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Politique étrangère (IFRI)

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La revue de référence sur les questions internationales
Mis à jour : il y a 1 mois 5 jours

France and the German Question, 1945-1990

mer, 30/09/2020 - 10:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Hans Stark, ancien secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l’Ifri, propose une analyse de l’ouvrage dirigé par Frédéric Bozo et Christian Wenkel
, France and the German Question, 1945-1990 (Berghahn Books, 2019, 308 pages).

On ne compte plus les livres sur les relations franco-allemandes. Celui qu’ont dirigé Frédéric Bozo et Christian Wenkel se démarque tout d’abord parce qu’il ne traite de la position (ou des positions) de la France face à la « question allemande » que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la fin du conflit Est-Ouest. L’approche des deux directeurs de cet ouvrage, qui enseignent l’histoire contemporaine à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle (F. Bozo) et à l’université d’Artois (C. Wenkel), arrive à point nommé, nombre de spécialistes s’interrogeant aujourd’hui sur le retour, voire la permanence d’une question allemande (voir par exemple : Robert Kagan, « The Next German Question », Foreign Affairs, mai-juin 2019). On avait donc tort de penser que l’unification avait enterré la question allemande. Mais si retour il y a, il n’est pas dû à une fracture allemande, mais à des fractures européennes, économiques, institutionnelles et politiques, ainsi qu’à l’affaiblissement relatif de la France et de la Grande-Bretagne.

D’où la nécessité, pour mieux en comprendre les origines, de placer la question allemande dans son contexte véritable : celui de la division allemande et de la division Est-Ouest – contexte très différent de celui que nous vivons actuellement. Réunissant les travaux d’une quinzaine d’historiens, l’ouvrage se divise en six grandes parties, consacrées à la période de la sortie de la Seconde Guerre mondiale, à la naissance du système des deux blocs, à la politique de De Gaulle, à l’Ostpolitik, aux changements intervenus durant les années 1980, enfin à l’effondrement du système Est-Ouest. Chaque partie se composant de deux à trois articles, les directeurs de l’ouvrage parviennent à analyser de façon à la fois synthétique et assez exhaustive la problématique de la question allemande et des défis qu’elle a lancés à la diplomatie française durant cette période. La chronologie des événements est respectée, mais cet aspect passe élégamment à l’arrière-plan, chaque contribution ayant sa logique propre.

On a là droit à une approche globale assez originale, l’ennui d’une énième analyse bilatérale des relations franco-allemandes (fût-ce sous l’angle de la politique française face à la « question allemande ») étant écarté par le cadre presque systématiquement trilatéral des contributions. Ainsi le rapport entre la France et la question allemande est‑il analysé en tenant compte du contexte de la construction européenne, de la sécurité transatlantique et de la politique à l’Est, ou bien des triangles que la France et l’Allemagne de l’Ouest formaient jadis avec des pays tiers comme la Grande-Bretagne, les États-Unis, l’Autriche, la Pologne, ou l’URSS, voire même la République démocratique allemande (RDA).

Enfin, cet ouvrage présente aussi des problématiques plus rarement analysées, mais riches en informations, comme les divergences franco-allemandes au sujet d’une éventuelle monnaie commune dans les années 1970, ou bien les rapports et échanges entre François Mitterrand et Willy Brandt. Pour prendre toutes les dimensions de l’attitude française face à la question allemande, l’ouvrage de Frédéric Bozo et Christian Wenkel est indispensable.

Hans Stark

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[CITATION] La souveraineté industrielle au révélateur du COVID-19

mar, 29/09/2020 - 10:34

Accéder à l’article d’Elie Cohen, « La souveraineté industrielle au révélateur du COVID-19 » ici.

Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

Géopolitique des investissements marocains en Afrique

lun, 28/09/2020 - 10:53

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Norbert Gaillard propose une analyse de l’ouvrage de Ahmed Iraqi
, Géopolitique des investissements marocains en Afrique (L’Harmattan, 2020, 152 pages).

Ahmed Iraqi est professeur en relations économiques internationales à Tanger et président-fondateur du think tank CENTRIS (Centre de recherches internationales et stratégiques). Sa monographie analyse en détail l’ampleur et le profil des investissements directs marocains (IDM) en Afrique. Elle révèle la montée en puissance du Royaume et sa capacité croissante à concurrencer les entreprises multinationales sud-africaines. Une fois surmontées une certaine lourdeur de style et quelques maladresses de présentation, le lecteur découvrira une mine d’informations.

En fait, la percée marocaine a été préparée il y a près de vingt ans, à la suite de la montée sur le trône de Mohammed VI. Dans un premier temps, le souverain annule la dette des pays africains les moins avancés. Puis il libéralise les règles permettant aux entreprises marocaines de s’implanter à l’étranger. Du point de vue institutionnel, deux outils sont utilisés. D’une part, l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) est chargée de la coopération culturelle, scientifique et technique avec l’Afrique. D’autre part, plusieurs entités sont mises en place en vue de favoriser l’expansion économique marocaine ; celles-ci ont été assez récemment fusionnées pour donner naissance à l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE).

L’activisme économique et commercial du régime chérifien se concrétise également par la signature de traités bilatéraux d’investissement (TBI). Entre 2004 et 2018, les deux tiers des TBI signés par le Maroc l’ont été avec des États africains. Le renforcement des liens diplomatiques a aussi été crucial, puisque l’auteur dénombre plus de 50 visites royales dans 29 pays africains en un peu plus de quinze ans. Ces différents facteurs ont dynamisé la pénétration des IDM sur le continent, ceux-ci représentant en moyenne 60 % de l’ensemble des IDM à l’étranger sur la période 2008-2015.

L’analyse de la répartition de ces investissements est très instructive. Les déterminants clés sont la proximité géographique, la francophonie et le culte sunnite malikite. Ils expliquent très largement la forte présence de filiales de groupes marocains en Afrique de l’Ouest. Les pays récipiendaires les plus importants demeurent le Sénégal et la Côte d’Ivoire. En revanche, les grandes entreprises marocaines sont quasiment absentes d’Afrique australe. Ahmed Iraqi souligne que Rabat maintient des relations d’affaires avec les États reconnaissant la République arabe sahraouie démocratique. Néanmoins, les principaux partenaires du Maroc, eux, ne la reconnaissent pas. L’étude sectorielle montre la puissance du secteur bancaire marocain, et l’effet d’entraînement qu’il exerce sur les autres secteurs d’activité, tels les télécommunications, le bâtiment, l’industrie pharmaceutique et l’agro-alimentaire. L’Office chérifien des phosphates a un profil particulier, du fait de son implantation en Afrique centrale et en Afrique de l’Est.

Ce livre est précieux, car il illustre remarquablement le développement des échanges Sud-Sud, soutenant l’idée que la globalisation a été bénéfique aux États émergents qui ont su privilégier le soft power et le commerce. On espère que l’auteur actualisera régulièrement ses travaux.

Norbert Gaillard

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Citation « L’Europe par-delà le COVID-19 »

ven, 25/09/2020 - 10:30

Le 6 septembre dernier, Le Nouvel Esprit Public a consacré l’une de ses brèves à l’article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, publié dans le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020) : « L’Europe, par-delà le COVID-19 ».

« Nous nous sommes souvent interrogés à ce micro sur les fondements idéologiques du macronisme, nous moquant parfois des tentatives de ses conseillers de le définir comme un progressisme. C’est pourquoi j’aimerais saluer l’excellent essai de Clément Beaune, le premier vraiment sérieux, où sont étudiées les bases de la politique européenne d’Emmanuel Macron. J’ai l’impression qu’il y a là ce pilier du macronisme que nous nous sommes évertués à chercher. Lisez-le, c’est un très long papier mais une excellente analyse de ce qui constitue l’exception de Macron. »

Relisez l’article de Clément Beaune ici.
Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

La Biélorussie, si proche de l’Europe

jeu, 24/09/2020 - 10:30

Le 9 septembre dernier, Jacques Munier a consacré son émission « Le Journal des Idées » sur France Culture à la situation en Biélorussie. Il y cite notamment Roman Kuzniar, auteur de l’article « Sur la Russie : penser européen », publié dans le numéro 1/2020 de Politique étrangère.

[…] Dans la dernière livraison de la revue Politique étrangère, Roman Kuzniar énonce les préalables à toute relation sérieuse de l’Union européenne avec la Russie. D’abord ne pas se cacher la nature véritable, en partie héritée de l’histoire, de la politique étrangère russe : un esprit néo-impérial et une logique visant à peser sur la situation globale en Europe, notamment par une guerre idéologique, « qu’elle emprunte la forme de cyber-attaques, de désinformation, ou de soutien des partis nationalistes hostiles à l’Europe unie ». Ensuite, et à raison même, maintenir un front européen uni pour contrer les tentatives de division induites par la multiplication des relations bilatérales. Il s’agit d’éviter que le Kremlin ne choisisse lui-même les termes du dialogue, écartant les questions gênantes sur les droits de l’homme ou la sécurité, en limitant les gains de l’Europe « à des contrats intéressant seulement certains pays ». […]

Lisez l’article de France Culture en entier ici.
Accédez à l’article de Roman Kuzniar sur Cairn ici.

Le choc démographique

mer, 23/09/2020 - 10:30

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Gaylor Rabu propose une analyse de l’ouvrage de Bruno Tertrais
, Le choc démographique (Odile Jacob, 2020, 256 pages).

Simple défi ou authentique révolution, crash ou explosion, véritable bombe ou – désormais – plus modérément choc, l’évolution démographique semble exposée aux travers des passions analytiques. Pour autant, Bruno Tertrais tient ici une plume sûre et plus mesurée que le choix éditorial de son titre ne le laisse présager. S’engager dans une démarche prospective relève du défi : si la démographie s’appuie sur des constantes statistiques, elle n’est pas déterministe – comme le rappelle l’auteur – mais probabiliste.

Cet ouvrage, tiré d’une monographie de 2018 de l’Institut Montaigne, est sans conteste à lire. D’une part il présente analyse synthétique, chiffrée et actualisée des enjeux politico-démographiques. D’autre part, le propos équilibré laisse le plus souvent place à une disputatio qui amène logiquement à des conclusions plus nuancées que les discours politiques et journalistiques. Sur le plan de la méthode, malgré des choix de données discutables (valeurs relatives créant un biais modérateur contre valeurs absolues à l’effet grossissant, enquêtes confrontées à des données statistiques brutes), le lecteur ne saurait reprocher à l’auteur d’avoir succombé à la facilité ou de mener une réflexion dépourvue de rigueur.

Le constat général est d’entrée formulé : vieillissement des pays occidentaux, urbanisation, accroissement rapide de la population africaine, mouvements migratoires et recomposition des populations. Puis l’auteur s’interroge sur un éventuel changement de hiérarchie des puissances. Observant le déclin européen, russe et à terme peut-être chinois, il souligne la fenêtre s’offrant à l’Inde, et reste prudent sur l’avantage comparatif américain. Rejetant le néo-malthusianisme et les crises environnementales qui pourraient en résulter, il avance des solutions possibles aux maux de la croissance démographique, bien que leur efficacité demeure insuffisamment étayée. L’incidence de ces évolutions sur l’« arc de crise » est jugée avec raison, même si le sujet n’est évoqué qu’en quelques pages.

La question migratoire demeure centrale dans l’étude. Les présupposés sont utilement démystifiés et les enjeux appréhendés sans coquetterie intellectuelle. En ressort notamment une réflexion judicieuse sur les rapports entre stocks et flux de populations. De même, la corrélation entre le rejet de l’immigration et la perception locale de ce qu’elle est au niveau national est passionnante : elle témoigne de la difficulté d’articuler le traitement statistique à vocation objective à la subjectivité des peuples. En revanche, quelques propositions mériteraient d’être approfondies. Comme souvent, les effets cumulatifs – y compris générationnels – des mouvements migratoires, suivis d’installations temporaires ou définitives, ne sont qu’effleurés. L’impact du droit du sol sous toutes ses formes n’est pas abordé alors qu’il est le premier vecteur des recompositions de population. Ainsi il est peu pertinent d’analyser séparément les politiques migratoires des États membres de l’Union européenne, dès lors que les traités et la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union européenne promeuvent une conception extrêmement accueillante de la « citoyenneté » européenne et des droits qui en découlent.

Toutes les nuances de gris de la réalité ne ternissent pas la clarté de l’ouvrage de Bruno Tertrais. Elles conduisent au contraire à juger que les changements démographiques ne s’accompagnent pas systématiquement de progrès ou de désastres, mais produisent simultanément des effets positifs et négatifs.

Gaylor Rabu

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Le COVID-19, accélérateur de la post-mondialisation

mar, 22/09/2020 - 10:30

Accéder à l’article de Norbert Gaillard, « Le COVID-19, accélérateur de la post-mondialisation » ici.

Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

Le leadership mondial en question. L’affrontement entre la Chine et les États-Unis

lun, 21/09/2020 - 10:00

Cette recension a été publiée dans le numéro d’automne de Politique étrangère 
(n° 3/2020)
. Marc Hecker, rédacteur en chef de Politique étrangère, propose une analyse de l’ouvrage de Pierre-Antoine Donnet, Le leadership mondial en question. L’affrontement entre la Chine et les États-Unis (Éditions de l’Aube, 2020, 236 pages).

Pierre-Antoine Donnet a été rédacteur en chef central de l’Agence France-Presse, et correspondant à Pékin et New York. Son nouvel ouvrage a été écrit, pour l’essentiel, avant l’apparition du COVID-19, mais les dynamiques qu’il analyse n’en sont pas pour autant dépassées. Au contraire, la crise sanitaire et ses conséquences dans de nombreux domaines ne devraient rendre que plus vive la problématique centrale de ce livre : la lutte entre la Chine et les États-Unis pour la suprématie mondiale.

L’auteur procède méthodiquement, passant en revue plusieurs champs d’affrontement entre les deux superpuissances. L’économie, le commerce, la défense, le spatial ou encore la haute technologie font ainsi l’objet de chapitres dédiés. Un autre chapitre est consacré à la compétition géostratégique entre Washington et Pékin, que l’auteur qualifie de « grand partage du monde ». Les stratégies régionales des États-Unis et de la Chine y sont rappelées en une trentaine de pages, et illustrées de nombreux exemples. L’effort de synthèse est louable, mais peut donner l’impression d’un tour d’horizon trop rapide.

Chiffres et statistiques permettent de mesurer l’ampleur de la pénétration chinoise dans les pays du Sud, certains États se retrouvant pris au piège d’une dette grandissante à l’égard de Pékin. Dans la partie consacrée au projet des Nouvelles routes de la soie, le cas du Sri Lanka, incapable de rembourser ses dettes, est notamment évoqué. Les dirigeants chinois n’ont accepté d’effacer l’ardoise de Colombo qu’en échange de la prise de contrôle du port en eau profonde de Hambantota. Cette opération « a permis à la Chine de prendre pied dans l’océan Indien, à quelques centaines de miles de l’Inde, son adversaire historique ». Plus près de nous, Pékin s’intéresse aussi aux ports de Méditerranée, comme en témoignent les accords conclus avec la Grèce en 2016 et l’Italie en 2019.

Le dernier chapitre est consacré aux faiblesses de la Chine qui pourraient constituer des freins à son ascension. La dette en fait partie : elle a été multipliée par quatre entre 2008 et 2016, et avoisinerait les 300 % du produit intérieur brut. Au nombre des autres difficultés mentionnées, la démographie : les conséquences de la politique de l’enfant unique vont se faire sentir à long terme, et le vieillissement de la population risque de devenir un « casse-tête pour les caisses de l’État ». La question du mécontentement d’une partie de la population n’est pas éludée, l’auteur soutenant que « la stabilité sociale en Chine n’est pas celle que l’on croit ». Il finit par s’interroger sur la capacité des dirigeants chinois à faire perdurer le régime communiste et, au-delà, à permettre à leur pays de dominer les États-Unis. Se gardant bien de répondre directement à la question, il laisse la parole à différents experts dont les avis ne manquent pas de diverger.

« Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble au monde d’avant, mais en pire », déclarait Jean-Yves Le Drian, alors que le COVID-19, parti de Chine, gagnait l’ensemble de la planète. Ce livre ne rassurera pas ceux que cette remarque a inquiétés. Il constitue une bonne introduction à la géopolitique du « monde d’après ». Il n’est pas destiné aux spécialistes, mais pourra donner des clés de compréhension utiles à un large public.

Marc Hecker

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Le Grand Entretien – Clément Beaune

ven, 18/09/2020 - 12:06

Jeudi 17 septembre, Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, était l’invité sur France Inter de Nicolas Demorand et Léa Salamé dans l’émission « Le Grand Entretien », pour discuter de l’Europe et notamment faire suite au discours prononcé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. A l’occasion de cet entretien, son article « L’Europe par-delà le COVID-19 », publié dans le numéro 3/2020 de Politique étrangère, a été cité.

[Extrait de l’entretien – 23’43]

Léa Salamé : « Dans un grand texte dans la revue Politique étrangère, vous proposez de mettre des visages de grands Européens ou de grandes Européennes sur les billets de banque au lieu des représentations abstraites qui s’y trouvent. Quels visages, quels grands noms européens méritent sa place sur un billet ? »

Clément Beaune : « Je pense que ce serait une grande avancée car l’Europe est trop belle pour être représentée par de tristes fenêtres ou ponts qui ne parlent à personne. »

L. S. : « Alors qui ? »

C. B. : « Simone Veil, Erasme, puisque nous parlions de déplacements et qu’Erasmus c’est quand même une réalisation européenne, et je pense que même des contemporains pourraient donner un éclairage concret. Jacques Delors, qui est un grand européen, pourrait être un visage qui réunit. Je pense qu’il ne faut pas seulement que ce soit des politiques, mais des philosophes, des intellectuels, parce que l’Europe on n’y va pas par l’économie ou le marché, on y va par la culture. »

Réécoutez le podcast de l’émission ici.
Relisez l’article de Clément Beaune ici.
Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

COVID-19 et économie

ven, 18/09/2020 - 10:30

Le dossier du dernier numéro de Politique étrangère (n° 3/2020), consacré au COVID-19, regroupe notamment 4 textes abordant différentes conséquences économiques liées à la pandémie du coronavirus.

  • « Le COVID-19, accélérateur de la post-mondialisation« , par Norbert Gaillard
    La mondialisation a généré des interdépendances, dont les effets néfastes ont pu être constatés à l’occasion de la pandémie de COVID-19. Plusieurs pays européens ont ainsi dû faire face à une pénurie de produits sanitaires essentiels. L’Europe est amenée à tirer les leçons de cette crise et à entrer de plain-pied dans l’ère de la post-globalisation. Elle devra réduire sa dépendance à l’égard de pays qui ne respectent pas les règles du libéralisme, en particulier la Chine.
  • « La souveraineté industrielle au révélateur du COVID-19« , par Elie Cohen
    Au cours des vingt dernières années, la France s’est désindustrialisée, a délocalisé et étendu ses chaînes de valeur. Cette tendance s’est traduite, pendant la crise du COVID-19, par des pénuries de produits sanitaires et une dépendance à l’égard de la Chine. Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. L’Union européenne sera amenée à jouer un rôle important dans le renforcement de la résilience économique de ses États membres.
  • « Le secteur financier face au choc du COVID-19« , par Arnaud Odier
    Les mesures de confinement prises pour endiguer l’épidémie de COVID-19 ont provoqué une crise économique inédite. Celle-ci n’est pas comparable à la crise financière de 2008, dont la cause était endogène. Pour limiter l’impact de la récession, les gouvernants creusent les déficits publics et comptent sur l’intervention des banques centrales. La reprise économique et la sauvegarde de l’emploi dépendront de la capacité du secteur financier à se mettre au service de l’économie réelle.
  • « D’une crise l’autre« , par Jean-François Gayraud
    Les crises financière de 2008 et sanitaire de 2020 ne résultent pas de la fatalité mais bien d’actions humaines. Elles illustrent certaines dérives du système international et de la mondialisation. Cupidité corruptrice, criminalisation des économies, propension au mensonge, tendance à oublier les leçons de l’histoire : tels sont quelques-uns des ingrédients de ces crises. La pandémie de COVID-19 risque d’engendrer une accélération des comportements prédateurs, notamment de la Chine.

Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

[Citation] L’Europe par-delà le COVID-19

jeu, 17/09/2020 - 17:23

Dans le cadre de l’Académie de Berlin réunie à l’ambassade, M. François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, a prononcé le 10 septembre 2020 un discours sur la situation actuelle : « La France et l’Allemagne face aux défis de la crise en Europe ». Il a cité à cette occasion l’article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, publié dans le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020) : « L’Europe, par-delà le COVID-19 ».

« J’ai relevé tout à l’heure la différence de vocabulaire franco-allemand : le « couple » français, le « moteur » allemand. Mais je conclus en citant un Français, Clément Beaune, le nouveau ministre des Affaires européennes, qui me paraît bien faire la synthèse « par le haut » : « La célébration est nécessaire, mais elle n’est jamais suffisante et ne dispense pas de ce qui fait depuis six décennies la force irremplaçable de la relation franco-allemande : une relation de travail, organisée à tous les étages de notre vie politique et administrative, dont la puissance vient du fait que nos deux pays ont précisément des positions souvent divergentes mais savent, dans les moments clés, les surmonter, en entraînant les autres [1] ». Entraîner les autres : c’est ce que nous avons fait en juillet 2019 avec les nominations à la Commission et la BCE, et plus encore cette année face à la crise. Ensemble, nous avons bien servi l’Europe et les Européens. Soyons sûrs d’une chose : ils auront encore besoin de notre engagement commun, sur beaucoup d’ambitions et pour longtemps. »

[1] Clément Beaune (2020), « L’Europe, par-delà le COVID-19 », Politique étrangère, automne.

Relisez l’intégralité du discours de François Villeroy de Galhau ici.
Relisez l’article de Clément Beaune ici.
Retrouvez le sommaire complet du numéro 3/2020 de Politique étrangère ici.

« China acted quicker in COVID-19 epidemic than SARS: report »

jeu, 17/09/2020 - 10:30

Le 14 septembre dernier, le site officiel de la CGTN – la TV nationale chinoise – publiait un article mettant en avant des propos extrait de l’article de Didier Houssin, « La coopération sanitaire internationale à l’épreuve du COVID-19 ».

« Chinese authorities were much quicker to report the COVID-19 epidemic in Wuhan at the end of 2019 than that of SARS in Guangdong Province in 2003, said a report by Professor Didier Houssin, chair of the Emergency Committee of the World Health Organization (WHO).

The report, titled « COVID-19 Puts International Health Cooperation to the Test, » was published by the French Institute of International Relations on September 4.

« It is also clear that the Chinese authorities have quickly shared the virus sequence on international databases, » said Houssin.

A timeline reflects China’s quick response to the unexpected crisis is listed in the report.

The first report of cases of the « pneumonia of unknown cause » in Wuhan, central China’s Hubei Province, was made to the WHO China Country Office on December 31, 2019.

A novel coronavirus was quickly blamed. Its genome was quickly sequenced from several samples taken in China from patients, particularly in Hubei Province.

As of January 12, the Chinese health authorities released the genetic sequence of the new coronavirus, and shared with the WHO about information on the genome sequence.

The epidemic prevention measures taken in Wuhan had « apparent effectiveness, » said the report. […] »

Lisez la suite de cet article ici.
Accédez à l’article de Didier Houssin, en français ici.

La crise sanitaire : une opportunité pour l’Europe ?

mar, 08/09/2020 - 11:15

Le 1er septembre, Guillaume Erner a consacré son émission « L’invité(e) des matins » sur France Culture à la crise sanitaire et aux enjeux que cela représentait pour l’Europe. Son invité était Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, qui a notamment écrit dans le numéro de Politique étrangère qui vient de paraître (n° 3/2020) un article intitulé « L’Europe, par-delà le COVID-19 ».

Il y a cinq ans, l’Europe était frappée par une crise migratoire qui l’avait divisée. Aujourd’hui, la liste des dossiers qui attendent le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, fraîchement nominé, est toujours aussi ambitieuse. Au programme, l’harmonisation de la gestion de la crise sanitaire, les négociations sur le Brexit, mais encore la mise en œuvre du plan de relance. Mais dans cette succession de difficultés, les 27 ont aussi réussi à s’entendre de façon inédite, en créant pour la première fois un endettement commun européen pour financer la relance des économies. Et si les épreuves étaient une opportunité pour l’Union Européenne ? 

Pour en parler nous recevons Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, nominé le le 26 juillet dernier. Il est auteur de l’article “L’Europe, par-delà le COVID” à paraître dans la revue Politique étrangère de l’Ifri, en ligne le 3 septembre, en librairie le 7 septembre.

Sur les velléités de la Turquie

Il y a une stratégie de provocation de la part du président turc. Ce n’est pas pour rien qu’il a ciblé la Grèce et la France. La Grèce est l’ennemi historique et la France est le pays de l’UE est au rendez-vous de cette solidarité indispensable face a des actions de la part de la Turquie qui se multiplient en Méditerranée orientale pour aller envoyer des bateaux dans les eaux de Chypre, mener des actions contraires au droit international en Libye qui menace aussi la sécurité européenne. 

Emmanuel Macron est arrivé lundi 31 août à Beyrouth pour sa deuxième visite après la double explosion qui a détruit le port de la capitale libanaise le 4 août dernier

« On ne choisit pas le Liban face à la Turquie. C’est un ensemble géopolitique important pour la sécurité de l’Europe. La France doit être active. Il faut reconnaître qu’on n’a pas les moyens de la Chine ou des États-Unis, mais il ne faut pas minimiser nos forces. C’est par l’Europe, en matière diplomatique, géopolitique et de sécurité, nous devons aller vers une défense européenne, qui nous relèverons le défi ».

Un plan de relance deux fois inférieur à celui des États-Unis ? 

Le plan de relance européen est un élément d’un plan plus large. Il faut additionner les plans de relance nationaux et ceux à venir. 

Le Brexit, où en est-on ? 

« Les choses n’avancent pas beaucoup. Le Royaume-Uni souhaite sortir de l’Union Européenne et ne doit donc plus avoir accès au marché européen. On ne peut pas avoir accès au marché européen sans respecter les règles sanitaires, environnementales… de la communauté. Le no deal est un risque. Cela n’empêche pas de commercer, mais il y a un certain nombre de barrières, comme les droits de douane. Nous avons intérêt à limiter les frictions mais on ne le fera pas au prix du non respect des règles ».

Réécoutez le podcast de l’émission ici.

PE 3/2020 en librairie !

lun, 07/09/2020 - 10:29

Le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020) vient de paraître ! Il consacre un dossier spécial aux conséquences du COVID-19 sur la mondialisation, avec notamment en exclusivité un article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, et de Didier Houssin, président du comité d’urgence de l’OMS. Un second dossier sur l’urbanisation et ses évolutions à l’heure de la technologie font de ce numéro un incontournable de la rentrée.  Et comme à chaque nouveau numéro, de nombreux autres articles viennent éclairer l’actualité : la relation transatlantique, la démocratie israélienne…

Au-delà des systèmes de santé nationaux, le COVID-19 interroge les grands équilibres mondiaux, et souvent les modes de coopération qui les organisent. Politique étrangère parcourt les questions qui s’imposent à la réflexion post-crise.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a-t-elle failli ? La phase de mondialisation libérale est-elle close ? Les États sont-ils condamnés à récupérer leurs souverainetés ? Comment le secteur financier « encaisse-t-il » la crise ? Et en quoi la crise elle-même est-elle particulière – d’ailleurs, qu’apprenons-nous des crises qui se succèdent ?

Dans un texte de référence, Clément Beaune – secrétaire d’État chargé des Affaires européennes – expose comment les responsables français voient dans le temps troublé de la crise la chance d’un nouveau départ vers une Union européenne remodelée : les décisions de crise pourraient préluder à une mutation politique essentielle.

Les concentrations urbaines ont été au premier chef victimes et acteurs de la crise. Au-delà, que dit la dynamique d’urbanisation du monde des grands équilibres démographiques ? L’urbanisation est-elle une fatalité ? Modifie-t-elle les équilibres politiques internationaux ? Les villes sont-elles le nouvel espace des guerres ? Et les contrôles technologiques qui s’y imposent annoncent-ils notre avenir : de la smart city à la smart society ? Enfin, à la veille de l’élection présidentielle américaine, peut-on imaginer que les rapports euro-américains de sécurité évoluent, pour aller vers une Alliance atlantique rééquilibrée ? Et qu’Israël s’affranchisse enfin de la profonde crise de son système politique ?

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La coopération sanitaire internationale à l’épreuve du COVID-19

ven, 04/09/2020 - 10:33

Suite au sondage réalisé sur ce blog, nous avons le plaisir de vous offrir en avant-première l’article du numéro d’automne 2020 de Politique étrangère (n° 3/2020) – disponible dès lundi 7 septembre – que vous avez choisi d'(é)lire : « La coopération sanitaire internationale à l’épreuve du COVID-19 », écrit par Didier Houssin, président du Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de l’épidémie du COVID-19.

Au cours des derniers mois, l’espèce humaine a été confrontée à un nouveau et dangereux membre de la famille des virus à couronne : après le coronavirus SARS-CoV-1, responsable de l’épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui a débuté en Chine en 2003, puis le MERS CoV apparu en 2012 en Arabie Saoudite, le SARS-CoV-2 est responsable de la pandémie de COVID-19 dont les premières manifestations ont été identifiées fin 2019 en Chine.

Après environ six mois de transmission d’un virus dont le tropisme est l’appareil respiratoire des êtres humains, le bilan au 8 juin 2020 fait état de près de 7 millions de cas recensés et de plus de 400 000 décès, principalement dans les zones Europe et Amériques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La pandémie est encore en cours. La trajectoire et l’intensité de la transmission du virus peuvent réserver des surprises. Toutefois, il est possible de faire quelques premiers constats sur la gestion de cette épidémie. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle s’est d’emblée révélée peu propice à la coopération internationale en matière sanitaire.

L’internationalisation de l’épidémie liée au virus SARS-CoV-2

L’épidémie due au virus SARS-CoV-2, qui s’est déclenchée en Chine dans les dernières semaines de 2019, n’est pas apparue comme une totale surprise. Les risques zoonotiques afférents à la mise en contact de populations humaines denses avec de nombreuses espèces de la faune domestique et sauvage, en particulier dans les marchés d’animaux vivants, sont connus. Les précédentes épidémies à coronavirus en ont déjà été l’expression.

Le premier signalement de cas groupés de pneumonies de cause inconnue à Wuhan, dans la province chinoise du Hubei, a été fait à l’OMS le 31 décembre 2019. Un nouveau coronavirus a vite été mis en cause. Son génome a rapidement été séquencé à partir de plusieurs prélèvements faits en Chine chez des malades, en particulier dans le Hubei.

Dès le 12 janvier 2020, les autorités sanitaires chinoises ont rendu publique la séquence génétique de ce nouveau coronavirus, en introduisant cette séquence dans la base de données GISAID qui recueille les séquences génétiques des virus influenza. Cette rapidité traduit, à la fois, les progrès faits en matière de génétique moléculaire virale, et la volonté de partager des informations génétiques utiles à la compréhension de ce virus. Les connaissances progressent aujourd’hui plus vite sur la nature d’un virus émergent que sur les effets de celui-ci sur la population, ou sur ses modes de transmission.

Dès le 13 janvier 2020, la portée internationale de l’épidémie liée au virus SARS-CoV-2 est apparue avec un premier cas signalé en Thaïlande. La dimension internationale de l’épidémie était sans doute plus précoce, mais cela reste encore à bien documenter à l’heure où sont écrites ces lignes.

Face à un risque sanitaire nouveau susceptible de concerner le monde entier, l’OMS devait avoir un rôle de chef de file. Cette agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) est à la fois un organisme muni de compétences techniques en matière de santé, et un organisme politique composé de la quasi-totalité des États existant dans le monde. Sa gouvernance s’appuie sur l’Assemblée mondiale de la santé, qui réunit l’ensemble des 193 États membres de l’Organisation, et un Conseil exécutif composé de 34 membres. Face au risque de diffusion internationale d’une maladie, l’action de l’OMS et des États membres s’appuie sur un instrument juridique international essentiel : le Règlement sanitaire international (RSI), dont la dernière version a été adoptée en 2005. Quand point un risque nouveau, le directeur général de l’OMS doit, selon le RSI, convoquer un Comité d’urgence ad hoc, composé de scientifiques, et dont le rôle est, avant tout, de donner un avis au directeur général : l’événement en cours doit-il être qualifié d’« urgence de santé publique de portée internationale », ce qui, selon le RSI, renvoie alors à des droits et devoirs spécifiques pour l’OMS et ses États membres ?

Aucun pays ne souhaite être la source d’une urgence de santé publique de portée internationale, en raison notamment des effets qui en résultent, en termes d’image et sur le plan économique. À l’inverse, l’image de ce même pays sera fortement dégradée s’il apparaît que l’OMS a été prévenue avec retard d’un événement sanitaire de ce type. En 2003, cette critique justifiée avait été faite à la Chine lors de l’épidémie de SRAS.

Lisez le texte dans son intégralité ici.

L’Europe, par-delà le COVID-19

jeu, 03/09/2020 - 10:16

La rédaction a le plaisir de vous offrir à lire en exclusivité l’article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, « L’Europe, par-delà le COVID-19 », publié dans le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020), à paraître le 7 septembre. Dans cet article, Clément Beaune pose un diagnostic précis des défauts de l’Europe et indique la marche à suivre afin de redonner du souffle au projet européen.

« Quelques semaines après un accord budgétaire d’une ambition inédite, acté par le Conseil européen le 21 juillet 2020, il serait tentant de dire que le COVID-19 a tout changé dans l’Union européenne (UE), selon le principe savamment répété : « L’Europe n’avance que dans les crises. » Comme tout cliché, cette simplification a du vrai. Le saut d’intégration réalisé avec l’endettement commun de l’Union est l’étape d’intégration européenne la plus importante depuis l’euro ; elle aurait été impossible sans cette crise. Mais il est vrai, surtout, et moins visible, que cette avancée majeure doit beaucoup au retour d’un triangle d’or qui n’avait plus connu pareille vigueur depuis le début des années 1990 : le couple franco-allemand, étroitement associé à une Commission européenne ambitieuse.

Élément de continuité sous-estimé et combiné à une réelle nouveauté, elle aussi minimisée : les attentes des citoyens à l’égard de l’Europe ont augmenté. Ils ne la critiquent pas tant pour son intrusion dans les compétences nationales que pour son inaction face aux défis communs : hier les migrations, aujourd’hui la santé, du manque d’harmonisation des mesures de quarantaine à la recherche commune d’un vaccin. Aujourd’hui, on s’attend à ce que l’Europe agisse, on la critique quand elle ne le fait pas, ou peu, ou tard.

La crise a d’ailleurs montré que son efficacité semblait corrélée à ses compétences : réactive dans le champ économique (suspension des règles budgétaires ou d’aides d’État, soutien monétaire massif), en large partie impuissante pour la coordination des restrictions aux frontières et presque inexistante dans le cœur sanitaire de la crise. Enfin, il n’est pas anodin de noter, avec la nécessaire prudence liée à toute fiction politique, que si le Royaume-Uni était encore membre de l’Union, l’accord sur le budget et un tel plan de relance aurait certainement été inaccessible.

Ces trois éléments – la nécessité d’un logiciel européen commun, les attentes croissantes des citoyens et la pertinence renouvelée du moteur franco-allemand – dessinent la matrice d’un projet européen qui doit revoir ses méthodes comme sa substance pour incarner une puissance ferme, rapide et audible dans un monde brutal que les Européens redécouvrent, tel l’empereur de Chine des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar s’apercevant avec rage que le monde réel n’est pas celui des toiles superbes que son vieux peintre Wang-Fô lui avait idéalement décrit.

Quel projet européen pour Emmanuel Macron ?

Commençons par la méthode européenne du président de la République, non seulement car elle dit beaucoup du fond, mais aussi car elle marque la nouveauté la plus importante dans l’action européenne des présidents français depuis François Mitterrand. Cette rupture méthodologique a été encore peu perçue ou commentée. Elle repose sur la combinaison permanente de trois éléments. […] »

Lisez l’article dans son intégralité ici.

PE 3/2020 bientôt en librairie (J-7)

lun, 31/08/2020 - 11:08

Le nouveau numéro de Politique étrangère (n° 3/2020) va bientôt paraître (J-7) ! Il consacrera un dossier spécial aux conséquences du COVID-19 sur la mondialisation, avec notamment en exclusivité un article de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, et de Didier Houssin, président du comité d’urgence de l’OMS. Un second dossier sur l’urbanisation et ses évolutions à l’heure de la technologie font de ce numéro un incontournable de la rentrée.  Et comme à chaque nouveau numéro, de nombreux autres articles viennent éclairer l’actualité : la relation transatlantique, la démocratie israélienne…

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ven, 28/08/2020 - 13:44
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La réforme de l’OTAN et le système de sécurité du monde libre

ven, 28/08/2020 - 10:00

La rédaction de Politique étrangère vous offre à (re)lire des textes qui ont marqué l’histoire de la revue. Nous vous proposons aujourd’hui un article de Eugen Gerstenmaier, intitulé « La réforme de l’OTAN et le système de sécurité du monde libre », et publié dans le numéro 4/1964 de Politique étrangère.

« Nous, peuples des Nations Unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre,… à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage et à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales… avons décidé d’associer nos efforts. »

Telles sont les idées essentielles qui ont présidé à la naissance de l’organisation des Nations Unies en juin 1945. Elles trouvent leur explication dans la lassitude, la crainte de nouvelles guerres, ainsi que dans la constatation que le monde, en dépit de ses divergences, tend de plus en plus vers l’unité. Roosevelt, concevant à sa manière cette nouvelle interdépendance, chercha à en établir le programme. Malheureusement, l’Organisation des Nations Unies et son Conseil de Sécurité ne s’avérèrent pas l’instrument capable de supprimer ou d’atténuer la tension croissante entre les Etats communistes et le monde libre. D’où la profonde déception qui suivit les espoirs placés dans les Nations Unies. Devant l’agressivité effrénée du communisme mondial sous la conduite de Moscou, il devenait indispensable de doter le monde libre d’un système de sécurité efficace.

I

L’O.T.A.N. est le plus important des pactes régionaux conclus dans le cadre de ce système, dont les Etats-Unis sont les principaux artisans. C’est dans ce même cadre que figurent l’O.T.A.S.E. et le C.E.N.T.O., le Pacte de sécurité entre les Etats-Unis et le Japon, ainsi que l’engagement des Etats-Unis en Corée sous le drapeau des Nations Unies. En termes de politique occidentale, ce système, non fermé sur lui-même, est la conséquence pratique de la politique de containment qui a triomphé assez facilement du roll back, du refoulement plus ou moins violent du communisme mondial hors des positions conquises après la guerre par la force ou par la ruse. Cette politique de l’endiguement a tenu bon aussi contre toutes les tentatives de la remplacer par une politique de dégagement.

Lorsque fut signé, le 4 avril 1949, le Traité de l’Atlantique Nord, il n’y avait pas encore de République Fédérale d’Allemagne, mais le partage du monde en deux blocs était peut-être plus évident qu’aujourd’hui, quinze ans plus tard. Les changements considérables qui sont intervenus au cours de ces 15 années ne peuvent passer inaperçus, et l’on ne saurait sous-estimer leurs incidences sur l’évolution et éventuellement sur la transformation de l’O.T.A.N. N’empêche que la politique du monde libre, ou tout au moins sa politique de sécurité, continue de s’inspirer du principe politico-militaire de l’endiguement.

A l’occasion d’une rencontre à Tokyo, George Kennan, qui a introduit la notion de containment dans la politique mondiale et a pris part à la création de l’O.T.A.N., me confirmait récemment qu’à l’époque, Washington ne visait qu’à doter le monde libre d’un système de sécurité militaire moderne, qui fût à même de garantir la sécurité de l’Europe jusqu’au « rideau de fer ». L’édifice que les Américains avaient tout d’abord en vue était simple. Il ne s’inspirait pas des idées modernes d’intégration qui animaient à cette époque le Mouvement Européen, mais plutôt des alliances traditionnelles.

Il se peut que les idées d’intégration européenne aient amené les Américains à préférer une association globale des Européens au sein de l’O.T.A.N. à un contrat passé individuellement avec chacun des Etats membres européens. Mais en admettant même qu’il en fût ainsi, ces idées n’aboutirent à aucun résultat tangible. C’est pourquoi l’échec de la Communauté Européenne de Défense, quelques années plus tard, n’eut aucune incidence sur l’O.T.A.N. elle-même. On peut avancer que si la C.E.D. avait vu le jour, nous aurions pu faire ces dernières années l’économie de quelques efforts et de quelques malentendus, et bien entendu, les suggestions que je me permets de faire ici quant à la réforme de l’O.T.A.N., seraient superflues, car dans l’intervalle, cette Organisation aurait certainement évolué. L’une des conséquences de l’échec de la C.E.D. fut l’adhésion immédiate de la République Fédérale à l’O.T.A.N. il y a dix ans. Une autre conséquence fut que l’O.T.A.N. représente, du moins juridiquement jusqu’à ce jour, un système de sécurité qui s’inspire des alliances traditionnelles de l’Etat national souverain. En fait, l’O.T.A.N. est devenue, sur le plan militaire, une organisation intégrée qui représente un progrès considérable sur les alliances militaires des 150 dernières années. Cela tient sans doute à la politique des blocs, mais cela s’explique aussi par les impératifs militaires, notamment par le développement des armes atomiques. Il va de soi que les incidences sur la politique générale de chacun des partenaires de l’alliance devaient être considérables et provoquer des remous. En vue d’harmoniser ces politiques, les trois sages recommandèrent en 1956 que les consultations politiques dans le cadre de l’O.T.A.N. deviennent « partie intégrante de la politique nationale des Etats membres ». Dans la pratique, on est resté certes bien en deçà de ces vœux et de ces exigences, mais il n’empêche que, depuis 1956, les consultations ont pris constamment plus d’ampleur et d’intensité.

Pour les Allemands, en tout cas, l’O.T.A.N. est aujourd’hui qualitativement différente des instruments et modèles de la politique traditionnelle d’alliances. Cette impression est due notamment au fait que chaque division allemande, dès sa formation, est placée automatiquement sous le commandement de l’O.T.A.N. et du même coup soustraite à l’autorité directe du gouvernement fédéral.

Il a fallu les tensions surgies ces deux dernières années au sein de l’alliance pour faire prendre conscience à l’observateur allemand qu’en fait, de par sa structure, l’O.T.A.N. ne peut être comparée aux institutions de l’Europe intégrée. Ces derniers temps, on s’est néanmoins habitué de plus en plus en Allemagne à appliquer à l’O.T.A.N. les critères d’intégration plutôt que ceux des systèmes d’alliances des décennies précédentes. C’est important, au moins sur le plan psychologique, si l’on étudie l’opinion allemande sur les rapports entre la France et l’O.T.A.N. Ceux qui en Allemagne critiquent la politique française vis-à-vis de l’O.T.A.N. ont trop tendance à juger en termes d’intégration, sans se rendre compte que, de par son organisation et son origine, l’O.T.A.N. a une structure différente. Dans les rapports actuels entre la France et l’O.T.A.N., certains ne veulent voir que l’expression de la réserve personnelle de l’actuel chef de l’Etat français à l’égard de tout ce qui est intégration et leadership américain. On oublie généralement que l’attitude du gouvernement français vis-à-vis de l’O.T.A.N. s’explique aussi par des raisons tout à fait différentes, par des motifs qui sont à chercher dans révolution de la politique mondiale et dans le progrès des armements.

Je me permettrai de signaler les quelques points qui sont à l’origine de certaines critiques :

1 — La trop grande différence dans le comportement des Etats membres en ce qui concerne l’affectation de leurs unités db combat au commandement de l’O.T.A.N. Tandis qu’un partenaire de l’alliance assigne davantage de troupes à SACEUR, un autre retire des effectifs. La raison profonde en est que les uns considèrent que le système d’intégration est superflu, tandis que d’autres partenaires de l’O.T.A.N. estiment que l’intégration militaire dès le temps de paix est la condition d’un fonctionnement rapide en temps de guerre. […]

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Problèmes de la Chine populaire

mer, 26/08/2020 - 10:00

La rédaction de Politique étrangère vous offre à (re)lire des textes qui ont marqué l’histoire de la revue. Nous vous proposons aujourd’hui un article de Roger Lévy, intitulé « Problèmes de la Chine populaire », et publié dans le numéro 6/1957 de Politique étrangère.

1. Le voyage

Une gageure : quitter Paris, le 13 mai 1957 ; aller par le chemin des écoliers, c’est-à-dire Hong-Kong, à Pékin ; rentrer, via Moscou, en quelque trente heures de vol ; être dé retour, après six semaines d’absence ; avoir observé les traits distinctifs de la Chine populaire, son régime, ses hommes ; écrire non la relation du voyage mais les réflexions qu’il suggère ; livrer le manuscrit, fin août, à l’éditeur ; voir, à la mi-octobre, le volume rouge et or aux devantures des librairies parisiennes ; cela tient du prodige. La vérité veut que M. Edgar Faure était préparé à cette performance. Deux fois président du conseil, depuis cinq ans, et ministre des affaires étrangères, il avait fait précéder son exploration du continent chinois de celle du continent soviétique. Il avait pris, autrefois, ses diplômes de russe à l’Ecole des langues — introduction à la connaissance de l’Asie, par le truchement des comparaisons. Il avait acquis l’habitude de survoler les problèmes politiques à l’échelle de la planète. Il est animé, comme tout vrai politique, de l’esprit de synthèse. Donc voici explicitée en deux cent trente pages, la Chine de Mao Tso-tong.

Ni redites, ni anecdotes inutiles. Dès l’abord, l’auteur trace les limites qu’il s’assigne. Politique, il se devait de traiter politiquement de la Chine ; bien entendu dans des perspectives françaises. Ni moraliste, ni sociologue, ni économiste, ni soldat, ni érudit (foin de l’érudition !) mais politique, en vérité, auquel s’imposent les arguments d’une éventuelle reconnaissance diplomatique de la Chine populaire. Que M. E. Faure en soit partisan, cela semblerait vraisemblable. Mais attention ! Ici interviennent les nuances nécessaires. M. Faure marche hardiment au-devant des critiques. Ayant souligné, à diverses reprises, l’irréalisme de la politique occidentale à l’égard de la Chine, pourquoi, objecte-t-il à lui-même, n’avoir pas pris, comme Président du conseil, l’initiative de reconnaître le gouvernement de Pékin ? Il lui est aisé de rappeler que la reconnaissance s’entoure d’un contexte international : problème de Formose, situation de l’O.N.U., etc. Une initiative isolée pouvait, il y a vingt mois, paraître moins valable qu’une avance vers un règlement d’ensemble. En 1955, il fallait s’abstenir d’une action prématurée, incomplète, que la Chine aurait sans doute accueillie en disant : « Et s’il me plaît à moi, de ne pas être reconnue ? »

Le livre, articulé en trois parties — Le voyage et les hommes — La politique intérieure — La politique économique — présente des essais de réponse à ces questions majeures : 1°) Existe-t-il un communisme russe et un communisme à la chinoise ? 2°) La politique intérieure chinoise se décompose-t-elle en des oppositions ou des antagonismes ? 3°) Dans l’évolution économique, qui comporte la réforme agraire et la prime à l’industrie lourde, une économie mixte est-elle destinée à durer ?

2. Les hommes

Des hommes il est proposé trois esquisses celles de Chou En- lai ; de Mao Tso-tong ; de M. L.W.M.

Chou En-lai, venu au communisme en France, dès les années 1920, a déclaré : « II n’était pas possible de transformer les salariés en capitalistes, mais il était possible de transformer les capitalistes en salariés. » Formule qui projette un pinceau lumineux sur l’ensemble du tableau.

De l’entrevue avec Mao, on retiendra que le Chef parle de la Chine « avec une passion contenue, une expression mélangée d’accablement et de confiance ». Deux fois, M. Faure reprendra ces termes émouvants : accablement et confiance. Le grouillement des humains, la pénurie des ressources, le retard des techniques assaillent évidemment le Président Mao. Les conditions lui interdisent de placer de niveau les coopératives françaises et les coopératives chinoises. « Les terres, chez nous, sont trop réduites, dit Mao ; le paysan ne peut pas se diviser entre une exploitation coopérative et une exploitation personnelle. »

Témoignage de la finesse de Mao, qui est de lignée paysanne, vieil étudiant, et toujours poète : son propos de politique étrangère habillé d’une de ces allégories qu’il affectionne :

Le héron et la moule

« Nous avons en Chine une histoire, celle d’un héron et d’une moule. Le héron trouve la moule sur une plage, mais la moule se referme sur le bec du héron. Alors commencent entre eux de longues controverses. Dans trois jours, dit la moule au héron, tu seras mort. Et toi aussi, dit le héron à la moule, dans trois jours tu seras morte de sécheresse. Aucun ne veut céder, et cependant un pêcheur passe et les prend tous les deux. »

M. Edgar Faure interroge tout de go : « Est-ce que c’est un pêcheur russe ou un pêcheur américain ?» La réponse attendue vient avec un sourire : « A mon avis, ce serait plutôt un pêcheur américain. »

M. L.W.M., personnage imaginaire, dont la fiction garantit la modestie et dont l’orthodoxie ne va pas jusqu’au psittacisme, représente, en style composite, l’intellectuel, l’un ou l’autre ministre qu’a tour à tour rencontrés M. Edgar Faure, le Chinois moyen, l’homme de la rue. M. L.W.M. dira notamment :

« Le communisme, si souvent qualifié d’international est d’abord, ici, un nationalisme. En Chine la « face » reflète l’extérieur et non pas l’intérieur, elle ne traduit ni ne trahit les vicissitudes de l’âme. »

M. L.W.M. , aux prises avec un Français redoutable, — car M. Faure refuse de s’en laisser accroire — rétorque : « Votre expérience démontre que l’on peut trouver en Chine, bien qu’ils soient pourchassés et en petit nombre, des mendiants et des voleurs ; que l’on peut trouver des mouches, bien qu’elles soient exterminées, et des chiens, bien qu’ils soient interdits. Mais ce que vous ne trouverez pas sur tout le territoire de la Chine, c’est un nostalgique du gouvernement de Nankin, un authentique adepte du Kouo-min tang, un admirateur sincère de Chiang Kai-shek. »

3. Démontage d’une politique intérieure

Dans la seconde partie du livre on assiste au démontage des rouages de la machine de politique intérieure ; à l’enregistrement de ses modulations.

Il est en Chine, on le sait assez, un parti — le Parti. Que penser des nombreux « petits partis » qui subsistent ou que l’on encourage ? Ces petits partis autorisent une coloration générale « démocratique » du système. Le Parti compte 12 à 14 millions de membres ; les petits partis, 100.000. Ces petits partis eux-mêmes méritent-ils d’être considérés comme non-communistes ? « Ce sont en quelque sorte, dit M. Faure, des partis communistes à recrutement social différencié. »

Dans l’histoire des huit dernières années, on n’omettra pas certaine « Commission consultative », héritage du Kouo-min tang, qui précédait l’élaboration de la constitution et la mise en place d’une Assemblée nationale. Cette Commission consultative de 1949 se survit ; elle « consulte » toujours. Il faut, en effet, que l’on puisse discuter, critiquer, un peu partout, sur de nombreux plans, sur la place publique. Sinon Mao Tso-tong craindrait qu’il ne se forme, dangereusement, des nœuds d’irritation, d’incompréhension.

Ainsi un parti de treize millions d’adhérents, une dizaine de partis minuscules, une Consultante prolongée, une Assemblée préludent au Front uni. Ce front compte quatre classes : bourgeois, capitalistes, intelligentzia, autour des communistes. Mais l’intégration de la bourgeoisie ne comporte aucune renonciation aux thèses du communisme ; car l’intégration intervient à titre transitoire. Ce n’est pas un contrat d’installation, c’est un contrat d’adaptation. Parti et petits partis, Constituante et Assemblée permettent de déceler l’opposition — l’opposition de Sa Majesté.

Tous ces instruments sont indispensables à qui doit gouverner 600 millions d’hommes ; ils servent à tâter le pouls de la patiente — la patiente, c’est la Chine. Or les courbes de températures ne sont jamais si révélatrices qu’en période de fièvre. On provoquera, en conséquence, des accès, des crises. On a connu, fin 1951, la campagne des san fan ou trois anti, dirigée contre les vices des fonctionnaires. Elle précédait, de peu celle des wou fan, les cinq anti (cinq, chiffre fatidique en Chine) contre les vices des réactionnaires et des bourgeois. Ces campagnes se développaient avant le tcheng feng, rectification du style ; avant « les cent fleurs » ; avant le déviationnisme de droite, de 1957. Campagnes où l’on aperçoit des contradictions. L’erreur serait de les croire irréductibles. Si des divisions existent — telles que s’emploie à les étaler le politburo chinois — elles ne menacent le régime que dans les esprits d’Occident ! Elles ne résistent pas aux manœuvres de l’autorité.

L’analyse d’une de ces campagnes ; le dessin d’une courbe qui la définit — qui s’élève, passe au zénith avant de retomber — a sollicité l’attention de M. Edgar Faure. C’est de la campagne du tcheng feng qu’il s’agit. Annoncée à Moscou, le 4 avril dernier, elle n’est partie de Pékin que… le 1er mai ! Elle n’est arrivée à Paris que vers le 20 juin. Ce décalage a surpris M. Faure, à Pékin. Penché chaque matin sur la presse pékinoise, il en confrontait les éditoriaux avec des textes de journaux russes apportés ou reçus de Moscou. Et M. Faure de constater qu’à l’heure où la campagne était divulguée en Europe, elle semblait presque terminée au Pays du Milieu. Elle y faisait place à la campagne inverse, contre les déviations de droite. Des leaders non-communistes, membres du gouvernement compris, avaient été accusés d’un « gauchisme » exagéré ; ils ont professé des aveux expiatoires. Qu’à cela ne tienne ! Ces ministres démasqués ne se sont pas démis. De ces observations M. Faure sait tirer des enseignements sur l’art de gouverner : les maîtres doivent exciter les esprits, occuper le tapis.

Aucun autre visiteur de la Chine actuelle n’était parvenu à définir si lumineusement le mécanisme du régime, les raisons de ses succès ; à proposer trois clefs qui ouvrent la boîte magique. […]

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