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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Mis à jour : il y a 2 semaines 1 heure

A la frontière de la Biélorussie, la Pologne mobilise

ven, 12/11/2021 - 19:26
La frontière de Kuznica (Photo : Garde-frontières PL)

(B2) C’est une véritable bataille moderne qui se déroule dans les confins orientaux de l’Europe, entre Pologne et Biélorussie. Une réelle attaque hybride, au sens propre du terme

L’action se situe dans cette région de la Podlachie, le climat y est plutôt sauvage et rude, entre forêts et marécages. On se situe non loin de la forêt de Białowieża, une des dernières forêts « primaires » en Europe, déclarée patrimoine mondiale de l’humanité.

Une première depuis 1991

Pour la Pologne, cette situation est exceptionnelle. C’est « la première fois depuis 30 ans, que la sécurité à (ses) frontières est mise à rude épreuve » soulignait ainsi le premier ministre Mateusz Morawiecki devant la Diète mardi (9 novembre) (1). Et il ne s’agit pas d’immigration, mais d’une attaque en bonne et due forme, même si elle est hybride. « Nous sommes convaincus que les opérations à la frontière orientale de la Pologne font partie d’une opération plus large et coordonnée qui est d’un nouveau type de guerre, où les gens sont utilisés comme boucliers humains », dit le ministre de l’Intérieur, Mariusz Kamiński.

L’instigateur : le Kremlin

Pour les Polonais, il n’y a pas l’ombre d’un doute : « le principal décideur est à Moscou, au Kremlin. C’est Vladimir Poutine. Nous observons depuis longtemps des réunions tant au niveau politique qu’au niveau des services secrets des deux pays », lâche Mateusz Morawiecki. Une attaque planifiée : « depuis juin, nous savions qu’une décision politique avait été prise d’attaquer notre pays et les pays baltes en utilisant l’élément de la migration illégale. »

31.000 tentatives stoppées

Les Polonais disent avoir bloqué 31.000 tentatives de passage. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées. 1800 personnes sont dans des centres de rétention. 300 d’entre elles ont décidé de retourner dans leur pays d’origine. 370 passeurs ont aussi été arrêtés. Le moment le plus critique est survenu en début de semaine, lundi, à Kuznica. Environ 1500 migrants ont tenté de franchir la frontière. Une tentative de passage en force.

Pas beaucoup d’aide de Bruxelles

Face à cela, la Pologne se sent un peu seule. « Jusqu’à présent, Bruxelles n’a pas fait grand-chose », critique le premier ministre. La Commission européenne, l’Union européenne, le Conseil « nous inondent de propositions de soutien ». Mais « c’est comme dans le ‘rapport de la ville assiégée’ — une oeuvre du poète Zbigniew Herbert : « ils envoient des sacs d’encouragement, de la graisse et de bons conseils. » 

Du financement et des sanctions

Or, ce que veut la Pologne, c’est du concret. Tout d’abord une « aide financière pour la construction du barrage » — le premier ministre en parle à tous ses interlocuteurs, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen comme le président du Conseil européen Charles Michel. Deuxième cheval de bataille de Varsovie : des sanctions économiques fortes frappant au cœur la Biélorussie. « Les sanctions que nous avons aujourd’hui, c’est-à-dire augmenter le nombre de personnes qui ne seront pas autorisées à entrer dans l’Union européenne, convenons-en, ce n’est malheureusement pas une sanction terrible pour le régime de Loukachenko, il faut également d’autres sanctions économiques. » Enfin, la Pologne veut une action déterminée dans les pays d’origine « pour bloquer l’émigration au premier niveau ».

Frontex n’est pas utile

Sur une possible aide du corps européen des garde-frontières, dont le QG est pourtant à Varosvie, le gouvernement polonais n’en veut pas. Et Morawiecki le dit clairement. « Frontex, vous savez, c’est plutôt une agence d’échange de bonnes pratiques. Bien sûr, il ont quelques suggestions, etc. [Mais] ce service [Frontex] est léger, il est petit », raille-t-il. L’agence « n’aide pas beaucoup d’ailleurs lors de la grande crise à la frontière sud. […] Si on en avait 20.000 hommes en renfort, des soldats ou des officiers de Frontex qui viendraient, alors oui nous y penserions vraiment. Mais une telle situation n’existe pas du tout. »

L’armée mobilisée

Selon le ministère de la Défense, environ 13.000 soldats venant de quatre divisions servent actuellement, soit directement à la frontière, soit à l’arrière. Ils sont présents sur toute la longueur de la ligne frontière et soutiennent les gardes-frontières à presque tous les postes. Ils étaient 6000 il y a quelques semaines.

Génie, hélicos et défense territoriale

Outre les forces terrestres, la composante aéronautique est présente avec cinq hélicoptères. Ils sont appuyés par les soldats des troupes du génie chargés de construire et de réparer les dommages causés à la clôture. Les Forces de défense territoriale ont aussi été mobilisées en appui, depuis l’instauration de l’état d’urgence, dans la protection de la zone frontalière. À ceux-là, il faut ajouter les quelques milliers de garde-frontières et policiers déployés. Soit en tout plus de 15.000 hommes aux frontières.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. La dernière fois c’était en effet en 1991, à la chute de l’URSS lorsque les unités spéciales du ministère soviétique de l’intérieur (les OMON) prennent d’assaut les postes frontières lituaniens.

Lire aussi : Une équipe du génie britannique en soutien à la frontière polonaise

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Catégories: Défense

Un Suédois prend la tête de la task-force Takuba

jeu, 11/11/2021 - 21:30

(B2) Depuis hier mercredi (10 novembre), le colonel Peter des forces spéciales suédoises a pris la tête de l’opération multinationale initiée par les Français dans la zone des Trois frontières au Sahel

Le Colonel Peter de dos avec le général de brigade Landicheff, lors de la passation du commandement (crédit : DICOD/EMA)

Une preuve de confiance

« Le fait que la Suède soit désormais autorisée à prendre la direction est une preuve claire que la confiance dans les forces spéciales suédoises, la force suédoise dans son ensemble et son personnel hautement compétent est élevée » indique le colonel Peter *, qui vient tout juste de rentrer à Ménaka, la base des militaires Takuba, après une tournée de la région avec son prédécesseur, le général de brigade français Philippe Landicheff. Histoire de bien passer le relais.

Une première pour les Français et les Suédois

Pour les Suédois, le Mali n’est pas tout à fait une découverte. La Suède participe à l’opération depuis près d’un an à Takuba, avec une force de réaction rapide équipée notamment d’un hélicoptère Black Hawk (Hkp-16 dans la dénomination suédoise). Mais c’est la première fois depuis le début de l’intervention française au Mali que les Français osent confier à un Européen le commandement d’une de leurs composantes d’intervention sur place. Les Suédois n’avaient jusqu’à présent qu’un poste d’adjoint.

Un certain intérêt européen

Une douzaine de nations participent aujourd’hui à la task-force Takuba, directement sur le terrain, ou au commandement. Mais d’autres pourraient la rejoindre. « Il existe un intérêt européen évident à contribuer à cette tâche importante », indique-t-on du côté suédois. La Suède assurera le commandement jusqu’au 1er mars prochain. Le contingent suédois devrait alors rentrer au pays.

(NGV)

* Un pseudonyme. La Suède mettant un point d’honneur à ne pas dévoiler l’identité de ses forces spéciales.

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Catégories: Défense

PFUE. L’Europe, cet être si complexe. Quand le militaire français préfère l’OTAN

mer, 10/11/2021 - 09:30

(B2) À l’arrivée de la présidence française de l’Union européenne, la structure militaire française se (re)découvre une passion pour le drapeau bleu à étoiles. Sans un grand enthousiasme

(photo : DICOD/EMA)

Le lent effacement de la pensée européenne chez les militaires français

Depuis l’ouverture de ce blog, nous avons pu le constater : peu à peu, l’esprit européen qui était présent chez plusieurs hauts gradés (parfois avec critique) s’est effrité au fil du temps. Il a laissé le temps à une certaine indifférence, voire mépris à peine voilé

Plusieurs effets cumulatifs

Entre l’effet de souffle de la fin de présidence française de 2008 (sous Nicolas Sarkozy) particulièrement intense, le départ de toute une génération qui a vécu les premières opérations européennes, la réintégration quasi-simultanée de l’OTAN qui a façonné une autre génération d’officiers, et les opérations françaises au Sahel… il y a une série de raisons qui expliquent cette très faible passion pour la ‘chose’ européenne. C’est peu dire. Et en plus, elles signifient aussi une faible connaissance du monde européen. Les exceptions se comptent sur les doigts de la main. Même à l’IHEDN (cf. encadré) comme l’IRSEM — les deux centres névralgiques de la pensée militaire française — le tropisme européen a été un peu laissé de côté. Et la recherche recentrée sur d’autres terrains considérés comme plus stratégiques (le Grand Nord, l’Indo-Pacifique, la Russie, etc.).

Un certain mépris

Certes les mots sont là. Présidence française de l’Union européenne oblige et ordre du patron. Europe, Europe, Europe… Mais dès qu’on creuse un peu, surgit un mépris à peine avéré contre « cette machine bureaucratique », contre « ces Allemands incapables qui obéissent à leur parlement », et tous « les autres incapables de bouger le petit doigt sans l’aide des Américains… ou de la France », contre « cette Cour de justice qui affirme sa primauté dans la législation française » (lire : temps de travail, halte au feu). Suit bien souvent une déclaration énamourée sur les Britanniques, « les seuls capables ». Tout n’est pas totalement faux. Mais le propos est par trop caricatural.

L’enthousiasme très mesuré pour la PSDC

Le gouvernement français ne mise plus vraiment sur les opérations de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Il n’y participe que du bout des lèvres. Quelques heures de vol d’avion et un navire de temps à autre dans l’opération EUNAVFOR Irini en Méditerranée. Une participation a minima dans la mission de formation EUTM Mozambique, etc. Paris préfère en fait les coalitions ad hoc.

La préférence pour les coalitions ad hoc

La task-force Takuba, regroupant des forces spéciales européennes au Mali, complément (ou voie de sortie) à l’opération Barkhane, en est le modèle. Mais ce n’est pas un exemple isolé. Le lancement de l’opération Emasoh (Agenor dans le langage français) de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz se fait également en coalition. Idem pour la présence dans le Golfe de Guinée, contre la piraterie maritime. Avec un bémol : un concept a été bâti de présences maritimes coordonnées, donnant une touche européenne à la coalition. Ce concept pourrait être étendu en 2022 (sous la présidence française de l’UE) à l’Océan indien ou l’Indo-Pacifique. Et il soutient une réflexion au sein de l’Union européenne sur la mise en œuvre de ce qu’on appelle l’article 44 du Traité (lire : Comment mener une action en coalition sous l’égide de l’Union européenne. La réflexion reprend sur l’article 44)

Une singulière méconnaissance

Sauf exception, ce lent éloignement de l’Europe entraîne des connaissances assez concrètes.

Une ignorance de la mécanique communautaire

L’évolution des institutions même est souvent sous-estimée. Le fonds défense et la facilité européenne pour la paix traduisent une certaine irruption de la machine communautaire classique dans la défense. La jurisprudence constante de la Cour (fidèle à ses habitudes) étend sa zone d’interprétation sur tous les pans communautaires (cf. sa jurisprudence sur la discipline dans les missions civiles de la PSDC). La doctrine de politique étrangère européenne qui s’affirme, malgré les difficultés et lentement. Tout cela est moins connu qu’il y quinze ans. Un paradoxe au moment où le communautaire déboule dans la défense.

L’évolution dans les États européens

Le lent effacement du tropisme interventionniste dans plusieurs pays — de la Belgique à la Pologne, en passant par le Royaume-Uni ou l’Allemagne — est réel. La réflexion sur les échecs des opérations passées (Iraq, Afghanistan, Libye…) est passée par là et a engendré une certaine méfiance ou prudence vis-à-vis de la tentation expéditionnaire française. La fragilité aussi de certaines coalitions et gouvernants au pouvoir est réelle (Merkel en Allemagne ou Orban en Hongrie constituant plutôt des exceptions). Difficile à saisir pour une France qui est le seul pays à avoir une verticale du pouvoir aussi affirmée — du président aux députés, en passant par le gouvernement et les départements.

Des nouveautés au niveau de la sécurité

La transformation de l’agence Frontex, en corps européen de garde-frontières et garde-côtes, avec un budget notable, le recrutement de plusieurs milliers de policiers et garde-frontières, fonctionnaires ou agents européens, armés, et dotés d’équipement, est souvent ignorée (sauf les plus proches de cette agence, les gendarmes notamment). À tort. On n’est pas dans la théorie. Mais dans la pratique. Cette agence connait certes plusieurs défauts (de jeunesse, dirait-on). Mais c’est un outil important de la construction de l’Europe de la sécurité. Et un modèle pour la future défense européenne.

Commentaire : Un réveil nécessaire

Bref… il serait temps de se réveiller, de réfléchir et doter l’armée française d’une réelle connaissance de ses collègues européens (atouts comme défauts). L’erreur serait de se croire infaillibles et invincibles, les meilleurs du monde (après les Américains). Et de suivre ainsi le chemin de l’armée britannique qui, éreintée par vingt années d’opérations extérieures intensives, a perdu en puissance et capacités et s’est détachée de sa propre population (et de son gouvernement) devenus beaucoup moins enthousiastes sur l’emploi de la force à l’étranger. L’Europe doit beaucoup à la France. Mais la France n’est pas grand chose sans l’Europe…

(Nicolas Gros-Verheyde)

IHEDN Europe : un raté monumental. La nomination par l'association des anciens de l'IHEDN d'un Britannique, Colin Cameron, est caractéristique de cette 'inculture'. La dernière plus grande bataille de cet ancien secrétaire général de l'UEO (l'Union pour l'Europe occidentale) a été au début des années 2010... pour pouvoir bénéficier de plusieurs dizaines de milliers d'euros supplémentaires (lire : UEO, quand le neveu vient au secours de l’oncle).

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Catégories: Défense

B2 franchit un nouveau cap ! Soyez des nôtres

lun, 08/11/2021 - 16:26

(B2) Chers lecteurs, chères lectrices, B2 va franchir dans quelques semaines une nouvelle étape, marquée par une nouvelle dénomination : « Le quotidien de l’Europe géopolitique« .

En Méditerranée (© NGV / Archives B2)

Cette terminologie mesure le temps parcouru à tous niveaux depuis… 2008. Ce qui n’était « qu’un blog » est devenu un média à part entière, reconnu « d’information politique et générale » (IPG) par le ministère (français) de la Culture. L’Europe, aussi, a affiché sa volonté d’embrasser tous les thèmes de la géopolitique et de se hisser au rang des acteurs mondiaux.

Le libre accès reste un choix délibéré. Malgré la tendance générale qui entend réserver l’information au payant, nous avons voulu garder ce blog vivant et une partie de nos articles en libre accès. Et nous en sommes fiers ! Certes, cela nous oblige à être sur deux fronts à la fois. Mais nous avons fait ce choix parce qu’il nous paraît primordial de faire connaître au plus grand nombre l’actualité de l’Europe géopolitique.

Une volonté d’informer sur l’Europe. En dépit de l’ampleur des enjeux, la politique étrangère du continent reste plutôt méconnue des citoyens, et peu lisible. C’est pourquoi il nous importe de faire de l’information, de façon professionnelle, mais de façon indépendante, sans publicité ni subvention, autour d’un triptyque : précision, impertinence et pédagogie. B2 est ainsi un des seuls médias européens à produire ses propres analyses comme à se rendre en reportage sur le terrain, de façon auto-financée le plus souvent.

Aujourd’hui, nous faisons appel à vous pour nous accompagner vers ce nouveau cap

Deux projets en 2021-2022

Nous avons deux projets pour cette période charnière 2021-2022 en matière de défense européenne. Période où la France assurera (une nouvelle fois) la présidence de l’Union européenne.

Du renfort. Cette PFUE (comme on l’appelle dans le jargon) promet d’être intense surtout dans nos domaines clés que sont la défense, la sécurité, la souveraineté. Et des crises, imprévues ou prévisibles, pourraient bien être au rendez-vous. Nous devons nous renforcer. Un grand saut pour B2 : de trois journalistes, nous voulons passer à cinq. Ce qui nous permettra à la fois d’assurer un flux continu d’actualité, des analyses faites maison, quelques éditos décapants et une série de reportages sur le terrain.

Du reportage et de l’analyse. Nous souhaitons continuer d’aller faire notre métier de journaliste : regarder de nos propres yeux, et témoigner. En 2021-2022, trois-quatre sujets sont dans nos têtes :

  • une opération maritime de l’UE, en Méditerranée ou Golfe de Guinée ;
  • la Bosnie-Herzégovine, 30 ans après le début du conflit ;
  • le Liban ou la Tunisie, plus de dix ans après le printemps arabe ;
  • et si c’est possible, le Sahel et la task-force Takuba.

En complément, nous continuerons de faire des reportages d’un jour comme ceux déjà publiés : 24h chez Airbus Defence & Space24h chez Arianespace.

Votre contribution nous permettra aussi de continuer à développer nos propres analyses, sans tabou, de façon indépendante et volontiers à contre-courant (1).

Pour contribuer, c'est ici sur le site OkPal

Ces dons sont collectés sur la plate-forme OkPal sécurisée, développée avec le SPIIL (le syndicat de la presse en ligne dont est membre B2). Ils sont encouragés (en France) par une déduction fiscale pour les individus (réduction d’impôt de 66 % du montant versé) comme pour les entreprises (réduction d’impôt de 60 %) dans certaines limites. L’origine des dons n’est pas communiquée à la rédaction, pour préserver son indépendance.

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  1. Exemple : Force de réaction rapide. Une idée, loin d’être révolutionnaire ou Le passage à vide de l’OTAN durant l’été de la crise afghane. Ou des analyses plus longues sur le temps de travail, l’opération Barkhane ou encore le SofaGate.

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Catégories: Défense

Méprise au Mali. Des Estoniens tirent sur un bus de militaires britanniques (v2)

dim, 07/11/2021 - 21:01

(B2) Un minibus transportant des militaires britanniques a été pris pour cible par les militaires estoniens qui opèrent avec les forces françaises de Barkhane, sur la base de Gao. B2 en a eu confirmation

Soldat estonien dans l’opération Barkhane (Photo : DICOD/EMA – Archives B2)
  • L’incident a eu lieu en août, mais n’a été révélé que maintenant par le quotidien britannique The Independant. Il a été confirmé à B2 par une source officielle estonienne.

Un véhicule non identifié à temps

Les militaires estoniens qui assurent la garde de la base française de Barkhane n’avaient — semble-t-il — pas été prévenus de l’arrivée de ce véhicule où se trouvaient des équipages de la Royal Air Force qui devaient rejoindre des hélicoptères Chinook stationnés sur le tarmac de la base. Selon la procédure, un « véhicule non identifié » est suspect. Les militaires ont donc tiré dessus pour le stopper. Heureusement l’incident n’a pas fait de blessés de part ou d’autre.

Les procédures modifiées pour éviter toute répétition

Il y a bien eu « un incident au Mali en août, au cours duquel les troupes estoniennes qui tenaient un poste de contrôle ont ouvert le feu sur un véhicule non identifié » a confirmé à B2 le captain (commandant) Taavi Karotamm, chef de la section des affaires publiques des forces de défense estoniennes. « Toutes les procédures ont été correctement suivies par les troupes estoniennes. Après l’incident, une enquête a été menée. Sur la base des résultats de l’enquête, les règles du camp ont été ajustées pour éviter des situations similaires à l’avenir. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

NB : les deux bases de l’ONU et l’opération Barkhane sont co localisées sur le même site.

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Catégories: Défense

Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (octobre 2021)

dim, 07/11/2021 - 08:30

(B2) Les missions et opérations de l’UE, civiles et militaires, ont un point commun : elles ne travaillent pas seules. Ce qui semble une évidence mérite pourtant d’être souligné. L’actualité de ce mois d’octobre offre l’occasion d’en cerner ses multiples aspects, et d’observer les premiers pas du petit nouveau :  EUTM Mozambique…

Moldavie. Opération conjointe anti-criminalité

La mission d’assistance à la surveillance aux frontières de la Moldavie (EUBAM Moldova Ukraine) a participé à l’opération contre la grande criminalité à la frontière orientale. L’opération pilotée par l’agence européenne de garde-côtes et garde-frontières Frontex et la Roumanie s’est déroulée du 27 septembre au 8 octobre. Treize pays et de six autres agences européennes et organisations internationales ont participé. La moisson de la Joint Action Day Finestra, est à la hauteur : 36 millions de cigarettes de contrebande, 160.000 litres d’alcool, ou encore 32 trafiquants d’êtres humains. Détails ici

(crédit : Frontex)

Bagdad (Iraq). Mobilisation jour d’élections

Dimanche 10 octobre, la mission de conseil à la sécurité intérieure (EUAM Iraq) était au Centre suprême des opérations électorales. Celui-ci est chargé de réagir en cas d’incidents de sécurité liés aux élections législatives organisées ce jour là dans tout le pays. La mission devait pouvoir intervenir par ses conseils et son expertise, « selon les besoins ». La Mission a également assuré la protection rapprochée des équipes d’observateurs locaux de la Délégation de l’UE en déplacement sur les bureaux de vote de la capitale. Détails ici

Le chef de mission de la mission EUAM Irak, le général de division Christoph Buik (chemise bleu ciel), au Centre suprême des opérations électorales (crédit : capture d’écran B2/EUAM Iraq)

Kiev (Ukraine). Procureurs en formation

Améliorer leur direction et gestion du personnel. C’est l’enjeu de la formation qu’une centaine de procureurs ukrainiens suivent jusqu’en décembre. Avec l’appui de la mission de conseil aux forces de sécurité ukrainiennes (EUAM Ukraine). « L’objectif est d’accroître l’efficacité du service des poursuites, de stimuler l’intérêt des professionnels pour une évolution de carrière et d’augmenter la motivation du personnel ». Détails ici

(crédit : EUAM Ukraine)

Somalie. Le relais est pris dans le contrôle maritime

« La Somalie possède la plus longue côte continentale intérieure africaine et la création de l’administration maritime somalienne (SMA) a permis aux Somaliens d’assumer la responsabilité du contrôle et de la surveillance des eaux territoriales somaliennes », se réjouit son directeur, le capitaine Hassan M Farah. La SMA est un département du ministère des Ports et du Transport maritime, créé avec le soutien de la mission de soutien aux capacités de sécurité maritime (EUCAP Somalia) il y a deux ans. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Ramallah (Cisjordanie). Expertise renforcée

La Mission de mission de police dans les territoires palestiniens (EUPOL COPPS) est en train de recruter des conseillers de police « très expérimentés » pour renforcer son soutien à la Police Civile Palestinienne (PCP), notamment dans la cybercriminalité. C’est ce qu’a expliqué la cheffe de Mission Nataliya Apostolova au chef de la PCP, le Général Yousif Helo, venu dans les locaux d’EUPOL. Détails ici

(crédit : EUPOL COPPS)

Bangui (Centrafrique). Premier anniversaire

La révision des lois organiques de la Police et de la Gendarmerie est « un exemple de coopération réussie », au crédit de la première année d’activité de la mission civile de conseil de l’Union européenne (EUAM RCA), explique son chef Paulo Soares. Détails ici

Le président de la République, Faustin Archange Touadéra, s’est déplacé pour l’occasion (crédit : EUAM RCA)

Corne de l’Afrique. Les contours d’une nouvelle collaboration

Les commandants de l’opération et de la force EUNAVFOR Atalanta ont fait connaissance avec le chef de la nouvelle mission de formation de l’UE au Mozambique (EUTM Mozambique). Leur première réunion virtuelle a déjà étudié les « synergies possibles dans la grande région de Cabo Delgado et du canal du Mozambique », à la frontière sud de la zone où opère Atalanta. Détails ici

(crédit : EUNAVFOR Atalanta)

Pristina (Kosovo). Des buts pour le climat ! 

Le personnel de la mission sur l’État de droit sait user d’autres arguments que ceux du droit. Elle l’a démontré lors d’un match de football forcément amical avec une équipe du parquet de Pristina. Personne ne donne le score. Il parait que « le nombre de buts marqués n’est pas important ». L’objectif était de faire parler du changement climatique. Diaporama ici

Mtskheta (Georgie). Pour prendre de la hauteur

Le chef de la mission d’observation de l’UE en Géorgie, Marek Szczygieł, vous emmène en patrouille avec les moniteurs du bureau de terrain de Mtskheta, à l’est du pays, dans les montagnes du Caucase. Intimidant !

(crédit : EUMM Georgia)

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en octobre) :

Et sur le blog : 

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Catégories: Défense

Les armées doivent être plus agiles, prêtes à faire face à toute situation (Burkhard)

sam, 06/11/2021 - 11:45

(B2) Gagner la guerre avant la guerre. C’est ainsi que le nouveau chef d’état-major français résume sa vision stratégique.

(crédit : DICOD/EMA)
  • Dans ce document de treize pages, en français et en anglais, le général Thierry Burkhard expose ce que doit être l’armée française du futur. Aux antipodes de certaines réflexions en Europe qui semblent vouloir retourner à une guerre de position (chars lourds, casernes, etc.).
  • Un document utile à l’aube de la présidence française du Conseil de l’UE qui commence le 1er janvier et de la réflexion stratégique entamée tant au niveau européen que de l’Alliance atlantique.
  • À lire avec intérêt comme la longue interview que le CEMA avait accordé à B2, il y a quelques jours, détaillant certains points notamment les méthodes des adversaires et compétiteurs, et les modalités de coopération entre Alliés et Européens.

Un outil militaire primordial

Dans une Europe qui semble souvent hésiter à utiliser l’outil militaire, celui qui a fait ses armes dans la Légion étrangère, de Djibouti au CPCO, l’affirme haut et fort : « la force militaire est l’un des éléments indispensables de la politique de puissance et d’influence internationale de la France ». Une France qui doit « assumer son statut de puissance d’équilibre ».

La compétition se durcit

Face au « durcissement de la compétition entre grandes puissances, au réarmement et la désinihibition de certaines puissances régionales », les armées doivent « faire preuve de la plus grande agilité » Elles doivent « embrasser les changements contre lesquels on ne peut agir, et saisir toutes les opportunités pour défendre les intérêts stratégiques de la France et de l’Europe ».

Une agilité intellectuelle

Cette agilité intellectuelle doit d’abord être « intellectuelle ». Elle doit « irriguer l’ensemble de la chaîne de commandement » comme tous les secteurs : les opérations, le soutien, la préparation opérationnelle, le développement capacitaire. « Des états-majors au terrain, il faut promouvoir un état d’esprit qui permette de gagner la bataille des idées, d’anticiper davantage, d’être encore plus réactifs et d’imposer le rythme des initiatives. »

Une organisation pour faire face à la structure stratégique

Les armées doivent être « organisées pour faire face à la surprise stratégique, résilientes au-delà des seules postures permanentes de dissuasion nucléaire, de sûreté et de protection ». Elles doivent être ainsi « aptes en permanence à s’engager pour répondre à toute situation qui menacerait la France et ses intérêts ». Du niveau infra-conflictuel — qui est le plus courant — jusque « si nécessaire dans un affrontement de haute intensité ».

Une palette d’intervention infra-conflit

Le chef des armées doit être en capacité de « proposer au président de la République une très large palette d’options militaires » insiste le général cinq étoiles. On doit pouvoir « combiner des effets maîtrisés dans tous les milieux et champs de confrontation, avec une attention particulière pour l’action dans les milieux exo-atmosphérique et cyber et dans le champ informationnel ». L’objectif reste le même : dissuader l’adversaire, « infléchir [sa] détermination en imposant des rapports de force favorables ». En deux mots : « gagner la guerre avant la guerre ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

Télécharger la vision stratégique FR / ENG

Lire : Les compétiteurs deviennent plus agressifs. Il faut être plus stratégique. Les sept réflexions du général Burkhard (CEMA) – article ouvert ces jours-ci

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Catégories: Défense

Entre la France et l’Australie, le froid va durer

jeu, 04/11/2021 - 23:30

(B2) L’affaire AUKUS laissera des traces. Si avec Washington, et dans une moindre mesure avec Londres, la voie de la normalisation semble acquise, Paris semble bien déterminé à faire payer sa trahison à Canberra.

Halloween dans la Royal Australian Navy (Photo : Marine Australienne)

Le 15 septembre dernier le gouvernement australien a rompu le contrat de fourniture des sous-marins par la France (et Naval Group). Et signé un accord de partenariat de défense avec les États-Unis et le Royaume-uni (AUKUS) dans la foulée. Sans aucun préavis. Un acte qui a toujours du mal à passer dans les rangs français.

Une dent contre l’Australie

Avec les États-Unis, on ne peut pas se fâcher longtemps et les relations ont clairement repris. Avec le Royaume-Uni, trouver le chemin de la réconciliation sera un peu plus long, « mais il y a des réalités géopolitiques qu’on ne peut ignorer : les côtes anglaises ne sont qu’à 25 km de Calais. Avec l’Australie, en revanche, c’est autre chose… ». Un gradé français, bien introduit dans le cercle du pouvoir, résume ainsi pour B2 l’état des lieux de l’après AUKUS. Et surtout, ne termine pas tout à fait sa phrase. Mais on comprend que ce sera très compliqué et que cela risque de durer longtemps. Précisons que ce propos a été tenu avant la réunion du G20 qui a vu un nouvel échange de « mots doux » entre Paris et Canberra (cf. encadré).

La coopération maritime avec l’Australie

Un propos qui n’est pas isolé. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine nationale, l’avait confirmé quelques jours auparavant (mi-octobre) lors d’une audition à l’Assemblée nationale : le gel de la coopération est en marche. « L’officier australien qui avait intégré mon état-major quittera ses fonctions l’été prochain et ne sera pas remplacé. De plus, nous avons suspendu la coopération de nos forces sous-marines avec l’Australie. Enfin, nous avons annulé l’embarquement d’un cadet australien pour la campagne Jeanne d’Arc 2022, ainsi que l’envoi d’un ancien commandant de sous-marin nucléaire à l’Académie militaire d’Australie. »

… réduite a minima

Seules « quelques coopérations » vont subsister, poursuit l’amiral Pierre Vandier. « Nous conserverons les points d’escale que nous partageons avec l’Australie pour ravitailler la base antarctique de Dumont d’Urville. Nous aurons aussi l’occasion de croiser les Australiens lors d’exercices multinationaux dans l’océan Indien et dans le Pacifique. »

L’ennemi n’est pas l’Australie mais la Chine

Le chef de la marine a cependant tenu à ajouter en guise d’avertissement à une volonté trop politique d’approfondir les divisions. « Ne nous trompons pas d’ennemi », a abjuré le marin. Il faisait référence à l’attaque de Mers-el-Kébir en 1940 par la Royal Navy contre les navires français amarrés dans le port militaire algérien (1). « Il convient d’aborder l’AUKUS avec la même prudence ». Et de viser concrètement la Chine comme la Corée du Nord, en pleine phase d’expansion.

Le réveil naval chinois… et des autres

« Nous assistons aujourd’hui au réveil naval chinois. La Chine met à l’eau l’équivalent de notre flotte nationale tous les trois ans. […] La mise en service du troisième porte-avions chinois est prévue en 2025. […] Les simples patrouilleurs garde-côtes chinois sont en fait de véritables frégates de premier rang. Des bateaux de 10.000 tonnes – plus important que nos frégates du même format –, armés de canons […] et autorisés à ouvrir le feu depuis la modification de la loi navale. » La Corée du Sud, aussi, entreprend « des opérations navales majeures ». Les Coréens ne sont pas les seuls. « Nous observons d’importants taux de croissance des marines japonaise, indonésienne, coréenne, australienne et indienne ». L’Inde est « censée mettre quatorze frégates sur cales entre 2021 et 2030 [et] en train de mettre à l’essai son dernier porte-avions, qui a vocation à embarquer des Rafale marine. ».

En fait, c’est toute la zone Indo-Pacifique qui s’enflamme : « Le réarmement mondial [au niveau] naval est sans précédent depuis trente ans. »

NB : On comprend donc la détermination américaine d’être très présente dans la zone, comme la volonté européenne de ne pas être l’oubliée de l’histoire. La question de l’extension des zones maritimes d’intérêt européen est ainsi à l’agenda de la prochaine réunion des ministres de la Défense (lire notre article confidentiel).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le premier ministre australien a menti !

Emmanuel Macron a été interrogé par Bevan Shields, un journaliste australien du Sydney Morning Herald, en marge du G20 pour savoir s’il pensait que Scott Morrison, le premier ministre australien, avait menti. Le Français a répondu directement : « I don’t think, I know » . Soit : Je ne le pense pas, je le sais. Surtout, le président français a refusé d’évoquer le retour de la confiance : « Nous discutons, nous verrons ce qu’il fera ». Un signe de sa colère froide. Et d’ajouter à l’adresse de l’Australie : « J’ai beaucoup de respect pour votre pays et beaucoup de respect et d’amitié pour votre peuple. Je dis juste que lorsque nous avons du respect, vous devez être vrai et vous devez vous comporter conformément à cette valeur. »

I ask French President Emmanuel Macron whether Scott Morrison lied to him: “I don’t think, I know.” pic.twitter.com/3tcg4xrl90

— Bevan Shields (@BevanShields) October 31, 2021

L’Australie réplique mardi avec la fuite dans la presse locale d’un SMS émanant d’Emmanuel Macron adressé au premier ministre australien, Scott Morrison. « Dois-je m’attendre à de bonnes ou de mauvaises nouvelles pour notre ambition conjointe sur les sous-marins ? », lui écrit le président français, le 13 septembre, deux jours avant que l’affaire n’éclate, alors que le dirigeant australien cherche à le joindre. Une preuve selon Canberra que Macron savait. NB : Je dirais plutôt que c’est la preuve ultime que Macron ne savait pas. Et que l’Australie s’y est pris le plus tard pour informer les Français.

(NGV)

Lire aussi : L’accord AUKUS entre Australie et USA provoque les Européens. Quelles réactions possibles ?

  1. Cette attaque menée entre le 3 et 6 juillet 1940 par les Britanniques (avions et marine) a fait près de 1300 morts côté français et mis hors de combat plusieurs navires. Elle est considérée comme une trahison de l’alliance franco-britannique côté français. Une attaque parfaitement justifiée pour Londres, par la signature de l’armistice par Philippe Pétain, la mise en place d’une collaboration avec l’Allemagne, et le refus du gouvernement français de l’époque de mettre ses navires hors de portée des Allemands.

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EUFOR Althea. Quand un officier dérape et fait du chantage à l’information

mer, 03/11/2021 - 11:52

(B2) Le décès d’un militaire dans l’opération EUFOR semble mettre tout le monde sur les charbons ardents. Nous avons demandé confirmation à l’officier de presse de la mission. Sa réponse a été des plus surprenantes

La force européenne rassemblée sur le camp Butmir (crédit : EUFOR Althea)

Ayant reçu l’information par divers canaux, notamment de la façon la plus officielle qui soit (le ministère bulgare de la Défense), nous avons bien entendu chercher à confirmer l’information et obtenir des détails.

Une mort par arme à feu dans une base européenne, ce n’est pas courant. Quand, en plus, elle survient le jour-même de la visite du président du comité militaire sur place, il y a de quoi s’interroger.

Nous avons donc rédigé un premier papier (lire : Un militaire bulgare retrouvé mort par arme à feu au camp Butmir), mis à jour ensuite avec les informations sur une équipe du parquet bulgare détachée sur place.

Sa seule réponse (samedi, au bout de quelques heures) a été de demander qui était le rédacteur en chef de B2.

« As it cannot be found on your website, can I ask who the editor of B2 is ? »

Puis, dans un mail incendiaire, deux jours plus tard, lundi (2 novembre), il se déchaîne et met un ‘blackout’ sur B2. Ce qui aboutit à un déni d’information très clair. Je vous laisse la lecture du mail.

We are responding to you with disappointment about your questions about the death of a Bulgarian soldier, your belittling comments about EUFOR in the B2 article on the same issue and for your manner in answering our simple request for information below. The information you sought and the way you asked questions about the death were insensitive and unprofessional. A death of this nature is saddening for all of us in this mission. We view it as a national matter for the country involved and we respect the privacy of them in how they choose to deal with it. That is why EUFOR did not publicly release any information. We do not appreciate the wording of the following extract of your article ‘The operation, which nevertheless loves to publish photos of all its events, even the most insignificant (medal ceremony, etc.), has not made any communication on the subject.’ Referring to the awarding of the CSDP medal to members of European military personnel who give their time, effort and dedication to help BiH as ‘insignificant’ shows a lack of respect for what EUFOR does and to military personnel who serve here. Your conduct, and that of B2, has been extremely unprofessional and an example of a news agency trying to sensationalise something to attract readers. Please do not expect us to be forthcoming or to have co-operation with B2 going forward based on this and the overly confrontational tone of the below mail to a simple request for information.

Jusqu’à nouvel ordre, il serait bon aux autorités européennes et de l’OTAN — puisque cette opération est la seule qui soit placée sous le champ des accords de Berlin Plus, commandée depuis le Shape par un officier général (français) et sur place par un général autrichien, de rappeler aux militaires chargés de l’information qu’ils ne sont pas chargés de la censure de la liberté de la presse, mais de répondre aux questions légitimes que se pose la presse.

Depuis que ce blog existe, cela fait bien longtemps que nous n’avions pas reçu une telle missive aussi comminatoire. Est-ce le fait que l’opération est dirigée sur place par le général Plazter un ancien militant du FPÖ, le parti de la liberté, classé à l’extrême-droite de l’échiquier politique (lire : Un militant du FPÖ prend la tête d’EUFOR Althea) ? Est-ce que ce décès n’est pas aussi simple ou naturel qu’il soit ? Est-ce que la nervosité gagne les rangs des militaires alors que le renouvellement du mandat de l’opération est à l’agenda du Conseil de sécurité des Nations unies (ce mercredi 3 novembre) ? On peut se poser beaucoup de questions.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Fin de la formation Transmissions à EUTM RCA

lun, 01/11/2021 - 20:33
Remise des diplômes au camp Kassai (crédit : EUTM Rca)

(B2) 28 stagiaires des FACA, les forces armées centrafricaines, viennent de terminer vendredi (22 octobre) une formation à l’emploi des réseaux mobiles (formation dite MNE comme Mobile Network Employment) au camp Kassai de Bangui.

Cette formation, animée par des instructeurs des FACA avec l’appui et les conseils des spécialistes TRANS (transmissions) de la mission EUTM RCA, a duré 22 semaines. « Très exigeante techniquement et nécessitant un haut niveau d’engagement des stagiaires », cette formation a permis d’acquérir les compétences techniques requises pour occuper un poste d’émetteur au sein d’un bataillon FACA, sur le terrain ou en opérations, indique la mission.

Pour le colonel Barbosa, chef du pilier éducatif (EDP) de l’EUTM, cette capacité est vitale. L’efficacité d’intervention des FACA « ne sera pas possible sans un réseau de communication et un personnel bien préparés ». Et d’ajouter : « Le succès des armées dépend aujourd’hui de la coordination de leurs actions. Sans système de communication fiable et des opérateurs formés et préparés, les lignes de communication perdent leur efficacité et compromettent toute la manœuvre ».

(NGV)

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Un militaire bulgare retrouvé mort par arme à feu au camp Butmir (v2)

sam, 30/10/2021 - 11:03

(B2) Un militaire bulgare participant à l’opération de stabilisation de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine (EUFOR Althea) est décédé, a-t-on appris de source bulgare, vendredi (29 octobre)

Les défilés et remises de médailles semblent être la principale activité de l’opération EUFOR Althea à Sarajevo (Photo : EUFOR Althea)

Mort par arme

Il était 8h20 (heure de Bruxelles), quand le militaire a été retrouvé mort, « avec une blessure par balle », dans le camp Butmir, la base de l’opération à Sarajevo. L’équipe médicale arrivée sur place n’a pu que constater le décès.

Une enquête en cours

La police militaire, avertie, a « pris des mesures immédiates ». Le corps va être rapatrié en Bulgarie par avion militaire, indique-t-on de source officielle à Sofia. L’origine du décès n’a pas été précisée. « Une enquête est en cours. » Trois représentants du parquet se sont rendus sur place en Bosnie-Herzégovine, « où ils ont pu prendre connaissance de la situation et des faits », a indiqué lundi (1er novembre) le ministre de la Défense, Georgi Panayotov, selon la presse bulgare.

Zéro communication du côté de l’UE

L’opération, qui adore pourtant publier les photos de tous ses événements, même les plus insignifiants (remise de médailles, etc.), n’a fait aucune communication sur le sujet.

Une visite officielle le même jour

L’incident s’est produit le jour-même de la visite du général Graziano, le président du comité militaire de l’Union européenne, au camp Butmir.

79e décès en mission

C’est le 79e décès constaté dans une mission de maintien de la paix de l’UE, depuis la création de la politique étrangère et de sécurité commune selon la base Memoriam de B2.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Corrigé sur le chiffre exact du bilan – mis à jour lundi (01.11)

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Un ancien interprète d’EUPOL Afghanistan tué à Kaboul

ven, 29/10/2021 - 17:52

(B2) Un interprète afghan qui a travaillé pour la mission de l’Union européenne de soutien à la police (EUPOL Afghanistan) dans les années 2010 a été tué

Cet interprète aurait dû être accueilli aux Pays-Bas. Il avait même été enregistré pour y être transféré. Un appel a été envoyé à l’interprète le 21 août pour qu’il se rende à l’aéroport de Kaboul, mais il n’y est jamais arrivé. Il est « probable que l’interprète en question ait été tué », selon le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Ben Knapen, qui l’a confirmé dans une lettre à la Seconde chambre (le parlement néerlandais). Mais il refuse de donner d’autres détails. « Les Pays-Bas n’étant pas présents en Afghanistan, il est donc impossible de déterminer de manière indépendante si et par qui il a été tué. »

(NGV)

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Au cœur de la maintenance des véhicules blindés, chez Arquus

mer, 27/10/2021 - 08:27

(B2 à Saint-Nazaire) Engagés au Sahel ou l’opération Sentinelle, le véhicule blindé léger et le VT4 sont aujourd’hui des incontournables de l’armée de terre française, en France comme sur les terrains extérieurs. À l’arrière, les hommes et les femmes s’activent pour les maintenir en état de marche

Un VT4 ( à gauche) et un VBL (à droite) trônent en évidence (© AF/B2)

À l’entrée du site, des rangées de véhicules et camions blindés stationnent au soleil. Deux modèles sont fièrement exposés à côté de l’enseigne du groupe Arquus (1). Il s’agit d’un véhicule blindé léger (VBL) et d’un véhicule terrestre 4×4 (VT4). À eux seuls, ils illustrent le changement d’activité qu’est en train d’opérer le site industriel de Saint-Nazaire.

À Saint-Nazaire, cap sur la maintenance

Dans les locaux de l’usine, on s’affaire, on bricole, on démonte, on soude, on peint. Le bruit des machines, en fond, est incessant. À l’entrée, on propose des boules Quiès. Des engins de chantier sillonnent le site. Un marquage au sol est même prévu — et maintes fois rappelé — pour permettre aux piétons de circuler sans danger. Un accident est vite arrivé…

Une redistribution des lieux de production

Ici, l’objectif est de se concentrer sur la maintenance et la réparation des engins à roues. Le groupe a mis en place une nouvelle stratégie industrielle en 2020, et redistribué les activités entre différents sites de production. La production d’engins neufs est donc désormais faite à Limoges, la logistique est assurée à Garchizy et la militarisation des moteurs ainsi que la production de sous-ensemble mécaniques, à Marolles. Le site de Saint-Nazaire se spécialise, lui, sur la maintenance opérationnelle de l’ensemble des produits de la gamme (ACMAT, Panhard, RTD).

Des compétences étendues à d’autres

Avec à terme une possibilité de s’étendre à d’autres marques ? « Nous sommes aujourd’hui la seule industrie à avoir un site qui fait de la maintenance », assure le directeur du site Laurent Postollec. « Si nous sommes en mesure de réparer l’ensemble de notre gamme, il n’y a pas de raison pour que nous nous limitions à ceux-ci ».

Parmi les engins à roues auxquelles les compétences du site pourraient s’étendre : ceux développés en partenariat avec d’autres industriels, comme avec Nexter dans le cadre du programme Scorpion pour l’armée de terre. « Je me prépare à pouvoir peut-être réparer des véhicules qui ne sont pas forcément de la gamme », appuie ce pilier du groupe Volvo.

C’est désormais ici que l’imposant blindé est réparé et modernisé, pour accéder au standard « Ultima ». La démonstration de ses capacités est faite sur la piste d’essai, en conditions réelles. « C’est ici que tous les véhicules qui sortent de l’usine sont testés », explique l’un des chauffeurs.

À l’intérieur, ça secoue, et ça va vite

L’homme nous prend à son bord le temps d’une courte (mais intense !) démonstration. À peine la ceinture de sécurité attachée, voilà que le bolide démarre au quart de tour et file à toute berzingue, sans guère d’états d’âme pour les deux journalistes qui s’accrochent tant bien que mal aux poignées. À l’intérieur, ça secoue, et ça va vite. Le modèle n’est plus tout jeune, il date des années 1990. Mais il est résistant. Notre conducteur exploite à fond les dernières améliorations du bolide et profite du passage à 130 CV (contre 90 dans la précédente version). Frissons garantis ! Un autre aménagement attire notre attention : l’installation de la climatisation, appréciable durant cette journée ensoleillée.

(©AF/B2) (© AF/B2)

L’odeur de la peinture sur les derniers VT4

Après cette escapade mouvementée, retour sur la terre ferme. Mais pas sans surprises. Direction les locaux de l’usine. Ici, c’est l’odeur de peinture qui surprend en premier : Les derniers VT4 sont en cours de militarisation, c’est-à-dire en cours de transformation d’une voiture civile à une voiture militaire (remplacement d’équipements, par exemple).

Un modèle civil militarisé

Construit sur une base civile à partir d’un modèle de Ford Everest, le SUV est ensuite partiellement démonté pour enlever les composantes qui ne seront pas utiles dans un cadre militaire ou qui seront remplacées par des composantes militaires. Les ouvriers commencent ainsi par enlever phares, rétroviseurs, plages arrières etc. Puis les vitres et les roues sont recouvertes d’une sorte de bâche en carton, avant que la voiture ne passe dans un cube qui enlève sa peinture initiale et lui met une première couche de peinture militaire.

La fin du neuf

Ces véhicules ne seront produits que jusqu’en 2023. « La fin de la production des VT4 signe la fin de la production du neuf sur Saint-Nazaire », nous explique t-on. Auparavant, « 80 à 90% de notre activité était du véhicule neuf, mais pour du Bastion et du VLRA, donc pour la partie export », complète Laurent Postollec.

(©AF/B2) (© AF/B2)

De nouvelles solutions pour l’export

Ici, les équipes accompagnent aussi les clients sur la formation au matériel. Une prestation qui permet notamment de soulager le personnel du site de ces opérations de maintenance pour se consacrer en priorité sur les commandes de son client principal : l’armée de terre.

Des outils de réalité virtuelle

En plus de la formation « classique » avec PowerPoints à la clé, une formation « innovante » est proposée. Pour cela, l’entreprise s’aide d’outils de réalité virtuelle. « Le virtuel permet d’amener une première approche pédagogique ». Grâce à cela, il est possible de « voir au travers d’un véhicule, son fonctionnement, sur la motorisation, l’électronique etc. » et faire l’objet d’une première formation. Apprentissage qui sera par la suite « complété sur une opération de maintenance réelle de matériel », explique Thomas Brice, responsable de la stratégie de soutien, de la relation client et du maintien en conditions opérationnelles (MCO).

Des compétences entretenues à distance

Ces nouvelles solutions de formation permettent aux ouvriers du site de rester en dehors des théâtres d’opération. Mais cela donne aux soldats les moyens pour qu’ils soient capables de « faire face eux mêmes à un certain nombre de problèmes sur place », sans avoir besoin de faire « de la maintenance lourde ». Une telle formation permet de former « plus largement, plus rapidement » et de mobiliser « moins de matériels », détaille le responsable. L’offre est principalement destinée aux clients à l’export pour permettre « d’entretenir des compétences à distance ».

Dématérialiser le diagnostic : quand le technicien voit ce que le client voit

Autre moyen déployé pour soulager les équipes du site : l’assistance dématérialisée. Des lunettes connectées permettent de réaliser un diagnostic « assez poussé », même à distance. En pratique, le technicien peut « visualiser exactement ce qui est vu par le client », et ainsi « dématérialiser le diagnostic ». Un outil particulièrement utile au moment de la fermeture des frontières lors de la pandémie de Covid-19, lorsque les formateurs ne pouvaient se rendre dans les pays de leurs clients. Une pratique vouée à se développer ? Il faudra encore patienter…

(Agnès Faure, st.)

  1. Arquus est né de la fusion des marques d’armement terrestre français Panhard, ACMAT et Renault Trucks Defense (RTD). Malgré une tentative de vente en 2016, l’entreprise fait toujours partie du groupe suédois Volvo.

Reportage au cours d’un voyage de presse organisé par Arquus sur son site de Saint-Nazaire, fin septembre

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Relève française au commandement de l’ACT à Norfolk

ven, 24/09/2021 - 20:55

(B2 à Norfolk, Virginia) La relève est assurée au commandement ‘Transformation’ de l’OTAN (ACT), l’un des principaux commandements militaires de l’Alliance

La cérémonie de remise du commandement commence (© NGV / B2)

Le général (français) Philippe Lavigne a pris le relais de son compatriote le général André Lanata, à la tête de ce qui est un des principaux commandements de l’Alliance atlantique. L’ACT est chargé de la Transformation de l’Alliance, c’est-à-dire de veiller au grain sur les évolutions futures et de préparer l’OTAN aux conflits et crises de demain… ou d’après-demain.

Les représentants militaires tous là, ou presque, à la cérémonie de passation du commandement. (© NGV / B2)

Dans la grande salle du musée naval de la ville est rassemblé tout l’aréopage de l’OTAN, la plupart des représentants militaires au sein de l’Alliance ont fait le déplacement aux USA pour assister à la cérémonie. Mais une bonne cérémonie militaire ne se conçoit pas sans un orchestre…

Une petite formation cuivre fait résonner tour à tour les hymnes de l’OTAN, de la France et des USA (© NGV / B2)

À ceux qui pourraient douter de la présence de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, il n’y a ici aucun doute. « La France est un allié de l’OTAN fort et très apprécié, avec des capacités de pointe et des forces hautement professionnelles », lance d’ailleurs le secrétaire général dans son discours.

Drapeaux français et américain côte à côte lors de la cérémonie. Le drapeau français légèrement en avant le temps de l’hymne national (© NGV / B2) Quand l’hymne américain est joué, le drapeau aux 50 étoiles franchit un pas de plus. Au premier plan, main sur le cœur, le maire de Norfolk, Kenneth Cooper Alexander (démocrate) (© NGV / B2)

« Depuis plus d’une décennie, la France a nommé ses meilleurs officiers pour prendre ce commandement », poursuit Jens Stoltenberg. Un compliment assez naturel dans ce type de cérémonie, mais qui prend un relief particulier en pleine retombée de l’affaire Aukus.

Le secrétaire général Jens Stoltenberg monte sur la tribune pour assurer la passation des drapeaux. (Crédit photo : OTAN)

Le tout s’est déroulé à Norfolk, siège de l’ACT. Mais elle abrite aussi une des plus grosses bases navales des États-Unis et le quartier général de l’US Navy’s Fleet Forces Command.

La base navale de Norfolk située sur la péninsule de Hampton Road (© NGV / B2)

(Nicolas Gros-Verheyde)

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L’accord AUKUS entre Australie et USA provoque les Européens. Quelles réactions possibles ?

mar, 21/09/2021 - 14:30

(B2) Cet accord ne vise pas uniquement l’achat de sous-marins. Il a une résonance plus large pour l’Alliance atlantique et l’Europe. Au-delà de la colère légitime française, réagir n’est pas simple pour les Européens. Car Paris a fait solo depuis le début. Pistes de réflexion

L’USS Mexico, un sous-marin de la classe Virginia, à propulsion nucléaire pourrait servir de base aux futurs engins australiens (US Navy)

Un acte plutôt inédit

Un cas d’école

Contrairement à ce que déclarent certains commentateurs, la décision australienne n’est pas juste un cas de plus de la compétition qui règne sur les marchés de défense. Un secteur où la concurrence est féroce, y compris entre alliés. La victoire américaine des F-35 en Suisse (ou en Belgique auparavant) ou celle du Rafale français en Croatie en témoignent. Tous les coups sont permis normalement. Mais, ici, on est dans un vrai cas d’école : un contrat signé, dans le cadre d’un partenariat stratégique, rompu sans aucun préalable, de façon au minimum non élégante. NB : un montant de 900 millions d’euros a déjà été engagé par les Australiens avec Naval Group dans des études préliminaires.

Une certaine duplicité australienne

Le mot de « trahison » posé par les Français n’est pas juste un coup de colère. Le jour même de l’annonce de l’accord avec les Américains et Britanniques, « les Australiens ont ainsi notifié à Paris la ‘system functionnal review’ (revue fonctionnelle du programme) » souligne ainsi un responsable du ministère des Armées à quelques journalistes dont B2. Une note importante. Elle atteste que les préliminaires techniques ont été franchis et qu’on peut « passer aux étapes suivantes». Ce n’est que « quelques heures avant l’annonce de l’accord AUKUS », que le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, prend son téléphone pour appeler son homologue française Florence Parly et lui annoncer la nouvelle.

La trahison des Alliés

Cette trahison n’est pas juste australienne. Elle s’applique également aux Américains et Britanniques. Des Alliés très proches qui se concertent, quotidiennement, au sein de l’OTAN pour faire face aux menaces, diverses, et définir notamment une politique vis-à-vis de la Chine. La pilule passe difficilement à Paris. Et cela pourrait laisser des traces.

Quelques leçons sur l’accord australien

Le bloc des Fives Eyes est solide

Cet accord a certes une certaine logique. L’Australie s’arrime clairement au monde anglo-saxon, américain et britannique, notamment par les accords de renseignements. L’accord avec la France constituait en quelque sorte une incartade face à cet axe géopolitique aux racines historiques. On assiste ainsi au renforcement du bloc des Cinq (USA, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) auquel devra réagir l’Europe si elle entend exister réellement.

Un projet pilote d’une alliance plus importante ?

Cela ira-t-il plus loin que les sous-marins ? Sans doute. D’ores-et-déjà, d’autres pistes sont déjà évoquées par les participants, notamment en matière de recherche ou d’intelligence artificielle. Faut-il y voir la préfiguration d’une sorte d’alliance militaire du Pacifique, pendant de l’OTAN pour la zone euro-atlantique. On peut le penser… Surtout si les Alliés de l’OTAN restent réticents à s’engager les yeux fermés derrière le drapeau américain dans son ‘combat’ politique, économique et stratégique contre la Chine.

De America First à America Back, une constante

La politique de l’administration Biden ne diffère pas sensiblement de celle menée par l’administration Trump. Cela n’étonnera nullement les plus avertis (notamment ceux de B2, lire : America is back, dit l’administration Biden. Quelle politique avec l’Europe ?). Les imprécations en moins, l’efficacité en plus ! L’Amérique entend rester leader dans le monde, et les Alliés suivent. La mise en place du retrait d’Afghanistan l’avait montré, le partenariat AUKUS le confirme. NB : même quand Donald Trump a rompu l’accord signé par tous avec l’Iran, cette procédure n’est allée à son terme qu’au bout de longs mois. Et non sans avertissement.

L’attitude non amicale britannique

La volonté du Royaume-Uni de tisser un réseau d’alliances se révèle ne pas être un simple slogan de campagne du Brexit. Avec cet accord AUKUS, Boris Johnson signe un de ses premiers succès. Et ce pourrait ne pas être le seul. Londres entend bien pallier à sa sortie de l’Union européenne, en renforçant ses liens avec ses alliés traditionnels, nord-américain comme du Commonwealth.

La France en solo

Dans cette affaire, la France est apparue tout d’abord un peu seule. C’est logique. Le contrat signé par Paris avec Canberra n’est pas un acte européen ni même n’a été concerté au niveau européen. C’est la France, seule, qui a négocié un accord avec les Australiens. En se gardant bien d’y associer les autres Européens. La compétition était même de règle avant la signature de ce contrat — voire même après — avec les Allemands en particulier de TKMS.

Une condamnation verbable

Les Européens ont commencé à réagir. Les ministres des Affaires étrangères, réunis de façon informelle, lundi soir à New-York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, ont ainsi exprimé leur « claire solidarité » avec la France. Et les différents responsables européens (Ursula von der Leyen, Charles Michel, Josep Borrell) n’ont pas caché leur « étonnement », leur condamnation du « manque de loyauté » de leurs partenaires et alliés (lire : L’affaire AUKUS prend une tournure européenne. Toutes les options sont sur la table)

Quelle réaction pour les Européens ?

Au-delà des mots, y aura-t-il d’autres réactions ?

Un point d’interrogation sur les relations avec l’Australie

Au-delà d’un possible ralentissement des négociations engagées par les Européens avec Canberra sur un accord de libre échange (lire : L’affaire AUKUS prend une tournure européenne. Toutes les options sont sur la table), on peut se demander si certains projets UE-USA ne vont pas subir, eux aussi, un certain ralentissement.

La relations transatlantique : un peu compliquée

Les demandes américaines de s’impliquer davantage dans les outils européens de défense — comme la coopération structurée permanente et le fonds européen de défense — pourraient être examinées… très, très lentement. La demande de signer un arrangement administratif avec l’agence européenne de défense (EDA) pourrait ainsi se heurter à un ‘Non’ de la France (déjà réticente à un tel accord). La négociation de l’arrangement administratif sur l’association américaine au projet PESCO de la mobilité militaire pourrait lui aussi connaitre quelques retards. Idem pour l’arrangement sur l’accès américain au signal sécurisé public (PRS) de Galileo.

La préférence européenne : à développer

Le modèle de développement des armements en se reposant sur les exportations trouve là une limite. Si les Européens veulent conserver une industrie de la défense européenne dynamique, ils devront d’abord acheter les armements produits sur le continent. La préférence européenne doit être aussi forte et présente que la préférence américaine. La seule exonération de la TVA proposée par Ursula von der Leyen dans son discours sur l’État de l’Union ne suffira pas. (Lire : Défense. L’Europe doit pouvoir agir seule ! Les six propositions (audacieuses) de von der Leyen).

Des négociations groupées : à envisager

L’Europe pourrait aussi penser à faire davantage bloc dans la négociation des contrats extérieurs. Si le contrat australien avait associé des Allemands, la réaction Outre-Rhin serait un peu plus ‘dynamique’. C’est très compliqué. Il ne faut pas se le cacher. Mais tant que les Européens ne feront pas bloc pour faire des offres communes à certains pays, ils seront exposés à ces revers de bâtons, de la part de concurrents… ou d’alliés.

L’attitude vis-à-vis de la Chine : à définir

La discussion entre alliés sur l’attitude à avoir vis-à-vis de la Chine — menée essentiellement au sein de l’Alliance atlantique, pour la définition d’un futur concept stratégique — pourrait être impactée. Soit les Alliés se rangent au désir des Américains (ce qui est en soi le message politique de cet accord). Soit ils maintiennent une voie semi-autonome, comme définie jusqu’ici.

La défense européenne

L’idée de développer l’Europe de la défense sort renforcée, exprime-t-on. Mais saura-t-elle convaincre au-delà de ceux déjà intiment convaincus ? Sortira-t-on du ‘Nous voulons‘ pour passer à ‘Nous faisons‘ ? Le défi est réel. Et le saut géopolitique important. Il faudra plus qu’un évènement de ce type pour franchir le gué.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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La Suède va prendre le commandement de la task-force Takuba

ven, 17/09/2021 - 18:34

(B2) À partir de novembre 2021, c’est la Suède qui va assurer le commandement de l’opération des unités spéciales mises en place au Mali à l’initiative de la France et avec les Européens.

(MOD France / EMA)

« Nous pouvons confirmer que nous avons accepté de fournir le poste de direction de la Force opérationnelle Takuba au Mali » indique un communiqué de la défense suédoise.

C’est « un exemple clair de la bonne coopération franco-suédoise dans l’opération en cours et de la confiance que notre personnel a bâtie pendant le temps que nous avons travaillé ensemble au Mali », souligne le général de brigade Anders Löfberg, chef du commandement des forces spéciales.

NB : les Suédois sont arrivés dans la task-force depuis février 2021 avec l’apport (précieux) d’une force d’intervention rapide et d’hélicoptères. Avec cette prise de fonction, les Français parachèvent ce qu’ils avaient commencé en européanisant Takuba.

(NGV – AF st.)

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Évacuation de Kaboul. Premier bilan de Apagan. Un exercice de haute voltige

jeu, 16/09/2021 - 08:51

(B2) Le couple A400M-A330, la base militaire aux Émirats, la coopération avec les alliés ont été des éléments-clés dans l’évacuation de Kaboul. Un peu précipitée, faute de prévisions…

Un avion A330 évacué vers Paris les évacués de Kaboul (Crédit : DICOD / EMA)

La ministre des Armées est venue devant la commission défense de l’Assemblée nationale mardi (14 septembre) tirer le bilan d’Apagan.

Trois éléments clés de la réussite de l’opération d’évacuation

Le couple A400M – A330MRTT à la manœuvre

« Réalisée dans des conditions complexes, cette opération est une réussite », s’exclame tout de suite la ministre des Armées, Florence Parly, commentant l’opération d’évacuation de Kaboul. Un succès qui repose « sur les performances du couple A400M – A330MRTT et de leurs équipements ». Ces deux avions ont permis « d’agir plus vite et plus loin, avec des capacités de navigation et de transport permettant de tenir leur place dans un contexte sécuritaire dégradé et des conditions de vols difficile ».

La base 104 : un point d’appui essentiel

Autre condition de cette réussite : « le point d’appui aux Émirats arabes unis » qui a « confirmé toute sa pertinence ». Ce « positionnement stratégique » constitue « un gage de notre crédibilité opérationnelle ». La base aérienne 104 d’Al Dhafra (aux Émirats arabes unis) a permis d’établir un double pont aérien : « Le premier entre Kaboul et Abu Dhabi grâce aux A400M et C130 qui ont fait 26 ponts tactiques, le deuxième entre Abu Dhabi et Paris grâce à 16 vols stratégiques de A330MRTT ». (Lire : Première opération d’évacuation d’envergure pour les A400M de toutes nationalités)

Le choix de la boucle sécuritaire américaine

« La coordination aérienne et la coopération avec les US ont permis de mener à bien l’évacuation », souligne la ministre. L’accès à l’aéroport a été assuré grâce au soutien « crucial » des « alliés » britanniques, chargés « de la sécurisation de l’un des accès ». Dès les premiers jours, le choix a été fait de se placer dans la « boucle sécuritaire » des États-Unis, encore présents. La « solidarité européenne » a joué, permettant l’exfiltration des membres de la délégation de l’UE ainsi que l’évacuation de citoyens européens.

Un manque de prévision patent, entre Alliés

La vitesse de la conquête de Kaboul mal anticipée !

Quant à pouvoir prévoir la chute de Kaboul, la ministre le reconnait, humblement : « On ne peut pas dire qu’on savait ce qui allait se passer. » Ce qui était connu, « ce sont les échéances fixées par la négociation qui avait eu lieu entre les US et les Taliban à Doha. Nous connaissions cette date du 31 août comme la date du désengagement US. » La chose « que personne n’avait anticipée, c’est la vitesse avec laquelle les Taliban allaient reprendre le contrôle de la totalité du pays ». Au contraire !

Le temps a manqué aux Alliés

« Lorsque les Américains et tous ceux qui étaient présents en Afghanistan ont pris connaissance de ce calendrier, ils ont imaginé qu’il y aurait du temps pour conduire ces opérations d’évacuation. »

(Agnès Faure, st.)

Un exercice de haute voltige : le Retex des armées sur Apagnan 1. Les Raid Air Evac ont été « des exercices de haute voltige » mais le défi « a été bien relevé » souligne le colonel Pascal Ianni, le porte-parole d'état-major des armées. La vitesse de mise en place et de coordination a été « un élément clé ». 2. « La réactivité des armées ». « On s'est rendu compte que notre dispositif d'alerte fonctionne ». 3. L'opération a permis de tester la « robustesse des capacités notamment des A400M et C130 », de vérifier qu'il existe une « allonge suffisante pour chercher du monde ». 4. L'interopérabilité avec les Alliés. « On s'entraîne avec eux, on est déployés avec eux. Toute cette interopérabilité qu’on a créé et nourri au cours des années a montré toute sa pertinence dans les situations d'urgence ». 5. La « plus value opérationnelle du dispositif de forces prépositionnés » (les FFEAU) donne « un avantage en cas d'imprévu et d'urgence ». Éprouvé à de nombreuses reprises en Afrique, il est un élément « très particulier et significatif pour la France par rapport autres pays européens ». 6. « La connaissance intime de la région des FFEAU a permis que cette manœuvre complexe et inédite se fasse dans les meilleures conditions possibles ». NB : le porte-parole des armées s'exprimait lors d'un point de presse le 31 août auquel a participé B2.

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Le chef d’EIGS tué par les forces françaises

jeu, 16/09/2021 - 08:22

(B2) Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste État islamique au Grand Sahara [EIGS] a été neutralisé par les forces françaises, a annoncé le président français Emmanuel Macron, jeudi (16 septembre). « Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel » a-t-il ajouté.

Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste État islamique au Grand Sahara a été neutralisé par les forces françaises. Il s’agit d’un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 15, 2021

(NGV)

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Défense. L’Europe a des capacités. Encore faut-il vouloir et être capable de les utiliser

mer, 15/09/2021 - 15:15

(B2) Le sempiternel débat sur la défense européenne est à nouveau relancé. Mais il faut se poser les bonnes questions… et les résoudre

Pour intervenir efficacement, encore faut-il le savoir, le vouloir, et le décider (MOD Ukraine)

L’Europe a des capacités, mais ne les utilise pas

Aujourd’hui, l’Europe ne manque pas de capacités au niveau militaire. Elle en regorge, même. Sur le papier, les 27 États membres alignent pas moins de 1,4 million de soldats, disposent de centaines d’avions de chasse et de navires, de milliers de chars et véhicules blindés, et ont des bases prépositionnées ou un équivalent dans plusieurs points du monde (Asie, Pacifique, Moyen-Orient, Amérique latine). Pourtant l’Europe n’arrive que péniblement à réagir aux crises, à aligner quelques milliers d’hommes pour aller assurer la sécurité dans son voisinage, ou tout simplement venir en aide à des citoyens européens en danger.

Tirer les leçons du terrain

L’exemple de l’Afghanistan est patent. Malgré une présence aérienne en nombre et l’envoi de forces spéciales, les Européens ont été incapables de se coordonner et planifier un déploiement commun. C’est l’impulsion américaine qui a été décisive, pas l’européenne (lire : Premières leçons de la ‘crise de Kaboul’). L’impression finale était celle d’un joyeux bazar, qui a été au final un succès… mais aurait pu virer au désastre.

Ne pas s’enferrer dans une voie condamnée

L’échec des battlegroups — cette force de réaction rapide européenne — est patent. On n’est pas sur un problème conjoncturel, mais bien structurel. Ce dispositif où quelques pays sont ‘de garde’, pour intervenir dans le monde entier, sur toute sorte de crise, ne peut pas fonctionner. On a tenté à plusieurs reprises de les faire partir. À chaque fois, la réponse a été ‘Non’.

Des dispositifs science fiction

La raison est structurelle : Ce sont les 27 qui décident, à l’unanimité de l’engagement. Mais seuls quelques pays, ceux d’astreinte, supportent tout le coût humain, politique et financier de l’engagement. Il faut un formidable alignement des planètes pour avoir à la fois une volonté politique commune d’agir, dans un délai d’action rapide, sur un terrain où les pays d’astreinte sont prêts et formés à intervenir, et sans aucun obstacle (politique, financier ou technique) qui vienne s’interposer (lire : Revoir le concept des battlegroups : une nécessité).

Trois outils à mettre en place pour réagir

Trois éléments font aujourd’hui défaut à l’Europe de la défense :

1. une capacité d’anticipation, donc un partage du renseignement, efficace, qui parte du terrain et remonte au niveau politique, avec une analyse commune, permanente, qui provoque une décision politique. Cela suppose une révolution des mécanismes et des esprits.

2. une capacité de commandement politico-stratégique. Elle suppose non pas une révolution, mais une utilisation intelligente des dispositifs existants. Ce n’est pas vraiment un grand quartier général militaire qui manque à l’Europe, c’est un dispositif politique de décision dans l’urgence. Le dispositif européen est aujourd’hui conçu sur une mécanique de consensus politique, d’engagement financier et d’actions, qui se décompte en quelques semaines ou quelques mois (voire années). Trop long, là où il faut réagir en 24 ou 48 heures.

3. une capacité d’intervention, taillée sur mesure, à la hauteur des objectifs que peuvent atteindre les Européens. Inutile de prévoir une force d’entrée en premier, de 5000 hommes, si l’on n’est pas capable de réagir rapidement dans un théâtre extérieur et dangereux (où des vies seront sans doute perdues). Autant prévoir une capacité réaliste, modulaire, capable d’intervenir.

  • Par exemple pour aller à la rescousse de milliers d’Européens coincés dans le monde du fait d’une crise sanitaire, naturelle, technologique ou d’un conflit. C’est tout à fait possible : 200 à 500 forces spéciales, quelques dizaines d’avions, un centre de coordination aérien… Tout cela existe. Il suffit de les mettre ensemble dans un dispositif.
  • Idem pour les terrains d’intervention : un groupe ‘désert’, un groupe ‘urbain’, un groupe ‘hiver’, un groupe ‘médical’ peuvent être constitués assez facilement et seraient davantage déployables qu’un groupe multirisques.
  • Et il y a des conflits, où les Européens ne pourront pas / ne voudront pas intervenir (type Syrie 2011, Ukraine 2014…). Il vaut mieux le prévoir d’emblée.

Une opportunité politique

L’Europe de la défense a aujourd’hui une porte ouverte formidable. L’Alliance atlantique terrassée par la défaite de l’Afghanistan va devoir remettre en question sa doctrine expéditionnaire de stabilisation. Il y a fort à parier qu’elle se recentrera, au moins dans l’immédiat, sur sa vocation première : la défense du territoire européen face aux menaces venues de l’Est (Russie mais aussi Chine), tant traditionnelles que d’un genre nouveau (cyber, etc.). Les USA de Joe Biden mettent en vigueur un tournant déjà amorcé par Obama et Trump : en finir avec les interventions militaires extérieures non justifiées par la stricte sécurité nationale, et faire face à la compétition politique, militaire et économique venue d’Asie (Chine et autres).

Les Européens voudront-ils la saisir ?

Dans son voisinage proche, et même légèrement au-delà, l’Europe est donc seule à bord et maîtresse de son destin. Voudra-t-elle assumer cette charge, et comment ? C’est tout l’enjeu de la réflexion entamée aujourd’hui par la présidente de la Commission européenne dans son discours sur l’Etat de l’union (lire : Défense. L’Europe doit pouvoir agir seule ! Les six propositions (audacieuses) de von der Leyen, et par les États membres dans la ‘boussole stratégique’ (sorte de futur livre blanc sur la défense européenne). Travail qui pourrait déboucher (si tout va bien) sous présidence française dans un sommet spécial Défense, à Toulouse. Pour réussir cet exercice devra cependant en terminer avec le bla-bla, les bonnes intentions sans lendemain, les outils mort-nés, regarder la réalité en face et se retrousser les manches.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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L’armée slovène passe à l’électrique pour entraîner ses pilotes

mer, 15/09/2021 - 10:01

(B2) Septembre sonne l’heure de la rentrée. À l’école des aviateurs de l’armée slovène, les élèves ne sont pas les seuls à être attendus avec impatience… quelques nouveaux équipements un peu particulier sont également sur le chemin

Un Virus 121SW prend son envol (Forces armées slovène)

Nous sommes reçus par des aviateurs. Habillés de combinaisons vert kaki, la ressemblance avec des acteurs de Top Gun est frappante. Ce n’est pas sans raison : nous sommes à la 15th Wing — base de l’aviation militaire slovène et son école — basée à Cerklje ob Krki, à quelques kilomètres à peine de la frontière avec la Croatie. 

La base aérienne militaire slovène

C’est ici que sont formés des pilotes, depuis les années 1990. Mais depuis le 1er septembre, de nouveaux arrivants ont fait leur apparition dans la 15th Wing. Et ils sont particulièrement surprenants. Il y aura des avions électriques — ils seront testés avant d’être inclus dans les formations — et un simulateur de vol — utilisé pour les formations des cadets. L’excitation des formateurs, comme des élèves est particulièrement palpable. L’accord signé avec l’entreprise slovène Pipistrel il y a plusieurs mois est entré en vigueur juste à temps pour la rentrée des classes.

L’avion électrique

La star du show, c’est Velis Electro, un avion qui fonctionne uniquement à l’électrique. Il est proche du « zéro émission » et est peu bruyant, se félicitent les Slovènes. Une aubaine, alors que l’école d’aviation se situe tout près d’un village. Surtout, il est « certifié » par l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne — c’est-à-dire autorisé à voler : une première.

Velis Electro arrivera le 22 septembre prochain sur le terrain de Cerklje ob Krki. Dès ce moment là, dans toutes les formations, Velis Electro jouera un rôle modeste mais significatif, notamment pour montrer le niveau de technologie et le respect de l’environnement. Il sera utilisé dans différentes étapes de la formation des pilotes. Pas fait pour faire de la voltige, il servira plutôt pour les courts trajets dans les airs et apprendre à décoller/atterrir.

Rechargement express

En effet, le souci de l’avion électrique, c’est bien son autonomie. Elle n’est pas aussi longue qu’un avion ordinaire. Les Velis Electro (à l’électrique), disposent d’à peine une heure. Pour comparaison, les Virus 121SW (au carburant) de Pipistrel ont une autonomie de vol de 5 heures 30. La recharge des Velis Electro peut aller « vite » — deux à trois heures grâce à des chargeurs spéciaux — ou moins vite — toute une nuit lorsque l’appareil est rechargé sur une prise de courant classique. Il faut donc un minimum d’organisation, et disposer de plusieurs batteries rechargées en stock.

Un avion Velis Electro en vol (Pipistrel)

Impressions positives

Les différents utilisateurs rencontrés par B2 ont fait état de leur impression très positive. Pour un pilote expérimenté, piloter un avion électrique est d’ailleurs plus aisé qu’un avion à propulsion classique, car il est notamment plus facile de contrôler sa puissance. Seul soucis qu’il partage avec nous : la petite réserve d’énergie présente dans un avion électrique, et sa moindre puissance comparée à un avion à carburant.

Autres petits nouveaux

Une semaine avant l’arrivée d’un Velis Electro, c’est un Virus 121SW qui prendra ses aises dans les quartiers de la 15th Wing, dès mercredi 15 septembre pour la période de test. Lui fonctionne au carburant. Son empreinte carbone est basse et son ratio performance/coûts semble avoir déjà gagné le cœur de ses clients. 

Deux pilotes ont commencé leur formation sur le type Virus 121 et sont désormais certifiés. L’un est instructeur pour la formation d’instructeurs et l’autre est candidat pour devenir instructeur. La formation a eu lieu à la mi-août avec un Virus 121 présent pour l’occasion.

Ensuite, il sera temps de tester la version UAV (drone) du Virus 121 avec des équipements de surveillance. Puis, arrivera le Panthera hybride à l’empreinte carbonne basse, destiné lui aux formations avancées (advanced trainer). Il s’agit d’une mise à niveau logique, après les Virus. Cela devrait être possible au milieu de l’année prochaine.

Un élève s’exerce sur le simulateur de vol (AP/B2)

L’électrique aussi dans le simulateur de vol

Les avions ne sont pas la seule innovation à faire leur apparition dans l’école. Dans une petite salle à l’air de rien, trône la nouveauté : une boîte, à l’apparence d’un cockpit d’avion. A côté, un écran, sur lequel on voit l’avion décoller, faire un looping, se balader, et atterrir. Le tout, du point de vue du pilote.

Comme dans un jeu

En fait, l’image à l’écran est la même que celle que le pilote voit dans son casque de réalité virtuelle (VR). C’est comme dans un jeu : l’élève s’installe dans le faux-vrai cockpit, met le casque sur les yeux… et sans quitter la terre ferme, apprend à maîtriser un avion. B2 a essayé pour vous… le résultat et les sensations sont plus que réels, au point d’oublier que l’on est bien sur la terre ferme. Le simulateur de vol est en appui des avions : il permet de tester avant de se lancer dans les airs.

L’outil simulateur enthousiasme

L’école a utilisé pour la première fois ce simulateur dans son processus de sélection des élèves, après la théorie et avant la phase de vol. Et le résultat est sans appel : « la phase de vol a débuté à un niveau visiblement plus élevé qu’avant l’utilisation du simulateur — le simulateur est donc très utile. Nous allons tester très soigneusement dans quelles phases nous pourrions inclure le simulateur dans la formation au vol. Nous prévoyons de commencer toute la formation au vol avec la phase du simulateur à l’avenir et nous espérons que les premiers candidats commenceront avant la fin de cette année », se félicite le lieutenant-colonel Tomaž Oblak, officier supérieur d’état-major.

Pendant que B2 s’exerce sur le simulateur, les aviateurs expérimentés nous guident : les images du casque de virtualité virtuelle sont retransmises sur une télé.

Un effet verdissement 

Pour la défense slovène, l’achat de ces technologies a une raison en particulier : le « vert ». Utiliser des batteries électriques plutôt que du pétrole, ou s’entraîner dans des simulateurs plutôt que d’utiliser des avions, est ce qui leur permet, selon eux, de réduire leur empreinte carbone et contribuer à la défense de l’environnement. C’est une des priorités du ministère de la Défense, notamment dans le cadre de la présidence slovène de l’Union européenne (lire : Notre interview avec Matej Tonin, ministre slovène de la Défense).

(Aurélie Pugnet)

La Slovénie arrive la première sur l'électrique. Avec l'arrivée des avions dès la semaine prochaine, la Slovénie « a bien l'ambition d'être la première armée de l'air à effectuer une partie de la formation au vol avec un groupe motopropulseur entièrement électrique », se réjouit le lieutenant-colonel Tomaž Oblak, officier supérieur d'état-major. Le Danemark s'est aussi équipé auprès de Pipistrel, et les appareils « doivent arriver à l'automne 2021 », « pour un test de concept, qui aidera à déterminer si la technologie peut être utilisée de manière opérationnelle dans l'armée de l'air », annonçait le ministère de la Défense danois en juin dernier. Côté français, le général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace en mai 2021, a volé à bord d’un avion biplace à moteur électrique, l’Alpha Electro.

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