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B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages
Mis à jour : il y a 1 semaine 6 jours

La France aux commandes de la force de réaction rapide de l’OTAN

mer, 29/12/2021 - 19:15

(B2) La France prend, samedi prochain, 1er janvier 2022, le commandement de la VJTF, la force militaire de l’OTAN de réaction rapide. Ce pour une durée d’un an.

Formation aux appuis feux tactiques interarmées (Photo : Brigade Franco-Allemande)

Une force un peu plus rapide que la NRF

La création de cette force est récente. La VJTF, pour Very High Readiness Joint Task Force (ou force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation), a été décidée lors du sommet de l’Alliance de Pays de Galles en septembre 2014. Il s’agit de doter les forces euro-atlantiques d’un outil plus efficace et adapté après l’intervention russe contre l’Ukraine. Elle est forte de quelques milliers d’hommes, pouvant être déployés en quelques jours (1).

Autour de la brigade franco-allemande

La VJTF française sera constituée autour de la brigade franco-allemande, qui formera le noyau de la force, en particulier, le 1er régiment d’infanterie et le 3e régiment de hussards (Rh). D’autres pays (Espagne, Portugal et Pologne) doivent également fournir des forces. Elle sera dirigée par le quartier général du corps de réaction rapide français (CRR-Fr), basé à Lille.

Des Alliés déterminés à se défendre

La feuille de route de cette VJTF est claire : pouvoir « défendre n’importe quel Allié » comme l’a défini le secrétaire général de l’OTAN : « À une époque de défis sécuritaires sans précédent, il ne doit y avoir aucun malentendu sur la détermination de l’OTAN : nous sommes solidaires pour défendre et protéger tous les Alliés ».

Entre Turquie et Allemagne

La France succède à la Turquie, qui a dirigé la force en 2021. L’Allemagne prendra le relais en 2023. Le JFC (commandement des forces interarmées de l’OTAN) de Brunssum (Pays-Bas) assurant le commandement de l’ensemble de la force de réaction de l’OTAN.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Le concept de la NRF, la force de réaction de l’OTAN, avait quelque peu vieilli et imposait un changement. Trop lourd (jusqu’à 40.000 hommes), trop lent, cette force n’était plus vraiment adaptée aux enjeux de rapidité.

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Joyeux Noël à tous et bonne année

ven, 24/12/2021 - 11:53

(Photo : UK Royal Navy – Archives B2)

B2 est au ralenti durant les fêtes de fin d’année. Retour à la normale mardi 4 janvier.

Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année à tous !

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L’engagement allemand dans EUTM réexaminé. Les Russes privés de shopping sur les Champs–Élysées s’ils agressent l’Ukraine

jeu, 23/12/2021 - 15:45

(B2) Frapper les Russes au portefeuille. Étudier toutes les possibilités notamment européennes pour le remplacement des Tornado porteurs de l’arme nucléaire. Revoir les modalités de formation des forces armées maliennes. Christine Lambrecht, la nouvelle ministre de la Défense allemande imprime clairement une marque ferme et européenne à son mandat.

La ministre de la Défense Christine Lambrecht en visite au bataillon logistique n°172 (crédit : Bundeswehr)

L’interview parue dans le quotidien allemand Bild il y a quelques jours est intéressante pas seulement sur le point de la mission au Mali, mais aussi sur les opérations en général, la situation en Ukraine et les relations avec la Russie, le remplacement des Tornado, porteurs de l’arme nucléaire, par des avions européens…

Le contrôle parlementaire n’est pas là pour la gloire

La Bundeswehr est une « armée parlementaire, ce qui signifie que chaque déploiement y est discuté et décidé », insiste Christine Lambrecht. Celle qui a été membre du Bundestag durant 23 ans veut renforcer le rôle du Parlement. « Je veux qu’au Parlement, on reparle davantage des mandats et que l’on revoie constamment le but des opérations, car les députés envoient des soldats travailler et sont donc responsables d’eux. »

Revoir le lieu de formation des FAMa au Mali

Sur la mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM Mali), la question de la formation ne se pose pas, mais celle du lieu de la formation, oui. « Nous devons vérifier si l’entraînement des soldats maliens est aussi bien, voire mieux, possible dans un autre endroit, plus sûr pour nos soldats. La sécurité de nos soldats est ma première priorité », indique la ministre allemande de la Défense.

  • NB : la formation a lieu aujourd’hui essentiellement à Koulikoro, qui était jusqu’à présent relativement épargné. Et l’idée est d’avoir des points de formation à Sévaré également (un projet soutenu par les Allemands). Cela signifierait notamment délocaliser la formation ailleurs. Au Niger par exemple ?

Les Russes sont les agresseurs en Ukraine et toutes les options doivent être étudiées

Sur la situation aux frontières de l’Ukraine, la ministre ne fait pas dans la dentelle : « Clairement : l’agresseur est la Russie ». Et « nous devons faire tout notre possible pour arrêter une escalade sévérité notable ». C’est-à-dire notamment « des sanctions sévères ». Elle ne se prononce pas expressément sur le maintien du gazoduc Nord Stream 2 (NB : un sujet de dissension au sein de la coalition : les Verts étant en faveur de son abandon). Mais intrinsèquement cela fait partie des options : « Nous devons utiliser l’ensemble des instruments dont nous disposons. »

S’ils agressent l’Ukraine, ils seront privés de shopping sur les Champs Élysées !

Plus directement, elle parle de « cibler Poutine et ceux qui l’entourent ».

  • NB : une des options qui figurent au niveau européen : avec gel des avoirs et interdiction d’entrée dans l’Union européenne pour les oligarques et autres proches du président russe.

« Les responsables de l’agression doivent ressentir des conséquences personnelles, par exemple qu’ils ne peuvent plus se rendre sur les Champs Élysées de Paris pour faire leurs courses. »

Pour remplacer les Tornado, étudions d’abord les options européennes

La ministre n’élude pas la question sur le remplacement des Tornado vieillissants. Les seuls avions capables de porter l’arme nucléaire de l’Alliance. Un point que l’Allemagne a soutenu jusqu’ici avec constance. Mais plutôt que le F-18 (choix possible de la précédente coalition) ou le F-35 (poussé par les Américains et certains milieux militaires Outre-Rhin) — les deux appareils cités par le journaliste — sa préférence va clairement vers l’avion actuel des forces allemandes : l’Eurofighter. « Nous devons clarifier si et à quelle vitesse les États-Unis le certifieraient pour les armes nucléaires. » Et sinon, il faut aussi voir les autres solutions européennes. « Nous ferions bien d’examiner également avec rigueur une solution européenne. »

  • NB : elle ne précise pas l’appareil concerné. Mais ce pourrait bien être… le Rafale français.

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Aurélie Pugnet)

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La task-force Takuba prend de l’épaisseur lentement. Un à un les pays européens rejoignent la coalition anti-terroriste (v2)

jeu, 16/12/2021 - 15:09

(B2) La task force Takuba se développe. De nouveaux pays vont intégrer le dispositif en 2022. Ils renforceront les moyens militaires déjà présents au Sahel.

(photo : EMA / DICOD)

Une lente adhésion européenne

Même si à l’état-major français on adore les chiffres de progression fantastiques, 6 pays en avril 2021, 8 deux mois plus tard et 10 en décembre 2021, voire 13 en 2022, on doit aborder cette réalité de manière un peu moins romantique.

Petit décompte

Dans les six d’avril, il faut en fait retirer la France (!) et la Belgique (deux ou trois officiers à l’état-major ne font pas un engagement). Et les deux supplémentaires de juin (Pays-Bas, Portugal) sont aussi à l’état-major. On est donc toujours à quatre pays engagés sur le terrain ! Mais la Hongrie et le Danemark ont promis d’arriver bientôt : plutôt 2022 que 2021 pour les Hongrois comme pour le Danois ! Cela fera six.

Des Lituaniens et des Roumains bientôt

Deux autres pays sont dans les startings blocks. La Roumanie a déjà donné son accord politique il y a quelques mois. La Lituanie vient tout juste de terminer son processus de validation politique. La Diète a validé le texte sur les opérations 2022-2023. Le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielus Landsbergis l’a confirmé jeudi (16 décembre) en soirée. Il autorise l’engagement jusqu’à 30 soldats, durant trois mois, et un avion de transport (basé au Niger).

D’autres arrivées à venir

Les discussions continuent toujours avec la Grèce (qui avait déjà promis en son temps, mais tarde à concrétiser), la Pologne (ce qui serait nouveau) et la Slovaquie (idem). Un sujet évoqué par la ministre française avec son homologue slovaque Jaroslav Naď lors de sa visite à Paris. Et inclus dans la conversation bilatérale qu’ont eu le président Emmanuel Macron et le premier ministre slovaque Eduard Heger, en marge de la rencontre des Visegrad à Budapest ; ce n’était pas tout à fait fortuit, selon nous. À l’EMA, on préfère donc rester prudent, échaudé par quelques annonces fracassantes, qui ont parfois mis beaucoup de temps à se concrétiser ou des remaniements gouvernementaux qui ont obligé à revoir les beaux plans bâtis avec labeur. « Tant qu’ils ne sont pas engagés concrètement… »

Les yeux de Chimène de Paris vers l’Outre-Manche

Quant aux Britanniques, Paris continue d’espérer. Londres a déployé des militaires chargés du renseignement (le Long-Range Reconnaissance Task Group) sous le drapeau des casques bleus de la MINUSMA et fournit aussi des hélicoptères Chinook aux deux opérations (Barkhane et Minusma). Leur engagement au sein de Takuba pourrait être « une option » susurre-t-on à Paris.

Un démarrage en mode diesel

Mais c’est un fait. Après un démarrage poussif — un diplomate d’un pays européen engagé parlait d’un retard d’environ un an sur le programme — la liste des pays engagés s’allonge lentement, mais sûrement. L’état-major des armées peut donc se réjouir. « Il y a un véritable phénomène d’entraînement des partenaires européens, qui y voient quelque chose d’intéressant et de novateur. »

L’européanisation de la mission

Et avec un commandement assuré sur place par un général suédois, la ministre des Armées Florence Parly peut à juste titre parler d’une « européanisation » de l’action militaire au Sahel. Un point fondamental pour la Rue Saint-Dominique, siège du ministère français des Armées. Car « dans la perspective de l’évolution du dispositif militaire au Sahel, Takuba doit jouer un rôle croissant et nous permettre de fournir de plus en plus un soutien crédible aux Maliens ».

Gros point d’interrogation à l’horizon fin 2022 – 2023

Reste à espérer que tous ceux qui sont engagés aujourd’hui resteront jusqu’au bout de l’année 2022. Et là, c’est un point d’interrogation. Il y a un fait : les Suédois pourraient plier en grande partie bagage à la fin du premier trimestre 2022 (sauf prolongation décidée ultérieurement). Et l’arrivée d’Allemands ou d’Espagnols semble toujours improbable. Quant à la situation dans le pays, elle reste très instable : la possible arrivée des privés russes de Wagner au Mali, comme un troisième coup d’État militaire, pourrait changer la donne. L’option travaillée très sérieusement à Paris comme dans les pays participants à Takuba est donc de déplacer le nœud névralgique des opérations plutôt vers le Niger. Pays plus acceptable pour nombre de pays…

(Helen Chachaty & Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Même si la task force reste sous le commandement d’opération de la force Barkhane (donc sous autorité française).
  2. Le Niger serait un pays plus acceptable politiquement parlant. Le Mali étant un pays en guerre, y intervenir pourrait poser des problèmes de politique interne pour certains États membres.

Lire aussi :

Papier mis à jour le 16.12 19h30 sur la validation par la Diète lituanienne

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Catégories: Défense

Ukraine ou Biélorussie, entre Europe et Russie. La bataille violette est déclenchée

jeu, 16/12/2021 - 13:10

(B2) C’est une bataille sournoise qui se déroule aux confins orientaux de l’Union européenne. Entre Bruxelles et Moscou, « l’Ouest » et « le nouvel Est », se déroule une bagarre qu’on peut qualifier de violette. Ni rouge, comme la guerre, ni bleue, couleur de la guerre froide. Plutôt un entre les deux subtil.

Véhicules Buk russes équipés de missiles aériens en manœuvre (Archives B2 – Photo : armée russe)

Dans la ligne de mire du Kremlin

L’Union européenne ennemi à abattre, l’OTAN adversaire de cœur

Dans la ligne de mire du Kremlin, malgré les mots, ce n’est pas tant l’Alliance atlantique qui est l’ennemi. Celle-ci fait plutôt figure d’adversaire utile, mais pas trop menaçant. La vraie menace, c’est l’Union européenne. Elle et sa volonté, douce, de raccrocher les six pays du pourtour russe (Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan) à sa sphère démocratique libérale et de libre échange. Une Union européenne, avec un air malicieux, que Moscou exècre et redoute. Car elle opère, malgré tout, une sacré force de séduction.

Le Partenariat oriental : entre Europe et Russie ?

Cette stratégie européenne avec les pays du Partenariat entend être une sorte de sas, quasi-permanent, entre l’adhésion à l’Union européenne et l’état de pays tiers. Il s’agit d’arrimer le plus solidement possible ces pays au marché européen en leur donnant différents avantages (commerciaux, économiques, visas, etc.), sans leur accorder le sacro-saint statut de membre à part entière de l’Union européenne.

Un passage en douceur à un monde libéral

Une sorte de passage en douceur du marché soviétique, à un marché libéral régulé plus européen. Une sorte de partenariat qui fonctionne, au regard des chiffres du commerce extérieur de l’Ukraine par exemple. La part de marché de l’ensemble des pays de l’Union en Ukraine a progressé de cinq points, entre la révolution de Maidan et aujourd’hui : de 35% de 2013 à plus de 40% en 2020, selon le Trésor Français.

La hantise de Moscou

Pour la Russie, c’est ce qu’il faut éviter à tout prix, qu’un pays bascule totalement côté européen, se voir éjectée des marchés et du commerce, ramener ses entreprises à une influence infime et son poids politique se réduire peu à peu. Un vrai cauchemar. Car il ouvrirait aussi la porte à une adhésion de ces pays à l’Alliance atlantique. Et pour éviter cela, tous les moyens sont bons.

Les différentes techniques russes d’entretien de la tension

Pour maintenir constante la pression sur ces territoires qu’elle entend bien à un moment, sinon reconquérir, du moins neutraliser, la Russie utilise toute une palette d’outils stratégiques et politiques, de façon concurrente ou successive.

La technique du territoire rebelle

En Moldavie (avec la Transnistrie), en Géorgie (Abkhazie, Ossétie du Sud), en Ukraine (Crimée, Est de l’Ukraine), des parties notables des territoires ont été arrachées à l’autorité de ces pays, pour passer dans une autonomie sous orbite russe, voire carrément intégrées dans le territoire russe. Le cas extrême étant la Crimée, envahie en 2014 et aujourd’hui entièrement intégrée à la Russie. Question stratégique oblige, ces territoires procurent un avantage très net à Moscou. Au niveau militaire, ils lui permettent de stationner des troupes et d’attiser des tensions. Au point de vue politique, ils empêchent l’adhésion à l’OTAN : un pays devant assurer le contrôle intégral de son territoire pour adhérer à l’alliance atlantique.

Des forces de maintien de la paix

Dans plusieurs territoires, la Russie a obtenu de pouvoir stationner des troupes militaires, sous couvert de forces de maintien de la paix. En Arménie, la présence russe a été renforcée par la dernière défaite face à l’Azerbaïdjan au Haut Karabagh. Et en Azerbaïdjan, à la faveur de ce conflit, les troupes russes assurent le maintien de la paix. Idem sur le territoire moldave de Transnistrie arraché à la Moldavie.

La technique des accords militaires

Voire, la Russie a passé plusieurs accords militaires : avec l’Arménie, avec l’Abkhazie (province autonome de Géorgie). Quant à la Biélorussie, qui avait réussi jusqu’à présent à tenir une position assez indépendante, le maintien de Loukashenko au pouvoir et la politique européenne l’obligent à se rapprocher de la Russie, Moscou espérant à terme une union plus étroite, voire une fusion-absorption.

L’incursion politique et médiatique

Dans plusieurs de ces pays, Moscou soutient directement ou indirectement des forces politiques qui lui sont plus favorables. Au besoin, il s’ingère dans les campagnes électorales nationales par la diffusion de fausses informations relayées par les médias classiques ou sur les réseaux sociaux. La bonne vieille propagande a été modernisée sous forme de fake news, de trolls etc. Les médias russophones qui bénéficient d’un fort soutien financier sont souvent plus modernes, plus populaires que les médias locaux.

Le durcissement du régime

Pour imposer sa politique, c’est une phase ultime possible : le passage d’un régime démocratique à un régime plus autoritaire, avec chasse aux opposants politiques et privation des libertés. C’est le modèle qui s’est imposé en Biélorussie, avec l’aide des services russes de force. Au besoin en poussant la provocation aussi loin que possible (tel le détournement d’un avion de Ryanair avec à son bord un opposant politique bélarusse) pour éviter toute tentation de retour en arrière. Le décrochage de la Biélorussie du Partenariat oriental est un succès pour Moscou. Sera-t-il durable ?

L’immigration provoquée

C’est la dernière tactique mise en œuvre : Importer des migrants de pays tiers, via charters aériens ou terrestres, en leur facilitant le transit dans le territoire national pour les projeter sur la frontière du voisin occidental. Elle ne date certes pas d’aujourd’hui et de l’action hybride menée par les Biélorusses contre la Pologne et les pays Baltes. Elle a été utilisée auparavant par les Russes pour faire pression sur la Finlande, en amenant par voie de bus des migrants, dans le Grand Nord.

Des conflits gelés qui peuvent se rouvrir

Les conflits sont dit ‘gelés’ pour l’instant en Moldavie, Géorgie et en Crimée. Mais le conflit reste ouvert dans l’Est de l’Ukraine et l’expérience du Haut Karabagh à l’automne 2020 montre qu’un conflit dit gelé peut se réchauffer rapidement et se transformer en guerre. En particulier, notons que depuis l’intervention en Géorgie en 2008, quand un conflit se calme d’un côté, il se ravive de l’autre. Et, même gelés, les tensions permettent d’alimenter une certaine fièvre.

La stratégie de l’allumage des signaux

De ces différentes présences, qui ont chacune une dynamique propre, Moscou joue pour assurer une tension permanente. Tension alternative, parfois basse, parfois haute, qui permet de maintenir sous pression l’ensemble de la zone et oblige l’adversaire à exercer une vigilance continue et s’adapter en permanence. Elle place les alliés de l’OTAN dans un dangereux numéro d’équilibriste : ils doivent maintenir une présence, mais pas trop au risque d’apparaitre comme le fauteur de troubles. Ils doivent rassurer les pays de la zone, mais ne pas s’engager trop… car ils n’ont ni la volonté ni les moyens. Aucun allié de l’Atlantique n’a envie de mourir pour le Donbass ou l’Abkhazie. La réalité est connue. Une sorte de guerre d’usure de l’adversaire sur plusieurs années ou dizaines d’années est ainsi bel et bien entamée entre l’Occident, Europe et USA, et la Russie.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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EUTM RCA suspend ses activités, elle ne s’arrête pas. Enfin un peu quand même !

mer, 15/12/2021 - 21:34

(B2) Interrogé par B2, le service diplomatique européen a confirmé à mi-mot la suspension de la mission de l’Union européenne de formation des forces armées centrafricaines. Et surtout sa cause.

(Crédit: EUTM RCA)

Le conseil uniquement

Il ne s’agit pas d’un arrêt de la mission a justifié la porte-parole du Haut représentant, Nabila Massrali. EUTM RCA va arrêter la formation et « temporairement recentrer ses efforts sur le conseil stratégique ». Un conseil dispensé « au ministère de la défense et [à l’état-major] militaire » ainsi qu’aux « écoles militaires des FACA », les forces armées centrafricaines.

La cause : la présence de Wagner

« Les forces armées centrafricaines ont reçu un soutien bilatéral de Wagner ». Des « rapports » l’indiquent. Cette coopération a été « établie sans aucune transparence ». La présence « des mercenaires de Wagner en RCA est un sujet de grave préoccupation pour l’Union européenne, plus particulièrement pour l’EUTM ».

Une mission qui n’est pas engagée sur le terrain de bataille

Or, EUTM est « une mission de formation, pas une mission de combat ». C’est-à-dire qu’elle « n’est pas physiquement sur le champ de bataille et n’est pas engagée sur le champ de bataille aux côtés des FACA ».

Aucune coopération avec Wagner, où que ce soit

Et la porte-parole, d’ajouter « pour être [parfaitement] clair » : « Nous ne coopérons pas avec le Groupe Wagner, où que ce soit ». Il n’est donc ainsi « pas prévu que les FACA reçoivent une formation supplémentaire de la part de l’EUTM pour le moment ou à court terme, il s’agit d’une mesure opérationnelle temporaire ».

Commentaire : un retour six ans en arrière ! Ni vu ni connu

Cette déclaration en forme de démenti est en fait une confirmation des informations publiées hier. (Lire : Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire). Elle représente un sacré revers pour l’Union européenne, condamnée à un aveu d’impuissance, et un sacré retour en arrière à la case départ, du début de la mission sous forme uniquement de conseil stratégique (EUMAM RCA) entre 2015 et 2016.

La réticence à l’engagement en Centrafrique dès le début

Cette mission EUMAM RCA avait suscité à l’époque une forte réticence des Européens pointant le risque de l’inefficacité. La génération de forces de cette mission sera d’ailleurs fort laborieuse. La plupart des États membres rechignant à envoyer du personnel (lire : EUMAM RCA, une génération de force bien laborieuse). Elle ne devra en fait son existence qu’à la France qui fournira un bon tiers des effectifs au final, à une petite dizaine d’États membres, … et surtout aux Géorgiens qui fourniront l’équipe de protection et aux Serbes le soutien médical (lire : La mission EUMAM RCA va être lancée, tous les effectifs arriveront plus tard). Deux points fondamentaux pour le bon déroulement de la mission.

Je persiste et signe

Notre article signé hier n’a pas vraiment plu en haut lieu. Certains contestant le titre ou l’analyse. Je persiste et je signe. Cette décision — que l’on appelle recentrage et suspension (comme le SEAE) ou repli ou arrêt — n’est pas anodine. Elle ne pouvait, selon nous, être prise simplement par une décision du comité politique et de sécurité.

Une défaillance politique et démocratique

Elle aurait dû être prise par les ministres en tant que telle, ou au moins être endossée par eux. Tout comme l’a été la décision sur les sanctions de Wagner (préparée en amont et ‘endossée’ par les ministres, sans débat). Et dans un système démocratique, le Parlement européen aurait dû être dûment et officiellement informé. Quitte à se prononcer dans un avis (purement consultatif), cela paraît assez logique.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire. Russie : 1 point

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La France se désengage de Tombouctou

mer, 15/12/2021 - 07:52

(B2) Les manœuvres de désengagement de la France à Tombouctou sont achevées. C’est la dernière des trois bases, après Kidal et Tessalit, à être transférée aux forces armées partenaires, alors que la menace évolue « vers le sud et vers l’ouest ».

La formation des FAMA, les forces armées maliennes, a été un point clé des dernières années des militaires déployées la base de Tombouctou. Ce qu’on appelle « le partenariat militaire opérationnel » est devenu prioritaire. (photo : DICOD 2020)

Une manœuvre logistique

Le transfert de la base de Tessalit aux forces armées maliennes a représenté « des manœuvres logistiques extrêmement complexes », explique-t-on à l’état-major des armées (EMA). Un désengagement réalisé par voies routière et aérienne, représentant plus 170 conteneurs et une dizaine de rotations d’avions de transport tactique. Le transfert progressif a débuté le 9 décembre, « sans aucune difficulté » assure l’EMA – contrairement aux incidents qui ont émaillé les précédents convois au mois de novembre.

L’évolution du dispositif

La « ré-articulation » de l’opération Barkhane se poursuit. Ce sont environ 400 militaires qui ont été désengagés des bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou. L’EMA indique que Barkhane se ré-organise selon deux axes : 1° la lutte contre les groupes armés terroristes, 2° la montée en puissance des armées partenaires ; et dans trois dimensions : coopération, partenariat de combat, réassurance. Exit donc les « combats directs » contre les groupes armés terroristes et priorité à un « effort dans la durée par la force internationale », la task-force européenne Takuba, dirigée par la France, pour ne pas la nommer.

Place à la coopération internationale

L’état-major des armées le martèle : « la France reste engagée dans la lutte contre les groupes armés terroristes avec les forces armées maliennes, en étroite collaboration avec les alliés européens et américains ». « On attend beaucoup de Barkhane, dont faire disparaître la menace terroriste, mais la force Barkhane ne peut pas faire disparaître seule les racines. » Il est donc nécessaire de déployer « un effort dans la durée » par la force internationale, l’Union européenne « en première ligne ».

(Helen Chachaty)

Lire aussi : La reconfiguration de Barkhane s’engage sur trois axes

Et notre dossier : N°70. L’opération Barkhane pour stabiliser la zone sahélienne

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Catégories: Défense

Face à Wagner en Centrafrique, l’Europe se retire. Russie : 1 point

mar, 14/12/2021 - 23:38

(B2) La situation en Centrafrique est tendue. Et les deux missions que l’Union européenne a dans le pays ont réduit la voilure. La mission de formation EUTM RCA est quasiment à l’arrêt. Et celle chargée du conseil sur la sécurité intérieure (EUAM) pourrait l’être bientôt.

La présence de soldats français et centrafricains côte à côte, pour la formation, c’est peut-être terminé (Photo : EUTM RCA – formation transmissions d’octobre 2021 – archives B2)

La prise de contrôle par les hommes du groupe Wagner sur place est réelle. Et le rapport du service diplomatique européen qui a fuité dernièrement n’est qu’un avatar public de la réalité sur le terrain.

Une prise de contrôle des Wagner

Selon nos éléments, non seulement les Russes reprennent la formation des bataillons centrafricains, une fois ceux-ci formés par les Européens. Mais ils interagissent bien davantage. Ils sont ainsi présents sur le camp Kassai de formation de l’armée centrafricaine où sont présents les Européens. Et ils ont pris le contrôle, intrinsèque, des forces centrafricaines. L’ultimatum lancé par les Européens aux Russes de Wagner de quitter le camp Kassai à Bangui n’a pas eu d’effet.

Des Centrafricains qui n’écoutent plus les conseils européens

Les soldats centrafricains qui, il y a quelques années, étaient tout disposés à recevoir l’enseignement de leurs homologues européens semblent aujourd’hui pour le moins rétifs. L’hypothèse d’une attaque interne n’est plus de la pure théorie. Dernier facteur : le gouvernement centrafricain ne semblerait plus aussi disposé à fournir les effectifs qui doivent être formés aux Européens.

Une fin de mission qui ne dit pas son nom

Les Européens ont donc décidé de se retirer (lire : La présence russe et du groupe Wagner menace l’avenir des missions PSDC (EUTM, EUAM)). Selon nos informations, environ 70 formateurs ont ainsi quitté la mission récemment — ou leur remplacement n’est pas intervenu, ce qui revient au même. Le poste de Bouar, inauguré en grande pompe, serait ainsi abandonné. La mission va se recentrer « uniquement sur le conseil stratégique » comme l’a confirmé à B2 une source militaire. Et ce « jusqu’à nouvel ordre ». Autrement dit… pas grand chose. Une manière de masquer en fait un semi-départ.

Une tenaille infernale

Cette décision, politique, a été prise par les ambassadeurs des 27. Les militaires l’exécutent la mort dans l’âme. La mission de formation EUTM a été mise en place, avec maints efforts, notamment de la France en particulier. Les Européens ont beaucoup investi. Mais ils sont pris aujourd’hui dans une tenaille infernale.

Eux ou nous ?

Les Européens sont en fait coincés. Soit ils restent et avalisent de fait la présence des Wagner. Soit ils posent ouvertement la question au gouvernement africain. Eux ou Nous ? Un vrai pari. Il n’est pas sûr que le gouvernement de Bangui choisisse les Européens… ou choisisse tout court.

NB : L’arrivée d’un général belge sur place, pour prendre la relève du Français Jacques Langlade de Montgros, pourrait être compromise. Le choix doit encore être validé, apparemment…

Commentaire : la bataille perdue de la force et du verbe

Repli tactique ou défaite stratégique… ? Seul l’avenir le dira. Ce qui est certain, c’est qu’avec cette décision, prise en stoemeling (comme diraient les Belges), c’est-à-dire à la dérobée, la France et l’Europe signent là un aveu de faiblesse.

Le choix de la discrétion

Les Européens sont en passe de perdre une autre bataille : celle de l’information. Au lieu de taper ouvertement du poing sur la table, de faire de cette décision de retrait un atout, les Européens ont choisi la discrétion. C’est-à-dire le mutisme (1). Ce qu’il y a de pire aujourd’hui sur le champ de bataille.

Mieux vaut informer que lutter contre la désinformation

Ne pas informer, à temps, de façon aussi complète que possible, c’est ouvrir un boulevard à l’adversaire. Les Européens et Français qui n’ont que ces mots à la bouche — « lutter contre la désinformation » et « communication stratégique » — ont, en renonçant à informer, donné à leurs adversaires leurs plus belles cartes.

Pour la Russie, la Centrafrique est gagnée… la suite à venir

Le résultat est là : les Russes ont gagné la première manche en Centrafrique. Ils peuvent dorénavant passer à la suite : au Sahel, le Burkina Faso ou le Niger (deux pays tout aussi fragiles que le Mali) et en Europe, la Bosnie-Herzégovine, le maillon faible des Européens dans les Balkans. L’objectif stratégique de Moscou est clair : faire reculer chaque fois la présence européenne, politique ou militaire. Ce par la force et le verbe !

Une défaite française, une déroute européenne

Jusqu’ici les Européens n’avaient pas vraiment la force, ils viennent de perdre le verbe. Dommage, vraiment dommage. Pour la présidence française de l’Union européenne qui commence, cette déroute en rase campagne augure mal de la suite au Sahel.

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Ce n’est pas faute d’avoir sollicité la mission. En dernier lieu, lors de son passage à Bruxelles, durant plusieurs jours, nous avions proposé au général commandant la force, Jacques Langlade de Montgros, de le rencontrer, en OFF ou en ON. La réponse du Français a été lapidaire : « pas le temps ».

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Catégories: Défense

La Macédoine du Nord rejoint la police du ciel de l’OTAN

lun, 13/12/2021 - 17:39

(B2) C’est la Grèce qui va assurer les missions de surveillance et d’alerte de son voisin macédonien. Tout un symbole entre deux pays qui se sont chamaillé sur l’héritage historique. Deux ans et demi après l’intégration à l’Alliance du petit pays des Balkans.

(Photo : Mass Communication Specialist 1st Class Brett Dodge)

Une cérémonie pour sceller la coopération

La cérémonie marquant l’intégration de la Macédoine du Nord s’est tenue le 9 décembre sur l’aéroport de Skopje, en présence de la ministre macédonienne de la Défense Radmila Shekerinska Jankovska, du général Fernando De La Cruz, commandant du centre multinational des opérations aériennes de Torrejón (Espagne) de l’OTAN et du général Themistokles Bourolias, à la tête des forces aériennes tactiques grecques. Deux F-16 grecs ont simulé l’interception d’un Learjet macédonien, puis l’ont escorté jusqu’à son atterrissage à l’aéroport. Un avion-radar AWACS de l’OTAN a également survolé l’aéroport pour l’occasion.

La Grèce protège le ciel macédonien

À proximité immédiate avec la Macédoine du Nord, c’est la Grèce qui assurera la protection de l’espace aérien de son voisin – malgré la querelle diplomatique qui a opposé les deux pays durant presque trois décennies sur le nom de l’ancienne république yougoslave. Les avions grecs seront prêts à décoller sur alerte en cas de violation de l’espace aérien macédonien, d’activité aérienne suspecte ou non conforme aux règles du trafic aérien.

(Helen Chachaty)

Lire aussi : A Malbork les F-16 belges veillent

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Catégories: Défense

Trois avions français interceptés en mer du Nord par des avions russes

ven, 10/12/2021 - 16:33

(B2) Un Rafale, un Mirage 2000 et un A330 MRTT ont été interceptés à deux reprises par des Su-27 russes au-dessus de la mer Noire, les 8 et 9 décembre.

L’état-major des armées françaises a précisé que les missions de surveillance sont « classiques et habituelles » et qu’elles se sont déroulées dans l’espace aérien international. « Il n’y a pas eu d’interception, pas de raccompagnement et encore moins de tentative d’empêcher [les avions français] de rentrer dans l’espace aérien russe », précise le porte-parole, qui réfute certaines informations parues dans la presse russe.

Les avions russes à long rayon d’action effectuent eux-mêmes régulièrement ce type de manœuvre d’approche au large des côtes européennes, de la Baltique à la Manche.

(HC)

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Un drôle de sommet pour la démocratie. Avec quelques invités pas très recommandables

jeu, 09/12/2021 - 11:15

(B2) C’était une volonté de Joe Biden. Promouvoir la démocratie. Avec un beau sommet réunissant tout ce que le monde compte de démocraties. Dans le plus pur jus messianique des USA et d’une vision bon versus méchants. L’Union européenne s’est embarquée dans cette aventure en la co-organisant. Et en ne disant rien sur la non-invitation de la Hongrie. Une grosse erreur

Ce sommet semble surtout avoir un objectif : flatter l’ego de Biden et le positionner sur la scène intérieure face à son concurrent Donald Trump (Photo Maison Blanche)

Une réunion co-organisée par l’Union européenne

Ce jeudi démarre le Sommet de la démocratie, pardon « pour la démocratie », organisé sous l’impulsion du président américain. Il se déroulera en deux séquences. La première s’ouvre aujourd’hui, présidée par Joe Biden lui-même. La seconde sera pour l’année prochaine, présidée par l’Union européenne et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette réunion a cependant un gros handicap. Elle réunit surtout les amis des États-Unis. Et des amis pas très regardants parfois sur les droits de l’Homme. Certains pays sont invités, pas d’autres. Une liste pour le moins étonnante.

Budapest mis à l’index

Un pays de l’Union européenne en particulier n’a pas reçu de carton d’invitation : la Hongrie. Ce qui place l’Union en porte-à-faux. Qu’il y ait un problème de libertés publiques (avec la concentration énorme des médias par exemple) en Hongrie est un fait connu. Mais qu’elle soit ainsi exclue n’est pas vraiment très logique. Ou alors, la Commission européenne devrait en tirer immédiatement une implication : entamer une poursuite d’urgence pour exclure la Hongrie de son droit de vote au Conseil (selon l’article 7 du Traité).

Une erreur juridique et politique

En termes juridiques, c’est un manquement grave à la lettre et à l’esprit du Traité, au principe de solidarité, de coopération loyale entre les institutions. En termes politiques, c’est pour le moins très maladroit : si on voulait provoquer encore Budapest et l’amener à bloquer systématiquement toute velléité de l’Union européenne d’être audacieuse dans la politique étrangère, on ne s’y prendrait pas autrement. Comme si on voulait encourager Viktor Orban à signer des accords séparés, contraires à l’esprit européen… Cela revient à lui accorder un « feu vert » tacite. Plus qu’une faute de goût, c’est une erreur juridique et politique.

Le Pakistan et le Maroc invités

Cette incongruité saute aux yeux quand on jette un œil sur les indices de la démocratie établis de façon indépendante. J’ai choisi de me référer à ceux établis par Freedom House, un think tank américain (qu’on ne peut pas vraiment soupçonner d’être un doux anarchiste de gauche). Son scoreboard, alimenté de façon assez rigoureuse est éloquent : la Hongrie est cotée à 67, tandis que le Pakistan et le Maroc héritent d’une note très moyenne (37) et n’auraient donc pas dû être invités.

Des amis de Washington plutôt que des amis de la démocratie

Ces incongruités continuent quand on regarde par zone régionale. Dans les Balkans, le Kosovo (54) est invité mais pas la Bosnie-Herzégovine voisine (53). Idem dans l’Afrique de l’Ouest où la Côte d’Ivoire (44) n’est pas invitée, mais le Nigeria oui (45). Ne pas inviter en revanche la Turquie a une logique : le régime de Erdogan n’a que 32 points. Mais que penser de l’invitation du Brésil de Bolsonaro…

Gêne à la Commission européenne

Du côté de la Commission européenne, on se défend comme on peut. C’est un sommet « pour » la démocratie et non « de » la démocratie ! me répond-on quand j’interroge un haut responsable européen. La liste des invités « a été faite par les USA ». Et Washington « n’était pas à l’aise à l’idée d’inviter la Hongrie ». Et de vouloir se rassurer. L’Europe « a [son] agenda, indépendant des USA ». Mais la raison de cette co-organisation semble reposer sur une autre logique, plus politique. La Commission européenne a, en fait, un objectif essentiel : « resserrer les liens » avec les États-Unis et surtout l’équipe Biden. Le traumatisme trumpien pèse : « Notre expérience de Trump a été très claire ». Alors : « Est-ce parfait, Non sans doute. Mais ne faut-il pas coopérer ? »

Commentaire : une bévue géopolitique

En faisant de la segmentation entre les démocraties libérales et celles qui suivent un autre modèle plus a-libéral ou autocratique, on ouvre une autoroute à la Russie ou la Chine. Pékin et Moscou auront beau jeu de dénoncer un « certain » modèle de démocratie, le « double standard » des occidentaux. En semant le trouble et la division, dans toutes les régions, on ne facilite guère la propagation de la démocratie. Au contraire. De plus, on formalise ainsi le découpage du monde en deux blocs : entre les bons et les méchants. On cristallise les divisions. Ceux avec qui on débat, ceux avec qui on ne débat pas. Or, discuter de la démocratie avec les amis ne sert (presque) à rien.

La vision européenne du monde me semble beaucoup plus raffinée et subtile. Elle peut paraitre un peu mollassonne parfois… Mais elle reflète aussi une certaine complexité. L’Union européenne est aujourd’hui confrontée à un vrai choix stratégique. Soit elle joue un rôle dans le monde, en promouvant ses propres valeurs, son propre modèle de la démocratie et des libertés publiques, des relations économiques et politiques mondiales, en étant une passerelle entre l’Ouest et l’Orient. Soit elle fait partie du monde occidental pur et dur. Et elle risque fort de se trouver dépourvue… si demain, d’aventure, les États-Unis rebasculaient, repassant d’un démocrate bon teint à un républicanisme conservateur trumpien. Ce qui d’après un diplomate européen, est tout à fait probable dès les prochaines élections de mi-mandat, en novembre 2022.

Les relations d’aujourd’hui ne sont plus celles de la guerre froide d’hier. Elles sont tout aussi rudes, et secouées, mais beaucoup plus complexes. Car le monde est réellement devenu multipolaire. Au moins tripolaire. Et des puissances moyennes — du Pakistan à l’Arabie saoudite en passant par la Turquie ou l’Iran — ont aujourd’hui les moyens de « résister » au modèle occidental. Ce sera encore plus le cas demain (d’ici 20 ou 30 ans) avec la montée en puissance d’autres pays. L’Europe a une carte énorme à jouer en étant la « puissance du milieu », la « puissance douce » dans un monde de brutes, sans naïveté ni faux semblants. Bref, co-organiser ce sommet ressemble vraiment à une grosse bévue géopolitique…

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le programme du sommet

La liste des participantsTélécharger

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Dernières nouvelles des missions et opérations de maintien de la paix de l’UE – PSDC (novembre 2021)

mer, 08/12/2021 - 09:16

(B2) De la formation, toujours, des coopérations, encore. Et des résultats, enfin. Cela résume l’activité des missions ce mois ci.

Chimoio (Mozambique). Les exercices pratiques commencent

Formation aux armes et au tir, aux sapeurs, aux premiers secours, à la technique de combat, à la navigation terrestre, aux renseignements et au contre-renseignement, au contre-terrorisme, aux communications, à la surveillance du champ de bataille et aux exercices physiques militaires. Tel était le programme de la formation de la mission au Mozambique (EUTM), à Chimoio, au centre du pays. Détails ici

(crédit : EUTM Mozambique)

Hargeisa (Somalie). Formation sur mesure 

Cette année, c’est l’équipe de la mission de soutien de l’UE aux capacités de sécurité maritime de la Somalie (EUCAP Somalia) qui a été chargée de la mise à jour des connaissances des cadres supérieurs des garde-côtes du Somaliland (prise de décision et questions juridiques). Un échange d’expériences utile aussi côté EUCAP, explique le chef de l’unité de sécurité maritime et des garde-côtes d’EUCAP, Kenneth Neijnes. Détails ici

(crédit : EUCAP Somalia)

Bamako (Mali). Justice militaire

La première session de la chambre criminelle du Tribunal militaire de Bamako s’est tenue le 10 novembre. Trois dossiers (pour des crimes d’atteinte à l’intégrité des personnes et aux mœurs) étaient inscrits au rôle d’audience. « L’un des résultats les plus importants [du] travail » de la mission de soutien aux capacités de sécurité au Mali (EUCAP Sahel Mali), salue son chef Hervé Flahaut, présent à la session. Détails ici

(crédit : EUCAP Sahel Mali)

Odessa (Ukraine). Les chiffres parlent aussi !

La défiance des Ukrainiens vis-à-vis des forces de l’ordre ou de la justice ne fait pas de doute. C’est le résultat d’une enquête régionale sur la sécurité communautaire, menée par la mission de conseil de l’UE aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine). Les résultats ont été présentés opportunément au lancement du Dialogue sur la sécurité communautaire dans la région d’Odessa. De quoi nourrir les débats… Détails ici

Les patrouilles de police n’aident pas, c’est l’un des constats cinglant de l’enquête (crédit : EUAM Ukraine)

Londres. La lutte contre la piraterie maritime commence à terre

L’industrie du transport maritime est « l’un des principaux piliers de la lutte contre la piraterie ». L’opération de lutte contre la piraterie maritime de l’UE (EUNAVFOR Atalanta) au large des côtes somaliennes et du golfe d’Aden prend donc soin d’entretenir ses relations avec ses représentants. Rendez-vous a été donné à Londres, au siège de la Chambre internationale de la marine marchande. Les principales associations mondiales du secteur du transport maritime ont participé à la réunion. Détails ici

(crédit : capture d’écran B2/EUNAVFOR Atalanta)

Malaga (Espagne). Partage d’expérience hispano-ukrainien

Des gardes-frontières, des agents du service national des migrations, du service national des douanes, de la police nationale et du service de sûreté de l’État ont participé à une visite d’étude du centre national de coordination espagnol de gestion des frontières. L’idée était de leur « présenter les avantages de la gestion intégrée des frontières (GIF) » au travers d’un exemple de coopération transfrontalières et inter-agences. Cette mise dans le bain a été co-organisée par la mission de conseil aux forces de sécurité intérieure ukrainiennes (EUAM Ukraine). Détails ici

Ramallah (Cisjordanie). Coopération policière

La mission de police de l’UE dans les territoires palestiniens (EUPOL Copps) recrute des conseillers de police « très expérimentés » pour renforcer son soutien à la Police Civile Palestinienne (PCP). Un soutien bienvenu notamment dans les domaines de la cybercriminalité et des crimes environnementaux a expliqué son chef, le Major Général Yousif Helo, en visite dans les locaux de la mission. Détails ici

La délégation de la police civile palestinienne face à l’équipe de la mission de l’UE, avec à sa tête (à droite) la cheffe de la mission Nataliya Apostolova  (crédit : EUPOL Copps)

Pristina (Kosovo). Dons de matériel, du primaire au judiciaire

La mission de renforcement de l’état de droit au Kosovo (EULEX) a fait office de Père Noël avant l’heure, en livrant du matériel informatique et bureautique (15 ordinateurs, imprimantes, etc.) et de laboratoire à une école élémentaire de la capitale. Après avoir livré les clés de cinq voitures (et autres équipements) à l’Inspection de la police du Kosovo (PIK) et à l’Agence de gestion des urgences (EMA). Détails ici

(crédit : EULEX Kosovo)

Visite au Mali 

Une délégation de la facilité européenne pour la paix s’est rendue dans la zone de mission de Sévaré, le centre de formation de Koulikoro ainsi que le QG de l’EUTM MALI à Bamako. Une mission visiblement ravie « que la délégation ait pu se familiariser avec les exigences opérationnelles anticipées pour des considérations et des décisions ultérieures ». Que ceci est joliment dit… Détails ici

(crédit : capture d’écran EUTM Mali)

Réunion à Bruxelles

Loin de leurs bases, les chefs des 11 missions civiles de la PSDC de l’Union européenne, se sont retrouvés à Bruxelles mi-novembre.

(informations recueillies par Emmanuelle Stroesser)

NB : Pour tout connaitre ou réviser, n’hésitez pas à vous procurer notre ouvrage sur la PSDC

Lire aussi sur le B2 Pro (parus en septembre) :

Et aussi sur le blog : 

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La MINUSMA cible de plusieurs attaques en quelques jours

lun, 06/12/2021 - 17:58

(B2) Plusieurs camps de la MINUSMA ont été ciblés par des attaques ces derniers jours. Un convoi a également été attaqué, occasionnant des dégâts humains.

Un convoi visé par des tirs

Le 3 décembre, un convoi de la MINUSMA ralliant Kidal à Gao a été attaqué « par des éléments non-identifiés », a indiqué la mission sur son compte Twitter. Un contractuel civil a été tué, un autre évacué.

Trois camps attaqués en trois jours

Le 4 décembre en début d’après-midi, une attaque au mortier a touché le camp des Casques bleus de Kidal – sans faire de dégâts. Le même jour, une attaque a également visé le camp d’Ansongo, au nord de Gao. Le lendemain, 5 décembre, c’est camp Castor, situé à Gao, qui a été visé par des tirs de mortiers. Le 6 décembre, c’est la base multinationale de Ménaka qui a essuyé des tirs de roquette, indique le ministère suédois de la Défense.

(Helen Chachaty)

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La présidence française de l’UE démarre dans un mois. Le calendrier

mar, 30/11/2021 - 07:59
(Photo DR)

(B2) Cela fait quatorze ans que la France n’a pas eu la présidence de l’Union européenne. La dernière remonte à 2008. La prochaine présidence n’est pas attendue avant 2035 ! C’est dire l’importance de l’évènement, la ‘PFUE’ en bon jargon bruxellois.

La présidence des Conseils

Pour être exact, la France va assurer la présidence du Conseil de l’Union européenne (et non pas de toutes les institutions, comme la Commission européenne ou le Parlement européen). Ou plutôt de certains Conseils. Car les Conseils des ministres des Affaires étrangères, de la Défense ou du Développement continuent d’être présidés par le Haut représentant de l’UE, l’Espagnol Josep Borrell (et non par Jean-Yves le Drian ou Florence Parly). L’Eurogroupe reste, lui, présidé par l’Irlandais Paschal Donohoe. Et le Conseil européen, l’instance suprême qui réunit les Chefs d’État et de gouvernement deux ou trois fois par semestre, par le Belge Charles Michel.

Une certaine co-présidence

En pratique, la présidence tournante arrive à faire passer ses priorités. « Surtout si c’est la France », comme me l’a confié une source interne. Cela sera d’autant plus facile que ces trois personnalités sont assez proches, soit idéologiquement, soit personnellement de leurs homologues français. Charles Michel fait partie de la même génération de dirigeants libéraux qu’Emmanuel Macron. Josep Borrell et Jean-Yves Le Drian appartiennent à une autre génération, plus social-démocrate, mais ils s’estiment et se connaissent personnellement depuis des dizaines d’années. On peut donc parler d’une co-présidence.

Une proximité à la Commission européenne

La présidente, l’Allemande Ursula von der Leyen, entretient des relations directes avec l’Élysée. Tandis que le commissaire français Thierry Breton agit en tandem très étroit avec le gouvernement français. Retournant tous les week-ends à Paris, non seulement il fait le tour des plateaux radios ou télévisions françaises, mais il rencontre le plus régulièrement possible tous ses interlocuteurs français. Il était encore ce week-end (27-28 novembre) à Rennes aux côtés de J.-Y. Le Drian pour visiter la cyberdefence factory. Une excuse plus qu’une nécessité. Son poids au sein du Berlaymont (le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles) s’est renforcé au fil de la crise du Covid-19. Au point que même s’il n’en a pas le titre, on peut dire qu’il est un des vice-présidents de l’institution.

La vraie présidence

La présidence des Conseils des ministres n’est que la version immergée de l’iceberg. Le vrai travail au niveau européen se situe en amont, dans les près de 150 groupes et comités qui préparent les réunions, des plus discrets (comme le fameux SCIFA qui s’occupe de questions d’asile et d’immigration), au plus célèbre et médiatisé, le comité des représentants permanents. Ce Coreper (dans l’appellation commune) regroupe en effet les chefs des missions des 27 États membres présentes à Bruxelles. Un club assez select d’ambassadeurs. Son instance maîtresse est le Coreper 2 qui s’occupe des matières ‘régaliennes’ (affaires étrangères, justice et affaires intérieures, économie et euro). Tandis que le Coreper 1 (qui regroupe les représentants permanents adjoints) a en charge les affaires « réelles », celles qui concernent la vie « intérieure » de l’Union européenne (Agriculture, Pêche, Culture, Éducation, Espace, Environnement, Energie, Transport etc.).

(Nicolas Gros-Verheyde)

Le calendrier

L’agenda officiel ne devrait être dévoilé qu’au moment du dernier Conseil européen de l’année, les 16-17 décembre. Pour nos lecteurs, le voici en avant-première. Toutes les dates synthétisées par B2.

Le calendrier des Conseils sous la PFUETélécharger

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Le général commandant la mission de l’UE en Bosnie dérape. Peut-il rester en poste ?

lun, 29/11/2021 - 14:02

(B2) Il y a comme un problème à la direction de l’opération européenne de stabilisation en Bosnie-Herzégovine. Le général commandant EUFOR Althea, un Autrichien, a pris position de manière étrange sur la situation politique dans le pays.

Pas de menace militaire

Dans une interview au quotidien autrichien Der Standard donnée début novembre, le commandant de la force EUFOR Althea à Sarajevo, le général autrichien Alexander Platzer, a livré sa propre analyse du terrain. Au plan militaire, il ne voit « fondamentalement aucune menace militaire classique » face aux velléités séparatistes de Milorad Dodik et de la Republika Srpska. Mais il est presque d’accord aussi avec le dirigeant serbe sur le plan politique. « L’armée commune n’est pas ancrée dans l’accord de paix de Dayton. À l’époque du traité de Dayton, nous avions trois armées basées sur l’ethnie. L’armée commune a alors été créée sur la base d’une volonté nationale », ajoute-t-il. La seule réserve pour lui est d’ordre technique : « cela n’a aucun sens d’un point de vue structurel ».

Une proximité avec les thèses de Dodik

Un point de vue qui détonne dans le panorama explosif de la Bosnie-Herzégovine aujourd’hui. Certes l’armée commune n’est pas formellement reconnue dans l’accord de Dayton. Mais elle est inscrite dans les décisions postérieures. De plus, elle constitue un élément intrinsèque de la stabilisation en Bosnie-Herzégovine. Cette position intervient pour le moins en contrepoint de la position européenne et ressemble étrangement à épouser les thèses du dirigeant serbe de Bosnie, Dodik, qui a qualifié ses récentes annonces de « retour à l’Accord de Dayton original ».

Un retour à un passé dangereux

Si les projets annoncés étaient mis à exécution, « les militaires résidant en Republika Srpska se retireraient des forces armées de la Bosnie-Herzégovine, les installations des forces armées situées sur le territoire de l’entité passeraient sous le contrôle de la Republika Srpska et l’armée de la Republika Srpska serait rétablie, manifestement en y intégrant le personnel issu des forces armées de la Bosnie-Herzégovine. Une telle mesure nous ramènerait quinze ans en arrière dans le seul domaine de la réforme de la défense, et encore plus loin dans le passé pour ce qui est du renforcement de la confiance et de la sécurité », dénonce le haut représentant de la communauté internationale, l’Allemand Christian Schmidt.

Une sécession qui ne dit pas son nom

Celui-ci critique d’ailleurs violemment à la fois la volonté des Serbes de Bosnie, comme leur phraséologie de retour à l’accord de Dayton Original. C’est un « terme inadapté sur le plan politique et fondé sur des interprétations erronées » de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine. « Cette politique vise [en fait] à défaire nombre des réformes mises en œuvre de haute lutte au cours des 26 dernières années, en vue non pas de respecter strictement la lettre de l’Accord-cadre général pour la paix, mais de revenir à la situation qui prévalait sur le terrain avant la mise en œuvre de l’Accord de paix de Dayton. » En bref, « M. Dodik cherche à obtenir que la Republika Srpska s’affranchisse de l’ordre constitutionnel établi en vertu de l’annexe 4 de l’Accord-cadre général et cesse de participer à la mise en œuvre du volet civil de l’Accord prévue à l’annexe 10. Il s’agit là d’une sécession qui ne dit pas son nom », écrit le haut représentant dans son dernier rapport publié fin octobre.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Commentaire : plus qu’une erreur, une faute !

On ne peut qu’être étonné (le mot est faible) par ce type de propos, dans la bouche d’un militaire à la tête d’une opération de stabilisation, qui agit dans un cadre mixte (OTAN-UE), dans un des pays les plus fragiles et sensibles du continent européen. On est à la limite du dérapage incontrôlé.

Est-ce un tournant de la doctrine européenne ? Nous avons posé la question. Non, nous a-t-on assuré du côté européen. L’Union européenne reste attachée aux structures communes de la Bosnie-Herzégovine. Du côté de l’OTAN, c’est encore plus clair : il faut « soutenir fermement les structures étatiques unies et les forces armées multiethniques du pays ». Le secrétaire général de l’OTAN l’a rappelé vendredi (25 novembre) en prélude à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance à Riga.

Est-ce un avis personnel ? Ici, le général Platzer semble avoir édicté un commentaire, davantage personnel et très politique. Les thèses qu’il défend sont très proches de celles défendues par le groupe I&D (Identité et démocratie) au Parlement européen. Peu étonnant. Le caractère militant du général auprès du mouvement d’extrême-droite FPÖ est de notoriété publique. Tant qu’il ne déborde pas dans la sphère professionnelle et militaire, cela ne devrait pas poser de problème. Là on peut se poser vraiment la question. Un simple militaire qui profèrerait de telles opinions pourrait-il rester en poste ? Pas sûr. Quand il s’agit d’un commandant de force de l’UE (et de l’OTAN), il y a un fait : un clair manquement à la ligne politique.

La sanction devrait être immédiate et exemplaire. Pour reprendre la célèbre phrase de Jean-Pierre Chevènement, quand il a décide de quitter le gouvernement en 1983 : « Un ministre de la défense, cela ferme sa gueule ou ça démissionne ».

(NGV)

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Nouvelle approche amicale par les marins allemands du Bonn

sam, 27/11/2021 - 14:45

(B2) L’équipe de visite (Einsatzgruppenversorger) du navire de soutien allemand Bonn engagé dans l’opération de l’Union européenne de contrôle de l’embargo sur les armes et le pétrole au large de la Libye a effectué une approche amicale sur un cargo Grandway Star, battant pavillon du Panama, en route pour la Libye (Misrata selon nos informations).

L’équipe de visite du Bonn descend sur le cargo (photo : Bundeswehr im Einsatz)

C’est la vingtième approche (friendly approach) réalisée par les équipes spécialisées allemandes embarquées à bord du Bonn signale le QG de l’opération européenne basé à Rome.

(NGV)

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Attaque à la voiture piégée à Mogadiscio

ven, 26/11/2021 - 21:38

(B2) Une voiture bourrée d’explosifs (VBIED) a explosé jeudi matin (25.11) à Mogadiscio visant un convoi escorté par une « société de sécurité privée ». Une énorme explosion entendue dans toute la ville.

Les secours arrivés sur place ont évacué au moins 23 personnes (Photo Aamin Ambulance)

Une dizaine de morts

L’attentat s’est produit lorsque le convoi passait devant l’ancien palais présidentiel d’Abdiqasim, à proximité de l’école Mucasir dans le district de Hodan. Il a fait au moins 10 morts et 20 blessées, rapporte le site Horn Observer. « Au moins huit personnes ont été tuées et 23 autres blessées dont 13 étudiants », rapportent des responsables de la sécurité citées par les agences AFP, Reuters et la Deutsche Welle.

Une énorme explosion

L’explosion a été si forte qu’elle a été entendue à plusieurs centaines de mètres à la ronde. Et un long panache de fumée s’élevant visible de toute la ville. Les murs de l’école voisine de Mucassar comme de l’hôpital Osman se sont effondrés. « Il y a environ une tentative d’attaque par jour à Mogadiscio » commente le colonel Hans Granlund, chef adjoint de l’EUTM Somalia, la mission de l’Union européenne de formation de l’armée somalienne. Mais « cette charge explosive était la plus importante depuis longtemps ».

Qui était visé ?

L’attentat a été revendiqué par le groupe islamiste des Al-Shabab. L’organisation terroriste a indiqué, selon Maareg, avoir visé un convoi parti de la base Général Gordon* (la base de formation de l’armée somalienne) vers le camp militaire de Halane (où se trouvent les troupes de l’AMISOM) à Mogadiscio. Mais la force de l’Union africaine en Somalie a démenti qu’il s’agissait d’un de ses convois.

Un convoi d’une société privée

« Il n’y avait aucun convoi de l’AMISOM sur les lieux de l’attaque ou dans ses environs au moment de l’explosion, et aucun matériel ou personnel de l’AMISOM n’a été touché par l’explosion contrairement à ce que Al-Shabaab l’a faussement affirmé » indique un communiqué. « Les premiers rapports indiquent que l’explosion visait une société de sécurité privée. » Au moins quatre gardes de sécurité auraient été blessés, selon d’autres sources.

Aucune victime parmi les EUTM

Aucune victime du côté de l’EUTM n’est à déplorer, rapportent les Forces armées suédoises, présentes en Somalie dans le cadre de EUTM Somalia (avec 9 personnes). NB : le camp international où se trouve la mission est situé à environ 5 km de l’incident. « Il se peut qu’Al-Shabab intensifie maintenant ses attaques avant les prochaines élections — craint le colonel suédois Hans Granlund, mais il est trop tôt pour le dire avec certitude ».

(Nicolas Gros-Verheyde, avec Agnès Faure)

Télécharger le communiqué suédois

  1. Du nom de ce membre de la Delta Force tué en octobre 1993 lors de la bataille de Mogadiscio

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Des Belges dans Takuba au second semestre 2022. Peut-être

mar, 23/11/2021 - 07:40

(B2) La Belgique a inscrit dans son plan d’opération 2022 un possible déploiement dans le cadre de la task-force d’initiative française au Mali. Tout n’est pas encore tout à fait réglé

Le slide du plan d’opérations 2022 montré aux députés (flux : chambre – photo : B2)

De quelques officiers d’état-major

La Belgique ne se contenterait plus ainsi d’envoyer quelques officiers de liaison au QG de la task-force Takuba — ils sont trois actuellement, qui seront prolongés —, mais passerait à un déploiement plus actif. Le ministère belge de la Défense envisage ainsi le déploiement d’un sous groupement tactique interarmées (CATSG dans la dénomination belge ou Combined Arms Tactical Sub-Group), au 2e semestre 2022.

Un déploiement graduel en fonction de la situation

Cette force serait « déployée de façon graduelle, évoluant en fonction de différents paramètres, notamment l’évolution politique et sécuritaire sur place », précise le capitaine de frégate Kristof Van Belleghem, devant les députés de la commission Défense du parlement belge, mercredi (17 novembre). Audition à laquelle a assisté B2. L’effectif serait compris entre 165 personnels (à la mi-2022) et 255 personnels (fin 2022, moment où serait atteint la pleine capacité de déploiement).

Protection de force et accompagnement des forces spéciales

Missions attribuées à cette force : premièrement, la protection de la base de déploiement et des convois logistiques ; deuxièmement, l’appui en seconde ligne aux forces spéciales et leurs partenaires maliens, troisièmement, une (possible) contribution à l’entrainement des forces d’intervention maliennes à partir de la base belge. Le détachement belge comprendrait (bien évidemment) des véhicules blindés.

Une évaluation encore nécessaire

Précision importante : l’analyse de ce déploiement est encore « en cours » par la Défense et devra être présentée « pour débat » aux parlementaires prochainement, prévient le directeur des opérations au cabinet de la ministre. C’est la question du soutien médical et logistique qui doit notamment être bien étudiée apparemment. Outre le soutien national, des « synergies sont actuellement recherchées avec des partenaires » précise Van Belleghem. La possible insertion de spécialistes médicaux dans l’hôpital de Rôle 2 français à Gao est ainsi envisagée.

Un engagement risqué au plan politique

Ces précisions ne sont pas de pure forme. Les précédents projets se sont cassés le nez sur des difficultés politiques comme techniques. Tout d’abord le manque de soutien dans la majorité pour un tel déploiement était patent jusqu’alors (lire : Une compagnie belge dans l’opération Barkhane. Un accord politique encore nécessaire). Il y avait aussi des questions de disponibilités (lire : Pourquoi la Belgique et les Pays-Bas entrent dans Takuba si timidement ?) (1). Ce qui avait contraint la ministre Dedonder à jeter le gant l’année dernière, non sans remous (lire : Les Belges n’iront pas dans Barkhane en 2021. Et pour 2022 on verra !). La ministre Dedonder y va, cette fois, à pas comptés, tentant de démontrer aux parlementaires que les Belges ne sont pas tout seuls dans cette opération. « Une dizaine de pays y participent ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. La composante médicale militaire belge a été réduite de façon drastique ces dernières années au point que pour certaines opérations, les militaires belges sont obligés de recourir au privé, voire de « faire du stop » auprès de leurs alliés en cas d’évacuation.

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Les Britanniques de la Minusma en opération près d’Ansongo au Mali

sam, 13/11/2021 - 15:33

(B2) Des soldats britanniques, appartenant à la mission de maintien de la paix des Nations Unies, ont saisi quelques armes appartenant à un groupe de l’EIGS lors d’une opération près d’Ansongo, au Mali.

Les militaires britanniques récupérant la moto laissée au milieu du gué (Crédit : MOD UK)

En patrouille

C’est le résultat d’une opération de 17 jours (Makara 2), menée en septembre par les soldats du Long Range Reconnaissance Group, le LRRG. Cette unité de reconnaissance est d’abord tombée sur trois membres présumés du groupe terroriste EIGS (l’État islamique dans le Grand Sahara). Ceux-ci qui ont « abandonné leurs équipements, tout en fuyant » précise un communiqué du MinDéf britannique début novembre.

Plusieurs motos, armes et équipements saisis

Un des trois hommes a été arrêté alors qu’il essayait de s’échapper sur une moto à travers un plan d’eau. Lors d’une fouille dans la zone, les Britanniques du Queen’s Dragoon Guards ont pu saisir « deux motos, un lance-roquette (RPG) avec des munitions, des radios et des vêtements de combat ». Quelques jours plus tard, des soldats du même régiment de la cavalerie britannique sont tombés sur deux autres hommes armés, les arrêtant après qu’ils tentaient de s’enfuir. Au bilan : « deux fusils AK47, des munitions, des radios et d’autres équipements militaires » saisis.

L’opération Makara 2 pour stabiliser la zone

Cette saisie ne tient pas tout à fait du hasard. L’opération Makara 2 de l’ONU a été montée après les attaques mortelles du mois d’août autour d’Ansongo, qui ont fait des dizaines de morts parmi les villageois, pour stabiliser la zone et rassurer la population locale. Le LRRG qui fournit à l’ONU « une capacité de reconnaissance spécialisée » au long cours, « en effectuant des patrouilles dans des zones reculées » avait aussi été déployée pour assister l’équipe des droits de l’homme des Nations Unies chargée d’enquêter sur cette tuerie.

Une approche robuste du maintien de la paix

Pour le lieutenant-colonel Will Meddings, chef de la task-force britannique, « la clé du succès consiste à déployer des patrouilles durant de longues périodes et rester sur place », pour recueillir informations, et renseignements, notamment en dialoguant avec la population. Cela permet d’avoir « une bonne image du fonctionnement des groupes djihadistes [et] de prendre ensuite des mesures contre eux ». Une « approche robuste » du maintien de la paix, nécessaire pour « protéger le peuple malien », selon lui.

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Une équipe du génie britannique en soutien à la frontière polonaise

sam, 13/11/2021 - 09:13

(B2) Une petite équipe des forces armées britanniques va venir en soutien des Polonais sur la frontière avec la Biélorussie.

Cette petite équipe a un premier objectif : « explorer comment nous pouvons fournir un soutien technique pour faire face à la situation actuelle à la frontière biélorusse ». Cela suit un accord passé entre Londres et Varsovie. C’est aussi le témoignage d’« une longue histoire d’amitié » entre les deux pays « alliés de l’OTAN » commente le ministère britannique de la Défense via twitter vendredi (12 novembre).

Commentaire : cette aide peut sembler minimaliste et symbolique. Mais le symbole est important. Les Britanniques n’ont pas tout à fait oublié l’apport des militaires polonais dans la défense de Londres durant la Seconde guerre mondiale. Et avoir ne serait-ce que quelques militaires britanniques face aux garde-frontières et forces biélorusses démontre aussi que toute tentative d’entrisme biélorusse provoque une solidarité des Alliés.

(NGV)

NB : cette brève a été séparée de l’article mis à jour sur la mobilisation polonaise.

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