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B2 Le Blog de l'Europe géopolitique. Actualités. Réflexions. Reportages
Updated: 10 hours 36 min ago

L’anglais à 100%. C’est non. L’AJE-France envoie une lettre à Von der Leyen

Fri, 25/09/2020 - 12:20

(B2) L’exécutif européen a choisi de ne communiquer qu’en anglais lors de la présentation (majeure) du pacte sur la migration et l’asile. Ce n’est pas un cas isolé. La section française de l’association des journalistes européens a officiellement protesté dans une lettre

English only – la version française est barrée sur le site de la Commission (capture d’écran effectuée sur le site de la Commission européenne le 23) septembre à 14h

Depuis l’arrivée de l’Allemande Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le monolinguisme est de mise. Sous la Commission précédente, dirigée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, un certain équilibre s’était fait. Aujourd’hui, le balancier est reparti en arrière. La très grande majorité des documents soumis à la Commission européenne ne le sont qu’en anglais. Ce que reflète la communication de l’exécutif européen, en contravention avec toutes les règles et usages européens qui veulent qu’au minimum trois langues de travail (français, anglais, allemand) soient utilisées.

 

Paris – Bruxelles, le 23 septembre 2020

Madame Ursula von der Leyen

présidente de la Commission européenne

Copie : Charles Michel

président du Conseil européen

Clément Beaune

Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes

Madame la présidente,

Nous tenons à vous adresser nos plus vives remarques concernant la présentation ce mercredi du pacte pour les migrations et l’asile. Les documents (communiqué, mémo, communication, propositions législatives) n’ont été présentés à la presse – et au public – que dans une seule langue (en anglais). Aucune version dans une autre langue de travail (français ou allemand) n’était disponible, plus de deux heures après la communication officielle. En fin de journée, seul le communiqué de presse de deux pages était disponible en français. Ce qui est hors de proportion avec les contraintes de rapidité du métier de journaliste.

Cela nous semble d’autant plus inacceptable qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’une pratique répétée, quasi systématique désormais, en particulier depuis votre arrivée à la tête de la Commission européenne. Nous le regrettons. Faut-il rappeler que l’usage de plusieurs langues est non seulement une obligation juridique des Traités, mais a aussi une portée politique et pratique précieuse.

Tout d’abord, le traité de l’UE a fixé comme règle une communication officielle dans toutes les langues parlées en Europe. Et la pratique a consacré l’usage simultané et égalitaire de trois langues de travail. Ces traductions ne sont pas une faculté pour les institutions européennes, mais une obligation. Obligation qui, si elle venait à ne pas être respectée, se traduirait par l’annulation des décisions prises. La jurisprudence de la Cour en matière de recrutement en témoigne.

Ensuite, les institutions européennes ne peuvent valablement continuer à vouloir lutter contre la désinformation si elles s’obstinent, de façon persistante, à ne communiquer que dans une seule langue. Le premier rôle d’un politique c’est de donner une meilleure information au public. Et comment le faire sans passer par le filtre linguistique ? Faut-il rappeler que des pays comme la Russie, la Chine ou les États-Unis mettent régulièrement la plupart de leurs décisions à disposition dans d’autres langues que leur langue officielle, notamment en français, en espagnol ou en allemand. Se priver de cet outil revient, de fait, pour l’UE à donner une prime à la désinformation.

Au passage, précisons en privilégiant une seule langue, vous donnez un avantage compétitif notable à la presse anglophone qui n’a pas besoin de traduire et peut reprendre des extraits d’un simple couper-coller. La presse francophone, et les autres, sont tenus de traduire, voire d’interpréter tous les propos ainsi que les termes techniques. Il y a là une nette distorsion de concurrence, contraire aux traités européens.

Enfin, comment vouloir « rebâtir la confiance » avec les citoyens, objectif fixé par vous-même, sans s’exprimer (a minima) dans les trois langues de travail. Ce qui permet à chacun d’avoir une langue de proximité.

En souhaitant que des inflexions décisives soient données rapidement pour retrouver un minimum d’équilibre linguistiques, nous vous prions, madame la Présidente, d’accepter l’expression de nos plus sincères salutations. Nous restons bien entendu à votre disposition pour évoquer cette question de façon plus détaillée.

Pour le Bureau de l’AJE France

(Nicolas Gros-Verheyde)

Pour télécharger la lettre

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La Belgique réinvestit ses casernes très utiles pour le recrutement

Thu, 24/09/2020 - 12:01

(B2) Le temps de fermer des casernes est-il révolu. Du moins au plat pays, on pense qu’avoir des casernes non loin du lieu d’habitation des soldats est bon pour le moral… et donc pour recruter

La caserne de Tournai (crédit : Wikipedia Jpcuvelier)

Aux prises « depuis des années avec un problème de recrutement » en particulier, « dans les trois provinces les plus à l’ouest de la Belgique », comme elle le reconnait elle-même, la défense belge a décidé de prendre le taureau par les cornes et de réinvestir ses casernes.

Une des raisons identifiées de cette défaillance est en effet « l’insuffisance de casernes ». « L’attractivité » pour les personnes résidant dans ces provinces est « faible », car il implique de longues distances de déplacement, reconnait-on du côté du ministère de la Défense.

Le ministre Philippe Goffin (qui a en charge les deux départements de la Défense et des Affaires étrangères) a donc formellement approuvé, mercredi (23 septembre) l’utilisation et/ou le réaménagement de casernes à Tournai (Hainaut), Lombardsijde – Middelkerke (Flandre occidentale près de la frontière française) et Gavere (Flandre orientale). Dans un premier temps, des soldats venus de Marche-en-Famenne, Léopoldsburg et Tielen vont s’installer dans les casernes réaménagées.

(NGV)

 

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Les personnels de retour de Wuhan n’ont pas été testés, avoue Florence Parly

Thu, 24/09/2020 - 04:28

(B2) Passée au grill de la commission d’enquête sur les conséquences du Covid-19, la ministre française des Armées a reconnu une petite inexactitude de taille

Florence Parly reconnait une inexactitude (flux : Sénat, sélection B2)

La ministre était interrogée mardi (22 septembre) dans le cadre des auditions de la commission d’enquête du sénat sur le Covid-19. Elle ne semblait pas très à l’aise, encore moins quand est venu le tour du sénateur de l’Oise

La base aérienne de Creil sur la sellette

La ministre a été mise à rude épreuve quand est venu le tour d’Olivier Paccaud, sénateur (apparenté LR) de l’Oise. « Maintenez-vous que ces personnels ont été testés et confinés. N’y-a-t-il pas eu négligence dans la façon dont ces militaires ont été traités à leur retour de Wuhan » s’est interrogé ce professeur d’histoire-géographie de formation, gaulliste de cœur, qui a été durant plusieurs années le directeur de cabinet (et le suppléant) d’Olivier Dassault. Selon lui, le confinement était relativement lâche. « Des militaires sont restés chez eux, en permission. On ne contrôlait pas les allées et venus, ni de leurs familles. Certains personnels logeaient sur la base, s’y déplaçaient et allaient au mess » assure-t-il citant l’ancien commandant de la base aérienne 110 de Creil auditionné peu avant (1). De plus, des matelots du BCR Somme, passés par la base de Creil, sont intervenus au lycée de Crépy-en-Valois, où ont été détectés un des premiers cas mortels en France (2).

Des équipages pas testés

« Ayant juré de dire toute la vérité, je me dois de vous dire que j’ai dit quelque chose d’inexact le 4 mars à France 2 » a reconnu Florence Parly. Elle avait dit alors que les 18 personnels de l’Esterel qui ont assuré le rapatriement « ont été testés. Ils n’étaient pas porteurs du virus. ».

Un raccourci…

Aujourd’hui, elle le reconnait : « C’était un raccourci. Ce qui s’est passé, c’est que les équipages qui rentraient de Wuhan (Chine) ont été soumis à un protocole sanitaire extrêmement strict, mais qui, en effet, ne comprenait pas à l’époque, de tests. […] N’étant pas médecin, je vous prie d’excuser le caractère un peu raccourci de ma formule ».

Le dogme : ne tester que les symptomatiques

Ce protocole sanitaire était « sévère », « avec surveillance biquotidienne, par les médecins du SSA (et prise de température), durant 14 jours ». «  Et au terme de ces 14 jours, aucun n’a présenté de symptôme ». « Le dogme à ce moment-là n’était pas de tester tout le monde, mais de tester les patients symptomatiques » précise la générale Maryline Gygax, directrice générale du service de santé des armées.

Toutes les précautions prises lors du rapatriement

Au passage, la ministre dément toute défaillance envers les 18 personnels de l’Esterel, venant de la BA de Creil, qui ont assuré le 31 janvier 2020, le rapatriement des ressortissants français (lire : Coronavirus : le rapatriement des Européens s’organise). Cette hypothèse est « très peu probable » pour quatre raisons.

« (Premièrement) Les personnels partis de France ne sont pas descendus de l’appareil à Wuhan, et n’y sont restés que le temps d’embarquer les ressortissants. (Deuxièmement) ils portaient des équipements individuels (gants, masques, surblouses). (Troisièmement), ils respectaient les distances de sécurité avec les passagers. Aucun incident n’a nécessité de contact direct ou d’intervention auprès d’un des passagers. »

Enfin, « Avant le vol, la présence de fièvre ou de symptôme a été vérifiée auprès des rapatriés. Après le vol, les rapatriés ont été testés vis-à-vis du SARS Cov-2, et tous étaient négatifs. Aucun n’a présenté de symptôme. »

Pas de patient zéro à la base de Creil

La ministre a voulu aussi tordre le coup à une « rumeur » qui court dans l’Oise. Le patient zéro ne se trouvait « probablement pas » à la base de Creil (3). Tout simplement « car des cas sont survenus au lycée de Crépy-en-Valois avant de survenir à la base ». Pour la ministre, qui cite le rapport épidémiologique conjoint de Santé publique France et du Service de santé des armées, le premier cas détecté en France remonte bien avant : « Le 14 janvier 2020, soit bien avant le vol de rapatriement de Wuhan, ou bien le 1er février 2020, soit le lendemain du vol ». Un premier cas intervenu « chez une personne sans contact avec la base aérienne. Ce qui n’est pas en faveur d’une transmission par les personnels revenus de Wuhan ».

Quant aux matelots, intervenus au lycée de Crépy-en-Valois sur trois journées les 3-4-5 février, « aucun n’a eu de symptôme ». Conclusion de la ministre : « Non, définitivement non, la base de Creil n’est pas à l’origine du déclenchement d’un cluster dans l’Oise. »

Commentaires : de grosses imprécisions et le doute demeure

La franchise de Florence Parly est à remarquer. Et cela doit lui être porté à son crédit. Pourtant il reste encore trop d’imprécisions et d’incertitudes pour que ses propos soient tout à fait crédibles. Les antécédents ne plaident pas en faveur de la ministre dont la communication tout au long de la crise du coronavirus ont largement balbutié, notamment sur le porte-avions Charles-de-Gaulle (4).

Premièrement, la reconnaissance des faits n’est pas vraiment spontanée. Ce sont les propos de l’ancien commandant de la base de l’Oise (cf. note 1) qui ont révélé l’information. Et  les excuses de la ministre — « je ne suis pas médecin » — pour ce qui est tout de même une ‘fausse information donnée en public’ sont assez légères. Chacun sait ce que veut dire le mot ‘test’. Et ce dès le début de la crise du coronavirus.

Ensuite, on note une grosse contradiction : le fameux « dogme » avancé par la directrice générale du service de santé des armées, n’était déjà pas respecté à l’époque, puisque les civils ont été testés (en absence de symptômes) et pas les militaires. Il y a donc bel et bien eu une négligence quelque part.

Enfin, on reste sur sa faim, en avançant certains éléments visant à dédouaner totalement la base de Creil du départ de l’infection, la ministre reste très évasive sur les différents faits qui semblent contradictoires avec les éléments publics à disposition (cf. note 2). Au final, cette intervention ne permet pas de dire avec « certitude » que l’hypothèse que la base aérienne de Creil ait été à l’origine d’une des premières contaminations au coronavirus en France puisse être écartée définitivement.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le 9 septembre, devant la même commission d’enquête, l’ancien commandant de la BA110 de Creil, le colonel Bruno Cunat avait reconnu que les personnels navigants  effectivement, « sont repartis chez eux. Ils n’ont pas été testés ». Les militaires à bord de l’Esterel qui logent sur la base « ont été mis en chambre individuelle et s’ils devaient prendre leurs repas, ils les prenaient (…) dans une salle dédiée mais ils ne les prenaient pas au mess. Je ne peux pas vous le garantir mais c’était la consigne qui a été donnée » a-t-il reconnu selon Public Sénat.
  2. Selon les éléments publics et le témoignage de son médecin (cf. LCI), le premier décès français touche un professeur de 60 ans du collège Jean-de-la-Fontaine de Crépy-en-Valois. Le 12 février, il a consulté son médecin pour syndrome grippal et a été mis en arrêt de travail. Son état s’est aggravé ensuite. Il a de nouveau consulté le 19 pour une altération, a été hospitalisé en urgence le 20 à l’hôpital Laennec de Creil et transféré le 25 vers l’hôpital de La Salpétrière à Paris et décédé dans la nuit. Le 27 février, l’ARS Hauts-de-France fixe dans un communiqué, la période contagieuse aux 10 et 11 février.
  3. Une évolution par rapport à début mars. Sur France 2, la ministre semblait plus catégorique, employant même le mot « absolument pas ».
  4. lire : Retour au port pour le porte-avions Charles-de-Gaulle, contaminé par la pandémie et Le groupe aéronaval français atteint au cœur. La situation minorée par les armées). Sur le Charles-de-Gaulle, la ministre a reconnu que ce type de navire de « conception ancienne […] ne sont pas conçus pour aisément confiner le risque épidémique, puisqu’il y a « jusqu’à 40 personnes dans le même dortoir ».

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L’opération Irini pleinement opérationnelle

Mon, 21/09/2020 - 15:44

(B2) Avec l’arrivée de la frégate grecque HS Limnos, Irini a atteint sa pleine capacité opérationnelle (FOC)

Concrètement, cela signifie que l’opération est « capable d’entreprendre toutes les actions nécessaires pour accomplir son mandat», notamment l’arraisonnement de personnes suspectes de violer l’embargo qui font preuve de comportements peu coopératifs ou opposés.

L’opération Irini dispose désormais de trois navires militaires : le Carlo Margottini (Italie), qui abrite le commandement de la force lire : changement de navire amiral à EUNAVFOR Med Irini), le Hamburg (Allemagne) et le Limnos (Grèce). Un navire français viendra s’ajouter, en relais, d’ici quelques semaines (lire : La frégate Latouche Tréville va arriver en renfort dans Irini. Il est temps !) Côté aérien, on a toujours quatre avions fournis par le Luxembourg (SW3 Merlin III), la Pologne (Antonov Bryza 28B1R), la France (Falcon 50) et la Grèce (Embraer 145) + un drone italien de type Predator. Des moyens aériens et navals français et italiens peuvent, au besoin, être mis à disposition. Ce qu’on appelle « des moyens associés ».

(NGV)

Lire aussi : Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini

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Le comportement d’un navire suspect dans l’Océan indien donne l’alerte à Rota. Le Santa Maria sur place

Sun, 20/09/2020 - 12:29

(B2) Le changement de cap « sans raison apparente » du tanker grec MT Aegian II a déclenché l’alerte au QG de l’opération maritime militaire de lutte contre la piraterie dans l’Océan Indien et le Golfe d’Aden (EUNAVFOR Atalanta).

Ce pétrolier chimiquier battant pavillon du Panama était en transit depuis Shajah aux Émirats arabes unis et à destination de Mogadiscio (Somalie). Mais un changement de route soudain a semé l’alerte. Une enquête rapide (survol et contact radio) a rapidement éliminé la piste d’une capture par les pirates. Mais les problèmes techniques apparents ont perduré.

Le Santa Maria en visuel

Le 20 août, des sources ouvertes ont rapporté qu’un navire aurait pu être détourné dans la même zone. La frégate espagnole ‘ESPS Santa Maria a alors été détaché pour « enquêter et exécuter les procédures de réponse à l’incident » avec le soutien d’un avion de la coalition multinationale CMF. Le Santa Maria s’est approché du MT Aegean II et a confirmé l’évaluation initiale selon laquelle les mouvements suspects signalés étaient dus à des dommages dans la coque causés par la mer agitée. NB : Selon l’expert maritime  Jay Bahadur cité par Reuters, la police locale est montée à bord alors que le navire dérivait. Les Somaliens auraient alors volé l’équipage et désarmé l’équipe de sécurité privée qui était à bord.

Des incidents à bord

Contactée par le commandant de la force d’EUNAVFOR, le rear-admiral Villanueva, l’autorité portuaire de Bossaso a signalé que le MT Aegean II n’avait pas été détourné et que la police de Garadfoo avait été envoyée à bord pour inspecter le navire alors qu’il dérivait au large de Bereeda en attendant une assistance technique. Pendant que le Santa Maria recueillait des informations, le capitaine a avoué qu’il y avait bien eu certains incidents à bord du navire.

Une enquête en cours

Pour l’instant, l’événement ne « peut être classé comme un événement de sécurité maritime, mais une enquête plus détaillée est en cours » indique-t-on au QG de l’opération européenne anti-piraterie. Le tanker a levé l’ancre et reprise la route, étroitement surveillé par l’ESPS Santa Maria.

(crédit : Eunavfor Somalia)

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Le premier discours sur l’état de l’Union de Von der Leyen. De bons mots, peu de concret et beaucoup d’approximations

Thu, 17/09/2020 - 17:53

(B2) Le discours sur l’État de l’Union prononcé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, mercredi (16 septembre) devant le Parlement européen, était empli de belles réflexions. Mais il était plutôt faible côté propositions, et parsemé de certains oublis ou fausses informations

Un excellent discours sans trop de concret

Pour un premier discours en tant que présidente, alors que l’Europe vient de vivre une crise du Covid-19 particulièrement intense — crise qui est loin d’être terminée tant au niveau sanitaire qu’économique et politique —, on attendait un peu autre chose que de belles paroles. Ursula von der Leyen a dressé un bon constat des différents défis ou problèmes auxquels sont confrontés les Européens (lire : Ursula von der Leyen dessine les contours d’une Union plus audacieuse). Mais, bien souvent, elle n’en a pas tiré les conséquences, se contenant de mots là où il faudrait des actes. Une position qui semble être une constante chez la dirigeante européenne qui n’a pas montré lors du Covid-19 une propension très grande à l’action (lire : Crise du coronavirus. Ursula von der Leyen est-elle à la hauteur ?)

Biélorussie, Russie, Turquie, une géopolitique du verbe

En matière extérieure, on entend ainsi que l’Europe est du côté des manifestants en Biélorussie, que tisser des liens étroits avec la Russie n’est pas approprié ou que la Turquie doit respecter ses voisins. Mais aucune conséquence n’est tirée de ses propos que l’on pourrait presque qualifier ‘de comptoir’ s’ils n’étaient pas prononcés par le responsable d’une des plus puissantes institutions européennes. Que va-t-on faire des relations avec Moscou ? Faut-il stopper le gazoduc Nord Stream ? Établir de nouvelles sanctions ? Comment va-t-on venir en aide à l’opposition biélorusse ? Et avec Ankara, quel langage établit-on ? Stoppe-t-on le processus d’adhésion si les provocations turques continuent ? Ces questions légitimes ne trouvent pas de réponse.

Les principaux conflits et la défense passés sous silence

Rien non plus sur la Syrie et la Libye, les deux conflits majeurs aux portes de l’Europe. Et zéro mention du rôle de la défense, pourtant affiché comme un des projets prioritaires européens. Décidément, la ‘commission géopolitique’ a bien du mal à avancer ses marques. Il en va de même au niveau intérieur sur l’État de droit. Les valeurs européennes sont affichées en priorité. Mais que se passera-t-il quand elles seront violées ? Décidément on a du mal à dépasser le langage ‘sermon’ du repas de dimanche.

Une souveraineté numérique limitée

En matière industrielle, quelques propos sont intéressants notamment sur l’économie numérique. Mais on aurait aimé en savoir plus. L’Europe va investir 8 milliards dans des supercalculateurs. Mais pour quoi faire ? Fera-t-on un cloud européen ? Arrivera-t-on à créer des tuyaux européens (réseau social, système de livraison pour se dégager de l’emprise des GAFA (Google, Apple, Amazon, Facebook) ? On attend davantage à l’évocation de mots aussi engageants que « souveraineté numérique ».

Un langage peu modeste sur le rôle de l’UE dans le Covid-19

Enfin, au sujet de la crise du Covid-19, un peu de modestie et de retour d’expérience n’aurait pas été de trop. Plutôt que cette impression d’entendre un conte pour enfants. L’Europe a partout bien agi. Et si elle n’a pas pu, c’est de la faute des méchants États membres qui ne lui ont pas donné de compétences. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais c’est en grande partie inexact. Et c’est là où le propos d’Ursula von der Leyen pêche largement.

Le bal des oublis ou informations inexactes

Le discours est truffé de quelques approximations, oublis, voire d’informations erronées. Ce qui est très gênant au moment où l’exécutif européen affirme en priorité vouloir lutter contre la désinformation. Rien que sur le passage de l’action européenne liée à la crise du Covid-19, j’ai relevé quatre exemples qui m’ont fait bondir.

Premier élément : un manque de compétences pour agir ? Ou un manque de volonté ?

La présidente dresse un bilan positif vantant l’action de la Commission durant le Covid-19, « tout cela sans disposer des pleines compétences ». Ce qui est légèrement faux : la Commission dispose de certaines compétences notables en matière de libre circulation des personnes, comme de marchandises, de santé et de protection civile (1). Une compétence renforcée sur ce dernier domaine depuis le Traité de Lisbonne. Et une compétence qu’elle n’a pas utilisée pleinement.

NB : C’est une vieille rengaine. Dès qu’elle pourrait se voir critiquée pour ne pas avoir agi, la Commission sort l’argument — je n’ai pas de compétences — et renvoie le bébé sur les États membres. Tout cela pour masquer (parfois) un manque de volonté et des erreurs en cascade. Comme cela a été sur la crise du coronavirus. Lire aussi : Face au Coronavirus, agir et être solidaire n’est pas une faculté, c’est une obligation. Dixit le traité.

Deuxième élément : six semaines pour envoyer une quinzaine de médecins en Italie

« Notre mécanisme de protection civile a permis à des médecins roumains de traiter des patients en Italie ou à la Lettonie d’envoyer des masques à ses voisins baltes » indique U. von der Leyen. Elle oublie un élément fondamental : les médecins roumains ne sont arrivés que le 7 avril en Italie. Soit plus de six semaines après l’appel à l’aide officiel de l’Italie à l’Europe. Une telle lenteur s’est rarement vue dans une crise humanitaire. Et la faute ne repose pas vraiment sur les 15 personnels roumains (11 médecins et 4 infirmières). Mais tient à la lenteur de décision de la Commission von der Leyen (et à l’absence de réponse des États membres qui ne se sont pas vraiment fait sonner les cloches). Un peu de mea culpa, et de retour d’expérience, pour donner des pistes pour l’avenir, aurait été plus intéressant.

Troisième élément : un faux chiffre sur les rapatriements

« Lorsque plus de 600.000 citoyens de l’Union ont été bloqués dans toutes les parties du monde, l’UE les a rapatriés » affirme Ursula von der Leyen. Ce n’est pas exact, voire totalement faux. L’essentiel des effectifs (près de 90%) a été rapatrié par les États membres ou par les intéressés eux-mêmes. L’Union a certes contribué de façon notable à cet effort, via le mécanisme européen de protection civile qui a financé ou coordonné certains vols. 82.064 citoyens de l’UE très exactement — et environ 10.000 autres citoyens non-UE (Royaume-Uni, Suisse, Norvège, Ukraine, Biélorussie, Turquie, Serbie, etc.) — ont ainsi été rapatriés avec le soutien du mécanisme européen de protection civile, selon le chiffre officiel (en date du 10 septembre). Autant dire que c’est beaucoup, mais très, très loin des ‘plus de 600.000’ vantés par la présidente. On n’est plus là dans l’approximation, mais dans la diffusion de fausses nouvelles.

Quatrième élément : l’oubli d’un dérapage

« Lorsque certains pays ont décrété des interdictions d’exportation pour des produits médicaux essentiels, nous y avons mis fin et nous avons veillé à ce que le matériel médical essentiel arrive là où il était nécessaire. Nous avons travaillé avec les industriels européens pour accroître la production de masques, de gants, de tests et de respirateurs. » C’est vrai. Mais là encore, la présidente de la Commission européenne esquive la vérité. La réaction désordonnée des pays européens en matière de blocage des frontières, le blocage de la libre circulation n’a entrainé que peu de réactions européennes. Et cet aspect est soigneusement biffé des propos présidentiels.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le Traité définit bien que les ‘enjeux communs de sécurité en matière de santé publique’ sont une des compétences partagées de l’Union européenne (article 5). Et elle dispose d’une compétence  dans le domaine de la ‘protection de la santé humaine’ comme de la ‘protection civile’ pour « appuyer, coordonner ou compléter l’action des États membres » (article 6).

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La frégate Latouche Tréville va arriver en renfort dans Irini. Il est temps !

Thu, 17/09/2020 - 14:40

(B2) La France va déployer la frégate Latouche-Tréville dans les prochaines semaines. Un renfort attendu

La frégate Latouche-Tréville en escorte d’un navire, lors de l’opération Serval (crédit : SIRPA Marine / Archives B2)

Un engagement français

La ministre française des armées Florence Parly vient de l’annoncer lors de son discours de rentrée, prononcé à Paris mercredi (16 septembre). « Nous avons décidé de renforcer notre contribution à l’opération de l’Union européenne Irini, en déployant la frégate Latouche-Tréville au cours des prochaines semaines ». NB : Celle-ci sera ainsi présente quand le commandement de la force navale sur zone sera assuré par les Grecs.

Une condition pour faire respecter l’embargo

Ces moyens navals sont essentiels pour faire respecter l’embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est une « condition essentielle d’une diminution des tensions et d’un processus politique vertueux en Libye » assure Florence Parly.

Davantage de moyens nécessaires

Ce renfort est salué au niveau européen, ainsi que me l’a confirmé Peter Stano, le porte-parole du Haut représentant, à qui j’ai posé la question lors du briefing de midi. « Nous sommes intéressés à voir davantage de moyens pour l’opération Irini ». Ce sera d’ailleurs le sujet de la prochaine conférence de génération de forces. « On a besoin d’avoir 100% des moyens pour avoir une opération totalement effective et efficace ».

Une spécialité anti-sous-marine

Le Latouche-Tréville, au numéro de coque D-646, n’est pas le bâtiment le plus récent de la Royale. Cette frégate anti-sous-marine (FASM), de type F-70 (donc conçue dans ces années là) est en effet en service depuis une bonne trentaine d’années (depuis 1990). Mais elle est équipée d’un système de navigation électronique Sigma 40, inertielle à gyrolaser, intégrant les différentes composantes de la navigation (cap, vitesse, position, etc.). Ce en temps réel. Elle dispose de plusieurs systèmes radar et armement (cf. ci-dessous) et surtout d’un « équipage bien entraîné, apte à faire face à toutes les situations » comme me l’a confié un marin.

Une puissance d’observation

Longue de 139 mètres, jaugeant 4910 tonnes qui peuvent être déplacées jusqu’à une vitesse maximale de 30 nœuds, cette frégate ASM dispose de plusieurs éléments de surveillance radar : deux pour la navigation, un pour la veille-air, un pour la veille surface-air, et un pour la conduite de tir (selon les éléments donnés par le Sirpa), tout comme un sonar de coque, un sonar remorqué (des outils utiles pour surveiller les fonds sous-marins).

Une surveillance par l’air

Tout un arsenal normalement utilisé dans l’accompagnement des sous-marins nucléaires, la protection de la force océanique stratégique (FOST) étant sa tâche habituelle. Elle a aussi la possibilité d’élargir sa zone de vision avec son hélicoptère de bord. D’ordinaire, c’est un (ou deux) Caïman Marine qui sont embarqués sur la frégate (les Lynx étant partis à la retraite). Mais pour ce type de missions, davantage de surveillance que de combat, ce pourrait être plutôt un hélicoptère de type Panther.

… et une puissance de feu

Enfin sa puissance de feu n’est pas négligeable : des missiles à courte portée Crotale ou à plus longue portée anti-navires MM 40 Exocet notamment, en passant par les torpilles MU90, le système d’autodéfense rapprochée antiaérien Simbad, deux canons de 20 mm, une tourelle de 100 mm et quatre mitrailleuses de 12,7mm. Avis aux amateurs ! (notamment turcs).

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Un navire soupçonné de violer l’embargo vers la Libye intercepté par l’opération Irini

Fri, 11/09/2020 - 11:35

(B2) Les navires militaires européens ont bloqué au large de la Libye un tanker norvégien affrété par les Émirats arabes unis, jeudi (10 septembre), pris en violation de l’embargo international 

L’équipe d’abordage allemande prend pied sur le Royal Diamond 7 (crédit : EUNAVFOR Med Irini)

C’est la première fois qu’un navire est arraisonné en pleine mer en violation de l’embargo (du moins par l’opération EUNAVFOR Med Irini). Et la première fois également que les Allemands effectuent une ‘action de force’ dans ce cadre. Cette opération vient parfaitement illustrer l’équidistance de la nouvelle opération européenne qui intervient sur les violations de l’embargo des deux côtés , à l’Ouest (camp Sarraj) comme à l’Est (camp Haftar) de la Libye

Une opération assurée par le Hamburg

L’opération s’est produite à « sept heures du matin dans les eaux internationales, à 150 km au nord de la ville libyenne de Derna (Cyrénaïque) ». Sur ordre de l’amiral italien Ettore Tocci, la frégate allemande Hamburg a alors bloqué « l’accès aux eaux territoriales libyennes » du Royal Diamond 7, indique l’opération EUNAVFOR Med Irini dans un communiqué. Une opération effectuée avec le soutien du navire-amiral italien ITS Carlo Margottini. NB : C’est l’équipe d’arraisonnement allemande, héliportée avec l’engin de bord du Hamburg, qui est montée à bord du tanker.

Les Émirats arabes unis dans la ligne de mire

Ce tanker — propriété norvégienne, battant pavillon des Iles Marshall (1), géré par une société singapourienne, mais affrété par les Émirats arabes unis —, est soupçonné d’avoir violé l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye. Les Européens ont opéré « sur la base d’informations fournies par le groupe d’experts des Nations unies sur la Libye, qui ont mis en évidence la nature suspecte de cette cargaison ».

Du carburant d’aviation pour Haftar

Le Royal Diamond 7 avait quitté le port de Sharjah aux Émirats arabes unis et se dirigeait vers Benghazi en Libye, siège de l’armée nationale libyenne du maréchal Haftar. Il transportait « une cargaison de carburéacteur, susceptible d’être utilisée à des fins militaires ». Un carburant, considéré comme du ‘matériel militaire’ par les Nations unies et, par conséquent, soumis à l’embargo international, en vertu des résolutions 2292 (2016) et 2526 (2020) du Conseil de sécurité des Nations unies, précise-t-on au QG de l’opération Irini à Rome.

Détourné pour enquête dans un port européen

Le navire a été « détourné » vers un port de l’Union européenne, pour « une enquête plus approfondie ». Selon certaines informations, le port de destination pourrait être en Italie, voire à Marseille (Sud de la France), port désigné pour le contrôle de l’embargo sur les armes dans le plan d’opérations de EUNAVFOR Med Sophia.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : En Libye, les livraisons d’armes s’accélèrent selon l’ONU. L’embargo contourné tous les jours. Les loups dans la bergerie

  1. Ce navire propriété du Norvégien GSH 2 Chem-Prod Carrier est géré par Norstar Shipping une société basée à Singapour, mais aussi au Myanmar et au Japon.

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Biélorussie. Les opposants persécutés, intimidés, violentés

Wed, 09/09/2020 - 12:30

(B2) Directs, concis, graves. Les paroles des opposants au régime Loukachenko témoignent de l’intimidation et de la persécution subies au quotidien depuis le début de la contestation, après un scrutin présidentiel faussé

En vidéo-conférence depuis les bureaux de la représentation européenne à Minsk, Danila Lavretski de l’association des étudiants de Biélorussie (crédit : Parlement européen)

Intimidation

Ce matin du lundi (7 septembre), où la sous-commission DROI (Droits de l’homme) du Parlement européen leur a donné la parole, on apprenait l’arrestation de Maria Kolesnikova, membre du conseil de coordination de l’opposition, restée en Biélorussie. « Sans nouvelle depuis. » Comme de nombreux prisonniers politiques. « Plus de 200 personnes ont été incarcérées pour être allées manifester ou avoir participé à la campagne électorale, dont 47 sont considérées comme des prisonniers politiques », décompte Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme Viasna. Il ne parle plus d’arrestations mais de « rafles », comme celle qui a suivi la manifestion de dimanche (6 septembre) où « 633 personnes ont été arrêtées et sont en attente de passer devant la cour administrative ».

Toujours plus de persécution

Danila Lavretski, de l’association des étudiants de Biélorussie, a connu la prison d’Okrestina, devenue célèbre au-delà des frontières biélorusses. C’était en mai. Cela a duré deux semaines. Aujourd’hui, « les cas de répressions à l’encontre d’étudiants sont encore plus graves », explique-t-il. Des étudiants sont « souvent détenus sur les lieux mêmes des universités et de façon très violente ».

Presse muselée

Détenu, battu et le nez cassé en juillet, le journaliste de Radio Free Europe / Radio Liberty, Anton Trafimovich, raconte l’art et la manière d’empêcher la presse de fonctionner. Comme ce soir où 50 journalistes ont été détenus à Minsk « sous prétexte de vérification de papiers d’identité », avant d’être « libérés quelques heures plus tard », entretemps aucun n’a pu couvrir de manifestation ou enquêter sur le fonctionnement des commissariats. « Nous avons toujours été traités en ennemis, mais la nouveauté, c’est que nous sommes persécutés ». En une phrase, le journaliste résume la sentence. Il croit savoir pourquoi : « nos médias sont devenus très populaires sur les réseaux sociaux ».

Violence chronique

« Traitements au gaz moutarde, viols, privations de nourriture et d’eau, de sommeil, cellules surpeuplées, dix fois plus nombreuses que prévues, prisonniers mélangés avec des prisonniers porteurs du Covid-19, torture, obligation de chanter l’hymne national, sans aide médicale aux blessés ». Telles sont les symptômes de la violence endémique décrite par Ales Bialiatski, président du Centre des droits de l’Homme Viasna.

Contre-enquêtes en cours

Un comité d’investigation a été constitué pour recenser toutes les violences, disparitions etc. Déjà « près de 500 plaintes ont été reçues » selon Ales Bialiatski.

Protestation au delà de Minsk

La contestation du résultat du scrutin présidentiel ne se limite pas aux rues de la capitale Minsk. La répression s’est donc elle aussi déplacée pour « couvrir tous ces lieux de manifestations pour tenter de les tuer dans l’oeuf » (Ales Bialiatski). Qu’importe, la contestation se propage aussi auprès des travailleurs et ouvriers sous la forme de « grèves à l’italienne ». « Les travailleurs viennent au travail mais ils font la grève du zèle » explique le président du congrès des syndicats démocratiques de Biélorussie (BKPD), Alexander Yarashuk.

N’oubliez pas la Russie

« Les régimes autoritaires se soutiennent mutuellement donc on ne peut résoudre la question biélorusse sans référer à son voisin », la Russie, insiste Ales Bialiatski. C’est l’un des messages adressé aux eurodéputés. Une partie de la société civile parait très déterminée. « Nous ne pouvons plus vivre sous ce régime de terreur sauf à le quitter », glisse le leader étudiant. Pour lui, « l’Union européenne est notre dernier espoir ».

(Emmanuelle Stroesser)

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Changement de navire amiral à EUNAVFOR Med Irini

Mon, 07/09/2020 - 19:48

(B2) Le relais du navire amiral est l’occasion d’un bilan pour l’opération européenne de contrôle de l’embargo sur les armes en Libye

L’ITS Carlo Margottini dans l’opération anti-piraterie dans l’Océan indien (crédit : UE – EUNAVFOR Atalanta – Archives B2 2019)

Relais du navire de commandement

Le navire amphibie de la marine italienne ITS San Giorgio a en effet quitté le bord de l’opération EUNAVFOR Med Irini début septembre. Il est remplacé par ITS Carlo Margottini (F-592), qui assure le rôle de navire-amiral jusqu’à la mi-octobre. A bord de cette frégate de la classe Bergamini, de type FREMM, l’amiral Ettore Socci et son état-major. À partir du 19 octobre, il sera relayé par un navire grec qui prendra le commandement.

Un bilan des quatre mois

Cette rotation est l’occasion pour l’opération de contrôle de l’embargo sur la Libye de dresser un nouveau bilan des quatre derniers mois de patrouille en Méditerranée centrale.

  • plus de 600 interrogations ou hélages (hailings) et 9 approches amicales (visites à bord de navires marchands) ont eu lieu ;
  • plus de dix ports et points de débarquement ont été surveillés, ainsi que 25 aéroports et pistes d’atterrissage ;
  • plus de 80 vols militaires ou de possibles cargaisons aériennes liées à l’armée allant et venant vers la Libye ont été détectées ;
  • 14 rapports spéciaux ont été soumis au groupe d’experts des Nations Unies notifiant des violations « des deux côtés du conflit en Libye » ;
  • plus de 200 synthèses d’images satellites ont été fournies par le SatCen (Centre satellitaire de l’Union européenne) à Irini.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Deux hussards parachutistes tués au Mali

Sat, 05/09/2020 - 22:25

(2) Deux militaires de l’opération française Barkhane au Sahel ont été tués en opération samedi (5 septembre) au Mali. Le brigadier-chef de première classe S.T. et le hussard parachutiste de première classe Arnaud Volpe, sont morts « après la destruction de leur véhicule blindé par un engin explosif improvisé (IED), ce matin lors d’une opération dans la région de Tessalit au Mali », indique l’Élysée dans un communiqué. Un troisième militaire a été blessé dans l’explosion. Ils appartenaient au 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes. (NGV)

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Dans le port et la ville de Beyrouth, les militaires de l’opération Amitié se déploient

Mon, 31/08/2020 - 11:52

(B2) À Beyrouth, sans tapages, les militaires français mènent un travail délicat mais vital : déblayer et rendre plus sûr le port. Entretien avec le capitaine de vaisseau Arnaud Tranchant (PHA Tonnerre) et le colonel Antoine de la Bardonnie (2e REG), chefs des détachements ‘Marine’ et ‘Terre’

Des militaires du 19e régiment du génie et du 2e régiment étranger du Génie (REG) du GT Ventoux, déblaient des hangars détruits par l’explosion, sur le port de Beyrouth, samedi 22 août (crédit : DICOD / EMA).

Une catastrophe majeure

L’importance des dégâts

La première impression est naturellement à la hauteur de la catastrophe. « On ne peut être que frappé, quand on arrive, par l’importance des dégâts, la violence de l’explosion, le paysage dévasté dans la zone portuaire. Tout est retourné », explique à B2 le col. Antoine de La Bardonnie qui commande le GT (Groupement Tactique) Terre ‘Ventoux’. L’impact est « significatif » : « une partie des quais s’est effondrée. La base navale a été partiellement détruite. Les bureaux du port ont été touchés. »

L’effet du blast a fait chavirer le port

Même impression du pacha du Tonnerre, le capitaine de vaisseau Tranchant que nous avons eu également par téléphone : « L’entrée dans le port nous a permis de prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe, des raisons pour lesquels on avait embarqué. Nous sommes face à des dimensions hors du commun. Des scènes dignes de celles lues dans les livres d’histoire sur les bombardements. » En tant que marin, ce qui l’a frappé ce sont « ces grands navires [qui] ont été couchés par le blast [souffle], des remorqueurs venus heurter le fond. » Dans le bassin n°3, sous l’effet du souffle, l’eau a disparu, envoyant des navires heurter soit les quais, soit le fond. « La vague est montée très haut ». Et ses effets ont été très forts très loin, « jusqu’à 15 km du port ».

Vue d’une partie des accès du port de Beyrouth (crédit : DICOD / EMA)

La réaction de la population et de l’armée libanaise

Seconde impression de nos militaires sur place : la reprise en main rapide par la population. « Les Libanais ont pris leur destin en main. Sur les routes, la jeunesse s’est mobilisée, a pris les balais et a déblayé tout ce qu’elle pouvait », décrit le Col. de La Bardonnie. L’armée libanaise, qui est un des principaux éléments de ciment du Liban, n’est pas non plus restée les bras croisés. « Les militaires sont très mobilisés, cela fait plusieurs semaines qu’ils travaillent d’arrache-pied, pour tenir leurs responsabilités et remettre le port en état. Ils sont fatigués et même épuisés » (CV Tranchant).

Un soutien matériel, mais tout autant moral

De fait, au-delà des moyens déployés, l’arrivée du navire français et des hommes du génie ont été accueillies avec soulagement par les militaires libanais. « Il y avait un soutien matériel, mais aussi moralement pour dire qu’ils n’étaient pas seuls » (CV Tranchant). Dans le flot d’aides et de secours, les Français sont en effet la seule force de génie (1). Un bateau italien est arrivé il y a quelques jours, avec deux-trois éléments de génie. Ils vont monter en puissance, et ainsi pouvoir relayer les Français.

L’activité du port a pu reprendre

L’activité dans le port n’est pas pour autant totalement interrompue. La zone conteneurs a pu reprendre assez rapidement, mais de façon moins importante qu’ordinaire. « 72 heures après l’explosion le trafic dans le port était conforme à ce qui pouvait en être attendu », du moins en situation d’urgence et en période de coronavirus. « Les bateaux ont très rapidement pu continuer à décharger » (Col. de La Bardonnie). « Beaucoup de choses ont été faites. C’est sûr qu’il n’y a pas le rythme d’activité d’avant, et que le port ne retrouvera pas ce qu’il était avant l’explosion avant de longs mois. Il faut bien distinguer ce qui ressort de l’urgence, et de la reconstruction complète. Mais c’est en progression constante. Tout le monde s’est mis au travail, pour approvisionner le Liban avec les produits de première nécessité dont il a besoin » (CV Tranchant).

Des travaux multi-azimuts

La distribution de l’aide humanitaire

La première action des militaires français a été de décharger les tonnes d’aide humanitaire (2). Une aide transférée à l’hippodrome, où elle est répartie entre les ONG et les autres organisations sous l’égide de l’armée libanaise et de l’ambassade de France.

Arrivée du MN Calao au port de Beyrouth, le 17 août, transportant matériel, vivres et aide humanitaire (crédit : DICOD / EMA)

Un gros chantier, le port, mais aussi des chantiers annexes

Jour après jour, les militaires français ont déroulé leur feuille de route : « pouvoir conduire un chantier majeur, de type sur le port et deux chantiers périphériques, dans des quartiers limitrophes » (Col. de La Bardonnie). Les bulldozers et autres engins de chantiers du GT Terre ont ainsi été mis en œuvre à plusieurs reprises. Le rythme est intense : 1500 tonnes déblayées par jour en moyenne.

Remettre en état rapidement le port

La tâche principale reste le port, épicentre de l’explosion, les quais et les hangars comme les bassins. Marins et terriens ont ainsi travaillé des deux côtés. Les hangars effondrés ou qui menaçaient de l’être ont été évacués, pour dégager les voies d’accès. L’eau a pu être rétablie, avec la remise en état de la station d’eau. Un élément essentiel pour que les quais soient approvisionnés. On a pu faire jaillir l’eau sur les quais.

Une cartographie de la situation maritime

Côté maritime, les plongeurs démineurs et les hydrographes du Shom (service hydrographique et océanographique de la Marine) ont mené une action de concert, grâce à des sonars, pour dresser une cartographie de l’état du port après l’explosion « et détecter tous les objets qui pouvaient gêner la circulation du port ». Des véhicules sont ainsi tombés du quai. Une cartographie remise aux Libanais, très utile, pour planifier les travaux et prévoir la reprise de l’activité.

Déblayer les bassins et remettre en état les pilotines

Les marins ont ensuite mené plusieurs actions urgentes permettant de faciliter les accès. Ils ont ainsi coupé la mature d’une barge coulée, réparé les pilotines et remorqueurs de commerce (propulsion, contrôle commandes), déblayé la capitainerie pour qu’elle puisse reprendre son rôle de régulation du trafic, etc.

Une aide à la marine libanaise

Les marins sont aussi venus en aide à leurs homologues libanais. « Nous sommes intervenus sur des vedettes de la marine libanaise pour les remettre en état. » Et quand les plongeurs français plongent, ils en profitent pour faire de la formation mutuelle avec leur homologues libanais. « Ils sont ravis et très émus de nous voir arriver, il y a un lien de fraternité entre marins libanais et français qui ne date pas d’aujourd’hui » (CV Tranchant).

Des ‘petits’ chantiers très utiles

Les militaires ont aussi été missionnés pour assurer des chantiers ‘plus modestes’. Ce sont les Libanais « qui identifient les besoins au fur et à mesure » en lien avec la mission défense de l’ambassade de France. Le GT Terre est ainsi parti déblayer la gare routière Charles Hélou, puis est intervenu dans plusieurs écoles (école du Sacré Coeur, Trois docteurs, La Sagesse, etc.) pour enlever tout ce qui pourrait être dangereux, tel un préau qui menaçait de s’effondrer. Objectif : permettre aux équipes libanaises de poursuivre la remise en état en sécurité, et aux professeurs et aux élèves d’effectuer leur rentrée.

Une coordination permanente avec les Libanais

Avec l’armée libanaise, « il y a une vraie confiance mutuelle. Nous avons un contact plus que quotidien, quasiment toutes les heures. Les réunions sont très fréquentes ». Il n’y a pas d’équipe chacun dans son coin. « Tous les chantiers sont, en effet, faits en commun, de façon intégrée. La coordination se fait ainsi à tous les niveaux du chef de corps au chef de section, en passant par les chef d’unités » (Col. de La Bardonnie).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Partir en alerte, l’ADN français

750 militaires ont été déployés depuis le 14 août : 200 marins de l’équipage du Tonnerre, 150 membres de détachement de la marine d’autres services et armée de l’air, 350 du Génie terre ‘Ventoux’, composé autour du 2e régiment étranger du génie (REG) basé à Saint-Christol (Vaucluse).

Pour les deux officiers supérieurs, partir en plein mois d’août n’était pas facile, surtout au retour d’une mission en mer (au large du Golfe de Guinée). Mais « l’équipage ne s’est pas posé la question. L’appareillage sur alerte est un peu dans notre ADN », relate le CV Tranchant. Charger le fret a pris un peu de temps au départ, car le fret humanitaire n’était pas vraiment configuré pour un transport en navire militaire. Il a fallu « tout protéger et filmer ».

Toute « la saveur » de cette opération a été de planifier toute la série d’inconnus qui pouvaient se produire. Ainsi le PHA Tonnerre avait prévu de ne pas pouvoir accoster et de déployer alors ses EDAR, engins de débarquement amphibie rapide, et ses chalands de débarquement. Il n’y en a pas eu besoin. La reconnaissance du port par les plongeurs de la marine nationale a permis de dire que tout était OK pour accoster sur le port 12.

Du côté du GT Terre, en alerte Guépard, c’est aussi une part du travail. « C’est notre mission normale de réagir à l’urgence. Cela justifie nos dispositifs d’alerte que nous maintenons 24h/24h », confirme le Col. de La Bardonnie. L’ampleur de la catastrophe a obligé à faire appel à d’autres régiments de génie. En tout, cinq des huit régiments de génie participent ainsi à l’opération ‘Amitié’.

Entretiens réalisés par téléphone entre le samedi 22 août et le lundi 24 août.

  1. Nombre de pays ont déployé dans les premiers jours des équipes de recherche et sauvetage, avec chiens et matériel (lire : Gigantesque explosion dans le port de Beyrouth. Les Européens se mobilisent (v11)). Un déploiement qui a été assez vite rapatrié, passée la phase d’urgence.
  2. 1200 tonnes d’aide humanitaire convoyés par air et mer. Quatre navettes d’A400M, 1 C-130 J, 1 avion multi rôle A330, un avion de transport A310 et un Transall C-160 ont ainsi été mobilisés côté aérien

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En Méditerranée, l’opération Irini n’a pas reçu directement d’appel de détresse

Fri, 28/08/2020 - 11:08

(B2) La situation au large de la Libye continue d’être chargée avec des passages récurrents de navires chargés de migrants. Mais l’Europe a choisi de ne plus être en première ligne

Sauvetage par des équipes européennes de l’opération EUNAVFOR Med Sophia en 2016 (crédit : EUNAVFOR Med – archives B2)

Depuis son lancement, la nouvelle opération EUNAVFOR Med Irini, qui a succédé à l’opération Sophia le 31 mars dernier, « n’a jamais reçu d’appels de détresse et n’a donc jamais refusé aucun d’entre eux », précise le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans sa réponse écrite au Parlement européen, faite lundi (24 août), couvrant la période d’avril au 21 juillet 2020. Il cherche ainsi à faire taire certaines rumeurs de refus d’assistance.

« En revanche, les moyens aériens de l’EUNAVFOR Med Irini ont repéré huit situations de détresse potentielle dans la région libyenne de recherche et de sauvetage », précise-t-il. Cela a entraîné, « conformément aux obligations découlant des conventions internationales SOLAS et SAR », la saisine du « centre de coordination du sauvetage maritime (MRCC) compétent ». NB : selon la zone celui de Tripoli ou de Rome.

(NGV)

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Le commissaire au Commerce Phil Hogan démissionne. La fin de l’impunité

Thu, 27/08/2020 - 18:40

(B2) Pris sur le fait en violation des réglementations imposées aux Irlandais sur le coronavirus, le commissaire européen au Commerce, l’Irlandais Phil Hogan, a fini par lâcher le guidon

Phil Hogan dans ses bureaux du Berlaymont (crédit : Commission européenne)

Après quelques jours d’interrogation, et de demi-mensonges (1), l’homme politique du Fine Gael désigné par l’Irlande pour être son représentant dans l’exécutif européen a fini par se rendre compte à l’évidence : il fallait mieux partir de lui-même que d’être mis à la porte par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La situation était en effet devenue intenable, avec l’affaire du Golfgate.

Un golfgate qui fait des ravages

L’homme politique avait participé avec 80 convives à un diner de gala de l’Oireachtas Golf Society, le club de golf du parlement irlandais il y a une semaine (mercredi 19 août). Ce qui dépassait la jauge autorisée de 50 personnes pour une telle réunion. En pleine période de resserrage des boulons — passage notamment à une bulle de 6 personnes — l’évènement passe mal, et le mot est faible, dans la verte Irlande. Tour à tour, les personnalités présentes à l’évènement sont tenues de s’expliquer et d’assumer. La ministre de l’Agriculture a déjà démissionné, des juges également… Et plusieurs responsables du gouvernement ont demandé que Phil Hogan suive le mouvement.

Un statut de relative indépendance

Seul hic, un commissaire européen, une fois proposé par son gouvernement, est adoubé à la fois par la présidente de la Commission et le Parlement européen. Ce statut lui garantit une relative indépendance. Il quitte son costume national et les us et coutumes locaux, pour devenir un être atypique, qui ne dépend plus que de la sphère européenne. Il ne peut alors être contraint à la démission que par ceux qui l’ont validé. Autrement dit, l’Irlande n’a plus son mot à dire. Et seules les instances européennes (ou l’intéressé lui-même) peuvent le démissionner. C’est cette argumentation que l’exécutif européen a d’abord fait valoir pour refuser tout mouvement vers la porte pour son commissaire au Commerce.

Une contrepartie à l’indépendance des commissaires européens

Ce statut exceptionnel a cependant plusieurs contreparties. L’une est officielle et expressément indiquée par le Traité : consacrer tout son temps à l’activité européenne. Or, on peut vraiment se demander si assister à un dîner de gala du golf club parlementaire irlandais rentre vraiment dans le mandat d’un commissaire au Commerce, voire même dans la tradition de présence de la Commission européenne aux évènements nationaux. La réponse est assez rapide et évidente. C’est Non. La présence de Phil Hogan tenait avant tout à sa nationalité, irlandaise, à ses activités politiques dans l’île, voire éventuellement à ses visées futures. Il ne pouvait donc plus vraiment exciper de sa fonction de commissaire pour prétendre être intouchable. C’est ce que les juristes appelleraient un « acte détachable ». Il y avait là une réelle contradiction qu’il fallait trancher.

Une loyauté nécessaire vis-à-vis de la population

Ensuite, et surtout, il y a une clause non écrite au statut de commissaire : il faut être loyal non seulement vis-à-vis de ses mandants, des États, comme de la population européenne. Or, la manière dont Phil Hogan a cherché à se dédouaner et à s’excuser de sa présence était on peut plus ‘limite’. Dans son mot « chaleureux » de remerciement pour toute son action « pour son travail inlassable et fructueux », Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’a pas manqué de le rappeler que chacun devait être responsable de ses actes.

Le rappel à l’ordre de Von der Leyen

« Dans les circonstances actuelles, alors que l’Europe se bat pour réduire la propagation du coronavirus et que les Européens font des sacrifices et acceptent des restrictions douloureuses, j’attends des membres du Collège qu’ils soient particulièrement vigilants quant au respect des règles ou recommandations nationales ou régionales applicables », a indiqué Ursula von der Leyen dans une déclaration publiée aujourd’hui. Avis aux amateurs…

Commentaire : Le temps de l’impunité semble bien révolu. La sortie sera proche pour ceux ou celles qui ne respecteront pas certaines règles, écrites comme non écrites.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Arrêté par la Garda (la police irlandaise) pour conduite au volant en téléphonant, il a été pris également en flagrant délit de violation des règles de confinement. Point mineur en soi s’il n’avait pas été nié au départ.

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Non, l’OTAN ne militarise pas ses frontières avec la Biélorussie, assure Jens Stoltenberg

Thu, 27/08/2020 - 13:19

(B2 à Berlin) Alors que son influence baisse, le président biélorusse cherche à rallier ses troupes contre un ennemi : l’Alliance atlantique. Il l’accuse de militariser ses frontières. Une attaque infondée et inacceptable, s’insurge Jens Stoltenberg

Jens Stoltenberg à son arrivée à l’informelle défense à Berlin (crédit : OTAN)

Présent à Berlin pour participer à la réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne depuis hier (mercredi 26 août), le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a voulu — une fois de plus —  faire passer le message.

Fausses accusations

« Il n’y a pas de renforcement militaire par l’OTAN dans la région », a-t-il assuré, fustigeant les « tentatives d’utiliser l’OTAN comme une sorte d’excuse pour sévir contre les manifestants, contre l’opposition politique au Belarus ». Et de tonner : « toute tentative d’essayer de déplacer l’attention des questions intérieures vers les questions extérieures pour créer une excuse pour utiliser la violence contre son propre peuple est inacceptable. » L’OTAN « reste une alliance défensive », a-t-il tenu à rappeler.

Une Alliance préoccupée

Alors que celui que l’on surnomme le dernier dictateur d’Europe ne se prive pas, depuis une semaine, d’accuser également les Européens d’ingérence, les Alliés s’avouent « très préoccupés par la situation en Biélorussie » et « suivent bien sûr de très près » la crise qui s’y déroule depuis la ré-élection de Loukachenko, a-t-il partagé avec la presse.

(Aurélie Pugnet)

Lire aussi :

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Les gars d’EUTM RCA déménagent

Thu, 27/08/2020 - 06:05

(B2) Les militaires européens ont quitté leur quartier historique qui les abrite depuis le début des missions de l’UE en Centrafrique, il y a six ans

(crédit : EUTM Rca)

Les éléments européens ont quitté le camp d’Ucatex, pour se relocaliser près de l’aéroport, à M’Poko, base historique des forces françaises et de l’ONU. Durant une bonne semaine, ce mois d’août (du 15 au 23), ils ont transféré tous leurs effets et matériels, containers y compris.

La fin d’une présence de six ans

Basé sur le site d’une ancienne usine désaffectée, le camp Ucatex a tout d’abord été utilisé par la force de stabilisation de l’UE à Bangui EUFOR RCA, en 2014 (lire : En patrouille avec les gendarmes), puis par la mission de conseil militaire EUMAM RCA (lire : EUMAM RCA lancée. Mais effet retard pour les effectifs) et la Minusca, et enfin par la mission de formation (lire : EUTM RCA lancée. Les premières formations mises en place…).

Destination : M’Poko

L’opération s’inscrit dans le cadre de la « densification des missions de conseils, d’entrainement et d’instruction » d’EUTM RCA au profit des FACA, les forces armées centrafricaines. NB : ce déménagement permet aussi plus de synergies entre les différentes forces (notamment en matière de force protection).

Des convois étalés dans la journée

Pour éviter tout problème, les convois ont été répartis entre la matinée et l’après-midi. La vitesse de déplacement a aussi été adaptée pour que la sécurité « soit assurée lors du passage des convois notamment sur le marché des combattants» indique-t-on à EUTM RCA. Un lieu particulièrement prisé des habitants de Bangui, et avec une forte densité (personnes, motocyclettes, etc.).

La présence à Bouar reprend

Autre acquis organisationnel : le détachement de partenariat militaire opérationnel (DPMO) d’EUTM est « désormais au complet sur le camp de Bouar » assure-t-on du côté européen. L’installation a été finalisée ce mois d’août, avec de petits travaux et l’entretien du camp pour être fin prêts pour commencer l’instruction avec les FACA. Le chef d’état-major centrafricain (alias le CEMA), le général Zéphirin Mamadou, et le chef d’EUTM, le général français Éric Peltier, se sont rendus sur place lundi (24 août) pour visiter les installations, l’état-major de zone de défense ainsi que le centre d’instruction et d’entraînement qui accueillera les formations des FACA.

Une montée en puissance des FACA

Ces changements s’inscrivent dans un renforcement de la mission, en personnel comme en infrastructures, dans le nouveau mandat qui lui a été confié par les ’27’ (1), pour faire face à la (re)montée en puissance des FACA, dans le cadre du plan national de défense. De nouvelles recrues vont ainsi venir s’ajouter au renforcement de l’état-major de zone de défense (EMZD) à Bouar. Les EMZD de Ndele et Bangassou vont aussi poursuivre leur déploiement.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Son mandat vient d’être renouvelé fin juillet pour deux ans supplémentaires. Lire : La mission EUTM RCA prolongée de deux ans et recentrée sur la formation militaire

Des mesures barrières face au Covid-19

Le coronavirus a un peu compliqué le travail d’EUTM RCA. Il faut bien le dire. Mais la première réaction des autorités centrafricaines, qui ont réagi assez fortement à l’épidémie, en demandant aux Européens de stopper tout contact et de rester confinés, semble aujourd’hui assouplie. EUTM-RCA et les FACA se sont adaptés à la nouvelle donne, pour continuer à travailler en toute sécurité. Désormais avant chaque activité, « une information précise et détaillée est dispensée à tous les stagiaires sur l’importance des gestes à adopter » pour prévenir la diffusion du virus.

Lire aussi : Avec la formation de Bouar, on voit les fruits du travail de ces trois années (Général Peltier, EUTM RCA)

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Défense. L’Allemagne cause beaucoup et agit peu. Pourquoi ?

Wed, 26/08/2020 - 17:30

(B2 à Berlin) L’Allemagne éprouve quelques difficultés à accorder ses paroles et ses actes en matière de politique étrangère et surtout de défense européenne. La présidence allemande de l’UE changera-t-elle la donne ? On peut en douter. Explications

(crédit : Bundeswehr/Francis Hildemann – archives B2)

La réunion informelle des ministres de la Défense dans la capitale allemande aujourd’hui, celle des ministres des Affaires étrangères demain devraient être l’occasion de déclarations vibrantes des dirigeants allemands sur l’Europe de la défense. Sont-elles crédibles ? Faut-il les prendre au pied de la lettre ?

Des idées généreuses

En Allemagne, les idées fusent, souvent, pleines d’emphase, généreuses. Si on jette un regard en arrière sur ces derniers mois, Berlin a revendiqué un siège européen au Conseil de sécurité de l’ONU, un conseil européen de sécurité restreint, le déclenchement de la clause de solidarité face à la crise du Covid-19, entre autres. Toutes des initiatives qui ont fait plouf ! Idem en matière de défense. On parle d’une zone de protection sous mandat international dans le nord de la Syrie, d’une initiative dans le détroit d’Ormuz ou du porte-avions franco-allemand. Sans suite (lire : Lire aussi : AKK, la MinDéf allemande, spécialiste des idées sans suite, dans le creux de la vague ?).

L’Europe en bandoulière

Très régulièrement, aussi, on saupoudre cela de déclarations énamourées en faveur d’une autonomie européenne plus affirmée en matière de politique étrangère et de défense, d’une armée européenne. Ces déclarations n’émanent pas de farfelus, mais des plus hauts responsables politiques au pouvoir, de la coalition CDU-CSU-SPD, à la chancelière Angela Merkel, le chef de la diplomatie Heiko Maas en passant par la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer alias ‘AKK’ (1). Toutes plus fortes les unes que les autres, notamment vis-à-vis des USA, ces idées sont auréolées du sérieux de la machinerie allemande. On pourrait ainsi être tenté de les prendre (très) au sérieux…

Des idées sans lendemain ?

Une profonde erreur ! Nombre de ces idées ne durent parfois que quelques heures, faisant rapidement pschitt, telles des bulles de savon éclatant au soleil. Ces propos semblent davantage là pour occuper le terrain, montrer que l’Allemagne est présente sur le dossier. Mais elles ne semblent pas destinées à davantage d’actions. Pour le dire plus crûment, la fiabilité de la parole allemande en matière de défense est plus proche de la dette grecque des années 2000 que de la réputation de ses machines outils.

Une manière de torpiller certains projets

Pire, Berlin a aussi le chic de torpiller, en douce, certaines initiatives. Exemple : la coopération structurée permanente (CSP ou PESCO). L’Allemagne insiste pour voir regrouper un maximum d’États, surtout d’Europe de l’Est. Cette volonté obéit à un impératif mathématique — réunir une majorité qualifiée — et a une réelle justification stratégique — réunir les Européens autour de leur défense. Mais elle est surtout bien en phase avec l’imperatum allemand : « être au centre de tout » (2). Au final, ça alourdit le tout. Elle se retrouve deux ans et demi plus tard, dans une sorte de guet-apens, dont elle peine à sortir. Un simple effet de la combinaison ‘nombre + bureaucratie’ ? Ou une accordance avec le rythme allemand naturel, plus lent, qui se calcule en années, voire en décennies ? Une défense européenne embourbée n’est, en fait, pas vraiment pour déplaire outre-Rhin, malgré les dires officiels.

Une certaine pusillanimité en matière d’opération

Du côté des opérations, c’est là où le propos allemand est le plus incohérent. Quand les politiques décident d’un engagement, il ne suit pas forcément. Il en est ainsi de l’opération de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz. L’initiative tombe à l’eau (lire : Vers une opération maritime combinée franco-germano-britannique dans le détroit d’Ormuz. Les discussions continuent). Ce n’est pas vraiment un manque de volonté politique. La marine allemande… n’a tout simplement pas de navire à fournir (cf. ci-dessous). Bis repetita pour l’opération de contrôle de l’embargo des armes au large de la Libye, EUNAVFOR Med Irini… L’Allemagne ne lui a fourni que le minimum, alors qu’elle est issue directement du processus de Berlin piloté par la chancelière allemande (3). Dans cette avalanche de ratés, une exception : l’engagement au Mali, au sein de la mission de formation de l’armée malienne (EUTM), ou de la force des Nations-unies (Minusma). Berlin n’a cependant pas été jusqu’à s’engager dans la force Takuba. Raisons : trop hasardeux, pas assez cadré… (4)

Des explications

Prétendre que tous ces propos sont du spectacle serait un raccourci erroné. Il y a des raisons profondes qui expliquent cette véritable dichotomie entre le dire et le faire, entre le politique qui veut une chose et la défense qui acte autrement.

Le poids de l’histoire

Premièrement, le poids de l’histoire ne doit jamais être sous-estimé quand on parle du couple ‘défense et Allemagne’. C’est un sérieux frein à toute option interventionniste. La défense n’est pas un vecteur où les Allemands aiment afficher leur primauté, ni dépenser beaucoup d’argent. Et le courant pacifique est un facteur clé de la vie politique allemande, qui transcende plusieurs partis : pas seulement du côté de leur berceau naturel, les Verts, mais aussi chez les Libéraux, les socio-démocrates (SPD), l’extrême droite (AfD), comme l’extrême-gauche (Die Linke).

… et une armée bâtie autour de l’OTAN

Autre conséquence de cette histoire, qui ne doit pas être négligée : l’armée allemande s’est structurée autour de l’Alliance atlantique. La carrière d’un officier se bâtit dans les couloirs de l’OTAN, pas dans celle de l’Union européenne. Les ministres peuvent dire ce qu’ils veulent, la Bundeswehr suit son chemin. Toutes les déclarations autour de l’Europe de la défense ne rencontrent donc que peu d’échos aux tréfonds de la Bundeswehr. Elles sont souvent contrebalancées par des déclarations ou démonstrations d’amour à l’OTAN (5).

Une armée un peu à la ramasse

Troisième élément, qui est un peu caché et honteux pour l’Allemagne : l’état déplorable de la Bundeswehr. Malgré les apparences, et le nombre de militaires affichés, l’armée allemande n’est que l’ombre d’elle-même. Entre ses sous-marins absents durant de longs mois, ses frégates qui souffrent d’indisponibilité, la grosse majorité de ses 128 avions de combat Eurofighter cloués au sol, et même ses chars Léopard 3 flambants neufs qui ont des ratés, le pays le plus puissant d’Europe dispose d’une armée un peu en lambeau. Du coup, les engagements, notamment aériens et maritimes, se font au compte-goutte.

Un engagement plus lent, (ou) plus réfléchi

À la différence de la France qui s’engage sur un coup de sifflet de son président, l’Allemagne a un dispositif politique de décision beaucoup plus collectif, donc plus complexe, impliquant non seulement tout le gouvernement, mais aussi une bonne partie de la classe politique. Et l’engagement militaire se comprend dans un cadre plus général, contrebalancé par d’autres éléments. « L’Allemagne est prête à s’impliquer davantage, également militairement. Mais cet engagement militaire doit s’inscrire dans une logique politique », résumait Heiko Maas à la conférence de sécurité de Münich (6).

Le rôle particulier du Bundestag

Le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, devant se prononcer sur chaque engagement international, avec le vote d’un projet de loi, tout doit être écrit : les objectifs recherchés, le volume de forces engagés, le budget, les coopérations engagées et la voie de sortie. C’est précis. Et il importe alors d’avoir l’accord non seulement des partis de la majorité, mais même au-delà. La recherche d’un large consensus (absentions notamment) permet de s’assurer de la pérennité de l’opération au-delà du mandat d’un an souvent octroyé. On pourrait se plaindre de cette lenteur. C’est aussi le gage d’une certaine réflexion. Quand l’Allemagne s’engage (comme en Afghanistan, ou en Irak, ou au Mali), c’est sur la durée.

Un facteur de différenciation

Malgré les apparences, la défense est ainsi une thématique très politisée. Contrairement à nombre de pays européens — la France, l’Espagne, la Grèce, la Pologne, le Royaume-Uni —, où le sujet est assez consensuel dans la sphère politique, les questions de défense sont controversées. C’est une manière pour les partis « d’afficher leurs différences » nous rappelle un diplomate, bon connaisseur du dossier. Il n’en ont pas souvent l’occasion, la sphère économique suscitant moins de divergences que dans d’autres pays.

Des déclarations en forme de ballon d’essai

Au final, les quelques déclarations qui parsèment la vie politique allemande ne doivent donc pas être prises au pied de la lettre, mais pas méprisées non plus. Elles sont destinées à frapper les esprits ou à les préparer à des évolutions, voire à lancer des ballons d’essai pour tâter le terrain. Si le consensus n’est pas présent, on renonce, discrètement, sans trop d’orgueil. Outre-Rhin, personne n’en voudra jamais à un homme ou une femme politique de ne pas avoir envoyé finalement ses troupes, comme promis. Au contraire, ce serait plutôt un gage de sagesse…

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Il faut « une Europe forte et capable d’agir » (A. Merkel, 13 octobre 2019, lors d’une rencontre avec E. Macron à Paris) « Il est dans notre intérêt le plus strict, en tant qu’Européens, d’assumer davantage de responsabilité en matière de sécurité. Il ne peut exister d’Europe forte et souveraine, en termes de politique de sécurité, que si elle dispose des capacités correspondantes. Et pour cela, il faut être prêts à investir dans cette sécurité. » (H. Maas, 9 octobre 2018, devant l’Académie fédérale de politique de sécurité).
  2. Une phrase qui revient régulièrement dans l’argumentaire de la chancelière Angela Merkel comme du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas, comme lors son intervention lors d’un forum organisé par le think tank ECFR fin juin 2020.
  3. Un avion de surveillance, basé tout au Nord du pays, a l’air peu utile à l’opération (lire : L’avion de patrouille maritime allemand P3 Orion C entre dans la danse… loin de la zone d’opération). Et un navire qui n’arrive sur zone qu’en août, alors que l’opération crie famine (lire : La frégate Hambourg au travail au large de la Libye)
  4. Lire : L’engagement allemand au Sahel. Un test de vérité pour Berlin, pour l’Europe également….
  5. « Aujourd’hui, l’OTAN continue de préserver notre patrie, projette la stabilité et assure un secours immédiat lors de catastrophes imprévues telles que cette pandémie », indique AKK au Financial Times début mai 2020, dans un article largement diffusé et traduit en plusieurs langues.
  6. Début février 2020. Télécharger ici en allemand.

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Grèce, France et Italie manœuvrent de concert en Méditerranée. Face à la Turquie

Wed, 26/08/2020 - 12:50

(B2) Les marines grecque, chypriote avec le renfort de l’Italie et de la France ont démarré ce mercredi (26 août) un exercice aéronaval en Méditerranée orientale

(crédit : État-major grec)

Solidarité européenne face à la Turquie…

En pleine réunion informelle des ministres de la Défense, comme des Affaires étrangères de l’UE, à Berlin, c’est une manière pour les pays européens du rivage sud de la Méditerranée, les plus concernés (Grèce, Chypre, France, Italie), d’affirmer leur pleine solidarité face aux prétentions turques dans la zone. Dénommé ‘Eunomia’, l’exercice se déroulera en effet tout le temps de la réunion de mercredi à vendredi (26 – 28 août). 

… en pleine réunion ministérielle européenne

Cette initiative « vise à faire prendre conscience de la situation », confirme le ministre grec de la défense Nikos Panagiotopoulos. Il s’agit de « démontrer l’engagement des quatre pays méditerranéens européens en faveur de l’état de droit dans le cadre de la politique de désescalade des tensions ». Athènes, Nicosie, Paris et Rome répliquent aussi à l’annonce par la Turquie d’un exercice semblable, organisé « avec d’autres Alliés » selon Ankara.

La Méditerranée : un bien commun, pas un terrain de jeu des tensions

« La Méditerranée orientale se transforme en un espace de tensions. Le respect du droit international doit être la règle et non l’exception », renchérit la ministre française des Armées. « Notre message est simple : priorité au dialogue, à la coopération et à la diplomatie pour que la Méditerranée orientale soit un espace de stabilité et de respect du droit international. Elle ne doit pas être un terrain de jeu des ambitions de certains, c’est un bien commun », détaille Florence Parly dans une série de tweets.

Des frégates, sous-marins et avions

Participent côté grec, des frégates, des sous-marins et des forces spéciales, précise l’état-major grec. La frégate Spetsai (F-453), bien connue pour avoir tout récemment participé à l’opération européenne EUNAVFOR Med Irini, et la frégate Lίmnos III (F-451) sont de la partie selon nos informations. Du côté français sont engagés une frégate et un hélicoptère et trois avions Rafale.

L’inauguration de l’initiative Quad

Le quatuor compte bien ne pas s’arrêter là. Chypre, Grèce, France et Italie ont « convenu d’entrer dans une présence conjointe en Méditerranée orientale dans le cadre de l’Initiative de coopération du Quatuor (QUAD) », indique N. Panagiotopoulos. Ceci n’est donc que l’activité « inaugurale » d’une initiative plus complète. Objectif : « renforcer la présence militaire navale et aérienne collective dans la région » et pousser la Turquie au dialogue.

NB : un autre exercice, plus limité, avait eu lieu à la mi-août, entre la Grèce et la France uniquement (lire : La France positionne deux Rafale et une frégate face à la Turquie).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Un autre exercice avec les Américains

Face aux velléités turques, les Grecs multiplient les signaux de solidarité. En début de semaine, lundi (24 août), s’est déroulé un autre exercice aéronaval, avec les États-Unis cette fois, dans la zone maritime au sud de la Crète. Y participaient, côté grec, la frégate Egée ou Aegean (F-460), un sous-marin type 214 et six avions F-16, tandis que du côté américain, le destroyer USS Winston S. Churchill (81), et les hélicoptères de bord des deux navires, précise l’état-major grec.

L’USS Winston Churchill et la frégate Aegean (crédit : US 6th fleet)

 

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Les missions européennes de la PSDC au Mali (EUCAP Sahel et EUTM) suspendent leur activité

Tue, 25/08/2020 - 16:45

(B2) La situation politique étant compliquée après le coup d’État au Mali, « nous avons décidé de suspendre toutes les activités opérationnelles pour nos deux missions » : EUTM Mali [chargée du conseil et de la formation de l’armée malienne] et EUCAP Sahel [chargée d’une mission identique pour les forces de sécurité], a confirmé aujourd’hui un diplomate européen à quelques journalistes, dont B2.

Stage de formation des formateurs au niveau de compagnie et un stage ciblé sur la défense d’une base militaire au Camp d’Entraînement de Koulikoro (crédit : EUTM Mali)

Difficile de continuer

Le mandat de ces missions est en effet « de travailler et de soutenir les autorités légitimes dans le développement des forces de sécurité ». Difficile de continuer à accomplir une mission quand ces forces sont elles-même pour partie impliquée dans un coup d’État, condamné par l’Union européenne.

Un coup d’état condamné par l’UE

Les Européens ont, comme l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU, condamné le coup d’État, demandé le retour à l’ordre constitutionnel, la libération des prisonniers, en particulier du président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) et du Premier ministre (Boubou Cissé). Ils soutiennent les efforts de médiation de la CEDEAO (ECOWAS en anglais) et disent espérer qu’une « solution conforme aux aspirations de la population malienne » soit trouvée. L’objectif est « la mise en place d’un gouvernement civil de transition dès que les conditions le permettront ».

La reprise des activités conditionnée à la normalisation

Cette suspension est « temporaire » poursuit notre interlocuteur. « Nous sommes prêts à reprendre ces activités au Mali en partenariat avec l’ONU dès que les conditions le permettront. » Ce dès que possible. Pour les spécialistes de la PSDC au service diplomatique européen (SEAE), il est « vital de maintenir l’investissement à long terme fait par la communauté internationale pour travailler à la sécurité et à la stabilité du Mali, du Sahel. C’est très important pour notre sécurité et pour celle des Européens également. »

Les éléments restent sur place

Selon nos éléments, tous les effectifs sont restés sur place à Bamako et Koulikoro. Ils sont simplement cantonnés en évitant d’avoir trop de contacts avec les uns et les autres. Nombre de soldats et officiers qui sont à l’initiative ou participent au coup d’état sont en effet passés dans les mains des formateurs européens ou ont été à leurs contacts.

Commentaire : ces deux missions jouent de malchance

Après une mise en veille des activités de formation pour cause d’épidémie de coronavirus (lire : Les missions militaires de la PSDC continuent, mais à bas régime (v3)), elles commençaient tout juste à reprendre leurs activités, selon une volonté exprimée très clairement à la fois par le haut représentant de l’UE Josep Borrell et les États membres (lire : Comment les missions EUTM vont se redéployer ? La MPCC se prépare au grand saut). Cette nouvelle interruption, qui devrait se prolonger encore quelques semaines, pour un sérieux coup à la volonté des Européens de stabiliser le Mali.

Seule consolation : la mission EUTM Mali n’a plus pour seul horizon géographique ce pays, mais a désormais un mandat plus régional, notamment le Burkina Faso (lire : En route vers une EUTM Mali II en attendant une EUTM Burkina ou une EUTM Sahel). Elle pourrait donc reployer une partie de ses moyens et de ses activités, beaucoup plus rapidement que prévu, vers ce pays.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet sur le ‘front diplomatique’)

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La frégate Hambourg au travail au large de la Libye

Mon, 24/08/2020 - 16:15

(B2) Après deux semaines de voyage, la frégate allemande Hamburg a rejoint, dimanche (23 août), la force maritime européenne présente au large de la Libye et chargée de contrôler l’embargo sur les armes Méditerranée.

(crédit : EUNAVFOR Med Irini)

Placée sous le commandement du capitaine de frégate (Fregattenkapitän) Jan Fitschen, la frégate, partie de son port d’attache début août, a effectué sa première visite, sur le MV Spirit qui se dirigeait vers le port de Tobrouk annonce l’opération EUNAVFOR Med Irini. Ce navire de la classe Sachsen dispose de deux hélicoptères de bord et d’une équipe de forces spéciales chargé des arraisonnements C’est le premier navire allemand à participer à Irini (Lire : Le Hamburg dans l’opération Irini courant août).

Mais l’opération européenne ne dispose toujours que de deux navires : l’Italien San Giorgio qui assure le rôle de navire-amiral, le Grec Spetsai ayant repris son chemin nationale. Elle a également à sa disposition une panoplie plus fournie de moyens aériens : un drone Predator italien, un Embraer 145 grec, les Merlin III Luxembourgeois et Antonov Bryza 28B1R polonais, ainsi que le Falcon 50 français (mis à disposition de façon périodique). Elle ne dispose plus du P3 Orion C allemand rentré, lui aussi, au pays.

(NGV)

  1. À l’origine, la frégate devait se rendre en Inde pour être présent au Symposium naval de l’océan Indien, puis en Australie ; le voyage a été annulé pour cause de coronavirus.

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