouvements « terroristes », on ne donnait pas cher de la stabilité de ce pays. La réplique éclair des Français en a surpris plus d’un. Parfois raillée, à mi-voix, par certains (rares) responsables européens comme l’expression d’un colonialisme mal digéré, elle est aujourd’hui saluée unanimement par tous comme la bonne réaction au bon moment.

Cet accord de paix a donc été salué dans de nombreuses capitales. Du côté de l’Union européenne, on se félicite de cette « nouvelle étape importante du long processus visant à rétablir la confiance mutuelle ». « Cet Accord va contribuer à la restauration de la stabilité et de la sécurité, à l’amélioration des conditions de vie pour la population et ouvrira la voie à la réconciliation nationale » soulignent dans un communiqué commun la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, et le commissaire chargé du Développement, Neven Mimica.

Les Européens saluent « les efforts remarquables des parties signataires pendant les négociations » tout comme l’engagement « de l’Algérie, qui a conduit la médiation ». Maintenant il faut appliquer cet accord dans ses moindres détails. « Toutes les parties doivent maintenant remplir leurs obligations, et en priorité respecter le cessez-le-feu encore fragile que tous les groupes armés se sont eux-mêmes engagés à respecter. Il est tout aussi important que le Gouvernement du Mali joue un rôle moteur dans le processus de réconciliation. La réussite de la mise en œuvre de l’Accord dépendra également des réformes qui seront menées dans les secteurs de la décentralisation, de la justice et de l’enseignement, ainsi que de la lutte contre la corruption et l’impunité.

Mais la communauté internationale doit veiller au grain. « L’Accord de paix contient également des engagements pour les membres de la médiation, y compris pour l’UE, et prévoit l’implication des membres du Conseil de Sécurité des Nations Unies au sein du Comité de Suivi de l’Accord ». C’est la MINUSMA, lors du renouvellement de son mandat, qui « aura un rôle spécifique et de chef de file dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et bénéficiera de tout notre appui ».

L’Europe « est prête à participer activement, en particulier dans le domaine du développement, ainsi que celui de la réforme du secteur de sécurité en mettant à contribution les missions PSDC (*) déjà opérationnelles au Mali » précisent les Européens. Elle « reste prête à mobiliser tous les instruments à sa disposition afin de contribuer au renforcement de la paix et la stabilité pour la population du pays.» Plusieurs domaines ont été jugés prioritaires pour conforter l’accord de paix : 1) consolidation de la paix et réforme de l’état, 2) sécurité alimentaire et développement rural, 3) éducation et 4) infrastructures.

(NGV)

(*) La mission de formation de l’armée malienne (EUTM Mali) et la mission de renforcement des capacités des forces de sécurité (EUCAP Sahel Mali).

La livraison des A400M reprend. Un 7e appareil livré à la France

Fri, 19/06/2015 - 20:29

L’A400M en démonstration au salon du Bourget (crédit : Airbus Military)

(B2) Après l’accident de Séville, le 9 mai (lire : Crash d’un A400M à Séville), une série de tests ont été faits pour découvrir l’origine du problème.

Apparemment une anomalie du logiciel, mal chargé (ou programmé), commandant les moteurs a été détectée et l’erreur corrigée (lire : La ligne continue ! Premier essai en vol d’un A400M depuis le crash + ci-dessous).

 

Six semaines après l’accident, les livraisons de l’appareil militaire de transport européen ont donc repris. Et le constructeur a confirmé vendredi (19 juin), Airbus Defence and Space être « sur le point de reprendre les livraisons de l’A400M d’Airbus. La veille (18 juin), le régulateur espagnol de l’aviation (la DGAM) avait levé « toutes les restrictions de vol restant sur de nouveaux avions de production ».

Le septième avion pour la France

Aussitôt la Direction générale de l’armement (DGA) a donc pu annoncer « avoir « réceptionné » le septième exemplaire de série de l’avion de transport militaire A400M Atlas destiné à l’armée de l’air ». L’appareil porte le numéro de série MSN19. Et il est amélioré par rapport aux précédents. « En plus des capacités déjà disponibles sur les appareils précédents, le MSN19 dispose d’une première capacité de largage de parachutistes en chute libre par la rampe arrière de l’appareil. »

Le treizième avion pour le constructeur et donc attendus prochainement

Il s’agit du treizième avion de série livré sur les 174 commandés. Six ont déjà été livrés à la France, ainsi que deux à la Turquie, deux au Royaume-Uni, un à l’Allemagne et un premier appareil à l’export (à la Malaisie) en mars 2015.

Le plan de production pour l’année est toujours « en cours d’examen après l’accident » indique-t-on chez l’avionneur. Mais celui-ci « vise toujours la livraison de au moins 13 avions en 2015, et jusqu’à 4 de plus sous réserve des résultats d’essais en vol cet été. Deux avions qui attendaient la livraison au moment de l’accident vont être livrés dans les quelques jours et un certain nombre d’autres devraient suivre dans les prochaines semaines ».

(NGV)

Le message de Airbus le 3 juin, détaillant la panne

« Airbus Defence and Space has sent an Accident Information Transmission (AIT) yesterday evening (2 June) as an update to the Alert Operator Transmission (AOT) of last 19 May to all operators of the A400M. This AIT informs that the DFDR (digital flight data recorder) and CVR (cockpit voice recorder) readouts have been successfully completed and that preliminary analysis has been conducted by CITAAM with representatives from Airbus Defence and Space providing technical advice.

CITAAM confirmed that engines 1, 2 and 3 experienced power frozen after lift-off and did not respond to the crew’s attempts to control the power setting in the normal way, whilst engine 4 responded to throttle demands. When the power levers were set to “flight idle” in an attempt to reduce power, the power reduced but then remained at “flight idle” on the three affected engines for the remainder of the flight despite attempts by the crew to regain power. This statement is consistent with those three engines being affected by the issue addressed with our AOT.

Preliminary analyses have shown that all other aircraft systems performed normally and did not identify any other abnormalities throughout the flight. Accordingly, Airbus Defence and Space does not have any additional specific recommendations beyond those specified in our AOT of May 19th. »

Le dispositif de commandement d’EUNAFOR Med. Un Français à bord…

Fri, 19/06/2015 - 19:10

Le Cavour (crédit : marine italienne)

(BRUXELLES2 – exclusif) Le dispositif de commandement de l’opération européenne en Méditerranée contre les trafiquants d’êtres humains (EUNAVFOR Med) se dessine. Et B2 peut ainsi lever le voile sur ce dispositif qui devrait être annoncé lundi.

Le franco-italien aux commandes

Aux côtés du vice-amiral Enrico Credendino (annoncé en avant-première sur le Club : Le chef d’opération EUNAVFOR Med bientôt nommé. Son nom proposé. Biographie), qui commandera l’opération, on devrait trouver un Français bien connu des lecteurs de B2 : le contre-amiral, Hervé Bléjean. Dernier commandant de la Jeanne (d’Arc), il a commandé la force anti-piraterie de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) de décembre 2013 à avril 2014 à bord du TCD Siroco. Il assure aujourd’hui la fonction de l’autorité de coordination des relations internationales pour l’Etat-Major de la marine. Il a été auditeur de la 62e session de l’IHEDN. Il pourrait passer bientôt vice-amiral.

Etat-Major : à Rome

L’Etat-major d’Opération (OHQ) devrait être situé à Rome, sur l’aéroport militaire de Centocelle, et non colocalisé sur la base de Practica di Mare de la Guardia Di Finanza, qui loge l’opération Frontex, ou au MRCC de Rome des Gardes-Côtes, comme on aurait pu le croire un moment. A cela un explication, ou plutôt deux. D’une part, il s’agit de bien distinguer les deux opérations – l’une est civile – avec des moyens militaires – à vocation de sauvetage et secours en mer, l’autre militaire et policière à objectif de lutte contre les trafiquants (même si les interactions entre les deux opérations existeront). D’autre part, l’OHQ « fléché » et agréé pour les opérations européennes est celui de Centocelle.

Commandement tactique italien

Le commandant tactique, de la force déployée en mer et dans les airs reviendra à un Italien. Ce qui confirme nos dernières informations d’un « doublé italien ». Le commandant de la force en mer devrait être selon nos informations, le contre-amiral Andrea Gueglio, qui commande le second groupement naval italien, basé à Tarente. Il devrait officier à bord du porte-aéronefs Cavour (D-550), le navire-amiral de la marine italienne, qui pourrait être le FHQ de l’opération.

Moyens de renseignement

L’opération bénéficiera de moyens apportés par les différents pays en observation, en renseignements et en analyse. Les Français devraient ainsi fournir un avion de patrouille maritime (type Atlantic 2 ou Falcon) ainsi que des « produits finis » de renseignement provenant de différentes sources (aériennes, maritime, sous-marine…). Les Belges devraient profiter de la présence du Godetia sur place pour fournir également du renseignement. Les Luxembourgeois devraient mettre à disposition un appareil Swearingen Merlin IIIC du même type et de la même société (CAE Aviation) que celui mis à disposition d’EUNAVFOR Atalanta (lire : Les avions luxembourgeois. Ils sont de retour…). Etc.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : EUNAVFOR Med lancée lundi. Une opération grandes oreilles tout d’abord

Tous les articles sur cette opération porte le mot clé EUNAVFOR Med

 

EUNAVFOR Med lancée lundi. Une opération grandes oreilles tout d’abord

Fri, 19/06/2015 - 07:23

Un sous-marin pourrait être utilisé dans l’opération. L’avantage sa discrétion. Cet outil avait été utilisé contre les pirates. Ici le Zee Leuw néerlandais à l’action en 2010 (crédit : marine NL / archives B2)

(BRUXELLES2) Sauf surprise de dernière minute, l’opération européenne de lutte contre les passeurs et trafiquants de clandestins en Méditerranée (EUNAVFOR Med) va être lancée le 22 juin, par les ministres des Affaires étrangères de l’UE, mais uniquement dans sa phase 1 (comme annoncé dans notre édition « Pro » B2 Club, lire : L’opération EUNAVFOR lancée en phase 1 uniquement).

Du renseignement et de l’information

La phase 1 concerne uniquement le renseignement et échanges d’information. Elle ne nécessite donc pas de résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies ni d’invitation du gouvernement libyen. Deux décisions qui n’ont pu être obtenues à temps (ce qui était une gageure très difficile à atteindre). L’arraisonnement en haute mer de navires suspects et encore plus la pénétration dans les eaux territoriales libyennes est donc remis à plus tard. Mais tous les moyens de surveillance, « d’intelligence », d’analyse vont être employés assure-t-on du côté des militaires : des drones aux satellites en passant par les avions de patrouille maritime, voire des Awacs, jusqu’aux sous-marins, aux navires de patrouille équipées de toutes les possibilités d’écoutes (téléphoniques, radars, etc.).

Une décision sans débat

Pour éviter tout débat de dernière minute, au plan politique, l’accord va être entériné entre ambassadeurs et au sein du comité militaire. Il reste encore un certain nombre de détails à résoudre dans les derniers jours. Mais tout devrait être prêt d’ici dimanche. Ce qui permettra alors aux ministres d’entériner le lancement, sans discussion, en « point A » dans le jargon européen, lors de leur réunion à Luxembourg.

Un pari gagné pour Mogherini… et pour Renzi

Quoi qu’il en soit La Haute représentante de l’UE, l’Italienne Federica Mogherini, aura ainsi gagné son pari : lancer une opération navale militaire en Méditerranée pour manifester la solidarité européenne en matière de lutte contre les trafiquants aux côtés de l’opération civile coordonnée par l’agence Frontex qui a un objectif plus clairement affirmé de secours et sauvetage en mer des migrants (lire notamment : Le sauvetage de milliers de migrants par les marines européennes continue). Elle offre à Matteo Renzi, le Premier ministre italien, de brandir une victoire. Car sur la question de la relocalisation des migrants, c’est beaucoup plus compliqué. Et les débats sont là beaucoup plus ardus qu’en matière militaire.

Une phase 1 à durée indéterminée ?

Reste à savoir combien de temps va durer la phase 1. Et, là est toute l’ambiguité – et le pari sur l’avenir de l’opération. Selon les experts militaires, elle devrait durer au minimum plusieurs semaines, au moins jusqu’à septembre, date prévue pour la pleine capacité opérationnelle de la mission. D’ici là, il faudra arracher aux Libyens et aux Russes leur accord, condition principale pour obtenir le feu vert du Conseil de sécurité à la seconde phase. Mais la présence dans les eaux territoriales libyennes et encore plus la possibilité d’y neutraliser des navires parait loin d’être acquise.

(Nicolas Gros-Verheyde)

lire aussi sur Le Club (édition pro de B2 Pro) : L’opération EUNAVFOR lancée en phase 1 uniquement

Lire sur le sujet :

L’Europe renforce son aide humanitaire au Nigeria face à Boko Haram

Thu, 18/06/2015 - 18:08

(B2) 21 millions d’euros ont débloqués par la Commission européenne pour « venir en aide aux populations du Nigeria et des pays limitrophes qui sont victimes des violences commises par Boko Haram » a annoncé, ce jeudi (18 juin), le commissaire européen chargé de l’aide humanitaire, Christos Stylianides, qui est actuellement en visite au Nigeria.

1,7 millions de personnes déplacées

Le conflit entamé avec Boko Haram a provoqué le « déplacement de plus de 1,7 million de personnes. Bon nombre d’entre elles vivent dans des conditions précaires dans d’autres régions du Nigeria et dans les pays voisins où elles ont fui. » a mis en évidence le commissaire.

Un problème d’accès aux populations

Stylianides s’est montré inquiet sur l’accès aux victimes.  « L’accès est limité dans de nombreuses zones, notamment le long du lac Tchad. Il faut faire tout ce qui est en notre pouvoir pour permettre aux organisations humanitaires d’être sur place pour aider les populations qui en ont besoin. »  L’inquiétude était partagée notamment par les organisations humanitaires. Le président du CICR, Peter Maurer, s’en était ému, lors de son passage à Bruxelles (lire : La Syrie, un exemple de ce qui va mal dans un conflit (P. Maurer)).

123 millions débloqués en 2015

De cette enveloppe, 12,5 millions € serviront à relever les défis humanitaires (eau potable, nourriture, abris, soins de santé et une protection) au Nigeria et 8,5 millions à aider les réfugiés nigerians au Niger, au Cameroun et au Tchad. Cette nouvelle aide s’ajoute à l’aide d’urgence déjà engagée pour aider les populations les plus vulnérables frappées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition au Nigeria et dans les pays limitrophes. Plus de 123 millions en 2015 et 107 millions € en 2014 ont été débloqués pour venir en aide aux populations au Nigeria, au Tchad, au Cameroun et au Niger.

(NGV)

Le cri d’alerte du CICR au Yemen

Wed, 17/06/2015 - 14:49

Cédric Schweizer à Dammaj en 2013 lors d’une évacuation de blessés (crédit : CICR)

(BRUXELLES2) Le Yémen constitue un peu un « trou noir » dans l’actualité européenne, chargée du moment. Cependant nous sommes à un moment clé. Des négociations ont été entamé à Genève, lundi (15 juin), sous l’égide de l’ONU, entre les différentes parties au conflit. Mais le conflit continue. La coalition menée par l’Arabie saoudite a ainsi continué de bombarder la capitale yéménite. B2 a pu rencontré, lors de son passage à Bruxelles, la semaine dernière, Cédric Schweizer (*). À la tête de la délégation CICR au Yémen, il a dressé un bilan sans fard de la situation humanitaire, complexe, sur le terrain. Un témoignage unique et captivant car le CICR reste une des seules organisations internationales présentes sur place. (NB : l’interview intégrale est disponible dans B2 le Club).

Comment qualifiez-vous la situation sur le terrain ? Quelles sont vos inquiétudes ? 

C’est un conflit. On est très proche d’une catastrophe humanitaire. Si des décisions immédiates ne sont pas prises, on va se retrouver avec des milliers de personnes à risque. Les populations n’ont pas accès à l’eau ni à la nourriture. 90% de la nourriture est importée. Il y a encore des stocks de nourriture. Mais les prix ont quintuplé. Et les gens n’ont plus de revenus donc ils n’ont plus accès, de fait, à cette nourriture. Le système d’approvisionnement doit fonctionner et on doit rouvrir les frontières. Si ces accès ne sont pas rouverts dans quelques semaines, des milliers de personnes vont mourir.

L’intervention militaire de la coalition menée par l’Arabie saoudite est-il une solution ou cela complique la donne ?

Cela a plutôt compliqué les choses et déstabilisé un peu plus le pays. Le Yémen a toujours été un pays qui, au bord du gouffre, a toujours trouvé des solutions pour ne pas tomber dans une situation chaotique. Aujourd’hui, avec cette nouvelle couche de conflit, on a l’impression que la société est bien ébranlée. Je le vois par exemple avec nos collègues yéménites : ils ont toujours été très résistants aux violences. Maintenant, ils sont arrivés à saturation. Ils ont de moins en moins d’espoir dans l’avenir. Ce n’est pas seulement l’action de la coalition, c’est tout ce que cela déstabilise le pays. Des groupes plus extrêmes commencent à prendre de plus en plus de pouvoir et de présence. Les antagonismes sont de plus en plus importants au sein du pays. Même le plus optimiste ne peut pas imaginer que son pays sera demain dans la paix et qu’il n’y aura plus de violence. Le processus de paix, si il y en a un, va prendre énormément de temps. Et, entre les deux, la violence va prendre de plus en plus de place et sera plus importante.

Vous terminez votre mission au Yemen, quels sont les défis qui attendent vos successeurs face à la situation du pays ? 

Le défi, c’est le Yémen de demain. Même si l’opération de la coalition se termine, nous sommes face à une situation sécuritaire beaucoup plus compliquée qu’avant. Le pays est très déstabilisé. Il y a des groupes comme Al Qaida ou ISIS qui commencent à faire parler d’eux.  Il va y avoir un réel risque pour la communauté humanitaire d’être acceptée. On va voir des conséquences et des besoins humanitaires énormes et, en même temps, des défis de volatilité qui ne vont pas permettre à ces organisations de se rendre sur les zones les plus risquées. L’équilibre est toujours complexe à trouver entre la valeur ajoutée d’une présence humanitaire et les risques pris. Aujourd’hui, on va continuer parce qu’on a cette acceptation privilégiée. Mais d’autres organisations n’ont peut être pas ces privilèges. Et cela va être très compliqué pour l’aide humanitaire.

(propos recueillis par Johanna Bouquet)

A suivre (sur le Club) : Yémen, un conflit qui dure, un pays au bord du gouffre. L’Europe a un énorme rôle à jouer (C. Schweizer)

Lire aussi : le blog du CICR à Paris sur la thématique Yemen

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